Sans ceinture ou bretelles, hon! ça tache.

Plusieurs observateurs du réseau rapportent des taches de tavelure en lien avec l’infection du 10 au 12 mai (floraison). Selon le simulateur RIMpro, les premières taches liées à cette infection sont visibles depuis quelques jours et leur sortie sera étalée sur environ 10 jours. Cette infection dépassait à certains endroits 1200 sur l’échelle de RIM et donc l’apparition de taches dans les vergers n’est pas surprenante. Quand le risque est élevé, un seul traitement en protection (même bien fait) peut difficilement réprimer tout le risque notamment dans les vergers où la tavelure était problématique l’année précédente. Dans les vergers commerciaux “très propres” (dépistés sans tavelure en 2014), une stratégie d’un seul traitement pour ce genre d’infection est possible seulement si le traitement couvre bien toutes les surfaces (ex: traitement à chaque rangée, cible atteinte sur toute la hauteur, etc). Autrement, il faut adapter l’intensité des traitements au risque à couvrir. Concrètement, une infection à moindre risque (ex: RIM de 100) ne nécessite pas une couverture aussi intense qu’une infection à risque élevé. L’analogie la plus “colorée” est celle des couches de peinture: une seule application de foncé sur du pâle est comme couvrir une infection à risque faible, un traitement suffit. Mais comme pour l’infection grave, il faut plusieurs couches pour bien masquer le foncé.

Différentes possibilités existent pour adapter les traitements en fonction du risque. Une description plus détaillée est disponible dans la fiche 101.

1) Traitement de protection: Même si la croissance et parfois le lessivage par la pluie après l’application réduisent l’efficacité du traitement, la protection reste la stratégie “de base” pour réprimer la tavelure. Cependant, un seul traitement de protection ne peut venir à bout des risques très élevées et à l’inverse peut sembler excessif quand le risque est faible. Pour s’ajuster au risque, Il est possible de traiter un rang sur deux en protection (rangées alternées), mais à condition que la stratégie de lutte soit ensuite complétée par un autre traitement pendant ou après la pluie quand le risque le justifie.

2) Traitement de germination: Les traitements durant la pluie, aussi appelés “traitements stop” sont très efficaces, mais ne sont pas toujours faciles à synchroniser. Ils constituent néanmoins une excellente façon de compléter une stratégie de protection. Il est possible de substituer les traitements de protection par un traitement de germination (en tout ou en partie) à condition que la logistique soit en place pour traiter les surfaces dans un laps de temps assez court. Les traitements en germination un rang sur deux sont possibles pour compléter une stratégie de protection.

3) Traitement en post-infection: Certains produits permettent de freiner les infections et la tentation est forte pour plusieurs producteurs d’attendre après les périodes de pluie pour traiter seulement en “post infection”. Cette stratégie a ses limites, notamment avec les produits absorbés par la plante (systémiques):

a) Une seule application imparfaite d’un produit très puissant et systémique ne pourra jamais réprimer la tavelure sur les feuilles qui n’ont pas été atteintes par le produit. Même la meilleure peinture ne couvre pas les surfaces mal peintes. Les traitements successifs (back to back) qui sont parfois préconisés par les vendeurs pour combler les failles du premier traitement sont couteux et sont moins efficaces que les stratégies combinées avec un traitement de protection. De plus, les traitements successifs avec la même molécule peuvent accélérer le problème de résistance.

b) Les produits systémiques sont tous sujets à la résistance et la rotation des produits est actuellement limitée. Seuls les SDHI (ex: Fontelis) et un IBS (Inspire Super) sont encore fiables quand les traitements sont faits plus de 480DH après le début de l’infection (48h après le début de la pluie). Mélanger les produits efficaces après la pluie (ex: Fontelis)  avec un produit efficace avant la pluie (ex: Polyram) est inutile pour ralentir la résistance (voir Fiche 52).

Pour ces raisons, il est préférable d’adopter une stratégie combinée avec deux moments de traitement (protection et/ou germination et/ou post-infection) pour les infections avec un RIM élevé. Pour économiser du temps et de l’argent pendant la période des infections primaires, il faut investir dans la gestion du risque et traiter davantage quand ça compte. “Short term pain for long term gain”. Malheureusement, les économies sur le court terme peuvent se traduire par des traitements tout l’été et même des pertes à la récolte.

 

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