Le message publié le 10 juillet par le RAP  est encore d’actualité. Un traitement fongicide appliqué en prévision de la pluie et donc des risques de tavelure, suie-moucheture et diplocarpon serait utile dans plusieurs vergers.

La pluie prévue lundi le 27 mai marquera vraisemblablement la fin de la période des infections primaires de 2024 dans plusieurs secteurs selon RIMpro. L’éjection de spores massive, la période d’humectation prolongée, l’abondance du feuillage en place, la croissance rapide et la quantité de pluie prévue vont contribuer à rendre cette infection la plus problématique de 2024. Un traitement deux jours ou plus avant la pluie ne suffira pas pour bien couvrir le nouveau feuillage exposé au moment des éjections de spores. Dans les vergers très propres et dans lesquels la pulvérisation est toujours impeccable, un traitement en protection demain (dimanche) pourrait être suffisant. Dans les vergers de cultivars plus sensibles à la tavelure, avec inoculum abondant, une stratégie “sandwich” pourrait être nécessaire. C’est à dire qu’un traitement additionnel pendant la pluie (germination) ou dans les heures suivants la pluie (post infection courte) pourraient être nécessaires pour couvrir le nouveau feuillage ou pallier à une pulvérisation déficiente. Toutes les infections ne sont pas égales et RIMpro a été conçu pour qu’il soit possible d’adapter votre stratégie de pulvérisation au risque. Les infections avec une valeur de RIM supérieure à 1000 ne sont pas fréquentes et si la prévision est juste, la “ceinture et les bretelles” ne sera pas un luxe excessif ou excentrique.

Les conditions actuelles sont parfaites pour la propagation du blanc du pommier aux nouvelles pousses en croissance. Dans les vergers où cette maladie est un problème et où des interventions spécifiques contre cette maladie n’ont pas été faites au cours des derniers jours, il est encore temps d’intervenir pour casser le cycle de cette maladie en protégeant les feuilles sorties depuis votre dernière intervention. Les traitements fongicides ne sont efficaces que pour les feuilles présentes lors de votre passage. N’attendez pas le retour de la pluie pour combattre le blanc, il sera trop tard. Un traitement maintenant pour éviter un abonnement à long terme au blanc.

 

Le risque d’infection des fleurs du pommier par la bactérie Erwinia amylovora dépend de plusieurs facteurs:

  1. Présence de bactéries: Plusieurs espèces indigènes et ornementales sont hôtes du feu bactérien. À moins d’une gestion agressive de la végétation dans les abords du verger, la bactérie est présente.
  2. Fleurs jeunes en éclosion: Tant que de nouvelles fleurs ouvrent, les insectes peuvent disséminer la bactérie sur les stigmates des fleurs. La colonisation des stigmates est importante seulement sur les fleurs plus jeunes.
  3. Température: La population bactérienne sur les fleurs augmente en fonction de la température. La montée actuelle de la température favorise la multiplication bactérienne.
  4. Pluie ou Rosée: Les bactéries pénètrent la plante par les nectaires situées au fond de la corolle des fleurs. Pour rejoindre les nectaires à partir des stigmates, il faut un film d’eau pour que les bactéries puissent nager jusqu’à destination.

Dans plusieurs vergers, toutes ces conditions seront remplies à partir d’aujourd’hui et au cours des prochains jours, au gré de la rosée et des averses. Un traitement bien ciblé de streptomycine ou de Blossom Protect protège adéquatement les fleurs ouvertes au moment du traitement. La streptomycine peut être appliquée jusqu’à 24h après le moment de l’infection. Blossom Protect doit cependant être appliqué 24h avant l’infection. La gestion du risque est décrite en détails dans la fiche 106 et en résumé dans un outil décisionnel. Le risque d’infection florale calculé par le modèle RIMpro est disponible en ligne.

L’éjection des ascospores de la tavelure du pommier est fortement atténuée pendant la nuit. Dans RIMpro (figure jointe) on peut voir que les éjections de nuit sont encore possibles pendant la pluie, mais que le risque sur l’échelle de RIM est très faible par rapport aux pluies qui ont lieu durant le jour. La pluie prévue demain engendre un risque >1000 alors que le risque de la nuit passée ne dépasse pas un RIM de 10. Dans la gestion du risque, assurez-vous que votre couverture fongicide soit optimale quand ça vaut la peine. Une mauvaise couverture pendant un RIM faible n’a aucune conséquence en comparaison à un RIM élevé. Dans l’exemple, il arrive souvent qu’aucune couverture ne soit recommandée pour le RIM faible de la nuit passée. À l’autre extrême, il est possible que l’infection de demain soit la pire de l’année. Dans ces cas, une stratégie combinée est souvent optimale. Elle débute par un traitement un rang sur deux aujourd’hui (en protection) qui est suivi d’un traitement débutant pendant la pluie demain soir ou jusqu’à lundi matin sur les rangs n’ont pas été traités. Si vous optez pour une stratégie incluant un traitement après le début de l’infection, choisissez dans le tableau d’efficacité un fongicide encore efficace au moment du traitement. La durée d’efficacité approximative après le début de la pluie est inscrite en degrés-heures dans la case orange de la colonne “DH 100%”.  Le mélange de bicarbonate + Kumulus serait 100% efficace tant que le traitement est terminé lundi le 6 mai à midi, soit environ 405 degrés-heures (DH) depuis le début de la pluie (28 h @ 14.5°C = 405 DH).

Les ascospores du champignon responsable de la tavelure du pommier (Venturia inaequalis) sont à maturité et prêtes à l’éjection dans plusieurs régions du sud du Québec depuis le 28 mars. Même si aucun traitement fongicide n’est utile avant le stade du débourrement qui aura lieu dans environ 3 semaines (22 avril selon les prévisions), il est temps de penser à la tavelure. Dès qu’il est possible de circuler dans les vergers, le broyage des feuilles et / ou l’application d’urée au sol est fortement recommandé comme mesure préventive. Tous les efforts déployés pour se débarrasser des feuilles de la litière au sol se traduisent par un risque atténué pendant toute la saison. L’utilité de la prévention, c’est une marge de manoeuvre par la suite. Personne n’est à l’abri d’un bris d’équipement, d’une erreur de traitement, des pluies fortes qui nuisent aux opérations… Tous ces malheurs ont moins d’impact dans un verger “propre” que dans un verger où les spores sont nombreuses.

Lorsque la maturité des ascospores précède le débourrement de plusieurs semaines comme cette année, le risque d’infection est aggravé des les premières pluies. Le logiciel RIMpro disponible gratuitement en ligne vous permettra encore cette année d’estimer le risque d’infection de chaque pluie et de bien synchroniser vos traitements, notamment pour les traitements pendant la pluie. Si vous n’avez jamais utilisé ce logiciel, prenez le temps de vous familiariser avec cet outil et demander de l’aide à votre agronome. Profitez-en pour discuter du mélange de Bicarbonate de potassium et de soufre qui est une excellente alternative aux fongicides classiques. Bonne préparation pour la saison 2024!

Liens

Broyage des feuilles et urée au sol

RIMpro

Bicarbonate de potassium et soufre.

Les déluges de 100 mm de pluie restent assez rares, même si leur fréquence risque d’augmenter avec les changements climatiques. Les pluies intenses et prolongées éliminent efficacement tous les résidus fongicides du verger. Les produits “systémiques” qui échappent en principe au lessivage ne résistent pas beaucoup mieux. Dans tous les vergers, les traitements sont lessivés.

La pluie a aussi pour effet de bien éclabousser les spores de plusieurs maladies et offre des conditions d’infections optimales.

Dans les vergers tavelés, avec un historique de suie-moucheture, ou plus récemment de Diplocarpon et d’autres maladies comme la pourriture noire, le déluge va certainement provoquer une augmentation des maladies.

Si l’été continue d’être humide, chaque nouveau cycle d’infection augmente les risques de pertes économiques à la récolte. Si l’été s’assèche, l’utilité des traitements réalisés aujourd’hui baisse. Le problème est que la météo est moins prévisible que le climat.

Dans les vergers où les risques de perte futurs sont assez élevés pour justifier des traitements en été, quelle stratégie utiliser? Une intervention rapide pour stopper l’infection en cours est toujours préférable à celle d’attendre la sortie des symptômes. Les traitements tardifs peuvent difficilement freiner les épidémies déjà installées et augmentent les risques que la résistance s’installe pour de bon. Évidemment, les traitements rapides ne sont pas possibles dans les vergers fortement inondés.

Trois propositions:

  1. Bicarbonate le plus rapidement possible, en mélange avec du souffre si votre quota annuel n’est pas atteint. C’est la solution la moins chère, mais elle n’est efficace que dans les vergers où une intervention est possible aujourd’hui.
  2. Allegro: Relativement abordable et les risques de résistance sont assez faibles, mais le fluazinam est dangereux pour la santé humaine (IRS = 1480).
  3. Autre traitement systémique: Un traitement avec un produit efficace du groupe 3, 7, 11 (Cevya, Aprovia/Sercadis,Flint) n’est jamais optimal sur des symptômes déjà visibles ou appliqué tardivement après une infection. Cependant, une fois n’est pas coutume.

 

La dernière grosse infection primaire de la tavelure du pommier a eu lieu du 6 au 9 juin dans la plupart des vergers du sud du Québec. Entre l’infection et l’apparition de toutes les taches, l’incubation peut prendre jusqu’à un mois selon la température. Le logiciel RIMpro permet de prédire la date de sortie des taches et de les associer à la position des feuilles qui étaient sensibles à la maladie au moment de l’infection. Selon ce modèle, les dernières taches de cette infection sont devenues visibles pendant le weekend de la Saint-Jean et se trouvent sur les feuilles 12 et 13 de la pousse. En principe, c’est donc un bon moment pour un dépistage rigoureux de la tavelure. En pratique, il est préférable d’attendre que le feuillage soit sec et que la lumière soit bonne pour bien voir la tavelure.

Le dépistage permet deux choses:

1) Décider de votre stratégie de traitements pour l’été selon le nombre de feuilles tavelées (Fiche 103)

2) Comprendre ce qui n’a pas marché pendant la saison des infections pour mieux intervenir l’an prochain.

La position des feuilles tavelées sur les pousses infectées peut vous donner la date de l’infection ratée alors que la répartition et leur nombre dans l’arbre et dans la parcelle peuvent vous donner des indices sur la qualité de la pulvérisation. Très souvent les taches sont liées à une seule infection ratée et un agronome pourrait vous aider à partir de votre registre de traitements à comprendre ce qui s’est passé: feuillage à découvert? erreur de dosage? qualité de la pulvérisation? Prenez en considération que dans les vergers où l’inoculum est abondant, c’est presque impossible de combattre efficacement la tavelure avec un seul traitement quand les infections dépassent 1000 sur l’échelle de RIM.

Tache sur une vieille feuille issue d’une infection du mois d’avril (crédit Mikaël Larose)

Pendant des décennies il était possible de prévoir un dernier traitement fongicide avant la Saint-Jean-Baptiste, avec le seul souci d’avoir laissé passer quelques taches de tavelure. Les traitements contre la tavelure en été étaient un peu comme les cours de rattrapage au lieu de passer du temps sur la plage: Une leçon dont il fallait se rappeler pour mieux traiter au lieu de sécher. Malheureusement, une gestion serrée de la tavelure primaire n’est plus une garantie de vacances dans les vergers où les maladies d’été causent des ennuis.

Qui sont les trouble-fêtes?

L’essor des maladies secondaires comme la suie-moucheture, la pourriture amère et Diplocarpon (Marssonina) forcent pour plusieurs un changement des habitudes de traitement. Différents cas de figure sont possibles. Dans les vergers où la tavelure primaire a été bien réprimée et où on a jamais observé de maladies secondaires,  les traitements fongicides en été demeurent inutiles. Ces vergers existent! Les vergers isolés qui ne jouxtent pas les forêts ou des cultures qui peuvent abriter les maladies d’été peuvent se passer entièrement de traitements fongicides. Pour tous les autres, c’est du cas par cas.

La suie-moucheture est une maladie assez fréquente, surtout problématique dans les cultivars tardifs qui donnent du temps aux champignons pour s’installer à la surface des fruits. Diplocarpon (Marssonina) est encore rare, mais cette maladie peut rapidement défolier les vergers atteints. Les cas spectaculaires sont limités aux vergers en production biologique, mais la maladie est occasionnellement présente dans les vergers où les stratégies fongicides sont allégées. Finalement, la pourriture amère est encore rare au Québec, mais peut exploser subitement lors des canicules, notamment dans les vergers où le feu bactérien est historiquement présent.

La modération a bien meilleur coût

Pour éviter de multiplier les traitements, différentes stratégies sont possibles. Pour la tavelure d’été, la pression de la maladie ne justifie pas toujours de traiter à chaque nouvelle infection. Selon l’intensité des traitements requis pour la tavelure, les autres maladies seront réprimées en même temps. En absence de tavelure, les traitements spécifiques contre les maladies secondaires ne sont justifiés que dans les vergers avec un historique. Pour la suie-moucheture et Diplocarpon, des modèles RIMpro peuvent vous aider à déterminer les périodes critiques d’intervention et de viser seulement les infections les plus graves. Il n’existe pas de modèle spécifique pour la pourriture amère, mais des stratégies de prévention incluant des traitements fongicides sont décrites dans la fiche.

Quel cocktail servir?

À une époque pas si lointaine, différentes options abordables étaient disponibles pendant la saison estivale pour protéger les fruits. La disparition du metiram (Polyram), les restrictions du délai avant récolte pour les traitements de mancozèbe (ex: Dithane) et pour le nombre d’applications permises de captan (ex: Maestro) et de soufre (ex: Kumulus) ont sérieusement compliqué la gestion des traitements d’été. En parallèle aux contraintes règlementaires, la résistance généralisée de la tavelure face au groupe 1 (ex: Senator) et les nombreux cas de résistance à la dodine (Syllit) qui étaient liés dans ce cas aux applications sur taches en été nous rappellent que le choix des produits peut avoir des conséquences à long terme sur la gestion des maladies. Dans un billet précédant les fongicides les plus utiles (coûts/bénéfices) et homologués après la floraison ont été présentés. En été, on peut ajouter à cette liste le cuivre. Comme le cuivre est phytotoxique sur fruits, ce fongicide est difficilement recommandable pendant la période de floraison et de la multiplication cellulaire des fruits. La période critique varie beaucoup, mais elle se termine entre 4 et 7 semaines après la pleine floraison. Par la suite, le cuivre redevient un outil à considérer en été. Les modifications récentes à l’étiquette de l’oxychlorure de cuivre permettent en été une alternative au Cueva. À la dose équivalente sous forme de cuivre métallique, les deux produits ont une efficacité égale et un risque de phytotoxicité similaire, mais l’oxychlorure est moins cher. L’effet du cuivre sur le ‘fini’ sur fruits rend cette option plus risquée, mais néanmoins acceptable pour plusieurs cultivars et quand les volumes de bouillie sont faible (ex: 250 L/ha). Les traitements de cuivre demeurent controversés puisqu’ils s’accumulent dans l’environnement et qu’ils sont nocifs aux vers de terre.

Fongicides en été: Si vous avez épuisé votre quota admissible de Captan et de soufre, les options intéressantes en été pour maintenir les 4 maladies sous contrôle (tavelure, suie-moucheture, Diplocarpon et pourriture amère) sont rares.

Le cuivre (oxychlorure, 500 g/ha, <10$/ha) appliqué en protection peut ralentir les maladies d’été, mais ne sera pas aussi efficace que le Captan (24$/ha) ou le Folpan (84$/ha) aux doses proposées sur la fiche 48.  Avec 8 applications admissibles, l’accumulation de cuivre dans l’environnement reste assez limité (4 kg/ha).

Allegro (0,73 L/ha, 89$/ha) est à la fois systémique (donc mieux réparti lors des traitements), efficace avant et après les pluies et peut aussi contribuer à la gestion des acariens. Ce produit est cependant critiqué pour deux aspects: Le fluazinam est dangereux pour la santé humaine (IRS = 1480) et sujet à la résistance (FRAC 29). Les risques de résistance sont cependant faibles par rapport aux autres groupes. Le délai admissible avant récolte est de 28 jours.

Le bicarbonate de potassium appliqué après les pluies (4 kg/ha, 15$/ha) demeure une option à privilégier, même sans soufre ajouté. Dans la mesure où les traitements sont réalisés rapidement après les pluies, soit 16 h après le début d’une pluie à 22 °C, cette approche est imbattable: abordable, sécuritaire, efficace.

Plusieurs fongicides homologués usuels (Cevya, Aprovia/Sercadis,Flint) ne sont pas proposés en été puisque les traitements sur des taches apparentes de tavelure accélère fortement la progression de la résistance. Il est préférable de garder les groupes 3, 7, 11 pour les traitements contre les infections primaires. Le phosphonate (phostrol) est efficace contre la tavelure et la suie, mais pas contre la pourriture amère. De plus, les résidus de phosphonate s’accumulent dans les arbres pendant des années.

 

Les utilisateurs de RIMpro savent déjà que la pluie en cours marque la fin des grosses infections primaires de tavelure cette année dans les vergers les plus chauds du Québec. Dans la plupart des sites “propres”, la pluie tombée hier a provoqué l’éjection des dernières spores capables de produire une infection mesurable. Pour les plus aguerris, la saison des traitements dirigés contre les infections primaires se termine donc avec la pluie en cours.

Pour les autres, la fréquence des traitements pourra diminuer graduellement, mais vaut mieux un traitement de “trop” au début de la saison qu’un abonnement estival et des taches sur fruits. Si vous n’êtes pas entièrement confiant de la qualité de vos pulvérisations, il vaut mieux continuer à traiter jusqu’à ce que la période d’apparition des taches soit terminée (d’ici la fin juin).

Dans les vergers où les infections de suie-moucheture ou de diplocarpon (Marssonina) ont été historiquement problématiques, les traitements devraient être dirigés contre ces maladies. Les modèles pour ces deux maladies sont en ligne et disponibles via le menu déroulant.