Gestion de la taille d’éradication
État de la situation
Plusieurs conseillers rapportent des symptômes de feu bactérien dans différentes localités depuis environ une semaine. Dès l’apparition des premiers symptômes, il faut agir rapidement pour les éradiquer.
Stratégie d’intervention
La fiche 105 pourra vous aider à identifier les symptômes de la maladie et la fiche 106 comporte une section sur les stratégie d’intervention en été.
Règle générale, il est préférable d’éradiquer les symptômes du feu à mesure qu’ils se manifestent. Très souvent, l’ampleur de la tâche déborde les ressources disponibles et une aide additionnelle est souvent nécessaire pour en venir à bout. La clef de la réussite pour éradiquer le feu réside en quelques éléments incontournables et quelques règles de priorisation:
Moment de l’intervention:
Toutes les opérations d’éradication doivent être faites par temps SEC aussi tôt que possible dès l’apparition des symptômes. La taille ne devrait jamais être effectuée par temps pluvieux ou lorsque les arbres sont détrempés. Plus l’intervention sera rapide et complétée dans un court laps de temps, meilleures sont les chances de réussite. Idéalement, chaque passe de taille devrait être complétée en quelques jours et répétée jusqu’à la fin de l’apparition des symptômes.
Symptômes de feu bactérien déjà bien établis. Idéalement, les interventions devraient débuter avant que les symptômes virent brun foncé.
Priorisation
Comme il n’est souvent pas possible d’éradiquer les foyers sur l’ensemble des vergers en quelques jours, la priorisation des blocs est importante.
1) Éradiquer les fleurs dans les blocs plantés dans l’année si ce n’est pas encore fait. Dans la mesure où les symptômes commencent tout juste à apparaitre dans les blocs avoisinants, il est possible de prévenir l’infection dans les nouveaux blocs en coupant les fleurs au niveau du pédoncule. Si les symptômes de feu environnant sont apparents depuis plusieurs jours et que des conditions d’infection ont déjà eu lieu dans les nouveaux blocs, l’opération ne sera pas 100% efficace, mais l’éradication des fleurs peut être faite tant que les fleurs ne présentent AUCUN symptôme. Dès qu’un symptôme est détecté dans les nouveaux blocs, cette opération doit être arrêtée et l’accent mis sur la taille d’éradication.
2) Les blocs de moins de 10 ans sont les plus sensibles au feu bactérien et la taille d’éradication dans ces parcelles est la plus rentable. Les blocs avec peu de symptômes devraient être taillés en premier. Les blocs présentant beaucoup de symptômes peuvent être sauvés, mais requièrent plus de travail et passent en second.
3) La mortalité dans les blocs de plus de 10 ans est plus rare et ces arbres sont donc moins prioritaires. La même stratégie s’applique: les blocs avec moins de symptômes sont plus prioritaires. Les blocs très affectés de plus de 10 ans sont les moins prioritaires et il est possible de retarder la taille à l’hiver sans craindre de perte d’arbres. Par contre, si ces blocs jouxtent des blocs à haute valeur économique ou si ils jouxtent des vergers de producteurs voisins, vous devez intervenir pour éviter la propagation.
Méthode de taille
La bactérie progresse dans l’arbre beaucoup plus rapidement que l’apparition des symptômes. Il faut donc toujours couper la branche dans du bois sain en amont des symptômes. L’important est de couper dans du bois qui a au moins 2 ans, au besoin jusqu’à l’axe central de l’arbre. L’arrachage à la main est préférable au sécateur. Quand le diamètre du bois à couper impose le sécateur ou la scie, évitez les belles coupes agronomiques et laissez un “moignon” d’environ 20cm. Il arrive qu’un chancre se forme dans ce moignon et son éradication est facilitée en hiver. Les très jeunes arbres peuvent être rabattus et sauvés, mais si les symptômes s’étirent loin dans la tige centrale ou jusqu’au porte greffe, ils sont condamnés.
Dans la littérature classique, on recommande souvent de stériliser les sécateurs et bruler les branches coupées pour éviter la propagation de la maladie pendant les interventions de taille en été. Or ces recommandations ont un impact majeur sur la vitesse des opérations et ne sont pas nécessaires quand les opérations sont faites correctement. Bien qu’il soit possible de transmettre la maladie avec des outils contaminés, les risques réels sont assez limités.
En autant que les coupes sont toujours faites par temps sec, dans du bois sain, que les équipes de travail sont conscientes des risques de propagation du feu et qu’elles évitent les contacts entre les symptômes, les sécateurs et les branches saines, l’utilisation de sécateurs stériles et l’élimination du bois de taille n’est pas nécessaire, puisque le risque de propagation est faible et a surtout pour effet de ralentir les opérations de nettoyage. Jetez simplement les branches atteintes au centre des rangées, où elles pourront sécher et éventuellement être fauchées. Par temps sec, la bactérie ne peut pas infecter l’arbre à partir d’un point de taille, puisque les plaies de coupes sèchent en quelques heures et deviennent résistantes. Le temps requis pour sortir les branches du verger et les brûler a probablement plus d’impact sur la propagation de la maladie que le risque lié à laisser ces branches au sol. Par ailleurs, lors du brulage il est possible que la “plume” de fumée puisse entrainer un nombre important de filaments bactériens pas consumés qui peuvent ensuite inoculer les arbres dans la trajectoire.
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