Avertissement du 25 mai: neige, floraison éclair et protection des jeunes fruits (charançon, carpocapse, hoplocampe)

DÉVELOPPEMENT DES POMMIERS

État de la situation

Après une semaine spéciale, durant laquelle certains vergers (ex à Compton) sont passés d’enneigés à fleuris…voici la situation actuelle pour le cultivar Macintosh dans les différentes régions pomicoles:

  • Le bouton rose a été atteint le 24 mai dans la région de Québec.
  • La pleine floraison a été atteinte le 22 mai dans les Laurentides et le 24 mai en Estrie.
  • Le début de la chute des pétales est déjà amorcé dans la région du sud-ouest de Montréal et le stade calice a été atteint le 25 mai dans les sites les plus hâtifs en Montérégie.
  • La nouaison est prévue pour le 29 mai en Montérégie.

Dans les régions en floraison, les conditions météorologiques sont excellentes pour la pollinisation, mais font également en sorte que la période de floraison sera très courte.

Les précipitations reçues depuis le début mai sont faibles. Si vous n’avez pas de tensiomètres installés dans votre verger, vous pouvez constater sur la carte produite par Agrométéo.org  que le déficit hydrique est de 40 à 60 mm depuis le 1er mai dans la plupart des régions pomicoles, ce qui rend l’irrigation nécessaire dès maintenant dans plusieurs vergers.

 

Stratégies d’intervention (cliquez sur les liens pour des détails)

Éclaircissage 
L’éclaircissage peut (et même doit) être pratiqué à différentes périodes: à la floraison, au calice, à 5-6 mm, à 10-13 mm, à 16-20 mm. En général, l’effet éclaircissant est plus prononcé autour de 10 mm, mais les cultivars difficiles à éclaircir (ex Gala et Honeycrisp) peuvent nécessiter plusieurs passages à différentes époques et avec différents produits. L’éclaircissage est un art et chaque bloc peut avoir un plan d’éclaircissage distinct ! La réaction d’éclaircissage ne varie pas uniquement en fonction de la dose, mais selon plusieurs autres facteurs, comme le cultivar, l’âge du pommier, son port, le développement du feuillage et des fruits et la météo lors de l’application :

  • du temps ensoleillé, des températures fraîches et une humidité relative faible réduisent l’effet des produits utilisés pour l’éclaircissage;
  • à l’inverse, des conditions météorologiques nuageuses, chaudes et humides amplifient l’effet

N’hésitez pas à consulter votre conseiller / conseillère pomicole pour des conseils adaptés à votre situation.

Bilan glucides et éclaircissage. Les doses suggérées dans le tableau qui suit peuvent ainsi être ajustées en fonction du climat observé au moment de l’éclaircissage ainsi que durant les 5 jours suivants. Un modèle prévisionnel basé sur le bilan glucides peut être utilisé pour préciser cet ajustement.  Visitez régulièrement la page des prévisions et modèles de la plateforme PFI pour consulter les bilans disponibles (merci à Paul Émile Yelle, agr., pour cette initiative).

La fiche 43 du Guide de PFI vous donnera plus d’informations sur le pourquoi, le comment et toutes les autres questions reliées à l’éclaircissage chimique et manuel. C’est un outil essentiel à votre succès.

Principaux produits suggérés pour l’éclaircissage (extrait du Guide de PFI 2016)

Éclaircissants1, 2 Matière active Fenêtre d’utilisation Concentration Dose/ha maximale
FRUITONE N ou L (3,1 PS)3,7 Acide naphtyl-1-acétlque (ANA) 5 à 15 mm 5 à 15 ppm4
SEVIN XLR PLUS (42,8 SL)5 Carbaryl (dose PFI) Calice à 12mm 2 L
MAXCEL (1,9 L)6 6-benzyladénine 5 à 15 mm; 20 mm si 2e traitement 75 à 200 ppm4 22 L/an
CILIS PLUS (2,0 L)6 6-benzylaminopurine 5 à 10 mm 50 à 200 ppm4 3.62 L
  1. Produits d’usage plus commun seulement. D’autres produits, homologués pour cet usage ou pour d’autres usages (ex.  thiosulfate d’ammonium (ATS), Ethrel, Accel et Amid-Thin) ont aussi des effets éclaircissants et peuvent être utilisés dans des conditions particulières.
  2. La concentration des ingrédients actifs (% ou g/L) et la formulation sont indiquées entre parenthèses. Formulations : L : liquide, PS : poudre soluble, SL : suspension liquide.
  3. Peut s’employer en mélange avec Sevin, mais pas avec Maxcel ni Cilis. De 5 à 20 ppm (5 à 20 g de matière active/1 000 L) selon les cultivars et les conditions d’application. Volume minimal de 500 L/ha jusqu’à un maximum de 1000 L/ha. ATTENTION : 20 ppm est excessif dans la majorité des situations.
  4. 1 ppm = 1 g de matière active/1 000 L d’eau.
  5. Peut être employé en mélange avec un des autres produits du tableau. 1 à 2 L dans 1 000 L d’eau/ha.
  6. Le 6 BA peut contribuer au grossissement des fruits en favorisant la multiplication cellulaire. Pour ce faire, il faut l’utiliser lorsque les fruits sont encore petits. Produit particulièrement approprié pour des cultivars tels Gala ou Empire.
  7. Le régulateur de croissance APOGEE favorise une nouaison accrue; s’il est employé, il faut augmenter d’environ un tiers la dose des produits utilisés en éclaircissage. Ne pas utiliser FRUITONE dans les quatre jours qui précèdent ou qui suivent un traitement avec APOGEE.

Eclaircissage mécanique

Bien qu’encore peu utilisées au Québec, des machineries développées et d’usage courant en Europe peuvent également être utilisées ici pour effectuer rapidement une partie du travail d’éclaircissage à chaque année. Ces équipements (ex DARWIN) sont utilisables avant ou au moment de la floraison. Des essais sont actuellement en cours au Québec afin de valider leur potentiel d’un point de vue économique et environnemental.

Photo: Bartlett

Photo: Bartlett

INSECTES ET ACARIENS

État de la situation

Mineuse marbrée
Bien que le pic de captures de la 1ère génération devrait avoir été atteint au cours de la dernière semaine, seule une minorité de vergers ont actuellement des populations significatives.

Tétranyques
L’éclosion des œufs du tétranyque rouge devrait être amorcée et/ou complétée dans l’ensemble des régions incluant celle de Québec. En Montérégie, certains vergers ont atteint le seuil pour les formes mobiles. L’apparition du tétranyques à deux points, parfois en nombre important, a également été signalée dans certains vergers du sud-ouest.

Espèces utiles :
La présence de plusieurs prédateurs (agistèmes et phytoséides) a été signalée par les observateurs du Réseau.

Hoplocampe des pommes
Le seuil d’intervention a été atteint dans un nombre variable de vergers selon les régions.

Tordeuses à bandes obliques
Des chenilles de tordeuses à bandes obliques sont observées sur les bouquets mais pour le moment, à l’exception d’un petit nombre de vergers en Montérégie et dans la région de Missisquoi, les populations ne dépassent pas le seuil d’intervention.

Charançon de la prune
Les adultes ont profité des températures chaudes des derniers jours pour effectuer leur migration printanière vers les pommiers. Le charançon débute sa période de ponte dès l’atteinte du stade de la nouaison. Cette ponte peut être importante si les conditions climatiques sont favorables, ce qui sera effectivement le cas, selon la région, pour les nuits du 26 au 30 mai prochains (voir le tableau en fin de communiqué).

Punaise de la molène
Éclosion des oeufs de la punaise de la molène dans quelques vergers de la Montérégie.

Carpocapse
Pas de captures en date du 24 mai, mais les premiers papillons sont attendus le 31 mai en Montérégie (voir le tableau en fin de communiqué).

Stratégies d’intervention (cliquez sur les liens pour des détails)

Punaise de la molène
Cet insecte est surtout utile, car il se nourrit de tétranyques et de pucerons. Cependant, les températures actuelles (chaudes et sèches) sont favorables a l’apparition de dégâts sur les cultivars sensibles (Spartan, Gala, Délicieuse). Si les fruits n’ont pas encore atteint le stade de 10 mm et que la punaise de la molène est présente, une intervention doit être envisagée si plus de 1 à 5 % des fruits sont attaqués. Consultez la fiche 83 du Guide de PFI pour plus de détails.

Propriétés des produits utilisables au calice : Sage.

Tordeuse à bandes obliques (TBO):
Un traitement spécifique est recommandé au calice lorsque le dépistage des larves montre que le seuil d’intervention est dépassé. Pour la TBO seule, le seuil est de 3 % des bourgeons affectés. Si vous devez intervenir, consultez la fiche 74 du guide de PFI et retenez les conseils suivants :

  • Limitez le recours aux insecticides car cet insecte est très sujet au développement de résistance. Les niveaux de résistance aux pesticides cessent d’augmenter et chutent même naturellement lorsque ces pesticides ne sont pas appliqués pendant quelques années.
  • N’intervenez pas si de nombreuses chenilles se sont déjà transformées en chrysalides (ce qui est normalement le cas à la nouaison) car les interventions à ce stade sont inefficaces. Vous aurez l’opportunité d’intervenir à nouveau en juillet si les populations de la prochaine génération dépassent les seuils.
  • Si des pulvérisations sont nécessaires, faites une rotation des produits suggérés, en utilisant une famille chimique différente lors de chaque intervention.
  • Lors de l’application d’un produit, utilisez la dose minimale efficace. Une surdose  augmente vos coûts et la pression de sélection. Une dose insuffisante pourra vous forcer à intervenir une seconde fois, ce qui revient un peu au même!
  • Si les conditions météorologiques ne se prêtent pas à une intervention chimique pendant la période idéale,  rappelez-vous que les méthodes physiques de lutte (taille et éclaircissage manuel) pourront être utilisées en cours de saison, peu importe la température.
  • Consultez l’affiche «Production fruitière intégrée 2016» du Réseau-pommier pour un résumé des recommandations québécoises, incluant les doses recommandées.

Propriétés des produits utilisables au calice : Sage.

Hoplocampe:
Cessez le dépistage et évitez toute intervention contre l’hoplocampe à partir du stade nouaison (prévu le 29 mai pour la McIntosh dans les zones les plus hâtives).  Consultez la fiche 71 du guide de PFI pour des détails et les communiqués des semaines précédentes.

Tétranyque rouge et punaise terne:
Il est maintenant trop tard pour une application d’huile supérieure dans les régions pomicoles. Pour des détails sur le dépistage sur feuillage, consultez l’avertissement du 18 mai.

Charançon de la prune:
Même si les dégâts de charançon apparaissent rarement avant la nouaison des fruits, chaque femelle est un redoutable ravageur et il importe d’intervenir avant l’apparition des premiers dégâts.  À noter que qes traitements de bordure peuvent être utilisés en remplacement de traitements complets dans certaines situations. La stratégie de dépistage est résumée à la fiche 65 du guide de PFI et la stratégie de lutte à la fiche 72.

Utilisation du modèle prévisionnel. Un modèle mathématique développé par le réseau permet de prédire les « nuits favorables » pour l’activité du charançon (et donc pour les traitements). Ce modèle ne remplace pas le dépistage, mais il peut quand même vous aider. Pour ce faire, consultez la page web d’Agrometeo ou encore le rapport de prévisions des modèles sur la plateforme PFI. Dans ce dernier cas, faites dérouler la page jusqu’à « Pommier/Charançon de la prune », vous y verrez  la liste des nuits favorables pour chaque région. Recherchez les dates suivies d’un astérisque (*), qui identifient les calculs basés sur les prévisions météo des 5 prochains jours. Les dates suivies d’un “N” , identifient les calculs basés sur la normales pour la saison et sont surtout utiles pour des fin pédagogiques. Quant aux dates qui ne sont suivies ni d’un “*” ni d’un “N”, elles identifient les calculs pour les dates passées, et donc basés sur les véritables données météo enregistrées à la station.

Propriétés des produits utilisables au calice : Sage. Consultez aussi l’affiche Production fruitière intégrée 2016  pour un résumé incluant les doses recommandées.

 

CONFUSION SEXUELLE DU CARPOCAPSE À L’ÉCHELLE DU QUÉBEC : AVIS AUX PRODUCTEURS PARTICIPANTS

Dans plusieurs régions, nous achevons la période optimale de pose des diffuseurs. Ces derniers seront efficaces, durant toute la saison, contre le carpocapse de la pomme, le petit carpocapse ainsi que la tordeuse orientale du pêcher. Une fois les diffuseurs installés, il ne vous reste qu’à attendre le début du vol de la première génération de carpocapses. Pour les vergers à moyenne et à forte pression de carpocapses, un ou plusieurs traitements insecticides seront peut-être nécessaires afin de diminuer la population et de limiter les dégâts. Pour décider de la nécessité d’un traitement, il faut utiliser les relevés des pièges Delta, les modèles disponibles (agrométéo, CIPRA, Agropomme, etc) et surtout les résultats de l’observation hebdomadaire des dommages aux fruits.

Pour les producteurs qui n’ont pas encore commencé la pose des diffuseurs, nous vous recommandons de procéder rapidement aux étapes suivantes :

1.     Avant de débuter la pose de vos diffuseurs, ATTENDRE que :

a.     l’huile soit appliquée dans le verger, car l’effet de l’huile sur le taux de diffusion de la phéromone au travers les diffuseurs est inconnue pour le moment;

b.     la taille d’hiver soit terminée dans le verger.

2.     Fabriquer les perches nécessaires à l’installation des diffuseurs (lien vers la Fiche technique);

3.     Installer vos diffuseurs de façon efficace en utilisant les conseils des avertissements du 11 mai et du 18 mai.

OBSERVATIONS ET PRÉVISIONS DU RÉSEAU EN DATE DU 24 MAI
(F. Pelletier et A. Charbonneau)

Le tableau qui suit est un sommaire des observations et prévisions pour les principales régions du Québec, compilé à partir des données prises dans les vergers pilotes et des rapports des observateurs du Réseau.
t6(cliquez pour agrandir)

Comment lire ce tableau :

Sites : Les vergers pilotes considérés pour ce tableau sont: Québec (Sainte-Famille et Saint-Antoine-de-Tilly), Estrie (Compton), Montérégie (Rougemont, Mont-Saint-Grégoire, Saint-Paul, Saint-Hilaire, Saint-Bruno et Sainte-Cécile), Missisquoi (Dunham et Frelighsburg), Sud-ouest (Franklin et Hemmingford) et Laurentides (Oka et Saint-Joseph).

Prévisions : Les prévisions pour les ravageurs sont basées sur les modèles du Réseau, et les prévisions météo d’Environnement Canada des 7 prochains jours. Les normales sont utilisées pour compléter les prévisions. La date indiquée représente la plus hâtive des prévisions obtenues pour la région. Les prévisions ne doivent pas remplacer l’observation et le dépistage de votre verger!

Observations : informations rapportées par les observateurs du Réseau. La date indiquée représente la plus hâtive des observations rapportées pour la région.

Captures dans le verger du Réseau-pommier : captures moyennes par piège des 7 derniers jours, dans le bloc de pommiers sous gestion PFI du Réseau à Saint-Bruno.

Degrés-jours : Les degrés-jours base 5 °C sont cumulés depuis le 1er mars. La méthode Baskerville est utilisée par les modèles prévisionnels du Réseau en raison de sa plus grande précision, mais nécessite l’emploi d’outils informatiques (ex. : Cipra). La méthode standard nécessite uniquement de connaître la température maximale et la température minimale de chaque jour. Les deux méthodes ne sont pas interchangeables! Le débourrement du pommier, par exemple, correspond à 65 DJ5 « standards », mais à 79 DJ5 « Baskerville ».

Météo : Les données météo sont validées par Solutions Mesonet. Les DJ et les précipitations rapportées représentent la moyenne des valeurs obtenues pour tous les sites d’une région. Les flèches représentent l’écart à la normale pour cette région : ↑ = au-dessus de la normale; ↓ = au-dessous; ↔ = semblable.

POUR EN SAVOIR PLUS (cliquez sur les liens pour être redirigé)

Répondeurs téléphoniques du MAPAQ:

  • Montérégie : 1 888 799-9599
  • Estrie : 1 800 363-7461 ou 819 820-3001, poste 2
  • Québec : 418 643-0033, poste 4
  • Laurentides : 450 971-5110, poste 6556

Plateforme PFI (web2.irda.qc.ca/reseaupommier):
Guide de PFI, Guide d’identification, prévisions et modèles et accès prioritaire aux avertissements du RAP et à des messages supplémentaires des avertisseurs. Un abonnement est nécessaire (rabais de 60 % aux producteurs grâce au code promotionnel fourni par leur fédération).


Prévisions et observations en temps réel dans les vergers
:

Cette information est mise à jour une fois l’heure pour la tavelure, les stades phénologiques du pommier, les insectes et les acariens. Les sommaires météorologiques sont mis à jour une fois par jour et les prévisions météo trois fois par jour.

sagePour plus de détails sur les différents usages des pesticides agricoles et sur les risques qu’ils représentent pour la santé et l’environnement, vous êtes invité à consulter SAgE pesticides (www.sagepesticides.qc.ca).

logoqc_trans-2Pour un accès à davantage d’options en agrométéo, vous êtes invité à visiter Agrométéo Québec pour les pommiers (www.agrometeo.org).

0 réponses

Laisser un commentaire

Rejoindre la discussion?
N’hésitez pas à contribuer !

Laisser un commentaire