La saison de la tavelure primaire commence quand trois conditions sont réunies : le débourrement est atteint, des ascospores matures sont prêtes à être éjectées et une pluie suffisante survient pour déclencher l’éjection et l’infection. Nous avons observé cette semaine les premières spores matures prêtes à l’éjection, les deux autres critères ne tarderont pas. Soyez prêts à intervenir en fonction des pluies qui suivront le débourrement.

Une fois la saison enclenchée, le risque de taches dépend de quatre facteurs : la propreté du verger, le cultivar, la surface foliaire exposée et la sévérité de l’infection. Apprendre à gérer le risque lié à tous ces facteurs est la clef pour optimiser vos interventions; soit traiter quand c’est nécessaire mais pas davantage. D’ici à ce que la saison commence, il est encore temps de réduire le risque en nettoyant votre verger et penser à votre plan de priorisation des traitements.

Propreté du verger: Éliminer la litière au sol des feuilles de l’an passé est de loin la stratégie la plus rentable pour éviter la tavelure. Toutes les opérations imaginables de balayage, soufflage, andainage et broyage des feuilles fonctionnent. Différentes options incluant le rebouchage des ornières pour enterrer les feuilles ou des traitements au sol avec l’urée sont décrites dans le guide PFI.

Cultivar: Selon la disposition de votre verger, il peut être possible de traiter certains cultivars plus agressivement que d’autres. Les parcelles de HoneyCrisp, Spartan et des cultivars résistants ou tolérants demandent moins d’interventions que celles plantées en McIntosh ou autres cultivars très sensibles.

Surface foliaire exposée: La tavelure devient possible dès le stade “pointe verte” (débourrement), mais le risque que les spores atteignent leur cible augmente rapidement entre le débourrement jusqu’au stade du pré-bouton rose. Par la suite, pour chaque nouvelle feuille sensible qui émerge, une feuille plus âgée devient résistante à la tavelure. Après un traitement couvrant bien toutes les feuilles présentes, l’apparition de chaque nouvelle feuille non protégée réduit l’efficacité globale d’environ un tiers. Ainsi, trois feuilles non couvertes, c’est comme si le verger n’était plus traité. La vitesse de sortie des feuilles et le nombre de feuilles non protégées lors des pluies a beaucoup plus d’influence sur votre réussite que le lessivage des produits.

Sévérité des infections: La proportion des spores éjectées lors de chaque pluie et celle qui rencontre les conditions propices à l’infection est calculé en continu par le logiciel RIMpro. Ce logiciel tient compte de l’arrivée hâtive des spores matures (comme cette année) et intègre différents facteurs pour calculer le risque (température, heure du jour, etc). L’indice de risque qui en résulte (RIM) permet d’ajuster votre stratégie d’intervention. Un RIM de 10, 100 ou 1000 ne commande pas la même intensité d’intervention.

Décisions de traitement: Dans les vergers plus propres et les blocs de cultivars tolérants, des traitements mur-à-mur pour couvrir toutes les feuilles exposés ne sont pas nécessaires pour couvrir un RIM de 10 ou même 100, alors que dans un verger tavelé l’an dernier il serait impératif de couvrir tous les risques au moins partiellement. Une bonne stratégie d’ajustement consiste à traiter un rang sur deux avant une pluie à risque. Votre seuil de tolérance pour ce traitement de protection peut être modulé selon ce qui est prévu à la météo:  dans vos blocs à risque, dès que le RIM dépasse 50 par exemple alors que dans vos blocs moins problématique, la barre peut être plus haute. Si la pluie n’a pas lieu, vous n’avez alors perdu qu’une moitié de traitement. Si la pluie arrive et dépasse votre tolérance au risque, vous avez alors l’occasion de “terminer” votre traitement et passer dans les rangées non traitées. Ce traitement complémentaire est possible pendant la pluie, ou rapidement après la pluie. Assurez-vous d’avoir sous la main les produits fongicides qui permettent d’intervenir après la pluie (post infection).