Les utilisateurs de RIMpro savent déjà que la pluie en cours marque la fin des grosses infections primaires de tavelure cette année dans les vergers les plus chauds du Québec. Dans la plupart des sites “propres”, la pluie tombée hier a provoqué l’éjection des dernières spores capables de produire une infection mesurable. Pour les plus aguerris, la saison des traitements dirigés contre les infections primaires se termine donc avec la pluie en cours.

Pour les autres, la fréquence des traitements pourra diminuer graduellement, mais vaut mieux un traitement de “trop” au début de la saison qu’un abonnement estival et des taches sur fruits. Si vous n’êtes pas entièrement confiant de la qualité de vos pulvérisations, il vaut mieux continuer à traiter jusqu’à ce que la période d’apparition des taches soit terminée (d’ici la fin juin).

Dans les vergers où les infections de suie-moucheture ou de diplocarpon (Marssonina) ont été historiquement problématiques, les traitements devraient être dirigés contre ces maladies. Les modèles pour ces deux maladies sont en ligne et disponibles via le menu déroulant.

Les infections florales de feu bactérien ne sont pas faciles à prévoir, mais la sortie des symptômes sur les fleurs infectées est beaucoup plus prévisible. La date d’apparition du feu bactérien est variable selon les stations mais devrait débuter cette semaine. N’attendez pas que les symptômes soient bruns pour les trouver. Un dépistage rapide pourrait vous éviter bien des problèmes. Le guide résumé des interventions est disponible ici

Les conditions météorologiques dans tous les vergers du sud du Québec seront exceptionnellement propices au blanc du pommier (oïdium). Dans les parcelles avec un historique de blanc, évitez une explosion de cette maladie en protégeant votre feuillage avant lundi 29 mai. N’attendez pas la pluie pour votre prochain traitement fongicide si vous avez des problèmes sérieux de blanc. Visez les blocs à risque (historique et cultivars sensibles). Parfois, il faut traiter les maladies séparément.

Le soufre, le bicarbonate de potassium et les produits systémiques (groupes 3, 7, 11) sont efficaces contre cette maladie. Comme il n’y aura pas de pluie ou de rosée pendant cette période, c’est une des rares occasions où le lessivage du bicarbonate ne sera pas un enjeu.

 

Consultez le modèle RIMpro pour votre localité en choisissant “oïdium du pommier” dans le menu déroulant. Le modèle a tendance à sous estimer les infections, mais les périodes de sporulation sont assez fiables.

La pluie aujourd’hui a provoqué une éjection massive d’ascospores de tavelure dans toutes les régions pomicoles du sud du Québec. Dans la quasi totalité des sites le séchage rapide après la pluie et la température assez basse a privé la tavelure d’une occasion parfaite d’infection. Le potentiel RIM (>2500) de l’infection “ratée” est immense; c’est près de la moitié du risque d’une saison complète.

Ne vous réjouissez pas trop vite et méfiez-vous des périodes d’humectation du feuillage d’ici à la fin de journée demain (jeudi 25 mai). Les spores éjectées ne meurent pas dès l’instant où le feuillage sèche. La survie des ascospores après 24 h de séchage a été plusieurs fois confirmée et est intégrée dans le modèle RIMpro. Dans la plupart des cas, à peine quelques heures de mouillure additionnelle (averse, rosée importante) seraient suffisantes pour provoquer une infection. RIMpro est un excellent modèle, mais les calculs sont basées sur les données des stations météorologiques. Si la station n’enregistre pas de mouillure, le modèle ne peut pas calculer une infection. La tavelure pourrait laisser des taches dans les secteurs humides des vergers.

Même si on trouve 80 propositions dans SAGE pesticide pour lutter contre la tavelure du pommier, la plupart ne sont “pas recommandables” pour plusieurs raisons (efficacité, prix, disponibilité commerciale, résistance généralisée, etc). Un premier criblage a permis de cibler une trentaine de produits pour lesquels un portrait plus détaillé était souhaité et une vingtaine parmi les produits testés ont été jugés assez utiles pour apparaitre dans le tableau de la fiche PFI 48. À part quelques exceptions notées sur la fiche (qui seront testées en 2023), ce portrait est assez complet.

D’un point de vue agronomique, certaines options qui apparaissent au tableau ne sont pas très intéressantes sur le terrain et les restrictions d’homologation limitent ce qui peut être appliqué après la floraison. Il reste quoi en été? Moins d’une dizaine d’options demeurent pertinentes. La liste courte :

Bicarbonate de potassium

Soufre (Kumulus ou Microthiol Disperss) (8 applications au total)

Captan (plusieurs marques) (2 ou 10 applications selon l’envergure des arbres)

Cevya (3 applications)

Aprovia/Sercadis

Allegro

Flint (en absence de résistance)

Les autres produits homologués n’avaient pas une efficacité satisfaisante à la dose prescrite, ou ont été jugés trop chers pour ce qu’ils offrent. Par exemple, le Folpan (84$/ha à la dose terrain) n’est pas très intéressant. À ce prix, il est préférable d’opter pour des produits systémiques (Cevya, Aprovia, Allegro). Par contre, résistez à la tentation de recourir toujours aux produits du Groupe 7 (Aprovia) et des précautions particulières doivent être prises pour appliquer Allegro. Allegro est sécuritaire pour l’environnement, mais très toxique pour l’applicateur.

 

Dans les vergers où le feu bactérien est présent à chaque année, un gel important pendant la fleur peut provoquer une infection de la maladie. Ces cas assez rares ne sont pas couverts dans les modèles usuels, mais sont bien décrits dans la littérature sur le “trauma blight” (1). L’infection a lieu par la “blessure” (tissu gelé) sans égard à la population bactérienne présente. Un traitement de streptomycine dès que possible le jour du gel ou le lendemain peut alors limiter les dégâts. Les dommages de feu en lien avec le gel vont devenir visibles dans approximativement 10 jours (72 degrés-jours base 12.7°C (2)).

1) Steiner, P. W. 2000. Integrated orchard and nursery management for the control of fire blight. In Fire blight: the disease and its causative agent, Erwinia amylovora, 339‑358. CABI Publishing, Wallingford, UK.
2) Turechek, W. W., et A. R. Biggs. 2015. Maryblyt v. 7.1 for Windows: an improved fire blight forecasting program for apples and pears. Plant Health Progress 16: 16:22. doi:10.1094/PHP-RS-14-0046.

La pluie prévue demain provoquera une forte éjection des spores de tavelure dans toutes les régions pomicoles du sud du Québec, jusqu’à un quart de toutes les ascospores de la saison seront éjectées. Cependant, la chute de la température pendant la pluie et le séchage assez rapide pourraient complètement annuler les risques d’infection. Dans la plupart des scénarios, le risque associé à cette pluie est donc faible (RIM < 30) et cette infection sera facile à réprimer. Le risque “léger” de l’ancienne échelle de Mills ne sera même pas atteint. Le froid et l’absence de vent après l’infection rendent possible une stratégie de traitement après la pluie (en post infection) facilement jusqu’à jeudi en cours de journée. Encore une fois, un seul traitement bien positionné d’un mélange de bicarbonate et de soufre est tout ce qu’il faut pour réprimer la tavelure.

Le feu bactérien du pommier (Erwinia amylovora) est une maladie qui a un potentiel dévastateur immense. Cette maladie peut tuer les pommiers infectés en quelques semaines quand les conditions sont propices.

La plupart des infections ont lieu lors de la floraison quand tous les facteurs sont réunis:

  1. Historique de feu bactérien ou arbres porteurs à proximité du verger
  2. Fleurs écloses récemment visitées par des insectes porteurs
  3. Température suffisante pour la multiplication des bactéries
  4. Légère humectation qui permet l’infection.

Dans les vergers qui sont à risque parce que la bactérie est présente (#1), plusieurs fleurs commencent à éclore dans le sud du Québec aujourd’hui (#2) et la température au cours des prochains jours sera favorable aux bactéries (#3). Selon le modèle RIMpro, la période d’humectation prévue le vendredi 12 mai en fin de soirée pourrait permettre l’infection des fleurs (#4). Dans les vergers où tous les facteurs de risque sont réunis, un traitement pourrait être requis. Ce traitement doit être fait idéalement avant l’infection, mais pour minimiser le nombre d’interventions il est préférable d’attendre l’ouverture d’un maximum de fleurs avant de traiter. Les fleurs traitées demeurent protégées pour toutes les périodes d’infection qui suivront.

Le blanc du pommier (aussi appelé oïdium) n’est pas une maladie problématique dans la plupart des vergers. Cependant, dans les blocs où le blanc s’est installé il n’est pas facile de s’en débarrasser. N’attendez pas que les symptômes apparaissent dans les vergers avec un historique de la maladie pour intervenir. Au cours des prochains jours, le blanc aura de bonnes conditions pour se propager aux nouvelles pousses à partir des bourgeons infectés l’an dernier. Les traitements dirigés contre cette maladie devraient être limités aux vergers avec un historique et aux cultivars sensibles (ex: Cortland, Ginger Gold).

La stratégie d’intervention n’est pas aussi élaborée que pour la tavelure, mais l’objectif est de protéger les nouvelles feuilles lors des périodes de sporulation et d’infection. La période de temps qui s’écoule entre l’arrivée des spores, l’infection, l’apparition des nouveaux symptômes et la propagation est très courte. Tout se passe en quelques jours quand les conditions sont favorables à la maladie. Le logiciel RIMpro peut vous aider à cibler les périodes favorables au blanc, mais le modèle n’est pas aussi fiable que pour la tavelure.

Plusieurs produits sont efficaces et il n’est pas nécessaire de recourir aux molécules systémiques quand les traitements sont relativement bien dirigés.

Traitements dirigés (non systémiques):

Bicarbonate de potassium (B2K): Le B2K appliqué seul est très efficace et l’ajout de soufre n’augmente pas l’efficacité contre le blanc.

Soufre: Limité à 8 applications par année. Si vous utilisez le soufre pour lutter contre la tavelure (ex: B2K + Soufre), cette limitation peut devenir problématique.

Bouillie soufrée: Cette formulation de soufre échappe à la limite de 8 traitements. La bouillie est efficace contre le blanc, mais chère.

 Traitements systémiques:

Plusieurs fongicides systémiques (groupes 3,7,11) sont efficaces contre le blanc. Si vous avez abandonné le Flint pour lutter contre la tavelure par crainte de résistance, cette option est néanmoins à considérer pour le blanc.

 

 

 

Les fongicides homologués pour lutter la tavelure sont nombreux et ce n’est pas toujours facile d’identifier les plus efficaces ou ceux qui sont les plus “rentables” (cout vs efficacité). La comparaison est encore plus compliquée quand vient le temps de choisir les meilleurs produits à utiliser après la pluie, en post-infection. Les produits qui sont proposés dans les mélanges ne sont pas tous efficaces en post infection et ne font qu’augmenter la facture. La liste qui suit constitue le palmarès des pires options en post infection. Si un de ces produits est proposé (seul ou en mélange), posez-vous des questions…

En ordre alphabétique des pires produits testés à l’IRDA*:

Buran

Cuivre (trois formulations testées)

Folpan

Oxidate

Penncozeb (tous les mancozèbes)

Serenade

Soufre (ex: Kumulus)

*DOI: 10.1094/PDIS-11-22-2758-RE