Avertissement su 18 mai: Développement des pommiers. Maladies : tavelure; mélange bicarbonate et cuivre : protection diminuée; brûlure bactérienne. Insectes et acariens. Stratégies postflorales contre les insectes et les acariens. Éclaircissage. Pulvérisations à bas volume. Démonstrations en vergers : c’est en 2022 que ça se passe. Observations et prévisions du Réseau.

DÉVELOPPEMENT DES POMMIERS
(F. Pelletier)

En date du 17 mai, les derniers stades observés (cultivar ‘McIntosh’) dans les différentes régions pomicoles sont les suivants :
  • La « pleine floraison » a été atteinte le 14 mai en Montérégie et le 15 mai dans les autres régions les plus hâtives (sud-ouest, Missisquoi, Laurentides).
  • Le stade « bouton rose avancé » a été atteint le 15 mai en Estrie dans les sites les plus chauds et la floraison a débuté le 16 mai.
  • Le « bouton rose » a été atteint le 17 mai dans les sites les plus chauds de la région de Québec.
Avec la vague de chaleur de la semaine dernière, la floraison se déroule en accéléré. Le stade « calice » est prévu pour le 20 mai dans les sites les plus chauds en Montérégie et entre le 21 et 24 mai dans les autres régions où la floraison est en cours. Dans la région de Québec, la floraison devrait débuter à la fin de la semaine (voir le sommaire en fin de communiqué pour l’ensemble des prévisions et observations par région).

Image Agri-Réseau

Apparition du stade calice sur les premiers bouquets de ‘McIntosh’, le 17 mai à Saint-Bruno. G. Chouinard, agr. (IRDA)

 

SURVIE DES ASCOSPORES SUR FEUILLAGE SEC 
(V. Philion)

Les ascospores de tavelure éjectées à la fin des pluies peuvent subsister un certain temps à la surface du feuillage qui sèche. Le temps de survie sur le feuillage a longtemps été sous-estimé. On sait maintenant qu’une proportion des spores peut survivre 24 h ou plus et que le retour de la pluie peut permettre leur infection. Le modèle RIMpro représente la mortalité des spores par une baisse graduelle du « nuage blanc » de spores en attente d’infection. Quand l’inventaire des spores survivantes n’est pas à zéro au moment d’une nouvelle pluie, la ligne rouge qui augmente reflète l’infection des spores restantes. L’infection des spores arrivées avec la nouvelle pluie commence plus tard et la ligne rouge augmente plus rapidement au moment où ça arrive.

Comme pour tous les modèles, l’approximation de la survie n’est pas mauvaise, mais n’est pas parfaite. Lors de grosses éjections, la fraction des spores qui restent actives peut générer une infection avec une valeur RIM assez élevée, mais probablement aussi un peu exagérée. Ne pas considérer la survie prolongée des spores peut mener à des cas de tavelure inexpliqués, mais exagérer la survie augmente le nombre de traitements. Dans l’exemple présenté ci-dessous, quelques spores éjectées le 17 mai en soirée survivent jusqu’au 19 mai au matin. Ce portrait est probablement trop conservateur et seules les spores du 19 mai sont à craindre.

 

COCKTAIL CRÉATIF NON RECOMMANDÉ : BICARBONATE + CUIVRE
(V. Philion)

Le mélange de bicarbonate (B2K) et de cuivre réduit l’efficacité en protection du cuivre, réduit l’efficacité en postinfection du bicarbonate et augmente la roussissure. Les différences de pH entre les deux produits expliquent probablement l’inefficacité de cette approche.

 

GRÊLE et FEU BACTÉRIEN
(V. Philion)

Les épisodes de temps violent, et en particulier la grêle, transportent rapidement les bactéries et créent des blessures qui favorisent l’infection. Une application rapide de streptomycine (moins de 4 h suivant l’infection) est efficace pour limiter les dégâts. Quand ce traitement n’est pas possible, un traitement de APOGEE/KUDOS est une option à considérer.

Un traitement avec le régulateur de croissance APOGEE/KUDOS dans les jours suivant une tempête de grêle est recommandé pour trois raisons : pour ralentir la progression du feu, limiter la poussée de croissance des arbres qui survient quand les arbres sont endommagés et ainsi limiter la perte des bourgeons floraux sur le bois de 2 ans. Ce dernier effet permet de régulariser la production dans l’année suivant la grêle.

 

INSECTES et ACARIENS
(F. Pelletier)

La punaise terne a encore été active dans certains sites lors des journées chaudes de la fin de semaine dernière. Selon le modèle prévisionnel du Réseau, le pic de captures a été atteint entre le 11 et le 13 mai dans la région de Québec alors que l’activité de l’insecte tire à sa fin dans les autres régions.

Après avoir été observée la semaine dernière en Montérégie, l’éclosion des œufs du tétranyque rouge devrait avoir débuté ces derniers jours également dans la région de Québec, selon le modèle prévisionnel. En Montérégie, la présence de tétranyques à deux points et de McDaniel (œufs et formes mobiles) ainsi que de leurs prédateurs naturels (agistèmes et phytoséiides) a aussi été rapportée par des collaborateurs du Réseau.

Les premières captures d’hoplocampe ont été observées au cours des derniers jours dans plusieurs régions (Montérégie-Est et Ouest, Laurentides, Estrie).

Les températures chaudes observées certaines nuits durant la dernière semaine ont permis au charançon de la pruned’amorcer sa migration printanière vers les pommiers. Un spécimen a été capturé en verger la semaine dernière en Montérégie-Ouest. Le charançon débute sa période de ponte au stade de la nouaison qui, selon les prévisions actuelles, serait atteint le 24 mai (cv. ‘McIntosh’) dans les régions les plus hâtives.
La présence de chenilles de tordeuse à bandes obliques et autres chenilles printanières (noctuelle du fruit vert, arpenteuse, livrée) sur les nouvelles pousses ou bourgeons est rapportée. Dans la plupart des cas, aucune intervention n’a encore été recommandée, mais quelques sites, notamment en régie biologique, ont atteint le seuil d’intervention.

Aucune capture de carpocapse n’est rapportée pour le moment, mais le début du vol des papillons devrait commencer dans la prochaine semaine dans les régions les plus hâtives.

 

STRATÉGIES POSTFLORALES CONTRE LES INSECTES ET LES ACARIENS
(G. Chouinard)

Stratégie d’intervention globale 

Une seule application d’insecticide bien ciblée (qu’on appelle couramment le « traitement du calice ») est l’approche la plus profitable pour la gestion des insectes, une fois la floraison terminée. C’est un traitement clé pour plusieurs ravageurs importants du pommier (charançon, punaise de la molène, tordeuses, cicadelles, hoplocampe, mineuses et cochenilles). Le moment exact de l’application (stades « calice » ou « nouaison ») dépendra toutefois des espèces présentes dans votre verger et déterminées par le dépistage. Consultez la fiche 69 du Guide de production fruitière intégrée (Guide de PFI) pour les détails sur la stratégie à adopter.

Les principes suivants s’appliquent toujours :

  • Pendant l’été, favorisez des insecticides sélectifs plutôt qu’à large spectre. Ces derniers sont également toxiques pour les prédateurs naturels. Leur utilisation doit donc être évitée autant que possible après la floraison, pour ne pas amplifier ou créer des problèmes d’acariens, de mineuses ou de pucerons.
  • Utilisez toujours la « dose minimale efficace » permettant de bien réprimer les ravageurs tout en minimisant l’impact sur les organismes utiles.

Stratégies d’intervention spécifiques 

  • Carpocapse : il est encore possible d’installer des diffuseurs pour la confusion sexuelle, bien qu’il soit plus difficile de le faire à cette période de l’année (voir les communiqués précédents). Pour ceux qui ne pratiquent pas la confusion sexuelle, nous vous tiendrons informés des périodes propices pour les pulvérisations estivales.
  • Charançon de la prune : aucun dommage n’est à craindre avant la nouaison. Comme il s’agit d’un redoutable ravageur, il est cependant primordial d’intervenir avant l’apparition des dégâts, soit une première fois entre le stade « calice » et la nouaison, et en applications localisées par la suite, selon les résultats du dépistage. La stratégie de lutte est résumée à la fiche 72 du Guide de PFI. Pour votre premier traitement, intervenez en postfloral lorsque des périodes favorables à l’activité sont prévues par le modèle (dès le 20 mai en Montérégie-Ouest, si la floraison est terminée). Pour les interventions suivantes, la stratégie de dépistage est résumée à la fiche 65. Consultez le rapport Cipra, généré périodiquement sur notre page des modèles, pour suivre la situation en fonction des prévisions météo; vous pouvez aussi consulter le modèle en direct au besoin.
  • Hoplocampe : il est normal que vos pièges à hoplocampe soient peu efficaces durant la floraison. Continuez la surveillance jusqu’à la nouaison.
  • Tordeuse à bandes obliques et acariens : consultez les communiqués précédents.

 

ÉCLAIRCISSAGE 
(G. Chouinard)

Les bénéfices (physiologiques et phytosanitaires) de l’éclaircissage sont bien connus (voir la fiche 43 du Guide de PFI), de même que les défis que cette opération peut représenter. Selon les cultivars, les traitements d’éclaircissage peuvent débuter dès le stade « calice », bien que l’effet éclaircissant soit plus prononcé lorsque les fruits atteignent un diamètre d’environ 10 mm. Les cultivars difficiles à éclaircir, comme ‘Gala’ et ‘Honeycrisp’, peuvent nécessiter plusieurs passages et différents produits. Consultez le tableau de la fiche 43 pour les principales suggestions.
Ajustement des doses d’agents éclaircissants en fonction de la météo 
Des modèles bioclimatiques de type « bilan glucidique » peuvent être utilisés pour prédire la réponse des pommiers aux traitements d’éclaircissage. Le bilan glucidique mesure la capacité des pommiers à accumuler de l’énergie par la photosynthèse. Le bilan glucidique des pommiers calculé à partir de la météo des quelques jours précédant et suivant la date du traitement peut indiquer le besoin d’ajuster la dose des agents éclaircissants appliqués. Le modèle disponible en 2022 ainsi que les explications nécessaires sont accessibles via la page des données et de prévisions, sur la plateforme PFI du Réseau-pommier. Si vous êtes près de la frontière américaine, vous pouvez aussi consulter des prévisions d’ajustement de doses pour des endroits comme Chazy, NY ou South Hero, VT, sur le site de NEWA, où les mises à jour sont en continu; vous devrez alors y inscrire les dates de débourrement et de floraison de votre région.

Éclaircissage sans carbaryl

Un texte d’Evelyne Barriault sur l’éclaircissage sans carbaryl est aussi disponible sur la plateforme PFI du Réseau-pommier.

 

PULVÉRISATIONS À BAS VOLUME ET À FAIBLE DÉRIVE
(G. Chouinard et V. Philion)

Les pulvérisations à bas volume (< 350 l/ha) font de plus en plus d’adeptes en pomiculture. L’économie de temps qu’elles permettent est indéniable, mais qu’en est-il de leur efficacité? En fait, la qualité de la couverture du pesticide appliqué (c’est-à-dire la distribution de la bouillie sur la culture) est la principale chose à surveiller lorsqu’on abaisse le volume d’eau de la pulvérisation. Les producteurs qui observent une faible efficacité de leurs pulvérisations à bas volume (il y en a) doivent tout simplement s’assurer que leur pulvérisateur distribue la bouillie de façon équilibrée sur leurs pommiers, afin de rétablir l’efficacité de la pulvérisation. Rappelez-vous que même si appliquer plus d’eau (par exemple en traitant à plus basse vitesse) peut permettre de pallier partiellement une mauvaise couverture, l’eau n’est pas un pesticide. Vous ne devriez jamais chercher volontairement à utiliser une grande quantité d’eau pour vos pulvérisations. Le séchage plus lent des volumes élevés est même responsable d’une part des problèmes de phytotoxicité.

La réduction du volume de bouillie se réalise souvent en changeant les buses pour obtenir de très petites gouttelettes. Adopter cette approche sans tenir compte de la dérive est extrêmement dommageable pour l’environnement, pour la santé des humains en périphérie des vergers et pour l’image de l’industrie. Veillez plutôt à utiliser un pulvérisateur à distribution d’air optimisée, comme celui en démonstration dans les vergers vitrine, ou encore faites ajuster ou modifier votre pulvérisateur actuel, si possible. Vous bénéficierez alors de tous les avantages d’une pulvérisation comme elle devrait l’être : plus rapide, plus efficace, plus silencieuse et avec moins de dérive.

Vous aimeriez en savoir plus sur les pulvérisateurs de ce type (qu’on appelle aussi « Aircheck ») et peut-être en voir un en action? Des événements seront organisés à cette fin dans six vergers du Québec cet été : le 5 juillet à L’Islet, le 7 juillet à Sainte-Cécile-de-Milton, le 14 juillet à Mont-Saint-Grégoire, le 20 juillet à Oka, le 28 juillet à Hinchinbrooke et le 5 août à Compton. Mettez ces dates à votre agenda et surveillez votre courrier pour les détails, car en pomiculture, c’est en 2022 que ça se passe! 

 

OBSERVATIONS ET PRÉVISIONS DU RÉSEAU EN DATE DU 17 MAI
(F. Pelletier)

Cliquez ici pour consulter le sommaire préparé chaque semaine pour les différentes régions pomicoles.

 

POUR EN SAVOIR PLUS

Cliquez ici pour les messages téléphoniques des conseillers du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ), les dernières prévisions et les observations en temps réel dans les vergers pilotes du Réseau-pommier.

 

Toute intervention envers un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des pesticides et de leurs risques.
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