Avertissement du 12 mai 2021: Développement des pommiers. Insectes et acariens. Stratégies postflorales contre les insectes et acariens. Tavelure et feu bactérien. Éclaircissage. Pulvérisations à bas volume. Observations et prévisions du Réseau.

DÉVELOPPEMENT DES POMMIERS
(F. Pelletier)
Pour le cultivar ‘McIntosh’, les stades observés, en date du 11 mai, dans les différentes régions pomicoles sont les suivants :
  • Le stade « pleine floraison » a été atteint le 10 mai dans les sites plus hâtifs, en Montérégie, et devrait être observé, le 12 ou le 13 mai, dans les régions de Missisquoi et du sud-ouest de Montréal.
  • Le stade « bouton rose avancé » a été atteint le 10 mai, dans les Laurentides, et devrait être atteint le 12 mai, en Estrie.
  • Le stade « pré-bouton rose » a été atteint le 7 mai dans la région de Québec.

Selon les prévisions des prochains jours, le stade « pleine floraison » (cultivar ‘McIntosh’) devrait être observé durant la fin de semaine, dans les Laurentides et en Estrie, alors que l’atteinte du stade « calice » est prévue pour le début de la semaine prochaine en Montérégie (voir le sommaire en fin de communiqué pour l’ensemble des prévisions et des observations par région).

Des températures sous le point de congélation ont de nouveau été observées au cours de la dernière semaine, dans les régions de l’Estrie et de Québec, et quelques épisodes isolés de grêle sont survenus, hier, en Montérégie et dans les Laurentides.

Image Agri-RéseauCultivar ‘McIntosh’, le 10 mai 2021, au verger du mont Saint-Bruno. Photo : F. Pelletier (IRDA)

INSECTES ET ACARIENS
(F. Pelletier)

L’activité des insectes (ce qui inclut les ravageurs, mais aussi les abeilles et autres pollinisateurs) a été limitée jusqu’à maintenant en raison du temps généralement frais :

  • L’activité de la punaise terne est demeurée faible dans la majorité des vergers, et plusieurs vergers en Montérégie n’ont pas nécessité d’intervention avec un insecticide préfloral.
  • L’éclosion des œufs de tétranyque rouge a été observée dans la majorité des sites, depuis la semaine dernière, en Montérégie et dans la région de Missisquoi. Selon le modèle prévisionnel, l’éclosion des œufs du tétranyque rouge devrait débuter ces jours-ci, dans la région de Québec.
  • Les captures d’hoplocampe ont débuté dans quelques sites pour l’ensemble des régions (sauf Québec), mais demeurent faibles jusqu’à présent.
  • Quelques observations de colonies de pucerons roses ont été rapportées la semaine dernière. Les premières punaises pentatomides et punaises de la molène ont également été observées.

Consultez le sommaire en fin de communiqué pour l’ensemble des prévisions et des observations par région.

STRATÉGIES POSTFLORALES CONTRE LES INSECTES ET ACARIENS
(G. Chouinard)

Stratégie d’intervention globale 
Une seule application d’insecticide bien ciblée (qu’on appelle couramment le « traitement du calice ») est l’approche la plus profitable pour la gestion des insectes, une fois la floraison terminée. C’est un traitement clé pour plusieurs ravageurs importants du pommier (charançon, punaise de la molène, tordeuses, cicadelles, hoplocampe, mineuses et cochenilles). Le moment exact de l’application (stades « calice » ou « nouaison ») dépendra toutefois des espèces présentes dans votre verger et déterminées par le dépistage. Consultez la fiche 69 du Guide de production fruitière intégrée (Guide de PFI) pour les détails sur la stratégie à adopter.

Les principes suivants s’appliquent toujours :

  • Pendant l’été, favorisez des insecticides sélectifs plutôt qu’à large spectre. Ces derniers sont également toxiques pour les prédateurs naturels. Leur utilisation doit donc être évitée autant que possible après la floraison, pour ne pas amplifier ou créer des problèmes d’acariens, de mineuses ou de pucerons.
  • Utilisez toujours la « dose minimale efficace » permettant de bien réprimer les ravageurs tout en minimisant l’impact sur les organismes utiles.

Stratégies d’interventions spécifiques 

  • Carpocapse : il est encore possible d’installer des diffuseurs pour la confusion sexuelle, bien qu’il soit plus difficile de le faire à cette période de l’année (voir les communiqués précédents). Pour ceux qui ne pratiquent pas la confusion sexuelle, nous vous tiendrons informés des périodes propices pour les pulvérisations estivales.
  • Charançon de la prune : aucun dommage n’est à craindre avant la nouaison. Comme il s’agit d’un redoutable ravageur, il est primordial d’intervenir avant l’apparition des dégâts, soit une première fois entre le stade « calice » et la nouaison, et en applications localisées par la suite, selon les résultats du dépistage. La stratégie de dépistage est résumée à la fiche 65 du Guide de PFI, et la stratégie de lutte à la fiche 72. Consultez le rapport Cipra, généré périodiquement sur notre page des modèles, pour suivre la situation en fonction des prévisions météo; vous pouvez aussi consulter le modèle en direct au besoin.
  • Hoplocampe : il est normal que vos pièges à hoplocampe soient peu efficaces durant la floraison. Continuez la surveillance jusqu’à la nouaison.
  • Tordeuse à bandes obliques : consultez le communiqué de la semaine précédente.

 

TAVELURE ET FEU BACTÉRIEN
(V. Philion)
Tavelure
Les averses permettent l’éjection d’une grande quantité de spores. Quand le feuillage sèche avant l’infection, les spores meurent graduellement. Cependant, les spores peuvent survivre facilement 24 heures, selon les conditions météorologiques, et continuer l’infection à la prochaine averse. Le logiciel RIMpro est conçu pour calculer l’inventaire des spores qui survivent, et la ligne rouge de risque (indice RIM) reflète cette survie et l’infection qui continue. L’accumulation des averses mène souvent à des infections sournoises. L’image en lien avec cet article illustre des éjections avec des temps de mouillure des feuilles trop courts pour l’infection, mais qui se cumulent.
Image Agri-Réseau

Feu bactérien
Le temps froid prévalant depuis le début de l’éclosion des fleurs n’a pas été propice au feu bactérien. Cependant, il est possible que les fleurs écloses à partir d’aujourd’hui (12 mai) soient à risque d’infection vers le 16 mai. Un suivi de l’éclosion vous permet de déterminer le pourcentage des fleurs qui ouvrent chaque jour. Dans les blocs où quasiment toutes les fleurs sont déjà ouvertes, le feu bactérien ne sera pas un problème cette année. Ces fleurs seront trop vieilles au moment où la chaleur arrivera. Dans les blocs où l’éclosion des fleurs est toujours en cours, il est utile de connaître la dernière journée importante d’éclosion. Le risque pour chaque journée d’éclosion est calculé par RIMpro. Dans l’illustration jointe à cet article, toutes les fleurs écloses avant le 12 mai apparaissent regroupées, et la ligne de population bactérienne n’atteint jamais le seuil. Pour les éclosions à partir du 12 mai, la population bactérienne pourrait atteindre le seuil pour l’infection. Si l’infection du 16 mai est maintenue, un traitement le 15 mai protègerait toutes les fleurs écloses au moment du traitement. Le traitement suivant ne serait nécessaire que si les fleurs écloses le 16 mai (ou plus tard) sont nombreuses et que ces fleurs deviennent à risque.

Image Agri-Réseau

 

ÉCLAIRCISSAGE 
(G. Chouinard)

Les bénéfices (physiologiques et phytosanitaires) de l’éclaircissage sont bien connus (voir la fiche 43 du Guide de PFI), de même que les défis que cette opération peut représenter. Selon les cultivars, les traitements d’éclaircissage peuvent débuter dès le stade « calice », bien que l’effet éclaircissant soit plus prononcé lorsque les fruits atteignent un diamètre d’environ 10 mm. Les cultivars difficiles à éclaircir, comme ‘Gala’ et ‘Honeycrisp’, peuvent nécessiter plusieurs passages et différents produits. Consultez le tableau de la fiche 43 pour les principales suggestions.

Ajustement des doses d’agents éclaircissants en fonction de la météo 
Des modèles bioclimatiques de type « bilan glucidique » peuvent être utilisés pour prédire la réponse des pommiers aux traitements d’éclaircissage. Le bilan glucidique mesure la capacité des pommiers à accumuler de l’énergie par la photosynthèse. Le bilan glucidique des pommiers calculé à partir de la météo des quelques jours précédant et suivant la date du traitement peut indiquer le besoin d’ajuster la dose des agents éclaircissants appliqués. Le modèle disponible en 2021 ainsi que les explications nécessaires sont accessibles via la page des données et de prévisions, sur la plateforme PFI du Réseau-pommier. Si vous êtes près de la frontière américaine, vous pouvez aussi consulter des prévisions d’ajustement de doses pour des endroits comme Chazy, NY ou South Hero, VT, sur le site de NEWA, où les mises à jour sont en continu; vous devrez alors y inscrire les dates de débourrement et de floraison de votre région.

Éclaircissage sans carbaryl
Un texte d’Évelyne Barriault sur l’éclaircissage sans carbaryl est aussi disponible sur la plateforme PFI du Réseau-pommier.

PULVÉRISATIONS À BAS VOLUME
(G. Chouinard, V. Philion et E. Barriault)

Les pulvérisations à bas volume (< 350 l/ha) ont leurs défenseurs et leurs détracteurs en pomiculture. L’économie de temps qu’elles permettent est souvent soulignée par les premiers, alors que leur efficacité est souvent mise en doute par les derniers. Or, si le premier argument est irréfutable, le deuxième est loin d’être solide. En fait, la qualité de la couverture du pesticide appliqué (c’est-à-dire la distribution de la bouillie sur la culture) est la seule chose qui ne doit pas se dégrader lorsqu’on abaisse le volume d’eau de la pulvérisation. Les producteurs qui observent une faible efficacité de leurs pulvérisations à bas volume (car il y en a) doivent tout simplement s’assurer que leur pulvérisateur distribue la bouillie de façon équilibrée sur leurs pommiers, afin de rétablir l’efficacité de la pulvérisation. Rappelez-vous que même si l’ajout d’eau (par exemple en ralentissant) peut permettre de pallier partiellement une mauvaise couverture, l’eau n’est pas un pesticide. Vous ne devriez jamais chercher volontairement à utiliser une grande quantité d’eau pour vos pulvérisations. Le séchage plus lent des volumes élevés est même responsable d’une part des problèmes de phytotoxicité.

La réduction du volume de bouillie se réalise souvent en changeant les buses pour obtenir de très petites gouttelettes. Adopter cette approche sans tenir compte de la dérive est extrêmement dommageable pour l’environnement, pour la santé des humains en périphérie des vergers et pour l’image de l’industrie. Veillez plutôt à utiliser un pulvérisateur à distribution d’air optimisée, comme celui en démonstration dans les vergers vitrine – ou encore faites ajuster ou modifier votre pulvérisateur actuel, si possible. Vous bénéficierez alors de tous les avantages d’une pulvérisation comme elle devrait l’être : plus rapide, plus efficace, plus silencieuse et avec moins de dérive.

OBSERVATIONS ET PRÉVISIONS DU RÉSEAU EN DATE DU 11 MAI
(F. Pelletier)

Cliquez ici pour consulter le sommaire préparé chaque semaine pour les différentes régions pomicoles.

POUR EN SAVOIR PLUS
(G. Chouinard)

Cliquez ici pour les messages des conseillers du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ), les dernières prévisions et les observations en temps réel dans les vergers pilotes du Réseau-pommier.

Toute intervention de contrôle d’un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des risques associés à l’utilisation des pesticides.
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