Archive d’étiquettes pour : Les espèces utiles

Fiche 95

Gérald Chouinard, Yvon Morin, Daniel Cormier, Robert Maheux et Sylvie Bellerose

 

ATTENTION DOSES RÉDUITES : l’ARLA ne prend pas action contre ceux qui préconisent de telles pratiques, si elles n’entraînent pas de danger pour la santé ou la sécurité humaine ou pour l’environnement et qu’elles ne sont pas destinées à promouvoir la vente de produits antiparasitaires. Si toutefois l’utilisation de doses réduites ou adaptées devait entraîner des pertes pour les utilisateurs, les conseillers ou les organisations qui les recommandent pourraient être tenus responsables de leurs recommandations dans des actions civiles.

Les espèces utiles travaillent gratuitement pour vous à produire des fruits et à abaisser les populations de ravageurs. La plus connue de ces espèces est sans contredit l’abeille domestique, pollinisatrice acharnée dont la valeur totale du travail sur la planète a été évaluée à plus de 250 milliards de dollars en 2012 (consultez la fiche 42 pour les détails quant au rôle joué par l’abeille en pomiculture).

Il existe toutefois bien d’autres espèces utiles dans nos vergers, et leur valeur est également très importante. Plusieurs espèces s’attaquent aux acariens, d’autres sont d’excellentes consommatrices de pucerons, alors que certaines ont un menu plutôt varié. Les plus courantes s’attaquent et répriment efficacement la mineuse marbrée et les pucerons verts, d’autres s’attaquent aux pucerons lanigères et plus d’une dizaine d’espèces localisent et tuent les larves de la tordeuse à bandes obliques.

L’activité de certaines espèces utiles, notamment des parasitoïdes, peut être spectaculaire. Il n’est pas rare, par exemple, d’observer des taux de parasitisme de 25 % chez les tordeuses et de 75 % chez les mineuses, dans les vergers commerciaux du Québec qui pratiquent la PFI.

Mais il y a un mais : plusieurs de ces espèces utiles sont très sensibles à l’application des pesticides. Le choix de ces produits est donc crucial si vous voulez favoriser leur présence. En les protégeant, vous bénéficierez ainsi de leur activité qui pourra vous faire épargner des traitements supplémentaires au cours de l’été.

Pour ne pas nuire à leur travail, quelques règles simples, mais précieuses méritent d’être suivies, telles que décrites dans les pages qui suivent.

 

Protection des abeilles et autres pollinisateurs

Dans nos régions, l’abeille domestique ne survit pas à l’hiver. Celles qu’il est possible d’apercevoir durant la saison chaude proviennent de ruches tenues par des apiculteurs. Par conséquent, à l’approche de la floraison, il faut en louer s’il n’y a pas présence de celles venues d’un verger voisin. Les abeilles domestiques et les pollinisateurs sauvages favorisent une pollinisation uniforme. Afin de protéger ces insectes utiles, le simple bon sens et la Loi (voir la fiche 19) défendent strictement d’appliquer des pesticides toxiques pour les abeilles lors de la floraison.

abeille

Prévenir l’intoxication des abeilles

L’agriculteur qui utilise des pesticides dans ses cultures a le devoir de prendre les mesures préventives suivantes pour ne pas intoxiquer les abeilles :

  • Avant d’épandre un pesticide, prévenir les apiculteurs des environs afin qu’ils mettent leurs colonies à l’abri. Communiquer avec un centre de services du MAPAQ pour obtenir la liste des apiculteurs voisins.
  • Ne pas pulvériser de pesticides toxiques aux abeilles sur des cultures en fleurs fréquentées par des abeilles. S’il est indispensable d’appliquer des pesticides pendant la floraison, se limiter aux produits relativement peu toxiques ou inoffensifs (voir plus bas pour la liste)  et le faire entre 19 h et 7 h, moment où les abeilles sont rentrées à la ruche.
  • Ne pas traiter par temps venteux pour éviter que les embruns de pesticides soient emportés vers les ruches avoisinantes.
  • Les abeilles mellifères s’intoxiquent souvent en butinant les plantes de couverture, comme le pissenlit ou le trèfle, qui sont en fleurs dans le verger. La tonte ou la taille de ces plantes avant la pulvérisation d’insecticides protégera les abeilles.
  • Retirer les ruches aussitôt que la pollinisation est terminée (ou suffisante) et avant l’application des insecticides en postfloraison.
  • Lire l’étiquette de chaque pesticide pour connaître les précautions à prendre pour protéger les abeilles.
Toxicité des pesticides utilisables en pomiculture envers les abeilles

La toxicité des pesticides envers les abeilles rapportée dans le tableau qui suit est mise à jour constamment en fonction des données disponibles, sur le site web de SAgE pesticides (http://www.sagepesticides.qc.ca).

Au moment de publier ce guide, les produits utilisables pendant la floraison sont peu nombreux, et même ces produits doivent être appliqués préférablement entre 19 h et 7 h : ALTACOR (chlorantraniliprole), DIPEL, FORAY et BIOPROTEC (Bt), INTREPID (méthoxyfénozide), BELEAF (flonicamide), VIROSOFT CP4 et CYD-X (virus de la granulose du carpocapse), les phéromones utilisées en confusion sexuelle et la plupart des agents de lutte contre la tavelure, le feu bactérien et les autres maladies. Des applications de ces produits pendant la floraison sont donc possibles si les produits sont homologués pour cette période. Vérifiez l’étiquette!

 

Protection des prédateurs et parasitoïdes

La présence d’organismes utiles dans le verger est largement favorisée lorsque ceux-ci peuvent trouver la nourriture dont ils ont besoin, c’est-à-dire des ravageurs. La PFI tolère donc la présence de ravageurs jusqu’à un certain seuil de tolérance économique qui permet ainsi la survie des prédateurs et parasitoïdes. Il faut donc être ouvert et savoir qu’il n’est pas possible de réprimer totalement tous les ravageurs du verger. L’approche de la PFI vise davantage à obtenir le meilleur coût de production par pomme récoltée plutôt que la récolte maximale avec une facture plus onéreuse de pesticides.

Plus d’informations sur les prédateurs et parasitoïdes rencontrés en vergers sont présentées aux fiches 96, 97 et 98.

 

Protection des autres organismes utiles
Araignées

Plus d’une cinquantaine d’espèces d’araignées peuvent être rencontrées dans les vergers. Ces organismes sont tous prédateurs, principalement d’insectes. Dans les vergers commerciaux, les araignées errantes et les araignées à toile (comme les épeires) se nourrissent principalement de tétranyques et de tordeuses. Elles sont plus abondantes lorsque les traitements insecticides y sont modérés. Les applications d’insecticides à large spectre dirigées contre la mouche de la pomme nuisent à l’établissement maximal des populations d’araignées en août.

araignée

araignée

Micro-organismes utiles

Oui, il existe de très petits organismes utiles à la pomiculture! Certains nématodes présents naturellement dans le sol, mais aussi des bactéries, des champignons et des virus s’attaquent aux insectes et aux acariens. D’autres champignons utiles s’attaquent plutôt à la tavelure. De nombreuses études en cours à travers le monde visent à mieux connaître ces micro-organismes qui sont la plupart du temps spécifiques, c’est-à-dire qu’ils ne s’attaquent qu’à une seule espèce ou qu’à un petit groupe d’espèces. Certains de ces micro-organismes (les plus connus actuellement) sont présentés à la fiche 11.

 

Comment adapter votre programme de traitements de façon à protéger les organismes utiles

Tout d’abord, le principe général suivant mérite d’être rappelé :

  • Dépistez les ravageurs et traitez uniquement lorsque les seuils d’intervention sont atteints.

Lorsque des applications sont vraiment nécessaires, favorisez les choix suivants :

  • Sélectionnez le pesticide le moins toxique sur les espèces bénéfiques que vous voulez protéger. La majorité des nouveaux insecticides disponibles sont des produits sélectifs qui sont plus efficaces contre le ravageur visé avec une faible toxicité sur les prédateurs présents.
  • Utilisez la dose minimale efficace pour réprimer les ravageurs (voir ci-après).
  • Privilégiez les traitements de bordures lorsque c’est possible, afin de créer une zone centrale exempte de produits toxiques qui servira de refuge pour les espèces bénéfiques.
  • Choisissez si possible le moment de la journée où les organismes utiles sont moins actifs ou vulnérables.

Les tableaux d’efficacité des pesticides contre les ravageurs (fiche 47) et de toxicité des pesticides envers les espèces utiles (ci-dessous) vous permettront de faire les meilleurs choix pour protéger votre récolte tout en favorisant le développement des espèces utiles.

(Cliquez ici pour télécharger le tableau complet​)

 

Notes et légende:
Peu ou pas toxique : bonhomme sourire (peu ou pas toxique)     Modérément toxique : bonhomme triste (modérément toxique)     Très toxique : tête de mort (très toxique)     Toxicité inconnue : carré (toxicité inconnue)

Ces cotes de toxicité désignent l’importance relative des effets toxiques des pesticides sur les insectes et acariens utiles. Elles ont été déterminées à partir de différentes sources bibliographiques / recommandations publiées au Canada, aux États-Unis et en Europe incluant la base de données publiée par International Organisation for Biological Control (IOBC) ainsi que les observations et études effectuées au Québec par les conseillers et chercheurs membres du Réseau-pommier.        

Les informations concernant les nouveaux produits sont fragmentaires et sujettes à révision.

 

Dosage des pesticides

L’application d’une dose supérieure à celle affichée sur l’étiquette du produit est risquée et représente un coût supplémentaire de production. Cette surdose représente aussi un risque pour la récolte (limite maximale tolérée de résidus sur les fruits dépassée, possibilité de phytotoxicité), un risque pour l’applicateur et un risque pour l’environnement. De plus, elle peut contribuer au développement de résistance chez les ravageurs, sans compter ses effets nocifs décuplés sur les espèces utiles.

Pour sa part, une dose insuffisante ne règle pas le problème pour lequel le pesticide a été appliqué, et les applications répétées qu’elle peut engendrer peuvent également favoriser le développement de résistance et le déclin des espèces utiles. Sans compter la perte de tous les recours possibles contre la compagnie car seule la dose inscrite sur l’étiquette est garantie efficace par le fabricant.

La détermination de la dose d’emploi d’un pesticide ne doit jamais être prise à la légère dans le seul but de réduire la facture de pesticides (bien que cet objectif soit défendable). En bout de ligne, il n’y a donc qu’une recommandation possible :

la meilleure dose à utiliser est toujours la dose minimale efficace
qui permet de réprimer adéquatement le ravageur.

Les doses présentes sur l’étiquette des nouveaux produits sont homologuées en fonction de leur efficacité sur le ou les ravageur(s) visé(s) et/ou du degré d’infestation présent. Dans le cas des vergers, elles sont maintenant évaluées avant homologation dans des plantations à haute densité. En vergers de pommiers standards, la dose minimale efficace d’un produit récent risque donc de correspondre à la dose maximum avec un volume de bouillie élevé permettant de bien couvrir tout le feuillage présent.

Les étiquettes de produits moins récents n’indiquent parfois qu’une seule dose, valable pour les conditions les plus difficiles, comme dans le cas de pommiers standards ou dans le cas ou la pression de ravageur est élevée. Cette dose unique peut donc, dans certaines conditions, correspondre à une surdose sur le plan agronomique!

Consultez votre représentant de pesticides si vous rencontrez de telles situations délicates ou problématiques.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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Fiche 96

Yvon Morin, Gérald Chouinard, Daniel Cormier et Robert Maheux

 

Note : consultez le guide chronologique du dépistage (fiche 65) pour visualiser les périodes d’activité des principaux organismes décrits dans cette fiche.

 

Phytoséiides
Description et comportement

Les phytoséiides (Amblyseius sp., Neoseiulus sp.,Typhlodromus sp.) sont les plus voraces des acariens prédateurs. Ils complètent plusieurs générations par année sous les conditions climatiques du Québec. Neoseilus (=Amblyseius) fallacis et Typhlodromus caudiglans (le typhlodrome) sont les deux espèces les plus souvent rencontrées en vergers.

phytoséiide

Leur corps transparent en forme de poire laisse souvent apercevoir un « H » coloré, de couleur rouge ou jaune, selon qu’ils se nourrissent de tétranyques rouges ou de tétranyques à deux points.

Les différentes espèces de phytoséiides sont impossibles à distinguer l’une de l’autre sans équipement spécialisé. De taille voisine à celle des tétranyques, ces prédateurs sont visibles à l’aide d’une loupe (10X ou plus). Ils se déplacent rapidement, contrairement aux acariens ravageurs.

De plus amples informations sur ces prédateurs se retrouvent dans le Guide d’identification des ravageurs du pommier et de leurs ennemis naturels ou sa version en ligne.

Alimentation

La proie favorite de ces prédateurs est le tétranyque à deux points. Le typhlodrome peut aussi se nourrir de tétranyques rouges et d’ériophyides. Cette espèce, contrairement à Neoseiulus fallacis, se nourrit de tous les stades de développement.

Il arrive que leurs populations soient très élevées dans des vergers où la population de tétranyques à deux points est élevée.

Il est alors possible de constater que, lorsqu’une source de nourriture est présente, ces prédateurs colonisent le pommier.

Activité

En début de saison, ces deux prédateurs sont présents surtout au sol. Ils se nourrissent de tétranyques à deux points sur les mauvaises herbes à feuilles larges. En fin de saison, à partir du mois d’août, ils se trouvent plus souvent sur les pommiers.

Efficacité

Souvent, le seuil d’intervention pour le tétranyque à deux points est atteint avant que les phytoséiides montent dans les arbres. Ainsi, s’il est possible de retarder le traitement, il peut y avoir augmentation des populations de phytoséiides. Si celles-ci sont assez abondantes, elles peuvent faire chuter rapidement les populations de tétranyque à deux points.

Sensibilité aux pesticides

Ces prédateurs sont très sensibles aux pyréthrinoïdes (UPCYDE, POUNCE, DECIS, RIPCORD et MATADOR) et au carbaryl (SEVIN). Le RIMON serait également toxique. Les fongicides contenants du mancozèbe (DITHANE, MANZATE, PENCOZEB) leur seraient aussi toxiques.

 

Stigmaéides
Description et comportement

Ces acariens prédateurs (Agistemus sp., Zetzelia sp.) ressemblent aux acariens ravageurs, mais leur couleur, comme celle de leurs œufs, est jaune citron (d’où leur nom anglais de « yellow mites »). Les adultes prennent parfois une teinte orangée (comme lorsqu’ils se nourrissent d’oeufs de tétranyques rouges). Ils se déplacent beaucoup moins vite que les phytoséiides.

Pour de plus amples informations sur ce prédateur, veuillez consulter le Guide d’identification des ravageurs du pommier et de leurs ennemis naturels (cliquer ici pour la version en ligne).

Alimentation

Le plus répandu des acariens prédateurs, l’agistème se nourrit surtout d’ériophyides et d’oeufs de tétranyques mais peut s’accommoder de pollen au besoin pour survivre à une pénurie de proies.

Activité

L’agistème est actif tôt au printemps et peut assez efficacement maintenir les populations de tétranyque rouge sous les seuils d’intervention. Cependant, c’est à partir de juillet et août qu’il se trouve en plus grand nombre, surtout lorsque les ériophyides ont été abondants l’année précédente.

Les stigmaéides peuvent aussi cohabiter avec d’autres acariens prédateurs, comme les phytoséiides.

Efficacité

L’agistème est le principal allié des pomiculteurs québécois contre l’ériophyide et les tétranyques. Il est cependant vulnérable, car sous certaines régies, il peut être décimé par la punaise de la molène (principalement dans des blocs trop vigoureux et peu taillés, ce qui est un environnement très favorable aux punaises) ou par l’utilisation de certains pesticides qui lui sont toxiques.

Si l’agistème est présent, il n’est pas recommandé d’intervenir contre l’ériophyide. Sa présence justifie aussi un dépistage « serré » du tétranyque rouge et du tétranyque à deux points avant d’intervenir.

 

Autres acariens prédateurs

Des photos de ces prédateurs se retrouvent dans le Guide d’identification des ravageurs du pommier et de leurs ennemis naturels ou sa version en ligne.

Balaustium

Cet acarien rouge vif est présent en début et en fin de saison sur le pommier. Il est deux ou trois fois plus gros qu’un tétranyque et se déplace rapidement à la recherche de nourriture. En fin de saison, il est très commun dans les vergers.

Balaustium

Allothrombium

Fréquent principalement en fin de saison, cet autre acarien prédateur se nourrit d’œufs de plusieurs insectes et acariens de même que d’adultes et larves de tétranyques. Il est plus gros que le tétranyque rouge et sa couleur est rouge orangée. Il se nourrit aussi de pucerons verts et peut être assez commun dans les vergers.

Allothrombium

Punaise de la molène

La punaise de la molène (Campylomma verbasci) se retrouve dans la majorité des vergers du Québec. En début de saison, elle y réduit efficacement les populations de tétranyques rouges. Malheureusement, elle a aussi tendance à se nourrir de jeunes fruits, et son comportement est difficile à prévoir.

punaise de la molène (adulte)

Pour de plus amples informations sur ce prédateur, se référer au Guide d’identification des ravageurs du pommier et de leurs ennemis naturels ou sa version en ligne.

Description et comportement

L’adulte est vert grisâtre et deux fois plus petit que la punaise terne. Il est possible de l’observer sur les jeunes pousses, où il se nourrit de pucerons et de sève.

À la fin de l’été, les œufs sont pondus sur des arbres où il y a des tétranyques rouges. Ils éclosent la saison suivante pendant la floraison du pommier. Les larves ressemblent au puceron vert, mais se déplacent davantage. Elles se nourrissent de larves de tétranyques.

Tel que mentionné, ce prédateur peut s’attaquer au fruit. Ce comportement dépend, entre autres, de l’abondance de proies, du cultivar et des conditions climatiques.

Il survient habituellement, lorsque la population de punaises de la molène est abondante et qu’il y a peu de tétranyques. La présence d’un cultivar attrayant, comme la Délicieuse rouge et la Spartan, favorise ce comportement. Dans les cas extrêmes, les autres cultivars peuvent aussi être attaqués.

Un temps chaud et sec après la floraison favorise aussi l’attaque des fruits.

Les dommages les plus importants sont faits entre le stade calice et le stade nouaison (10 mm). Après ce stade, il est préférable de ne pas appliquer de pesticides qui sont toxiques pour cet insecte afin de le maintenir dans le verger pour qu’il exerce son action prédatrice.

Sensibilité aux pesticides

La punaise de la molène est peu sensible aux insecticides de la famille des organophosphorés mais est très sensible aux néonicotinoïdes.

 

Punaise translucide
Description

La punaise translucide (Hyaliodes vitripennis) est une punaise d’apparence délicate, de dimension semblable à la punaise terne (4-5 mm). Elle est distinguable grâce à ses ailes transparentes barrées de deux lignes noires et à ses antennes rayées.

punaise translucide

Les stades immatures sont verts et le bout de leur corps, effilé et retroussé, prend une couleur rouge lorsqu’elle se nourrit de tétranyques rouges. La punaise translucide se retrouve presque toujours sur le dessous des feuilles du pommier. Dans nos conditions climatiques, il n’y a qu’une génération par année.

Pour de plus amples informations, se référer au Guide d’identification des ravageurs du pommier et de leurs ennemis naturels ou sa version en ligne.

Activité

Cette punaise était probablement le prédateur du tétranyque rouge le plus efficace et le plus courant dans les vergers du sud-ouest du Québec. Cependant, avec l’utilisation plus fréquente d’insecticides durant l’été contre le carpocapse, la population de ce prédateur a fortement diminué. Il se retrouve surtout dans les pommiers standards, mais aussi dans les pommiers nains et semi-nains.

Les premières larves arrivent seulement à la fin juin et les premiers adultes vers la mi-juillet. La ponte commence vers le début d’août.

Alimentation

En plus du tétranyque rouge, cette punaise se nourrit de cicadelles, de pucerons, de larves de lépidoptères et même de mineuses dans leur mine!

Pour favoriser sa présence

Il est possible de favoriser sa présence en tolérant les tétranyques dans un bloc. Les punaises translucides déposeront leurs œufs dans ce bloc au mois d’août. Il est important que les tétranyques soient encore présents au mois d’août, sinon, la punaise ira pondre ailleurs. Donc, un « grand nettoyage » des acariens ravageurs est à éviter.

Sensibilité aux pesticides

Il y a peu d’information disponible pour les nouveaux insecticides. Il est cependant connu que les néonicotinoïdes lui sont toxiques.

 

Autres punaises prédatrices

D’autres punaises prédatrices (réduvides, nabides, pentatomides, anthocorides et mirides) peuvent se nourrir quasiment de tout ce qui bouge et qui n’est pas trop gros. Elles sont souvent observées dans les vergers qui reçoivent un minimum d’insecticides pendant l’été. Certaines sont très voraces, comme la punaise soldat Podisus maculiventris.

Des photos de ces punaises se retrouvent dans le Guide d’identification des ravageurs du pommier et de leurs ennemis naturels ou sa version en ligne.

 

Introduction de prédateurs d’acariens en vergers

Il arrive malheureusement que les populations de prédateurs d’acariens disparaissent soudainement de certains blocs de vergers, soit en raison de l’application d’un pesticide qui leur est toxique, soit en raison de l’absence des acariens phytophages et des autres petites bêtes qui leur servent de nourriture. De nombreuses études ont démontré que la réintroduction de prédateurs dans ces zones est possible, en transférant du bois de taille d’été, ou simplement des feuilles de pommiers, à partir de vergers-source (spécialement dans le cas des phytoséiides et de la punaise translucide). Pour plus d’informations sur la méthode de transfert d’acariens par le bois de taille d’été, consultez le Guide des méthodes alternatives de protection des pommiers.

Les acariens prédateurs sont même disponibles commercialement au Québec pour lutter contre les tétranyques (FALLACIS-IMPACT d’Anatis Bioprotection). La grande sensibilité des prédateurs d’élevage aux pesticides et leur coût d’achat limitent actuellement leur utilisation, mais la protection des populations de prédateurs indigènes est fortement recommandée et profitable, comme présenté ci-après.

 

Abondance et efficacité des prédateurs d’acariens au Québec

Pour les tétranyques, il est estimé que les populations peuvent être maintenues naturellement en dessous des seuils de nuisibilité lorsqu’il y a au moins un prédateur de type phytoséiide pour 10 à 15 tétranyques. La présence d’ériophyides sur le feuillage tôt en saison augmente cette probabilité, car les acariens prédateurs les utilisent comme source de nourriture « en attendant » l’arrivée des tétranyques.

Nom Abondance Proie préférée Efficacité Intérêt en PFI
Stigmaéides +++ Tétranyque rouge +++ ++++
Ériophyide ++++ ++++
Phytoséiides ++ Tétranyque à deux points ++++ +++
Punaise translucide1 + Tétranyque rouge +++ ++
Punaise de la molène ++++ Tétranyque rouge ++ ++
Puceron vert ++ ++
Allothrombium ++ Non spécifié + ++
Prédateurs de pucerons2 Variable Puceron vert Variable ++
Balaustium + Variable + +

+ : faible; ++++ : élevé.

  1. Très affectée par certains traitements estivaux contre le carpocapse.
  2. Larves de cécidomyies, de syrphides, de chrysopes et de coccinelles.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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Fiche 97

Gérald Chouinard, Yvon Morin, Daniel Cormier et Robert Maheux

 

Les prédateurs de pucerons sont très communs dans les vergers et ils peuvent maintenir efficacement les populations de puceron présentes en dessous des seuils de nuisibilité. L’utilisation de pesticides à faible risque pour ces espèces utiles favorise leur présence dans le verger. Plusieurs de ces espèces se nourrissent aussi d’acariens, ce qui n’est pas sans intérêt (voir la fiche 96).

Consultez le Guide chronologique du dépistage (fiche 65) pour visualiser les périodes d’activité des différents organismes décrits dans cette fiche.

 

Cécidomyies prédatrices

Les cécidomyies prédatrices (Aphidoletes aphidimyza), à ne pas confondre avec la cécidomyie du pommier, constituent le plus important prédateur de pucerons verts sous les conditions prévalant au Québec. Elles se nourrissent également de pucerons lanigères, de pucerons roses et d’acariens. Les cécidomyies passent l’hiver dans un cocon enfoui à environ 1 cm sous le couvre-sol du verger. L’adulte est un petit moustique (3 mm) d’apparence banale et difficile à observer, apparaissant en juin. Chaque femelle pond jusqu’à 600 œufs, dont plusieurs sur les feuilles de pommiers, près des colonies de pucerons. Les larves (asticots) sont orange vif et ont l’apparence de petits vers (2 mm) sans tête ni pattes. Les premières larves sont présentes au début de juin et il y a, en général, deux générations par année. Seules les larves sont prédatrices. Celles-ci paralysent leur proie par une piqûre et les ponctionnent ensuite pour se nourrir de leur contenu. Une larve de cécidomyie peut consommer jusqu’à 60 pucerons durant sa vie.

cécidomyie prédatrice (adulte)

En utilisant des pesticides qui vont favoriser leur présence (se référer au tableau de la fiche 95 sur la toxicité), les larves de cette espèce sont généralement suffisamment abondantes pour réprimer efficacement les pucerons verts sans besoin d’intervention. Il est estimé que les populations de pucerons verts peuvent être maintenues naturellement en dessous des seuils de nuisibilité lorsque 25 % des pousses affectées par les pucerons contiennent des cécidomyies ou qu’il y a présence d’au moins une larve de cécidomyie par 20 à 40 pucerons.

 

Chrysopes

La larve (8 mm) est prédatrice. Elle ressemble à une petite chenille à l’abdomen effilé, munie de pinces à l’avant. L’adulte (10-20 mm) est d’apparence délicate. Il est reconnu par sa couleur verte ou parfois brune (dans ce cas, ce sont plus précisément des hémérobes), à ses longues antennes fines et à ses grandes ailes translucides posées, au repos, tel un toit en pente au-dessus de son corps allongé. Ses œufs blancs (1 mm) sont dressés un à un au bout de longs fils de soie (1 cm) et sont facilement observables sur la face inférieure des feuilles ou parfois à la surface des fruits.

chrysope (larve)

Environ trois générations de chrysopes sont dénombrées par année au Québec. Les larves sont présentes à partir de la mi-juin et vont fluctuer en nombre selon l’abondance des pucerons jusqu’à la mi-octobre. Elles peuvent consommer jusqu’à 300 pucerons par jour. Il est estimé que les populations de pucerons verts peuvent être maintenues naturellement en dessous des seuils de nuisibilité lorsqu’il y a une larve de chrysope pour 70 pucerons. Ce prédateur peut aussi être utile pour maintenir sous un seuil acceptable les populations de certains ravageurs tels que cochenilles, acariens, cicadelles et jeunes stades larvaires de papillons (chenilles) ou d’autres insectes, mais peu de données existent pour quantifier cette utilité.

 

Syrphes

L’adulte (10 mm) est une mouche ressemblant, de par sa coloration, à une guêpe. Il se différencie toutefois facilement par son habitude à faire du vol stationnaire. Sa tête et ses yeux de mouche sont aussi plus gros que ceux d’une guêpe. La larve (6 mm) est un asticot sans pattes ni yeux, à tête effilée comme un cône, qui ressemble à une petite limace (figure). Elle est de couleur variable : gris, jaune, orange, vert ou une combinaison de ces couleurs, celles-ci formant généralement une série de lignes sur le dos. Ses œufs sont blancs et peuvent être facilement observés à travers les colonies de pucerons.

syrphe (larve)

Le syrphe est utile de deux façons. Adulte, il agit comme pollinisateur, se nourrissant de pollen et de nectar. Au stade larvaire, la plupart des syrphes rencontrés en vergers sont d’excellents prédateur de pucerons verts et roses : certaines espèces peuvent en consommer entre 400 et 900 pendant les 3 à 4 semaines de leur développement. Plusieurs espèces de syrphes peuvent être présentes dans les vergers. Près de 18 espèces différentes ont été répertoriées au Québec, sans compter quelques espèces de Chamameidae très semblables. Toutes peuvent se nourrir de cochenilles, de chenilles et d’autres petits insectes. Une espèce régulièrement observée dans les vergers commerciaux se nourrit d’ériophyides et permet fréquemment une répression naturelle de ces ravageurs. Les syrphes sont actifs dès l’ouverture des bourgeons, les différentes espèces se succédant pendant toute la saison. Les plus efficaces sont retrouvées avant la fin de juillet et peuvent, jusqu’à ce moment, maintenir les populations de pucerons à de faibles densités.

 

Coccinelles

La plupart des gens reconnaissent facilement les coccinelles avec leur forme arrondie leur donnant l’apparence d’une demi-boule et leur couleur brillante (souvent rouge, parfois orangée, jaune ou noire), ornée de points noirs ou de marbrures. Une dizaine d’espèces peuvent être retrouvées dans les vergers. Elles se nourrissent de pucerons, d’acariens, de cochenilles ainsi que d’œufs de toutes sortes d’insectes. Les adultes (3-7 mm) et les larves (5 mm) sont prédatrices. Elles peuvent se nourrir d’une centaine de pucerons par jour. Au Québec, les coccinelles complètent une génération par année.

Les coccinelles peuvent être reconnues avant même qu’elles n’aient atteint leur forme adulte. Leur présence est facilement remarquable par :

  • des amas de 10 à 50 œufs jaune-orangé, en forme de fuseaux, sous les feuilles, souvent près des colonies de pucerons.
  • des larves à l’allure de minuscules crocodiles se déplaçant sur le feuillage. Les premiers stades larvaires sont uniformément foncés. Les stades subséquents peuvent développer une coloration gris-bleu foncé, souvent ornée de points jaunes, oranges ou rouges, et portent des verrues pourvues de poils (figure).
  • des adultes jaune clair, sans point ni tache : ce sont de jeunes adultes de quelques heures.

coccinelle (oeufs)

coccinelle (larve)

Une fois qu’elles sont bien matures, vous pourrez distinguer plus facilement les principales espèces (figure) des vergers :

Coccinelle à deux points : Adulte rouge avec deux points noirs au centre.

coccinelle à 2 points (adulte)

Coccinelle à sept points : Adulte rouge avec sept points bien comptés. Elle se retrouve principalement au printemps, puis à la mi-septembre.

coccinelle à 7 points (adulte) et pucerons

Coccinelle à quatorze points : Une espèce européenne en expansion rapide dans la vallée du Saint-Laurent. L’adulte est jaune et porte un motif noir ressemblant à un damier. Ne cherchez pas trop à trouver le nombre exact de points!

coccinelle à 14 points (adulte)

Coccinelle asiatique : Mentionnée pour la première fois au Québec en 1994 dans un verger de pommiers de Frelighsburg, cette espèce importée est maintenant la coccinelle la plus fréquente dans la majorité des vergers. C’est aussi la plus vorace, et une des plus grosses (5-7 mm). Elle se nourrit principalement de pucerons et d’acariens, mais aussi de larves de tordeuses et de plusieurs autres petits insectes. Sa coloration varie de jaune à noir, en passant par le rouge et l’orangé. Le nombre de ses taches peut aussi varier de 0 à 20.

coccinelle asiatique (adulte)

Stethorus sp. : La plus petite de toutes les coccinelles (1 mm). L’adulte est complètement noir et la larve, qui ressemble à un minuscule porc-épic, peut dévorer jusqu’à 250 tétranyques de tous les stades chaque jour. Cette coccinelle est rencontrée surtout dans le sud-ouest du Québec. Très vorace, elle est par contre peu fréquente dans nos vergers.

coccinelle Stethorus (adulte)

 

Punaises prédatrices

La punaise de la molène et la punaise translucide, en plus des réduves et de certaines pentatomides prédatrices comme Podisus maculiventris, peuvent aussi se nourrir de pucerons en quantité non négligeable, en plus de se nourrir d’acariens. Pour plus d’informations sur les punaises prédatrices, consultez la fiche 96

 

Abondance et efficacité des prédateurs de pucerons au Québec

Pour les pucerons verts, il est estimé que les populations peuvent être maintenues naturellement en dessous des seuils de nuisibilité lorsqu’il y a présence de prédateurs de pucerons (syrphes, cécidomyies, coccinelles, chrysopes ou punaise de la molène) dans 90 % des colonies, et que les colonies sont de densité faibles à modérées.

Pour le puceron lanigère, il est estimé que les populations peuvent être maintenues naturellement en dessous des seuils de nuisibilité lorsqu’il y a présence de prédateurs (perce-oreilles et autres listés au tableau ci-après) ou de parasitoïdes dans les colonies au début août (un seuil précis n’est pas disponible).

Nom Abondance1 Proie préférée Efficacité Intérêt en PFI
Cécidomyies ++++ Pucerons ++++ ++++
Syrphes ++++ Pucerons +++ ++++
Punaises prédatrices2 ++++ Acariens +++ ++++
Pucerons Variable +
Chenilles + +
Coccinelles ++ à +++ Pucerons ++ ++
Chrysopes + Pucerons ++ +

Légende : + : faible; ++ : moyen(ne); +++ : bon(ne); ++++ : élevé(e).

  1. L’abondance peut varier d’une saison à l’autre; par exemple, il peut arriver certaines saisons que les coccinelles soient plus abondantes que les cécidomyies et les syrphes.
  2. Punaise de la molène, punaise translucide, etc.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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Fiche 98

Gérald Chouinard, Yvon Morin et Daniel Cormier

 

Consultez le Guide chronologique du dépistage (fiche 65) pour visualiser les périodes d’activité des différents organismes décrits dans cette fiche.

 

Mouches tachinaires (tachinides)

Ces mouches ont l’apparence d’une mouche domestique, mais sont recouvertes de poils raides. Elles pondent leurs œufs sur le dos des stades immatures de plusieurs espèces de chenilles, dont celles de la tordeuse à bandes obliques (un taux de parasitisme allant jusqu’à 65% a été observé dans les vergers Du Québec). Leurs œufs donnent naissance à des asticots qui se nourrissent à même la chenille, impuissante à se libérer de ses agresseurs. Leur présence est variable d’année en année selon les conditions météo.

mouche tachinaire (tachinide)

 

Guêpes braconides

Les braconides sont de très petites guêpes (1-3 mm) brunes ou noires, plus petites que les moustiques, qui pondent leurs œufs dans le corps de leur hôte, qui n’y survit pas. Plusieurs espèces peuvent se trouver dans un verger, parasitant des insectes comme le puceron lanigère, le puceron vert et la mineuse marbrée. Ascogaster carpocapsae s’attaque notamment au carpocapse et Macrocentrus linearis à la tordeuse à bandes obliques. Les braconides sont d’efficaces agents de lutte biologique.

guêpe braconide

Pholetesor ornigis est un braconide très commun des vergers (photo), particulièrement efficace pour la lutte biologique contre la mineuse marbrée. Il est observé surtout sur la face inférieure des feuilles, à la recherche de larves de mineuses. Il est présent à partir du stade bouton rose, mais il atteint souvent son pic d’activité vers le stade calice. Ce parasitoïde est très efficace pour réprimer la mineuse (souvent plus efficace qu’un traitement insecticide!) Il est cependant sensible aux insecticides de la famille des organophosphorés et des pyréthrinoïdes. Si vous êtes aux prises avec d’importants problèmes de mineuses, effectuez uniquement un traitement de bordure au stade calice, de façon à conserver vos braconides. Pour vérifier si ce parasitoïde travaille pour vous, ouvrez les mines lors de la deuxième génération d’adultes de mineuse (vers la fin juin) pour voir si des cocons du parasitoïde s’y trouvent. Ce cocon est blanc-gris alors que la chrysalide de la mineuse est brune.

Pholetesor ornigis (guêpe braconide)

D’autres braconides parasitent les pucerons verts, notamment vers la fin juillet. Les pucerons parasités prennent une teinte différente, souvent dorée, et sont la plupart du temps observés seuls à l’extérieur des colonies.

 

Guêpes chalcides

Pareillement aux braconides, les chalcides (Chalcidoidea) sont de très petites guêpes (1-3 mm) ressemblant à de petits moustiques. La larve se nourrit du contenu de l’œuf de l’insecte qu’elle parasite pour ressortir sous forme adulte lorsque son développement est complété. Les adultes peuvent aussi se nourrir de larves d’insectes.

guêpe chalcide

Régulièrement, il est possible d’observer des masses d’œufs de tordeuses à bandes obliques parasitées par des chalcides; ce phénomène est révélé par la présence d’une ouverture à la surface des œufs du papillon. Les chalcides rencontrées dans les vergers, telles Agathis sp., Polynema sp. et Sympiesis sp., parasitent respectivement le pique-bouton, la cérèse buffle et les larves de la mineuse marbrée, de même que plusieurs autres espèces.

Aphelinus mali est un chalcide qui parasite très efficacement le puceron lanigère. Habituellement, le puceron lanigère ne cause pas de problème dans les vergers tant que le parasitoïde, et les autres agents de lutte biologique, ne sont pas décimés par les pyréthrinoïdes, les carbamates ou d’autres produits à large spectre (fiche 95).

Aphelinus mali (guêpe chalcide)

 

Trichogrammes et autres guêpes parasites

De nombreuses autres espèces (trichogrammes, ichneumons, mymarides, scélionides, eulophides, etc.) peuvent être présentes dans les vergers recevant un minimum d’applications insecticides pendant l’été. Elles parasitent les œufs d’insectes variés comme les tordeuses, les mineuses, les punaises, les noctuelles et les cicadelles. Par exemple, l’eulophide du nom de Colpoclypeus florus est un parasitoïde commun des chenilles de la tordeuse à bandes obliques certaines années, et le scélionide Telenomus parasite fréquemment les œufs des punaises pentatomides (punaise brune et autres).

trichogramme

Les trichogrammes (Trichogramma minutum) ont fait l’objet de nombreuses recherches en Amérique du Nord et sont même disponibles commercialement au Québec pour lutter contre le carpocapse de la pomme et la tordeuse à bandes obliques (TRICHO-FRUITS). La grande sensibilité de ces insectes aux pesticides et leur coût d’achat limitent actuellement l’utilisation des trichogrammes, mais la protection des populations de parasitoïdes indigènes est fortement recommandée et profitable, comme démontré ci-après.

 

Abondance et efficacité des parasitoïdes au Québec

Pour la mineuse marbrée, il est estimé que les populations peuvent être maintenues naturellement en dessous des seuils de nuisibilité lorsqu’il y a présence de parasites (cocons blanchâtres) dans 30 % des mines de première génération (en juin), et qu’elles peuvent être ainsi maintenues pour le reste de la saison si les parasitoïdes ne sont pas décimés par les pesticides utilisés pendant l’été.

Pour le puceron lanigère, il est estimé que les populations peuvent être maintenues naturellement en dessous des seuils de nuisibilité lorsqu’il y a présence de prédateurs (voir la fiche 97) ou de parasitoïdes dans les colonies au début août (un seuil précis n’est pas disponible).

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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