Auteur de la première édition : Paul Émile Yelle, Evelyne Barriault et Serge Mantha
Auteurs de la mise à jour 2024 : Evelyne Barriault et Robert Maheux
Dernière mise à jour par les auteurs : 21 janvier 2025

 

Il est possible de moduler l’effet du produit utilisé soit en l’appliquant à des moments plus ou moins favorables à l’absorption, ou mieux encore (économiquement), en ajustant la dose, le nombre de traitements et l’intervalle entre deux traitements. Il est recommandé de ne modifier qu’un seul paramètre à la fois.

Règles générales à suivre   

Conditions météo

  • Traitez de préférence par temps calme, dans des conditions de séchage lentes, de préférence le matin ou le soir, lorsque les températures sont supérieures à 15°C mais inférieures à 29°C et que l’humidité est élevée (environ 80 %). La température optimale est entre 21 et 24°C. Lorsque la température est supérieure à 29°C, il est préférable de reporter le traitement ou de réduire la dose pour éviter le sur-éclaircissage.

Utilisation de mélanges

  • Bien que les agents éclaircissants soient généralement compatibles avec les autres produits comme les fongicides, il est préférable de faire un traitement séparé, car les rangs ou les zones de l’arbre ciblés ne sont souvent pas les mêmes. À partir de la saison 2026, seuls les mélanges autorisés sur l’étiquette sont permis.
  • Plusieurs anciens ouvrages sur l’éclaircissage mentionnent de ne pas appliquer de produits à base de 6-benzylaminopurine (6-BA) tel que MAXCel ou CILIS PLUS, en combinaison avec des produits à base d’ANA (acide 1-naphtalène acétique, tel que FRUITONE ou MAINTAIN, que ce soit en cuve ou par pulvérisation distincte durant la même saison. Toutefois, une étude réalisée par Robinson, T.L (2006) sur 12 variétés de pommes (Braeburn, Cortland, Délicieuse rouge, Empire, Fuji, Gala, Gingergold, Jonagold, Jonamac, Liberty, McIntosh et Sanza) a permis de démontrer que le mélange de ces deux hormones de croissance était avantageux pour 10 des 12 variétés et ce, particulièrement pour les variétés qui ont tendance à avoir de petits calibres tel qu’Empire et Gala. Seules la Délicieuse et la Fuji ont eu tendance à former des fruits nains suite à l’application de ce mélange (ANA et 6BA)1.

Ajuster la dose appliquée et la pulvérisation

  • Consultez le modèle RIMpro éclaircissage pour ajuster la dose selon le bilan glucidique des arbres. Ce modèle est disponible gratuitement en ligne sur le site du réseau pommier. L’article RIMpro éclaircissage: un nouvel outil pour planifier l’éclaircissage explique en détail le fonctionnement de ce modèle.
  • Dans plusieurs cas, selon la qualité de la nouaison, il est préférable de fermer les buses inférieures du pulvérisateur pour traiter seulement les ⅔ supérieur de l’arbre. Les branches fruitières situées à la base du pommier sont naturellement faciles à éclaircir compte tenu de la plus faible intensité lumineuse qu’elles reçoivent.
  • Le régulateur de croissance APOGEE favorise une nouaison accrue; s’il est employé, il faut augmenter d’environ un tiers la dose des produits utilisés en éclaircissage. Idéalement, ne pas utiliser d’ANA dans les quatre jours qui précèdent ou qui suivent un traitement avec APOGEE.

Dose et volume de bouillie

  • Utilisez un pulvérisateur bien étalonné et pour garantir une couverture uniforme et complète du feuillage et des fruits.
  • Appliquez dans un volume d’eau suffisant pour bien couvrir les arbres. Utilisez la méthode du TRV expliquée dans la fiche Réglage et étalonnage du pulvérisateur du présent guide.
  • Assurez-vous d’appliquer la bonne dose : les doses recommandées ont été établies par les fabricants à partir de traitements dilués et sont généralement données en ppm. C’est pourquoi il est recommandé d’employer des quantités d’eau importantes. Il faut plutôt tenir compte du volume foliaire à traiter et maintenir la dose à l’hectare. La publication 210 de Cornell Cooperative Extension mentionnent de maintenir les quantités d’ANA (FRUITONE-N, FRUIT FIX) à l’acre même si le volume d’eau utilisé est réduit.

Autres trucs et mise en garde

  • Pour les produits èa base d’ANA, il est préférable de faire deux traitements à 10ppm plutôt qu’un seul à 20ppm, ceci afin d’éviter de retarder la croissance de fruit et d’avoir un impact négatif sur le calibre final des fruits.
  • Rappelez-vous que l’éclaircissage des fruits est aussi un art et que l’expérience des années compte pour mieux ajuster les types de traitements à effectuer en fonction des objectifs de qualité des fruits. Gardez des arbres témoins (non éclaircis) pour connaître l’effet réel du traitement. Il importe aussi de tenir un registre des conditions météorologiques pour chaque traitement d’éclaircissage : les journées précédentes, la journée du traitement ainsi que durant les cinq jours suivants. De cette façon, vous serez en mesure de développer votre propre expertise. N’hésitez pas à consulter votre conseiller pomicole pour évaluer la stratégie la mieux adaptée à votre situation.
  • Selon les conditions météo Il faut compter au minimum de 7 à 10 jours pour voir les effets d’un traitement et ainsi connaître son efficacité.

Description des agents éclaircissants

Notes sur les produits d’éclaircissage :

ATS (Thiosulfate d’ammonium)

Bien que ce produit ne soit pas homologué pour l’éclaircissage des pommiers, il est permis de l’utiliser comme fertilisant. Son utilisation durant la floraison des pommiers provoque un éclaircissage.

Matière active : azote et de soufre.

Mode d’action : Il fournit de l’azote au feuillage de la même façon que l’urée sauf qu’il contient 15% au lieu de 46% d’azote. Il cause une perturbation du processus de pollinisation, un stress de la plante et une diminution de la photosynthèse. Il brûle les stigmates des pistils et son effet éclaircissant est limité aux fleurs fraîchement ouvertes et non fécondées.

L’efficacité est liée à la dose mais surtout au nombre d’applications (2 à 3 applications peuvent être nécessaires) et aux conditions météo lors de l’application.

Attention : L’ATS peut causer de la phytotoxicité sur les feuilles et les fleurs, notamment si le traitement est effectué sur la rosée du matin avec séchage lent forte humidité. Il a une faible efficacité sous des conditions de températures élevées (>30°C) et/ou d’humidité faible (45 à 65%) mais une efficacité très importante (et parfois trop importante) lorsqu’il y a de l’eau sur les feuilles ou que l’humidité est très importante (> 85%). La concentration optimale se situe entre 0,5 et 3% (meilleurs résultats à 2%). Au-delà de ces concentration (> 3%-4%), il y a un risque trop important de sur-éclaircissage et de dommages des feuilles.

L’efficacité ne doit pas être jugée par rapport aux dégradations des pétales. Il n’y a pas de lien entre le dessèchement observé et la réduction du nombre de fleurs. Seule l’observation des stigmates peut renseigner sur le résultat atteint.

Utilisation à privilégier dans les variétés de plus petit calibre et/ou alternantes et/ou sensibles aux fruits pygmées.

L’ATS devra être utilisé dès l’ouverture imminente des fleurs latérales sur cultivar spartan (source : Robert Maheux).

Effet final produit par l’utilisation de ATS sur le bouquet floral sur le cultivar spartan (source : Robert Maheux).

BSC (Bouillie sulfocalcique ou chaux soufrée)

Bien que le la BSC ne soit pas homologuée pour l’éclaircissage des pommiers, elle est homologuée comme fongicide (tavelure et blanc, aussi efficace contre suie moucheture) et comme insecticide et  acaricide (cochenille, ériophyide et phytopte). Son utilisation durant la floraison des pommiers provoque un éclaircissage.

Matière active : polysulfure de calcium (sulfure de calcium)

Mode d’action : Inhibition de la germination du grain de pollen et diminution l’activité photosynthétique (stress). Affecte seulement le pistil des fleurs fraîchement ouvertes et non fertilisées.

Chaux soufrée (polysulfure de calcium 20 à 30 %) : La concentration en polysulfure varie selon les manufacturiers et la dose doit être ajustée en conséquence. Celle de Loveland est de 30%. Contrairement à tous les pesticides liquides dont la densité est proche de celle de l’eau, la densité de la chaux (bouillie) soufrée peut atteindre 1,27 kg/L selon les formulations. Il faut donc en tenir compte dans les calculs de conversion entre les recommandations en poids ou en volume. Vérifier l’homologation avec l’agence de certification bio. La dose varie de 916 mL à 7.3L/100L selon le stade de développement du pommier et l’ennemi visé. La dose efficace en éclaircissage est de 20 litres/ha ou 2%.

Attention : La BSC peut aggraver les pourritures de fruits (ex. : pourriture amère). L’utilisation répétée de la bouillie soufrée à la dose homologuée pour la tavelure est phytotoxique sur feuillage et peut causer une roussissure inacceptable sur certains cultivars (ex. : Gala, Jonagold, Golden).

Ne pas utiliser lorsque des températures de plus de 28°C sont prévues dans les 24 heures suivant l’application. Les risques de phytotoxicité sont accrus en conditions de séchage lent (faible luminosité, humidité élevée). Évitez de l’utiliser dans ces conditions ou utilisez la plus faible dose et volume d’eau lorsque ces conditions sont prévues. Le jeune feuillage tendre est plus sujet à la phytotoxicité.

Incompatibilité avec BLOSSOM PROTECT : Si vous avez fait un traitement au BLOSSOM PROTECT pour lutter contre la brûlure bactérienne, il est préférable de ne pas appliquer de bouillie soufrée (lime sulphur) 48h après, au risque de neutraliser l’acidité des fleurs et réduire l’efficacité du traitement contre la brûlure bactérienne. Le BLOSSOM PROTECT peut toutefois être appliqué 2h après un traitement fongicide comme la BSC.

Délais de réentrée : 48h DAAR : 0.

FRUITONE et MAINTAIN (ANA)

Matière active : acide naphtylacétique (hormone auxine)

Mode d’action : plusieurs facteurs interagissent dont la diminution de la photosynthèse et l’augmentation de la respiration nocturne, la production d’éthylène et la diminution de la translocation des produits de la photosynthèse des feuilles vers les fruits.

L’ANA est dégradée par les UV4. Appliquer lorsque le temps est nuageux ou en soirée dans des conditions de séchage lentes (humidité relative élevée, couvert nuageux ou en soirée)

Stades d’application : De la pleine floraison à 14mm (optimal entre 8 et 12mm)

Attention : L’efficacité des traitements est plus liée à l’absorption du produit qu’à la dose. Les principaux facteurs qui affectent l’absorption sont la température, l’humidité et le pH de l’eau (optimal à 3.2, max 5,2). L’ajout d’un surfactant non ionique (ex. Li 700) améliore l’absorption du produit. La température optimale pour l’absorption du produit 20 à 26°C, minimum 15°C.

L’application d’APOGEE peut réduire l’efficacité des traitements d’éclaircissage particulièrement FRUITONE (ANA). Respecter un délai de 7-10 jours entre les traitements de ces deux produits.

Ce produit pose un faible risque de sur-éclaircissage. Vaut mieux 2 applications (10ppm à 8mm et 10 ppm à 15mm) que 20 ppm à 15 mm.

L’association de l’ANA avec des produits à base de 6-benzyladénine (Cytokinine) tel que Maxcel et Cilis augmente l’efficacité mais peut provoquer la production de fruits pygmés dans quelques rares situations. Dans une étude réalisée sur l’éclaircissage sans carbaryl par l’équipe de Terence Robinson à l’université Cornell, la combinaison de FRUITONE (7,5ppm) et MAXCEL (75ppm) a donné d’excellents résultats sur 10 des 12 variétés testées. En effet, les variétés Braeburn, Cortland, Empire, Gala Gingergold, Jonagold, Jonamac, Liberty, McIntosh et Sansa ont bien réagi. Par contre, ce mélange a stoppé la croissance des fruits des variétés Délicieuse et Fuji.

De plus, l’application d’ANA peut provoquer un flétrissement temporaire du feuillage. L’application de fortes doses peut provoquer des fruits pygmées sur les variétés Fuji et Délicieuse10. Elles sont aussi à éviter sur les variétés à petits fruits.

Ce produit représente une faible toxicité pour les abeilles et la faune axillaire4, 11.

L’effet du traitement peut mettre plusieurs jours avant de paraître (jusqu’à deux semaines).

MAXCEL ET CILIS-PLUS

Matière active : 6-benzyladénine (hormone cytokinine)

Plusieurs produits commerciaux existent (même m.a): MAXCEL, CILIS PLUS, EXILIS PLUS, RITEWAY

Mode d’action : Réduit l’approvisionnement en glucide pour la croissance des fruits et stimule la production d’éthylène dans les fruits. Augmente la respiration nocturne, particulièrement lorsque la température est supérieure à 20°C et réduit la quantité de carbohydrate dans les feuilles sur une période d’environ 12 jours. Stimule la division cellulaire (potentiel de fruits plus gros). Les fruits commencent à présenter des signes d’abscission 6 jours après l’application et les pédoncules commencent à jaunir 12 jours apprès le traitement.

Ce produit est particulièrement intéressant pour les variétés qui ont tendance aux petits calibres : Gala, Empire, Spartan et Ambrosia.

Mode d’emploi : Appliquer à partir de la chute des pétales jusqu’à ce que le fruit atteigne 15mm (efficacité optimale 10-12mm). Très peu efficace si la température est inférieure à 20°C (2j avant et 2 j après le traitement). Max 22L/saison.

Les conditions nuageuses ou la réduction de l’ensoleillement après le traitement en augmente l’efficacité. La température optimale pour le traitement 24 à 27°C 2 à 4 jours après l’application. Il y a une perte d’efficacité lorsque la température est inférieure à 18°C.

Ce produit donne de meilleurs résultats quand le pH de l’eau est de 5 à 6,5. Un tampon ou un régulateur de pH peut être employé à cette fin.

Ce produit peut augmenter la taille et le poids des fruits grâce à sa propriété de stimuler la division cellulaire. Des études ont également démontré l’effet positif sur la fermeté, le taux de sucre et la forme allongée des fruits4.

Attention : Ce produit pose un risque de fruits pygmées à de fortes doses (plus de 150 ppm). Il a une faible efficacité lorsqu’il est utilisé seul. Il peut y avoir un effet synergique lorsqu’utilisé en association avec des produits à base d’ANA (mais pourrait alors augmenter la proportion de fruits pygmées, surtout lors d’applications tardives) ou le carbaryl.

Ce produit pose un risque de sur-éclaircissage si la dose est au-dessus de 200 ppm ou les températures trop élevées (au-dessus de 25oC). L’efficacité varie en fonction des variétés. Il a une faible toxicité pour les abeilles et la faune auxiliaire4,9.

PROMALIN SL

Matière active : benzyl-6aminopurine (1.8%) et gibbérellines A4 et A7 (1.8%).

Mode d’action : Voir plus haut pour benzyl-6aminopurine. La gibbérelline de type A4 (GA4) joue un rôle positif dans l’induction florale et peut favoriser le développement de la parthénocarpie pour améliorer la typicité des fruits (allongement de la forme).

Le PromalinMD PGR améliore la grosseur et la forme du fruit (uniformité) de plusieurs variétés de pommes en allongeant le fruit et en développant de façon plus importante les lobes calinaux. Bien que couteux, ce produit pourrait être intéressant sur des variétés telles que Gala.

SEVIN

Utilisation limitée du carbaryl : Le carbaryl (mieux connu sous son nom commercial SEVIN) est utilisé depuis longtemps comme agent d’éclaircissage chimique. Bien que ce soit un insecticide, son absorption par les jeunes fruits a un certain effet phytotoxique qui élimine les plus faibles d’entre eux. Toutefois, c’est un insecticide à large spectre d’action qui réduit les populations de plusieurs espèces bénéfiques dans le verger, spécialement les acariens prédateurs, tels les phytoséiides. Son utilisation en PFI est peu souhaitable. Des essais réalisés sur plusieurs années dans des vergers du Québec, avec la variété Honeycrisp, Gala et Cortland, ont démontré d’excellents résultats d’éclaircissage sans carbaryl. L’article “éclaircir sans carbaryl; est-ce possible?” résume les conditions de réussite.

Toutefois, s’il est utilisé, les recommandations suivantes s’appliquent :

  • Éviter l’application sur des cultivars qui sont faciles à éclaircir. Par exemple sur McIntosh ou Cortland où l’éclaircissage avec l’ANA à dose faible ou modérée fonctionne bien.
  • Ne pas dépasser la dose recommandée pour l’éclaircissage (1 kg/ha de matière active ou moins, soit 2 L/ha ou moins dans le cas de SEVIN XLR). Des doses supérieures sont très toxiques aux espèces utiles du verger, et ne sont plus homologuées sur pommier depuis 2017.
  • Utiliser plus tôt en période d’éclaircissage (plus près du calice) alors que les prédateurs sont encore peu présents.
  • Traiter la moitié supérieure des pommiers seulement. Ceci évite d’arroser le sol et le bas de l’arbre, d’où certains prédateurs migreront. De fait, le bas de l’arbre s’éclaircit généralement de lui-même par manque de lumière.
  • Ne pas dépasser une application par saison ou exceptionnellement pour les cultivars d’été et certains cultivars très alternants, tels que la Honeycrisp; deux applications pourraient être faites; une première au stade calice et une seconde à l’atteinte d’un diamètre d’environ 8-10 mm.

Matière active : Carbaryl (insecticide large spectre du groupe 1A)

Mode d’action : Insecticide qui a un effet phytotoxique sur les jeunes fruits les plus faibles. Le produit est absorbé par le fruit et y entrave les processus biochimiques normaux ce qui a pour effet d’interrompre sa croissance. La chute des fruits est observable de 5 à 10 jours après le traitement.

Dose 0.5 à 3.22L/ha pour les vergers haute densité ou 2.15L/ha maximum par saison pour les vergers à faible densité. Ne pas faire plus de 2 traitements par année et laisser un minimum de 4 jours entre 2 traitements.

Ce produit contribue à augmenter l’efficacité des produits à base d’auxine (ANA) et de cytokinine (6-benzyladénine) lorsqu’appliqués en même temps10.

Attention : Faible performance lorsque la température est inférieure à 17oC (éclaircissage très léger, trop faible). Des températures supérieures à 27 oC ou une couverture nuageuse prolongée de 3 à 4 jours après l’application peuvent provoquer un éclaircissage très important.

L’usage n’est pas recommandé lors de conditions pluvieuses ou nuageuses, puisque des dommages sur la pelure des fruits sont possibles. L’application de la formulation liquide n’est pas recommandée à la suite d’un épisode de gel puisque l’absorption du produit est alors plus importante, causant un trop fort taux d’éclaircissage10.

Une déformation des fruits peut être observée dans certaines conditions environnementales (temps frais, précipitations importantes après le traitement).

Le SEVIN possède une toxicité élevée pour les abeilles et la faune auxiliaire. Pour limiter son effet sur les insectes bénéfiques du verger :

  • Retirer les ruches du verger avant l’application;
  • Aviser les apiculteurs environnant lors d’un traitement;
  • Éviter son application sur les cultivars qui s’éclaircissent bien avec d’autres produits (ex. McIntosh ou Cortland);
  • Utiliser le plus tôt possible en période d’éclaircissage (calice à 12mm);
  • Traiter uniquement la moitié supérieure des arbres;
  • Le mélange avec l’ANA peut causer la production de fruits nains ou de petits fruits chez certaines variétés, notamment la Delicious et la Fuji12;
  • Ne pas appliquer avant que 80 % des pétales soient tombées12;

Délai avant récolte : 75 jours. Ce délai peut, dans certaines situations, s’avérer trop court pour certaines variétés hâtives telles que Lodi, Vista Bella, Jersey Mac et Paula Red.

Délai avant la réentrée/récolte au champ suite à l’application:

Vergers à haute densité :

  • Éclaircissage manuel: 14 jours
  • Taille manuelle, dépistage, conduite : 4 jours

Vergers à faible densité :

  • Éclaircissage manuel: 10 jours
  • Taille manuelle, dépistage, conduite : 0.5 jour (12 heures)

Nouveauté à partir de 2024

Régulateur de croissance des plantes Accede® SG

Ce produit a été très peu testé dans les vergers du Québec.

Matière active: Acide amino-1 cyclopropane carboxylique-1 (40 %) (ACC)

Accede SG peut être appliqué de la pleine floraison jusqu’au moment où le diamètre moyen des fruits centraux est de 25 mm. Accede SG agit davantage lorsque le diamètre des fruits centraux est de 15 à 20 mm.

Directives générales d’application :

  • La dose d’Accede SG variera selon le degré d’éclaircissage des fruits souhaité. Le rendement du produit peut être affecté par des facteurs comme les cultivars, les conditions climatiques existantes et prévues, la vigueur des arbres, le potentiel de nouaison et l’historique du verger.
  • Toutes les variétés et les clones n’ont pas fait l’objet d’essais relatifs à la sécurité dans toutes les conditions environnementales et de croissance.
  • Appliquer Accede SG dans un volume d’eau suffisant pour garantir que les fleurs, les fruits et le feuillage sont complètement couverts à l’aide d’un pulvérisateur calibré. Ajuster les volumes d’eau en fonction de la taille des arbres et de l’espacement. En revanche, des volumes de pulvérisation excessifs entraîneront le ruissellement du produit, ce qui aura pour effet d’en diminuer l’efficacité.
  • Éviter d’appliquer le produit pendant la période la plus chaude de la journée. Pour des résultats optimaux, appliquer Accede SG lorsque les conditions permettent un assèchement lent (p. ex., tôt le matin ou la nuit afin de maximiser l’absorption).
  • Maintenir le pH de la solution entre 5 et 8.
  • Ne pas appliquer Accede SG sur des plantes ou des fruits endommagés ou soumis à un stress (p. ex., stress causé par la sécheresse, blessures causées par le froid, arbres annelés, etc.)
  • Ne pas utiliser d’équipement de refroidissement ou d’irrigation aérien pendant au moins 8 heures après l’application d’Accede SG.
  • Ne pas appliquer Accede SG si des précipitations sont prévues dans les 8 heures suivant l’application.
  • Ne pas appliquer Accede SG pendant la floraison s’il y a du gel. En cas de gel pendant la floraison, attendre que les dommages aux fleurs et aux boutons puissent être évalués afin de déterminer si l’application d’Accede SG est nécessaire en vue d’un éclaircissage supplémentaire.

Mélange en cuve :

Ce produit peut être mélangé avec un supplément ou avec des produits antiparasitaires homologués, dont les étiquettes permettent aussi les mélanges en cuve, à la condition que la totalité de chaque étiquette, y compris le mode d’emploi, les mises en garde, les restrictions, les précautions relatives à l’environnement et les zones tampons sans pulvérisation, soit suivie pour chaque produit. Lorsque les renseignements inscrits sur les étiquettes des produits d’association au mélange en cuve divergent, il faut suivre le mode d’emploi le plus restrictif. Ne pas faire de mélanges en cuve avec des produits contenant le même principe actif, à moins que ces produits soient recommandés spécifiquement sur cette étiquette.

Directives d’utilisation :

  • Diriger 80 % de la pulvérisation vers les deux tiers supérieurs du couvert arborescent.
  • Utiliser la dose plus élevée dans les vergers où l’éclaircissage a été difficile par le passé et sur les variétés connues pour être difficiles à éclaircir.
  • Accede SG peut être utilisé dans le cadre d’un programme avec d’autres produits d’éclaircissage, comme le Régulateur de croissance des plantes Maxcel®.
  • Ne pas faire plus de 2 applications/saison. Attendre de 7 à 10 jours afin d’observer les effets des produits d’éclaircissage avant de faire une autre application.
  • Ne pas appliquer plus de 2 000 g/ha (800 g m.a./ha) par saison.
  • Les applications seront plus efficaces lorsque la température maximale la journée de l’application et les deux ou trois jours suivants est de 18 °C ou plus.
  • Éviter de pulvériser Accede SG lorsque la température ambiante dépasse 30 °C la journée de l’application et les deux ou trois jours suivants.

Brevis (homologation à venir 2026, à confirmer)

Matière active : métamitrone (15%)

Mode d’action : Inhibition de la photosynthèse pendant 7 à 10 jours après l’application en réduisant la production d’éléments nutritifs ce qui provoque la chute des fruits 4. Produit actif pendant 3 semaines.

Dose 1.2 à 2.3 L/ha.

Doses par variété :

  • Honeycrisp : au-dessus de 248 mg/L pour obtenir un éclaircissage efficace.
  • Ambrosia : 175 mg/L commence à avoir un effet sur la nouaison. Des doses de plus de 263 mg/L sont nécéssaires pour réduire la charge en fruit totale sur l’arbre.
  • Gala : doses plus élevés nécessaires : un effet est observé à partir de 248 mg/L mais 413 mg/L est requis pour atteindre le niveau d’éclaircissage du témoin.
  • Golden delicious: 1 a 2.5 kg/ha. Sur-éclaircissage à partir de 2.5 kg/ha.
  • 2 applications maximum par saison. Généralement une 1ière au stade 8-10 mm et une 2ième 12-14 mm.

Large fenêtre d’application possible, à partir de de la chute des pétales jusqu’à 28 mm, bien que l’efficacité soit jugée meilleure entre entre 12 et 16 mm ou 10-18mm. L’utilisation recommandée par le fabricant est entre 8 et 16 mm.

Utilisation possible en combinaison avec 6-BA.

Conditions d’application: L’absorption du produit se fait par les feuilles, il faut donc traiter l’arbre en entier. Appliquer lorsque la température est entre 10 et 25°C, sur des feuilles sèches et au moins 2 heures avant la pluie.

La compagnie recommande l’utilisation de son modèle BreviSmart pour ajuster les doses en fonction du bilan glucidique, du calibre des pommes et des conditions météo.

Relation linéaire entre l’efficacité et la dose (entre 1.1 et 4.4 kg/ha)

Délais avant récolte : 60 jours À confirmer selon l’homologation

Délai de réentrée : 24h À confirmer selon l’homologation

Attention: En 2024 dans l’état de New York l’usage d’un agent éclaircissant 5 jours avant une période de chaleur intense (canicule) (+ de 30°C) a mené à un sur éclaircissage; la chaleur intense suivant le traitement a grandement augmenté le stress sur les arbres en plus de l’effet de l’agent éclaircissant. Une période de canicule se produisant entre 8-20 mm de grosseur des fruits peut provoquer à elle seule un bon effet d’éclaircissage. Dans ce genre de situation réduisez vos doses OU attendez et retardez votre application.

Huiles minérales, végétales ou de poisson

Utiliser l’huile de poisson, l’huile minérale d’été ou l’huile végétale (colza ou tournesol). Plusieurs produits disponibles. Vérifier l’homologation en bio. PURE SPRAY GREEN OIL est homologué dans la pomme comme fongicide contre le blanc, et insecticide contre le carpocapse et le puceron. La dose varie selon l’ennemi visé et le stade de développement du pommier (10L/ha ou 1% durant l’été).

Dose recommandée pour l’éclaircissage : 1.5 à 2%

Délais de réentrée : 12h pour les huiles minérale, 0 pour huiles végétales

Délais avant récolte (DAAR) : 0

L’huile utilisée en combinaison avec d’autres produits éclaircissants (Carbaryl, bouillie souffrée, BA) contribue à en augmenter l’efficacité. Ces mélanges doivent être fait avec précaution et l’application doit être faite seulement sur des tissus sains. Le Captan et le Folpan ne sont pas compatibles avec les huiles puisqu’elles en augmentent l’absorption ce qui cause de la toxicité. (Cornell, 2018). À partir de 2025, seuls les mélanges inscrits sur l’étiquette peuvent être appliqués.

Quels sont les traitements suggérés?

Employez l’un ou l’autre des traitements suggérés dans le tableau ci-après. Comme il n’y a pas d’essais de traitements et de dosages au Québec, ce sont des doses suggérées plutôt que recommandées; vos décisions se prendront à la lumière de votre expérience et des recommandations de vos conseillers.

Utiliser la plus faible concentration lorsque les conditions sont favorables à une efficacité accrue du produit. L’ANA peut aussi causer flétrissement ou une malformation passagère des feuilles (fanage) lorsqu’appliqué en période de développement rapide du feuillage.

Traiter avec le bon produit en fonction du calibre des fruits à éclaircir; tous les produits ne travaillent pas de la même façon!

ÉCLAIRCISSANT MATIÈRE ACTIVE FENÊTRE D’UTILISATION (EN MM DE CALIBRE) CONCENTRATION DOSE MAXIMALE À L’HECTARE
FRUITONE L  acide napthyl-1-acétique (ANA) Pleine floraison à 15 mm 5 à 15 ppm
MAINTAIN 3.5L acide napthyl-1-acétique (ANA) Pleine floraison à 15 mm 1.2 à 10 ppm  –
SEVIN XLR (43 SL) carbaryl Calice à 12 mm 2,15 L/ha pour les vergers de faible densité et 3.22 L/ha pour la haute densité 
MAXCEL (1,9 L) 6-benzyladénine 5 à 15 mm; 20 mm si 2e trt 75 à 200 ppm 22 L/saison
CILIS PLUS (2,0 L) 6-benzylaminopurine 5 à 10 mm 50 à 200 ppm 21,3 L/saison
ACCEDE SG Acide amino-1 cyclopropane carboxylique-1 Pleine floraison à 25mm (optimal  200 à 400 ppm 2 000 g/ha (800 g m.a./ha) par saison

Exemples de programme d’éclaircissage recommandé selon les variétés (adapté de Cornell coop extension bulletin 210): Suggestion de programme d’éclaircissage chimique pour les principales variétés de pommes du Québec.

Extrait du tableau Suggestion de programme d’éclaircissage chimique pour les principales variétés de pommes du Québec adapté de Cornell University.

 

Références

  1. Costa, G., Blanke, M.M. & Widmer, A. Principles of thinning in fruit tree crops – needs and novelties. Acta Hortic. 998, 17-26. (2013).
  2. Dennis, F. & Nitsch, J. Identification of Gibberellins A4 and A7 in Immature Apple Seeds. Nature. 211, 781–782. (1966).
  3. Chan, B. G., & Cain, J. C. The effect of seed formation on subsequent flowering in apple. Americ. Soc. Hort. Sci. 91, 63-68. (1967).
  4. Mathieu, V., Lavoisier, C. & Ferré, G. L’éclaircissage du pommier. CTIFL. (2011).
  5. Robinson, L. & Dominguez, L. Precision pruning to help maximize crop value. Dept. of Horticulture, NYSAES, Cornell University, Geneva, NY.
  6. Robinson, T., Lakso, A., Green, D. & Hoying, S. 2013. Precision Crop Load Management. Fruit Quart. 21(2). 3-9.
  7. Lakso, A.N. Early fruit growthand drop. The role of carbon balance in the apple tree. Proc. IX th IS on Orchard Systems. Acta Hort. 903. ISHS (2011).
  8. Robinson, T. L. Interaction of Benzyladenine and Naphthaleneacetic Acid on fruit set, fruit size and crop value of twelve apple varieties. Acta Hort. 727, 283–290. (2006).
  9. SAgE pesticides. Fiche produit commercial : MAXCEL.
  10. Cornell Cooperative Extension. Cornell Pest management guidelines for Commercial Tree Fruit Production. (2018).
  11. SAgE pesticides. Fiche produit commercial : Fruitone L.
  12. SAgE pesticides. Fiche produit commercial : Sevin XLR.
  13. Schwallier, P. & Brown, A. Crop load guide for young apple trees. Fact sheet. UMASS. (2015).

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

Auteure de l’édition 2023 : Caroline Turcotte
Dernière mise à jour par l’auteure : 2 février 2023

 

La mention « biologique » est un terme d’étiquetage qui indique que les produits ont été obtenus dans le respect des normes de production biologique et qu’ils sont certifiés comme tels par un organisme de certification accrédité.

Au Québec, le terme « biologique » est une des appellations réservées gérée par le Conseil des appellations réservées et des termes valorisants (CARTV).  La production de pommes désignées « biologique » doit respecter le Cahier des charges de l’appellation biologique au Québec, et par le fait même les principes généraux et normes de gestion des systèmes de production biologique du gouvernement canadien.

La certification biologique

Seuls les organismes de certification accrédités par le CARTV peuvent accorder aux entreprises la certification « biologique ».  La liste des organismes de certification se trouvent ici sur le site du CARTV.  Il s’agit de :

Dans le reste du Canada, s’ajoutent à cette liste ces organismes additionnels. Tous ces organismes de certification pancanadiens sont accrédités par l’Agence Canadienne d’inspection des aliments (ACIA) et ils répondent aux critères du CARTV.

Pour tous les producteurs agricoles désirant obtenir la certification biologique, il y a des étapes à respecter, soit la démarche de précertification et celle de la certification.

Les intrants autorisés

En pomiculture, la certification biologique garantie notamment l’interdiction stricte d’utiliser des engrais et des substances phytosanitaires synthétiques. Elle vise l’amélioration des sols par l’utilisation de fertilisants naturels comme le compost, les cultures de couverture ou les engrais organiques. Dans la fabrication des aliments transformés, il est interdit d’utiliser l’irradiation, les colorants, les arômes, les édulcorants et les agents de conservation artificiels, ainsi que certaines autres substances.

Pour connaître la liste des intrants autorisés, il faut se référer à la Liste des substances permises (LSP), du Gouvernement du Canada.

Un intrant est autorisé si tous ses ingrédients sont répertoriés à la section appropriée de la LSP et respectent les conditions d’origine et d’utilisation.

Il faut s’assurer d’utiliser un produit permis pour l’usage pour lequel il est autorisé. Par exemple, un produit permis comme additif alimentaire n’est pas autorisé comme fertilisant.

Le bulletin d’information « Spécial phytoprotection bio », du Réseau d’avertissement phytosanitaire (RAP) peut aussi vous être utile pour connaître les produits phytosanitaires homologués et acceptés par les organismes de certification biologique.

Étiquetage

Seuls les produits ayant obtenu une certification biologique sont autorisés à porter l’une des mentions suivantes : « organique », « biodynamique », « biologique », y compris leurs diminutifs (comme « bio »), ainsi que tout autre terme qui peut laisser croire à l’acheteur que le produit est issu d’un mode de production biologique.

Voici quelques logos que l’on retrouve souvent sur les produits bio dans le commerce:

L’étiquetage des produits biologiques doit afficher :

  • Le nom de l’entreprise (obligatoire)
  • Le nom de l’entreprise de certification (obligatoire)
  • Le logo « Biologique Canada » (facultaitf)
  • Le logo « Aliments du Québec – Bio (facultatif)

Pour en savoir plus

CARTV (Conseil des appellations réservées et des termes valorisants)

  • Exigences de certifications
  • Le cahier des charges pour les opérations de production, de transformation et de vente de produits biologiques au Québec
  • Normes canadiennes de production biologique
  • Certificateurs accrédités
  • Données sur les entreprises et les produits biologiques certifiés du Québec

Agriculture biologique | Gouvernement du Québec

  • Acheter bio au Québec
  • Identification et certification des produits biologiques
  • Se lancer dans la production biologique

MAPAQ – ​​​Soutien au secteur biologique

  • Mesures d’appui pour permettre aux entreprises de répondre à la demande croissante des marchés québécois et ceux d’exportation par le MAPAQ et la Financière agricole du Québec
  • Survol de mesures adoptées par des organisations municipales, au Québec et à l’étranger, qui ont contribué au développement de l’agriculture biologique

Avis | Portail Bio Québec

  • Les statistiques sur le secteur biologique québécois.

VirageBio

  • Transition à l’agriculture biologique (Certification, marché, étapes, programmes d’aide financière, réglementations, ressources techniques, témoignages)
  • Questions fréquentes lors d’une transition à l’agriculture biologique
  • Outils web disponibles

 

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Auteure de l’édition 2023 : Jennifer Gagné
Dernière mise à jour par l’auteure : 12 mai 2023

Le Programme CanadaGAPMC est un programme de salubrité des aliments destiné aux entreprises qui s’adonnent à la production, à la manipulation et au courtage des fruits et des légumes. Le programme a obtenu la pleine reconnaissance du gouvernement canadien. Il contribue à la mise en œuvre et au maintien de procédures de salubrité alimentaire efficaces au sein des exploitations de fruits et de légumes frais. Deux guides, l’un pour les produits de serre et l’autre pour les fruits et légumes, ont été élaborés par le secteur horticole, puis soumis à l’examen technique des experts gouvernementaux du Canada. Ils sont conçus pour permettre aux entreprises de production, d’emballage et d’entreposage de mettre en œuvre de bonnes pratiques agricoles et aux entreprises de remballage et de commerce en gros de mettre en œuvre de bonnes pratiques de fabrication, ainsi que les programmes HACCP (« Hazard Analysis and Critical Control Points », dont l’équivalent en français est « analyse des risques et maîtrise des points critiques »). Le programme est aussi destiné aux courtiers en fruits et légumes frais qui mettent en œuvre des pratiques exemplaires en matière de gestion des fournisseurs et de traçabilité des produits.

Le processus de certification prévoit qu’un auditeur de l’organisme de certification visite l’exploitation, examine les guides de salubrité des aliments et les registres, s’entretienne avec le propriétaire et le personnel et évalue la conformité de l’entreprise à la liste de contrôle de l’audit du programme CanadaGAP. Ceux qui obtiennent la note de passage à l’audit reçoivent leur certification dans le cadre du programme.

Bref historique :

  • L’élaboration de ce programme a été coordonnée par Les Producteurs de fruits et légumes du Canada (anciennement Conseil canadien de l’horticulture).
  • En 2012, la propriété et les activités de CanadaGAP ont été transférées à CanAgPlus, un organisme sans but lucratif nouvellement créé.
  • En 2022, plus de 3 000 entreprises étaient inscrites à la certification depuis le début du programme en 2008*.
  • Les guides CanadaGAP et les outils de formation ont été distribués à des milliers de producteurs partout au pays.

*Statistiques tirés du CanadaGap-Rapport annuel 2022.

Les questions de salubrité à la ferme sont au cœur de la PFI et l’hygiène est probablement le plus important point à respecter, notamment en s’assurant de fournir aux travailleurs des installations sanitaires appropriées et un accès à l’eau potable. Ce guide de salubrité fait partie intégrante du programme de PFI, et doit obligatoirement être consulté et respecté par tout producteur de pommes engagé en PFI : CanadaGAP Fruit and Vegetable Manual FR.

Pour en savoir davantage

En savoir plus sur le programme : Aperçu de CanadaGAP – CanadaGAP

Comment obtenir la certification : Comment dois-je procéder? – CanadaGAP

Télécharger les guides : Guides à télécharger – CanadaGAP

Prenez note que les guides sont mis à jour chaque année.

Pour joindre un membre de l’équipe de CanAgPlus : Pour nous joindre – CanadaGAP

 

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Auteurs de la première édition : Vincent Philion, Yvon Morin, Robert Maheux et Gérald Chouinard
Auteur de la mise à jour 2024 : Vincent Philion
Dernière mise à jour par l’auteur : 25 juillet 2024

 

NOTE : Les produits homologués au Canada ne le sont pas nécessairement aux États-Unis ou ailleurs dans le monde. Avant d’en faire l’utilisation, il importe donc de vérifier les conséquences possibles si la récolte doit être exportée.

En 2023, un article paru dans l’American Phytopathological Society (APS) par Vincent Philion, Valentin Joubert et Marc Tramanet Arne Stensvand a étudié l’efficacité de fongicides utilisés fréquemment par les pomiculteurs québécois. De cette étude est né un tableau résumant les caractéristiques agronomiques principales des fongicides testés pour lutter contre la tavelure du pommier.

Cliquez ici pour la version complète en PDF.

Extrait du tableau caractéristiques agronomiques principales des fongicides testés pour lutter contre la tavelure du pommier (source: Vincent Philion). 

Les produits commercialisés pour la répression des maladies sont pour la plupart des pesticides de synthèse « classiques » qui s’attaquent directement à l’agent pathogène par différents modes d’action. Pour les bactéries, on parle communément des antibiotiques alors que pour les champignons, ce sont les produits fongicides. Comme la plupart des maladies sont d’origine fongique, une gamme variée de matières fongicides existe et ceux-ci agissent avec différents modes d’action. Outre les pesticides classiques, des pesticides d’origine biologique (vivants) qui sont antagonistes des maladies sont aussi homologués. Finalement, certains produits ne s’attaquent pas aux organismes pathogènes, mais activent plutôt des mécanismes de défense de la plante (éliciteurs).

Les produits utilisés pour réprimer les maladies peuvent être classés de différentes façons selon leurs caractéristiques chimiques, leurs propriétés physiques sur la plante, les maladies réprimées, la résistance des agents pathogènes, etc. Dans ce guide, les produits ont été regroupés avec une stratégie mixte qui sépare au mieux les produits efficaces contre les différentes maladies fongiques et le feu bactérien, et ensuite selon leur mode d’action et leur chimie en lien avec les risques de résistance (voir tableaux ci-après). Le texte de description suit le même ordre avec une description générale de chaque groupe et quand c’est nécessaire, une précision pour les produits du groupe. Cette classification a pour but de lier rapidement sur un tableau les maladies visées aux options disponibles, afin de faciliter le choix des produits dans un contexte de résistance de plus en plus fréquente. Cette classification n’est pas parfaite puisque certains produits sont efficaces contre plusieurs maladies et chevauchent certains autres critères de classification.

Les fiches Description des produits bactéricides, de lutte biologique et éliciteurs, Description des fongicides non sujets à la résistance, Description des fongicides unisites et à risque de résistance et Mélanges de fongicides ont été produites en lien avec le tableau ci-dessous.

Cliquez ici pour télécharger le tableau complet.

Extrait du tableau efficacité potentielle des produits utilisés contre les maladies les plus souvent rencontrées en pomiculture au Québec.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

Auteurs de la première édition : Danielle Bernier, Karine Toulouse, Gérald Chouinard et Francine Pelletier
Auteures de la mise à jour 2024 : Francine Pelletier, Stéphanie Gervais, Catherine Pouchet et Audrey Charbonneau
Dernière mise à jour par les auteures : 8 mars 2024

 

Les cotes présentées sont tirées de SAgE pesticides. Selon les critères de la Directive d’homologation DIR2003-04 de l’ARLA, le traitement (1) supprime, (2) réprime ou (3) arrête la croissance des parties aériennes des mauvaises herbes. Les renseignements présentés dans ce tableau ne remplacent en aucun temps l’étiquette du fabricant. Toujours lire l’étiquette avant de recommander ou d’utiliser un produit.

Pour des détails additionnels sur les stratégies de lutte aux mauvaises herbes, consultez la fiche sur Les mauvaises herbes. Une grille d’évaluation des herbicides est également disponible dans le Guide de lutte contre les mauvaises herbes Cultures horticoles 2021, publication 75B-F du ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et des Affaires rurales de l’Ontario.

Dans le cas des traitements herbicides de post-levée, il y a un délai à respecter avant le début d’une pluie afin d’assurer une pleine efficacité de l’herbicide utilisé. Consultez l’étiquette des produits ou contactez votre représentant de pesticides.

Cliquez pour charger le tableau complet. 

Extrait du tableau d’efficacité potentielles des herbicides.

 

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Auteurs de la première édition : Francine Pelletier, Gérald Chouinard et Stéphanie Gervais
Dernière mise à jour par les auteurs : 26 avril 2024

Description et comportement

Les punaises pentatomides (Pentatomidae) sont actuellement des ravageurs mineurs en PFI. Aussi appelées punaises à bouclier ou punaises puantes, elles ont un corps relativement volumineux en forme de bouclier, un peu à la façon d’une paire d’épaule, et une tête étroite. Leurs œufs ont la forme de petits barils et sont pondus en groupe d’environ 10 à 50. Les larves, de forme ovale, sont plutôt différentes des adultes et leur coloration change également d’un stade à l’autre.

Certaines espèces de pentatomides sont prédatrices et se nourrissent d’acariens, de pucerons, de chenilles, d’autres punaises et même de coléoptères (voir la fiche sur la Description et efficacité des prédateurs de pucerons pour en savoir plus sur ces espèces prédatrices). La plupart des espèces sont toutefois phytophages et peuvent, dans certaines situations, causer des dégâts aux fruits, par exemple lors de périodes de sécheresse ou lorsque les mauvaises herbes prolifèrent sous les pommiers.

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Masse d’œufs (gauche) et larves nouvellement écloses (droite) de punaises pentatomides (source : IRDA). 

La punaise brune (Euschistus servus euschistoides) est la plus répandue dans les vergers au Québec. Elle passe l’hiver au stade adulte, abritée sous les feuilles et la végétation présentes au sol. Les adultes deviennent actifs au printemps et peuvent apparaître en verger dès la fin mai. C’est toutefois en fin de saison que les populations les plus abondantes sont observées. Les œufs sont pondus à partir du début juin. Les larves sont présentes environ de la fin juin à la mi-août avant d’atteindre le stade adulte à partir de la fin juillet. Les larves et les adultes peuvent causer des dommages en piquant la pomme pour s’en nourrir. L’apparence et l’intensité des dommages sera toutefois influencée par le cultivar et le moment de la saison où le dommage survient.

Punaise brune (source : Laboratoire de diagnostic en phytoprotection, IRIIS phytoprotection).

Les deux autres principales espèces présentes en verger sont la punaise verte (Chinavia hilaris) et la punaise à trois taches (Euschistus tristigmus luridus). Leur biologie et le type de dommage qu’elles peuvent causer aux fruits sont semblables à ceux de la punaise brune. Bien que généralement prédominante, la punaise verte peut, certaines années, être observée en grand nombre sur certains sites, principalement à la fin août et en septembre. La présence de la punaise à trois taches est quant à elle associée à la proximité de boisés.

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Punaise verte et punaise à trois taches (source : Laboratoire de diagnostic en phytoprotection).

D’autres espèces, notamment du genre Brochymena spp. (par exemple la punaise à quatre bosses B. quadripustulata) peuvent aussi être observées à l’occasion en verger. Elles sont connues pour leurs habitudes à la fois phytophages et prédatrices et occasionnent rarement des dommages aux pommes. Elles peuvent toutefois être facilement confondues avec la punaise marbrée (Halyomorpha halys), une espèce exotique hautement nuisible et actuellement sous surveillance. Les premières captures de punaise marbrée au Québec ont été rapportées dans un verger de la Montérégie Ouest en 2016 et son établissement en milieu urbain a été confirmé dans la ville de Montréal en 2018. Depuis, chaque année, quelques spécimens ont été capturés en milieu agricole dans différents sites en Montérégie et dans les Laurentides, incluant en verger. L’espèce élargit donc progressivement sa distribution mais aucun dommage n’a encore été rapporté dans les sites où elle a été détectée.

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Adulte et larve de punaise pentatomide du genre Brochymena spp (source : IRDA).

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Adulte et larve de punaise marbrée (source : Laboratoire de diagnostic en phytoprotection).

Dommages

Les piqûres occasionnelles sur les pommes par les pentatomides peuvent provoquer à la surface du fruit une décoloration plus ou moins apparente (points ou plages décolorées), parfois accompagnée d’une dépression plus ou moins étendue (fossette ou plage). La décoloration occasionnée par la piqure est généralement de couleur verdâtre à la fois sur les cultivars rouges et les cultivars jaunes/verts mais prend occasionnellement une apparence brune ou noire sur certains fruits.

Dommages externes causés par des punaises pentatomides (source : IRDA).

Sous la surface du fruit, un dommage interne est généralement visible allant d’un mince tube d’alimentation à une zone liégeuse de forme et d’aspect varié pouvant atteindre de 0,5 à 1,0 cm de profondeur. En coupant transversalement au centre du dommage, sa forme permet souvent de déceler (mais pas toujours) la trace d’insertion du stylet et de le distinguer d’un dommage physique (meurtrissure ou grêle) ou d’un désordre physiologique (ex. : point amer).

Dommages internes causés par des punaises pentatomides (source : IRDA).

Dépendamment de la sévérité et de l’emplacement du dommage, une portion seulement des fruits piqués par les pentatomides sera porteuse d’un dommage qui déclasse la pomme. Les dommages qui surviennent en août sont ceux qui évoluent le plus souvent vers un dommage économique au moment de la récolte. Ceux qui surviennent plus tôt dans la saison se présentent généralement à la fin de la saison sous forme de légères ponctuations qui ne déclassent pas le fruit.

Par ailleurs, un délai d’environ 7 à 10 jours peut survenir entre le moment où le fruit est piqué et le moment où le dommage est visible. L’intensité et la rapidité de l’expression du dommage peuvent également varier selon le cultivar, certains étant connus pour être plus susceptibles (ex. : Gingergold, Honeycrisp, Ambrosia, Empire, Cortland et Gala). Les dégâts sont souvent plus nombreux en bordure du verger ainsi que sur les branches basses et là où des mauvaises herbes poussent près des fruits.

Estimation du risque

Étant donné que les pentatomides se nourrissent de nombreuses espèces de mauvaises herbes et de plantes cultivées (ex. : maïs, soya, luzerne, tomates, poivrons, pois, haricot), les vergers les plus à risque sont souvent ceux où plusieurs mauvaises herbes sont présentes sous les pommiers ainsi que ceux entourés de boisés ou de champs où l’on retrouve les cultures appréciées par ces espèces.

Des pièges appâtés à l’aide d’attractifs qui attirent les adultes et les larves de pentatomides peuvent être utilisés pour détecter la présence de ces espèces. Toutefois, leur efficacité pour refléter l’abondance des populations et prédire les dommages reste à démontrer.

Le piège pyramidal est celui le plus couramment utilisé pour le dépistage des punaises pentatomides. Il capture davantage d’individus qu’un piège suspendu dans la canopée car il exploite le comportement des punaises qui ont tendance à se déplacer vers le haut. Pour capturer l’ensemble des espèces d’importance présentes ou sous surveillance, il est toutefois important qu’il soit muni d’un attractif et que cet attractif contienne les phéromones agrégatives des espèces ciblées. Dépendamment du fabricant, certains attractifs disponibles commercialement contiennent l’ensemble de ces composés dans un même diffuseur alors que d’autres sont contenus dans des diffuseurs distincts et vendus séparément. Il est alors essentiel de les combiner et de changer chacun d’eux aux fréquences respectives recommandées par le fournisseur.

Piège pyramidal surmonté d’un récipient collecteur dans lequel est insérée une bandelette insecticide. Les attractifs sont placés à quelques cm à l’extérieur du contenant (source : IRDA).    

Stratégie d’intervention

Aucun insecticide n’est actuellement homologué au Canada contre les punaises pentatomides dans la pomme.

Une bonne gestion des mauvaises herbes à feuilles larges sur le rang (spécialement les légumineuses) évitera les dégâts sur fruits dans la majorité des cas.

Parmi les méthodes alternatives à la lutte chimique, l’utilisation de filets anti-insectes réduira considérablement les dommages causés par les pentatomides sur les cultivars susceptibles et à haute valeur commerciale. L’efficacité de cette méthode pour protéger les fruits contre la punaise marbrée a été démontrée en Italie et en France. Dans le cas des filets mono-rangs, une fermeture hermétique du filet au niveau du tronc des pommiers est toutefois requise pour une plus grande efficacité.

Compte tenu du peu d’options disponibles actuellement, le piégeage massif est une autre approche pouvant être envisagée. Son efficacité pour diminuer les dommages demeure toutefois à valider et à optimiser compte tenu du coût élevé des attractifs.

Pour des informations additionnelles sur l’importance relative des différentes espèces de pentatomides ayant été répertoriées au Québec, la façon de les reconnaître ainsi que sur la lutte par piégeage massif, consultez la fiche technique Punaises pentatomides en verger : diversité, abondance saisonnière et piégeage massif.

Pour des informations et photographies additionnelles illustrant la variabilité existant au niveau de l’apparence des dégâts causés par les pentatomides ainsi que les critères pouvant aider à les distinguer des dommages d’autres causes, consultez la fiche technique Apparence des dommages causés par les punaises pentatomides à différents moments de la saison sur différents cultivars de pommes.

 

 

Cette fiche est une nouvelle fiche du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2023. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

Fiche 110b

Vincent Philion

 

La moucheture (en anglais, « flyspeck ») et la tache de suie (en anglais, « sooty blotch ») sont causées par plusieurs espèces de champignons qui laissent à la surface des pommes, des poires et de nombreux autres fruits des taches superficielles affectant surtout leur apparence1 et donc leur valeur économique. Dans l’est des États-Unis, des pertes pouvant atteindre 90 % sont rapportées2. En entrepôt, la maladie accélère également la perte en eau1,3, ce qui cause des pertes additionnelles en volume. Les deux maladies sont considérées ici conjointement sous le nom « complexe suie-moucheture », en lien avec l’acronyme anglais « SBFS » (sooty blotch, flyspeck). Dans certaines régions, on parle également de « sooty mold4,5 » qui est la même chose.

La suie-moucheture est présente mondialement et est rapportée dans la littérature de différents pays sur poires et sur pommes depuis au moins 18326, mais aussi sur d’autres fruits1. Elle cause des pertes économiques dans plusieurs régions des États-Unis, du Canada, en Europe2,7, soit dans toutes les régions pomicoles du monde où on trouve des conditions humides pendant le développement des fruits en été. Dans l’Est des États-Unis, jusqu’à la moitié des traitements fongicides (4 à 8 applications) sont dirigées contre cette maladie8. Au Québec, la SBFS reste d’importance secondaire, mais cette maladie est de plus en plus fréquente dans les vergers.

Partout où la maladie est présente, le scénario est le même : les spores produites sur les plantes porteuses sont éclaboussées sur les fruits pendant les pluies et les champignons colonisent superficiellement la couche cireuse des pommes. Les infections sont possibles pendant toute la période où les fruits sont présents dans l’arbre. Dans les vergers où la suie-moucheture apparait, les symptômes ont tendance à s’accroitre au cours des années7,9,10 à moins que des actions soient prises pour casser le cycle de la maladie.

L’apparition des symptômes est tributaire de la présence des hôtes qui maintiennent un réservoir pour les contaminations, de conditions météorologiques humides durant l’été qui permettent le développement de la maladie et des interventions pour la contrer.

 

Étiologie (cause)

Historiquement, la moucheture (Schizothyrium pomi ou sa forme imparfaite Zygophiala jamaicensis) et la suie (Gloeodes pomigena) étaient chacune associées à un champignon, même si les premières études sur ces maladies relataient déjà la possibilité que les symptômes étaient l’expression de plusieurs champignons responsables d’une seule et même maladie6. Des travaux entrepris au cours des vingt-cinq dernières années11 ont confirmé cette hypothèse et démontré que le nombre d’espèces impliquées dans le SBFS est souvent très élevé. En fait, cette maladie est maintenant considérée comme la plus compliquée du point de vue de la diversité des organismes responsables12. Selon les localités, le complexe suie-moucheture est associé à un assortiment parmi un total de plus de 100 espèces12,13 de champignons très diversifiés1,14, dont plusieurs ont été reclassées au cours des années12. Un bon nombre d’espèces sont dans l’ordre des Capnodiales (classe Dothideomycetes)1. Les Capnodiales sont aussi connus pour leur implication dans la fumagine, qui pousse sur le miellat des insectes7. Au moins 30 des espèces sont présentes aux USA. Sept espèces du genre Zygophiala et Schizothyrium pomi sont à l’origine des mouchetures « classiques »15, alors que le spectre des espèces responsables des variantes de la suie est plus vaste. Les genres les plus fréquents des suies étant Peltaster sp. et Geastrumia dans le Nord-Est des USA16. Il est très difficile d’extrapoler d’une région à l’autre puisque les espèces présentes varient sur d’assez courtes distances17 et sont très adaptées au climat local. De plus, les espèces identifiées dans chaque région varient selon les vergers. Par exemple, on peut trouver de 2 à 15 espèces différentes par verger14 qui varient selon les stratégies fongicides17,12. Une plus grande diversité d’espèces et une plus grande sévérité de la maladie sont présentes dans les vergers non traités aux fongicides1. Cependant, la sévérité de la maladie n’est pas toujours un bon indice de la diversité des champignons présents13. Le nombre d’espèces trouvés est en lien le nombre d’heures de mouillure pendant la saison13.

 

Symptômes de la maladie

Dans la littérature classique6 on réfère à deux types de symptômes :

La suie tire son nom de l’apparence des symptômes, soit une tache souvent fuligineuse (sombre) de couleur brun noirâtre, sans contour défini. Cette tache est une couche enchevêtrée et dense de ramifications appelé mycélium qui forme un thalle foncé aux pourtours indéfinis. Dans ce thalle, différents types de fructifications peuvent apparaître selon l’espèce. La suie se décline en au moins 3 types selon les espèces impliquées : ramose (ramifiée, ex. : Geastrumia sp.), ponctuée (ex. : Peltaster sp.), ou fuligineux (ex. : Leptodontium sp.)2.

La moucheture a l’apparence d’excréments de mouche. Les taches sont composées d’une multitude de petits points noirs groupés, sans qu’il y ait de trace de lésion sur l’épiderme du fruit. Les bordures des points noirs (thyriothécies) sont très définies et forment les petites taches circulaires caractéristiques. Les taches sont néanmoins reliées entre elles par un réseau mycélien invisible à l’œil nu18.

Entre les deux grands types de symptômes, plusieurs variantes existent18 et d’autres classifications ont été proposées1. Selon l’endroit, les symptômes de SBFS forment un continuum impossible à classer et la distinction suie vs moucheture n’est plus faite1,14. L’identification des espèces impliquées doit donc nécessairement reposer sur des critères génétiques et non sur l’apparence des symptômes.

Les symptômes de la suie-moucheture se développent dans des conditions similaires pour la plupart des espèces impliquées aux USA et une gamme variée de symptômes apparait souvent simultanément à la surface des fruits à l’approche de la récolte.

symptômes de suie

Figure 1. Symptômes de suie ponctuée possiblement causés par Peltaster sp.

 

Épidémiologie

Chaque espèce impliquée dans le complexe SBFS a des particularités propres qui rendent complexe une étude détaillée. Ainsi, la température optimale de croissance, la sporulation, la sensibilité aux fongicides et d’autres traits sont variables d’une espèce à l’autre. Cependant, certaines propriétés sont assez communes pour brosser un portrait global du fonctionnement de la maladie.

Hiver

Les champignons du SBFS passent l’hiver sur de nombreux hôtes réservoirs comme les ronces (framboises, mûres), plusieurs espèces forestières18 dont le cornouiller (cornus), l’aubépine, mais aussi le chêne, l’érable, le saule et peut-être même certains crucifères comme la moutarde noire6 (Brassica nigra) et des plantes ornementales comme l’oeillet19 (Dianthus caryophyllus). En fait, la gamme d’hôtes est probablement très vaste2, même si elle est assez spécifique aux espèces présentes12. Les plantes qui arborent ces champignons peuvent être présentes dans les forêts environnantes ou dans les vergers. La moucheture et la suie peuvent également passer l’hiver sur les pommes laissées au sol2, sur les momies dans les arbres1 et sur l’écorce des pommiers2.

Arrivée des spores

Le cycle d’une bonne part des mouchetures est mieux connu que celui des suies. Un peu comme pour la tavelure, les thyriothécies produites par la moucheture libèrent au printemps des ascospores qui causent les premières infections. Les conidies prennent la relève pour toutes les infections subséquentes20. La suie pour sa part toujours causée par des conidies qui sont éclaboussées à partir des plantes hôtes. L’arrivée des premières spores a lieu environ au stade de la floraison du pommier et peut continuer en été pour la moucheture21 et jusqu’en septembre dans le cas de la suie18. À l’exception des vergers très atteints, les premières spores (inoculum primaire) arrivent de l’extérieur du verger et ne sont pas très nombreuses. Ces spores atterrissent à la fois sur les pommiers et sur les hôtes environnants. Très souvent les traitements dirigés contre les ascospores de la tavelure empêchent l’infection primaire de suie-moucheture sur pommiers. Sur les plantes non protégées environnantes, les spores ont besoin d’une longue période d’humectation pour compléter leur cycle d’infection et pour produire de nombreuses spores (conidies) qui seront ensuite responsables de la plupart des infections sur fruits en verger. Le vent et la pluie libèrent les spores qui sont ensuite éclaboussées sur les pommes.

Infection

Les spores qui atterrissent sur les pommes ont probablement besoin d’eau libre pour germer ou pour croitre13, mais ont certainement besoin de conditions très humides pour s’implanter. La germination et la croissance sont aussi favorisées par une température élevée. La progression de la maladie est brutalement interrompue par les périodes sèches. Aucune croissance n’a lieu quand l’humidité est inférieure à 90 % pour la suie22 et 96 % pour la moucheture20. La suie serait donc moins sensible à des périodes plus sèches que la moucheture20,22.

Pour la température, la croissance est possible dans une gamme assez large et variable selon les champignons impliqués. L’optimum pour la moucheture serait vers 20 °C, avec un minimum à 12 °C et un maximum vers 30 °C. Pour la suie, l’optimum de Peltaster sp. serait autour de 12-24 °C avec un minimum à 8 °C et un maximum à 28 °C22 alors que pour Leptodontium sp., l’optimum peut atteindre 32 °C selon l’humidité, avec un maximum à 36 °C22. Certaines espèces présentes dans le Nord-Est de l’Amérique (Dissoconium sp.) croissent bien au froid jusqu’à 10 °C23. Des périodes d’humidité plus longues sont requises pour la germination à mesure que la température s’éloigne de l’optimum20.

En dehors de la plage d’humidité et de température, la croissance s’arrête mais les champignons du SBFS peuvent néanmoins survivre de longues périodes aux périodes sèches16. La croissance reprend dès que les conditions à la surface des fruits sont favorables. Les nouvelles infections peuvent avoir lieu tout au long de l’été18,24,25, mais la majorité des contaminations ont lieu dans la première moitié de la période de développement du fruit26, même si l’apparition des symptômes a lieu beaucoup plus tard.

Mode de vie

Les champignons de la suie-moucheture sont donc considérés des « épiphytes », soit des organismes qui vivent à la surface des plantes. Contrairement à d’autres maladies fongiques, pratiquement aucune pénétration de la cuticule n’a lieu6. Certaines espèces traversent éventuellement la cuticule18,27, mais ne vont pas plus loin. On parle alors de champignons « ectophytes », qui restent néanmoins très superficiels et qui n’éveillent peut-être même pas les mécanismes de défense de la plante12. Comme la plante n’est jamais « atteinte », certains auteurs hésitent même à parler d’une « maladie »7. Comme ils restent à la surface, les suies et les mouchetures ne sont pas protégés par la plante et sont dotés de mécanismes particuliers pour survivre aux températures élevées, aux conditions sèches, aux rayons UV et à la compétition avec d’autres organismes pendant la saison. Ils sont donc très résilients.

Dans les premières phases de développement des fruits, la cuticule n’est pas un milieu très riche en nutriments pour les champignons. Plus tard en saison, les fruits suintent les sucres et les acides organiques utilisés pour leur croissance28. Une partie de ce suintement a lieu en lien avec les microfissures présentes à la surface des fruits29. Toutes les espèces profitent des exsudats libérés par la pomme7,30, ou des exsudats parfois éclaboussés des feuilles environnantes. Les champignons responsables de la moucheture19 et certaines suies7 peuvent aussi se nourrir de la cire des pommes. Malgré les ressources limitées, les spores peuvent s’installer sur les fruits dès la nouaison, mais il est possible que les infections avant la fin de la division cellulaire (stage-T, BBCH74) soient moins nombreuses, quoique ce stade minimal avant l’infection ne fait pas l’unanimité7.

Apparition des symptômes

Entre l’arrivée des spores et l’apparition des symptômes, les champignons colonisent discrètement la surface du fruit et rien n’est visible à l’œil nu. L’apparition des symptômes est liée à une maturation des colonies qui sont d’abord transparentes et qui noircissent. C’est la production de mélanine, un pigment foncé, qui permet de voir les colonies. La mélanine aide aux colonies à mieux tolérer l’environnement hostile à la surface des fruits. Comme la production de mélanine est plus prononcée en présence de sucres, elle augmente à mesure que la saison progresse. Le noircissement parfois soudain à l’approche de la récolte est donc en partie liée à la production des exsudats sucrés à la surface des fruits qui accélèrent (pour certaines espèces23) la « maturation » des colonies de SBFS16 déjà en place.

Les symptômes de SBFS apparaissent normalement entre 3 semaines ou un mois après l’infection, mais peuvent être visibles après seulement 8 jours quand les conditions sont optimales (très humides). À l’inverse, l’apparition des symptômes est retardée indéfiniment quand le temps est sec. Quand la croissance cumulée atteint un seuil minimal d’heures de mouillure, les colonies commencent à être visibles. L’apparition des symptômes est graduelle après le seuil minimal d’environ 200 h et certaines colonies implantées ne deviennent visibles que beaucoup plus tard. Il peut s’écouler plusieurs mois après l’arrivée des spores pour cumuler assez d’heures favorables à la croissance et atteindre le moment où toutes les colonies deviennent entièrement visibles. Selon les localités et les conditions météorologiques, les premiers symptômes peuvent apparaitre dès la fin juin31, mais tous les fruits peuvent aussi virer noirs dès la fin juillet. Le plus souvent, la maladie est observée à la récolte suite à des pluies à la fin de l’été6.

Propagation à partir des pommes

La plupart des champignons impliqués dans la suie-moucheture en Iowa sont monocycliques, c’est-à-dire qu’il n’y a pas de propagation en saison après l’infection de la pomme (ex. : la moucheture classique Schizothyrium). La sporulation et la propagation est possible à partir des plantes hôtes, mais il n’y a pas de sporulation à partir des taches sur les fruits en verger12,13,26. Cependant, certaines espèces responsables de la moucheture2,32 peuvent sporuler (conidies) sur les pommes et la suie commune (Peltaster sp.) produit de grandes quantités de « blastospores » à la surface des fruits qui permettent une propagation (polycylique)26. Comme pour la croissance du champignon, cette production de spores est aussi favorisée par les périodes d’humectation12. Lorsque la suie est présente, la propagation de la maladie est fortement liée aux épisodes de pluie, et moins à la durée d’humectation33. Selon les espèces présentes, la propagation entre fruits est donc possible en saison au gré des périodes de pluie qui permettent le déplacement des spores.

Récolte

Les pluies jusqu’à la récolte peuvent entrainer l’arrivée de spores et provoquer de nouvelles infections. Les symptômes à la suite des infections peuvent être aggravés à chaque période de mouillure des fruits avant ou après récolte. Cependant, comme le temps de mouillure requis pour que les symptômes apparaissent est très long, les infections dans les semaines qui précèdent la cueillette des fruits ne causent pas de problèmes. Si les fruits demeurent secs après la récolte, les symptômes déjà présents ne seront pas aggravés.

Entreposage

À moins que les fruits soient mouillés par trempage avant l’entreposage, la propagation entre fruits est peu probable. Les spores (ex. : suie) à la surface des fruits ne sont pas transportées par les courants aériens. La propagation est cependant possible si les fruits séjournent dans l’eau contaminée par d’autres fruits. Cependant, comme la période d’incubation est très longue, l’apparition de symptômes suite à une contamination post récolte est très peu probable. Par contre les symptômes en lien avec les infections avant la récolte peuvent continuer leur apparition2,13,34 sur les fruits en entrepôt, notamment dans les régions où les espèces tolérantes au froid sont présentes (ex. : Dissoconium sp.). La sortie des symptômes est également possible en atmosphère controllée5 (AC). L’apparition en entrepôt est directement liée à l’humidité de la chambre. Dans les chambres moins humides, les symptômes ne se développent pas (Trapman, comm. pers). L’apparition des symptômes en entrepôt AC est probablement aggravée par l’humidité ambiante plus élevée de ce type de chambre. Quand les symptômes sont déjà visibles, le bris de la cuticule causé par les champignons provoque une perte d’eau et de volume accélérée18 tout au long de l’entreposage, peu importe le type de chambre.

 

Modèles de prévision

Au moins deux approches de modélisation sont utilisées pour prédire la suie-moucheture et aider à mieux cibler les traitements. Le plus connu est le modèle empirique américain Brown–Sutton–Hartman (BSH) et ses différentes déclinaisons régionales. En production biologique, un modèle européen pour la suie est disponible pour les utilisateurs de RIMpro35. Les deux modèles ne sont pas parfaits et peuvent rater des infections (faux négatifs)36,37, mais sont néanmoins souvent jugés utiles pour économiser des traitements sans trop augmenter le risque. Même si les champignons responsables de la SBFS partagent des traits communs, il est possible que l’assemblage local des espèces présentes réagisse un peu différemment à la température et l’humidité et donc que les modèles développés à l’étranger ne soit pas optimaux localement37.

BSH

Le modèle (et ses déclinaisons) cumule le temps de mouillure qui mène à la première apparition de symptômes, sans égard à la biologie des champignons en cause. Par la suite, les infections sont considérées « en continu » au gré des heures de mouillure jusqu’à la récolte38. La plupart des variations entre les déclinaisons régionales reposent sur des équipements de mesure et des seuils différents. Le point de départ des calculs (biofix) est aussi variable, par exemple après la chute des pétales ou après le lessivage des traitements contre la tavelure. Le premier traitement est retardé sur la base de seuils, mais les traitements suivants sont habituellement faits selon une stratégie « calendrier » à intervalles réguliers jusqu’à la récolte en diminuant la fréquence lors d’été secs, mais sans critère précis39.

Comme les heures d’humectation peuvent être calculées de plusieurs façons (ex. : toutes les heures, ou périodes plus longues seulement) et avec différents instruments40 et que les seuils sont différent selon les modèles et les régions, les résultats sont très variables8 et la « version » du modèle optimale varie selon les régions37.

La première version développée en Caroline du Nord40 suggérait de débuter les traitements avant l’apparition des symptômes qui étaient prédits après 273 h de mouillure (HM) en cumulant les humectations de plus de 4 h enregistrées sur un fil de crin (DeWit) à partir de 10 jours suivant la chute des pétales. Les auteurs considéraient que le seuil était valable pour débuter les traitements dans les vergers très atteints, mais qu’il devrait être adapté selon l’environnement du verger39.

Dans l’état de New York34, la proposition de Rosenberger est de compter toutes les heures d’humectation en débutant plus tôt (chute des pétales) avec un seuil à 270 HM. Cependant, le système Rosenberger considère les fruits protégés par les infections contre la tavelure jusqu’au premier seuil et l’apparition des symptômes est donc prédite après l’infection des pommes et le cumul d’une autre période d’incubation de 270 HM, soit un total de 540 h de mouillure après la chute des pétales. Le premier traitement est recommandé au seuil de 270 h de mouillure après chute des pétales (175 h avec un capteur électronique), et ne pas laisser plus de 270 HM sans couverture fongicide jusqu’à récolte34. Le dernier traitement serait recommandé dans les vergers avec une forte pression si le dernier traitement fongicide est lessivé (50 mm) et que la récolte est prévue un mois plus tard (ou plus)34.

RIMPro

Ce modèle vise à simuler le cycle de la suie commune (Peltaster). La suie a été choisie parce qu’elle est universelle, qu’elle survit mieux aux conditions sèches que la moucheture et qu’elle peut réinfecter à partir des fruits en cours d’été. Contrairement au système BSH, le modèle RIMpro repose sur l’hypothèse que la plupart des infections sur fruits résultent des spores éclaboussées par la pluie et que les infections ne sont donc pas en continu.

À partir du seuil de 20 jours après la pleine floraison, le modèle considère que les fruits deviennent sensibles et simule l’arrivée des spores par éclaboussement par la pluie. Le modèle prévoit un accroissement des sources de spores à mesure que la saison progresse. Un processus d’infection modulée selon la température est calculé tant que la mouillure est présente. Pendant les périodes sèches, une courbe de mortalité des spores non infectées est intégrée au modèle. Pour chaque arrivée de spores et d’une nouvelle infection, les premiers symptômes sont prédits en moyenne après accumulation de 300 heures de mouillure et tous les symptômes sont considérés visibles après 500 heures de mouillure. La stratégie proposée est d’appliquer un traitement (bicarbonate, bouillie soufrée, cuivre) dans les 20 heures suivant le début d’une infection grave selon le graphique. Cette approche réduit le nombre de traitements requis en régie bio (environ 3 par été), en comparaison aux traitements à chaque 100 ou 150 heures de mouillure normalement requis pour les fongicides qui n’ont pas d’effet en post infection.

RIMpro - suie Rougemont 2021

Figure 2. Début d’une saison de suie-moucheture selon RIMpro. La pluie du 9 juillet provoque une infection (ligne rouge) et de nouvelles spores (zone verte) débutent la colonisation des pommes. Les colonies de cette première infection commencent à devenir visibles (zone grise), vers le 28 août. Les symptômes de cette infection deviennent entièrement visibles vers le 7 septembre, au moment où la zone grise atteint le même niveau que l’infection initiale, soit deux mois plus tard.

RIMpro - suie Rougemont

Figure 3. Infections de suie-moucheture avant récolte selon RIMpro. Les pluies entre le 28 et le 30 août (moins de 5 mm au total) ne sont pas considérées comme une infection parce que la dispersion des spores par la pluie est jugée minimale. Par contre, les pluies importantes du 18 août et du 5 septembre génèrent les dernières infections (lignes rouges) de la saison. Le seuil des symptômes potentiels (zone verte) observé avant l’infection du 18 août (environ 50 sur l’échelle de l’évolution des symptômes) se traduit par des symptômes visibles vers la fin septembre (la zone grise monte à 50). L’infection du 18 août (et les suivantes) qui fait monter l’indice proche de 100 ne contribue pas à des symptômes visibles si les pommes sont récoltées avant octobre.

Avant de se mouiller : Tous les modèles utilisés pour prédire l’apparition des symptômes de suie-moucheture partagent une limite : les stations météos automatiques ne sont pas conçues pour enregistrer les périodes de mouillure sur fruits et la variation observée selon l’équipement et le type de mesure à l’échelle du pommier, du verger et des régions est immense. Par exemple, le modèle BSH développé avec une sonde « deWit »40 manuelle est incompatible avec les stations météos électroniques. En utilisant les mêmes critères mais des appareils différents, la validation de BSH au Massachussetts a révélé un écart important (236 à 586 heures d’humectation de plus de 4 h) avant l’apparition des premiers symptômes (24 juillet au 17 août)41. De même, le système « Skybit » utilisé sans calibration enregistrait plus d’heures de mouillure que les sondes, ce qui engendrait en moyenne plus de traitements que nécessaire36.

La rosée (qui contribue à l’infection de suie-moucheture) est complexe à quantifier et contribue à des périodes d’humectation beaucoup plus variables que la pluie37. Par exemple, le nombre d’heures de mouillure entre la base des arbres et le haut des arbres est en moyenne plusieurs heures plus faible42. Il s’en suit qu’une différence de positionnement de capteur de 50 cm peut faire changer la recommandation de traitement de 7 jours42. La durée de mouillure des fruits est aussi plus longue dans la zone du pédoncule qui forme une cavité que sur les côtés des fruits35.

Comme l’estimation des heures de mouillure n’est pas facile, la version « Gleason-Duttweiler » (Iowa) du modèle BSH recommandait plutôt un seuil de 192 h avec une humidité relative de l’air ≥ 97 %37 pour des périodes de 4 h ou plus. Ce système a depuis été simplifié43 et recommande maintenant de cumuler toutes les heures où l’humidité de l’air est > 90 %, avec un seuil de 385 h pour le premier traitement. Dans RIMpro, le déficit de pression de vapeur (VPD) est utilisé comme critère d’humectation. Le cumul des heures avec un VPD inférieur à 2 serait préférable pour établir un seuil parce que moins sujet aux variations observées avec l’humidité relative ou les sondes (Trapman, comm. pers.).

Dépistage préventif de pommes sentinelles

Comme les modèles ne tiennent pas compte de l’historique de la parcelle, les traitements recommandés par ceux-ci ne sont pas toujours nécessaires (faux positifs). Dans les parcelles sans source de spores (inoculum), les conditions météorologiques favorables à la maladie ne risquent pas de provoquer l’apparition soudaine de symptômes. Cependant, comme les abords des vergers peuvent changer et que des plantes hôtes peuvent s’installer, il est peut-être utile de considérer le dépistage préventif pour éviter les surprises à la récolte. L’échantillonnage aléatoire à intervalle régulier (ex. : chaque deux semaines) à partir de la nouaison d’un lot aléatoire de 50 pommes par bloc est suffisant pour déterminer si des symptômes vont apparaitre plus tard en saison. Il suffit de conserver ces pommes à la température ambiante, mais dans des conditions humides44–46 (ex. : sacs de plastique). Sur les fruits infectés récemment, les symptômes sur les pommes ensachées apparaissent après environ 10-14 jours d’incubation au maximum et sont facilement visibles bien avant ceux de la récolte. Si les traitements sont débutés dès l’apparition des symptômes sur ces pommes « sentinelles » (et donc avant les symptômes en verger), il est possible de se prémunir des nouvelles infections en cours d’été et d’amoindrir les dommages à la récolte.

 

Gestion de la maladie : prévention
Site, aménagement et assainissement

Le choix du site pour l’implantation d’un verger peut expliquer en partie la sévérité des problèmes observés. La suie-moucheture est aggravée dans les vergers à proximité de forêts où les hôtes alternes sont abondants et dans les sites où le drainage de l’air est inadéquat18,39. Dans les vergers implantés, maintenir le couvert végétal bas (fauchage, herbicide) peut aider à réduire l’humidité dans les vergers et ainsi limiter l’infection des fruits les plus bas47, cette intervention peut aussi aider à limiter la sporulation sur les hôtes réservoirs (ex. : ronces) présentes dans le verger. Cependant, à moins que l’herbe soit haute au point de modifier le climat du verger, une gestion plus intensive de la végétation au sol ne changera pas grand-chose à la sévérité de la maladie4. L’élimination des ronces (framboises, mûres, etc.) autour des vergers ou des fruits momifiés accrochés aux arbres7,12,38,48 sont aussi des solutions partielles pour réduire le problème à la source. Malheureusement, les machines dédiées à l’éclaircissage (ex. : Darwin) ne réussissent pas bien à enlever les momies en hiver7.

Cultivars

La plupart des cultivars sont sensibles à la maladie à des degrés divers et la résistance n’est pas une stratégie porteuse pour réprimer la suie-moucheture49. Les cultivars tardifs sont plus souvent atteints parce que la maladie a plus de temps pour se multiplier49 et les traitements fongicides sont souvent interrompus à l’échelle de la ferme et non en fonction de la date de récolte des cultivars. Les cultivars rousselés (ex. : Russet) ou les surfaces rousselées des autres fruits seraient naturellement résistants7,30. Les cultivars aux couleurs pâles accentuent l’apparence des symptômes49, même si la sensibilité n’est pas associée à la couleur du fruit49. Certaines exceptions à ces règles existent. Par exemple, la Ginger Gold est significativement plus sensible que les autres cultivars qui murissent à pareille date alors que c’est l’inverse pour Pinova49. Ces différences sont probablement dues à la quantité d’exsudats produite par ces fruits. Finalement, les cultivars plus sujets à la formation de fruits momifiés (ex. : Cortland), sont plus souvent infectés puisque les momies sont des sites de survie pour l’inoculum. Les variétés résistantes à la tavelure (Vf) sont souvent très sensibles à la suie-moucheture (ex. : Topaz, Liberty).

Sensibilité à la suie-moucheture de quelques variétés tirées du projet NE-18349 et cultivées au Québec :

Hâtifs :
Sunrise tolérant
Gingergold sensible
Zestar! tolérant

Mi saison :
Gala sensible
HoneyCrisp sensible
McIntosh sensible

Tardives :
Ambrosia très sensible
Fuji très sensible
Golden Delicious très sensible
Pinova sensible

Taille

La densité de plantation n’a pas d’impact sur l’incidence de la maladie47, mais l’effet de la densité des branches sur la gravité de la maladie est reconnu depuis longtemps. On observe régulièrement que la suie est plus fréquente dans les vergers peu ou mal taillés6,39,50,51. Dans les pommiers où la taille permet en général une meilleure circulation de l’air, la maladie est presque toujours moins grave que dans les pommiers non taillés24,52. L’effet de la taille d’été sur le micro climat dans les vergers est important. Dans les vergers taillés, le nombre d’heures pendant lesquelles l’humidité relative est élevée est beaucoup moindre que dans les vergers non taillés53. L’effet sur la maladie est facilement constaté dans les vergers où les traitements d’été sont peu fréquents50,53. Cependant, la taille n’a pas un grand effet sur la moucheture dans les vergers où des traitements fongicides sont appliqués régulièrement durant tout l’été53. Comme la taille est pratiquée dans tous les vergers commerciaux, les tentatives de contrer la maladie seulement par une modification des pratiques d’émondage n’ont donc pas donné de résultats probants. La taille reste cependant une excellente composante d’une stratégie complète de lutte contre le SBFS et facilite l’adoption des stratégies avec traitements réduits (ex. : par l’utilisation des modèles36).

Éclaircissage

Réduire le nombre de bouquets avec plusieurs fruits peut réduire l’incidence du SBFS54 et limiter la possibilité de symptômes dans la zone du pédoncule. Cependant, la maladie peut être amplifiée si la technique d’éclaircissage favorise la formation des momies (ex. : NAA sous de mauvaises conditions).

Engrais

Les excès d’azote sont associés à une augmentation de la suie-moucheture51. De même, les engrais d’été à base de phosphore (Phosyn Hydrophos, Yara) appliqués avant la récolte peuvent aggraver la suie5. À l’inverse, des traitements à répétition de chlorure de calcium en été réduisent substantiellement les problèmes de suie-moucheture1,55,56. Les traitements doivent démarrer tôt et ne sont pas aussi efficaces que les traitements fongicides mais les bénéfices du calcium sont nombreux. Voir la fiche sur la fertilisation.

Toile réfléchissante

Une toile tissée réfléchissante blanche appliquée au sol pour améliorer la couleur des fruits peut réduire de façon importante l’incidence de la suie5.

Filets

La culture de pommes sous filets attenue fortement la présence de suie-moucheture4,29,57,58. Les filets diminuent le nombre de micro fissures (craquelage microscopique) à la surface des fruits, ce qui réduit la fuite de sucres qui nourrissent les champignons.

Ensachage

Différentes expériences d’ensachage de fruits individuels ont été réalisées pour préciser la période critique pour les infections18,24–26. Il pourrait être possible d’appliquer cette technique pour réprimer la maladie à condition que le fruit (poire ou pomme) s’y prête et que le cout de la main d’œuvre ne soit pas prohibitif. Les sacs ont deux effets : ils empêchent les spores d’atteindre les fruits et ils atténuent l’infection des fruits déjà contaminés au moment de la pose26. Comme d’assez courtes périodes d’exposition des fruits (7 heures de mouillure) peuvent augmenter significativement l’infection25, les sacs (ex. : sacs Fuji) doivent être installés tôt et demeurer sur les fruits jusqu’à la récolte. Même si les symptômes sont fortement atténués, la méthode n’est pas toujours entièrement efficace et il arrive parfois que le champignon arrivé avant la pose des sacs1 se développe sur les fruits dans l’eau de condensation.

Irrigation

Les systèmes par aspersion peuvent facilement favoriser la dispersion de la maladie33. Dans les vergers où l’approvisionnement en eau est facile et où le refroidissement par évaporation est une possibilité, les risques accrus de suie-moucheture sont à considérer.

 

Gestion de la maladie : traitements fongicides
Pulvérisation

La plupart des traitements phytosanitaires, les engrais et les hormones sont appliqués sur les arbres avant que toutes les feuilles de l’année soient en place. Les réglages qui fonctionnent pour une canopée printanière « poreuse » doivent être ajustés en été pour assurer une bonne couverture des fruits, notamment la face cachée des fruits et la zone du pédoncule. La mauvaise qualité de pulvérisation est un facteur reconnu d’aggravation des problèmes de SBFS31. Les traitements à faible volume d’eau peuvent très bien couvrir les fruits et les petites gouttelettes couvrent mieux les fruits que les grosses gouttes. Il n’est pas nécessaire d’augmenter le volume de bouillie pour augmenter la couverture comme le suggère certains auteurs2,50. La clef est de calibrer correctement l’appareil, d’ajuster le débit d’air et la vitesse d’avancement et s’assurer que la bouillie puisse atteindre la cible en taillant les vergers adéquatement. Dans les vergers où le nombre d’applications est optimisé en fonction des risques, une bonne couverture devient encore plus importante parce que les failles de couverture du pulvérisateur ne sont pas compensées par la fréquence des traitements.

Période des traitements

Les premiers traitements fongicides de l’année n’ont pas d’effet contre la suie-moucheture59, mais les traitements dirigés contre les dernières infections de tavelure primaire répriment très bien les premières infections de SBFS60,61. Cependant, lorsque les conditions en été sont favorables au SBFS on observe des pertes parfois importantes dans les vergers où les traitements fongicides sont réduits (ex. : pommiers résistants à la tavelure) et dans les sites avec une forte réduction des traitements fongicide en été. Une stratégie estivale de traitements fongicides dirigée contre le SBFS et préférablement adaptée à la météo est parfois requise dans les sites où la maladie est un problème. Comme les pourritures d’été62 ne sont problématiques au Québec, il est possible de cibler les traitements d’été exclusivement en fonction de la suie-moucheture en utilisant les modèles décrits plus haut. Les traitements en début d’été ont souvent plus d’impact que les traitements proches de la récolte parce que les infections tardives ne sont pas suivies d’assez d’heures d’humectation pour que les symptômes apparaissent.

 

Fongicides homologués et/ou efficaces

Les problèmes de suie-moucheture et notamment certaines variantes de la suie semblent avoir pris de l’ampleur lors de l’abandon des fongicides minéraux (ex. : cuivre) au profit des fongicides issus de la chimie organique18 (captan, mancozeb) au milieu du 20e siècle. Le même phénomène d’augmentation a été observé lors de l’abandon des Benzimidazoles (ex. : benomyl, BENLATE) qui étaient très efficaces et ensuite lors de l’adoption massive des premiers inhibiteurs de stérols (ex. : NOVA, NUSTAR) qui n’avaient pas d’efficacité contre le SBFS46,47. Finalement, l’ajout de restrictions sur l’utilisation des EBDC (mancozèbe) en été a également contribué à l’essor de cette maladie47 parce que le Captan utilisé comme remplacement était moins efficace.

Malgré tout, les fongicides usuels homologués sur le pommier sont efficaces contre les champignons responsables de la suie et dans une moindre mesure ceux de la moucheture34,38, à condition de bien les utiliser :

Les fongicides peuvent ralentir la suie-moucheture mais peuvent difficilement déloger des colonies en croissance et encore moins effacer des dommages déjà visibles. Idéalement, les traitements devraient donc être faits en lien avec l’arrivée des spores sur les fruits et l’infection, au moment où le champignon est le plus vulnérable. Les traitements « classiques » de type « calendrier » de 3 ou 4 traitements espacés de 3 ou 4 semaines dans les mois d’été ne suffisent pas toujours à maintenir la maladie à des seuils commercialement acceptables47, probablement parce qu’ils sont appliqués sur des colonies invisibles déjà bien accrochées. Dans tous les cas, les traitements fongicides doivent précéder l’apparition des symptômes puisque les fongicides ne sont pas « curatifs ». De plus, aucun traitement n’a d’effet prolongé en post infection34,46. Les traitements sont au mieux « fongistatiques ». C’est-à-dire que les champignons ne sont pas tués mais seulement temporairement arrêtés. Les champignons reprennent leur croissance après lessivage du traitement et l’apparition des symptômes a quand même lieu, parfois après la récolte. Les traitements en place peuvent cependant protéger contre les nouvelles infections.

suie effet des traitements

Figure 4. Représentation de l’effet des traitements sur les spores. En haut : traitement préventif, en bas : traitement en post infection.

Fongicides admissibles en production biologique

Bicarbonate de potassium : Lorsque les traitements sont dirigés contre les infections (ex. : avec RIMpro) ou lorsque les traitements sont nombreux (ex. : à chaque 2 semaines63), le bicarbonate de potassium est efficace contre la suie-moucheture. Le bicarbonate n’est pas efficace autrement56. Le bicarbonate formulé ou en mélange avec le soufre est plus efficace que le bicarbonate alimentaire.

Bicarbonate formulé (Milstop) : Le Kaligreen36 appliqué à raison de 2,8 kg/ha actif aux 14 jours selon une stratégie « calendrier », était moins efficace que les traitements conventionnels. Par contre, le Armicarb63 appliqué à 5 kg/ha aux deux semaines s’est avéré très efficace. Cependant, Armicarb peut causer des taches lenticellaires à un niveau inacceptable10.

Bicarbonate + huile : Efficace contre les deux maladies64. Cependant, l’ajout d’huile rend cette option incompatible avec d’autres traitements.

Cuivre (bouillie bordelaise) : Une des premières méthodes de contrôle confirmée6. En Europe, le Kocide (hydroxyde) est régulièrement employé contre le SBFS. Cependant, les doses très réduites en usage contre la tavelure ne seraient pas assez efficaces.

Soufre : Le soufre seul a une efficacité moyenne contre la moucheture64, mais pas contre la suie54,64.

Bouillie soufrée6 : Aussi efficace que le standard commercial à 14 L/ha, mais peut induire une phytotoxicité. À la dose de 7 L/ha, le produit n’est pas phytotoxique et aussi efficace que le standard commercial lorsque les intervalles entre les applications sont réduits. Cependant, des résidus peuvent être visibles sur les fruits à la récolte65. De plus, la bouillie soufrée peut augmenter les problèmes de pourriture noire et n’a pas d’effet contre la pourriture amère38,66.

Peroxyde (Oxidate) : Le « nettoyage » à intervalles réguliers des colonies de suie-moucheture avec du peroxyde est envisageable mais le nombre d’essais publié est limité.

Myco-san : En Europe, cette formulation d’argile et de soufre a une efficacité partielle contre la SBFS10.

D’autres produits, notamment des produits bio (ex.& : Cocana63,65,67, methionine64) ont été testés avec plus ou moins de succès et ne sont pas homologués au Canada.

Fongicides synthétiques classiques

Captan31,68 : Plus efficace contre la suie que la moucheture. Lorsque les intervalles d’application sont espacés de 14 jours ou plus, la dose maximale de l’étiquette peut être nécessaire. Des applications ciblées à dose plus faibles sont préférables. Une application non ciblée de 2 kg/ha de Captan aux 3 semaines jusqu’à la mi-août peut être insuffisante lorsque la saison est pluvieuse avant la récolte34.

Folpan (Très similaire au Captan)

Fluazinam69 (Allegro) : Efficacité variable selon les espèces, mais utile.

Mancozeb, Metiram (EBDC)31 : Plus efficace contre la moucheture que la suie. Aux doses usuelles, les EBDC sont plus efficaces que le Captan pour réprimer la suie-moucheture. Cependant, le délai d’application actuellement de 77 jours avant récolte est restrictif pour permettre une gestion efficace de la maladie. Selon la quantité appliquée lors du dernier traitement et des conditions locales, l’activité résiduelle peut maintenir une protection pendant plusieurs semaines31.

Fongicides synthétiques fongistatiques

Tant que les fruits sont couverts par ces produits, l’expression des symptômes de suie-moucheture est retardée. Entre le lessivage des produits et l’apparition des symptômes, il peut s’écouler 270 heures de mouillure selon le moment de l’infection. Si l’infection était déjà prête à apparaître au moment du traitement, les symptômes apparaîtront rapidement après lessivage. En absence de lessivage et à condition que les fruits demeurent secs après récolte, ces traitements peuvent retarder « indéfiniment » la sortie des symptômes. Cet avantage a cependant quelques conséquences : tous les produits fongistatiques sont plus chers, sont à risque de résistance ou ont un effet indésirable en PFI.

Benzimidazoles (groupe 1) : Le thiophanate-methyl (Senator) est très efficace pour ralentir la sortie des symptômes. Ce fongicide a été abandonné pour lutter contre la tavelure à cause de la résistance, mais pourrait être utilisé contre d’autres maladies comme le SBFS. Il n’est pas recommandé en PFI parce que son usage est dévastateur contre les populations de vers de terre et les prédateurs d’acariens70.

Dodine (groupe U12) : Efficace en verger pour plusieurs champignons impliqués24, mais probablement seulement contre la suie. L’utilisation en été pourrait accélérer la résistance de la tavelure.

QoI (groupe 11) : Les strobilurines (ex. : Flint, Sovran) sont très efficaces34,36,61 ex. : Flint 140 g/ha. Une possibilité à considérer si la tavelure est résistante ou que l’usage contre la tavelure n’est pas prévu. Application efficace pour 21 jours ou 50 mm de pluie.

SDHI (groupe 7) : Tous les produits (ex. : Fontelis, Aprovia) sont efficaces contre la suie moucheture, même s’ils ne sont pas nécessairement homologués. Gestion de la résistance : leur usage devrait être réservé pour la tavelure.

Inspire Super (groupe 3) : Contrairement aux autres IBS (ex. : NOVA) , la portion « difénoconazole » de ce mélange est très efficace contre le SBFS60,71,72. La persistence des traitements est d’environ 2 semaines à la dose de 900 mL/ha par application62. Gestion de la résistance : ce produit devrait être réservé à la tavelure.

Autres

Phosphite (phosphonate, ex. : phostrol) : Très efficace en mélange avec le Captan contre le SBFS73, mais pas suffisante quand le produit est utilisé seul. Par ailleurs, les phosphites sont très persistants et s’accumulent dans les arbres pendant des années. Cet aspect pourrait devenir problématique si les résidus fongicides sont mesurés.

Interventions après récolte
Entreposage

Il est possible de gérer le risque d’apparition de la maladie en évaluant les lots de pommes à leur arrivée (voir la section sur les pommes sentinelles) et d’écouler les fruits à risque en les stockant dans des chambres froides plus « sèches » qui empêcheront la sortie des symptômes. Pour limiter les pertes de volume, les fruits avec des symptômes déjà apparents destinés à la transformation ne devraient pas être stockés.

Bassinage au chlore et brossage

L’une des plus anciennes méthode rapportée pour éliminer les symptômes sur les fruits consistait en l’immersion des fruits pendant 6 minutes dans une solution de « Chlorure de chaux » (CaCl2 + Ca(ClO)2) (eau de Javel) et de bicarbonate de sodium6. Plus récemment, une solution d’hypochlorite de sodium ou de calcium a été testé avec succès74. Ces auteurs ont rapporté qu’un bassinage de 5 minutes dans une solution de 940 ppm de chlore suffisait pour complètement éliminer la suie et une bonne partie des mouchetures malgré une forte sévérité de la maladie. Le bassinage n’était pas phytotoxique et n’a pas eu d’effet sur le fini des fruits. Le trempage dans une solution à 500 ppm de chlore suivi d’un brossage avait le même effet. Dans d’autres tests à plus grande échelle75, le bassinage dans une solution à une concentration de 800 ppm de chlore libre (hypochlorite tamponné à un pH de 6,5) pendant 7 minutes suivi de brossage et de rinçage à l’eau pour un total de 30 secondes étaient requis pour obtenir 100 % de fruits de qualité « extra fancy ». Une concentration de 200 à 500 ppm de chlore donnait respectivement de 92 % à 96,5 % de fruits « extra fancy ». Une solution à 500 ppm est équivalente à 0,4 L d’eau de Javel à 12,5 % dans 100 L d’eau. Cette concentration de chlore est élevée par rapport aux usages habituels en post-récolte pour la pomme (100-150 ppm)76, mais néanmoins réaliste. La méthode serait d’ailleurs largement utilisée1. Il est possible qu’une concentration moindre de chlore puisse suffire sur des fruits présentant moins de symptômes. Des variantes comme le mélange d’eau de Javel (300 ppm) et de bicarbonate de sodium (1 %) fonctionnent aussi77. Le bassinage au chlore pourrait être plus ou moins difficile selon les espèces de champignon présentes1,75. Le bassinage au chlore a aussi l’avantage de réduire plusieurs résidus de pesticides à la surface des fruits74,78. Par contre, cette approche n’est pas admissible en production biologique même avec un rinçage intensif79.

Alternatives au chlore

Le brossage des fruits sans trempage6,75 peut réduire partiellement la maladie mais n’est pas assez efficace à moins que le système soit optimisé pour cet usage et que les fruits soient préalablement classés par diamètre pour maximiser l’efficacité des brosses4. De plus, des différences entre cultivars sont possibles. Par exemple, le brossage après trempage était plus efficace avec le cultivar Jonathan et McIntosh qu’avec Golden Delicious75. Le brossage avec des traitements sans chlore comme le peroxyde et le savon75, ainsi que l’application de cire77 ont aussi été testés, mais n’étaient pas aussi efficaces. Les traitements à l’eau chaude communs chez les producteurs bio en Europe80 ou de vinaigre4 en combinaison avec le brossage sont aussi à considérer. Pour toutes les méthodes de nettoyage des fruits après la récolte, il est possible que l’âge des symptômes puissent affecter les résultats. Les colonies les plus vieilles sont vraisemblablement plus fortement incrustées dans la cire et la cuticule des fruits. Des traitements fongicides ciblés en début de saison et un nettoyage des fruits en cas d’infection tardive pourrait être une stratégie à envisager pour éviter les résidus de traitements trop proches de la récolte.

Stratégie combinée (résumé) : Pour minimiser les risques de suie-moucheture sans avoir recours à des traitements réguliers, une stratégie « PFI » débute par l’adoption d’un maximum des pratiques couvertes dans la section « prévention », incluant une mise à jour des techniques de pulvérisation. Les traitements fongicides en été ne devraient être appliqués que dans les vergers où la maladie a déjà été observée. Le suivi de pommes sentinelles et/ou des modèles peuvent ensuite être utilisés pour initier les traitements d’été. La fréquence des traitements nécessaire devrait dépendre à la fois du lessivage des produits, du grossissement des fruits depuis le dernier traitement, mais aussi du risque d’infection. Des traitements liés aux périodes de pluie assez intenses pour éclabousser les spores devraient suffire pour empêcher la propagation de la maladie. Plusieurs fongicides sont efficaces contre la suie et il est possible de choisir une stratégie qui ne mettra pas en péril l’efficacité des produits utilisés pour lutter contre la tavelure. Les premiers traitements (ex. : juin) sont beaucoup plus utiles que les traitements proches de la récolte. Après récolte, évitez les chambres très humides pour les lots à risque. Les pommes sentinelles peuvent aider à gérer les lots. Le brossage et le lavage des pommes avec des symptômes « frais » est à considérer.

 

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Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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L’éclaircissage des pommiers est une étape importante de la production qui consiste à retirer une certaine quantité de pommes dans le but de maximiser la qualité des fruits et de stabiliser la production année après année. Les pommiers mal éclaircis produisent des pommes de petit calibre, moins colorées et moins goûteuses. Ils ont aussi tendance à produire une année sur deux, ce qui évidement n’est pas souhaitable en production commerciale.

L’éclaircissage chimique des fruits est la méthode la plus utilisée au Québec et dans la majorité des pays producteurs de pommes. Plusieurs produits à base d’hormones végétales sont utilisés à cet effet. Le carbaryl, un insecticide à large spectre, est également couramment utilisé en combinaison avec les produits à base d’hormone. Bien qu’il ait un effet éclaircissant, c’est surtout pour sa propriété d’améliorer l’efficacité des produits à base d’hormones que le carbaryl est utilisé.

Depuis la saison 2017, l’homologation du SEVIN, produit à base de carbaryl a été modifiée et son utilisation est plus contraignante. La dose de produit ne doit pas dépasser 3,22L dans les vergers en haute densité et 2,15L dans les autres types de vergers (soit respectivement, 1,5 kg et 1 kg de matière active par hectare par année) et au maximum 2 applications par année sont permises.  Les délais de réentrée ont également été augmentés selon la tâche qui est effectuée et le délai avant récolte est passé à 75 jours. Face à ces modifications, les pomiculteurs doivent s’adapter et trouver de nouvelles stratégies. L’éclaircissage sans carbaryl gagne également de l’intérêt chez les pomiculteurs qui travaillent en production fruitière intégrée à cause de ses effets négatifs sur les insectes bénéfiques et de ses risques pour la santé. Or le succès des traitements d’éclaircissage sans carbaryl est souvent décevant. Un article publié dans la revue Quarterly [1] proposait différentes stratégies. En voici un résumé.

Commencer tôt et utiliser plusieurs méthodes

Une bonne stratégie pour les variétés difficiles à éclaircir est d’utiliser toutes les fenêtres possibles d’éclaircissage.

  • On peut commencer dès la taille, en réduisant le nombre de bourgeons à fruit : en sélectionnant les branches fruitières et en frottant son bras sous les branches on peut éliminer des bourgeons qui se trouvent dans cette position.
  • On peut ensuite poursuivre durant la floraison avec des traitements d’éclaircissage mécanique (voir la fiche 43 du Guide de PFI)  dans les pommiers nains conduits en mur fruitier.
  • Certaines substances chimiques ont également pour effet de faire sécher les fleurs et de réduire la nouaison. C’est le cas de la bouillie sulfocalcique, utilisée en pomiculture biologique et de l’ammonium thiosulfate (ATS), un fertilisant foliaire composé d’azote et de soufre. Ces produits ont toutefois un effet limité et plusieurs précautions d’usage.
  • Des essais sont également en cours au Québec afin de d’homologuer l’usage du bicarbonate de potassium pour l’éclaircissage floral des pommiers.
  • L’Acide Naphtalène Acétique (FRUITONE) peut également être utilisé durant la floraison. Dans un article publié en 2016 dans la revue Quaterly, les spécialistes de Cornell recommandent jusqu’à trois traitements d’ANA pour les variétés difficiles à éclaircir en commençant par un traitement à 10ppm durant la floraison suivi d’un traitement d’ANA et de MAXCEL (benzyladenine) à la chute des pétales et d’un troisième traitement au stade 10-12 mm. Les variétés plus faciles à éclaircir pourraient quant à elle recevoir deux traitements: un premier à la chute de pétales et un second au stade 10-12 mm.

Faire plusieurs traitements répétés plutôt qu’un seul:

Les stratégies qui utilisent plusieurs méthodes dont de petites doses d’éclaircissant chimique sont recommandées car elles permettent d’obtenir de meilleurs calibres de fruits et réduisent les risques de sur éclaircissage. Une bonne stratégie pour les variétés difficiles à éclaircir est d’utiliser toutes les fenêtres possibles d’éclaircissage: à la pleine floraison pour réduire le nombre de fruits noués, à la chute des pétales et ensuite entre le stade 8 et 12mm des pommes selon les conditions météo.

Augmenter la dose : oui mais pas trop!

Lorsqu’ils sont utilisés sans carbaryl, les doses des produits à base d’hormone (FRUITONE et MAXCEL) doivent être augmentées d’environ 50% pour obtenir des résultats semblables. Attention! Des doses trop élevées d’ANA (FRUITONE) peuvent causer un arrêt de croissance et avoir un impact négatif sur la taille finale des fruits. Il est préférable de ne pas dépasser 10ppm (bien que des doses allant jusqu’à 20ppm puissent produire plus d’effet). Il est ainsi préférable d’appliquer 2 traitements à 10ppm plutôt qu’un seul traitement à 20ppm.

Combiner les hormones…

Les produits à base de cytokinine tel que MAXCEL(benzyladenine) et CILIS (benzylaminopurine) sont moins utilisés puisqu’ils sont plus couteux et que leur effet éclaircissant est moins puissant. De plus ils ne conviennent pas à toutes les variétés. Dans une étude réalisée sur l’éclaircissage sans carbaryl par l’équipe de Terence Robinson à l’université Cornell, la combinaison de FRUITONE (7,5ppm) et MAXCEL (75ppm) a donné d’excellents résultats sur 10 des 12 variétés testées. En effet, les variétés Braeburn, Cortland, Empire, Gala Gingergold, Jonagold, Jonamac, Liberty, McIntosh et Sansa ont bien réagi. Par contre ce mélange a stoppé la croissance des fruits des variétés Délicieuse et Fuji. En plus de leur effet écaircissant, les produits à base de cytokinine ont aussi la faculté de stimuler la division cellulaire, particulièrement lorsqu’ils sont utilisés tôt, c’est-à-dire après la chute des pétales – dans les premiers stades de développement des fruits.    Cette combinaison est particulièrement recommandée pour les variétés qui ont tendance à faire de petits fruits tel que Gala et Empire.

Utiliser des modèles

Un modèle bioclimatique qui prédit la réponse des pommiers aux traitements d’éclaircissage en fonction du bilan glucidique des arbres a été développé à l’Université Cornell (NY) par Alan Lakso et Terence Robinson. Ce modèle a fait l’objet de plus de 20 ans d’analyse et de suivi. Il tient compte de la météo des 2 jours précédents et des 4 jours qui suivent le traitement et de la possibilité pour les arbres d’accumuler des glucides par la photosynthèse. Depuis 2012, l’agronome Paul-Émile Yelle préparait les bilans glucidiques pour les principales régions pomicoles du Québec. Après un an d’absence, les bilans glucides sont de retour en 2019. Ces derniers vous permettent d’estimer la sensibilité des arbres aux traitements d’éclaircissage après fleur et d’ajuster la dose des produits à base d’hormone en conséquence. Ces bilans seront mis à jours plusieurs fois par semaine et publiés sur agri-réseau ICI. Les développeurs du modèle RIMpro ont également adapté une version qui est disponible en ligne ICI

Faire le suivi de vos traitements

En terminant, il est important de faire le suivi de vos traitements d’éclaircissage et de réagir rapidement si des traitements supplémentaires sont nécessaires. Philipp Schwalier de l’université du Michigan a développé un modèle de prédiction de la nouaison. Les outils sont disponibles en ligne ICI.   

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