Archive d’étiquettes pour : Gestion de la charge et de la qualité du fruit

Auteurs de la première édition : Vincent Philion et Evelyne Barriault
Auteure de la mise à jour 2023 : Evelyne Barriault
Dernière mise à jour par l’auteure : 18 avril 2023

 

Les apports d’engrais sont essentiels pour obtenir des rendements optimums de qualité. Une fertilisation déficiente diminue les rendements, mais des apports trop importants et mal ciblés peuvent aussi débalancer les arbres en faveur de la croissance au lieu de nourrir les fruits. L’atteinte d’un optimum entre les feuilles et les fruits pour l’interception de la lumière sans trop ombrager la culture est déterminant1. La fertilisation des arbres peut aussi compliquer la gestion des ravageurs et en particulier des maladies. Ce bulletin a pour but de présenter une approche de fertilisation qui répond aux impératifs physiologiques des arbres sans pour autant augmenter les problèmes de maladies et d’insectes. Ce bulletin centré sur l’azote, le calcium et le bore est complémentaire à la fiche sur les Apports en éléments nutritifs du guide PFI et ne traite pas d’aspects fondamentaux de la nutrition des arbres comme le pH des sols, le drainage et l’oxygène au niveau des racines, ou des besoins des autres éléments (ex : phosphore, potassium, magnésium). Notez que les besoins en fertilisation varient selon le cultivar, le porte-greffe, la charge des arbres et d’autres facteurs2 qui débordent du cadre de cette fiche. En pomiculture, une analyse foliaire annuelle standardisée environ 60 à 70 jours après la chute des pétales, soit mi-juillet à la fin juillet3 (sauf pour la honeycrisp qui devrait être faite environ 30 jours avant les autres variétés) est essentielle pour établir un diagnostic précis qui servira à vous assurer que les apports soient en équilibre et à mieux cibler le moment de vos interventions. Dans les vergers en production, les analyses de sol sont complémentaires aux analyses foliaires4.

Présence de feu bactérien et pucerons, favorisée par une croissance excessive

La croissance excessive retarde la formation du bourgeon terminal, ce qui favorise les ravageurs comme les pucerons et le feu bactérien (source : IRDA).

Azote (N)

Quand l’azote du sol est limitatif, les apports aident à maintenir la vigueur des arbres, le calibre des fruits, limitent la bisannualité2, etc. Cependant, quand les réserves de l’arbre excèdent les besoins, les apports additionnels peuvent être nuisibles. Puisque l’azote interfère avec l’absorption du calcium (Ca) et du potassium (K), les apports doivent en tenir compte pour éviter une perte de rendement par manque de potassium5 ou les conséquences du manque de calcium (voir la section sur le calcium) qui s’ajouteraient aux problèmes que peut engendrer l’azote directement.

L’azote doit être disponible à l’arbre très tôt pendant la période de croissance, à la floraison et pendant la multiplication cellulaire dans les fruits. En dehors de cette période, les excès d’azote peuvent avoir des effets néfastes sur l’environnement (pollution), mais aussi sur l’arbre et les fruits.

Les excès d’azote ont des effets physiologiques néfastes connus depuis très longtemps6 sur la coloration, la fermeté5, la chute prématurée et plusieurs désordres de conservation des fruits (liège, point amer, “scald”, brunissement vasculaire, sénescence)7,8. Les arbres en excès d’azote sont aussi plus sensibles au gel hivernal9. L’effet d’un excès d’azote sur l’augmentation du point amer n’est pas nécessairement corrigé par des traitements répétés de calcium10,11. L’excès d’azote peut aussi causer des effets dominos : le retard dans l’apparition de la couleur force une date de récolte plus tardive, mais comme la maturation est aussi accélérée par l’excès d’azote, il s’en suit davantage de désordres de conservation et de pourriture en entrepôt5.

Pour les maladies, les arbres en excès d’azote fournissent des acides aminés aux agents pathogènes et produisent moins de mécanismes de défense18. Or, en produisant moins de composés phénoliques, les arbres répondent moins bien aux traitements d’éliciteurs (ex. : Apogee) qui visent à augmenter leurs défenses contre les maladies19.

Les effets négatifs d’un excès d’azote peuvent débuter tout de suite après la floraison. Ainsi, l’application d’azote pendant le mois suivant la floraison peut contribuer à la roussissure sur fruits12. Pendant l’été, les effets négatifs de l’azote sont souvent plus importants que les effets positifs. Par exemple, l’azote disponible à l’arbre tardivement retarde la formation du bourgeon terminal, ce qui augmente les problèmes de tavelure13, de feu bactérien14–16 et de pucerons, notamment. Les risques de pourriture amère augmentent aussi avec la concentration en azote des fruits17. Finalement, l’azote après la récolte peut aggraver les problèmes de chancre européen20. En plus de l’impact du moment, la forme de l’azote (nitrate vs ammoniaque) et la méthode d’application (sol vs foliaire) s’ajoutent aux multiples interactions qui compliquent la compréhension des effets négatifs de l’azote18.

Pour optimiser la disponibilité de l’azote au bon moment, il faut tenir compte des réserves de l’arbre et fertiliser en conséquence, au moment opportun21. L’objectif est d’assurer un maximum d’azote dans l’arbre en début de saison et laisser le niveau décliner naturellement2,3,22,23. À cause de notre climat, l’azote appliqué au sol au printemps est souvent disponible trop tard et n’est utile que pour l’année suivante quand il n’est pas simplement perdu. L’azote appliqué au sol tardivement entre juin et septembre est toujours une nuisance pendant la saison de croissance. Les applications foliaires après la récolte sont possibles, mais les applications tôt au printemps sont les plus efficaces et correspondent au moment où l’arbre en a besoin24. Les applications d’azote sous forme d’urée foliaire sont aussi efficaces que le même apport d’azote au sol25. En fait, l’urée foliaire est probablement plus efficace26.

Azote au sol

Les engrais à base d’ammonium devraient être évités parce qu’ils acidifient le sol9 et nuisent à l’absorption du calcium7. Les fruits des parcelles traitées au sol avec du nitrate9 ou du sulfate6 d’ammonium sont généralement moins colorés et moins fermes.

Cependant, une application au sol d’urée (qui libère de l’ammoniaque) très tôt en saison, soit avant le débourrement, est encouragée pour combattre la tavelure (voir la fiche sur La tavelure : stratégies générales de lutte). L’application en solution de 50 kg/ha d’urée au sol (23 unités d’azote par hectare) remplace le DAP (diammonium phosphate), pour la même quantité d’azote.

La balance de l’apport d’azote au sol devrait être fournie préférablement sous forme de nitrate (ex. : nitrate de calcium), ou une combinaison (ex. : nitrate d’ammonium calcique, 27-0-0). En général, le nitrate de calcium est préférable au nitrate d’ammonium parce que l’apport de calcium au sol réduit l’incidence de point amer, améliore la qualité générale des fruits11, et augmente la résistance des arbres au gel d’hiver27. Le calcium peut cependant être fourni à l’automne par chaulage. N’appliquez que l’azote qui est nécessaire. Une partie des excès d’azote au sol nourrit le gazon et non l’arbre2,9, l’apport dirigé vers la zone désherbée autour des arbres est recommandé2.

Azote foliaire

L’urée foliaire (et probablement toutes les sources d’azote) ne devrait pas être appliquée sur les arbres déjà en excès d’azote. Cependant, l’urée foliaire appliquée tôt en saison (entre le stade débourrement avancé et le stade calice) est utile à l’arbre et aide même à réprimer la tavelure28,29. Lorsqu’appliquée au moment de la floraison, l’urée a un léger effet d’éclaircissage30. L’urée foliaire peut aussi atténuer les dommages de gel, en prévenant la formation de cristaux de glace pendant un épisode de gel printanier léger. Toutefois elle pourrait aggraver les dommages lors d’un gel sévère31. Même si l’arbre absorbe l’urée encore plus efficacement lors des applications plus tardives après la nouaison25, le bénéfice n’est pas toujours mesurable25 et c’est lors des applications tardives que les problèmes commencent. Les applications foliaires d’azote sous toutes ses formes ne devraient pas être faites plus de 10-14 jours après le stade calice2, de sorte que l’azote commence à chuter après la multiplication cellulaire dans les fruits qui se termine environ 28 jours après la pleine fleur1.

Les problèmes de l’azote en été ne sont pas seulement reliés à l’urée tardive. Même si la quantité d’azote appliquée en été lors des traitements de nitrate de calcium ou de nitrate de zinc est généralement faible, les effets négatifs de l’azote tardif restent mesurables. Suite aux traitements de nitrate de calcium, la quantité d’azote dans la pelure et la chair des fruits augmente32 et a pour effet une dégradation de la couleur33 et la qualité des fruits34. La quantité d’azote dans la pelure des fruits est d’ailleurs un excellent paramètre pour prédire le point amer dans la Honeycrisp10. Les fertilisants à base de calcium, zinc ou autres, appliqués en été, n’ont pas besoin de contenir de l’azote. Privilégiez les formulations sans azote (voir la section sur le chlorure de calcium).

Dans les vergers où le chancre européen n’est pas un problème20, l’urée foliaire à l’automne (post récolte) nourrit les bourgeons et constitue une réserve pour l’arbre, disponible au moment où ils en ont besoin, soit au moment du débourrement pour l’année suivante35. Ce traitement inhibe aussi partiellement la tavelure (voir la fiche sur La tavelure : stratégies générales de lutte).

Directives pour les traitements foliaires d’azote : La stratégie proposée pour optimiser les bénéfices de l’azote consiste à appliquer de l’urée à répétition dès que des feuilles du bouquet sont étalées (stade du débourrement avancé)22 et jusqu’à maximum 10-14 jours après la chute des pétales2 à raison de 3 ou 4 kg/ha par application pour un total d’environ 5 ou 6 passages (≃20 kg/ha d’urée au total donne environ 9 unités d’azote). Mélanger l’urée à vos traitements fongicides une fois par semaine est probablement la meilleure approche pour y arriver. En outre, l’urée est compatible en mélange avec le bore, avec le zinc (Zn-EDTA)22 et avec le chlorure de calcium. Le calcium peut même favoriser l’absorption de l’azote36. En principe, l’urée est aussi compatible avec le sel d’Epsom22, mais ce mélange cause parfois du dommage au feuillage jeune2. Un traitement d’urée au stade calice en mélange avec le bore et le chlorure de calcium est une avenue intéressante37, mais il est préférable d’appliquer le sel d’Epsom séparément. Aucune forme d’azote ne devrait être appliquée sur les arbres entre le 1er juin36 (environ 10 jours après calice) et la récolte. Lors des traitements, l’urée prend plusieurs heures après séchage avant d’être entièrement absorbée par l’arbre, mais le volume de bouillie (exemple : jusqu’à 6 kg d’urée dans 150 L/ha d’eau38) n’a pas d’effet sur la quantité finale d’azote absorbée par la feuille.

Calcium (Ca)

Le niveau de calcium dans les arbres et dans les fruits est tributaire de la disponibilité du calcium dans le sol et de la charge fruitière. Les apports de calcium devraient être faits en considérant la cause de la carence. Par exemple, les carences (bore, zinc)2 ou certains excès (azote, magnésium)39 et un pH de sol trop faible39 peuvent expliquer les problèmes de calcium. De même, les arbres peu chargés40 et donc avec des fruits plus gros41 sont plus sujets aux désordres comme le point amer (bitter pit) sans que le calcium soit problématique pour une charge fruitière normale.

Plus la croissance est importante, pire sont les problèmes de point amer et ce, peu importe le calcium disponible. La croissance est même utilisée pour prédire le point amer sur Honeycrisp10. Favoriser la formation rapide d’un bourgeon terminal (éviter l’azote et la taille, régulateur de croissance, etc.) augmente donc l’absorption du calcium.

Le chaulage, les apports calciques au sol (ex. : nitrate de calcium), les paillis de bois42 (ex. : bois raméal) contribuent à la fertilisation en calcium, mais ne sont pas toujours efficaces pour augmenter la concentration en calcium des fruits41 et réprimer le point amer43. Les applications foliaires de calcium durant l’été sont souvent essentielles pour prévenir le point amer, mais aussi d’autres désordres physiologiques (ex. : scald32,44, cork spot du poirier45), notamment sur des cultivars comme Cortland39, Spartan7 et Honeycrisp46. Les apports de calcium peuvent aussi contribuer à prévenir les dommages liés au gel hivernal27. Pour des pommes au même niveau de maturité, les apports foliaires de calcium peuvent aussi améliorer la grosseur, la densité, la fermeté, la couleur et l’apparence générale des fruits32,44.

De plus, le calcium a aussi un effet contre les maladies47,48. Les arbres bien fournis en calcium sont moins affectés par le feu bactérien16. Le chlorure de calcium foliaire (mais pas les autres formes de calcium) réprime en partie la tavelure (feuilles et fruits)49, le blanc50, la suie-moucheture51-53, la pourriture amère51,54, la rouille47, Alternaria55 et les pourritures d’entreposage56. La même chose est observée pour plusieurs maladies du poirier57,58. La seule exception est la pourriture blanche associée à Botryosphaeria dothidea qui pourrait être amplifiée par le chlorure de calcium59 mais cette maladie est à peu près absente au Québec. Par ailleurs, le chlorure de calcium inhiberait cette maladie dans la poire, sauf quand la dose de calcium est excessive60.

Cependant, l’ensemble des bénéfices des traitements foliaires de calcium ne sont pas toujours mesurables. Une faible quantité peut suffire à réprimer le point amer, alors que la fermeté et la résistance aux maladies ne sont mesurables qu’avec des apports plus importants5.

Pour assurer un usage optimal et une pénétration suffisante de calcium, des applications répétées sont requises et les traitements doivent généralement commencer avant la mi-juin61. Cependant, l’absorption par les jeunes fruits est variable et la date optimale de début des traitements pourrait varier selon le cultivar62. Steve Hoying (Cornell) recommandait de débuter les traitements de calcium dès la chute des pétales63. Plus de 6 traitements par année peuvent être nécessaires pour en bénéficier44 (ex. : aux 2 semaines), mais la fréquence optimale peut être encore plus élevée. Il est possible d’obtenir un effet positif du calcium avec un seul traitement à deux semaines de la récolte, mais cette pratique est en général risquée (phytotoxicité, maturation plus rapide des fruits, etc.)7 La pénétration du calcium peut être bonne lors des applications tardives, mais les bénéfices pour réprimer le point amer seront moindres43.

Lors des traitements foliaires, la vitesse de pénétration du calcium dans les fruits est assez constante entre 15-30 °C64, mais relativement lente. Il est donc important de choisir un sel avec la pénétration la plus rapide pour éviter les pertes dues au lessivage par la pluie.

Chlorure de calcium (CaCl2)

De toutes les formulations de calcium, le chlorure (CaCl2) vendu sous forme de flocons (77 % CaCl2, soit 28 % Ca) est la plus efficace, la moins chère et son usage est permis en production biologique65. En laboratoire, la vitesse de pénétration du CaCl2 est supérieure à la vitesse de pénétration de la plupart des autres formulations de calcium, incluant les formulations commerciales plus complexes, parfois appelées « organiques » (acétate, carbonate, lactate, proprionate, nitrate)41,43,66. Cette observation s’explique par le fait que le chlorure de calcium a un point de déliquescence très faible. Autrement dit, le chlorure est très hygroscopique. En présence d’humidité, il revient rapidement en solution, ce qui permet son absorption par la plante. Ces résultats ont été confirmés en verger32; les fruits traités avec le chlorure sont plus fermes qu’avec les autres sources de calcium. Aucune autre source de calcium n’est supérieure au chlorure pour réduire le point amer sur Honeycrisp10,46,67. Les formes chélatées de calcium contiennent trop peu de calcium pour être efficaces et ne sont pas recommandées2. Les spécialistes de la fertilisation n’hésitent pas à recommander le chlorure, plus que tout autre produit39.

Malgré ses qualités, le chlorure de calcium peut devenir problématique quand la vitesse de pénétration dépasse la capacité de la plante. Le chlorure de calcium devient alors phytotoxique et cause une brûlure du feuillage. La sévérité de la brûlure est variable et ne porte pas toujours à conséquence. Cet effet est observé notamment lorsque la dose par hectare est excessive et que le produit est appliqué lors de conditions de séchage très lentes, lorsque la température dépasse 26-27 °C, que le feuillage est très jeune et sensible à cause du temps très nuageux39, qu’il est déjà fragilisé par des ravageurs (ex. : acariens), ou en fin de saison32. Certains cultivars sont aussi plus sensibles (ex. : Empire39,68). Néanmoins, il est possible d’utiliser le chlorure de calcium de façon sécuritaire : la clé est d’ajuster la dose de chlorure de calcium à la baisse, d’éviter des mélanges trop agressifs et de s’ajuster aux circonstances. Par exemple, attendre la baisse de la température en soirée avant de traiter. L’ajout d’adjuvants et d’agents mouillants (ex. : LI-700, vinaigre) pour ajuster le pH (pH = 6) et limiter l’accumulation de grosses gouttes sur le bout des feuilles peut aider39, mais seulement lorsque le chlorure de calcium est appliqué seul. Ces produits ne sont pas nécessaires pour l’absorption du chlorure de calcium, mais bien pour éviter une accumulation locale de la bouillie caustique. Lorsque le chlorure de calcium est utilisé en mélange avec des pesticides commerciaux, les adjuvants additionnels ne sont pas nécessaires et peuvent causer des problèmes.

Pour clore le sujet, certains produits à base de calcium indiquent que les formulations à base de chlore sont à proscrire en lien avec les risques décrits précédemment, et d’autres risques non spécifiés. Tant que les précautions sont suivies, le chlorure de calcium est efficace, sécuritaire et avantageux. Aucune justification environnementale ou agronomique fondamentale qui pourrait justifier son abandon n’a été trouvée dans le cadre de cette revue de la littérature scientifique.

Directives pour les traitements foliaires de chlorure de calcium : Débutez les applications entre la fin mai et le début juin et continuez jusqu’à la récolte en baissant graduellement la fréquence. Par exemple, chaque semaine en juin (4 applications), chaque 10 jours en juillet (3 applications) et aux deux semaines par la suite (3 applications). Les applications hâtives sont les plus efficaces contre le point amer et les applications tardives apportent les autres bénéfices43. La dose usuelle de chlorure de calcium varie selon le moment de l’application et débute à 4 kg/ha39,63 , monte à 7 kg/ha62, 9 kg/ha44 et même plus43,63 par traitement. Il est toujours préférable d’augmenter le nombre de traitements et diminuer la dose que l’inverse. Un programme entre 30 et 72 kg/ha par saison de la formulation est recommandé (8 à 10 applications)39,69 pour un total approximatif entre 8 et 20 kg/ha de calcium par année. Sur des petits arbres (TRV-Tree Row Volume faible), les programmes avec moins de 3,25 kg/ha de calcium élémentaire, soit environ 12 kg/ha de formulation pendant la saison, n’ont aucun effet mesurable67. En absence de pluie, il n’est pas utile de renouveler un traitement encore en place.

La quantité à appliquer doit être ajustée à la dimension des arbres (ex. : Tree Row Volume). Cependant, le volume de bouillie n’a pas d’impact sur l’absorption. Pour une même quantité par hectare, les traitements en concentré (ex. : 250 L/ha ou même moins) sont aussi efficaces que les traitements en dilué62,70. Les traitements avec un volume réduit sont souvent moins phytotoxiques qu’en dilué68, mais la phytotoxicité peut être aggravée si le pulvérisateur est mal calibré39. À raison de 1 $/kg pour le chlorure de calcium, le coût des traitements (ex. : 10 applications à 4-10 kg/ha ≃ 70 $/ha) est très faible.

Notes additionnelles pour les traitements foliaires de chlorure de calcium : Si une application de chlorure de calcium coïncide avec un traitement de APOGEE ou de KUDOS, ne mélangez pas les produits71. Traitez APOGEE ou KUDOS au moins deux ou trois jours avant le calcium pour assurer l’efficacité du régulateur de croissance72. L’hormone sera moins efficace si elle est appliquée sur des résidus de calcium71. Si possible, attendez qu’une pluie lessive un peu le calcium avant d’appliquer l’hormone.

Le chlorure de calcium est incompatible63 avec le sel d’Epsom22,39 et génère un précipité de sulfate de calcium2 (plâtre de Paris) qui peut bloquer les buses. En absence de blocage avec votre équipement, ce mélange fonctionne.

Le mélange du chlorure de calcium et du bicarbonate de potassium produit une suspension de carbonate de calcium qui est très peu efficace comme source de calcium43 et annule l’effet fongicide du bicarbonate73.

Techniquement, le chlorure de calcium peut être ajouté en mélange avec la plupart des pesticides utilisés en été39, incluant le soufre74. Les risques de brûlure associés au mélange de chlorure de calcium et soufre (toutes les formes) sont probablement liés aux années avec un climat très nuageux ou pluvieux pendant la période de division cellulaire des fruits (1 mois suivant la floraison). Le problème n’est pas observé dans les pays très ensoleillés comme l’Afrique du Sud.

Il est possible de mélanger le chlorure de calcium et le Captan, tant qu’un surfactant n’est pas ajouté au mélange39. Au stade calice, le mélange de bore et de chlorure de calcium améliore la pénétration du bore75.

Après la récolte : Le trempage des fruits dans le chlorure de calcium après récolte a peu d’efficacité contre le point amer, mais peut réduire une partie des problèmes de sénescence7. C’est une solution de dernier recours39.

Autres formulations de calcium :

D’autres produits à base de calcium existent, mais ont des lacunes importantes. La plupart contiennent très peu de calcium et sont chers, et/ou contiennent de l’azote. Ils sont aussi responsables de phytotoxicité. Par exemple, le nitrate de calcium est plus souvent sujet à la phytotoxicité sur poiriers45, à causer des dommages aux lenticelles des fruits (Idared, Spartan)69 et un liège sur des cultivars comme la Délicieuse2. Le nitrate de calcium et les formulations de chélatés de tous les minéraux76 pourraient même favoriser d’autres maladies à la surface des fruits77. Le chlorure de calcium a donc graduellement remplacé le nitrate qui était recommandé avant 19607. Par ailleurs, le phosphite de calcium (aussi appelé phosphonate), laisse des résidus très persistants dans les arbres pendant des années (voir la fiche sur la Description des produits bactéricides, de lutte biologique et éliciteurs).

Bore (B)

Le bore est essentiel à la floraison de l’année en cours, la nouaison78 et la formation des bourgeons pour l’année suivante. Le bore prévient aussi une partie des dommages de gel durant la fleur79, la roussissure sur les jeunes fruits12 et le cœur liégeux en été. Les carences en bore sont fréquentes en verger75, notamment en période de sécheresse2 et affectent, entre autres, l’absorption du calcium et du potassium78. Les applications au sol peuvent suffire, mais les applications foliaires répondent plus rapidement aux besoins de la plante au printemps.

Dans le contexte de la phytoprotection, le bore a un effet reconnu pour inhiber les champignons, dont la tavelure du pommier80,81, au point où une application foliaire de bore pourrait remplacer un traitement fongicide80. À la dose de 2 kg/ha d’acide borique (350 g/ha B), le bore serait aussi efficace que des traitements de référence autant en protection qu’en post-infection81. Le bore foliaire réduit aussi les risques de pourriture amère17. Les excès de bore sont rares, mais peuvent augmenter la sensibilité au feu bactérien16. Les traitements foliaires sont recommandés avant la floraison, au stade calice et en post-récolte79. Cependant, le bore est reconnu phytotoxique durant la floraison80.

Directives pour les traitements foliaires de bore

Le bore est obtenu par l’application d’acide borique (H3BO3, borax, 17,5 % bore), de solubor (Etidot-67 EP) (disodium octaborate tetrahydrate, Na2B8O13.4 H2O, 20 % bore) ou d’autres formulations. Toutes les formes commerciales de bore incluant le « borax » (utilisé sans préférence dans ce texte) sont équivalentes et il n’est pas pertinent de payer plus cher pour celles qui font la promotion d’adjuvants particuliers (ex. : urée, sucres, acides)82.

L’apport annuel « classique » en bore de 0,56 kg/ha75 ou de 1,12 kg/ha dans les sols plus légers82 est obtenu par une application annuelle minimale de 2,8 kg/ha à 5,6 kg/ha de borax. La dose foliaire totale annuelle suggérée varie selon l’apport au sol et peut atteindre 9 kg/ha de formulation par année. Comme les excès de bore peuvent mener à une toxicité, votre apport annuel doit reposer sur des analyses foliaires.

Les applications de bore devraient être fractionnées et appliquées au stade bouton rose75 et après la floraison82, par exemple lors du premier traitement avec le chlorure de calcium75. En cas de carence, le bore est recommandé parfois dès le stade du débourrement avancé22 et jusqu’à un mois après la chute des pétales2,78. Les applications plus tard en saison (juillet et août) ne sont pas recommandées et pourraient provoquer un mûrissement hâtif2. Cependant, une application foliaire après récolte sur du feuillage encore fonctionnel est bénéfique pour mieux passer l’hiver2. Le fractionnement en plusieurs doses pourrait permettre de mieux profiter de l’action fongicide (ex. : 5 applications de 0,6 à 1 kg de formulation par hectare) mais cette dose est peut-être insuffisante comme fongicide.

Deux restrictions importantes sont à considérer : le bore est incompatible en mélange avec l’huile et avec les sachets hydrosolubles (ex. : Captan WSP). Diluez les sachets dans l’eau avant d’ajouter le bore ou prévoyez une formulation liquide de Captan (formulation SC).

Calendrier de fertilisation foliaire (azote, bore, calcium)

Les apports de magnésium et de zinc débordent de cette fiche mais sont inclus dans le calendrier, parce que les carences de ces minéraux sont fréquentes dans le Nord-Est de l’Amérique2. Il est recommandé de confirmer les besoins en ces éléments par une analyse foliaire. Les apports de magnésium peuvent être faits au sol (chaux dolomitique), mais pour le zinc, les applications foliaires sont plus fiables et plus rentables que les apports au sol ou par fertigation78.

Cliquez ici pour télécharger le tableau complet.

 

 

Le symbole « + » précise que le mélange en réservoir est préconisé. Ex. : Urée + Bore

Préfloral :

  • Débourrement avancé : Urée (3 kg/ha) + Zinc-EDTA
  • Bouton rose : Urée (3 kg/ha) + 0,6 kg/ha de formulation bore (ex. : Borax) (+ Zinc-EDTA si souhaité)
  • Bouton rose avancé : même recette

Floraison :

  • Urée (3 kg/ha)

Stade calice (chute des pétales) :

  • Trio du calice ABC (Azote, Bore, Calcium) : Urée (3 kg/ha) + Borax (0,6 kg/ha) + Chlorure de calcium (4 kg/ha)

Nouaison :

  • Urée (3 kg/ha) (dernier) + Sel d’Epsom (magnésium) (45 kg/ha)2
  • Traitement séparé si du magnésium est appliqué : Borax (0,6 kg/ha) + Chlorure de calcium (4 kg/ha) (par exemple avec un fongicide)
  • Fin de l’azote 28 jours après la floraison : pour un total de 6 applications d’urée.

Mi-juin :

  • Sel d’Epsom (magnésium) + Zinc-EDTA + Borax (0,6 kg/ha) OU
  • Borax (0,6 kg/ha) + Chlorure de calcium (4 kg/ha) (par exemple avec un fongicide)
    (Pour un total de 5 applications de bore en fractionnement)

Fin juin :

  • Sel d’Epsom (magnésium) + Zinc-EDTA
  • Traitement séparé : Chlorure de calcium (par exemple avec un fongicide)

Été :

  • Chlorure de calcium à intervalles réguliers (ex. : chaque deux semaines). (Attention, voir risques de brûlure plus haut dans le texte)

Post récolte (sur les arbres encore verts) :

  • Borax (0,6 kg/ha) + Urée (jusqu’à 50 kg/ha, en absence de chancre européen)

 

 

Références

  1. Wünsche, J.N. & Lakso A.N. Apple tree physiology-implications for orchard and tree management. Compact Fruit Tree. 33, 82-8 (2000).
  2. Stiles, W.C. & Reed W.S. Orchard nutrition management. Cornell Univ. Ext. Info. Bul. (1991).
  3. Hoying, S., Fargione, M. & Lungerman, K. Diagnosing apple tree nutritional status: leaf analysis interpretation and deficiency symptoms. New York Fruit Quartely .12, 16-9 (2004).
  4. Stiles, W.C. Soil analysis and interpretation. New York Fruit Quartely. 12, 28-30 (2004).
  5. Fallahi, E., Conway, W.S., Hickey, K.D. & Sams, C.E. The role of calcium and nitrogen in postharvest quality and disease resistance of apples. HortScience American Society for Horticultural Science. 32, 831-5 (1997).
  6. Hill, H. Foliage analysis as a means of determining orchard fertilizer requirements. Hort. Congr. Lond. (1952).
  7. Bramlage W.J., Drake M. & Lord W.J. The influence of mineral nutrition on the quality and storage performance of pome fruits grown in North America. Acta Hortic. 92, 29-40 (1980).
  8. Sharples, R.O. The influence of orchard nutrition on the storage quality of apples and pears grown in the United Kingdom. Acta Hortic. 92, 17-28 (1980).
  9. Raese, J.T., Drake, S.R. & Curry, E.A. Nitrogen Fertilizer Influences Fruit Quality, Soil Nutrients and Cover Crops, Leaf Color and Nitrogen Content, Biennial Bearing and Cold Hardiness of ‘Golden Delicious’. J. Nutr. 30, 1585-604 (2007).
  10. Baugher T.A., Marini R., Schupp J.R. & Watkins, C.B. Prediction of Bitter Pit in ‘Honeycrisp’Apples and Best Management Implications. HortScience American Society for Horticultural Science. 52, 1368-74 (2017).
  11. Raese, J.T. & Staiff, D.C. Fruit calcium, quality and disorders of apples (Malus domestica) and pears (Pyrus communis) influenced by fertilizers. Plant Nutr. Tree Physiol. Appl. 41, 619-23 (1990).
  12. Lindner, L. Die Problematik der Fruchtberostung und des „Weißen Hauches“. Obstbau Weinbau. 45, 377-80 (2008).
  13. Leser C. & Treutter D. Effects of nitrogen supply on growth, contents of phenolic compounds and pathogen (scab) resistance of apple trees. Physiol. 123, 49-56 (2005).
  14. Jackson, H.S. Fire blight of pear and apple. Oregon Agricultural College and Experiment Station. (1910).
  15. Parker, K.G., Fisher, E.G. & Mills, W.D. Fire blight on pome fruits and its control. New York State College of Agriculture. (1956).
  16. Zwet T. & Keil H.L. Fire blight, a bacterial disease of Rosaceous plants. Agric. Handbook. (1979).
  17. Everett, K.R., et al. The influence of nutrition, maturity and canopy density on the incidence of apple bitter rot. N Z Plant Prot. 69, 99-110 (2016).
  18. Dordas, C. Role of nutrients in controlling plant diseases in sustainable agriculture. A review. Agron. Dev. 28, 33-46 (2008).
  19. Bubán, T., Földes, L., Fekete, Z., Rademacher, W. Effectiveness of the resistance inducer prohexadione-Ca against fireblight in shoots of apple trees inoculated with Erwinia amylovora. EPPO Bull. 34, 369-76 (2004).
  20. Dryden, G.H., Nelson, M.A., Smith, J.T. & Walter, M. Postharvest foliar nitrogen applications increase Neonectria ditissima leaf scar infection in apple trees. N. Plant Prot. 69, 230-7 (2016).
  21. Sugar, D., Righetti, T.L., Sanchez, E. & Khemira, H. Management of Nitrogen and Calcium in Pear Trees for Enhancement of Fruit Resistance to Postharvest Decay. HortTech. 2, 382-7 (1992).
  22. Cheng, L., Robinson, T. & Autio, W.R. Nutrient Management of Apple Orchards. In: New england tree fruit management guide. N. E. Tree Fruit Manag. 100-8 (2010).
  23. Hansen, P. Yield components and fruit development in ‘Golden Delicious’ apples as affected by the timing of nitrogen supply. Sci. 12, 243-57 (1980).
  24. Dong, S., Cheng, L., Scagel, C.F. & Fuchigami L.H. Timing of urea application affects leaf and root N uptake in young Fuji/M. 9 apple trees. J. Sci. Biotechnol. 80, 116–120 (2005).
  25. Fisher, E.G. The principles underlying foliage applications of urea for nitrogen fertilization of the McIntosh apple. Amer. Soc. Hort. Sci. 91–98 (1952).
  26. Wargo, J.M., Merwin, I.A. & Watkins, C.B. Fruit size, yield, and market value of « GoldRush » apple are affected by amount, timing and method of nitrogen fertilization. HortTech. Soc. Hort. Sci. 13, 153-61 (2003).
  27. Raese, J.T. Calcium nutrition affects cold hardiness, yield, and fruit disorders of apple and pear trees. J. Plant Nutr. 19, 1131–1155 (1996).
  28. Stoddard, E.M. Fungicidal synergism between urea and sulfur. Phytopath. 40 (1950).
  29. Palmiter, D.H. & Hamilton. J.M. Influence of Certain Nitrogen and Fungicide Applications on Yield and Quality of Apples. 766, 1-41 (1954).
  30. Basak, A. The search for safer technologies of apple fruitlets thinning. ISHS Acta Horticul. 329, 240–242 (1993).
  31. Mayland, H. & Cary J.W. Frost and chilling injury to growing plants. Adv. Agron. 22, 203-34 (1970).
  32. Raese, J.T. & Drake S.R. Effect of calcium spray materials, rate, time of spray application, and rootstocks on fruit quality of ‘red’ and ‘golden delicious’ apples. J. Plant Nutr. 23, 1435-47 (2000).
  33. Sharples, R.O. & Little, R.C. Experiments on the use of calcium sprays for bitter pit control in apples. J. Sci. 45, 49-56 (1970).
  34. Meheriuk, M. Skin color in ‘Newtown’ apples treated with calcium nitrate, urea, diphenylamine, and a film coating. HortSci. 25, 775-6 (1990).
  35. Cheng, L. & Schupp, J. Nitrogen fertilization of apple orchards. N. Fruit. Q. 12, 22-5 (2004).
  36. Swietlik, D. The Interaction between Calcium Chloride and Ammonium-Nitrogen on Growth, Nitrogen Uptake and Translocation in Apple and Sour Orange. ISHS Acta Horticul. 721, 159–164 (2005).
  37. Stover, E., Fargione, M., Risio, R., Stiles, W. & Lungerman, K. Prebloom Foliar Boron, Zinc, and Urea Applications Enhance Cropping of Some ‘Empire’ and ‘McIntosh’ Apple Orchards in New York. HortSci. 34, 210-4 (1999).
  38. Toselli, M., Tagliavini, M., Le Bris, K., Thalheimer, M., Paoli, N., Gioacchini, P. & Scudellari, D. Leaf uptake and tree partitioning of urea-N as affected by concentration and volume of sprayed solution and leaf age of apple trees. ISHS Acta Hortic. 594, 591-594 (2002).
  39. Watkins, C., Schupp, J. & Rosenberger, D. Calcium Nutrition and Control of Calcium-related Disorders. N. Fruit Q. 12, 15-21 (2004).
  40. Telias, A., Hoover, E., Rosen, C., Bedford, D. & Cook, D. The effect of calcium sprays and fruit thinning on bitter pit incidence and calcium content in ‘Honeycrisp’ apple. J. Plant Nutr. 29, 1941–1957 (2006).
  41. Yamane, T. Foliar Calcium Applications for Controlling Fruit Disorders and Storage Life in Deciduous Fruit Trees. Jpn. Res. Q. JARQ. 48, 29-33 (2014).
  42. Yao, S., Merwin, I.A., Bird, G.W., Abawi, G.S. & Thies, J.E. Orchard floor management practices that maintain vegetative or biomass groundcover stimulate soil microbial activity and alter soil microbial community composition. Plant Soil. 271, 377–389 (2005).
  43. Neilsen, G., Neilsen, D., Dong, S., Toivonen, P. & Peryea, F. Application of CaCl2 sprays earlier in the season may reduce bitter pit incidence in ‘Braeburn’ apple. HortSci. 40, 1850–1853 (2005).
  44. Kadir, S.A. Fruit Quality at Harvest of “Jonathan” Apple Treated with Foliarly-Applied Calcium Chloride. J. Plant Nutr. 27, 1991-2006 (2005).
  45. Richardson, D.G. & Lombard, P.B. Cork spot of anjou pear: Control by calcium sprays. Commun. Soil Sci. Plant Anal. 10, 383-9 (1979).
  46. Biggs, A.R. & Peck, G.M. Managing bitter pit in ‘honeycrisp’ apples grown in the mid-atlantic united states with foliar-applied calcium chloride and some alternatives. HortTech. 25, 385-91 (2015).
  47. Biggs, A.R., Hogmire, H.W. & Collins, A.R. Assessment of an alternative IPM program for the production of apples for processing. Plant Dis. 84, 1140–1146 (2000).
  48. Cooley, D.R, Aluja, M., Leskey, T.C. & Vincent, C. Biorational approaches to disease management in apples. Biorational Tree Fruit Pest Manag. 214–252 (2009).
  49. Percival, G.C. & Haynes, I. The influence of calcium sprays to reduce fungicide inputs against apple scab (Venturia inaequalis (Cooke) G. Wint.). Arboric. Urban For. 35, 263–270 (2009).
  50. Al-Rawashd, Z. Ability of Mineral Salts and Some Fungicides to Suppress Apple Powdery Mildew Caused by the Fungus Podosphaera leucotricha. Asian J. Plant Pathol. 7, 54-9 (2013).
  51. Biggs, A.R. Effects of Calcium Salts on Apple Bitter Rot Caused by Two Colletotrichum Plant Dis. 83, 1001-5 (1999).
  52. Cooley, D.R., Autio, W.R., Tuttle, A. & Krupa, J. Alternative fungicides for management of sooty blotch and flyspeck. Fruit Notes. 71, 3 (2006).
  53. Gleason, M.L., Batzer, J.C., Sun G, et al. A New View of Sooty Blotch and Flyspeck. Plant Dis. 95, 368-83 (2011).
  54. Boyd-Wilson, K.S.H., Butler, R.C., Alspach, P.A., Everett. K.R., Pushparajah, I.P.S. & Walter, M. Compounds alone and in combination with yeasts to control Colletotrichum acutatum in apples. Australas. Plant Pathol. 43, 703-14 (2014).
  55. Biggs, A.R., Ingle, M. & Solihati, W.D. Control of Alternaria infection of fruit of apple cultivar Nittany with calcium chloride and fungicides. Plant Dis. 77, 976-80 (1993).
  56. Trapman, M. & Jansonius, P.J. Disease management in organic apple orchards is more than applying the right product at the correct time. Ecofruit Internet Fördergemeinschaft Ökologischer Obstbau eV (FÖKO). 16–22 (2008).
  57. Sugar, D., Powers, K.A. & Hilton, R.J. Enhanced resistance to side rot in pears treated with calcium chloride during the growing season. Plant Dis. 75, 212-214 (1991).
  58. Sugar, D., Benbow, J.M., Powers, K.A. & Basile, S.R. Effects of sequential calcium chloride, ziram, and yeast orchard sprays on postharvest decay of pear. Plant Dis. 87, 1260-1262 (2003).
  59. Biggs, A.R. Effect of inoculum concentration and calcium salts on infection of apple fruit by Botryosphaeria dothidea. Plant Dis. 88, 147-151 (2004).
  60. Sun, X., Pan, B., Wang, Y., Xu, W. & Zhang, S. Exogenous Calcium Improved Resistance to Botryosphaeria dothidea by Increasing Autophagy Activity and Salicylic Acid Level in Pear. Mol. Plant Microbe Interact. Am. Phytopath Society. 9, 1150-1160 (2020).
  61. Peryea, F.J., Neilsen, G.H. & Faubion, D. Start-timing for calcium chloride spray programs influences fruit calcium and bitter pit in ‘Braeburn’ and ‘Honeycrisp’ apples. J. Plant Nutr. 30, 1213-1227 (2007).
  62. Wojcik, P. Effect of calcium chloride sprays at different water volumes on “Szampion” apple calcium concentration. J. Plant Nutr. 24, 639–650 (2001).
  63. Calcium sprays for bitter pit should start at petal fall. Good Fruit Grower. (2013).
  64. Schönherr J. Characterization of aqueous pores in plant cuticles and permeation of ionic solutes. J. Bot. 57, 2471-2491 (2006).
  65. Systèmes de production biologique : listes des substances permises. Gouvernement du Canada. (2020).
  66. Schönherr, J. Foliar nutrition using inorganic salts: laws of cuticular penetration. ISHS Acta Hotric. 594, 77–84 (2001).
  67. Rosenberger, D.A., Schupp, J.R., Hoying, S.A., Cheng, L. & Watkins, C.B. Controlling bitter pit in « Honeycrisp » apples. HortTech. 14, 342–349 (2004).
  68. Rosenberger, D. Don’t burn the fruit! Scaffolds Fruit J. 8(16), 4-5 (1999).
  69. Apple Best Practice Guide. NIAB.
  70. Greene, G.M. & Smith, C.B. The influence of calcium chloride rate and spray method on the calcium concentration of apple fruits. ISHS Acta Hortic. 92, 316-317 (1980).
  71. Greene, D.W. & Autio, W.R. Apogee®-a new growth retardant for apples. Univ. Ext. Factsheet. F-127R. (2002).
  72. Rademacher, W. & Kober, R. Efficient Use of Prohexadione-Ca in Pome Fruits. Eur. Hortic. Sci. 68, 101-107 (2003).
  73. Montag, J., Schreiber, L. & Schönherr, J. An in vitro study on the postinfection activities of hydrated lime and lime sulphur against apple scab (Venturia inaequalis). J. 153, 485–491 (2005).
  74. Børve, J., Røen, D. & Stensvand, A. Alternative methods to reduce storage decay in organic apple production; time of harvest and calcium applications. . IOBC-WPRS Bull. 47, 61-64 (2004).
  75. Peryea, F.J., Neilsen, D. & Neilsen, G. Boron Maintenance Sprays for Apple: Early-season Applications and Tank-mixing with Calcium Chloride. 38, 542-546 (2003).
  76. Baric, S., Lindner, L., Marschall, K. & Dalla Via, J. Haplotype diversity of Tilletiopsis causing white haze in apple orchards in Northern Italy. Plant Pathol. 59, 535–541 (2010).
  77. Marschall, K., Rizzolli, W. & Reyes-Domingez, Y. Leaf fertilizer applications promote white haze and sooty mould in apple. IOBC-WPRS Bull. 110, 77 (2015).
  78. Stiles, W.C. Micronutrient management in apple orchards. N. Y. Fruit Q. 12, 5-8 (2004).
  79. Štampar, F., Hudina, M., Dolenc, K. & Usenik, V. Influence of foliar fertilization on yield quantity and quality of apple (Malus domestica). Improved crop quality by nutrient management. 91-94 (1999).
  80. Arslan, U. Efficacy of Boric Acid, Monopotassium Phosphate and Sodium Metabisulfite on the Control of Apple Scab. J. 164, 678-685 (2016).
  81. Bugiani, R., Donati, G. & Capriotti, M., et al. Evaluation of boric acid activity against apple scab (Venturia inaequalis) in semi-field and field trials. Giornate Fitopatologiche. 27-36 (2020).
  82. Peryea, F.J. Comparison of commercial boron spray products applied at the pink flowering stage on ’Fuji’ apple. Hortsci. 40, 1487-1492 (2005).

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

Auteur de la première édition : Paul-Émile Yelle
Auteure de la mise à jour 2023 : Evelyne Barriault
Dernière mise à jour par l’auteure : 27 mars 2023

 

La production de pommes de qualité est incontournable pour assurer la rentabilité de son verger. Les pommes de belle apparence, au bon goût et avec une bonne fermeté attirent le consommateur et par le fait même les acheteurs. Non seulement un meilleur prix est assigné aux pommes de qualité, mais cela est devenu une nécessité pour être en mesure de les vendre. Plusieurs facteurs entrent en jeu pour réussir à produire des pommes de qualité, incluant la formation et l’entretien des pommiers, une charge de fruits adéquate, sans parler de la prévention des dégâts causés par les maladies et les ravageurs. Toutefois il faut commencer par la base, un sol en santé, bien fertilisé et amendé. Les bénéfices s’appliqueront non seulement à la production, mais également à la santé des arbres et à leur pérennité.

Les analyses de sol en surface (0-20 cm) et en profondeur (20-40 cm) des parcelles du verger sont des outils indispensables pour bien orienter les pratiques de fertilisation. Ces analyses devraient être prises tous les 5 ans dans les sols à texture moyenne tels que les loam, les loam sablo-argileux ou argileux. Les sols à texture grossière tels que les sables ou loam sableux ont une moins grande capacité à fixer les éléments et sont donc plus sujets au lessivage et à l’acidification. C’est pourquoi, il est recommandé d’y appliquer de plus petites doses de chaux et d’éléments nutritifs mais plus souvent et de les analyser plus fréquemment, soit aux 2 à 3 ans. Les analyses foliaires et les observations en verger permettent de valider et d’ajuster ces pratiques en plus d’orienter la fertilisation foliaire. Les analyses foliaires devraient être prises environ 60 à 70 jours après la chute des pétales, soit de la mi-juillet à la fin juillet, sauf pour la variété Honeycrisp pour laquelle de récentes études réalisées à l’université Cornell ont démontré qu’il était préférable de prélever les échantillons 1 mois avant, soit de la mi à la fin juin. En effet, la croissance annuelle des pousses de la variété Honeycrisp s’arrête plus tôt que les autres variétés et la chlorose internervaire, caractéristique des feuilles de cette variété, affecte leur teneur en éléments minéraux, particulièrement l’azote. Le choix du porte-greffe a aussi un impact sur l’assimilation des nutriments dans l’arbre, voir le fascicule 3 du guide d’implantation d’un verger de pommier; cultivars et porte-greffes.

La fertilisation du verger n’est pas une simple pratique répétitive applicable annuellement ou aux deux ans pour s’assurer que tout se développe correctement. Son utilisation doit être justifiée et déterminée par différents repères et son but est d’assurer un apport adéquat au pommier pour un bon développement des jeunes arbres, le maintien de leur santé ainsi que des récoltes optimales en termes de quantité et de qualité.

Certains aspects reliés au sol ont déjà été discutés dans la fiche sur la Gestion du sol et du sous-sol et ont une influence directe sur la fertilisation. Par exemple, la structure du sol et la compaction, tout comme la texture du sol et son contenu en matière organique. L’apport en eau revêt également une importance considérable dans l’alimentation des pommiers en maintenant le sol humide, ce qui favorise le transport des éléments nutritifs et leur maintien près de la zone racinaire1,2. Les aspects reliés directement à la nutrition minérale du pommier sont abordés dans cette fiche. Les rôles que sont appelés à jouer les principaux éléments dans la croissance des arbres et la production des fruits sont détaillés.

Azote (N)

L’azote est une composante essentielle des enzymes et des protéines, les blocs de constructions reliés à la croissance. Cet élément, comme le magnésium, se retrouve au centre même de la chlorophylle. Dans les jeunes plantations, la croissance est essentielle au bon développement des jeunes arbres et à leur atteinte rapide du gabarit souhaité. Le tout pour obtenir de bons rendements de façon précoce et rentabiliser les parcelles. Une fois en production, l’azote est un élément important pour tous les organes de l’arbre. Toutefois, les excès comme les carences peuvent être très nuisibles.

Un manque d’azote peut mener à un feuillage vert pâle ou même jaunâtre, qui apparaît d’abord sur les feuilles plus vieilles, puisque l’azote est mobile et se déplace vers les points de croissance. À l’automne, les feuilles peuvent tomber plus rapidement. La grosseur des fleurs ainsi que leur période de pollinisation est réduite, de même que la nouaison. La tendance à l’alternance de la production une année sur deux peut augmenter, de même que la chute physiologique des fruits (chute de juin). Une croissance annuelle limitée est aussi observable lorsqu’il y a carence en azote. Les fruits demeurent petits et sont plus colorés. À l’opposé, un excès peut mener à un feuillage très dense et foncé ainsi qu’à de gros fruits peu colorés qui se conservent mal. De surcroît, des apports excessifs favorisent la croissance végétative au détriment de la production de fruits et compliquent la gestion des maladies, tel qu’expliqué dans la fiche sur La fertilisation sans nuire à la phytoprotection.

Au tout début de la saison, les arbres comptent sur leurs réserves accumulées dans les bois et les racines pour initier leur croissance. Les apports d’azote doivent toutefois être effectués tôt en saison pour favoriser la croissance en mai et juin. Les apports trop tardifs encouragent une croissance tardive, nuisant à un bon aoûtement. Le moment exact de l’application sera déterminé en fonction de la source d’azote employée, puisque les différentes formes utilisées requièrent des transformations chimiques et microbiennes dans le sol afin d’être assimilables plus ou moins rapidement par les racines :

  • L’urée (46-0-0) est plus lente à agir et peu recommandée pour utilisation au sol en pomiculture, sauf pour la réduction de l’inoculum de tavelure (voir la fiche sur La tavelure : stratégies générales de lutte). Elle est toutefois bien assimilée au niveau foliaire et son usage en pulvérisation nutritive est recommandé en début de saison pour stimuler une vigueur hâtive et une meilleure nouaison.
  • Les phosphates d’ammonium tel que le MAP, phosphate mono-ammoniacal (11-52-0) et le DAP, phosphate bi-ammoniacal (18-46-0), fournissent de l’azote et une quantité considérable de phosphore, qui n’est souvent pas nécessaire. Ils nécessitent moins de transformations dans le sol et sont donc assez rapidement disponibles pour les plantes, mais doivent être appliqués tôt en saison (au débourrement ou un peu avant) pour être assimilés au bon moment par les racines. À court terme, le MAP produit une réaction acide dans le sol tandis que le DAP produit une réaction alcaline. Toutefois, à long terme ces deux types d’engrais sont acidifiants pour le sol3.
  • Le nitrate de calcium (15,5-0-0) est une source plus coûteuse, très soluble et rapidement assimilable qui peut être appliquée jusqu’au stade calice.
  • Les engrais organiques tels que les fumiers et les composts peuvent fournir une source d’azote et autres minéraux en verger sous régie conventionnelle ou biologique. Toutefois, il est important de les analyser afin de comptabiliser leurs apports. Le moment d’application, tôt au printemps pour les composts et après la récolte à l’automne pour les fumiers, est également important afin d’éviter les inconvénients liés à leur minéralisation (voir la fiche sur la Gestion du sol et du sous-sol pour d’information). Il est souvent difficile d’appliquer les fumiers en automne avant la date limite des épandages soit le 1er octobre (article 31 du REA) car la récolte est souvent en cours. Le fumier est donc généralement appliqué au printemps au Québec. Des préparations commerciales de fumiers de poulet, rapidement assimilables par les plantes tel que l’ACTI-SOL, sont également disponibles et peuvent être appliquées entre le débourrement et le stade pré-bouton rose. Attention : la certification CanadaGAP stipule l’application de fumier 120 jours avant la récolte.

Le dosage de l’azote mérite une attention particulière. En plus des résultats d’analyse foliaire et du pourcentage de matière organique indiqué par l’analyse de sol, d’autres critères doivent être considérés, incluant le cultivar, le porte-greffe, l’état général de l’arbre, son âge, la longueur de la pousse annuelle, la productivité, la grosseur et la coloration du fruit et sa conservation.

Phosphore (P)

Le phosphore est essentiel à l’activité du pommier par son rôle dans le transport des hydrates de carbone (énergie) produits par la photosynthèse. Il est associé au bon développement racinaire, à la formation des pépins, à la fructification et à la coloration des fruits. La quantité de phosphore prélevée directement par le pommier est faible comparativement au potassium et à l’azote (voir le tableau à la fin de cette fiche). Cet élément est peu mobile dans le sol. Une fois les pommiers implantés, les applications en surface sont peu efficaces car elles pénètrent lentement dans le sol et ne rejoignent que partiellement les racines situées dans les premiers centimètres du sol.

De plus, une fertilisation abusive en phosphore présente des risques environnementaux, notamment une croissance excessive d’algues et l’eutrophisation des plans d’eau. C’est pourquoi le phosphore est visé au premier plan dans la réglementation agroenvironnementale. Comme cet élément est peu mobile dans le sol, la pollution des eaux peut être engendrée par l’érosion de sol fertile ou le ruissellement à la suite de pluies importantes. La présence d’un couvert végétal dans les vergers et le fait que la pomme ne soit pas une culture sarclée réduisent ces risques pour cette production. Toutefois, certaines situations de déséquilibre anionique peuvent rendre le phosphore lessivable dans le sol et c’est pourquoi il faut tenir compte de l’indice de saturation en phosphore (ISP), qui est exprimé par un rapport entre le phosphore et l’aluminium ainsi que des valeurs critiques en fonction des textures de sol. Pour plus d’informations, se référer à la page 177 du Guide de référence en fertilisation.

Il est aussi important de noter que des taux élevés de phosphate peuvent augmenter les carences en zinc et en cuivre.

Il faut donc incorporer le phosphore au sol, là où se développera la zone racinaire et ce, avant la plantation. L’incorporation de taux appropriés de phosphate, représentant parfois un apport important durant la préparation du sol en pré-plantation, devrait donc fournir le phosphore suffisant pour la durée de vie du verger, si le pH du sol est maintenu entre 6,0 à 6,5 dans toute la zone racinaire. Le chaulage des sols acides pourra donc être recommandé pour améliorer la disponibilité du phosphore. Pour de plus amples informations à ce sujet, se référer à la fiche sur l’Apport de chaux.

La présence de mycorhizes sur les racines de pommier peut aussi favoriser une meilleure absorption du phosphore par les racines. En effet, ces champignons bénéfiques vivent en symbiose avec les racines. Ces dernières fournissent des sucres issus de la photosynthèse aux champignons qui, en retour, leur fournissent de l’eau et des éléments minéraux tel que le phosphore. Certaines pratiques ont pour effet de favoriser la présence de mycorhizes dans les vergers. Par exemple, des préparations commerciales de mycorhizes peuvent être ajoutées avant ou au moment de la plantation. L’ajout dans le couvre-sol de plantes qui favorisent leur présence, telles que les légumineuses, la phacélie et le tournesol, sont également de bonnes pratiques. Pour plus d’informations à ce sujet, se référer à la section « Les mycorhizes » au chapitre « La préparation du terrain » du guide L’implantation d’un verger de pommiers, 2e édition.

mycorhizes

Mycorhizes (source : Mykorrhiza.eu).

L’apport de phosphate pour l’entretien des parcelles déjà en place se limite, quant à lui, aux cas où les analyses du sol ou de feuillage révèlent des niveaux trop faibles. Pour maximiser une absorption racinaire éventuelle, les applications se font en bandes vis-à-vis la limite extérieure de la ramure, là où se trouve la zone plus importante de jeunes racines.

Pour terminer, les applications foliaires de cet élément ne sont pas recommandées. Même sous ses formes les plus sophistiquées, il n’y a pas de résultats de recherches scientifiques qui démontrent une absorption foliaire appréciable de cet élément. Les sources de phosphore à privilégier dans les nouvelles plantations sont les fumiers et composts, le super phosphate triple (0-46-0) et le super phosphate (0-20-0).

Potassium (K)

Le potassium est un constituant important des cellules végétales et est impliqué dans la synthèse des enzymes et le métabolisme des hydrates de carbone. Par son importance pour l’ouverture des stomates, il influence l’assimilation de l’eau par les racines et joue un rôle dans la respiration et la photosynthèse. Le potassium, comme l’azote, aide les fruits à atteindre un bon calibre. En plus, il contribue à l’atteinte d’une belle coloration des fruits.

carence en potassium

Carence de potassium sur feuilles (source : N. Tanguay).

La carence en potassium s’observe d’abord sur les vieilles feuilles. Elle se caractérise par une nécrose marginale de la feuille et soit un jaunissement ou un brunissement de son pourtour. Une ligne pourpre démarque la limite entre les tissus morts et les tissus verts et normaux du reste de la feuille. Les arbres qui sont faibles ou déficients en potassium sont plus vulnérables aux dommages causés par le froid hivernal, et leurs bourgeons et fleurs sont plus sensibles aux gels printaniers.

Même s’il ne s’agit pas d’un élément fortement impliqué dans les cycles physiologiques du pommier, des quantités importantes de potassium sont prélevées par les pommes à la récolte. Une bonne récolte de 40 t/ha représente une exportation de 60 kg/ha de K2O (voir le tableau à la fin de cette fiche). Pour pallier cette perte, il faut faire des applications d’entretien de façon régulière. De cette façon, les exportations sont compensées et le niveau de potassium dans le sol est maintenu à un niveau adéquat. Les principales sources de potassium à utiliser sont le chlorure de potassium, aussi appelé muriate de potassium (0-0-60), et le sulfate de potassium et magnésium lorsque des besoins en magnésium sont également à combler. À l’implantation, lorsque des quantités importantes de potassium sont nécessaires (plus de 300 kg/ha), il est préférable d’utiliser le sulfate de potassium afin d’éviter d’endommager les racines avec le chlore. Malgré le fait que le potassium soit plus mobile dans le sol que le phosphore, il est quand même souhaitable de l’appliquer en bandes vis-à-vis la zone de concentration racinaire. Les apports importants de potassium doivent habituellement s’accompagner d’une certaine quantité de magnésium pour ne pas créer un déséquilibre entre ces deux éléments (consultez le paragraphe suivant pour la recommandation). Le potassium est très peu absorbé par le feuillage et n’est pas appliqué en pulvérisation, même pour corriger des carences.

Magnésium (Mg)

Le magnésium est un constituant clé de la chlorophylle qui capte l’énergie solaire et donne la coloration verte des feuilles saines. Il est aussi impliqué dans l’activité enzymatique. La carence en magnésium entraîne une chlorose interveinale caractérisée par la perte de chlorophylle, le brunissement et la désagrégation des tissus entre les nervures. C’est une des carences le plus communément observées en verger. Les symptômes commencent à apparaître généralement à la fin juillet ou au début août. Comme cet élément est mobile dans la plante, ce sont les premières feuilles (les plus vieilles) de la pousse de l’année qui sont d’abord affectées. Celles-ci se dégarnissent plus ou moins selon l’intensité de la carence. Dans les cas graves, les fruits restent petits et tombent prématurément. Le manque de bourgeons et d’anticipées sur le bois des jeunes arbres (blind wood) ainsi que les brindilles faibles sont souvent associées à des carences en magnésium4.

carence en magnésium

Carence de magnésium sur feuilles (source : International plant institute).

Les corrections possibles sont variées et se font à la lumière des résultats d’analyses ou des symptômes observés :

  • Lors de la préparation des sols : un sol à pH acide sera amendé en magnésium par l’incorporation de chaux dolomitique (au moins 20 % de carbonate de magnésium) ou magnésienne (au moins 5 % de carbonate de magnésium) dans le sol. La chaux est la meilleure source de magnésium et aussi la moins coûteuse.
  • En fertilisation d’entretien : utilisez un sulfate double (magnésium et potassium), aussi connu sous le nom de K-Mag (SulpoMag), lorsqu’il y a des apports de potassium à faire. En effet, à chaque application de 100 kg de potasse (K2O) avec ce produit, 50 kg de magnésium sont ajoutés.

Le magnésium, contrairement au phosphore et au potassium, est bien absorbé par le feuillage et les pulvérisations nutritives sont une pratique d’entretien régulier recommandée. C’est aussi la façon idéale de corriger rapidement les carences.

Calcium (Ca)

Le calcium est essentiel à la division cellulaire. C’est aussi un constituant important des parois cellulaires sous forme de pectate de calcium, qui contribue au maintien de la structure des tissus végétaux et aide à prévenir leur affaissement en entreposage. Étant peu mobile dans la plante, cet élément tend à manquer dans les tissus les plus jeunes.

absorption du calcium

Absorption du calcium par les racines du pommier.

Le calcium est assimilable sous la forme de Ca++ dans la plante. Son seul point d’entrée est l’extrémité des racines et il se déplace dans la plante grâce au phénomène de la transpiration, semblable à une pompe à eau. Les pousses vigoureuses tirant plus d’eau que les pommes, elles sont donc en forte compétition avec celles-ci. Ce phénomène est particulièrement important dans des conditions de sécheresse. Si les niveaux de calcium dans la pomme sont trop faibles, il y aura carence liée à l’apparition de symptômes de point amer ou de brunissement de sénescence pouvant s’aggraver en entrepôt5.

point amer

Point amer sur Honeycrisp. Voir aussi la photo de la « tache amère » dans la fiche sur les Désordres physiologiques et maladies d’entrepôt (source : Paul Emile Yelle).

À des niveaux évitant la carence, mais inférieurs à l’idéal, une moins bonne aptitude à l’entreposage peut être observée. Il faut noter toutefois que les résultats de recherche à l’égard du gain de fermeté des fruits apportés par le calcium ne sont pas toujours concluants.

Des études récentes réalisées à l’Université Cornell ont démontré que le ratio K/Ca des fruits, trois semaines avant la récolte6 et celui des pelures de pommes tôt en juillet, permettait de prédire les risques de développement de la tache amère7.

Les corrections de base sont faites au sol afin de s’assurer d’avoir un niveau adéquat. Le chaulage destiné à corriger le pH du sol est la principale source de calcium et aussi la plus économique, compte tenu des apports importants de calcium par la chaux. De plus, tel qu’illustré dans la figure ci-haut, les racines du pommier absorbent par le même mécanisme le calcium et d’autres éléments chargés positivement, tels le potassium (K) et le magnésium (Mg). Ces éléments peuvent entrer en compétition avec l’absorption du calcium et il faut donc éviter les excès de fertilisation en K et en Mg si les niveaux de ces derniers sont déjà adéquats.

Néanmoins, les applications foliaires sont importantes pour prévenir les carences auxquelles certains cultivars (Honeycrisp, Cortland, Belmac, Primevère) sont particulièrement sensibles. Pour plus d’informations sur les formes de calcium foliaire et leur impact en phytoprotection, consultez la fiche sur La fertilisation sans nuire à la phytoprotection.

Oligo-éléments

Bore (B). Le bore tient un rôle important dans la physiologie du pommier où il participe à plusieurs processus, dont la multiplication cellulaire, de même que la translocation des sucres et du calcium. Les symptômes de carence au niveau du fruit peuvent inclure les gerçures sur jeunes fruits, le cœur liégeux et le brunissement interne. Sur les pousses, un dépérissement du point de croissance (bourgeon terminal) peut être observé. Le bore est un élément peu mobile dans la plante.

carence en bore

 

 

 

 

 

 

 

Effet de carence en Bore sur fruits (source : Paul Emile Yelle).

Les corrections au sol sont essentielles, principalement en pré-plantation et particulièrement si le pH est élevé. Toutefois, l’application d’apports foliaires doit compléter cette correction, car même si le sol est bien pourvu en bore, cet élément est mal assimilé lors de conditions sèches, surtout dans les sols légers. Voir le calendrier de fertilisation foliaire dans la fiche sur La fertilisation sans nuire à la phytoprotection

Zinc (Zn). Le zinc est principalement impliqué dans l’activation des enzymes. De plus, il contribue à la résistance des pommiers au froid. Peu mobile dans la plante, il tend à demeurer dans les tissus plus âgés. Les symptômes de carence sont une chlorose interveinale (jaunissement) des jeunes feuilles et des feuilles plus petites, de même qu’une croissance réduite et atrophiée en forme de rosette. La disponibilité du zinc est affectée négativement par des pH trop alcalins ou par des niveaux de phosphore et de matière organique élevés.

Il est rare que le zinc soit incorporé à la formule d’engrais et des applications préventives ou correctives sont principalement appliquées au feuillage. L’analyse foliaire permet d’ajuster le nombre de traitements foliaires sans avoir à attendre la manifestation de carences.

Fer (Fe), cuivre (Cu), manganèse (Mn). Les autres éléments mineurs, tels le fer, le cuivre et le manganèse, sont rarement problématiques et ne doivent être corrigés par des applications foliaires qu’au besoin. À noter que certaines applications de fongicide à base de mancozèbe, tels que le dithane et le manzate, apportent une source de manganèse non négligeable.

Besoins nets annuels des pommiers en azote, en phosphate, en potasse, en oxyde de calcium et en magnésie.

PRÉLÈVEMENT (kg/ha) : N P2O5 K2O CaO MgO
Transport dans les fruits (40 t/ha) 20,0 13,0 60,0 5,0 3,0
Immobilisation dans la charpente 15,5 8,5 15,0 52,0 3,5
Retour au sol dans le bois de taille 10,0 4,4 4,0 32,0 2,5
Retour au sol dans les feuilles 43,0 6,5 54,5 98,0 27,0
Prélèvements totaux annuels 88,5 32,4 133,5 187,0 36,0
Besoins réels annuels (fruits et charpente) 35,5 21,5 75,0 57,0 6,5
Besoins/tonne de fruits (kg/t) 0,89 0,53 1,86 1,42 0,16

Ce tableau est à la p.17 du chapitre 2 dans la nouvelle édition du guide d’implantation d’un verger de pommier.

 

Références

  1. Dominguez, L. I. & Robinson, T. L. Strategies to improve early growth and yield of tall spindle apple plantings. The Transformation of the NY Apple Industry, 518, 5 (2015).
  2. Neilsen, D. & Neilsen, G.H. Optimizing precision in irrigation and nutrient management. Achieving Sustainable Cultivation of Temperate Zone Tree Fruits and Berries. (2019).
  3. Guide de référence en fertilisation du CRAAQ, 2e édition, 473p. (2010).
  4. Stiles W.C. & Reed W.S. Orchard nutrition management. Cornell Univ. Ext. Info. Bul. (1991).
  5. La lutte contre la tache amère des pommes. (2022).
  6. Cheng, L. & Sazo, M. M. Why Is Honeycrisp So susceptible to bitter pit? Y. Fruit Q. 26, 19-23 (2018).
  7. Miranda Sazo, M. Growing the Honeycrisp Tree and the best management practices to mitigate bitter pit. Conférence présentée aux journées horticole de St-Rémi. (2022).

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

Auteur de la première édition : Paul-Émile Yelle
Auteure de la mise à jour 2023 : Evelyne Barriault
Dernière mise à jour par l’auteure : 3 octobre 2023

 

Analyses de sol

Pour l’implantation de parcelles, sur de nouveaux sites ou en replantation, il faut échantillonner le sol deux ans à l’avance pour permettre de fractionner les apports de chaux et d’engrais s’ils doivent être particulièrement importants. Pour chaque parcelle, on prélève deux échantillons de 300 à 500 g (environ 1 tasse), à deux profondeurs:

  • Prélevez d’abord un échantillon du sol en surface (0-20 cm), en excluant les deux premiers centimètres s’il y a un couvert végétal au moment de l’échantillonnage. Il faut notamment s’assurer de ne pas avoir de matière végétale telle que des radicelles dans l’échantillon, afin de ne pas donner un résultat exagéré du pourcentage de matière organique.
  • Prélevez aussi un échantillon en profondeur (20-40 cm). L’analyse du sous-sol permet d’apprécier les réserves en profondeur et la tendance naturelle du sol à être plus ou moins acide et cela, sans les influences subies en surface par les pratiques culturales (s’il y a lieu) ou de fertilisation.

Lorsqu’on échantillonne le sol d’une parcelle pour la première fois, il est utile de prélever le double de la quantité afin de s’assurer d’avoir assez de sol pour permettre une analyse granulométrique. Cette dernière indiquera la texture du sol de façon plus précise que l’estimation tactile ou que les seules indications des cartes pédologiques.

Pour la fertilisation d’entretien des parcelles déjà en place, l’analyse du sol de surface peut suffire.

La procédure d’échantillonnage générale est décrite de façon détaillée dans le Guide de référence en fertilisation. 2e édition aux pages 39 à 45, disponible auprès du CRAAQ. Voici quelques informations additionnelles pertinentes à l’échantillonnage des sols de vergers.

Période de prélèvement, fréquence et nombre d’échantillons

L’échantillonnage devrait se faire tous les 5 ans pour les sols des classes texturales G1 et G2 (loams et argiles) tandis que les sols de la classe G3 (loam sableux, sables loameux et sables) auraient avantage à être échantillonnés tous les 2-3 ans. La période optimale pour échantillonner est au printemps, lorsque le sol est asséché, jusqu’au début juin. Toutefois, étant donné que cette période est particulièrement occupée dans les vergers, l’automne constitue la seconde meilleure option. L’été est à éviter puisque plus la température du sol est élevée, plus le pH est bas (acide) et par conséquent, plus le phosphore est élevé. De plus, l’échantillonnage à l’automne permet l’apport de chaux après la récolte et d’engrais tôt au printemps suivant. L’application de chaux et d’engrais minéraux phosphatés ou de fumier ne doivent pas coïncider pour éviter de fixer le phosphore, ce qui le rend non disponible pour les plantes.

La méthode de prélèvement d’un échantillon de sol doit tenir compte des différentes textures du sol sur l’ensemble de la superficie du verger. Ainsi, pour être valable, un échantillon de sol doit être représentatif d’une zone de verger homogène qui inclut les critères suivants :

  • Texture (sable, loam, argile) et égouttement
  • La densité de plantation (nains, semi-nains, standards), cultivar/porte-greffe qui peuvent varier les besoins en fertilisation
  • Gestion de culture (fertilisation, cultures précédentes, système d’irrigation (fertigation) )
  • La date de l’implantation de la parcelle peut nécessiter un découpage supplémentaire de parcelles à échantillonner

Il s’agit donc de diviser le verger en une ou plusieurs parcelles en respectant les critères d’homogénéité. Un échantillon sera prélevé dans chacune des parcelles. Selon le guide du CRAAQ (2010), la superficie pour un échantillon de sol représentatif d’une zone homogène peut aller jusqu’à 10 hectares. Il est plutôt rare que l’ensemble des critères d’homogénéité soit rencontré dans les vergers au Québec pour une telle superficie, ainsi il est suggéré de se limiter à une superficie maximale de 4 ha pour un échantillon de sol. Il est pertinent de conserver les mêmes plans de parcelles pour les échantillonnages du sol que pour l’échantillonnage foliaire des pommiers, qui se fait plus tôt durant l’été (voir section des analyses foliaires plus loin dans le texte).

Identification des pommiers dans les parcelles

Pour chacune des parcelles, une description des pommiers est souhaitable pour que le conseiller puisse bien interpréter l’analyse de sol et faire la recommandation de fertilisation. Cette description peut comporter les éléments suivants :

  • La superficie des parcelles et la texture du sol rattachées à leur échantillon.
  • La nature des porte-greffes, des cultivars de même que l’âge moyen des pommiers.
  • La vigueur des arbres indiquée par la longueur des pousses annuelles.
  • La qualité des fruits : calibre, coloration et fermeté.
  • L’existence ou non d’un système d’irrigation et les applications antérieures de fertilisant.
  • Le rendement obtenu et le degré de sévérité de la taille printanière.

Si vous ne connaissez pas bien la texture de votre sol, les laboratoires peuvent faire une analyse de granulométrie (texture). Il ne vous en coûtera que quelques dollars et cette information vous sera toujours utile.

Prélèvement des échantillons du sol

La majorité des racines nourricières des pommiers sont situées dans les premiers 30 cm du sol. L’analyse du sol de surface est donc la plus importante pour établir la formule et les doses d’application des engrais minéraux pour la fertilisation des pommiers. L’analyse du sous-sol s’avère toutefois complémentaire.

Dans l’aire de verger prévue pour chaque échantillon, effectuez environ dix prélèvements de sol en zigzag pour une superficie d’environ 4 ha. Dans le cas d’un verger déjà établi, faites les prélèvements sur la bande désherbée du rang si l’application d’engrais est localisée sur la bande, ou sur toute la surface si l’application se fait à la volée.

Pour effectuer chaque prélèvement, utilisez de préférence une sonde à tube creux ou une pelle étroite et creusez un trou de 20 cm de profond. Une tranche de sol sur la hauteur, en bordure de ce trou, d’une épaisseur de 1,5 cm environ, dont on ne garde que 3 cm de largeur constitue le prélèvement ponctuel de sol de surface. Prélevez toujours le même volume de sol à chaque endroit. N’incluez pas le gazon ni le chaume dans votre prélèvement. Mélangez bien ensemble les différents prélèvements dans une chaudière en enlevant les cailloux s’il y a lieu, pour chacune des parcelles. Environ 300 à 500 g de ce mélange de sol constitue votre échantillon pour une parcelle homogène. Placez par la suite ce sol dans un contenant d’échantillonnage bien identifié. Les laboratoires d’analyse peuvent vous fournir des contenants d’échantillonnage conçus à cet effet.

Pour l’échantillonnage de sol plus en profondeur (sous-sol), procédez de la même manière que pour le sol de surface mais en prélevant du sol entre 20 et 40 cm, en utilisant les mêmes trous de prélèvement de sol.

Identification des échantillons

En se servant du plan du verger, il est très important de bien numéroter les différents échantillons prélevés. La localisation des échantillons sera nécessaire pour établir le programme de fertilisation. En plus, un numéro d’échantillon doit apparaître clairement sur chacun des contenants d’échantillonnage ainsi que le nom et l’adresse de l’entreprise. Bien indiquer, s’il y a lieu, par la lettre A ou B si l’échantillon provient du sol de surface ou du sous-sol. Acheminez les échantillons à un laboratoire accrédité.

Les résultats d’analyses permettent d’obtenir des recommandations de fertilisation et d’amendements, normalement fournies par des agronomes, conseillers en pomiculture. Il est toutefois possible de consulter des recommandations générales pour les pommiers dans le Guide de référence en fertilisation. 2e édition aux pages 432 à 436 pour l’implantation et en page 438 pour l’entretien. Ce guide comporte aussi des informations détaillées, précises et précieuses sur plusieurs sujets afférents, telles que les caractéristiques chimiques et physiques des différents types de sol (texture, structure, matière organique, CEC) et le maintien de leur santé (pages 1 à 54).

Analyses foliaires

Les analyses foliaires sont de bons outils pour mesurer l’effet de la fertilisation appliquée (sol ou foliaire) et anticiper et prévenir les carences. Les échantillons doivent être prélevés à la fin de la période de croissance,en juillet, lorsque le bourgeon terminal commence à se former, soit 50 à 60 jours après la chute des pétales. La variété Honeycrisp fait toutefois exception. En effet, des récentes études réalisées à l’université Cornell ont démontré qu’il était préférable de prélever les échantillons de cette variété de la mi à la fin juin. En effet, la croissance annuelle des pousses de la variété Honeycrisp s’arrête plus tôt que les autres variétés et la chlorose internervaire, caractéristique des feuilles de cette variété, affecte leur teneur en éléments minéraux, particulièrement l’azote.

Un échantillon comporte de 75 à 100 feuilles prélevées dans un même bloc d’un même cultivar. Il faut prélever les feuilles au centre de la pousse annuelle de prolongation sur le pourtour et à la mi-hauteur de l’arbre (voir figure), pas plus de deux feuilles par arbre. L’échantillon doit être mis dans un sac de papier de manière à pouvoir sécher librement. Un prélèvement trop hâtif donnera des niveaux d’azote plus élevés que la normale alors que trop tardivement, les résultats en calcium seront plus élevés.

Illustration et photo montrant les feuilles à prélever pour des analyses foliaires (source : Evelyne Barriault).

De la même façon que les analyses de sol donnent un aperçu de potentiel et des éléments manquants au départ, les analyses foliaires donnent un portrait de ce qui s’est effectivement rendu dans le pommier. Les analyses peuvent être comparées à des grilles de références telles que celle-ci :

Grille d’interprétation des analyses foliaires

ÉLÉMENT OU RAPPORT ÉCART DE VALEURS RECHERCHÉ
Azote jeunes arbres 2,5 % 3,0 %
Azote jeunes arbres en production 2,2 % 2,4 %
Azote arbres matures cultivars type McIntosh 1,8 % 2,2 %
Azote arbres matures cultivars type Gala 2,2 % 2,4 %
Potassium jeunes arbres 1,5 % 2,0 %
Potassium arbres matures 1,2 % 1,8 %
Rapport azote/potassium 1,00 1,50
Phosphore jeunes arbres 0,20 % 0,25 %
Phosphore arbres matures 0,18 % 0,22 %
Calcium 0,8 % 1,6 %
Magnésium 0,25 % 0,40 %
Bore 20 ppm 40 ppm
Zinc 35 ppm 50 ppm
Fer 50 ppm 400 ppm
Manganèse 30 ppm 200 ppm
Cuivre 7 ppm 20 ppm

Les résultats sont interprétés en fonction des niveaux de concentration foliaire compris dans l’intervalle cité au tableau ci-haut. Ces niveaux indiquent généralement une alimentation adéquate dans l’arbre. Les corrections sont apportées en fonction des critères déjà discutés, notamment en tenant compte de l’efficacité éventuelle des traitements foliaires, de la correction du pH ou des niveaux de l’élément au sol. Ainsi, pour une correction en phosphore, les traitements foliaires ne sont pas privilégiés et la correction d’un pH trop bas est à considérer avant de procéder à une correction au sol de l’élément lui-même.

Analyses de sève et de fruits

De prime abord, les analyses de fruits peuvent sembler une technique appropriée pour vérifier la teneur en éléments, comme le calcium et le bore, qui sont susceptibles d’influencer la qualité et la conservation des fruits.  Depuis quelques années, l’analyse de sève gagne en popularité et pourrait devenir un nouvel outil pour la gestion de la fertilisation des pommiers1. Par ailleurs, des études récentes réalisées à l’université Cornell ont démontré que le ratio K/Ca des fruits, trois semaines avant la récolte2 et celui des pelures de pommes tôt en juillet, permettaient de prédire les risques de développement de la tache amère3.

Laboratoires

Une liste des laboratoires accrédités pour les analyses agricoles (domaines 1001 à 1050) est publiée sur le site web du ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques de la Faune et Parcs

Pour en savoir davantage

Orchard Nutrition Management

 

 

Références

  1. Almeida, da Costa P., C. Oliveira C., Mota, M. & Ribeiro, H. Rapid Sap Nutrient Analysis Methods in Malus Domestica Borkh Cv. ‘Gala. Comm. Soil Sci. Plant Analys. 51 (12), 1693–1706 (2020).
  2. Cheng, L., & Sazo, M.M. Why Is Honeycrisp So susceptible to bitter pit? Y. Fruit Q. 26 (1), 19-23 (2018).
  3. Miranda Sazo, M. Growing the Honeycrisp Tree and the best management practices to mitigate bitter pit. Conférence présentée aux journées horticole de St-Rémi. (2022).

 

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

Auteur de la première édition : Paul-Émile Yelle
Auteure de la mise à jour 2023 : Evelyne Barriault
Dernière mise à jour par l’auteure : 29 janvier 2024

Épandage de la chaux dans un verger (source : Vicky Filion).

Les analyses de sol décrites dans la fiche sur les Analyses requises pour une bonne fertilisation sont notamment essentielles pour en connaître le pH, c’est-à-dire son acidité (potentiel d’hydrogène). Sur les rapports d’analyse, on retrouve le pH eau et le pH tampon. Le pH eau mesure l’acidité active du sol qui influence les échanges d’éléments minéraux entre la solution du sol et les racines des plantes. Le pH tampon représente pour sa part l’acidité de réserve c’est-à-dire la quantité d’ions hydrogène attachés au complexe argilo-humique. Cette réserve est particulièrement abondante dans les sols riches en matière organique et les sols argileux qui ont une grosse capacité d’échange cationique (C.E.C.).

Les valeurs de pH se situent entre 0 et 14, un pH 7 représentant la neutralité. Les pH inférieurs à 7 sont dits acides tandis que les pH supérieurs à 7 sont alcalins. Pour le pommier on vise un pH-eau légèrement acide c’est à dire de 6,5. Il est bon de rappeler que le pH est exprimé sur une base logarithmique. Ainsi un pH de 6 est dix fois plus acide qu’un pH de 7 et un sol à pH de 5 est 100 fois plus acide qu’un sol à pH 7. De plus, l’excès d’acidité du sol ralentit l’activité microbienne, diminue l’assimilation du phosphore et du potassium et nuit à la croissance des arbres. Il nécessite d’être corrigé en apportant de la chaux. Par contre, l’excès d’alcalinité pouvant être causé par un apport excessif de chaux peut entraîner des carences nutritives, particulièrement en magnésium, en potassium et en oligo-éléments comme le bore, le cuivre, le fer, le manganèse et le zinc.

Comment et quand corriger le pH: :

  • par un apport de chaux limité à 7 tonnes par hectare par année pour les incorporations en préparation de nouvelles parcelles;
  • par un apport de chaux limité à 3 tonnes par hectare par année pour les applications d’entretien, faites en surface (non enfouies) et agissant graduellement sur plusieurs années.

Lorsque les besoins en chaux sont supérieurs à ces quantités, il est préférable de faire plusieurs applications fractionnées afin d’éviter les carences temporaires qui pourraient survenir suite à un apport trop important en calcium. Ceci est particulièrement important pour les sols sablonneux puisqu’ils ont généralement une plus faible capacité d’échange cationique (CEC).  Il existe plusieurs types de chaux qui sont bien décrits dans le guide référence en fertilisation du CRAAQ (2010). Un tableau indiquant la quantité de chaux à appliquer selon le pH cible et le pH tampon est également présenté. La chaux magnésienne, ou dolomitique, est souvent utilisée dans les vergers puisqu’il s’agit également d’une excellente source de magnésium, naturelle et moins coûteuse que les engrais magnésiens (lorsqu’un apport en cet élément est nécessaire).  La chaux est préférablement appliquée sur la pleine surface, plutôt qu’en bande. Elle peut être appliquée à n’importe quel moment de l’année, sauf si le sol est enneigé (CRAAQ-Chaulage de sols). Les meilleurs moments sont ceux où les sols sont asséchés et où la portance du sol permet de réduire les risques de compaction.  Les applications de chaux ne doivent pas coïncider avec celles d’engrais minéraux phosphatés ou de fumier pour éviter de fixer le phosphore. Pour de plus amples informations à ce sujet, référez-vous à la section sur les amendements calcaires et magnésiens du chapitre « Préparation du terrain » du guide L’implantation d’un verger de pommiers, 2e édition

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

Auteur de la première édition : Paul-Émile Yelle
Auteure de la mise à jour 2023 : Evelyne Barriault
Dernière mise à jour par l’auteure : 30 janvier 2024

 

Fertilisation en implantation

Des explications complètes de la fertilisation en implantation sont disponibles au chapitre « La préparation du terrain » du guide L’implantation d’un verger de pommiers, 2e édition.

Calibration des épandeurs

Les meilleures analyses et les meilleures recommandations ne permettent une fertilisation satisfaisante que si ce sont effectivement les doses prévues qui sont appliquées. À cette fin, il faut s’assurer que l’équipement d’épandage est bien entretenu (nettoyage après usage, prévention de la corrosion et vérification des éléments mécaniques), qu’il est ajusté pour obtenir le taux voulu et que le tout est contrôlé par une calibration. Il est donc recommandé de vérifier et de calibrer les épandeurs d’engrais tous les ans, idéalement en début de saison.

Les recommandations en fumure de fond doivent être appliquées soit sur la surface entière, soit sur une bande vis-à-vis les rangs à planter. Pour ces recommandations, la dose doit correspondre à la superficie réelle traitée. Ainsi, pour une application visant 1000 kg/ha, si une largeur de 2 m où sera le rang est traitée et que les rangs sont espacés de 4 m, alors la quantité d’engrais requise pour un hectare de ce verger ne sera que de 500 kg, puisque c’est la moitié de la surface de verger qui est effectivement traitée.

Les recommandations pour les applications en entretien, par contre, sont habituellement formulées par hectare en pommiers et bien qu’une application d’engrais sur une bande la plus étroite possible soit souhaitable pour une pénétration efficace, la dose ne sera pas réduite pour autant.

Pour l’application d’engrais en utilisant un épandeur rotatif muni d’un réservoir à fond triangulaire, tels que ceux fournis par les centres d’engrais, référez-vous aux pages 269 à 272 du Guide de référence en fertilisation, 2e édition du CRAAQ. C’est une pratique utilisée par exemple en pré-plantation pour l’épandage à la volée sur l’ensemble de la surface (la dose à l’hectare doit alors être effectivement appliquée sur un plein hectare).

Pour les épandages avec l’équipement du verger, il faut s’assurer d’appliquer le taux recommandé en se référant au manuel de l’utilisateur de l’épandeur. Des informations sont aussi disponibles sur le site Internet de la plupart des manufacturiers quant aux modes d’ajustement et aux réglages pour obtenir les taux d’application recherchés.

Les épandeurs à cônes inversés (type Vicon et plusieurs autres marques) ou à boîtes à chute (type Gandy et plusieurs autres marques) ont différents types d’ajustements. Le débit peut être réglé par le degré d’ouverture de la porte ou de la trappe, un cadran d’ajustement, des engrenages, etc. Le réglage de la largeur d’épandage peut être fait en ajustant l’angle des déflecteurs, la hauteur d’opération et l’inclinaison, s’il y a lieu (pour application au demi-rang).

Les méthodes décrites ci-après sont seulement des guides; d’autres facteurs influencent le taux d’application, comme le type d’engrais (densité et finesse), la vitesse de la prise de force (PTO) et la vitesse d’avancement.

Première méthode : calibration par calcul et mesure

A. Déterminez la distance D en mètres à parcourir pour traiter un hectare en fonction du mode d’épandage :
d = 10 000 ÷ espacement entre les rangs, en mètre
D = d si le traitement est fait sur un rang complet ou deux demi-rangs (de part et d’autre) par passage
D = d ÷ 2 si le traitement est fait sur deux rangs complets par passage
D = 2d si le traitement est fait sur un demi-rang par passage (application de la moitié de la dose sur chaque côté de la rangée)

B. Vérifiez précisément la vitesse d’avancement V en mètre par heure. L’indicateur de vitesse du tracteur est bien sûr une référence (en multipliant les km/h par 1000), mais il faut le vérifier, en chronométrant le temps nécessaire, en mouvement au régime d’opération, pour parcourir une distance mesurée en mètres.

calcul de la vitesse d'avancement (formule)

C. Recueillez et pesez en kg la quantité d’engrais Q débité durant une minute en opérant de façon stationnaire au régime qui sera employé lors de l’épandage.

D. Calculer le taux d’application en kg/ha :calcul du taux d'application (formule)

Exemple : Un traitement se fait sur deux rangs complets par passage. Les rangs sont espacés de 4 m, le temps pour parcourir 50 m est de 30 secondes et la quantité d’engrais recueillie en une minute est de 20 kg. Dans ce cas :

  1. d = 10 000 m2/ha ÷ 4 m = 2500 m/ha
  2. D = d ÷ 2 = 1250 m/ha
  3. V = 50 m × 3600 s/h ÷ 30 s = 6000 m/h
  1. calcul du taux d'application (exemple)

Deuxième méthode : calibration empirique

Cette calibration est utilisée, par exemple, pour les épandeurs à entraînement par roue pour lesquels il n’est pas possible de procéder à une calibration de façon stationnaire :

A. Marquez la hauteur de départ de l’engrais dans la boîte lors de l’application avec l’épandeur, en vous assurant que la surface d’engrais est à niveau.

B. Parcourez une distance de référence fixe Dr en mètres.

C. Pesez en kg la quantité d’engrais Q nécessaire pour remettre au niveau initial.

D. Le taux d’application est alors :

calcul du taux d'application (formule)

Exemple : Le traitement se fait sur deux demi-rangs complets par passage. Les rangs sont espacés de 4 m, la distance de référence parcourue est de deux rangs de 250 m de long et la quantité d’engrais Q pour remettre l’épandeur à niveau est de 100 kg. Dans ce cas :

  1. D = d = 10 000 m2/ha ÷ 4 m = 2500 m/ha
  2. Dr = 2 × 250 m = 500 m
  3. Taux = 100 kg × 2500 m/ha ÷ 500 m = 500 kg/ha

L’ultime vérification est de contrôler au fur et à mesure la quantité réelle utilisée sur une surface connue.

Plan agroenvironnemental de fertilisation

Le Plan AgroEnvironnemental de Fertilisation (PAEF) est une exigence réglementaire dans les cas où les superficies cultivées en pomme et autres productions horticoles et fruitières excèdent cinq hectares. Pour de plus amples informations, référez-vous au texte sur le Règlement sur les exploitations agricoles (REA) dans la fiche sur La protection de l’environnement et la loi du présent guide. Par contre, dans le cadre de la production fruitière intégrée, il est préférable de détenir un tel plan même dans les cas où la superficie est moindre et que le règlement ne s’applique pas. En effet, l’application raisonnée des engrais dans une perspective d’ensemble telle que caractérisée par le PAEF permet de minimiser les risques environnementaux reliés à l’application d’engrais. Notamment, il faut s’assurer de respecter un bilan entre les apports et les exportations par les récoltes ou les fixations dans le bois de l’arbre. En plus, il faut considérer le risque potentiel de lessivage du phosphore (référez-vous à l’indice de saturation en phosphore (ISP) mentionné dans la fiche sur les Apports en éléments nutritifs. En somme, fertiliser en fonction d’un PAEF est garant du respect de l’environnement.

 

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

Auteur de la première édition : Paul-Émile Yelle
Auteure de la mise à jour 2023 : Monique Audette
Dernière mise à jour par les auteurs : 10 janvier 2023

 

Les techniques suivantes favorisent le développement optimal du pommier ainsi que sa mise à fruit : le tuteurage, le positionnement des branches, la taille d’hiver (en dormance), la taille d’été (en vert) et l’enlèvement des fruits lors de l’implantation des arbres. Une fois que le pommier a atteint sa taille optimale et que la production des fruits est établie, les techniques suivantes permettent de maintenir l’arbre en équilibre vigueur/mise à fruit : la taille d’hiver et l’éclaircissage.

L’équilibre entre la mise à fruit et la vigueur de l’arbre assurent que les arbres qui atteignent le gabarit propice à un plein rendement possèdent une végétation assez vigoureuse pour favoriser le développement des fruits et la formation de bourgeons floraux. Cet équilibre atteint et maintenu, évite une vigueur excessive qui favorise la production de bois et de pousses au détriment de la production fruitière. Le choix du porte-greffe influence cet équilibre et doit être pris en compte dans la stratégie de conduite.

Différentes méthodes ont été créées à travers le monde afin de guider le producteur dans sa pratique vers une production efficace de fruits de qualité. Ces méthodes s’appellent « modes de conduite du pommier » et elles incluent toutes les techniques qui ont pour but de maintenir l’équilibre entre la mise à fruit et la vigueur du pommier. Les modes de conduite actuels ont été mis au point grâce à la recherche et validés par des essais en vergers. Ces modes de conduite ont évolué au fil des soixante dernières années de pratique de la culture intensive du pommier.

Il est recommandé d’adopter un mode de conduite dès la plantation des pommiers et ce, pour toute la durée de vie de la parcelle, afin d’assurer la cohérence des interventions de taille, de tuteurage et de positionnement des branches. Étant donné que plusieurs modes de conduite existent, il faut faire un choix. Ce choix doit précéder celui du porte-greffe, du tuteurage et de la densité de plantation, car tous ces facteurs découlent du mode de conduite embrassé. Dans un contexte économique ou le coût de la main-d’œuvre et de l’énergie sont à la hausse, choisir un mode de conduite qui permet la mécanisation des opérations est un incontournable.

Des informations détaillées sur les modes de conduite, la formation des arbres et le tuteurage des pommiers se trouvent au chapitre 7 « Modes de conduite et espacement », au chapitre 10 « Formation des pommiers » et au chapitre 9 « Tuteurage » du guide L’implantation d’un verger de pommiers, 2ième édition.

Le tuteurage

Le tuteurage facilite une croissance verticale du pommier, en réduisant le stress dû à l’exposition au vent. L’arbre atteint ainsi plus rapidement la hauteur nécessaire pour optimiser les rendements. Le tuteurage favorise l’équilibre entre la mise à fruit et la croissance végétative en maintenant plus facilement une hiérarchie structurale et hormonale dans l’arbre. Enfin, le tuteurage fournit un support physique indispensable aux pommiers nains et semi-nains, qui ne pourraient soutenir le poids d’une pleine récolte. Pour certains porte-greffes avec un point de greffe fragile, le tuteur est un incontournable dès la plantation.

Nouvelle implantation et poteaux de cèdre (source : Monique Audette).

Le positionnement des branches

Des branches dont l’angle avec l’axe principal est fermé (plutôt à la verticale) tendent à pousser vigoureusement, impliquant plusieurs conséquences négatives. De telles branches ont tendance à supplanter l’axe principal et à empêcher l’arbre d’atteindre la hauteur souhaitée pour des rendements optimaux. Elles sont aussi moins fructifères et présentent un plus grand risque de cassure. De plus, ces rameaux vigoureux causent des étranglements sur le tronc à cause de leur grosseur excessive et ils limitent le développement de ramifications plus intéressantes.

Le positionnement consiste donc à attacher ou à écarter ces branches dont l’angle est inadéquat et de les ramener plus à l’horizontale. En effet, le positionnement à l’horizontale favorise la précocité de la mise à fruit, composante essentielle de la rentabilité des jeunes parcelles. Différents matériaux peuvent être utilisés à cette fin. Certains matériaux d’usage commun (élastiques, cordes, broches rigides, bâtons, poids) peuvent suffire. Par contre, des produits spécialisés sont aussi disponibles auprès des fournisseurs. Certains ont l’avantage de se dégrader d’eux-mêmes avec le temps, éliminant l’étape de repasser pour les enlever afin d’empêcher leur incrustation dans l’écorce et d’autres sont élastiques permettant ainsi d’éviter un étranglement de la branche.

Cependant, l’arcure, soit la pratique consistant à attacher les branches alors qu’elles sont en première feuille est   préférable à une tentative de correction en forçant un écartement de branches devenues plus grosses. Il est possible ainsi de prévenir plus tôt les conséquences négatives déjà mentionnées, en plus d’économiser de la main-d’œuvre et de diminuer les risques de bris.

Arcure (source : Serge Mantha).

Quelles branches faut-il positionner? Il est possible d’y aller de façon systématique en attachant toutes les jeunes branches qui ont poussé l’année de la plantation (première feuille). C’est un procédé inutilement laborieux. Les branches beaucoup plus grosses que les autres et avec le pire angle doivent être enlevées tout simplement et celles qui ont un angle presque horizontal avec l’axe principal ne doivent pas être touchées.

Quel angle viser? De manière générale, il suffit de ramener les branches un peu sous l’horizontale, avec un angle d’environ 110°, en courbant le bout davantage au besoin. Cependant, des ajustements sont nécessaires selon le type d’arbre des différents cultivars. Certaines variétés au port plus retombant (par exemple, la « Cortland ») ont moins besoin de positionnement, alors que la pomme « Empire », au port plus dressé, présentera normalement plus de branches problématiques. Les arbres avec de nombreuses ramifications positionnées autour de l’axe principal nécessitent moins d’interventions.  En effet, la répartition de la vigueur sur plusieurs ramifications ralentit leur croissance et réduit la compétition de celles-ci avec l’axe principal. Il est souhaitable d’obtenir des arbres ramifiés en pépinière et de les planter à l’automne ou très tôt au printemps. Ainsi, les racines s’établissent au tout début de la saison et cela permet la croissance de plusieurs branches durant la première année en verger.

Quand faire le positionnement? Normalement en juillet, une fois la période de croissance printanière terminée. Ceci permet d’éviter que la nouvelle croissance au bout des branches positionnées cherche à se dresser vers le haut. En plus, cela laisse suffisamment de temps d’exposition à la lumière de fin d’été pour encourager la formation de bourgeons à fruit.

Une fois en production, le poids des fruits suffit à positionner les branches. Il s’agit donc d’une opération particulièrement opportune sur les arbres plus jeunes encore en développement. Il faut la répéter tout de même au besoin les deux ou trois années suivant l’implantation sur la prolongation du tronc.

La taille d’hiver (en dormance)

  • La taille d’hiver est pratiquée de janvier à mai alors que les arbres sont en dormance ou qu’ils débutent leur croissance annuelle. Cette opération permet d’atteindre et de maintenir la forme d’arbre prescrite par le mode de conduite choisi et à réduire le nombre de bourgeons à fruits.

Essentiellement, cette taille consiste à :

  • Éliminer ou réduire les branches plus hautes qui surplombent et ombragent les branches plus basses dans l’arbre.
  • Enlever les branches trop dressées et vigoureuses, telles que décrites à la section « Positionnement des branches» plus haut et qui par indécision, ont été laissées en place et ont pris de l’envergure.
  • Raccourcir ou enlever les branches fruitières âgées, mal placées ou endommagées afin de réduire le nombre de bourgeons fruitiers et en favoriser le renouvellement.
  • Enlever les ramifications qui partent vers le bas ou l’intérieur et se retrouvent sous une branche productive ou celles qui entravent le rang ce qui causera des meurtrissures aux pommes par le passage de la machinerie.

Taille d’hiver (source : Monique Audette).

Taille mécanique d’hiver (source : Monique Audette).

Pour ce qui est de la distribution de la vigueur sur l’axe, tant que l’arbre est jeune et encore en développement, le maintien d’une bonne vigueur à la tête est prioritaire.  La vigueur des branches est déterminée selon leur diamètre et leur angle. De manière générale, il faut se méfier des branches dont le diamètre atteint la moitié du diamètre du tronc à leur point d’attache.

Distribution de la vigueur de l’axe (source : Monique Audette).

Taille d’été (en vert) 

De fait, une certaine taille peut s’exercer durant presque toute l’année à l’exclusion des mois d’automne et du début janvier. La taille à ces périodes peut accroître le risque de dommages par le froid durant l’hiver au niveau des coupes. La taille dite « d’hiver » peut se poursuivre après le débourrement sur les variétés particulièrement vigoureuses comme Spartan, car une taille tardive aura un effet stimulant le regain de croissance bien moins fort que si cela est fait plus tôt.

Ce que l’on entend normalement par la taille d’été se fait surtout en juillet et en août et vise principalement à favoriser une bonne coloration des pommes et à éliminer les pousses résultant d’un excès de vigueur. Ce type de taille ne vise évidemment pas les arbres qui manquent de vigueur et est essentiellement inutile sur les arbres en équilibre.  Les principales coupes pratiquées lors de la taille d’été sont :

  • Les gourmands;
  • Les prolongations excédentaires sur les branches fruitières;
  • Les prolongations dressées au bout des branches fruitières;
  • Toute nouvelle croissance sur ramifications dressées portant des fruits.

Taille d’été. Ce que l’on entend normalement par la taille d’été se fait surtout en juillet et en août et vise principalement à favoriser une bonne coloration des pommes et à éliminer les pousses résultant d’un excès de vigueur. Ce type de taille ne vise évidemment pas les arbres qui manquent de vigueur. Les principales coupes pratiquées lors de la taille d’été sont :

  • les gourmands
  • les prolongations excédentaires sur les branches fruitières
  • les prolongations dressées au bout des branches fruitières
  • toute nouvelle croissance sur ramifications dressées portant des fruits

Avant (droite) et après (gauche) la taille d’été (source : Paul-Émile Yelle).

Toutefois il faut éviter d’enlever les nouvelles pousses issues de bouquets floraux portant des fruits, car elles sont la source directe d’énergie pour un bon développement de ces fruits.

NOTE : les traitements avec le régulateur de croissance APOGEE, sans se substituer complètement à la taille d’été, peuvent en réduire le besoin.

L’enlèvement des fruits lors de l’implantation des arbres

Une courte saison de croissance comme au Québec force le producteur à adopter des pratiques pour stimuler le développement des jeunes arbres pendant les années suivant la plantation. Certains porte-greffes ou certains traitements en pépinière peuvent favoriser la présence de fleurs. Le fait de les laisser produire des fruits entraîne une réduction de la croissance. Tel que déjà mentionné, il est essentiel d’amener rapidement les jeunes arbres à la hauteur et au gabarit voulu afin de rentabiliser les nouvelles parcelles. Il est donc nécessaire d’enlever tous les fruits pendant les deux premières années. En plus, tant que l’arbre n’a pas atteint sa hauteur cible, il est souhaitable d’enlever les fruits sur la partie supérieure de la tige principale. Dans certains cas, lorsque la croissance est vigoureuse et que l’arbre se dirige rapidement vers la hauteur désirée au cours de la deuxième année, il est recommandé de laisser quelques fruits dans la partie inférieure pour réduire la vigueur. Ceci est particulièrement judicieux dans le cas de variétés vigoureuses et très sensibles au feu bactérien comme Ginger Gold et Gala. Par ailleurs, il peut s’avérer sage d’enlever tous les fruits pendant trois années dans le cas de variétés à faible croissance telle la Honeycrisp.

Désinfection des outils de taille

Faut-il désinfecter les outils afin d’éviter de propager des maladies lors de la taille? Ce n’est généralement pas nécessaire, sauf dans certaines situations. Lisez la réponse détaillée à la fiche sur Le feu bactérien : stratégies de lutte sur la lutte au feu bactérien.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

Auteur de la première édition : Paul Émile Yelle et Gérald Chouinard
Auteure de la mise à jour 2023 : Monique Audette
Dernière mise à jour par l’ auteure : 13 mars 2023

Abeille domestique (source : Monique Audette).

Bien que les fleurs de pommier soient complètes, possédant les organes femelles (stigmate, style et pistil) et mâles (filets et étamines), dans la majorité des cas elles sont autostériles car seul le pollen d’un autre cultivar pourra les féconder. Pour polliniser des fleurs de pommiers, les insectes doivent obligatoirement butiner sur plus d’un cultivar. Ainsi, il importe de considérer le facteur pollinisation lors de la planification d’une plantation. Pour plus d’informations à ce sujet, référez-vous à la section sur « La pollinisation » du chapitre sur la « Plantation » du guide sur L’implantation d’un verger de pommiers.

Toute une gamme d’insectes pollinisateurs indigènes tels les bourdons, les mégachiles et les syrphes (voir la fiche sur le Répertoire des principaux organismes et la fiche sur Les espèces utiles, une ressource à protéger) peuvent assurer la pollinisation des fleurs de pommiers dans des conditions idéales. Toutefois des facteurs tels que le vent, la pluie, l’absence d’ensoleillement et le froid peuvent réduire l’activité des insectes pollinisateurs. Il est donc prudent, afin d’assurer une mise à fruit réussie, d’augmenter le nombre de pollinisateurs dans le verger en ajoutant des abeilles domestiques.

Les ruches fournies par des apiculteurs spécialisés et réputés demeurent une façon éprouvée d’assurer une bonne pollinisation. Il y a ainsi présence de dizaines de milliers de pollinisatrices infatigables à l’intérieur-même du verger. Quand les conditions sont favorables elles peuvent s’activer même lors de courtes périodes sans pluie ou de brefs réchauffements quand le temps est froid. Il est recommandé d’employer deux à trois ruches à l’hectare. Aussi, malgré le fait que les bourdons, tels qu’employés en serriculture, puissent travailler dans des conditions un peu plus venteuses et fraîches que les abeilles, ils ne permettent pas d’obtenir des résultats adéquats pour polliniser plus d’un million de fleurs à l’hectare, compte tenu du nombre limité d’individus dans leurs  .

ruche dans un verger durant la floraison

Ruche dans un verger (source : IRDA).

Idéalement, le plan du verger est conçu pour favoriser la pollinisation croisée. Pour cela il faut s’assurer de ne pas excéder 4 rangées consécutives d’un même cultivar ou 6 rangs dans le cas d’arbres nains. En alternant des cultivars dont la période de floraison coïncide et idéalement dont l’apparence ou la période de maturité diffère, ceci permet d’éviter les erreurs à la récolte. Pour les blocs homogènes, on peut aussi insérer des arbres pollinisateurs, répartis de façon uniforme et selon un ratio maximum de 1:20.

Toutefois, à défaut d’un bon agencement de plantation, il faut amener du pollen de l’extérieur. L’utilisation du pollen récolté par des compagnies spécialisées et acheté dans le commerce, qui est fourni aux abeilles par de petits appareils distributeurs installés à la sortie des ruches, est une option. L’alternative est de tailler des branches en fleurs en excès dans un bloc d’un autre cultivar et de les installer (et les renouveler) dans des chaudières remplies d’eau devant les ruches.

Conseils additionnels pour l’utilisation de ruches

Période d’introduction des ruches

Le moment d’entrée et de sortie des ruches a de l’importance sur la pollinisation. En l’absence de fleurs ou si la densité de fleurs n’est pas suffisante, les éclaireuses trouveront d’autres sources plus éloignées, ce qui risque d’affecter significativement le butinage du verger, surtout au début de la floraison. Règle générale, les ruches sont introduites dans la culture à polliniser lorsqu’il y a environ 20 % des fleurs ouvertes. Il faut faucher les pissenlits avant que les ruches soient introduites, car lors des premiers vols d’orientation, les éclaireuses repéreront ces fleurs, ce qui aura comme conséquence qu’une forte proportion des abeilles les butineront au lieu des fleurs de pommier.

Emplacement des ruches

Pour maximiser le travail de pollinisation, il faut accorder la priorité aux emplacements protégés des vents. Le vent transportant toutefois l’arôme des fleurs, l’emplacement du rucher doit être en aval de la direction des vents dominants, pour favoriser une identification plus rapide de l’odeur des fleurs à butiner. De plus, du point de vue de la dépense d’énergie des abeilles, le fait de voler à vide contre le vent pour l’allée et de revenir le vent dans le dos pour le retour à la ruche lorsqu’elles sont chargées de pollen est plus avantageux. L’abeille domestique par comparaison à plusieurs espèces d’abeilles indigènes a un rayon de butinage relativement grand, et c’est pour cela qu’il n’est pas nécessaire de répartir les ruches uniformément. Quelques études sur la pollinisation montrent qu’il faut que les groupes de ruches soient placés à des distances de l’ordre de 200 à 300 m, puisque le rayon de butinage le plus efficace se situe entre 100 et 150 m de la ruche. En pratique, des regroupements vont jusqu’à 400 m, mais au-delà de cette distance, il y a une perte d’efficacité. Il faut respecter une distance de 2 à 3 mètres entre les ruches et alterner l’orientation des entrées de ruches pour éviter la dérive des abeilles entre les ruches.

Approvisionnement en eau

L’emplacement doit être un endroit sec, puisqu’un site humide est propice au développement de certaines maladies de couvain et à une détérioration accélérée du matériel. Un point d’eau doit toutefois être présent dans un rayon de moins de 500 m ou encore, un réservoir d’eau d’environ 1 m de diamètre peut être placé à proximité du rucher, accompagné de lattes de bois ou autre matériel flottant pour éviter la noyade des abeilles. L’eau devrait être renouvelée 1 ou 2 fois par semaine pour éviter la contamination et assurer un approvisionnement constant. Ces réservoirs doivent être placés avant l’introduction des ruches de façon à créer dès le début l’habitude de s’y approvisionner.

Protection des abeilles

Voir la fiche sur Les espèces utiles, une ressource à protéger.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

Fiche 43

Paul Émile Yelle, Evelyne Barriault et Serge Mantha

 

ATTENTION DOSES RÉDUITES : l’ARLA ne prend pas action contre ceux qui préconisent de telles pratiques, si elles n’entraînent pas de danger pour la santé ou la sécurité humaine ou pour l’environnement et qu’elles ne sont pas destinées à promouvoir la vente de produits antiparasitaires. Si toutefois l’utilisation de doses réduites ou adaptées devait entraîner des pertes pour les utilisateurs, les conseillers ou les organisations qui les recommandent pourraient être tenus responsables de leurs recommandations dans des actions civiles.

 

Pourquoi contrôler la charge en fruits

Il y a des raisons de premier ordre pour « éclaircir », soit pour :

  • Éviter le déclassement d’un nombre important de pommes qui ne feront pas le calibre commercial de 64 mm (2½ po) lors de la récolte et éviter aussi les litiges avec son emballeur si une majorité de pommes sont vraiment tout juste au diamètre minimum requis.
  • Encourager les cueilleurs, faciliter la cueillette et la rendre également plus rapide. En effet, 2260 pommes de 76 mm de diamètre suffiront à emplir une benne, alors qu’il faut en cueillir 44 % de plus (1000 fruits) pour avoir les 3260 fruits de 64 mm nécessaires pour occuper le même volume. De plus, si lors de la cueillette, les pommes non commercialisables ont été préalablement éliminées, le temps d’hésitation au moment de cueillir sera réduit car presque tous les fruits auront le calibre adéquat.

De façon générale, l’éclaircissage vise à ajuster la charge de fruits au potentiel productif de l’arbre. En plus des avantages pour le classement et la récolte, il permet :

  • Le maintien d’un volume uniforme de récolte année après année permettant d’éviter les récoltes excessives et d’assurer une bonne floraison l’année suivante (lutte contre l’alternance).
  • L’élimination de fruits mal pollinisés, pourvus de moins de pépins, portés à être difformes et moins aptes à une bonne conservation.
  • La lutte à certains ravageurs est facilitée, comme dans le cas de la tordeuse à bandes obliques.

L’éclaircissage peut être réalisé de différentes façons qui généralement nécessitent d’intervenir à plus d’un des moments suivants:

  • à la floraison, par éclaircissage mécanique ou chimique des fleurs ou par exclusion des pollinisateurs
  • peu de temps après la nouaison,  par application d’agents éclaircissants (lorsque les fruits atteignent de 5 à 20 mm de diamètre), et aura un effet maximal afin de réduire l’alternance.
  • lorsque les fruits atteignent 20 à 30 mm de diamètre, par éclaircissage manuel des fruits.

Chaque méthode a ses avantage et ses contraintes. En général, les interventions réalises plus tôt sont supérieures afin de réduire l’alternance, et les interventions effectuées plus tard sur les fruits permettent des gains appréciables en calibre et en qualité – ce qui explique pourquoi l’éclaircissage manuel est largement utilisé. malgré les coûts élevés de main d’œuvre qu’il nécessite. Voici plus de détails sur les principales méthodes actuellement utilisées pour ces trois grandes approches.

 

Éclaircissage mécanique des fleurs

L’éclaircissage mécanique floral (ÉMF) est moins populaire que l’éclaircissage des fruits, mais offre pourtant une opportunité pour réduire la charge très tôt en saison, soit durant la floraison des pommiers. L’ÉMF est complémentaire aux autres techniques d’éclaircissage et doit s’inscrire dans une stratégie globale incluant la taille, l’éclaircissage chimique et l’éclaircissage manuel. L’ÉMF permet de réduire les intrants chimiques et les coûts de main d’œuvre associés à l’éclaircissage et est compatible avec l’agriculture biologique. Il offre également d’autres avantages dont celui de réduire l’alternance des pommiers [1][2-5] et d’être indépendant de la météo. De nombreuses études ont démontré que l’ÉMF pouvait améliorer la qualité des fruits, notamment le calibre, la couleur, la fermeté et le taux de sucre [5-9].

La technique consiste à supprimer de façon aléatoire des fleurs individuelles ou des bouquets floraux entiers, à l’aide de fils de plastique montés sur un axe rotatif. Dans les vergers commerciaux, moins de 10% de fleurs contenues dans un pommier sont nécessaires pour l’obtention d’un rendement de qualité [2].  L’éclaircissage mécanique floral permet d’en supprimer 30 à 50% selon le réglage. D’autres méthodes, soit chimique et/ou manuelle doivent ensuite être utilisées pour compléter l’ajustement de la charge.

L’ÉMF agit de deux façons. Tout d’abord, on observe un effet direct, immédiatement après le traitement alors qu’une certaine quantité de fleurs sont supprimées. Le traitement provoque aussi des dommages mineurs au feuillage, qui provoquent un stress nutritionnel pour les fruits en développement, durant 8 à 10 jours après le traitement, ce qui accentue la chute naturelle des fruits [3, 10-12]. L’effet des éclaircissant chimiques peut également être accentué s’ils sont appliqués durant cette période.

La technique d’éclaircissage mécanique florale est particulièrement bien adaptée aux plantations en haute densité, dont les arbres sont conduits en fuseaux étroits ou en mur fruitier puisque les fils éclaircissants mesurent généralement 60cm de longueur. Lorsque les branches sont plus longues, les fils ne parviennent pas à atteindre le centre des arbres qui sont alors éclaircis seulement en périphérie. La machine originale développée en Allemagne pour l’ÉMF s’appelle “Darwin mechanical blossom thinner”, mais il existe aujourd’hui des modèles similaires commercialisés par d’autres compagnies, dont un modèle assisté d’une caméra GPS qui permet d’ajuster la vitesse de rotation de l’axe selon l’intensité de la floraison de chaque pommier individuel.

Conditions de réussite pour l’éclaircissage mécanique 

  1. Le stade optimal de passage de la Darwin est du début de la floraison à 50% de la pleine floraison, c’est-à-dire lorsque la fleur centrale et 2-3 autres fleurs sont ouvertes (comme dans les image qui suivent). Cependant, l’appareil peut être utilisé entre le stade bouton rose et pleine floraison. Après la pleine floraison, les risques de dommages et de malformation des fruits augmentent tout comme le stress provoqué par le retrait d’une partie importante du feuillage. Les variétés dont les fleurs s’ouvrent l’une après l’autre dans le bouquet plutôt que simultanément (en même temps) sont particulièrement propices à l’éclaircissage mécanique floral. Dans certains cas, pour des variétés très productives, les pomiculteurs biologique peuvent faire jusqu’à deux passages la même année (premier passage autour du débourrement et l’autre au début de la floraison) [10, 13].
  2. La vitesse de rotation doit être adaptée en fonction de la vitesse d’avancement du tracteur. Le tableau qui suit, tiré du manuel de l’utilisateur de l’appareil Darwin[14] doit servir de référence.

  3. Il est également recommandé de faire des tests sur une petite surface avant d’éclaircir une parcelle au complet, afin de s’ajuster à la vigueur des arbres, l’intensité de la floraison (variété, alternance, etc.) et les conditions de la parcelle (nivellement du sol, alignement des rangées, etc.). Il faut retenir que la vitesse de rotation du mât et celle de l’avancement du tracteur ont un effet inverse. L’augmentation  de la vitesse de rotation des fils augmente l’intensité de l’éclaircissage. Toutefois, l’augmentation de la vitesse d’avancement du tracteur réduit l’intensité de l’éclaircissage. Une vitesse de rotation de 200 à 240 tours par minute et une vitesse d’avancement du tracteur de 6 à 8 km/h sont régulièrement utilisées.
  4. Il existe aujourd’hui plusieurs modèles dont la hauteur des axes varie. Il est important de s’assurer que le modèle utilisé permet aux fils d’atteindre la cîme des arbres (comme sur l’image qui suit). Dans certains cas, des embouts peuvent être utilisés pour allonger la hauteur de travail.
  5. Les fils ne doivent pas frapper mais tourbillonner dans l’arbre. Si des bris de branches sont observés, il faut ajuster la conduite des arbres, la vitesse de rotation des fils ou d’avancement du tracteur.
  6. Les arbres doivent idéalement avoir une forme rectangulaire de mur fruitier ou de fuseaux étroits avec une largeur maximale d’environ 1.2m de couronne (60 cm à partir du tronc). Il est possible d’ajuster l’angle du mât lorsque les arbres ont une forme conique. Toutefois, si les branches sont plus longues que les fils, le centre des arbres risque d’être mal éclairci (votre bras est un bon guide pour évaluer la profondeur d’action).
  7. L’éclaircissage mécanique floral doit être fait sur des arbres qui ont atteint leur hauteur optimale pour ne pas risquer d’endommager l’apex, ce qui pourrait les empêcher d’atteindre une hauteur optimale.
  8. Les grosses branches et celles qui ont un angle supérieur à 60◦ doivent être éliminées afin d’éviter l’usure prématurée des fils et une mauvaise efficacité d’éclaircissage (exemple dans les images suivantes).
  9. L’éclaircissage mécanique floral est compatible avec les autres techniques de production fruitière intégrées telles que la confusion sexuelle du carpocapse de la pomme; les fils n’endommagent pas les diffuseurs à phéromone.

L’éclaircissage mécanique peut-il favoriser l’apparition de brûlure bactérienne?

Une étude réalisée en Pennsylvanie par Ngugi et Schupp en 2009 [15] a suscité certaines inquiétudes par rapport à la propagation de brûlure bactérienne dans les vergers éclaircis mécaniquement durant la floraison. Bien qu’elle aie été réalisée dans des conditions qui ne sont pas représentatives des productions commerciales, cette étude est citée dans plusieurs articles sur le sujet. Toutefois, de nouveaux essais réalisés par Sazo et al. de 2014 à 2016 dans une parcelle de Gala de l’État de New York, considérée à risque élevé (présence de brûlure bactérienne dans une parcelle voisine et conditions propices aux infections durant l’étude) a permis d’obtenir de bons résultats lorsque des traitements préventifs étaient appliqués [16]. De plus, L’ÉMF est utilisé par plusieurs pomiculteurs européens, dans des secteurs ou la maladie est présente, sans conséquences sur la propagation de cette maladie. Pour cette raison, nous recommandons de ne pas éclaircir mécaniquement lorsque les arbres sont mouillés et d’appliquer les traitements contre la brûlure bactérienne, de la même façon que dans les autres parcelles, c’est-à-dire lorsque les conditions d’infection sont réunies. Consultez la fiche 106 pour en savoir plus sur les stratégies de lutte contre la brûlure bactérienne. Des essais supplémentaires sont nécessaires afin de confirmer les précautions requises, lors des traitements d’éclaircissage mécaniques.

En conclusion voici une tableau comparant les avantages et les inconvénients de l’éclaircissage mécanique floral

 Avantages  Inconvénients
Indépendant de la météo (éviter d’éclaircir sous la pluie) Convient uniquement pour les arbres de forme étroite conduit en mur fruitier ou légèrement coniques (max 1,2m de couronne)
Convient à la production fruitière intégrée (PFI) et biologique (bio) Incompatible avec les tailles longues, les grosses branches et l’utilisation de ficelles pour arquer les branches
Permet de réduire les intrants chimiques et le temps requis pour l’éclaircissage manuel
Applicable à toutes les variétés même celles qui sont difficiles à éclaircir chimiquement, peu importe l’âge des arbres, en autant qu’ils sont matures Risque de sur-éclaircissage s’il y a un gel de printemps après le traitement d’éclaircissage
Diminution de l’alternance et amélioration du retour de floraison Peu causer des dommages aux branches et feuilles
Accroît l’efficacité des éclaircissants chimiques et la chute de juin Risques de propagation de certaines maladies (feu bactérien?) et pression accrue de certains  ravageurs (ex. puceron lanigère)
Alternative supplémentaire dans une stratégie globale d’éclaircissage, qui allonge la période d’intervention (éclaircissage hâtif sur les fleurs) Le sol doit être bien nivelé avec peu ou pas d’ornières absentes
Relativement peu coûteux et rapide à utiliser (1,5 à 2,5 hectare traité par heure)

Cliquez ici pour la liste des références sur l’éclaircissage mécanique des fleurs

 

Éclaircissage chimique

L’éclaircissage chimique des fruits peu de temps après leur nouaison est l’approche traditionnelle d’éclaircissage. Avant de décider d’intervenir chimiquement pour éclaircir les jeunes fruits noués, il faut d’abord déterminer si le nombre de fleurs pollinisées, donc de fruits éventuels, correspond au nombre visé de fruits par arbre ou s’il l’excède (la section « Éclaircissage manuel » retrouvée plus loin dans la présente fiche décrit deux méthodes qui permettent d’évaluer le nombre de fruits à viser).

Il reste ensuite à évaluer la nouaison pour déterminer s’il y a un surplus de fruits et un besoin d’éclaircir. C’est assez facile lorsque les plus gros fruits atteignent un diamètre de 8 à 12 mm, car il est possible alors de juger du grossissement relatif des fruits et des pépins. Toutefois, si des produits à base de benzyladenine (ex. : MAXCEL) qui peuvent favoriser une multiplication cellulaire accrue) ou encore le carbaryl (selon les normes de la production fruitière intégrée) sont utilisés, il faut estimer la nouaison encore plus tôt. Le tableau et la figure qui suivent montrent les caractéristiques qui permettent d’évaluer si la nouaison s’est bien réalisée sur les tout jeunes fruits (5 à 8 mm).

jeunes pommes à la nouaison

Forte nouaison (photo) Faible nouaison
Les pédoncules se recourbent vers le haut, vers le soleil. Les pédoncules demeurent droits.
Les petits fruits grossissent. Les petits fruits cessent de grossir.
Les petits fruits et les pédoncules demeurent verts. Les petits fruits et les pédoncules jaunissent ou rougissent.
Les sépales se replient et se referment vers le calice. Les sépales demeurent ouverts ou repliés vers l’extérieur.

 

Application d’agents éclaircissants

Avant de prendre la décision d’éclaircir les fruits pour chacun des cultivars, il importe de faire les observations qui s’imposent et de les consigner dans un registre. Il est recommandé de noter chaque jour durant toute la floraison les cultivars en fleur et leur stade de floraison, les températures maximales et minimales, les précipitations, le vent, l’ensoleillement ou l’ennuagement relatif et l’activité des abeilles.

exemple de feuille de suivi pour l'éclaircissage

Il faut considérer de la même façon les divers facteurs qui influencent les conditions d’éclaircissage. Les principaux points à considérer sont :

  • La sensibilité des fruits aux agents éclaircissants, qui varie selon le cultivar. Le tableau ci-après présente une classification générale des principaux cultivars en fonction de la facilité d’éclaircissage.

Facilité d’éclaircissage de différents cultivars de pommiers.

Facile Facile à modéré Modéré Difficile
Jersey Mac Sunrise Paulared Hâtives (sauf Jersey Mac)
Spartan (premières années) Lobo Ginger Gold Honeycrisp
Cortland Spartan (en équilibre) Gala
McIntosh Empire

Il faut quand même tenir compte, lors de la prise de décision, de l’ensemble des autres facteurs qui influencent l’éclaircissage :

  • Les arbres affaiblis par une récolte excessive la saison précédente ou par le gel hivernal et/ou les arbres trop vigoureux réagiront plus aux agents éclaircissants.
  • Une floraison très rapide et une mauvaise pollinisation entraînent le plus souvent un taux de nouaison faible qui augmente l’efficacité des agents éclaircissants.
  • Des conditions météorologiques nuageuses ou pluvieuses diminuent le taux de nouaison et augmentent l’efficacité des agents éclaircissants.
  • Des essais à l’Université Cornell ont déterminé que les périodes où le pommier a un surplus ou un déficit en hydrates de carbone sont déterminantes pour l’efficacité des agents éclaircissants. Ainsi, du temps ensoleillé, des températures fraîches et une humidité relative faible au moment de l’éclaircissage ainsi que durant les cinq jours suivants réduisent l’effet des produits utilisés pour l’éclaircissage. À l’inverse, des conditions météorologiques nuageuses, chaudes et humides amplifient l’effet des produits utilisés pour l’éclaircissage. Ces facteurs influencent la photosynthèse et la respiration des pommiers.
  • Les jeunes pommiers qui débutent leur mise à fruit, jusqu’en 5e et 6e feuillaison, sont plus sensibles aux agents éclaircissants.

 

Mode d’emploi des agents éclaircissants

Il s’agit de moduler l’effet du produit utilisé soit en l’appliquant à des moments plus ou moins favorables à l’absorption, ou mieux encore (c’est-à-dire plus économiquement), en ajustant la dose, le nombre de traitements et l’intervalle entre deux traitements. Il est recommandé de ne modifier qu’un seul paramètre à la fois.

  • Traitez par temps calme, de préférence le soir, lorsque les températures sont supérieures à 15 °C et l’humidité élevée à 80 %. Si le traitement suit une période de précipitation, laissez au moins un intervalle d’une journée de temps plus sec avant d’effectuer le traitement, afin de favoriser l’absorption du produit.
  • Assurez-vous que le pulvérisateur soit bien calibré et appliquez environ 800 à 1000 litres de bouillie à l’hectare lors des traitements d’éclaircissage, selon la dimension des arbres. Bien que les agents éclaircissants soient généralement compatibles avec les autres produits comme les fongicides, il est préférable de faire un traitement séparé, car les rangs ou les zones de l’arbre ciblés ne sont souvent pas les mêmes.
  • Fermez les buses inférieures du pulvérisateur. Les branches fruitières situées à la base du pommier sont naturellement faciles à éclaircir compte tenu du peu de lumière qu’elles reçoivent.
  • Surveillez votre concentration (!) : les doses recommandées ont été établies par les fabricants à partir de traitements dilués et sont généralement données en ppm. C’est pourquoi il est recommandé d’employer des quantités d’eau importantes. Il faut toutefois noter que les recommandations de l’État de New York mentionnent de maintenir les quantités d’ANA (FRUITONE-N, FRUIT FIX) à l’acre même si le volume d’eau utilisé est réduit (consultez le tableau plus bas). Donc, sous toute réserve, à essayer avec prudence sur une partie des superficies traitées, si vous avez habituellement des résultats décevants avec vos traitements plus concentrés (sur une base de ppm).

 

Trucs et mises en garde
  • Rappelez-vous que l’éclaircissage des fruits est aussi un art et que l’expérience des années compte pour mieux ajuster les types de traitements à effectuer en fonction des objectifs de qualité des fruits. Gardez des arbres témoins (non éclaircis) pour connaître l’effet réel du traitement. Il importe aussi de tenir un registre des conditions météorologiques pour chaque traitement d’éclaircissage : les journées précédentes, la journée du traitement ainsi que durant les cinq jours suivants. De cette façon, vous serez en mesure de développer votre propre expertise.
  • Le régulateur de croissance APOGEE favorise une nouaison accrue; s’il est employé, il faut augmenter d’environ un tiers la dose des produits utilisés en éclaircissage. Idéalement, ne pas utiliser d’ANA dans les quatre jours qui précèdent ou qui suivent un traitement avec APOGEE.
  • N’hésitez pas à consulter votre conseiller pomicole pour évaluer la stratégie la mieux adaptée à votre situation.

 

Quels sont les traitements suggérés?

Employez l’un ou l’autre des traitements suggérés dans le tableau ci-après. Comme il n’y a pas d’essais de traitements et de dosages au Québec, ce sont des doses suggérées plutôt que recommandées; vos décisions se prendront à la lumière de votre expérience et des recommandations de vos conseillers.

Utiliser la plus faible concentration lorsque les conditions sont favorables à une efficacité accrue du produit. L’ANA peut aussi causer une malformation passagère des feuilles lorsqu’appliqué en période de développement rapide du feuillage.

Traiter avec le bon produit en fonction du calibre des fruits à éclaircir; tous les produits ne travaillent pas de la même façon!

 

Utilisation limitée du carbaryl

Le carbaryl (mieux connu sous son nom commercial SEVIN) est utilisé depuis longtemps comme agent d’éclaircissage chimique. Bien que ce soit un insecticide, son absorption par les jeunes fruits a un certain effet phytotoxique qui élimine les plus faibles d’entre eux. Toutefois, c’est un insecticide à large spectre d’action qui réduit les populations de plusieurs espèces bénéfiques dans le verger, spécialement les acariens prédateurs, tels les phytoséiides. Son utilisation en PFI est peu souhaitable, et limitée comme suit :

  • Éviter l’application sur des cultivars qui s’éclaircissent bien avec l’utilisation d’autres produits. Par exemple sur McIntosh ou Cortland où l’éclaircissage avec l’ANA à dose faible ou modérée fonctionne bien.
  • Ne pas dépasser la dose recommandée pour l’éclaircissage (1 kg/ha de matière active ou moins, soit 2 L/ha ou moins dans le cas de SEVIN XLR). Des doses supérieures sont très toxiques aux espèces utiles du verger, et ne sont plus homologuées sur pommier depuis 2017.
  • Utiliser plus tôt en période d’éclaircissage (plus près du calice) alors que les prédateurs sont encore peu présents.
  • Traiter la moitié supérieure des pommiers seulement. Ceci évite d’arroser le sol et le bas de l’arbre, d’où certains prédateurs migreront. De fait, le bas de l’arbre s’éclaircit généralement de lui-même par manque de lumière.
  • Ne pas dépasser une application par saison dans un bloc ou un cultivar donné. Les cultivars d’été et certains cultivars très alternants, tels que la Honeycrisp, nécessitant deux applications, une première au stade calice et une seconde à l’atteinte d’un diamètre d’environ 8-10 mm, font exception à cette règle.
Éclaircissant1, 2 Matière active Fenêtre d’utilisation (en mm de calibre) Concentration Dose maximale à l’hectare
FRUITONE N (3,1 PS)3 acide napthyl-1-acétique (ANA) 5 à 15 mm 5 à 15 ppm4
SEVIN XLR (43 SL)5 carbaryl Calice à 12 mm 2 L
MAXCEL (1,9 L)6 6-benzyladénine 5 à 15 mm; 20 mm si 2e trt 75 à 200 ppm4 22 L/saison
CILIS PLUS (2,0 L)6 6-benzylaminopurine 5 à 10 mm 50 à 200 ppm4 21,3 L/saison
  1. Produits d’usage plus commun; d’autres produits, comme le thiosulfate d’ammonium (ATS), ACCEL, ETHREL et AMID-THIN peuvent être utilisés dans des conditions particulières.
  2. La concentration des ingrédients actifs (% ou g/L) et la formulation sont indiquées entre parenthèses. Formulations : L : liquide, PS : poudre soluble, SL : suspension liquide.
  3. Peut s’employer en mélange avec SEVIN, mais pas avec MAXCEL ni CILIS. De 5 à 20 ppm (5 à 20 g de matière active/1000 L) selon les cultivars et les conditions d’application. Volume minimal de 500 L/ha jusqu’à un maximum de 1000 L/ha. ATTENTION : 20 ppm est excessif dans la majorité des situations.
  4. 1 ppm = 1 g de matière active/1000 L d’eau.
  5. Peut être employé en mélange avec un des autres produits du tableau. 1 à 2 L dans 1000 L d’eau/ha (dose PFI).
  6. Ce produit peut contribuer au grossissement des fruits en favorisant la multiplication cellulaire. Pour ce faire, il faut l’utiliser lorsque les fruits sont encore petits. Produit particulièrement approprié pour des cultivars tels Gala ou Empire.

 

Éclaircissage manuel

Une fois les agents éclaircissants appliqués, il faut attendre la chute physiologique des fruits (fin juin à début juillet) pour évaluer les besoins d’éclaircissage manuel. L’éclaircissage manuel a pour but de contrôler la charge de récolte. Une charge trop élevée a des impacts négatifs sur la qualité des fruits et favorise l’alternance de production. Tel que mentionné dans la fiche 117, une charge trop élevée a également un impact sur la maturité et la chute des fruits à la récolte.

Des expériences menées au Québec avec le cultivar Honeycrisp nous ont permis de mesurer les impacts de différentes charges de récolte sur plusieurs facteurs qui caractérisent la qualité des fruits. Les figures suivantes illustrent les résultats de ces études.

Influence de la charge de récolte sur le pourcentage de coloration des pommes Honeycrisp sur porte-greffe B.9 (S. Mantha).

influence de la charge sur la coloration (graphique)

Influence de la charge de récolte sur le calibre des pommes Honeycrisp sur porte-greffe B.9 (S. Mantha).

influence de la charge sur le calibre (graphique)

Influence de la charge de récolte sur la pression, le Brix (%) et le stade amidon* des pommes Honeycrisp sur porte-greffe B.9 à la récolte (S. Mantha).

influence de la charge sur la pression, le taux de Brix et le stade amidon (graphique)

* Selon la charte Évaluer la maturité des pommes – Test de l’amidon du CRAAQ.

Il est donc important de bien contrôler la charge de récolte afin de maximiser la qualité des fruits. Cette opération est surtout nécessaire sur les cultivars dont l’alternance est marquée. Toutefois, elle permet d’améliorer grandement la qualité des fruits sur l’ensemble des cultivars, tel que l’illustrent les photographies et l’explication qui suivent.

pommier non éclairci manuellement

Honeycrisp/B.9 non éclairci manuellement.

Comment éclaircir manuellement et combien de fruits faut-il enlever?

La bonne vieille méthode consiste à laisser un fruit par bouquet quand les fruits ont atteint environ 25 mm de diamètre. Cette méthode manque cependant de précision et dans le cas de nouveaux cultivars, tels que la Honeycrisp, laisse encore un trop grand nombre de fruits sur l’arbre, ne permettant pas d’obtenir les standards de qualité désirés. Ainsi deux autres méthodes sont actuellement proposées aux pomiculteurs pour leur permettre de produire le plus belles pommes : le Trunk Cross-sectional Area (TCA) et le gabarit Équilifruit.

TCA

TCA = (Diamètre du tronc / 2)2 × 3,1416
Nombre de fruits = TCA × ratio souhaité

La première méthode proposée est celle du TCA, basée sur le nombre de fruits à laisser en fonction de la vigueur de l’arbre. Tel qu’illustré à la figure ci-haut, le TCA est obtenu en mesurant le diamètre du tronc à 30 cm du sol et par calcul à l’aide de la formule mathématique énoncée dans la même figure. Le nombre de fruits à laisser sur l’arbre après éclaircissage est obtenu en multipliant le TCA par le ratio nombre de fruits/TCA désiré. Ce ratio varie en fonction du cultivar : un ratio de 4 à 6 fruits/cm2 est recommandé pour les variétés alternantes, tels que la Honeycrisp, et de 6 à 9 fruits/cm2 pour les variétés non alternantes, tels que la McIntosh. Il existe également un gabarit développé par l’Université Cornell qui permet d’obtenir directement le nombre de fruits à laisser en mesurant le tronc de l’arbre. Cette méthode est assez précise mais laborieuse et peu applicable en verger commercial.

gabarit Équilifruit

La deuxième méthode est l’utilisation du gabarit Équilifruit (figure ci-haut) développé par le groupe MAFCOT en France. Ce gabarit qui est plus convivial, est déjà utilisé par plusieurs pomiculteurs du Québec. Le gabarit permet de mesurer l’aire des branches fruitières et d’y associer un nombre de fruits à conserver après éclaircissage manuel. Ce nombre de fruits est fonction d’un ratio de fruits/cm2 de branches fruitières particulier à chaque cultivar. Le ratio varie de 3 fruits/cm2 de branches fruitières pour les cultivars alternants, tels que la Honeycrisp, jusqu’à 6 fruits/cm2 de branches fruitières pour les cultivars non alternants, tels que la McIntosh.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

bannière des principaux partenaires de réalisation et commanditaires du Guide de PFI