Archive d’étiquettes pour : Récolte

Auteurs de la première édition : Nathalie Tanguay, Roland Joannin et Paul Émile Yelle
Auteure de la mise à jour 2023 : Maude Richard
Dernière mise à jour par l’auteur : 29 janvier 2023

 

Une bonne planification de la récolte permet de minimiser les pertes (pertes de qualité, de temps, d’argent, d’employés, etc.) et de maximiser la performance de votre entreprise en matière d’entreposage et de classification. Pour bien préparer sa récolte, il faut aussi commencer très tôt!

Lors de l’implantation du verger

  • L’installation d’un brise-vent du côté des vents dominants pourra réduire la chute de fruits à l’automne.
  • Lors de la plantation, le choix de cultivars doit évidemment se faire en fonction des marchés visés par l’entreprise. Toutefois, une attention particulière doit être portée pour bien étaler les dates de récolte sur une longue période, facilitant ainsi la gestion de la cueillette et des besoins en main d’œuvre.
  • La mise en place d’un système d’irrigation est un incontournable pour diverses raisons. C’est pourquoi il est primordial d’y penser au moment de l’implantation d’une parcelle. Entre autres, en réduisant les stress hydriques, les apports d’eau permettent l’établissement des arbres, une meilleure disponibilité des éléments nutritifs dans le sol, la santé globale des arbres et contribuent à améliorer le calibre et la qualité des fruits. De plus, les fruits d’un arbre affecté par la sécheresse tendent à mûrir et à tomber plus rapidement près du moment de la récolte. Pour de plus amples informations à ce sujet, consultez la fiche sur l’Irrigation.
  • Valider également les besoins de certification auprès de votre acheteur de pommes comme CanadaGap ou une certification de régie biologique.

En saison

Un mois avant le début de la récolte

Traitements en vue de l’étalement de la récolte
Des traitements visant à retarder le mûrissement ou la chute des pommes peuvent être appliqués dans certaines parties du verger afin de planifier la récolte et de faciliter l’étalement de celle-ci en verger PFI. Ces produits agissent sur les mécanismes physiologiques du pommier.

Le RETAIN (amino-éthoxyvinylglycine) est un produit permettant l’étalement de la récolte et l’obtention de lots avec une maturité plus homogène (réduction des plages de maturité) puisqu’il réduit la production d’éthylène. À noter que ce produit est également intéressant pour les entreprises d’autocueillette, car il permet de maintenir les fruits sur les arbres plus longtemps. Son délai avant récolte est de 7 jours et le délai de ré-entrée est de 12 heures. Il n’est pas autorisé en régie biologique.

Il doit être appliqué en diluer (±1 000 L/ha) avec un surfactant organo-siliconé, tel que XIAMETER, à quatre semaines avant la date de début de maturité prévue pour l’AC LT (Atmosphère Contrôlée Long Terme) pour chacune des variétés. Il a été démontré sur McIntosh que le RETAIN est plus efficace à 4 semaines plutôt qu’à 3 semaines avant maturité. Toutefois, même à 2 semaines avant la date de maturité prévue, il aura un effet, mais moindre.

Le traitement doit être fait lorsque les conditions sont favorables à l’absorption : feuillage sain –exempt de dommages d’acariens, cicadelles ou autres, température supérieure à 15 C, humidité relative supérieure à 85 % et au minimum 4 heures sans pluie. IMPORTANT : Référez-vous aux étiquettes de ces produits afin de connaître les conditions d’application, les possibles mélanges et s’il y a lieu, les risques associés. Si le traitement est réalisé de jour, il doit être fait par temps couvert. Le ralentissement de la maturation peut également permettre aux fruits d’être exposés à quelques nuits froides supplémentaires et ainsi obtenir une meilleure coloration.

Le FRUITONE L (acide alpha-naphtylacétique ou ANA) est un agent éclaircissant également homologué pour contrer la chute prématurée des fruits. L’ANA s’applique dès que les premières pommes saines chutent au sol. Le moment des applications est primordial pour la réussite d’intervention, bien distinguer la chute normale des fruits sains. La dose à utiliser varie selon la période de cueillette des cultivars, il est recommandé d’utiliser 5 ppm d’ANA pour les variétés estivales et 10 ppm d’ANA pour les variétés mi-saison et tardives. Notez qu’un second traitement peut être réalisé cinq à six jours après le premier pour allonger l’effet anti-chute du FRUITONE L à raison de 10 ppm. Le délai avant la récolte est de 5 jours tandis que le délai de ré-entrée est de 12 heures. L’effet de celui-ci se verra 7 à 10 jours après son application.

Ce produit s’applique lorsque les températures sont de 21 à 24 °C avec une humidité relative supérieure à 85 % pour favoriser une absorption efficace avec une quantité d’eau par hectare suffisante pour bien mouiller le feuillage et les fruits (viser une couverture très uniforme).

Bien que FRUITONE L permet de lutter contre la chute prématurée des pommes, l’application de ce produit a pour effet d’accélérer le murissement des fruits. Notez que l’effet sur la maturité des fruits augmente en fonction de la concentration appliquée ainsi que le nombre de traitements. De plus, les fruits (particulièrement de la variété McIntosh) traités au FRUITONE L pour limiter la chute des pommes se conserveront mal à long terme en entrepôt. Conséquemment, les pommes ayant reçu 2 traitements au FRUITONE devraient être mises en marché le plus rapidement possible1.

L’HARVISTA 1.3 SC (1-methylcyclopropène ou 1-MCP) peut également être utilisé pour retarder la maturité des fruits en verger. Ce produit contient la même matière active que le SmartFresh™ lequel est utilisé en post récolte dans des chambres d’entreposage afin d’améliorer la conservation, notamment la fermeté des fruits. À noter que l’HARVISTA ne remplace pas les traitements avec le SmartFresh™ post-récolte.

L’avantage de l’HARVISTA comparé au RETAIN est qu’il offre plus de flexibilité quant au moment de l’application. En effet, il peut être appliqué entre 3 et 21 jours avant la date de récolte prévue tandis que le RETAIN doit être appliqué entre 14 et 28 jours avant le début de la récolte anticipée. Bien que peu testé jusqu’à présent au Québec, plusieurs études en Ontario démontrent divers avantages sur McIntosh, Royal Gala et Honeycrisp.

Le produit retarde la cueillette de 7 à 14 jours par rapport à la date prévue pour l’AC LT puisqu’il diminue la production d’éthylène et inhibe la sensibilité du fruit à l’éthylène (ralentissement de la maturation des fruits). Aussi, il permettrait de réduire la chute des fruits avant récolte et d’améliorer le potentiel de conservation, d’autant plus s’il est utilisé avec le SmartFresh™.

Appliquer entre 5,9 à 17,7 L/ha de produit entre 3 à 21 jours avant la date prévue de cueillette. Il est suggéré d’augmenter la dose sur des fruits ayant un stade de maturité plus avancée. Attention, des systèmes d’injection en continu de substances chimiques sont requis pour appliquer le produit. En d’autres termes, il nécessite un équipement d’application modifié. Il est également possible d’y ajouter du surfactant tensioactif siliconé (XIAMETER) à une dose de 0,05 % v/v. Enfin le délai avant récolte est de 3 jours.

Mises en garde

  • Ne pas appliquer lorsque les températures sont supérieures à 35 °C;
  • Le produit ne doit pas entrer en contact avec du cuivre;
  • Le produit peut retarder le développement de la couleur rouge sur l’épiderme des fruits. Dans ce cas, des doses plus faibles devraient être utilisées pour les variétés de pommes bicolores (ex : Honeycrisp).

Évaluation du volume de la récolte

Cette évaluation permettra de prévoir la main-d’œuvre, le matériel et la machinerie nécessaires au bon déroulement de la cueillette. Pour estimer le nombre de bennes (contenants de récolte) nécessaires à la récolte, se reporter à la méthode décrite à la page 4 du Guide pour les superviseurs de cueillette des PPQ.

Prévisions pour le recrutement de la main-d’œuvre

Le producteur doit planifier dès que possible le recrutement de la main-d’œuvre dont il aura besoin. Pour estimer le nombre de cueilleurs requis, se référer à la page 5 du Guide pour les superviseurs de cueillette. Le producteur doit aussi prévoir du personnel pour le transport des bennes ainsi que des superviseurs pour le contrôle de qualité.

Quelques semaines avant le début de la récolte

Préparation du terrain

Éliminer les branches, les roches et niveler le terrain en remplissant les trous qui pourraient causer des blessures aux travailleurs ou des meurtrissures aux fruits lors de leur transport dans le verger. La fauche du gazon avant la cueillette permet de détecter facilement les obstacles nuisibles et facilite le ramassage des pommes laissées au sol.

Préparation du matériel

Le producteur doit inspecter ses bennes individuellement et s’assurer qu’elles sont en bon état (saines, solides, sans morceaux de bois ou clous, etc.). Il doit les réparer au besoin, puis les nettoyer. Le nettoyage des bennes consiste d’abord à déloger tout déchet organique (résidus de culture, terre, excréments d’animaux (souris, raton laveurs, etc.)) qui pourrait être une source potentielle de contamination d’origine microbienne ou d’introduction d’insectes indigènes/ exotiques si les bennes sont exportées.

Ensuite, les parois doivent être nettoyées à l’aide d’une laveuse à pression, puis rincées à l’eau claire et séchées au soleil au grand air2. Si cette opération de nettoyage est bien faite, il n’y a pas lieu de désinfecter les bennes. Pour ce qui est des bennes de plastique, elles sont moins propices à la présence de bactéries, mais doivent néanmoins être nettoyées de la même façon chaque année. Les sacs de cueillette doivent aussi être nettoyés.

Les bennes ne doivent servir qu’à la manutention et à l’entreposage des fruits et à aucun autre usage (ex : entreposage d’outils, de produits d’entretien, de produits chimiques à usage agricole, etc.). Elles doivent être sorties à l’extérieur une à deux semaines avant la récolte afin d’être exposées à la pluie et ainsi réhumidifiées, sinon le bois risque de tirer l’humidité des pommes pendant l’entreposage.

Les jours précédant la récolte, les bennes et les échelles doivent être disposées dans les parcelles du verger. Il faut organiser ce matériel en fonction de l’ordre prévu de la cueillette et aussi, en prévoir suffisamment selon les rendements anticipés (ex : secteur avec fortes charges, augmenter le nombre de bennes et échelles afin d’éviter de perdre du temps les journées de récolte).

Quelques jours avant le début de la récolte

 Formation des cueilleurs

Une fois les cueilleurs et superviseurs choisis, le producteur doit les former afin de leur expliquer les bonnes méthodes de cueillette, l’utilisation adéquate du matériel, les critères de qualité à respecter, les méthodes d’évaluation de leur rendement et les notions de salubrité des aliments. Les formations doivent avoir lieu avant le début de la cueillette et doivent se poursuivre au fur et à mesure que la récolte progresse, car certaines notions peuvent nécessiter d’être renforcées et de nouveaux cueilleurs peuvent se joindre en cours de récolte. Vous pouvez vous référer à ce document pour vous aider à cette formation : Outil de formation du cueilleur de pommes.

Lors des formations, le producteur doit prendre le temps de procéder à des démonstrations et de faire pratiquer les cueilleurs devant lui. Les formations doivent traiter, entre autres, des sujets suivants :

  • L’utilisation adéquate des échelles afin d’éviter des blessures.
  • La manipulation des échelles de manière à éviter le bris des arbres et les meurtrissures aux fruits.
  • L’utilisation de sacs de cueillette, en évitant de le déposer au sol afin de prévenir toute contamination.
  • L’ordre de cueillette et la technique de cueillette pour prévenir les meurtrissures, le bris des pédoncules et des bourgeons.
  • L’importance d’une manipulation délicate des fruits en tout temps : en les cueillant, en les déposant dans le sac, en se déplaçant avec le sac et en les transvidant dans les bennes.
  • L’importance de la salubrité, « comment » et « quand » se laver les mains : avant de manipuler les fruits, après être allé aux toilettes, après une pause, une cigarette ou un repas, après l’application de chasse-moustiques ou de crème solaire, après une manipulation d’objets autres que les fruits (ex : poubelles, cellulaire, etc.).
  • Les autres obligations reliées à la salubrité : ne pas manger, ne pas boire ni fumer dans les vergers, utiliser les poubelles et les toilettes à la disposition des employés et l’obligation d’aviser leur superviseur lorsqu’ils sont malades.
  • Le niveau de qualité de cueillette exigé (sélection des fruits) et la façon dont leur rendement sera évalué. Les critères de qualité ainsi que les méthodes recommandées pour l’évaluation du rendement des cueilleurs et l’évaluation de la qualité des lots sont décrits à la sous-section « Contrôle de qualité» ci-après.
  • Le producteur doit identifier ses bennes au moyen d’une étiquette apposée au moment de la récolte. Cette étiquette comporte le nom du producteur, la date de cueillette, le numéro de lot standardisé et la variété des pommes. Cette information doit être inscrite même si la cueillette est faite à l’heure, car elle est essentielle pour le contrôle de la qualité. Voir la section « Tenue de registres par le producteur» ci-après pour plus de détails.

Engagements du producteur envers ses employés

Le producteur a la responsabilité de fournir le nombre suffisant d’installations sanitaires, soit une installation sanitaire pour 35 employés par site de production. Il doit s’assurer qu’elles sont convenablement équipées et entretenues : provisions de savon, eau potable, serviettes jetables et poubelle ou encore serviettes humides, désinfectant et poubelle. Il doit aussi s’assurer que les employés ont des endroits désignés pour manger, boire et fumer ainsi que pour ranger leurs effets personnels, qu’ils doivent garder loin des pommes. Pour de plus amples informations à ce sujet, se référer au Guide de salubrité des aliments pour les fruits et légumes frais de CanadaGAP.

Avant de commencer la cueillette, les attentes du producteur et les conditions de travail doivent être énoncées clairement (salaire, mode de paiement, horaire et conditions de travail, etc.) Pour s’assurer d’une bonne rétention de sa meilleure main-d’œuvre, le producteur pourrait prévoir des primes pour une saison complète et une prime pour un rendement de qualité.

Pendant la récolte

Le suivi de chantier est essentiel pour minimiser les pertes de rendement dues aux meurtrissures et éviter l’entreposage et la manutention de fruits non conformes. Une étude menée par le Club Agropomme a révélé que les meurtrissures représentaient près de la moitié (45 %) des défauts observés sur sept chantiers de récolte québécois en 1999.

Par la supervision et la formation adéquate de ses cueilleurs, le producteur s’assure de bonifier la classification de ses pommes, car en plus d’apprendre comment réduire les meurtrissures, les cueilleurs apprennent à ne pas cueillir ou à ne pas conserver les fruits qui ne correspondent pas aux critères de qualité recherchés. Les défauts à éliminer peuvent être une coloration insuffisante, un calibre trop petit, des dégâts d’insectes, de maladies ou de grêle, des pourritures, des malformations, du roussissement, des marques de frottement, etc. Pour plus de détails, voir le Guide pour les superviseurs de cueillette.

Contrôle de qualité

Pour mettre en œuvre un système de contrôle de qualité rigoureux, le producteur doit prévoir une personne chargée de la supervision pour chaque groupe de 10 à 15 cueilleurs. Bien que cela représente des frais considérables, le système de contrôle est rapidement rentabilisé par une amélioration de la classification lors de l’emballage. Deux méthodes d’évaluation ont été développées :

  • L’évaluation individuelle des cueilleurs : cette méthode consiste à évaluer, pour chaque cueilleur, le pourcentage de pommes cueillies non conformes aux critères de qualité. Au total, de 17 à 24 pommes sont retirées au hasard selon la variété et à différents emplacements dans toutes les bennes ramassées par un même cueilleur (idéalement trois contrôles par benne : au fond, au milieu et en surface). Selon l’annexe A de la Convention de mise en marché des pommes 2021-2022, les fruits non conformes à un rendement de 90 % « Pommes Qualité Québec » sont mis de côté. De cette façon, le pourcentage de non-conformité est évalué et, en fonction des résultats obtenus, cette méthode permet d’ajuster le besoin d’encadrement de chaque cueilleur.
  • L’évaluation des lots : cette seconde méthode consiste à évaluer de façon similaire la fiabilité d’une équipe de cueilleurs à produire un rendement de 90 % « Pommes Qualité Québec ». Les lots inspectés doivent être homogènes et le nombre de pommes ainsi que la quantité de bennes à inspecter varient selon les variétés. Les pommes sont choisies au hasard et à différentes profondeurs dans les bennes sélectionnées. Les fruits qui ne correspondent pas aux critères de qualité sont mis de côté. Le pourcentage de fruits non conformes permet au producteur de juger du niveau d’encadrement requis par l’équipe évaluée. Cette méthode est complémentaire à la précédente et n’est valide que si l’évaluation individuelle des cueilleurs a été préalablement réalisée.

Ces deux méthodes sont expliquées en détail dans un extrait du Guide pratique pour la formation et l’évaluation des cueilleurs de pommes publié par Les Producteurs de pommes du Québec.

À la suite de ces évaluations, le producteur doit examiner les pommes mises de côté pour déterminer la nature des défauts sur les fruits et la source des meurtrissures (prise en main des fruits, vidage inadéquat du sac de récolte, mauvais ajustement de la profondeur du sac, mauvaise manutention du sac, placement inadéquat de l’escabeau, etc.), puis il doit expliquer aux cueilleurs comment corriger les problèmes.

Après la récolte

Le producteur doit s’assurer que les pommes sont transportées de façon délicate afin d’éviter les meurtrissures. Une bonne façon d’y parvenir est de ne pas rouler trop vite lors du transport des pommes et de s’assurer que les pneus des plateformes de transport sont bien gonflés. Aussi, les contenants de récolte doivent être attachés s’ils sont transportés sur une remorque ouverte afin de respecter le code de la route.

Une attention particulière doit aussi être portée pendant la journée de cueillette au déchargement des bennes au site d’entreposage ou de manutention. Les pommes cueillies doivent être réfrigérées la même journée et toute exposition au soleil et à la chaleur doit être évitée avant la réfrigération. Chaque variété doit être entreposée en respectant certains critères de maturité, qui sont traités à la fiche sur le Suivi de la maturité et de la qualité des fruits. Par ailleurs, les entrepositaires doivent respecter les paramètres d’entreposage recommandés (voir la fiche sur l’ Entreposage AC).

Tenue de registres par le producteur

La tenue de registres permet au producteur d’améliorer l’organisation de sa récolte et optimise l’efficacité de son travail et la qualité des fruits récoltés.

Selon le Règlement sur la mise en marché des pommes du Québec, le producteur doit identifier chacun de ses contenants de récolte au moyen d’une étiquette apposée le jour de la cueillette. Cette étiquette indique le nom du producteur, la date de cueillette, le numéro de lot standardisé, la variété de pommes et la parcelle. Les Producteurs de pommes du Québec présente un exemple d’étiquette sur son site Internet et à la page 8 du Guide pour les superviseurs de cueillette. Le numéro de lot indiqué sur l’étiquette doit permettre au producteur de retracer facilement la provenance des pommes dans le verger.

Le producteur peut aussi tenir les registres suivants :

  • Une fiche du rendement/qualité de chaque cueilleur;
  • Un registre d’évaluation de la qualité des lots au verger;
  • Un registre du nombre de bennes par parcelle.

Des exemples de fiche du rendement/qualité des cueilleurs et d’un registre d’évaluation de la qualité des lots sont présentés dans le Guide pratique pour la formation et l’évaluation des cueilleurs de pommes.

 

Références

  1. Guide de protection des fruits tendres. Ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et des Affaires rurales. (2021).
  2. Guide de salubrité des aliments pour les fruits et légumes fraise de CanadaGap. Agriculture et Agroalimentaire Canada. (2021).

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

Auteurs de la première édition : Nathalie Tanguay, Roland Joannin, Paul Émile Yelle et Maude Lachapelle
Auteure de la mise à jour 2023 : Maude Richard
Dernière mise à jour par l’auteure : 11 janvier 2023

 

Avant tout, l’évaluation de la maturité de lots de pommes lors de la récolte est un outil incontournable pour déterminer le type et la durée d’entreposage. Elle permet aux entreprises pomicoles de prendre des décisions éclairées quant à l’ordre de cueillette des différentes parcelles et à la destination des lots. Le diagnostic d’entreposabilité est un outil essentiel pour déterminer le type d’entreposage approprié (vente immédiate, réfrigération, transformation ou atmosphère contrôlée (AC) et la période de mise en marché visée (vente immédiate, court terme, moyen terme ou long terme). Les entreprises pomicoles limitent ainsi les pertes financières engendrées par l’entreposage de lots de pommes dans de mauvais termes (exemple : entreposage d’un lot rencontrant les critères de l’AC à court terme entreposé en AC à moyen terme). Les types d’entreposage et la période visée de mise en marché en fonction du diagnostic d’entreposabilité sont décrits dans le document suivant : Évaluer la maturité des pommes – Test de l’amidon | Arbres fruitiers – Agri-Réseau | Documents.

Pour les traitements post-récolte en entrepôt, consulter la fiche sur Les traitements post-récolte.

De plus, lorsque des régulateurs de croissance (ex : RETAIN, HARVISTA…) sont utilisés, il est très important de faire un suivi précis de la maturation afin d’en retirer tous les bénéfices souhaités soient les délais supplémentaires de récolte, la meilleure plage de maturité des lots et l’amélioration du potentiel de conservation.

Le test de régression à l’amidon et le test de fermeté sont les deux principales méthodes utilisées pour l’évaluation de la maturité et ils sont complétés par l’évaluation du nombre de pépins. Les tests doivent être répétés à un intervalle de trois à quatre jours maximum jusqu’à la fin de la récolte pour toutes les variétés destinées à l’entreposage. Le même échantillon est utilisé pour ces trois tests. L’échantillonnage débute au moins une semaine avant la date prévue de récolte et commence par les secteurs les plus hâtifs du verger. Lors de gels en cours de récolte, un suivi de maturité est d’autant plus indispensable afin de bien orienter les lots de pommes en termes de conservation. Notez que suivant un gel, l’effet de celui-ci se verra généralement 24 heures après l’événement. C’est pourquoi, il est suggéré de refaire le test de maturité 24 heures après un épisode de gel.

Test de fermeté

Ce test s’effectue sur des pommes entières tout juste cueillies et répondant aux critères de l’annexe A de la Convention de mise en marché des pommes 2021-2022 qualité pour les Pommes Qualité Québec.

Quelques mises en garde pour le test de pression pour obtenir une lecture juste :

  • La pomme doit être maintenue solidement en place contre une surface plate. Ne pas se servir de sa main comme appui solide !
  • La pelure doit être enlevée à l’aide d’un « éplucheur » (outil prévu à cette fin) à deux endroits opposés sur la pomme (sur la face la plus colorée et sur la face la moins colorée du fruit). Surtout, ne pas utiliser de couteau ou d’éplucheur de cuisine pour cette étape puisqu’ils enlèveront de la chair du fruit et les données seront faussées.
  • La mesure est prise à l’aide d’un pressuromètre (aussi nommé pénétromètre) avec une tige de ±50 mm de longueur. À noter qu’il existe 2 diamètres de tiges, 11,3 mm pour les pommes et 8 mm pour les poires. La profondeur de pénétration de la tige doit être constante. La tige doit pénétrer dans la chair jusqu’à la marque incrustée dans la tige. Une pénétration insuffisamment profonde donnera une lecture trop faible versus une pénétration trop profonde, une lecture trop élevée.
  • Calibrez le pressuromètre minimalement 2 fois par saison.
  • La vitesse de pénétration de la tige doit être constante : un temps moyen d’une seconde pour une pénétration jusqu’à la marque incrustée donnera une bonne lecture.
    • Pressuromètre « maison » (source : Maude Richard, Agropomme).

      Il est recommandé d’utiliser 5 fruits au minimum pour réaliser ce test. Ces fruits peuvent servir par la suite à réaliser le test de l’amidon (section suivante). L’utilisation adéquate du pressuromètre est décrite plus en détail à l’annexe 1 du Cahier des charges pour l’amélioration de la qualité des pommes entreposées en atmosphère contrôlée publié par Les Producteurs de pommes du Québec.

      Entre le moment de l’entreposage et celui de la mise en marché, la fermeté des fruits diminue. Afin de respecter les normes de mise en marché qui permettent d’offrir aux consommateurs des fruits suffisamment fermes et moins sujets aux meurtrissures, les pommes doivent être entreposées selon les critères de fermeté recommandés dans le document Évaluer la maturité des pommes – Test de l’amidon | Arbres fruitiers – Agri-Réseau | Documents.

      Test de la régression en amidon

      Au fur et à mesure que la maturité des fruits progresse, l’amidon accumulé dans les fruits immatures se transforme lentement en sucres solubles et leur potentiel de conservation diminue. Ceci dit, le test de la régression à l’amidon sert à évaluer l’état de la maturité du lot testé.

      L’évaluation de l’amidon se fait sur 12 fruits ayant été échantillonnés dans la parcelle ou dans des bennes de cueillette si le test est réalisé à l’entrepôt. On trempe donc dans la solution d’iode la moitié des fruits coupée de façon transversale pendant quelques minutes. L’iode colore en noir l’amidon, ce qui permet de suivre facilement la régression de celui-ci et d’évaluer le potentiel d’entreposage des fruits en indiquant des valeurs de 1 à 8. Notez que ce test doit être effectué sur des pommes provenant d’une parcelle (pas de réfrigérateur et encore moins ayant eu un traitement au SmartFreshTM).

      Régression de l’amidon du cultivar Primgold dont les pommes ont un indice d’iode allant de 1,5 à 4 (source : Maude Richard, Agropomme).

      Nous obtenons 2 types de coloration après le passage des fruits dans l’iode, la coloration radiale et la coloration concentrique.

      Certains cultivars tels que Mcintosh, Empire, Spartan colorent de façon radiale, alors que d’autres, comme la variété Cortland colorent de façon concentrique. En général, la coloration radiale est facile à lire alors que la coloration concentrique est plus difficile puisqu’il faut tenir compte des nuances de coloration pour émettre le diagnostic. Donc, pour la variété Corltand et ses lignées, la personne effectuant le test à l’iode doit être expérimentée pour émettre un diagnostic valable. Le test de la teneur en amidon, ainsi que les indices d’amidon à respecter par variété, pour chaque type et durée d’entreposage, sont décrits en détail dans le document Évaluer la maturité des pommes – Test de l’amidon | Arbres fruitiers – Agri-Réseau | Documents.

      Index des taux d’amidon-iodine (source : G.D. Blanpied, Cornell Cooperative Extension).

      Dénombrement de pépins

      Le dénombrement des pépins (ou évaluation de la pollinisation) se compte sur un minimum de 10 fruits échantillonnés. Il s’agit d’évaluer si le fruit a cinq pépins et plus dans ses loges carpellaires ou s’il en a moins.

      Les fruits comptant cinq pépins et plus ont un meilleur potentiel de conservation. Ainsi, même si les tests de teneur en amidon et de fermeté satisfont les critères de conservation, les fruits contenant moins de cinq pépins risquent de moins bien se conserver. En effet, il a été démontré que la perte de fermeté en entreposage est plus rapide pour les pommes de cinq pépins et moins, puisque ceux-ci ont une plus faible concentration interne en calcium, ce qui joue directement sur la fermeté du fruit (d’où l’importance des agents pollinisateurs en vergers durant la floraison).

      Toutefois, depuis l’arrivée du SmartFreshTM (1-Méthylcyclopropène : 1-MCP), le nombre de pépins semble avoir moins d’incidence sur le potentiel de conservation.

      nombre de pépins: pomme coupée en deux

      Pépins retirés du cœur d’une pomme (source : OMAFRA).

      Coloration des fruits

      N’étant pas nécessairement un indice de maturité, la coloration fait impérativement partie des critères importants de qualité et doit être prise en compte lors de la planification de la cueillette.

      Il est possible de retarder le début de la cueillette d’une parcelle par manque de couleur, et ce, même si les critères de maturité indiquent le début de l’AC à long terme… Les documents suivants publiés par les Producteurs de Pommes du Québec contiennent les chartes de couleur pour les principaux cultivars du Québec, sous l’onglet Qualité :

       

      Autres tests

      Pour certains cultivars tels qu’Honeycrisp, le moment optimal de maturité est plus difficile à déterminer et nécessite plus d’une récolte. En plus des tests de teneur en amidon, de fermeté et de couleur, le développement du goût sucré et des arômes de la pomme doivent être pris en compte. L’aptitude à détecter les niveaux adéquats de sucre, d’acidité et les arômes recherchés se développe avec l’expérience de production et de récolte, bien qu’elle demeure subjective. Pour la Honeycrisp, les taux de sucre désirés selon l’indice de degré Brix se situent objectivement entre 12,5° et 14°.

      Des pommes « Honeycrisp » ayant deux patrons de coloration différents, mais des niveaux de maturité similaires à la récolte (source : J. DeEll).

      Un nouvel outil, le « DA Meter »

      Le « DA Meter » est un instrument de mesure développé en Italie par la compagnie TR Turoni. Celui-ci mesure la teneur en chlorophylle par différence d’absorbance (DA) soit une technique de spectrophotométrie. Ainsi, plus le fruit est mature, moins il contient de chlorophylle. La lecture doit par la suite être comparée à une échelle de maturité spécifique à chaque variété pour la région de culture.

      Images d’un DA meter (source : Vicky Filion).

      Plusieurs projets ont été effectués durant les dernières années pour évaluer l’application du « DA Meter » au Québec. Jusqu’à présent, les résultats démontrent des variations trop importantes pour que cette technologie soit utilisable sur les variétés du Québec.

      Attention !

      D’autres facteurs que ceux décrits ci-dessus doivent être pris en compte avant de considérer l’entreposage à long terme des pommes. Ainsi, il ne faut pas entreposer en atmosphère contrôlée :

      • Les pommes qui proviennent de jeunes pommiers, d’arbres peu chargés ou taillés sévèrement (on vise des arbres avec bon équilibre végétatif / production pour mettre en atmosphère contrôlée);
      • Les pommes dépassant le calibre maximal, meurtries ou avec des taches de tavelure;
      • Les pommes qui sont demeurées plus de 24 heures sans réfrigération (à l’extérieur ou à l’intérieur d’un bâtiment).

       

      Références

      DeLong, J., Prange, R., Harrison, P., Nichols, D. & H. Wright. Determination of optimal harvest boundaries for Honeycrisp™ fruit using a new chlorophyll meter. Canadian Journal of Plant Science. 94, 361-369 (2014).

      Mantha, S., Morin, Y. & Filion, V. Les tests de maturité : un outil indispensable pour récolter au bon moment! Réseau d’avertissements phytosanitaires. (2015).

      Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.