Archive d’étiquettes pour : Utilisation des pesticides

Auteurs de la première édition : Gérald Chouinard, Robert Maheux, Yvon Morin, Francine Pelletier et Maude Lachapelle
Auteure de la mise à jour 2023 : Karine Bergeron
Dernière mise à jour par l’auteure : 18 février 2024

 

Les pesticides, ou produits phytosanitaires, servent à protéger les récoltes contre différents ennemis : maladies, insectes, mauvaises herbes, etc. afin de garantir la qualité de la récolte et des rendements. Pour que cette protection soit efficace, les produits doivent atteindre leur cible et ne pas être perdus dans l’environnement. Facile à dire, mais pas toujours simple à mettre en pratique!  Les moments propices aux pulvérisations sont souvent de courte durée et les conditions météo ne sont pas toujours idéales lors des applications. Il est impossible de contrôler la nature, mais on peut s’y adapter.

Pour réduire les risques de dérive, il faut :

  • Comprendre ce qui la cause.
  • Suivre les instructions indiquées sur les étiquettes. Exemple de mentions présentes sur l’étiquette du Captan 80 WSP (consultée le 27 mars 2023) :
    • « Appliquer uniquement lorsque les possibilités de dérive vers des secteurs habités ou des aires d’activités humaines (maisons, chalets, écoles et aires récréatives) sont minimes. Tenir compte de la vitesse du vent, de la direction du vent, des inversions de températures, du matériel d’application utilisé et des réglages du pulvérisateur. »
    • « Application à l’aide d’un pulvérisateur pneumatique : NE PAS appliquer par calme plat ni quand le vent souffle en rafales. NE PAS orienter le jet directement au-dessus des plantes à traiter. À l’extrémité des rangs et le long des rangs extérieurs, couper l’alimentation des buses pointant vers l’extérieur. NE PAS appliquer lorsque le vent souffle à plus de 16km/h au site d’application (d’après la mesure prise à l’extérieure du site de traitement, du côté d’où vient le vent). »
  • Utiliser du matériel approprié : buses produisant des gouttelettes de la bonne grosseur (les gouttelettes de taille inférieure à 150 μm sont particulièrement sujettes à la dérive).
  • Faire quelques ajustements sur le pulvérisateur : déflecteurs, détecteur de végétation, etc. Chaque ajustement ou accessoire comporte des avantages et des inconvénients.

Qu’est-ce que la dérive des pesticides et ses effets ?

La dérive est le transport par voie aérienne de gouttelettes ou de vapeurs de pesticide hors de la zone ciblée par le traitement. Les gouttelettes qui ont dérivé sont perdues dans l’environnement. La dérive peut se produire dès la mise en marche du pulvérisateur et se poursuivre longtemps après la pulvérisation. Elle peut contaminer l’eau, l’air et le sol. Généralement, la dérive est liée aux méthodes d’application et aux conditions locales et non pas à la nature du produit appliqué.

Pour réduire la dérive, il faut bien comprendre comment différents facteurs physiques et météorologiques agissent sur les gouttelettes :

  • La gravité : fait en sorte que les gouttelettes tombent au sol.
  • La taille des gouttelettes : plus elles sont petites (moins de 150µm), plus les risques de dérive sont présents.
  • L’angle de la pulvérisation : les jets orientés davantage à l’horizontal (pulvérisateurs tours) sont moins sujets à la dérive que les jets à angle prononcé des pulvérisateurs de type « radial » (en arc de cercle).
  • La quantité d’air soufflée : l’air qui traverse et sort du couvert végétal peut propulser les gouttelettes sur de grandes distances.
  • L’évaporation : a pour effet de réduire la taille des gouttelettes, les rendant plus sensibles à la dérive.
  • La vitesse et la direction du vent : le vent transporte les gouttelettes parfois sur de très longues distances et dans de nombreuses directions. Il est préférable de pulvériser par vent léger (plus de 1 à 2 km/h) ET de ne pas pulvériser par calme plat. La vitesse du vent est le facteur le plus important en ce qui concerne la dérive des gouttelettes de pesticide. En verger, la vitesse du vent est mesurée dans le haut du couvert végétal, en amont du verger.

Tableau tiré du document La dérive des pesticides : prudence et solutions (source : Marlène Piché).

  • L’air ascendant : déplace les gouttelettes fines vers le haut les rendant sensibles aux déplacements par le vent.
  • L’humidité relative de l’air et la température : ces deux facteurs peuvent diminuer le diamètre des gouttelettes (dérive) et concentrer le produit (phytotoxicité). En général, il faut éviter de pulvériser lorsque l’humidité relative est inférieure à 40 % et la température de l’air, supérieure à 25 °C. Ces conditions favorisent la réduction du diamètre des gouttelettes par évaporation de l’eau dans celles-ci et ces particules alors plus fines sont plus sensibles à la dérive.

La présence d’une station météo qui permet de lire la température, la quantité de pluie tombée, l’humidité relative, la vitesse et la direction du vent, au verger est fortement recommandée pour connaître ce qui se passe sur place.

Plus la distance entre la buse et la cible (feuilles, fruits) est petite, moins les risques de dérive et les impacts sur la pulvérisation seront importants.

Pourquoi réduire la dérive?

Dans les zones tampon, aucune application de pesticide n’est permise. Les zones tampon sont mentionnées sur les étiquettes. Elles peuvent varier selon le stade de développement des cultures à protéger et le type d’équipement utilisé.

Exemple de l’information des zones tampons requises pour le SHARDA CAPTAN 80WSP tiré de l’étiquette du produit consulté en 2024 (source : Sharda Cropchem LTD).

L’outil Calculateur de zone tampon disponible sur le site de Santé Canada peut également vous aider à déterminer ce qui est permis de ce qui ne l’est pas.

Il est aussi possible de combiner plusieurs techniques qui permettront de réduire les zones tampons mentionnées.

Pourcentage de réduction de la dérive des techniques et équipements admissibles. Tableau tiré du document Techniques et équipements admissibles à une réduction des distances d’éloignement prévues à l’article 52 du Code de gestion des pesticides par rapport aux immeubles protégés consulté en 2024 (source : ministère de l’Environnement du Québec).

Comment réduire la dérive?

Il est possible de poser plusieurs gestes qui vous permettront de réduire la dérive lors de vos applications de pesticides.

1. Effectuez les vérifications suivantes avant toute pulvérisation :

2. Effectuez le réglage et l’étalonnage du pulvérisateur (Fiche sur le Réglage et étalonnage du pulvérisateur) :

Cet ajustement devrait être fait en début de saison et en cours de saison si des modifications sont apportées au pulvérisateur. Il permet de réduire le gaspillage et les effets néfastes des pesticides sur l’environnement, de confirmer que tout est conforme :

  • Le débit et la distribution de l’air;
  • La dose qui sera appliquée;
  • Le débit de chacune des buses.

Pour ce faire, il faut :

  • Positionner et orienter les buses de façon à maintenir le plus possible le jet de gouttelettes vers et à l’intérieur du feuillage.
  • S’assurer que la distribution de l’air qui sort du pulvérisateur soit optimale. Cette étape a normalement lieu en usine ou lors de cliniques de réglage (norme Aircheck).
  • Ajuster le débit d’air en fonction de la densité du couvert végétal : moins il y a de feuillage, moins il devrait y avoir d’air. Dans les vergers, les pulvérisations faites en début de saison produisent plus de dérive que celles faites en juillet.
  • La vitesse du tracteur influence la quantité d’air qui va sortir du couvert végétal. L’ajustement du débit d’air doit être fait en roulant.

Vous pouvez réduire votre débit d’air en diminuant la vitesse de rotation de la prise de force du tracteur (PTO) ce qui vous fera également économiser du carburant.

Le réglage annuel du pulvérisateur peut être fait par une personne accréditée du programme Action réglage.

Vous pouvez aussi visionner les cinq capsules de la série « Réglage des pulvérisateurs à jets portés ». Elles vous permettront de mieux comprendre le réglage de votre pulvérisateur à jets portés. Nous vous recommandons cet ordre de visionnement :

  1. La préparation du pulvérisateur (6 minutes);
  2. Les données requises (8 minutes);
  3. Le réglage du pulvérisateur (12 minutes);
  4. Atteindre la cible: débit, espacement et vitesse (6 minutes);
  5. Atteindre la cible: quantité et traitement (5 minutes).

À la fin de vos visionnements, vous ne verrez plus votre pulvérisateur de la même façon!

Le Ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) offre aussi des ressources sur leur site MAPAQ – Action-réglage (source : MAPAQ).

3. Ajoutez au pulvérisateur de petits équipements pour améliorer la technique de pulvérisation :

Buses antidérive, buses à faible dérive, buses à réduction de dérive ou buses à induction d’air.

Ces buses produisent des gouttelettes de taille plus homogène et plus grosses aux mêmes débit et pression d’application que les buses conventionnelles à jet plat ou à jet conique. Elles permettent une réduction de la dérive de 50 à 85 %. Elles s’intègrent facilement sur un système conventionnel sans nécessiter d’investissement important.

ATTENTION : Pour s’assurer d’un bon fonctionnement, ces buses doivent être nettoyées efficacement après chaque pulvérisation. Assurez-vous que les deux orifices par lesquels l’air est aspiré restent toujours ouverts et ne se bouchent pas. Pour plus d’information sur la performance et l’utilisation des buses antidérive, une fiche technique de l’IRDA (2012) résume une étude sur le sujet.

La taille des gouttelettes est définie selon la norme ASAE S572.1 et un code de couleur est associé au diamètre moyen des gouttelettes qui seront pulvérisées.

Tableau de taille de gouttelettes en fonction du code de couleur tiré du Dépliant sur le choix des buses de pulvérisation en grande culture consulté en 2024 (source : Coordination services-conseils).

ATTENTION : le code de couleur de la qualité de pulvérisation norme ASAE S572.1 (tableau précédent) ne doit pas être confondu avec la couleur de la buse qui peut varier selon les marques de commerce.

Les gouttelettes extrêmement fines (XF) sont rarement utilisées en pomiculture, mais les gouttelettes très fines (VF) sont courantes (ex : Albuz ATR 80° lilac). Il est possible d’utiliser des gouttelettes avec un VMD inférieur à 150 µm de façon sécuritaire si ce choix est accompagné d’autres mesures pour réduire la dérive. Par exemple, choisir des buses antidérive pour les porte-buses aux positions les plus élevées de votre pulvérisateur tour.

  • Détecteur optique de végétation :

Cet appareil permet la fermeture/ouverture automatique des buses en l’absence/présence de végétation, par exemple un arbre manquant sur un rang. En verger, la réduction de la dérive varie de 20 % en début de saison à 50 % lorsque le feuillage est pleinement développé. Ce système permet de réduire les quantités de pesticides utilisées et leur dérive hors de la zone visée.

détecteur optique de végétation

Détecteur optique de végétation (source : Marlène Piché).

  • Déflecteurs :

De dimensions variables, les déflecteurs ressemblent à des palettes de tôle. Ils sont placés de chaque côté du pulvérisateur axial, en haut de la fente de sortie d’air de chaque buse. Ils permettent d’orienter le jet d’air horizontalement et de mieux cibler le feuillage. Ils font habituellement partie intégrante du pulvérisateur au moment de l’achat mais peuvent être ajoutés. La distribution et l’orientation de l’air peuvent être ajustés avec des équipements spécialisés. Les ajustements de l’air sont très difficiles à la ferme.

4. Utilisez un pulvérisateur permettant la réduction de la dérive :

  1. Pulvérisateur tour avec flux latéral d’air

Ce type de pulvérisateur entraîne les gouttelettes très près du feuillage en produisant un jet horizontal. Un bon ajustement du pulvérisateur et la fermeture des buses dont le jet pourrait passer au-dessus de la végétation permettent de contenir les gouttelettes dans la végétation. Certains modèles permettent d’incliner la section supérieure de la tour vers le bas et de maintenir ainsi la pulvérisation dans le couvert végétal. L’utilisation d’un tel pulvérisateur permet une réduction de la dérive d’environ 50 %.

pulvérisateur tour avec flux latéral d’air

Pulvérisateur tour avec flux latéral d’air (source : Marlène Piché).

    b. Certification Aircheck

Certification de pulvérisateur et/ou de ventilateur qui est présente en Europe.  Cette certification assure l’optimisation de la distribution de l’air afin que la dose appliquée atteigne la cible voulue.

Logo AirCheck (source: AirCheck.eu)

Cette technologie a été utilisée et très appréciée dans le cadre du projet des vitrines pomicoles.

AVANTAGES INCONVÉNIENTS
Augmentation de la déposition du produit sur le feuillage, meilleure qualité de couverture Aucune certification disponible au Québec. Si on veut avoir accès à cette technologie, il faut importer le pulvérisateur ou le ventilateur, ce qui augmente les coûts.
Réduction de la dérive Plus dispendieux
Réduction du bruit
Meilleure efficacité énergétique (temps, vitesse d’application) donc gains monétaires à plusieurs niveaux
 Possibilité de modifier un vieux pulvérisateur pour une même efficacité

c. Pulvérisateur tunnel

Cette technologie utilisée en Europe est la technique la plus sûre pour l’environnement. Elle permet de réduire la dérive d’environ 90 %. Le pulvérisateur de type tunnel produit un jet horizontal, enrobe le pommier des deux côtés et récupère le produit de façon à le faire circuler de nouveau, diminuant ainsi de 30 % la quantité de pesticide utilisée. Au Québec, la présence de pommiers de grosseurs différentes (standards, nains, semi-nains) au sein de la plupart des vergers limite l’utilisation de cette technologie.

Pulvérisateur tunnel (source : Marlène Piché).

    d. Pulvérisateur avec sac(s) de pulvérisation :

Ce type d’appareil peut, en fonction du nombre de sacs de pulvérisation présents, traiter jusqu’à trois rangs à la fois (rampe comportant trois sacs). Ce genre de pulvérisateur a été utilisé en 2011 dans un verger commercial au Québec.

Pulvérisateur avec sac(s) de pulvérisation (source : Paul Émile Yelle et Karine Bergeron).

AVANTAGES INCONVÉNIENTS
Augmentation de 50 à 66% des superficies traitées par un opérateur: Ce type d’équipement doit être utilisé sur de grands vergers pour être rentable. Ce type d’équipement est aussi difficile à trouver sur le marché.
50% = 2 rangs traités simultanément
66 % = 3 rangs traités simultanément) Permet de traiter plus de superficies.
Grande réduction du bruit comparativement à un pulvérisateur conventionnel. Doit être utilisé dans des blocs homogènes de pommiers.
Un opérateur seul peut traiter une plus grande superficie de verger dans de bonnes conditions climatiques. Nécessite un terrain sans aspérité pour éviter les mouvements de la rampe et le déplacement des sacs de récupération.

5. Établissez des haies brise-vent autour du verger :

Des haies brise-vent réduisent la vitesse du vent et contribuent à réduire la dérive sur une distance d’environ trois fois la hauteur des arbres qui la composent.

  • Réduction de 10 à 50% si le feuillage est absent ou en développement.
  • Réduction de 60 à 85 % si les arbres sont en pleine feuillaison ou matures.

Les haies brise-vent ont aussi les effets suivants :

  • La pollinisation sera de meilleure qualité en raison de la présence accrue d’insectes pollinisateurs.
  • La diminution des dommages aux bourgeons, aux fleurs et de la chute des pommes par un ralentissement de la vitesse du vent
  • La protection contre le gel hivernal : l’accumulation de neige en hiver est plus importante.

Pour plus de détails et des exemples d’aménagements, consultez la publication Des haies brise-vent pour réduire la dérive de pesticides en verger  et voir la fiche sur les Ressources essentielles en PFI.

ATTENTION : les végétaux implantés ne doivent pas être sensibles aux pesticides employés et devront être choisis selon le type de sol et la zone de rusticité. L’utilisation de plantes faisant partie de la famille des rosacées est déconseillée, car leur parenté avec les pommiers augmente les risques de problèmes de maladies et d’insectes.

6. Modérez la vitesse d’avancement du pulvérisateur :

Si la vitesse d’avancement du pulvérisateur est grande, il est possible que de la turbulence soit créée, laquelle contribuera à éloigner les gouttelettes de pulvérisation de leur cible. La réduction de la vitesse de déplacement contribuera à améliorer la couverture de l’application ainsi que la pénétration du produit dans le couvert végétal.

7. Augmenter la taille des gouttelettes :

Plus les gouttelettes sont petites, plus elles sont sujettes à la dérive de pulvérisation. Il est possible d’augmenter la taille des gouttelettes par l’utilisation de buses antidérive ou en ajustant différemment la pression d’application. Plus la pression sera faible, plus les gouttelettes seront grossières donc moins sensibles à la dérive. L’augmentation de la taille des gouttelettes peut cependant entraîner des conséquences sur la qualité de la couverture, le volume d’eau requis pour bien traiter la culture et l’énergie requise pour souffler les gouttelettes (et donc le bruit).

Pour en savoir davantage

Aménagement de brise-vent pour réduire la dérive de pesticides lors de l’utilisation de pulvérisateurs à jet porté (quebec.ca)

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

Auteurs de la première édition : Gérald Chouinard, Yvon Morin, Robert Maheux, Francine Pelletier et Maude Lachapelle
Auteure de la mise à jour 2023 : Karine Bergeron
Dernière mise à jour par l’auteure : 18 février 2024

 

Pourquoi la qualité de l’eau est-elle importante?

Une mauvaise qualité d’eau peut avoir plusieurs effets néfastes sur l’efficacité des traitements phytosanitaires. Par exemple en causant la dégradation de la matière active ou encore, en la rendant inactive. Or en agriculture, faire des traitements efficaces est l’objectif de tous.

Comment s’assurer de la qualité de l’eau utilisée?

En général, l’eau souterraine est de meilleure qualité que celle de surface : elle est plus froide et plus claire. Si l’eau de surface est utilisée, par exemple celle d’un étang, la prise d’eau ne doit pas être située trop profondément, afin de ne pas pomper de sédiments. D’un autre côté, elle ne doit pas non plus être prélevée trop en surface, là où il y a plus de matière organique sous forme d’algues et où l’eau est plus chaude et risque d’accélérer les réactions chimiques aptes à inactiver les pesticides.

Vérifier la qualité de l’eau est assez simple et devrait être fait au moins une fois par année pour chacune des sources d’eau utilisées pour remplir la cuve du pulvérisateur.  Pour ce faire, faites fonctionner la pompe de votre source d’eau pendant quelques minutes avant de prélever l’échantillon d’eau.

Les paramètres à vérifier sont: le pH, la turbidité ainsi que la dureté de l’eau.

Le pH : il a un effet sur la durée de vie et la stabilité de la matière active dans la bouillie. Généralement, les pesticides sont stables à des pH compris entre 5 et 6. Si le pH de l’eau est supérieur à 7,5, l’ajout d’un acidifiant peut être recommandé.  Consultez les étiquettes des produits utilisés pour connaître les produits correcteurs de pH pouvant être ajoutés et dans quel ordre les ajouter.  Si plusieurs produits sont mélangés dans la cuve (voir la fiche sur Prévenir la phytotoxicité), le pH devrait être repris à la fin et ajusté au besoin. Dans le cas des mélanges, des pH compris entre 5 et 7 sont jugés acceptables.

Sous des conditions alcalines (pH >7) la matière active peut être dégradée (hydrolyse alcaline) sous forme inactive, ce qui peut entraîner une perte d’efficacité du pesticide.  La dégradation de la matière active d’un pesticide peut être mesurée en termes de demi-vie. Par exemple si un produit a une demi-vie de 1h, la quantité de matière active sera réduite de 50% après 1 heure, de 25% la deuxième heure, de 12.5% la troisième heure et ainsi de suite.  Éventuellement, le pesticide deviendra donc inefficace.  Cette donnée de demi-vie varie d’un produit à l’autre et peut être atténuée par l’ajout de produits modifiant le pH de la solution présente dans la cuve.

Demi-vie et pH optimal pour plusieurs produits phytosanitaires (tableau tiré de Effect of water pH on the stability of pesticides – MSU Extension) :

PRODUIT MATIÈRE ACTIVE pH OPTIMUM DEMI-VIE ET TEMPS NÉCESSAIRE JUSQU’À 50% DE DÉGRADATION
Insecticides/Miticides
Agri-Mek Avermectine Stable si pH entre 5 et 9
Ambush Perméthrine 7 Stable si pH entre 6 et 8
Apollo Clofentézine pH 7 = 34 h
pH 9.2 = 4.8 h
Assail Acétamipride 5 à 6 Instable à pH inférieur à 4 et supérieur à 7
Dipel B. thuringiensis 6 Instable à pH supérieur à 8
Imidan Phosmet 5 pH 5 = 7 jours
pH 7 < 12 h
pH 8 = 4 h
Matador Lambda-cyhalothrine 6.5 Stable si pH entre 5 et 9
Pounce Perméthrine 6 pH 5.7 à 7.7 
Nexter (Pyramite) Pyridabène Stable si pH entre 4 et 9
Sevin XLR Carbaryl 7 pH 6 = 100 jours
pH 7 = 24 jours
pH 8 = 2.5 jours
pH 9 = 1 jour  
Entrust, Success (SpinTor) Spinosad 6 Stable si pH entre 5 et 7
pH 9 = 200 jours
Fongicides
Aliette Forsétyl-al 6 Stable si pH entre 4 et 8
Captane 5 pH 5 = 32 h
pH 7 = 8 h
pH 8 = 10 min
Mancozèbe 6 pH 5 = 20 jours
pH 7 = 17 h
pH 9 = 34 h
Nova Myclobutanil Pas affecté par le pH
Herbicides
Venture (Fusilade) Fluazifop-p pH 4.5 = 455 jours
pH 7 = 147 jours
pH 9 = 17 jours
Ignite Glufosinate-ammonium 5.5
Poast Sethoxydim 7 Stable à pH 4.0 à 10
Princep Nine-T Simazine pH 4.5 = 20 jours
pH 5 = 96 jours
pH 9 = 24 jours
Prowl Pendiméthaline Stable dans un grand intervalle de pH
Glyphosate 5 à 6

Quelques options existent pour mesurer le pH de votre eau :

  • Des bandelettes en papier (kit de piscine) :
    • Lecture rapide;
    • Peu dispendieux;
    • Méthode la moins précise.
  • Un pH-mètre électronique :
    • Lecture rapide;
    • Coût et qualité très variables;
    • Doit être calibré.
  • Une analyse d’un laboratoire accréditédu centre d’expertise en analyse environnementale du Québec (CEAEQ):
    • Très précis;
    • Possibilité de demander plusieurs éléments;
    • Délais d’analyse.

La turbidité : elle désigne la teneur des particules en suspension dans l’eau. Selon la quantité de particules présentes, l’eau sera trouble ou limpide.

Pour les applications de pesticides, on recherche une eau la plus limpide possible.  La turbidité peut être causée par des contaminants dont des algues, de la matière organique ou des particules de sol en suspension dans l’eau.  Ces contaminants ont des charges électriques qui peuvent agir avec la matière active des pesticides et la rendre moins efficace, voire inactive. La matière organique présente dans l’eau peut nuire à l’efficacité de la plupart des pesticides de contact. Les herbicides sont particulièrement sensibles à cette caractéristique. Si l’eau n’est pas claire, un filtre au sable peut être utilisé pour éliminer les matières organiques en suspension.

La turbidité de l’eau varie selon différents facteurs, dont de fortes pluies ou des périodes de sécheresse.

Eau turbide en comparaison à de l’eau trouble.

La dureté : elle est liée à la présence de sels minéraux dans l’eau.

Le calcium (Ca) et le magnésium (Mg), deux éléments avec des charges positives, contribuent à la dureté lorsqu’ils sont présents dans l’eau. Ces ions positifs peuvent interagir avec la matière active des pesticides et la rendre moins efficace, voire inactive.

Il est possible de mesurer la dureté de l’eau (titre hydrotimétrique) avec des bandelettes (différentes de celles utilisées pour le pH) ou par une analyse en laboratoire.

Plage de valeur du titre hydrotimétrique (source : https://anti-calcaire.bio/carte-calcaire-france/).

Pour en savoir davantage

Les six clés de l’efficacité des pulvérisations dans les vergers et vignobles | ontario.ca

Pulvérisation : Comment optimiser la qualité de l’eau

 

Références

La qualité de l’eau: la base d’une pulvérisation efficace. Publireportage. Le Bulletin des agriculteurs. (2021).

Qualité de l’eau pour pulvérisations. Publireportage. Le Bulletin des agriculteurs. (2012).

Giroux, D. Mesure de deux paramètres de qualité de l’eau de pulvérisation (alcalinité et ph). Présentation à la journée petits fruits. Agri-Réseau. (2018).

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

Auteurs de la première édition : Gérald Chouinard, Yvon Morin, Robert Maheux, Francine Pelletier et Maude Lachapelle
Auteure de la mise à jour 2023 : Gaëlle Charpentier
Dernière mise à jour par l’auteure : 15 janvier 2023

 

Identifier la résistance

La résistance d’un ravageur (insecte, acarien, maladie) à un pesticide réfère au changement de sensibilité d’une population de ce ravageur au pesticide en question. La résistance se manifeste sur le terrain de deux façons : soit par une baisse d’efficacité, soit par une perte totale d’efficacité qui mène à des échecs successifs des applications du pesticide, lorsque celui-ci est utilisé tel qu’indiqué sur l’étiquette. La résistance à un groupe chimique confère parfois de la résistance à un autre groupe chimique : ce phénomène est la résistance croisée.

La résistance se développe souvent lorsqu’un pesticide est utilisé de façon continue sur des générations successives du même ravageur. Quand ce phénomène se produit il peut être tentant d’augmenter la dose et/ou de réduire les intervalles entre les applications. Si cela peut fonctionner en apparence, en réalité ce geste permet à la résistance de progresser jusqu’à ce que l’efficacité du produit soit complètement perdue.

Une baisse d’efficacité des pesticides peut toutefois être causée par plusieurs choses et non pas uniquement par la résistance. Avant de conclure trop rapidement qu’il est question d’un cas de résistance, il importe de se poser les cinq questions suivantes :

  • Est-ce que la pulvérisation a été effectuée sous des conditions météo favorables à son efficacité?
  • Est-ce que le pulvérisateur était bien calibré et a-t-il fonctionné sans problème durant la pulvérisation? Est-ce que le restant de bouillie est plus important qu’habituellement dans le pulvérisateur ?
  • Est-ce que l’eau d’arrosage utilisée est de qualité satisfaisante? Est-ce que le pH de l’eau est adéquat ?
  • Est-ce que le traitement a été appliqué en présence du stade ciblé (par exemple au pic de population ou au stade vulnérable de l’insecte)?
  • Est-ce que le produit utilisé est efficace contre l’ennemi visé?

Si vous pouvez répondre « oui » à ces cinq questions, alors la résistance pourrait effectivement être responsable de l’échec observé d’un pesticide.

Gérer la résistance

Comme on l’a vu plus haut, la solution aux problèmes de résistance n’est pas d’utiliser de plus fortes doses. L’homologation d’un agent de lutte antiparasitaire est un processus long et coûteux pour la plupart des compagnies et de nouveaux produits ne sont pas disponibles à chaque année.

Première ligne de défense : la rotation

La principale manière de ralentir, voire d’éviter, le développement de résistance est de faire une rotation de produits ayant des modes d’action différents.

Lors de leur homologation, les produits phytosanitaires se voient attribués un groupe chimique en fonction de leur matière active, identifiable par un nombre. Lorsqu’un produit contient deux matières actives, deux nombres seront présents. Au sein du même groupe chimique, les modes d’action sont identiques, vous pouvez donc vous servir de ces nombres pour vous aider dans vos rotations. Il se trouve dans un encadré noir présent sur la première page de l’étiquette.

Attention : les nombres pour les fongicides ne correspondent pas aux nombres pour les insecticides. Vous pouvez donc utiliser un fongicide du groupe 10 et un insecticide du groupe 10 sans risquer de développer de la résistance.

La rotation peut être faite à l’intérieur d’une même génération ou d’une génération à l’autre du ravageur. Par exemple, dans le cas des acariens (insectes à cycle de vie court), on privilégiera une rotation des acaricides tout au long de la saison car plusieurs générations peuvent être présentes en même temps au moment du traitement. Au contraire, dans le cas du carpocapse de la pomme (insecte à cycle de vie long), si de deux à trois traitements sont nécessaires pour lutter contre la première génération, une alternance devrait se faire entre chaque génération et non entre chaque traitement. Toutefois, il est possible qu’un manque de choix de produits de différents modes d’actions impose une limite à cette pratique de rotation. Dans ce cas une rotation peut être réalisée parmi les sous-groupes d’une famille chimique (identifiés par une lettre après le nombre). Pour connaître les groupes chimiques des insecticides homologués en pomiculture, consultez les tableaux des fiches suivantes : Acaricides homologués en pomiculture au QuébecInsecticides homologués en pomiculture au Québec et Herbicides, rodenticides, régulateurs de croissance et autres produits phytosanitaires homologués en pomiculture au Québec et Caractéristiques des produits utilisés pour réprimer les maladies en pomiculture au Québec.

En pratique, ceci signifie :

  • En cas d’échec d’un traitement ne ré-appliquez pas le même produit de nouveau. Utilisez un insecticide avec un mode d’action différent, soit provenant d’un autre groupe chimique.
  • Dans le cas de mélanges d’insecticides, d’acaricides, de fongicides ou d’herbicides dans le même réservoir, utilisez des produits avec des modes d’action différents et à la dose prescrite par l’étiquette.Évitez la rotation avec des groupes chimiques pour lesquels de la résistance croisée est connue.

Le tableau suivant, adapté de la Resistance Management Insecticide Compatibility Chart de Michigan State University, résume de façon schématique les rotations recommandées pour ralentir le développement de la résistance chez les lépidoptères (tordeuses et carpocapse). Si par exemple vous souhaitez utiliser IMIDAN pour la 1ère génération du carpocapse et un autre insecticide pour la 2e génération, descendez la colonne IMIDAN jusqu’au croisement avec l’insecticide que vous voulez utiliser pour la 2e génération. Si la case est vide, vous pouvez l’utiliser, et si elle est rouge ou jaune ceci indique que ce n’est pas un bon partenaire de rotation.

Charte de compatibilité des insecticides pour contrer la résistance (source : Michigan State University).

 

Remarques importantes :

  • La rotation n’est évidemment recommandée que parmi les produits homologués contre le ravageur visé et suggérés en PFI. Il serait, par exemple, tout à fait insensé de faire des rotations avec des pyréthrinoïdes après la floraison.
  • Il est aussi préférable de s’en tenir aux produits ayant le moins d’effets sur les organismes utiles (consultez la fiche sur les Ressources essentielles en PFI).
  • Bien que l’insecticide Entrust se qualifie comme un biopesticide, il reste sujet au développement de résistance puisqu’il fait partie de la famille des spinosynes.

Deuxième ligne de défense : la diversion

De nombreuses autres pratiques peuvent aussi vous aider à ralentir le développement de la résistance :

  • Lors de la plantation de nouveaux blocs dans le verger, misez sur des cultivars ou porte-greffes qui démontrent de la résistance aux maladies ou aux insectes. Par exemple tous les porte-greffes de la série Malling-Merton (MM) 106 et 111 résistent bien au puceron lanigère. Les porte-greffes B9, MM 111 et plusieurs de la série Geneva (dont G41, G11, et G16) résistent également bien à la brûlure bactérienne, même s’ils peuvent quand même être atteints. Concernant les maladies, des précautions supplémentaires sont à suivre afin d’éviter de perdre la résistance. Consulter les fiches suivantes : La tavelure : stratégies générales de lutte et Le feu bactérien : stratégies de lutte
  • Intégrez de nouvelles méthodes à votre programme de lutte : par exemple l’utilisation de la confusion sexuelle dans le cas du carpocapse de la pomme, l’utilisation du GF-120 dans le cas de la mouche de la pomme ou l’utilisation de BLOSSOM PROTECTdans le cas du feu bactérien.
  • Avant d’effectuer une pulvérisation, assurez-vous que la population du ravageur visé a atteint le seuil économique pour un traitement (seuil d’intervention).
  • Visez le stade le plus vulnérable du ravageur à réprimer. En connaissant bien la biologie, le cycle du ravageur et les données du dépistage, la lutte est plus facile à réaliser. Ciblez par exemple les plus jeunes larves de cicadelles, qui sont plus faciles à réprimer que les stades plus avancés.
  • Dans une situation où cela est possible, sélectionnez des pesticides qui préservent les prédateurs et autres ennemis naturels. En protégeant ces alliés il est possible de bénéficier de leur travail, c’est-à-dire une répression naturelle des ravageurs (consultez la fiche sur Les espèces utiles, une ressource à protéger).
  • Utilisez toujours un pulvérisateur en ordre et bien étalonné (consultez la fiche sur le Réglage et étalonnage du pulvérisateur).
  • Consultez l’étiquette des produits utilisés pour connaître les conditions d’application afin d’obtenir de bons résultats; respectez les intervalles d’applications mentionnés sur les étiquettes.
  • Restez à jour au niveau de vos connaissances sur la résistance des ravageurs en assistant aux journées d’information en pomiculture, aux activités d’information sur la résistance et en lisant les communiqués du RAP (consultez la fiche sur les Ressources essentielles en PFI).
  • Si vous avez un doute sur la résistance possible d’un ravageur à un pesticide, consultez votre conseiller et/ou le représentant commercial du pesticide en question.

Cas de résistance déjà existants

Des cas de résistance ont déjà été répertoriés au Québec pour certains insectes1 :

  • En Montérégie et dans les Laurentides, le carpocapse de la pomme a été confirmé résistant au CALYPSO (thiacloprid, groupe 4A), à l’INTREPID (méthoxyfénozide, groupe 18) et au Guthion (azinphos-méthyl – groupe 1B, qui n’est plus homologué aujourd’hui).
  • Dans les Laurentides, la tordeuse à bandes obliques a été confirmée résistante au LANNATE L et GUTHION 50 WSB (groupe 1A et 1B), qui ne sont plus homologués aujourd’hui, et à la cyperméthrine (groupe 3A).

Pour ces ravageurs, il est donc important de faire attention aux familles chimiques des produits phytosanitaires utilisés contre ces insectes. Par exemple, l’azinphos-méthyl n’est plus disponible sur le marché mais il présente une résistance croisée avec l’acétamipride (ASSAIL 70WP) donc il faut être très prudent dans l’utilisation de ce contre le carpocapse de la pomme.

Toutes ces informations sur les cas de résistance déjà présents et les mécanismes de résistance sont détaillés dans la publication La résistance des insectes et acariens aux produits antiparasitaires pour les espèces agricoles présentes au Québec, disponible ici

 

Références

  1. Vanoosthuye, F., Firlej, A., Ménard, É., Dieni, A., Charbonneau, A., & Cormier, D. Revue de littérature – La résistance des insectes et acariens aux produits antiparasitaires pour les espèces agricoles présentes au Québec. Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. (2018).

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

Auteurs de la première édition : Robert Maheux, Yvon Morin, Gérald Chouinard, Francine Pelletier et Maude Lachapelle
Auteure de la mise à jour 2023 : Karine Bergeron
Dernière mise à jour par l’auteure : 18 février 2024

Pourquoi faire des mélanges en cuve1?

Mélanger des produits antiparasitaires entre eux ou avec des engrais foliaires dans le réservoir du pulvérisateur est une pratique utile afin de réduire le nombre de passages de la machinerie dans le verger, ce qui se traduit en gain de temps, de carburant et d’argent pour les producteurs, tout en augmentant l’efficacité des produits appliqués (effet synergique : 1+1 = 3 !). Mais attention, plus on ajoute de produits au mélange, plus les risques d’incompatibilité augmentent.

Des produits physiquement incompatibles peuvent épaissir la bouillie ou provoquer la formation de mousse. Les ingrédients risquent aussi de se séparer ou de se déposer, ce qui nuit à l’uniformité de la pulvérisation. Il peut aussi y avoir de la déposition du produit sur le feuillage ou des risques de bloquer ou endommager le pulvérisateur. L’incompatibilité chimique peut réduire l’efficacité des pesticides et causer des dommages aux cultures dans des délais variables après la pulvérisation.

Consultez les étiquettes ou communiquez avec les fabricants ou les distributeurs pour des informations sur la compatibilité des produits que vous souhaitez mélanger. Ne prenez pas de décision sur les mélanges en cuve dans le pic des activités de traitement, mais plutôt prévoyez quelques scénarios possibles de mélanges lorsque vous aurez le temps pour bien analyser s’ils sont permis et valider leur compatibilité.

Exemple de la section compatibilité sur l’étiquette du Sharda captan 48SC. 

Permis ou non les mélanges en cuves ?

Depuis 2009 jusqu’au nouveau document d’orientation pour les mélanges en cuve de Santé Canada en 2024, les mélanges de pesticides, même ceux non-inscrits sur l’étiquette des produits antiparasitaires, étaient utilisables légalement aux conditions suivantes :

  • Il devait s’agir de produits homologués pour la culture et pour l’usage visé.
  • Toutes les conditions d’application mentionnées sur l’étiquette des produits devaient être respectées (stade de la culture, mode d’emploi, mises en garde, zones tampons, etc.). Dans les cas où les renseignements inscrits sur les étiquettes des substances mélangées divergeaient, les directives les plus restrictives devaient être suivies, par exemple le délai de réentrée le plus long devait être respecté.
  • Le mélange ne devait pas être contre-indiqué sur l’étiquette des produits concernés.

Les étiquettes des produits homologués au Canada peuvent être consultées et téléchargées à la page suivante : Recherche dans les étiquettes de pesticides – Santé Canada.

L’Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire (ARLA) de Santé Canada indiquait toutefois que quiconque recommandait ou appliquait un mélange en cuve qui n’était pas sur l’étiquette le faisait à ses propres risques et responsabilités, puisque le mélange n’avait pas été examiné par cette dernière. De plus, les mélanges devaient apporter une valeur ajoutée à l’utilisateur, par exemple une augmentation du nombre d’organismes nuisibles ciblés, une contribution à la gestion de la résistance ou la lutte intégrée et des économies de coût et de temps.

Le 20 décembre 2022, Santé Canada a publié un document d’orientation pour les mélanges en cuve afin de clarifier l’étiquetage des produits de mélanges en cuve pour tous les intervenants.

Selon l’alinéa 6(5)b de la Loi sur les produits antiparasitaires, il est interdit d’utiliser un produit antiparasitaire d’une manière non conforme au mode d’emploi de l’étiquette. Il est donc interdit d’avoir recours à un mélange en cuve si l’étiquette ne contient aucune instruction à ce sujet.

Ainsi, pour que le mélange en cuve soit autorisé, l’étiquette du produit doit contenir un énoncé qui permet expressément le mélange en cuve.  La mention peut être faite de deux façons :

  • Une mention explicite des produits entrant dans la composition du mélange en cuve : le produit X peut être mélangé en cuve avec le produit Y. Ex. Captan 80DF.
  • Un énoncé général qui permet le mélange en cuve : Ce produit peut être mélangé avec des produits antiparasitaires homologués dont les étiquettes permettent aussi les mélanges en cuve, à la condition que la totalité de chacune des étiquettes soit suivie pour chaque produit. Ex. Allegro.

Les agronomes sont autorisés à recommander, à promouvoir, à annoncer les mélanges en cuve qui figurent explicitement sur une ou plusieurs étiquettes de produits entrant dans la composition de mélanges en cuve, ainsi que les mélanges en cuve de produits dont l’étiquette comporte l’énoncé général relatif au mélange en cuve à la condition que TOUTES les étiquettes des produits entrant dans la composition du mélange en cuve comportent cet énoncé.

Exemple de situations concernant des énoncés de mélanges en cuve et leurs effets sur l’admissibilité du mélange en cuve de deux produits antiparasitaires homologués. Tableau provenant du document d’orientation de l’ARLA, Étiquetage des mélanges en cuve.

Les compagnies titulaires avaient jusqu’au 20 décembre 2024 pour mettre à jour leurs étiquettes de produits et les documents publicitaires les promouvant.

Si les étiquettes permettent les mélanges, vérifiez la compatibilité des produits par un essai de floculation, lequel est décrit plus loin dans le texte.

Certaines étiquettes peuvent contenir des énoncés qui interdisent ou limitent le mélange en cuve. Exemple de texte pouvant être présent sur une étiquette : Ne pas mélanger ni appliquer ce produit avec un autre additif, pesticide ou engrais.

ATTENTION, depuis quelques années, les compagnies de pesticides offrent des produits contenant des matières actives, des groupes chimiques déjà mélangés. Par exemple, Pristine est un mélange des groupes 7 et 9.  Si ces produits sont utilisés aussi en mélange en cuve, les risques d’incompatibilité sont ainsi augmentés.

Plusieurs étiquettes de pesticides indiquent les compatibilités et les incompatibilités avec d’autres pesticides. Cependant tous les mélanges n’ont pas été testés par les compagnies sur toutes les cultures et sur tous les cultivars. Il faut rester à l’affût des mauvaises expériences dans ce domaine ou mieux encore, faire son propre test de compatibilité physique, surtout si on effectue ce mélange pour la première fois.

La section de gauche du tableau suivant présente l’ordre recommandé pour ajouter diverses formulations dans la cuve du réservoir. La section de droite vous informe comment réaliser un test de floculation. Si aucune mention concernant les compatibilités n’est précisée sur les étiquettes, ou qu’un nouveau mélange en cuve est envisagé, effectuez un test de floculation pour vérifier la compatibilité physique des produits. Prenez note que cet essai ne vérifie pas la compatibilité chimique. Les essais de floculation doivent se dérouler dans un endroit sécuritaire et bien ventilé, à l’abri de toute source d’inflammation. Portez toujours de l’équipement de protection individuelle (ÉPI). Assurez-vous de maintenir constamment l’agitation et d’attendre quelques minutes entre chaque ajout.

Laissez reposer le mélange une quinzaine de minutes dans un endroit bien aéré puis observez ce qui se passe.

Si le mélange dégage de la chaleur, s’il se forme un gel, de la mousse ou si des solides se déposent au fond du contenant, ou tout autre symptôme physique, les ingrédients du mélange ne sont pas compatibles (revoir l’ordre d’ajout des produits peut parfois régler l’incompatibilité).

L’ordre dans lequel les produits sont ajoutés, le délai entre l’ajout des produits au mélange, la température des produits, la température de l’eau, sont tous des facteurs qui peuvent influencer la compatibilité des produits.

Si rien n’apparaît, essayez votre mélange sur une petite superficie, sur différents cultivars et recherchez des symptômes de phytotoxicité sur les feuilles et les fruits.

Pensez à conserver des notes sur les résultats obtenus. Ils pourront vous être utiles dans le futur.

ORDRE PRODUIT, FORMULATION P TEST DE FLOCULATION

POUR 500 ML D’EAU OU 500 G DE PRODUIT DANS 1 LITRE DE BOUILLIE 

Eau 50% du volume total
 1 Agents de compatibilité 5 ml (1 c. à thé)
 2 Sachets solubles

Formulations sèches : WDG, WG, WP, SG

·        Granulés dispersables dans l’eau (WDG)

·        Granulés mouillables (WG),

·        Granules solubles (SG)

·        Poudres mouillables (WP).

15 g (1 c. à table)
 3 Conditionneurs d’eau

Retardateurs de dérive liquides

5 ml (1 c. à thé)
 4 Formulations liquides hétérogènes : SC, OD, ME, SE

·        Dispersable dans l’huile (OD)

·        Concentrés solubles, concentrés en suspension (SC)

·        Suspo-émulsions (SE)

·        Microémulsions (ME)

 

5 ml (1 c. à thé)
 5 Formulations liquides homogènes : EC, SL

·        Concentrés émulsifiables (EC)

·        Liquides solubles, concentrés solubles (SL)

 

5 ml (1 c. à thé)
 6 Concentrés hydrosolubles ou solutions 5 ml (1 c. à thé)
 7 Surfactants et adjuvants 5 ml (1 c. à thé)
Oligoéléments
Le reste de l’eau

Types d’incompatibilités :

  • Physique : les éléments ne se mélangent pas (immiscibles), coagulent ou précipitent. Souvent observé lors de mélanges qui comportent une poudre mouillable (WP) et un concentré en solution (EC).
  • Chimique : les éléments du mélange se dénaturent entre eux, se neutralisent ou décuplent leurs effets. Cette incompatibilité est sournoise, car il n’y a pas nécessairement de signes visuels comme dans le cas d’une incompatibilité physique (mousse, grumeaux, etc.). L’efficacité du traitement pouvant être fortement altérée, voire annulée, on doit toujours consulter l’étiquette pour s’assurer de la compatibilité chimique et en cas de doute, contacter les fabricants des produits.
  • Agronomique :Même si deux produits peuvent se mélanger sans réaction physique ou chimique, leur utilisation combinée n’est pas nécessairement une bonne idée. Le mélange de deux insecticides contenant la même matière active en est un bon exemple. En cas de doute sur la compatibilité agronomique, consultez un conseiller en pomiculture.

Ce test ne garantit aucunement la compatibilité chimique ou agronomique. Si après ces étapes vous êtes encore incertain de la compatibilité du mélange, contactez votre fournisseur de pesticides.

Pour vérifier votre mélange et l’ordre d’ajout des produits l’application Mix Tank et le site web de Mix Tank ou  Tankmix de Corteva (iphone) pourront vous aider.  Attention tout est en anglais (texte et unités) et provient des États-Unis. Certains produits homologués au Canada pourraient ne pas se retrouver dans la liste.

 

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Fiche 58

Robert Maheux, Yvon Morin, Vincent Philion, Gérald Chouinard, Francine Pelletier et Maude Lachapelle

 

ATTENTION DOSES RÉDUITES : l’ARLA ne prend pas action contre ceux qui préconisent de telles pratiques, si elles n’entraînent pas de danger pour la santé ou la sécurité humaine ou pour l’environnement et qu’elles ne sont pas destinées à promouvoir la vente de produits antiparasitaires. Si toutefois l’utilisation de doses réduites ou adaptées devait entraîner des pertes pour les utilisateurs, les conseillers ou les organisations qui les recommandent pourraient être tenus responsables de leurs recommandations dans des actions civiles.

Certains pesticides peuvent causer de la roussissure sur les fruits ou « brûler » plus ou moins les feuilles et les fruits sous certaines conditions (température, humidité, vents et pluie). Tout mélange de pesticides comporte également des risques d’effets toxiques sur les pommiers. Voici quelques conseils afin de prévenir la phytotoxicité de certains pesticides.

Bouillie bordelaise, cuivre fixe : ne pas l’appliquer passé le stade du débourrement avancé. Il est aussi recommandé de l’appliquer dans des conditions de séchage rapide.

Soufre : ne pas l’appliquer par température élevée (> 30 °C). Il faut aussi éviter de l’utiliser de la floraison jusqu’à 10 jours après le stade du calice.

Huile supérieure : à partir du stade de pré-bouton rose, réduire la dose d’application de moitié. Ne pas l’appliquer à une concentration supérieure à 0,8 % après le stade bouton rose. Aussi, ne pas l’utiliser en mélange avec du captane, du soufre ou de l’urée. Il n’est pas recommandé d’appliquer ce produit lorsqu’il y a un risque de gel dans les 24 heures suivant l’application (48 heures pour les cultivars sensibles comme Empire, Gala et Délicieuse).

Dodine : éviter l’application de ce produit entre le stade du calice et les 10 jours suivants. Son application doit se faire lors de conditions de séchage rapide.

Captane : ne pas utiliser ce produit dans les 10 à 14 jours avant ou après un traitement à l’huile supérieure. Il faut aussi éviter d’utiliser de fortes doses par temps chaud et humide sur certains cultivars, dont Spartan. Il est aussi recommandé de ne pas appliquer ce produit en mélange avec le soufre. Pour les cultivars sensibles, tel que Spartan, il est recommandé de ne pas utiliser de captane pour une courte période suivant la floraison, surtout s’il y a un faible ensoleillement et que la formation de cuticule est faible. Durant cette période, les cellules des jeunes fruits peuvent être particulièrement sensibles à la phytotoxicité s’ils possèdent une mince cuticule. Noter que l’utilisation d’un adjuvant peut augmenter le mouvement transcuticulaire du captane, et donc favoriser la phytotoxicité.

Carbaryl : il est recommandé d’éviter d’utiliser ce produit à forte dose sur les cultivars sensibles (ex. : McIntosh), sauf dans des conditions de séchage rapide.

Chlorure de calcium : il est recommandé d’éviter d’appliquer ce produit en condition d’accumulation, puisque celui-ci peut provoquer de la phytotoxicité. Ce phénomène peut aussi être une conséquence d’un mélange avec du cuivre ou du zinc.

De plus, pour prévenir la phytotoxicité assurez-vous de lire la fiche 57.

 

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Fiche 59

Robert Maheux, Gérald Chouinard, Yvon Morin, Sylvie Bellerose, Francine Pelletier et Maude Lachapelle

 

Sécurité avant tout
  • Informez quelqu’un de votre entourage que vous préparez une pulvérisation et demandez-lui d’être disponible en cas d’urgence.
  • Lisez les étiquettes des produits qui seront utilisés.
  • Enfilez votre équipement de protection (voir la fiche 31).
  • Assurez-vous qu’un équipement de protection de rechange, de même que de l’eau propre et du savon, se trouvent sur les lieux où s’effectuent les manipulations de pesticides. Une douche de secours devrait également se trouver à proximité.
  • Une cuve lave-mains d’une capacité de 15 L devrait également être présente sur le pulvérisateur. Elle est disponible sur les nouveaux modèles et elle est facile à installer sur les pulvérisateurs qui n’en possèdent pas.
  • Assurez-vous qu’il n’y aura pas de lien physique direct entre la source d’eau et le réservoir du pulvérisateur, afin de ne pas contaminer la source d’eau en cas de déversement accidentel ou lors du retour d’eau à la pompe. Pour éviter ce problème, utilisez une valve anti-retour ou emmagasinez l’eau dans un réservoir que vous situerez tout juste à côté de l’entrepôt à pesticide.
  • Remplissez le réservoir à moitié avec de l’eau. Utilisez un simple tuyau sans embout pour réduire les éclaboussures lors du remplissage. Si vous utilisez des produits qui ont tendance à mousser, vous pouvez le remplir au ¾ avec une légère agitation et/ou ajouter un agent anti-moussant.
  • Actionnez l’agitateur du pulvérisateur.

 

Réduire votre exposition

Par définition, la grande majorité des pesticides sont des produits dangereux. Consultez les fiches 31 (Utilisation sécuritaire des pesticides) et 32 (Mesures d’urgence) : vous y trouverez de l’information pour vous aider à vous protéger et aussi à reconnaître rapidement les signes et symptômes d’une exposition à divers groupe de pesticides, pour savoir comment intervenir en cas d’intoxication.

exposition cutanée aux pesticides

exposition orale aux pesticides

N’attendez pas de ressentir ces symptômes avant de vous protéger; ceux-ci peuvent apparaître après quelques minutes d’exposition ou après quelques heures.

Le port d’équipement de protection approprié est essentiel pour diminuer votre exposition aux pesticides et protéger votre santé. De plus votre équipement doit être en bon état et bien ajusté! Si vous utilisez un masque par exemple, il doit être parfaitement ajusté au niveau du nez et des yeux afin de ne pas laisser entrer les vapeurs de pesticide. Un simple test peut être réalisé avec de l’huile de banane ou un autre produit sécuritaire qui vous permettra de vérifier l’étanchéité de votre masque. Pour plus d’informations consultez le site web de la CNESST ou le Guide d’élaboration d’un programme de protection respiratoire.

 

La pesée des produits
  • Installez-vous sur une surface plane, non poreuse et imperméable, facilement nettoyable.
  • Mesurez précisément les quantités nécessaires en utilisant une tasse à mesurer ou une balance. Servez-vous de plus d’un contenant s’il y a plus d’un produit.
  • Rincez les contenants trois fois et versez l’eau de rinçage dans le tamis du pulvérisateur.
  • Les autres objets ayant servi à la manipulation de pesticides doivent aussi être nettoyés après chaque utilisation afin d’éviter de laisser des concentrés de pesticides dans votre environnement de travail.

 

Le mélange des produits
  • Si vous utilisez plus d’un produit, ne les mélangez JAMAIS sous leurs formes pures et ne les versez jamais directement dans la cuve du pulvérisateur. Versez-les plutôt l’un après l’autre, dans le tamis du pulvérisateur. Sur les modèles plus récents de pulvérisateurs, le tamis peut être équipé en option d’un mélangeur qui servira à pré-mélanger les produits avant qu’ils ne se retrouvent dans le réservoir. Vous pouvez également vous servir de la sonde d’aspiration, dont sont munis certains nouveaux modèles de pulvérisateurs, qui aspirera les produits granulaires ou en poudre directement de leur contenant d’origine pour les diriger directement dans le tamis.
  • Assurez-vous de travailler dos au vent, dans un environnement ouvert et bien éclairé.
  • Respectez méticuleusement l’ordre suivant :
    1. Ajoutez les sachets solubles* en premier et laissez-les se dissoudre complètement (environ deux minutes) avant d’ajouter tout autre produit;
    2. Si vous utilisez la totalité d’un contenant de pesticides, effectuez un triple rinçage du contenant et versez la solution de rinçage dans le réservoir;
    3. Ajoutez les poudres mouillables (WP);
    4. Ajoutez les produits en granules dispersibles (DG, DF, WDG);
    5. Ajoutez les produits liquides (FL ou « Flowable ») et les pâtes fluides;
    6. Attendez cinq à dix minutes pour vous assurer que les produits sont complètement dissous;
    7. Ajoutez les produits liquides à base d’huiles et les émulsions concentrées (EC, SC);
    8. Ajoutez les adjuvants suivis des engrais solubles (bore, urée, magnésium, par exemple);
    9. Complétez le remplissage du réservoir.

* Le plastique des sachets solubles réagit avec le bore (B) et certains autres engrais foliaires s’ils n’ont pas été dissous au préalable. L’huile imperméabilise les sachets hydrosolubles s’ils n’ont pas été dissous au préalable. Si un réservoir est mal lavé ou contient des résidus d’huile ou de bore provenant de l’arrosage précédent, il sera important de dissoudre les sachets solubles dans une chaudière avant de les mettre dans le réservoir, afin d’éviter toute formation de gel ou de particules susceptibles d’obstruer les filtres et les buses. N’oubliez pas qu’on doit quand même porter des gants pour manipuler ces sachets et que ces gants doivent être secs afin de ne pas dissoudre et percer les sachets lors des manipulations! Ces sachets sont fragilisés par un hiver passé en entrepôt non chauffé, il faut donc faire attention en les manipulant

 

Application sécuritaire
Si votre tracteur est équipé d’une cabine avec un système de filtration de l’air :
  • Enlevez l’équipement de protection utilisé lors de la préparation de la bouillie avant d’entrer dans la cabine. La cabine est un lieu d’habitation qui ne doit jamais être contaminé par les pesticides.
  • Installez et activez le filtre à air au charbon présent sur la cabine.
  • Vérifiez qu’une trousse de sécurité contenant des équipements de protection individuelle propres et fonctionnels (masque, lunettes, gants, etc.) est présente dans la cabine. En cas de contamination de la cabine (odeur ou premiers symptômes d’intoxication) ou lors d’un bris qui nécessiterait que vous quittiez la cabine, utilisez cet équipement pour circuler dans la zone traitée.
  • En cas de fuite mineure dans le système de pulvérisation, il est préférable d’attendre que le réservoir du pulvérisateur soit vidé de ses pesticides avant d’effectuer les réparations.
Si votre tracteur n’a pas de cabine :
  • Après avoir préparé la bouillie, vous pouvez enlever votre tablier de protection qui a été utilisé. Si vous aviez enfilé une combinaison de protection sous votre tablier, il est important de vérifier si elle a été souillée lors de la préparation de la bouillie. Si c’est le cas, nettoyez-la avec de l’eau claire ou si la contamination est plus que légère, changez-la pour une neuve. Si vous ne portiez pas de combinaison sous votre tablier, vérifiez s’il y a eu contamination de vos vêtements et changez-les au besoin.
  • Vérifiez et enfilez l’équipement de protection; s’il s’agit d’un équipement réutilisable, veillez à ce qu’il soit fonctionnel et propre, sinon, enfilez un nouvel équipement.

 

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Fiche 60

Robert Maheux, Gérald Chouinard, Yvon Morin, Francine Pelletier et Maude Lachapelle

 

Les trois types de pulvérisateurs à verger
  • Pulvérisateur « classique » : Il s’agit d’un pulvérisateur à jets portés équipé de buses disposées en éventail autour d’une hélice, laquelle génère un courant d’air qui propulse les gouttelettes vers les pommiers. Il est possible d’équiper ce pulvérisateur avec des buses classiques ou à dérive réduite.
  • Pulvérisateur pneumatique : Ce pulvérisateur est semblable au pulvérisateur à jets portés. Par contre, le courant d’air qu’il produit est formé par une turbine plutôt qu’une hélice, et des éclateurs remplacent les buses. Par conséquent, c’est un jet d’air qui forme les gouttelettes et non la pression du liquide. Ces pulvérisateurs ne sont pas conçus pour appliquer de grandes quantités de bouillie par hectare et ils fonctionnent mieux en concentré. Ils génèrent un plus faible débit d’air et produisent des gouttelettes plus fines, donc plus sensibles à la dérive.
  • Pulvérisateur antidérive avec flux d’air latéral : Il s’agit d’un pulvérisateur à jets portés spécialement conçu pour réduire la dérive des pesticides. De types variés, ils sont souvent munis de tours tangentielles de différentes hauteurs sur lesquelles sont fixées des buses à dérive réduite (souvent appelées « antidérive »). Ces pulvérisateurs peuvent être utilisés pour effectuer des applications de pesticides à proximité de zones à risque ou ailleurs dans le verger. Cependant, la distance entre les rangs et la hauteur des arbres ne doit pas dépasser les spécifications de l’appareil utilisé. L’application dans des parcelles homogènes (c’est-à-dire ayant le même porte-greffe, la même densité de plantation et la même hauteur des arbres) facilite grandement le travail de ce pulvérisateur, étant donné sa faiblesse à combattre le vent et son plus faible volume d’air produit, comparativement à un pulvérisateur classique.

Peu importe le type de pulvérisateur choisi, la garantie d’une bonne pulvérisation efficace repose sur les points suivants :

  • Le bon choix de pulvérisateur en fonction des types de parcelles.
  • La calibration adéquate de celui-ci en fonction des parcelles et du produit utilisé.
  • Un personnel formé et compétent pour effectuer la pulvérisation.
  • La qualité de la taille dans les parcelles à traiter (hauteur des arbres, largeur des arbres et densité du feuillage).
  • Les conditions météorologiques lors de la pulvérisation (vitesse et direction des vents).

Le tableau suivant compare les principales caractéristiques des trois types de pulvérisateurs :

Paramètre Classique Pneumatique Antidérive (avec flux d’air latéral)
Pression d’opération 10-20 bars 1,5 bars 8-20 bars
Bouillie/ha 200-1000 L 100-750 L 500-750 L
Vitesse maximale 7 km/h 5 km/h 5-7 km/h*
Sensibilité au vent Moyenne Forte Moyenne-forte
Utilisation Tous pommiers Nains et semi-nains** Nains et semi-nains**
Réglage Plus difficile Plus facile Plus difficile

* Selon la densité de plantation, la vitesse des vents et le produit utilisé pour obtenir une couverture efficace.
** Certains de ces appareils peuvent être utilisés pour des pommiers de type standard lorsqu’il n’y a pas de vent et que la largeur des rangs ainsi que la hauteur des arbres ne sont pas excessifs. Pour connaître les limitations de chaque appareil, consultez leur guide d’utilisation. De plus, avant de vous procurer un appareil plus puissant, assurez-vous de posséder un tracteur pouvant fournir la force nécessaire pour le faire fonctionner adéquatement.

 

Quantité de bouillie par hectare

Afin d’éviter les surplus de bouillie inutilisée, il est important d’évaluer le plus exactement possible les quantités de bouillie à épandre selon l’étendue à traiter, le type de pesticide, la dose recommandée ainsi que le ravageur visé. En général, les interventions qui requièrent une meilleure couverture, comme c’est le cas des applications d’acaricides ou de fongicides appliqués en éradication, nécessitent davantage de bouillie que les applications d’insecticides de contact ou de fongicides en protection. Le tableau suivant suggère des taux d’application (en L/ha) pour différents types de pesticides et de pulvérisateurs utilisés pour des pommiers de dimension standard  :

Pulvérisateur À jets portés Pneumatique
Fongicide appliqué en protection 400a-600 250-400
Fongicide appliqué en éradication 750-1000 500-750
Insecticide de contact 400a-600 250-400
Insecticide systémique 750-1000 500-750
Acaricide (incluant l’huile) 750-1000 500-750
Agent d’éclaircissage 750-1000 500-750
Engrais foliaire 400a-1000b 250-750b
  1. Compte tenu du faible diamètre des pastilles utilisées lors de pulvérisations en concentré, il est nécessaire d’avoir une eau très propre pour ne pas qu’elles s’obstruent.
  2. Certains engrais foliaires peuvent causer de la phytotoxicité (brûlure des feuilles et des fruits) s’ils sont pulvérisés en concentré.

Il est important d’effectuer la pulvérisation immédiatement après avoir fait le mélange et de ne pas laisser reposer les produits dans le réservoir. Veuillez consulter les étiquettes pour chaque produit utilisé.

Le taux d’application suggéré est un compromis permettant d’obtenir une couverture acceptable pour une durée raisonnable d’application. Ces suggestions sont basées sur la pratique actuelle en verger de pommiers standard. Pour des pommiers nains et semi-nains, la quantité de bouillie à appliquer peut être ajustée en fonction du gabarit des arbres (voir la fiche 61).

 

Inspection et entretien du pulvérisateur

L’inspection visuelle du pulvérisateur est essentielle avant tout réglage et ce pour deux raisons :

  • une fuite non diagnostiquée faussera l’évaluation du débit total réel, car une partie de la bouillie se retrouvera au sol plutôt que sur les arbres.
  • un problème de fuite ou de pulvérisation peut entraîner un manque d’efficacité des traitements et un danger pour l’opérateur et pour l’environnement.

Une inspection en profondeur devrait être effectuée avant chaque début de saison et une inspection rapide devrait également être réalisée avant chaque pulvérisation. L’inspection est une partie essentielle d’un bon entretien!

À l’automne, lors du remisage :

  • Nettoyez bien la cuve, les buses et les filtres.
  • Remplissez la pompe d’antigel si le pulvérisateur passe l’hiver dans un local non chauffé.
  • Commandez les pièces qui devront être remplacées.

Au printemps (* et avant chaque pulvérisation) :

  • * Vérifiez la présence de fuites : avant tout, assurez-vous que le pulvérisateur est propre! Remplissez ensuite le pulvérisateur à moitié et faites fonctionner la pompe. Inspectez la cuve, les canalisations, les porte-buses, les buses et tous les endroits où de la bouillie pourrait s’échapper.
  • Vérifiez le fonctionnement du pulvérisateur : regardez à l’intérieur de la cuve et vérifiez si le système d’agitation fonctionne bien. Vérifiez les valves, le manomètre, le régulateur de pression et le ventilateur. Si les pales du ventilateur sont ajustables, assurez-vous qu’elles sont bien positionnées. Inspectez et lubrifiez au besoin les pièces mobiles, tel les cardans de l’arbre de prise de force et les essieux de roues.
  • * Vérifiez le fonctionnement des buses : avec le ventilateur fermé, placez-vous derrière le pulvérisateur, dos au vent, dans un endroit qui permet l’observation des jets. Ouvrez les valves de pulvérisation et observez si le croisement des jets est adéquat. Si le croisement se fait trop près du pulvérisateur, cela peut entraîner un ruissellement sur le réservoir, alors que s’il se fait trop loin, il peut y avoir des trous dans la couverture si les rangs sont proches du pulvérisateur. L’angle d’ouverture des jets peut être réglé en modifiant la combinaison pastille-hélice (plus l’ouverture de la pastille est grande, plus l’angle de pulvérisation est grand et inversement avec les hélices) et/ou en modifiant la pression (normalement plus la pression augmente, plus l’angle d’ouverture des jets augmente). Vérifiez également l’uniformité de la pulvérisation de chaque buse. Les buses ayant une pulvérisation inégale devront être vérifiées et remplacées au besoin.
  • Vérifiez le positionnement des buses : en observant les jets, il est possible de voir s’il y en a qui pulvérisent directement au sol ou au-dessus de vos pommiers.
  • Vérifiez la couronne de ventilation : assurez-vous que le ventilateur et son coffrage sont propres. Fermez les valves de pulvérisation et faites fonctionner le ventilateur. Vérifiez le débit d’air tout autour de la couronne ou de la tour avec votre main pour évaluer l’uniformité de la ventilation. Au besoin, ajustez les déflecteurs qui sont localisés tout autour de la couronne.
  • Faites une dernière vérification avec le ventilateur et les buses ouvertes.
  • * Vérifiez l’usure et la pression des pneus.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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Fiche 61

Yvon Morin, Gérald Chouinard, Robert Maheux, Marlène Piché, Francine Pelletier et Vincent Philion

 

Visionnez la série de vidéos sur la calibration des pulvérisateurs à https://reseaupommier.irda.qc.ca/?p=11952 
Les cinq capsules d’environ 6 minutes chacune passent une à une les étapes nécessaires, de la préparation du pulvérisateur jusqu’au réglage lui-même.  Vous ne verrez plus votre pulvérisateur de la même façon!

Pour effectuer cette opération la première fois, des valeurs théoriques de vitesse du tracteur et de débit du pulvérisateur sont utilisées en fonction du nombre de buses, du type de buse et de la pression d’opération. Il est important de vérifier en conditions réelles si cela produit la bonne vitesse et le bon débit.

 

Pulvérisateur classique à jets portés (buses régulières)

Vérification de la vitesse. Il s’agit de compléter un tableau des différentes vitesses (variant entre 3 et 7 km/h) pour chaque combinaison tracteur/pulvérisateur de la ferme. Le tableau présenté à la fiche 60 pourra vous guider dans le choix des vitesses en fonction du type de pulvérisateur et du genre de traitement choisi.

Les étapes suivantes permettent de vérifier la vitesse de travail :

  • Attacher le pulvérisateur choisi au tracteur choisi;
  • Remplir d’eau propre la moitié du réservoir du pulvérisateur;
  • Mesurer une distance de 50 à 100 m sur un rang de pommiers. Si le verger est en pente, choisir un rang ayant une pente comparable à celle des autres rangs du verger;
  • Mesurer à l’aide d’un chronomètre ou d’une montre le temps que prend le tracteur pour parcourir la distance choisie (en secondes). Si le verger est en pente, prendre au moins deux lectures en montant et deux lectures en descendant et calculer la moyenne des quatre. Lors du test, faire fonctionner le pulvérisateur en simulant un traitement.
  • Pour obtenir la vitesse en km/h, diviser la distance parcourue (m) par le temps moyen requis en secondes (s), puis multiplier par 3,6.

    Exemple pour une distance mesurée de 60 m :
    Essai fait avec le tracteur A et le levier de vitesse en position 1

    • Aller 1 : 45 s
    • Retour 1 : 42 s
    • Aller 2 : 44 s
    • Retour 2 : 43 s
    • Moyenne = (45 + 42 + 44 + 43) / 4 = 43,5 s pour parcourir 60 m
    • Vitesse = 60 ÷ 43,5 × 3,6 = 4,97 km/h ou, en arrondissant, 5 km/h

Choix et arrangement des buses. Cette étape vise à faire le bon choix de buses à chaque position sur la rampe, afin que 66 % de la bouillie soit fournie par la moitié supérieure du pulvérisateur et 33 % par la moitié inférieure. Cette répartition ne correspond pas à la répartition que donneraient des buses identiques; pour cette raison il est recommandé d’utiliser des buses à débit plus élevé dans le haut et des buses à débit plus faible dans le bas de la rampe.

répartition de la bouillie pulvérisée en fonction de la position des buses

Vérification du débit global. Pour cette opération il faut d’abord installer le pulvérisateur sur une surface plane, puis :

  • Faire fonctionner le pulvérisateur avec tous les jets grand ouverts (selon l’ajustement voulu des buses);
  • Ajuster la pression sur le régulateur avec les jets ouverts;
  • Ajouter de l’eau jusqu’à la pleine capacité du réservoir;
  • Faire fonctionner le pulvérisateur durant 3 min;
  • Remplir à nouveau le réservoir jusqu’au bord à l’aide d’un contenant gradué;
  • Calculer la quantité d’eau ajoutée, puis diviser par 3 pour obtenir le débit en L/min.

 

Pulvérisateur pneumatique

Pour le pulvérisateur pneumatique, la vérification du débit global s’effectue après avoir débranché les tuyaux des éclateurs et les avoir placés dans un contenant. Il est important de vérifier le débit pour chaque robinet (généralement un ou deux de chaque côté du pulvérisateur) et pour tous les débits utilisés (les débits en L/h inscrits sur les plaques des robinets sont très souvent imprécis).

 

Pulvérisateur antidérive avec flux latéral d’air

Le réglage et l’étalonnage des pulvérisateurs antidérive avec flux latéral d’air s’effectuent de la même façon que pour les pulvérisateurs à jets portés munis de buses conventionnelles. Toutefois 55 % de la bouillie doit être fournie par la moitié supérieure de la tour et 45 % par la moitié inférieure. Ces proportions générales peuvent toutefois varier selon la hauteur de la tour ainsi que la hauteur des arbres dans lesquels s’effectue la pulvérisation.

répartition de la bouillie pulvérisée en fonction de la position des buses

Débit d’air produit et volume de bouillie utilisé

Une grande importance doit être accordée à l’obtention d’un bon débit d’air et d’une bonne répartition de cet air. Le diamètre du ventilateur et l’angle des pales ont des répercussions sur ces paramètres. Il faut donc s’assurer d’obtenir un jet d’air horizontal efficace afin de transporter les gouttelettes sur la cible (le feuillage et les fruits) et ce sur toute la hauteur de l’arbre. Une augmentation au besoin du volume d’air de la soufflerie et du taux d’application de la bouillie (L/ha) permettront de couvrir plus efficacement des arbres ayant un feuillage plus dense ou plus volumineux. Veuillez consulter le manuel d’instructions de votre pulvérisateur pour plus de précisions.

Buses antidérive

Il existe deux grandes catégories de buses antidérive : les buses à préorifice et les buses à induction d’air. La dernière technologie est la plus intéressante pour deux raisons :

  • Utilisées à la pression recommandée, les buses à induction d’air peuvent incorporer des bulles d’air dans les gouttes de liquide. Au contact avec la feuille, ces gouttes éclatent en petites gouttelettes pour permettre une redistribution locale de la bouillie dans le feuillage.
  • Ces buses peuvent réduire davantage la dérive que les buses à préorifice (dans presque toutes les situations).

Dans chaque catégorie, il existe des buses à jet plat et des buses à jet conique. Pour une buse à induction d’air, la buse à jet plat (photo c de la figure suivante) permet une pulvérisation plus fine comparativement à la buse à jet conique (photo b) pour un même calibre de buse et une même pression d’utilisation, sans avoir la partie de gouttelettes très fines de la buse conventionnelle (photo a).

buses antidérive

Peu importe la pression utilisée avec une buse antidérive, elle produira environ cinq fois moins de fines gouttes (< 150 µm), qui sont davantage sujettes à la dérive, comparativement à une buse conventionnelle à jet conique utilisée avec une pression de dix bars. Cependant, les plus grosses gouttes produites par les buses antidérive sont plus lourdes; ce poids, combiné avec un moindre débit d’air produit, fait que ces gouttes ont plus de difficulté à atteindre le haut et le centre des arbres dans des plantations espacées de plus de 20 pieds entre les rangs. Dans ce type de plantation peu dense, il est important d’utiliser un pulvérisateur procurant un bon débit d’air et de réduire la vitesse de pulvérisation. Lorsqu’employées correctement, les buses antidérive peuvent être utilisées au même débit (L/min), à la même vitesse d’avancement et avec une pression d’opération comparable aux buses conventionnelles pour une efficacité semblable, tout en diminuant la dérive.

La distance de croisement des jets varie selon la grosseur de l’orifice de la pastille et de l’hélice sous jacente, ainsi que de la distance entre chaque porte-buse. Généralement, afin de conserver une distance de 50 cm entre le feuillage et les buses de pulvérisation, les jets de pulvérisation doivent se croiser à environ 50 cm des buses. Pour les pommiers standards plantés serrés, la limitation de hauteur de ces appareils peut parfois être compensée par l’ajout de buses supplémentaires dans le haut de la tour. Attention : malgré leur nom, certains pulvérisateurs antidérive viennent avec des portes-buses permettant d’utiliser au besoin des buses conventionnelles au lieu de buses antidérive (à jets plats ou coniques). Est-il nécessaire de préciser que de placer des buses conventionnelles dans le haut de votre pulvérisateur annulera ses propriétés antidérive?

 

Vérification de la distribution de la bouillie

Lorsqu’il y a assez de feuillage il est possible de vérifier la répartition des gouttelettes dans les arbres en utilisant du kaolin (SURROUND), sinon il est également possible d’utiliser du papier hydrosensible.

distribution de la bouillie dans les arbres

 

Ajustement en fonction du gabarit des arbres

Pour cette étape, il est nécessaire d’avoir un plan du verger avec la surface et la distance entre les rangs de chaque bloc. Idéalement, il faut également connaître le TRV (Tree Row Volume) de chacun de ces blocs de manière à calculer la quantité de bouillie associée à chacun de ces blocs. Le TRV est une mesure du volume qu’occupent les pommiers dans une parcelle, qui est ensuite comparé avec un volume de référence. La quantité de bouillie à appliquer dans chaque bloc peut ensuite être ajustée en fonction du rapport entre le TRV du bloc et le TRV de référence.

Le TRV de chaque bloc (en m3/ha) est calculé simplement comme suit :
(hauteur moyenne (m) × largeur moyenne des rangs (m) × 10 000) / distance entre les rangs (m)

Le TRV de référence est celui d’un bloc de pommiers standards de 5 m de haut et 7 m de large avec une distance de 10 m entre les rangées, et donc correspond à 35 000 m3 :
(5 × 7 × 10 000) / 10 = 35 000

En appliquant la même formule à un bloc imaginaire dont les arbres ont une hauteur de 4 m et une largeur de 3 m avec une distance de 5 m entre les rangs, un TRV de 24 000 m3/ha est calculé, soit 69 % (24 000 / 35 000) du TRV de référence. Cela signifie que, dans le cas d’une application en dilué nécessitant 1000 L/ha dans le bloc de référence, cette parcelle peut recevoir 690 L/ha.

 

Plan de pulvérisation

Une fois la quantité de bouillie par hectare calculée pour des traitements en dilué et en concentré pour chaque parcelle, les paramètres de pulvérisation tels la vitesse de pulvérisation et le débit du pulvérisateur doivent leur être associés. L’ensemble de ces informations constitue le plan de pulvérisation. Les indications suivantes doivent s’y retrouver pour chaque parcelle :

  • Surface (ha)
  • TRV (m3/ha)
  • Bouillie à appliquer en dilué et en concentré (L/ha)
  • Vitesse de pulvérisation (engrenage)
  • Arrangement et type de buses (pastilles et hélices)
  • Pression d’opération
  • Débit du pulvérisateur (L/min)

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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Fiche 62

Robert Maheux, Gérald Chouinard, Yvon Morin, Monique Audette, Francine Pelletier et Maude Lachapelle

 

Pourquoi rincer et nettoyer le réservoir et le pulvérisateur?
  • Les résidus de pesticides présents sur la machinerie peuvent contaminer les personnes qui entreraient en contact avec cette dernière lorsqu’elle est remisée et/ou lors de la préparation de la bouillie de la prochaine pulvérisation.
  • Les surplus de bouillie à l’intérieur du pulvérisateur (plomberie et réservoir) peuvent contaminer l’utilisateur et causer de la phytotoxicité lors du prochain traitement.
  • Dépendamment de sa composition, la bouillie peut aussi corroder ou abîmer certaines pièces d’équipement.
  • Le rinçage du circuit complet de pulvérisation après chaque utilisation est l’une des opérations les plus importantes pour obtenir et maintenir des performances optimales de la machinerie

 

Comment procéder?

Premièrement, le port d’un équipement de protection est essentiel pour effectuer cette opération. Consultez les fiches 31 et 59.

Il importe de vérifier si votre pulvérisateur est équipé d’un dispositif qui permet de récupérer les restes de bouillie au fond du réservoir. Si ce n’est pas le cas, en fonction de la grosseur et du type de pulvérisateur ainsi que de l’angle d’inclinaison de la cuve, il peut rester de 6 à 30 L de bouillie dans le système de pulvérisation (tuyauterie et réservoir), lorsque la pompe commence à aspirer de l’air. Pour éliminer cette bouillie efficacement et selon des normes environnementales acceptables, les solutions suivantes sont généralement utilisées :

  • Rincer l’intérieur du réservoir une à trois fois avec un volume d’eau propre de 100 L (votre nouveau pulvérisateur peut être équipé d’une cuve de rinçage de cette capacité, qui facilite cette opération dès que la pulvérisation est terminée).
  • Les pièces importantes du pulvérisateur, telles que les filtres et les buses, doivent être nettoyées soigneusement en suivant les recommandations du manufacturier. Il faut vérifier également l’étiquette des produits utilisés pour connaître les restrictions et recommandations spéciales. Utiliser un détergent recommandé – jamais d’eau de javel – pour cette opération.
  • L’extérieur du pulvérisateur peut être nettoyé à l’eau et au savon avec une laveuse à pression, dans une zone réservée à cette fin. Attention aux éclaboussures!

 

Que faire des eaux de rinçage?

Les eaux de rinçage produites lors du rinçage final de la cuve à la fin de la pulvérisation peuvent représenter une quantité importante de liquides contenant de faibles concentrations de pesticides. Il est interdit de jeter les eaux de rinçage dans l’égout pluvial ou sanitaire ou encore dans un équipement qui s’y déverse. Choisissez plutôt une des options suivantes, acceptées par le ministère du Développement durable, de l’Environnement et la Lutte contre les changements climatiques du Québec :

  • Les épandre sur la superficie déjà traitée lorsque cette opération ne nuit pas à l’efficacité du traitement.
  • Si ce type d’élimination ne convient pas, les épandre dans une zone peu à risque, loin des cours d’eau, des lacs et des puits (50 m ou plus).
  • Récupérer les eaux dans un réservoir étanche et les confier au besoin à un service de décontamination.

Lorsque le rinçage et le nettoyage s’effectuent sur un site sensible, celui-ci doit reposer sur une matière imperméable (par exemple, sur l’asphalte) munie d’un drain collecteur qui amènera les eaux contaminées dans un récipient fermé. Après, il est possible de disposer de ce liquide sur un amas de terre aménagé à cette fin.

Les entreprises agricoles qui utilisent des pesticides doivent en tout temps le faire de façon sécuritaire et conforme à la réglementation en vigueur. Les recommandations ci-haut visent à assurer la sécurité des opérations de nettoyage et ces recommandations peuvent être plus exigeantes que la réglementation. Consultez la fiche 12 pour les exigences légales.

 

N’oubliez pas!
  • Après la pulvérisation, prenez une bonne douche en prenant soin de bien savonner et de rincer à fond toutes les parties de votre corps pouvant avoir été exposées aux pesticides. Après la douche, enfilez des vêtements propres.
  • Remplissez par la suite votre registre de pesticides en fonction des exigences du «registre des intrants de production» du Guide de salubrité pour les fruits de verger (registre H1 de CanadaGAP). En procédant ainsi, vous rencontrez cette obligation du programme, maintenant exigé par certains emballeurs pour la vente des pommes.

    Indiquez les informations suivantes dans le registre :

    • Date et heure de début et de fin de la pulvérisation et les conditions météo (température, direction et vitesse des vents)
    • Produit et formulation utilisés, no. d’homologation, dose à l’hectare
    • Respect de l’étiquette
    • Date la plus hâtive pour la récolte et délai avant récolte
    • Quantité par réservoir et quantité totale de pesticides
    • Nombre de réservoirs
    • Pulvérisateur utilisé (rampe, jet porté, etc.)
    • Bloc traité et superficie
    • Stade phénologique et ravageurs visés
    • Signature de l’opérateur ou facture du forfaitaire

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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Auteurs de la première édition : Yvon Morin, Gérald Chouinard, Robert Maheux, Sylvie Bellerose, Francine Pelletier, Maude Lachapelle
Auteure de la mise à jour 2023 : Stéphanie Gervais
Dernière mise à jour par l’auteure : 19 octobre 2024

 

Selon le type de plantation dans le verger (faible densité, haute densité) et du ravageur visé, les traitements à effectuer peuvent prendre des formes différentes de la méthode classique.

Passage aux deux rangs en alternance

Il est possible, en début de saison, de pulvériser un rang sur deux en alternance, par exemple dans de jeunes plantations ou dans des sections de pommiers nains ou semi-nains très bien taillés. Cette pratique n’est pas recommandable en soi : elle a pour but de sauver du temps, ce qui est parfois nécessaire, mais elle devrait être réservée aux nouvelles plantations qui ne sont pas encore en production. Elle est en effet moins efficace pour le contrôle des ravageurs et elle est soumise à de nombreuses limitations :

  • Cette pratique peut être effectuée lorsqu’il y a une faible densité de feuillage, et ce, pour la plupart des pesticides utilisés. Il faut absolument revenir à une pulvérisation dans chaque rang lorsque la densité de feuillage augmente (environ au stade bouton-rose) sinon la couverture deviendra inadéquate.
  • Cette pratique est déconseillée pour les traitements de tavelure en post-infection, les traitements avec des acaricides et avec des produits systémiques.
  • Si cette pratique est utilisée plusieurs fois consécutives, il est très important d’alterner les rangs pulvérisés d’un traitement à l’autre de façon à bien couvrir chaque côté des arbres. L’alternance permet d’améliorer la protection tout en permettant aux insectes utiles de se réfugier dans les rangs sans pesticides. Les rangs non pulvérisés sont aussi considérés comme des « refuges génétiques » qui aident à prévenir le développement de la résistance aux insecticides chez certains ravageurs.
  • Votre pulvérisateur doit être parfaitement réglé avant d’effectuer ce genre de traitement (consultez la fiche sur le Réglage et étalonnage du pulvérisateur). Un essai avec de l’eau en début de saison permettra au producteur, accompagné par un observateur, de vérifier la qualité et l’efficacité de la pulvérisation sur le feuillage dans les rangs où l’on n’effectue aucun passage
  • Les pulvérisateurs utilisant des buses antidérive ne permettent pas cette pratique.

IMPORTANT : Consultez toujours l’étiquette des produits pour valider votre choix de faire un traitement aux deux rangs.

Traitements de bordures

Plusieurs résultats de recherches démontrent qu’il est possible de bien réprimer certains ravageurs par des traitements localisés uniquement sur les pommiers formant la bordure du verger. Les meilleurs résultats ont été obtenus contre le charançon de la prune avec un seul traitement appliqué sur une bordure de 20 à 30 mètres en périphérie du verger au stade calice, une approche qui réprime bien ce ravageur, en autant qu’un suivi soit effectué. Pour plus de détails consultez la fiche sur Le charançon de la prune.

Dans ce cas aussi, la zone non traitée au centre permet aux insectes utiles de se développer sans danger d’exposition aux pesticides, et ralentit le développement de la résistance.

Traitements par blocs

Comme il est fréquent qu’un verger ne soit pas homogène et qu’il comporte plusieurs secteurs avec des caractéristiques différentes, il est courant de le diviser en un certain nombre de blocs distincts. Chaque bloc est alors composé de pommiers aux caractéristiques semblables, les arbres étant de même taille et bénéficiant du même type de traitements et de pratiques culturales. Les traitements par blocs peuvent ensuite être employés pour régler un problème dans les seuls secteurs affectés. Cette façon de faire permettra d’économiser temps et argent et de profiter des avantages que procure la réduction des pesticides dans les autres secteurs.

Traitements aériens

Seuls quelques pesticides peuvent être appliqués par avion ou par hélicoptère en pomiculture, et tous sont à base de captane. Selon la Loi sur les pesticides, l’applicateur doit détenir un permis spécifique à ce genre d’application du ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (se référer à la fiche sur L’utilisation des pesticides (homologation, vente, entreposage et application) et la loi). De façon à améliorer la répression des ravageurs et à réduire les risques de dérive, on doit, tout en respectant la loi, tenir compte des facteurs suivants :

  • Bien vérifier sur l’étiquette si ce produit est homologué pour une application aérienne et appliquer selon le mode d’emploi prescrit.
  • Appliquer seulement lorsque le vent est nul ou très faible et éviter les périodes très chaudes (au-delà de 25 °C).
  • Afin de réduire les risques de phytotoxicité, éviter les applications aériennes lorsque les conditions favorisent un séchage lent.

Une mise en garde doit être faite face à cette pratique, puisque ce genre de traitement est plus onéreux que des traitements terrestres, et ils doivent être limités à des cas exceptionnels, comme lorsque le passage au champ est rendu difficile par de fortes précipitations au printemps.

Applications de pesticides par drones

Santé Canada réglemente les méthodes d’application des pesticides en vertu de la Loi sur les produits antiparasitaires (LPA), y compris l’application aérienne de pesticides par des drones. Les étiquettes de pesticides doivent porter la mention « système d’aéronef télépiloté » (SATP).

Actuellement, aucun pesticide dans la pomme n’est homologué pour être appliqué par drone à des fins agricoles. Quelques larvicides à base de B.t (Bacillus thuringiensis) ainsi qu’un herbicide ont été homologués pour application par SATP pour des cultures non-agricoles.

Le Centre de lutte antiparasitaire d’Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC) mène actuellement une étude sur les résidus de pesticides après un arrosage par drone. L’ARLA n’a toujours pas tranché sur l’utilisation des drones pour l’application de pesticides en milieu agricole. Dossier à suivre au cours des prochaines années.

Attention : les municipalités et communautés métropolitaines ont le pouvoir d’exiger des règles plus sévères que le code de gestion des pesticides et également celui d’interdire les applications aériennes.

Pour plus d’informations sur les applications par drones, consultez :

Le site «Application de pesticides par drones» de Santé Canada.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.