Pour quelques stations en régions pomicoles, le modèle RIMpro feu bactérien prévoit actuellement un risque d’infection le 19 mai en lien avec des fleurs en éclosion le 14 mai. Dans les vergers de poiriers à proximité de foyers de la maladie, un traitement 24h avant l’infection avec du Blossom Protect ou de la streptomycine pourrait être utile. Cet avertissement est de portée limitée puisque vraisemblablement peu de cultivars de poiriers avaient des fleurs qui ont ouvert lundi dernier. Tel qu’indiqué dans l’avertissement d’hier, les risques d’infection pour les fleurs en éclosion au cours des prochains jours sont faibles avec les prévisions disponibles. Les modèles sont mis à jour à chaque heure et une consultation quotidienne est nécessaire puisque la situation peut changer rapidement.

DÉVELOPPEMENT DES POMMIERS (F. Pelletier et G. Chouinard)

Pour le cultivar McIntosh (voir le tableau sommaire pour les détails) : le débourrement avancé a été atteint le 14 mai dans la région de Québec; le pré-bouton rose a été atteint le 12 mai en Estrie et le bouton rose a été atteint le 14 mai dans les sites les plus chauds en Montérégie Est et dans les Laurentides ainsi que le 15 mai dans la région de Missisquoi. Ce stade est également atteint en Montérégie Ouest.

Selon les prévisions en date du 16 mai, la pleine floraison (toujours sur McIntosh) est prévue pour la semaine prochaine (entre le 20 et 25 mai) dans la plupart des régions et à la fin mai dans la région de Québec (voir le sommaire du RAP). Toutefois, dans les sites les plus chauds et dans certaines variétés (ex : Melba, Gingergold), des fleurs ouvertes sont déjà observées.

Plusieurs observateurs du Réseau rapportent que les bourgeons à fruits sont nombreux sur McIntosh, Cortland et Paulared et plus variables sur d’autres cvs (Empire, Spartan, Gala, Sunrise, Gala et Honeycrisp).

Prévenir l’intoxication des abeilles

L’agriculteur qui utilise des pesticides dans ses cultures a le devoir de prendre les mesures nécessaires pour ne pas intoxiquer les abeilles, ce qui inclut l’obligation légale de ne pas pulvériser un pesticide toxique aux abeilles dans un verger en fleurs, mais bien d’autres choses aussi, mentionnées à la fiche 95 du Guide de PFI. S’il est indispensable d’appliquer des pesticides pendant la floraison, se limiter aux produits relativement peu toxiques ou inoffensifs, et le faire entre 19 h et 7 h, moment où les abeilles sont rentrées à la ruche. La toxicité des pesticides envers les abeilles est disponible sur le site Web de SAgE pesticides (sagepesticides.qc.ca) de même que sur l’affiche PFI.

Destruction des réservoirs de ravageurs pendant la floraison 

Le début de la floraison est le temps idéal pour inspecter les alentours de votre verger afin de déceler les pommiers, pruniers sauvages et autres arbres de la famille des rosacées qui sont en fleurs et donc faciles à repérer. Ces arbres servent de réservoir à des insectes nuisibles tels que l’hoplocampe des pommes, le charançon de la prune, la mouche de la pomme et plusieurs autres, sans compter les maladies.  Pour en savoir plus sur l’éradication des foyers potentiels de contamination phytosanitaire, consultez le guide de PFI (fiche 34). Les réservoirs à éliminer ne sont pas sur votre propriété?  Vous pouvez déposer une plainte pour les organismes nuisibles réglementés par la Loi sur la protection sanitaire des cultures à l’aide d’un formulaire en ligne sur le site du MAPAQ.
CONTRÔLER LA VIGUEUR C’EST AUSSI POUR RÉDUIRE
LES PROBLÈMES DE MALADIES
L’application d’un régulateur de croissance comme APOGEE (prohexadione de calcium) ralentit la croissance végétative, ce qui réduit les besoins de taille et favorise la coloration et la qualité des fruits, mais qui réduit également la sensibilité de vos pommiers à la brûlure bactérienne. L’application peut être faite lorsqu’il y a suffisamment de feuillage pour permettre une bonne absorption, mais avant que les nouvelles pousses ne soient trop longues, soit dès qu’elles mesurent de 2,5 cm et avant qu’elles atteignent 7,5 cm de longueur.  Comme le traitement est sans effet sur les abeilles il peut s’effectuer alors que les ruches sont encore au verger. Attention toutefois de ne pas utiliser d’ANA (ex. FRUITONE) dans les quatre jours qui précèdent ou qui suivent un traitement avec APOGEE. Pour plus d’information consultez la fiche 43 et la fiche 106 du guide de PFI.
FEU BACTÉRIEN: RÉSEAU D’ALERTE 2018 DANS LES LAURENTIDES (J.-B. Sarr)

Pour une cinquième année consécutive, le MAPAQ procédera dès juin à l’inspection de certaines entreprises pomicoles et évaluera l’importance du développement de la brûlure bactérienne. Toutes les entreprises pomicoles sont susceptibles d’être inspectées, tout comme les terrains rési­dentiels, les terrains municipaux et les pépinières. Des inspections de contrôle seront ensuite effectuées sur les lieux où des symptômes de la maladie auront été observés.

Le MAPAQ vient également de publier deux nouveaux outils conçus spécifiquement pour les particuliers (résidents): une courte vidéo de sensibilisation sur le feu bactérien, de même qu’un dépliant

Si vous constatez la négligence d’un responsable de végétaux sensibles à la brûlure bactérienne, nous vous invitons à le signaler en remplissant en ligne le formulaire suivant.

 

CARPOCAPSE DE LA POMME (A. Charbonneau, D. Cormier et G. Chouinard)

Dépistage

La floraison est le moment idéal pour installer votre ou vos pièges à carpocapse. Le dépistage est une nécessité économique! La méthode de dépistage est décrite à la fiche 65 du Guide de PFI.

Lutte par confusion sexuelle

Nouveau programme! Le “Programme d’appui à l’utilisation d’agents biologiques et de phéromones visant la réduction des risques liés aux pesticides par les entreprises agricoles” vient d’être ouvert. Ce programme permet d’offrir l’aide financière pour l’achat des diffuseurs de la confusion sexuelle du carpocapse de la pomme, et aussi pour la confusion sexuelle de la sésie du cornouiller. Pour obtenir cette aide financière, vous devez remplir et soumettre le formulaire de demande d’aide avant l’achat des diffuseurs.

Pour 2018, les frais d’achat des diffuseurs et des pièges Delta sont subventionnés à 70 % par le Programme, qui permet une aide financière maximale de 12 000 $ par exploitation agricole. Consultez les détails du Programme ici ou parlez‑en à votre conseiller pomicole.

Depuis 2010, l’utilisation de la confusion sexuelle  contre le carpocapse permet de réduire les insecticides dans les vergers. Au Québec, de 2015 à 2017, les superficies sous confusion ont sextuplé passant de 254 ha à 1521 ha. Dans les vergers utilisant cette méthode de lutte, le nombre d’applications d’insecticides visant le carpocapse  a diminué de 30 % dès la première année et de 54 % deux ans après le début de l’utilisation de la confusion.

La méthode d’utilisation de la confusion sexuelle contre le carpocapse  a été synthétisée dans quatre nouvelles fiches techniques: « Principes de base et aide financière disponible », « Calcul du patron d’installation des diffuseurs », « Installation des diffuseurs (ISOMATE®-CM/OFM TT)» et « Observation hebdomadaire et traitement insecticide ».

 

TORDEUSE À BANDES OBLIQUES (TBO)

État de la situation

La présence de chenilles sur le feuillage et sur les bourgeons floraux est rapportée les collaborateurs du Réseau. La principale espèce mentionnée est la TBO mais des chenilles de noctuelles du fruit vert, de livrée d’Amérique ou d’arpenteuse ont également été observées localement dépendamment des régions.

Stratégies d’intervention 

Le dépistage des bourgeons floraux peut débuter au bouton rose, mais un traitement spécifique contre la TBO ne sera recommandé au calice que si le dépistage montre que le seuil d’intervention est dépassé. Pour la TBO seule, le seuil est de 3 % des bourgeons affectés. Consultez la fiche 74 du Guide de PFI.

AUTRES INSECTES  (F. Pelletier et G. Chouinard)

État de la situation

Selon le modèle prévisionnel, l’activité de la punaise terne tire à sa fin dans la plupart des régions bien que qu’une forte activité de l’insecte ait été rapportée dans quelques vergers, au cours de la dernière semaine, principalement en Montérégie Ouest et dans les Laurentides. Dans la région de Québec, le pic d’activité devait être observé cette semaine.

Quelques collaborateurs ont observé les premières captures d’hoplocampes, notamment en Montérégie Est et Ouest et dans les Laurentides.

Le piège photographié ici est-il pour le dépistage de l’hoplocampe ou de la punaise terne ? Analysez bien la photo et consultez la réponse ici

Stratégies d’intervention 

Punaise terne, hoplocampe et mineuse marbrée. Consultez les communiqués des semaines précédentes

 

ACARIENS (F. Pelletier et G. Chouinard)

État de la situation

Des larves de tétranyques rouges ont été observées dans la plupart des régions sauf celle de Québec. Dans la région de Québec, le modèle prévisionnel prédit le début de l’éclosion des œufs d’hiver du tétranyque rouge pour le 20 mai.

Stratégies d’intervention 

Application d’huile:

Dépistage acariens sur feuillage : à faire si vous n’avez pas ou ne comptez pas appliquer d’huile, ou si vous désirez mesurer le succès de votre intervention. Les seuils d’intervention proposés dans le guide de PFI (voir la fiche 65) peuvent être modulés en fonction du nombre d’œufs, de la vigueur des arbres, de l’importance de la récolte, de tout stress hydrique ou climatique.

CAMÉRAS DANS LES VERGERS-PILOTES

Nos webcaméras sont maintenant accessibles en ligne! Vous pouvez mesurer d’heure en heure le développement du feuillage et des bouquets à fruits dans les vergers de Saint-Bruno, Franklin, Compton  et L’Acadie, sur la plateforme PFI du Réseau-pommier.

POUR EN SAVOIR PLUS 

Cliquez ici pour les messages des conseillers du MAPAQ, les dernières prévisions et les observations en temps réel dans les vergers-pilotes du Réseau.

TAVELURE (pluie du 15 mai)

La pluie imprévue tombée hier a provoqué l’éjection d’une grande quantité de spores (ascospores). Dans la plupart des régions, la période de mouillure n’était pas suffisante pour l’infection. Dans les vergers où la mouillure a perduré en soirée, une fraction des spores éjectées a eu les conditions nécessaires pour l’infection. Cette fraction augmente avec la durée. Le critère minimum d’infection implique qu’une fraction minime des spores mèneront à des taches de tavelure en absence de traitement. Selon la quantité de spores dans le verger (ex: verger tavelé l’an dernier ou non), cette fraction minimale représente une une quantité négligeable ou appréciable. Dans les vergers exempts de taches l’an dernier où le risque d’infection est minimal (valeur de RIM faible), aucun traitement n’était requis. À l’inverse, dans les vergers tavelés où il n’y a pas eu de traitement d’urée au sol pour réduire l’inoculum, la moindre infection peut parfois mener à des taches. Un traitement en soirée après l’éjection (traitement de germination ou stop) est l’idéal dans ces cas. Des traitements plus tardifs avec produits capables d’arrêter le champignon plus de 18 heures après l’infection (post infection) restent possibles, mais cette approche est plus couteuse et les produits disponibles sont tous sujets à la résistance.

TAVELURE (pluie prévue du 19 au 20 mai)

La pluie prévue samedi et dimanche provoquera vraisemblablement la première infection à risque élevé de 2018. Bon an, mal an, nous enregistrons 2 ou 3 infections par saison avec un risque qui approche ou dépasse 1000 sur l’échelle de RIMpro. Dans les vergers où la tavelure est un problème, un seul traitement en protection avant ce genre d’infection grave ne suffit pas à réprimer toutes les taches. Trois facteurs forceront le renouvellement des traitements:

  1. La croissance après le premier traitement ne sera pas protégée contre les éjections qui seront réparties sur les deux jours.
  2. Le lessivage par la pluie réduira l’efficacité des traitements sur les feuilles traitées
  3. Une forte éjection et un RIM élevé augmente les risques que des spores infectent des feuilles non traitées ou mal traitées.

Tenir compte de ces facteurs stratégiques aura beaucoup plus d’impact sur votre réussite que le facteur chimique. Le type de produit et la dose ont moins d’impact que bien cibler le traitement. L’utilisation d’un logiciel comme RIMpro facilite la décision sur la nécessité d’un second ou d’un troisième traitement en illustrant si les spores éjectées sur la croissance après traitement ou après le lessivage peuvent ou non infecter le feuillage.

Si un second traitement est appliqué (ex: pendant la période de germination ou en post-infection), pensez à le faire dans le sens contraire de celui fait avant la pluie. Un traitement en sens inverse permet d’atteindre des feuilles non ou mal couvertes la première fois.

Blanc du pommier

Selon le modèle en usage (RIMpro blanc), les conditions actuelles et prévues au cours de la prochaine semaine ne sont pas propices au blanc du pommier. Voir la fiche 109 du guide PFI pour plus de détails. Il n’est donc pas utile de choisir vos traitements fongicides en fonction de cette maladie.

Feu bactérien

Selon le modèle en usage (RIMpro feu), les conditions actuelles et prévues au cours de la prochaine semaine ne sont pas propices au feu bactérien. Voir les explications du modèle pour plus de détails. Cependant, les conditions peuvent changer rapidement et des messages seront publiés au besoin sur la plateforme de l’IRDA (reseaupommier.irda.qc.ca)

Fertilisation, irrigation, régulateurs de croissance et phytoprotection (V. Philion et G. Chouinard)

L’urée foliaire utilisé comme engrais est partiellement efficace contre la tavelure. Fractionnez vos apports d’urée en mélange avec vos traitements réguliers (ex: 5 traitements à raison de 3kg/ha) entre le stade pré bouton rose et la fin mai (première semaine de juin Max). Voir la nouvelle fiche sur la fertilisation sans nuire à la phytoprotection pour plus de détails.

L’application du régulateur de croissance Prohexadione-Ca (APOGEE, KUDOS) ralentit la croissance végétative, ce qui réduit les besoins de taille et favorise la coloration et la qualité des fruits. Ce produit limite aussi fortement la propagation du feu bactérien en été. Les traitements peuvent débuter très tôt durant la floraison. APOGEE ou KUDOS sont sans effet sur les abeilles. Voir la fiche 49 pour les détails sur ces produits et la fiche 106 pour les stratégies de lutte contre le feu bactérien.

Pendant la période de la floraison, la disponibilité de l’eau dans le sol a un impact important sur la sévérité du feu bactérien. Limitez l’irrigation (goutte à goutte, etc) au minimum. Voir la fiche 106

 

Selon les prévisions actuelles, des conditions favorables à une infection par le feu bactérien (voir fiche 104) sont possibles actuellement dans certaines localités pour les poirier en fleurs. Encore en 2018, le modèle RIMpro vous permet de visualiser en continu les risques pour votre localité.

Pour gérer efficacement le feu bactérien, il est inutile de se précipiter et traiter dès l’ouverture des fleurs. Seules les fleurs ouvertes au moment du traitement sont protégées adéquatement. Il est donc plus stratégique d’attendre le plus longtemps possible et traiter davantage de fleurs ouvertes en lien avec l’infection prédite. Les fleurs traitées seront protégées jusqu’à la fin de la floraison. Les bactéricides* peuvent être appliqués dans les 24-48 h précédant l’infection ou le jour même pour maximiser l’efficacité. Les traitements appliqués dans les 24 h suivant l’infection restent néanmoins efficaces selon la dose appliquée ( >1 kg/ha) et si la température n’est pas très élevée. Les agents de lutte biologique (Blossom Protect) doivent être appliqués au moins 24 h avant l’infection prédite. Voir la fiche 106 pour plus de détails.Pour comprendre le graphique:

Pour chaque jour d’éclosion de fleurs, la population bactérienne est représentée par une ligne noire qui monte à mesure que les bactéries colonisent les fleurs ouvertes. Lorsque la température est trop froide, la ligne n’est pas représentée. Lorsque la ligne noire atteint un niveau critique de population (zone orange), l’infection est possible suivant une période d’humectation courte. Les lignes noires arrêtent après un certain temps parce que les fleurs trop vieilles ne peuvent être infectées, même si leur population bactérienne est élevée. L’infection est représentée par une colonne rouge qui varie en hauteur et en épaisseur selon le nombre de fleurs à risque et l’intensité de l’infection. Lorsque l’infection est suffisamment importante et dépasse le seuil d’intervention, le modèle fait apparaitre une  ligne rouge pour représenter les bactéries dans la plante (population endophyte). Les symptômes sont prévus quand la population endophyte dépasse le seuil (zone verte).

Exemple concret d’utilisation

Les fleurs écloses le 10 mai et celles qui ouvriront le 14 mai seront à risque d’infection le 15 mai et le 19 mai respectivement. La ligne de colonisation pour les fleurs du 11 mai a été retardée au 12 parce que les conditions n’étaient pas favorables pour les insectes. Les fleurs en éclosion le 12 et le 13 mai ne sont pas à risque d’infection selon le modèle parce qu’aucune période d’humectation n’est prévue entre le 16 et le 18 mai. L’infection du 15 mai n’est possible que si les fleurs sont effectivement humectées ce jour là. Le risque d’infection le plus probable cette semaine est lié à l’éclosion du 14 mai puisque la pluie du 19 mai semble assez certaine.

Si les prévisions ne changent pas et que des poiriers à risque étaient en éclosion le 14 mai,  un traitement entre le 15 et le 18 mai (Blossom Protect ou bactéricide*) OU le 19 mai (bactéricide*) serait optimal.

Les traitements subséquents seront faits en fonction des fleurs ouvertes depuis votre dernier traitement et le risque pour ces fleurs non traitées.

*Bactéricide = Streptomycine ou Kasumine

L’ARLA a publié ce matin le résumé de sa décision concernant le Captan. Le texte intégral de la décision (RVD2018-12) est disponible sur demande.

Le Captan continuera d’être homologué à l’avenir comme fongicide pour lutter contre les maladies du pommier. Cependant, l’homologation sera beaucoup plus restrictive, notamment dans les vergers de “gros” pommiers (arbres “semi-nains” et “standards”) au point où le Captan ne sera plus utile dans ces vergers. Dans les vergers à haute densité, la situation est moins critique. Les délais et les conditions de ré-entrée au verger et le nombre d’applications permises par année seront modifiés pour tous les vergers. Heureusement, le règlement prévoit une période de transition. Les changements vont s’opérer au cours des 2 prochaines années. Pendant cette période, les titulaires d’homologation devront changer leur emballage en faveur de sachets hydrosolubles et soumettre à l’ARLA des étiquettes qui incluent les nouvelles restrictions d’usage.

Les restrictions les plus pertinentes en pomiculture sont:

  1. La dose maximale homologuée passe à 2.4 kg d’ingrédients actifs par hectare. (ex: 3 kg/ha de Captan 80). Cette dose ne posera aucun problème en pratique. En PFI, les doses appliquées sont toujours inférieures à ce seuil.
  2. Il est en gros interdit de retourner dans le verger pendant le délai de sécurité minimal de 48 heures, même avec des vêtements de protection.

Dans les vergers à haute densité (arbres avec une envergure totale de moins de 2m de large*)

  1. Un maximum de 10 applications espacées de 7 jours au minimum seront permises. Cette restriction forcera à alterner avec d’autres fongicides pendant la période de forte croissance et repenser les traitements en été.
  2. La taille et les opérations avec un contact léger avec la culture seront interdits jusqu’à 6 jours après le traitements.
  3. Les opérations qui requièrent un contact plus direct, comme l’éclaircissage et la récolte sont interdits jusqu’à 15 jours après traitement. Cette restriction forcera à utiliser d’autres fongicides pendant cette période, notamment dans les vergers où la tavelure ou la suie-moucheture sont problématiques. Heureusement, des alternatives efficaces existent (ex: mélange de soufre et de bicarbonate).

Dans les vergers à basse densité*, les restrictions seront beaucoup plus graves et forceront le quasi abandon du Captan. Seulement 2 traitements seront permis (peu importe la dose) pendant toute la saison, dont une seule application après la période d’éclaircissage.

Comme ces mesures entreront en vigueur graduellement au cours des 2 prochaines années, il sera possible de se préparer. Cependant, la décision de l’ARLA pour le mancozèbe et le métiram (ex: Dithane, Polyram) attendue d’ici quelques mois viendra compliquer le portait.

*Le critère de l’ARLA est la distance jusqu’au centre de l’arbre, soit maximum 1m de rayon. La plupart des vergers avec plus de 1500 arbres/ha remplissent le critère, mais certains vergers avec une densité plus basse (selon la distance sur le rang et la largeur du passage pour le tracteur) ne seraient pas affectés par cette définition.

État de la situation

L’accumulation des ascospores matures a débuté très tôt en 2018 et comme les conditions météorologiques ont été optimales pour le champignon responsable de la tavelure, nous observons déjà des éjections de forte intensité au laboratoire qui sont également reflétées dans le modèle RIMpro. Les spores qui seront éjectées au cours de la prochaine pluie profiteront de l’étalement rapide des feuilles entre le stade du débourrement avancé et le pré bouton rose (selon les régions). Si les spores sont nombreuses (verger tavelé l’an dernier) et que le cultivar est sensible, les conditions seront parfaites pour une infection sévère.  Cette situation n’est pas exceptionnelle, mais s’éloigne fortement d’une saison « moyenne » où on s’attend à des éjections massives seulement à partir du bouton rose. Ajustez vos interventions à la saison.

Les variations entre les prévisions des différentes stations pour une même région sont liées aux sources des prévisions. La source est indiquée sur le graphique RIMpro. Les prévisions “Meteoblue” reflètent probablement mieux le risque à venir que les prévisions “YR.no”.

Prévisions pour Franklin selon MeteoBluePrévisions pour Hemmingford selon YR

Stratégie d’intervention

La fréquence et la qualité de vos interventions au cours des 20 prochains jours seront déterminantes pour la saison. Assurez-vous que les feuilles qui émergent après votre traitement ne sont pas atteintes par les ascospores. De même, si votre traitement est lessivé et que d’autres ascospores sont éjectées, vous devez traiter à nouveau selon le risque. Pour gérer le risque associé aux éjections qui ont lieu à mesure que votre traitement perd de l’efficacité à cause de la croissance et du lessivage, RIMpro peut vous aider.

Les traitements de  bicarbonate de potassium sont efficaces contre la tavelure lorsqu’ils sont appliqués au bon moment, soit après l’éjection des spores et le début de l’infection, mais avant que le champignon ne s’installe trop sous la cuticule des feuilles. Cette stratégie d’intervention n’est pas toujours facile à mettre en place, mais permet des économies et sauve l’environnement. La fiche sur le site de l’IRDA qui est mise à jour peut vous aider à cibler ce traitement.

L’urée foliaire utilisé comme engrais est partiellement efficace contre la tavelure. Fractionnez vos apports d’urée en mélange avec vos traitements réguliers (ex: 5 traitements à raison de 3kg/ha) entre le stade pré bouton rose et la fin mai (première semaine de juin Max). Voir la nouvelle fiche sur la fertilisation sans nuire à la phytoprotection pour plus de détails.

 

 

DÉVELOPPEMENT DES POMMIERS (F. Pelletier et G. Chouinard)

Pour le cultivar McIntosh::

  • Le débourrement a été atteint le 8 mai dans la région de Québec
  • Le débourrement avancé a été atteint le 5 mai dans les sites les plus chauds en Montérégie et le 7 mai dans les Laurentides. Ce stade est aussi atteint en Estrie.
  • Le stade pré-bouton rose est prévu entre le 9 et 13 mai pour la plupart des régions (voir le tableau sommaire pour les détails dans chaque région).

Les épisodes froids de l’hiver semblent avoir affecté certains bourgeons à fruits. Les collaborateurs du Réseau observent certains bourgeons qui se développent plus lentement que la normale, surtout dans les secteurs bas et dans les variétés suivantes : Ambrosia, Gala, Délicieuse rouge et Empire. Dans les autres cas, les bourgeons se développent normalement malgré la présence de feuilles de l’an passé dans plusieurs pommiers. Cliquez sur les images pour les grossir.

Gala le 8 mai à St-Bruno

Gala le 8 mai à St-Bruno

Honeycrisp le 8 mai à St-Bruno (avec ses feuilles de 2017)

Honeycrisp le 8 mai à St-Bruno (avec ses feuilles de 2017)

 

 

 

 

 

 

Stratégies d’intervention 

Il est déjà temps de réserver vos ruches! Les premières fleurs du cv. McIntosh devraient ouvrir à la fin de la semaine prochaine dans les sites chauds de la Montérégie ouest, et la pleine floraison devrait être atteinte dans deux semaines. La liste des apiculteurs qui offrent leurs services pour la pollinisation est disponible sur le site Web du CRAAQ. Pour des conseils sur la pollinisation (nombre de ruches, arbres pollinisateurs, protection des abeilles) consultez le Guide de PFI (fiche 42 et fiche 95).

 

INSECTES  (F. Pelletier et G. Chouinard)

État de la situation

Des adultes de punaises ternes et quelques dommages (exsudats) ont été observés sur les bourgeons par les collaborateurs du Réseau. Quelques vergers ont atteint le seuil d’intervention jusqu’à présent, notamment en Montérégie Ouest. Selon le modèle prévisionnel et avec les températures actuelles plus chaudes, on se situe actuellement, pour la plupart des régions, dans le pic d’activité de cet insecte. Les premiers papillons de tordeuses à bandes rouges et de mineuses marbrées ont été capturés dans quelques vergers en Montérégie-Ouest cette semaine. Une première chenille de tordeuse à bandes obliques sortie de son hibernation a été observée en Montérégie Est. Selon le modèle de prévision du Réseau, les premières captures de l’hoplocampe des pommes sont prévues la semaine prochaine en Montérégie.

Stratégies d’intervention 

Punaise terne.  Alors que les piqûres faites jusqu’au prébouton rose entraînent l’avortement en partie ou en totalité des boutons floraux (qui s’apparente à un éclaircissage naturel), les piqûres faites à partir du bouton rose provoquent soit la chute du bourgeon, soit l’apparition de dommages sur fruit. Pour les options de traitements homologuées, consultez la page suivante sur le site web de SAgE pesticides.

Hoplocampe. Il est temps d’installer vos pièges. Le dépistage est nécessaire afin de déterminer la nécessité et le moment des interventions. Consultez le Guide de PFI (fiche 65) pour la méthode de dépistage. Consultez vos outils habituels pour les stratégies de lutte, et les recommandations du Réseau. Pour les options de traitements homologuées contre l’hoplocampe, consultez la page suivante sur le site Web de SAgE pesticides.

Mineuse marbrée. Cet insecte pose généralement peu de problèmes dans les vergers en PFI. Le dépistage permet de déterminer le besoin d’interventions. Pour les options de traitements homologuées contre la mineuse marbrée, consultez la page suivante sur le site Web de SAgE pesticides.

ACARIENS (F. Pelletier et G. Chouinard)

État de la situation

Selon les prévisions du Réseau, l’éclosion des œufs du tétranyque rouge devrait débuter ces jours-ci (9 et 10 mai) en Montérégie Ouest et Est et est prévue pour le début de la semaine prochaine dans les autres régions (voir le sommaire du RAP).

Stratégies d’intervention 

Trop tard pour l’huile? Non. La période actuelle est théoriquement une excellente période pour une application d’huile supérieure. Lorsqu’appliquée dans de bonnes conditions, l’huile est très efficace également autant sur les oeufs que sur les premiers stades du tétranyque. Pour plus de détails consultez le Guide de PFI (fiche 93).

 

POUR EN SAVOIR PLUS 

Cliquez ici pour les messages des conseillers du MAPAQ, les dernières prévisions et les observations en temps réel dans les vergers-pilotes du Réseau.

État de la situation

Dans la plupart des vergers de production pomicole du Québec des ascospores sont prêtes à l’éjection depuis une semaine environ. Toutes les pluies suivant l’ouverture des bourgeons rendent donc possibles les infections de la tavelure du pommier.  Lire la fiche 100 sur la tavelure pour bien comprendre le cycle de cette maladie.

La gravité de l’infection prédite en lien avec la pluie prévue au cours des prochains jours est variable, mais est très élevée pour certaines localités. Si c’est le cas dans votre région, ne comptez pas sur la chance. Même si la surface foliaire exposée est limitée, une fraction non négligeable des spores est prête à l’éjection. Si vous aviez de la tavelure dans votre verger l’an dernier, elle viendra encore vous hanter.

Stratégie d’intervention

Dans les vergers où un traitement est requis mais qui n’est pas fait avant la pluie, il est possible de stopper l’infection en cours par un traitement de « germination » qui va tuer les spores avant que le champignon puissent pénétrer la cuticule des feuilles.  Les traitements appliqués après l’éjection des spores mais avant l’infection sont les plus efficaces. Cependant, les traitements réalisés un peu plus tard peuvent tuer une grande proportion des spores.

Le simulateur RIMpro (accessible gratuitement en ligne) est conçu pour illustrer la dynamique complexe entre l’éjection des spores, la période de germination et d’infection et mieux cibler les traitements. La ligne rouge illustrée par le simulateur de tavelure RIMpro vous permet de comprendre la progression de l’infection et de gérer le moment des traitements. Les autres outils proposés pour faire les calculs d’infection ne tiennent pas correctement compte de l’intensité des éjections, de la quasi absence d’éjection la nuit et de la progression du risque en cours de pluie. Ne pas tenir compte de ces facteurs augmentent la fréquence des traitements inutiles.

Bicarbonate de potassium: Une poudre blanche pas illicite pour les besoins d’icitte. Un mode d’emploi sur les traitements avec le bicarbonate de potassium est disponible sur le site de l’IRDA.

Urée: Il n’est pas trop tard pour bien faire. Par contre, évitez d’appliquer l’urée au sol juste avant une pluie. Comme l’urée est très soluble, il serait alors rapidement éliminé par ruissellement. Même si le temps de contact requis entre l’urée et les feuilles de litières pour maximiser l’efficacité n’a pas été étudié spécifiquement, on peut présumer que l’absorption requière simplement un bon séchage.

Le cuivre est régulièrement recommandé au stade débourrement parce qu’il est à la fois efficace comme fongicide contre la tavelure et qu’il réduit partiellement le risque de feu bactérien au moment de la fleur.

Pour augmenter l’efficacité fongicide et bactéricide du cuivre et économiser un passage au verger, il est possible de combiner le cuivre fixe et l’huile de dormance dans un même traitement.

Plus le cuivre est appliqué tardivement (ex. : pré bouton rose), plus il risque par la suite d’être « éclaboussé » sur les fleurs et causer une roussissure (rugosité) inacceptable sur les fruits des cultivars Empire, Jonagold, McIntosh, Spartan (entre autres) et une baisse de la nouaison. À l’inverse, le cuivre n’occasionne aucun problème sur Gala ou sur les poires qui tolèrent bien le cuivre.

Le cuivre fixe (oxychlorure 50%) est souvent privilégié par les producteurs parce que plus abordable que le Cueva pour une efficacité jugée similaire.

Note sur le CUEVA (10% Octonoate de cuivre, 1.8% de cuivre métallique) : La dose homologuée selon l’étiquette canadienne va de 2.5L dans 500L (0.5%) à 20L dans 1000L (2%) par hectare. La quantité de cuivre homologuée varie donc de 45g à 360g/ha, soit un facteur 8x. L’étiquette très vague (#31825, 2015) ne permet donc pas de recommandations précises actuellement. La dose américaine (1% v/v en dilué) correspond à un maximum de 28-30 L/ha dans une parcelle avec un TRV de 100%, soit environ 0.5kg de cuivre métallique par hectare. Une dose similaire est homologuée en Europe. Dans la plupart des vergers, la dose correspondante est donc de l’ordre de 15 à 20 L /ha (TRV entre 50% et 66%).

 

VOS AVERTISSEMENTS PLUS RAPIDES À LIRE!

Nous vous offrons à partir d’aujourd’hui un texte plus court, mais vous ne perdez rien. Cliquez sur les liens pour retrouver toute l’information supplémentaire que vous avez l’habitude de consulter.

DÉVELOPPEMENT DES POMMIERS (G. Chouinard)

L’ouverture des bourgeons a commencé dans les vergers de plusieurs régions, bien qu’en date du 1er mai les pommiers du cv. McIntosh étaient encore officiellement au stade dormant (car moins de 75% des bourgeons étaient ouverts). La situation changera drastiquement à partir du 2 mai en raison du temps chaud: le débourrement sera atteint dans toutes les régions pomicoles au courant des 6 prochains jours, et le débourrement avancé sera atteint samedi le 5 mai dans les sites chauds de la Montérégie. Pour le tableau des détails dans chaque région, cliquez ici.

 

INSECTES ET ACARIENS (F. Pelletier et G. Chouinard)

État de la situation

Malgré le temps frais du début de la saison, des captures de punaise terne et de noctuelles du fruit vert ont été observées dans les vergers pilotes du Réseau depuis la semaine dernière. Avec l’arrivée des températures plus chaudes, l’activité des adultes de la punaise terne pourrait être davantage observée.

Les œufs du tétranyque rouge semblent avoir bien survécu à l’hiver. Leur présence à des niveaux variables selon les vergers, ainsi que celles de leurs prédateurs (phytoséides), a été rapportée par les observateurs du Réseau. Selon le modèle de prévision, l’éclosion des œufs n’est pas prévue avant la fin de la semaine prochaine dans les régions les plus chaudes.

Certains observateurs du Réseau rapportent la présence de cochenilles en plus grand nombre cette année dans certains vergers, notamment en Montérégie. Des interventions ont été recommandées dans quelques sites en fonction de l’historique de dommage de la saison précédente ou du dépistage réalisés ce printemps.

Stratégies d’intervention 

Piège blanc  utilisé pour le dépistage de la punaise terne et de l’hoplocampe. Pouvez-vous vérifier si ce piège contient une punaise terne? Pour la réponse, cliquez ici! Photo G. Chouinard (photographié aujourd’hui 2 mai au verger du mont Saint-Bruno).

Insectes ravageurs : Rappelez-vous qu’en production fruitière intégrée , l’intention est de se limiter à une intervention insecticide ou moins avant la floraison. Pour y parvenir, ciblez si nécessaire votre intervention préflorale sur l’espèce la plus problématique à cette période (souvent la punaise terne, mais pas toujours) et consultez la fiche 69 du Guide de PFI de même que l’affiche « Production fruitière intégrée » pour plus de détails.

  • Noctuelle du fruit vert et mineuse marbrée: ce sont des ravageurs mineurs en PFI qui ne nécessitent pas souvent d’interventions spécifiques. Consultez les méthodes de dépistage (fiche 65) et les stratégies de lutte dans le Guide de PFI.
  • Punaise terne: consultez l’avertissement du 25 avril
  • Cochenilles: privilégiez l’huile supérieure – consultez la section ci-après

Acariens :  n’intervenez pas en prévention contre les acariens – attendez que les populations le justifient, et ce pour deux raisons: 1) pour ralentir le développement de résistance ; 2) parce qu’un faible niveau d’acariens (inférieur au seuil d’intervention) permet à vos prédateurs de survivre et de poursuivre ainsi leur répression naturelle des acariens phytophages (gratuitement en plus).

Oeufs d’hiver du tétrarque rouge sur rameau de pommiers Cliquez pour grossir. Photo: F. Vanoosthuyse

  • Tétranyque rouge : faites un comptage des oeufs d’hiver et si le seuil est atteint  appliquez une huile au besoin au courant des deux prochaines semaines, si les conditions le permettent. Si la cochenille est problématique: l’huile doit être utlisée cette semaine – consultez l’avertissement du 25 avril.

CLINIQUE D’INFORMATION LE 4 MAI EN MONTÉRÉGIE OUEST (E. Barriault)

Avec Vincent Philion (IRDA), ce vendredi à 9h30 au verger Hillspring (1019 Rte 202, Franklin). Au programme : la tavelure (un rappel du modèle RIMpro); comment utiliser le bicarbonate de potassium (B2K); les fongicides en réévaluation; la brûlure bactérienne (projet et modèle RIMpro); l’étalonnage du pulvérisateur. Aussi avec Evelyne Barriault:  projet sur la fertilisation en calcium. Bienvenue à tous! L’activité est rendue possible grâce à un appui financier du réseau Agri-conseils Montérégie.

 

POUR EN SAVOIR PLUS 

Cliquez ici pour consulter les messages des conseillers du MAPAQ, les dernières prévisions et les observations en temps réel dans les vergers. Les prévisions des modèles sont mises à jour une fois l’heure pour la tavelure et quatre fois par jour pour les stades phénologiques du pommier, les insectes et les acariens. Les sommaires météo sont mis à jour une fois par jour et les prévisions météo trois fois par jour.