La suie (complexe suie-moucheture)est une maladie secondaire du pommier mais qui prend de l’ampleur. Dans les vergers avec un historique de la maladie, des traitements peuvent être nécessaires après la saison des infections primaires de la tavelure pour éviter des pertes à la récolte. Le modèle RIMpro a été conçu pour mieux cibler les traitements en fonction des infections. Les traitements avant ou immédiatement après l’infection sont efficaces, mais les traitements plusieurs jours après l’infection avec des fongicides pénétrants ne font que ralentir la sortie des symptômes. Le bicarbonate (B2K) en mélange avec du soufre formulé (ex: Kumulus) est efficace contre cette maladie lorsque les traitements sont bien ciblés. La fenêtre précise d’intervention du mélange B2K et Kumulus après l’infection n’est pas connue, mais n’excède probablement pas celle préconisée pour la tavelure.

Les options sont donc:

  1. Protection avant l’infection: Plusieurs produits possibles; mais pas B2K, ni le soufre.
  2. Post infection “rapide”: B2K + Kumulus ou fongicides de type pénétrant.

Les stratégies de type “calendrier” fonctionnent assez bien, mais entrainent un plus grand nombre de traitements

 

Les dernières ascospores de la saison arrivent à maturité et les éjections suffisamment importantes pour provoquer une infection achèvent. À partir des relevés d’éjections forcées en laboratoire publiées en ligne et du simulateur RIMpro, nous pouvons établir un pronostic:

Dans toutes les régions limitrophes à Montréal incluant l’Estrie, la première ascospore de la saison est arrivée à maturité entre le 9 et le 14 avril. Dans tous les cas, la dernière éjection devrait coïncider avec la pluie du 9 juin. Même si les éjections forcées du 3 juin étaient importantes, elles devraient s’estomper rapidement. Selon RIMpro, la légère incertitude sur la date du début des éjections ne devrait pas avoir d’impact sur la date de la dernière éjection, mais pourrait affecter son intensité.

Québec: Les échantillons ne sont pas envoyés au laboratoire aussi fréquemment et il est donc plus difficile d’établir la tendance pour cette région. Avec une première ascospore à maturité vers le 29 avril, la fin des éjections mesurables devrait avoir lieu vers le 20 juin.

Les dernières éjections prévues sont associées à un indice de risque (RIM) assez faible. Dans les vergers très propres où la litière est broyée, ce risque est probablement insuffisant pour mener à des taches. La fin des éjections ne signifie pas nécessairement la fin des traitements, mais marque la fin des risques de nouvelles infections primaires dans les vergers.  D’ici la fin de la sortie des taches, une couverture moins stricte en fonction de la croissance est conseillée. Dans les vergers où des taches sont apparentes, l’indice RIM n’a aucune utilité et les traitements doivent continuer sans relâche au moins jusqu’à la fin de la croissance pour limiter la progression des infections secondaires.

Les prévisions météorologiques ne sont pas toujours fiables, mais celles du moment semblent nous diriger vers une infection de tavelure d’une gravité appréciable. Tous les ingrédients y sont: Les spores sont abondantes, le feuillage pousse rapidement et la pluie s’annonce idéale pour favoriser l’infection.

Les traitements sous la pluie pendant la germination des spores et au cours des premières heures suivant le début de l’infection (ligne rouge de RIMpro) sont aussi efficaces que ceux réalisés avant la pluie.

Il est souvent utile de combiner deux stratégies: Traiter en rangs alternés avant la pluie et traiter à nouveau pendant la pluie les rangées non traitées. Un traitement en sens inverse du premier augmentera votre couverture.

DÉVELOPPEMENT DES POMMIERS
(F. Pelletier)

 

En date du 24 mai, les derniers stades observés (cultivar ‘McIntosh’) dans les différentes régions pomicoles sont les suivants :
  • Le stade « nouaison » a été atteint le 23 mai dans les sites les plus hâtifs de la Montérégie.
  • Le « calice » a été atteint le 21 mai dans la région du sud-ouest de Montréal et le 23 mai dans les Laurentides et dans les sites les plus chauds en Estrie.
  • La « pleine floraison » a été atteinte le 23 mai dans la région de Québec.

La nouaison sera atteinte dans les prochains jours (27 au 29 mai) dans l’ensemble des régions du sud-ouest du Québec. En Montérégie, les variétés hâtives ont déjà un calibre de 7-8 mm. Dans la région de Québec, le stade « calice » devrait être atteint le 28 mai (voir le sommaire en fin de communiqué pour l’ensemble des prévisions et observations par région).

SORTIE DES MALADIES
(V. Philion)

Des conseillers pomicoles rapportent la sortie des premiers symptômes de tavelure du pommier. Les premiers symptômes de feu bactérien, quant à eux, sont prévus d’ici vendredi.

Tavelure
Les taches en lien avec l’infection du 4 mai sont apparues au cours des derniers jours sur les feuilles de la rosette. Selon le modèle RIMpro, la sortie des symptômes pour cette pluie s’achève au cours des prochains jours. Les symptômes de l’infection du 15 mai sont attendus d’ici quelques jours.

Dans les vergers où des symptômes sont visibles, la quantité d’ascospores en inventaire et les valeurs d’infection de RIMpro ne sont pas pertinentes. La protection des fruits doit alors être faite pour chaque infection selon l’apparition des nouvelles feuilles depuis le dernier traitement.

Feu bactérien
Les symptômes en lien avec l’infection des fleurs écloses le 13 mai devraient commencer à apparaître d’ici vendredi. Dans les vergers où des symptômes frais sont visibles, il est possible d’entamer immédiatement un programme de traitements avec le régulateur de croissance APOGEE/KUDOS pour contenir l’infection.

INSECTES RAVAGEURS
(F. Pelletier)

Quelques individus de charançon de la prune ont été observés en verger par les collaborateurs du Réseau et les premiers dégâts ont été rapportés dans des blocs de pruniers et de cerisiers. Selon les prévisions météorologiques actuelles, plusieurs soirées seront favorables à l’activité de cet insecte dans les prochains jours (voir le sommaire par région).

 

Image Agri-Réseau

Quiz : Qui est-ce? Cliquez ici pour la réponse. Photo : F. Pelletier (IRDA), le 25 mai 2022 à Saint-Bruno

Les captures d’hoplocampe des pommes sont faibles ou nulles dans la plupart des régions, sauf dans les Laurentides où le seuil d’intervention a été atteint dans quelques vergers, dont ceux avec un historique de dommages.

Les premières captures de carpocapse de la pomme ont été observées dans différentes régions (Montérégie, sud-ouest de Montréal, Laurentides et Estrie).

Le seuil d’intervention pour les chenilles printanières a été atteint dans quelques vergers en régie biologique et également dans certaines parcelles en régie conventionnelle. En plus de la tordeuse à bandes obliques, plusieurs espèces sont observées : noctuelles, arpenteuses, spongieuses, eupithécie rectangulaire, pique-bouton et autres tordeuses.

Les collaborateurs du Réseau ont également rapporté les premières observations de dommages de cécidomyie du pommier, de larves de punaise de la molène et de punaise de la pomme, d’adulte de charançon de la pomme et les premières pontes de tétranyque rouge.

 

STRATÉGIES D’INTERVENTION CONTRE LES INSECTES 
(G. Chouinard)

Hoplocampe et Tordeuse à bandes obliques

Une fois le stade « nouaison » dépassé, il sera trop tard pour intervenir contre l’hoplocampe et la génération hivernante de tordeuse à bandes obliques (TBO). Une autre fenêtre d’intervention contre la TBO s’ouvrira durant l’été, lorsque la prochaine génération de chenilles apparaîtra, si les seuils d’intervention sont atteints.

Charançon

Si votre verger comporte un historique de dégâts et qu’aucune intervention postflorale efficace contre cet insecte n’a encore été appliquée, il faut prévoir une intervention à la faveur des prochaines journées favorables (consultez le sommaire de la semaine pour connaître la situation par région). Autrement, commencez le dépistage dès la nouaison afin de prévoir le besoin d’interventions additionnelles qui pourront être localisées.

Cécidomyie et punaises

Ces espèces doivent être dépistées sur votre entreprise afin de déterminer s’il y a nuisibilité réelle. Les punaises pentatomides sont faciles à voir. Même si elles peuvent être problématiques en fin de saison, c’est très rarement le cas à cette période-ci.

Carpocapse

Les populations peuvent être difficiles à contrôler, car les œufs éclosent sur une longue période et le développement de résistance aux insecticides a été démontré au Québec. Les insecticides recommandés viseront soit les œufs, soit les larves tout juste sorties des œufs. Votre historique de dommages est la donnée la plus importante pour estimer le risque. L’approche générale est décrite à la fiche 76 du Guide de production fruitière intégrée (Guide de PFI). Toutefois, le recours à la confusion sexuelle et/ou à des modèles prévisionnels et aux services-conseils spécialisés est suggéré pour les situations problématiques. Si vous avez aussi du petit carpocapse (fiche 85 du Guide de PFI), sachez que les diffuseurs actuellement utilisés pour la confusion sexuelle du carpocapse sont aussi efficaces pour combattre son « petit » cousin.

Punaise de la molène

Tant que les fruits n’ont pas encore atteint un diamètre de 10 mm, une intervention peut être envisagée si la punaise de la molène est présente et si plus de 1 à 5 % des fruits sont attaqués. Une fois que les fruits ont atteint ce diamètre, la punaise de la molène n’est plus nuisible. Elle demeure même un excellent prédateur d’acariens; il faut donc la protéger!

Note

Ces recommandations sont d’ordre général. Pour des informations détaillées sur les produits homologués et utilisables en période postflorale, consultez la plus récente affiche Production fruitière intégrée ou le site Web SAgE pesticides (liens directs : charançon de la prunepunaise de la molène). Utilisez l’onglet PFI de SAgE pesticides pour comparer les effets principaux et secondaires des outils disponibles, trier les options selon le critère de votre choix et pour protéger les espèces utiles de votre verger (et votre portefeuille) en choisissant le produit le plus approprié à votre situation.

 

APPORTS EN CALCIUM 

Le calcium contribue à la fermeté des fruits tout en réduisant plusieurs problèmes phytosanitaires (point amer, brunissement, tavelure, blanc, etc.). Dès le stade calice, il est temps de commencer les applications de calcium, dont la première peut être faite en mélange avec du bore et avec de l’urée foliaire.

  • Trio du calice ABC (Azote, Bore, Calcium) : Urée (3 kg/ha) + Borax (0,6 kg/ha) + Chlorure de calcium (4 kg/ha)

Bientôt, il sera temps de penser à ranger l’azote et donc d’éviter le nitrate de calcium. La fiche 37a du Guide de PFI vous présente l’ABC de la fertilisation en azote, bore et calcium, en lien avec la phytoprotection : La fertilisation sans nuire à la phytoprotection.

 

OBSERVATIONS ET PRÉVISIONS DU RÉSEAU EN DATE DU 24 MAI
(F. Pelletier)

Cliquez ici pour consulter le sommaire préparé chaque semaine pour les différentes régions pomicoles.

POUR EN SAVOIR PLUS

Cliquez ici pour les messages téléphoniques des conseillers du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ), les dernières prévisions et les observations en temps réel dans les vergers pilotes du Réseau-pommier.

Toute intervention envers un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des pesticides et de leurs risques.

Qui est-ce à gauche?

Il s’agit non pas du charançon de la prune, mais du charançon de la pomme. Mais malgré son nom,  le charançon de la prune (à droite) est beaucoup plus commun et de très loin le plus problématique des deux dans les vergers de pommiers du Québec. Le charançon de la pomme a un rostre (bec) beaucoup plus  long et il est plus petit que son cousin tant redouté. Les deux espèces ont un cycle de vie similaire.

 

La température pendant la période suivant l’éclosion des fleurs est un facteur déterminant du risque d’infection par le feu bactérien. Les éclosions du 15 au 19 mai dans les régions autour de Montréal ont eu lieu dans des conditions peu propices à la maladie. Quand le risque est très faible, les fleurs ne sont mêmes pas représentées sur le graphique de RIMpro. La saison des infections sur fleurs n’est pas terminée pour autant. Dans les vergers où des nouvelles fleurs ouvrent demain le 20 mai, restez à l’affût d’une possible infection vers le 22 ou 23 mai.

DÉVELOPPEMENT DES POMMIERS
(F. Pelletier)

En date du 17 mai, les derniers stades observés (cultivar ‘McIntosh’) dans les différentes régions pomicoles sont les suivants :
  • La « pleine floraison » a été atteinte le 14 mai en Montérégie et le 15 mai dans les autres régions les plus hâtives (sud-ouest, Missisquoi, Laurentides).
  • Le stade « bouton rose avancé » a été atteint le 15 mai en Estrie dans les sites les plus chauds et la floraison a débuté le 16 mai.
  • Le « bouton rose » a été atteint le 17 mai dans les sites les plus chauds de la région de Québec.
Avec la vague de chaleur de la semaine dernière, la floraison se déroule en accéléré. Le stade « calice » est prévu pour le 20 mai dans les sites les plus chauds en Montérégie et entre le 21 et 24 mai dans les autres régions où la floraison est en cours. Dans la région de Québec, la floraison devrait débuter à la fin de la semaine (voir le sommaire en fin de communiqué pour l’ensemble des prévisions et observations par région).

Image Agri-Réseau

Apparition du stade calice sur les premiers bouquets de ‘McIntosh’, le 17 mai à Saint-Bruno. G. Chouinard, agr. (IRDA)

 

SURVIE DES ASCOSPORES SUR FEUILLAGE SEC 
(V. Philion)

Les ascospores de tavelure éjectées à la fin des pluies peuvent subsister un certain temps à la surface du feuillage qui sèche. Le temps de survie sur le feuillage a longtemps été sous-estimé. On sait maintenant qu’une proportion des spores peut survivre 24 h ou plus et que le retour de la pluie peut permettre leur infection. Le modèle RIMpro représente la mortalité des spores par une baisse graduelle du « nuage blanc » de spores en attente d’infection. Quand l’inventaire des spores survivantes n’est pas à zéro au moment d’une nouvelle pluie, la ligne rouge qui augmente reflète l’infection des spores restantes. L’infection des spores arrivées avec la nouvelle pluie commence plus tard et la ligne rouge augmente plus rapidement au moment où ça arrive.

Comme pour tous les modèles, l’approximation de la survie n’est pas mauvaise, mais n’est pas parfaite. Lors de grosses éjections, la fraction des spores qui restent actives peut générer une infection avec une valeur RIM assez élevée, mais probablement aussi un peu exagérée. Ne pas considérer la survie prolongée des spores peut mener à des cas de tavelure inexpliqués, mais exagérer la survie augmente le nombre de traitements. Dans l’exemple présenté ci-dessous, quelques spores éjectées le 17 mai en soirée survivent jusqu’au 19 mai au matin. Ce portrait est probablement trop conservateur et seules les spores du 19 mai sont à craindre.

 

COCKTAIL CRÉATIF NON RECOMMANDÉ : BICARBONATE + CUIVRE
(V. Philion)

Le mélange de bicarbonate (B2K) et de cuivre réduit l’efficacité en protection du cuivre, réduit l’efficacité en postinfection du bicarbonate et augmente la roussissure. Les différences de pH entre les deux produits expliquent probablement l’inefficacité de cette approche.

 

GRÊLE et FEU BACTÉRIEN
(V. Philion)

Les épisodes de temps violent, et en particulier la grêle, transportent rapidement les bactéries et créent des blessures qui favorisent l’infection. Une application rapide de streptomycine (moins de 4 h suivant l’infection) est efficace pour limiter les dégâts. Quand ce traitement n’est pas possible, un traitement de APOGEE/KUDOS est une option à considérer.

Un traitement avec le régulateur de croissance APOGEE/KUDOS dans les jours suivant une tempête de grêle est recommandé pour trois raisons : pour ralentir la progression du feu, limiter la poussée de croissance des arbres qui survient quand les arbres sont endommagés et ainsi limiter la perte des bourgeons floraux sur le bois de 2 ans. Ce dernier effet permet de régulariser la production dans l’année suivant la grêle.

 

INSECTES et ACARIENS
(F. Pelletier)

La punaise terne a encore été active dans certains sites lors des journées chaudes de la fin de semaine dernière. Selon le modèle prévisionnel du Réseau, le pic de captures a été atteint entre le 11 et le 13 mai dans la région de Québec alors que l’activité de l’insecte tire à sa fin dans les autres régions.

Après avoir été observée la semaine dernière en Montérégie, l’éclosion des œufs du tétranyque rouge devrait avoir débuté ces derniers jours également dans la région de Québec, selon le modèle prévisionnel. En Montérégie, la présence de tétranyques à deux points et de McDaniel (œufs et formes mobiles) ainsi que de leurs prédateurs naturels (agistèmes et phytoséiides) a aussi été rapportée par des collaborateurs du Réseau.

Les premières captures d’hoplocampe ont été observées au cours des derniers jours dans plusieurs régions (Montérégie-Est et Ouest, Laurentides, Estrie).

Les températures chaudes observées certaines nuits durant la dernière semaine ont permis au charançon de la pruned’amorcer sa migration printanière vers les pommiers. Un spécimen a été capturé en verger la semaine dernière en Montérégie-Ouest. Le charançon débute sa période de ponte au stade de la nouaison qui, selon les prévisions actuelles, serait atteint le 24 mai (cv. ‘McIntosh’) dans les régions les plus hâtives.
La présence de chenilles de tordeuse à bandes obliques et autres chenilles printanières (noctuelle du fruit vert, arpenteuse, livrée) sur les nouvelles pousses ou bourgeons est rapportée. Dans la plupart des cas, aucune intervention n’a encore été recommandée, mais quelques sites, notamment en régie biologique, ont atteint le seuil d’intervention.

Aucune capture de carpocapse n’est rapportée pour le moment, mais le début du vol des papillons devrait commencer dans la prochaine semaine dans les régions les plus hâtives.

 

STRATÉGIES POSTFLORALES CONTRE LES INSECTES ET LES ACARIENS
(G. Chouinard)

Stratégie d’intervention globale 

Une seule application d’insecticide bien ciblée (qu’on appelle couramment le « traitement du calice ») est l’approche la plus profitable pour la gestion des insectes, une fois la floraison terminée. C’est un traitement clé pour plusieurs ravageurs importants du pommier (charançon, punaise de la molène, tordeuses, cicadelles, hoplocampe, mineuses et cochenilles). Le moment exact de l’application (stades « calice » ou « nouaison ») dépendra toutefois des espèces présentes dans votre verger et déterminées par le dépistage. Consultez la fiche 69 du Guide de production fruitière intégrée (Guide de PFI) pour les détails sur la stratégie à adopter.

Les principes suivants s’appliquent toujours :

  • Pendant l’été, favorisez des insecticides sélectifs plutôt qu’à large spectre. Ces derniers sont également toxiques pour les prédateurs naturels. Leur utilisation doit donc être évitée autant que possible après la floraison, pour ne pas amplifier ou créer des problèmes d’acariens, de mineuses ou de pucerons.
  • Utilisez toujours la « dose minimale efficace » permettant de bien réprimer les ravageurs tout en minimisant l’impact sur les organismes utiles.

Stratégies d’intervention spécifiques 

  • Carpocapse : il est encore possible d’installer des diffuseurs pour la confusion sexuelle, bien qu’il soit plus difficile de le faire à cette période de l’année (voir les communiqués précédents). Pour ceux qui ne pratiquent pas la confusion sexuelle, nous vous tiendrons informés des périodes propices pour les pulvérisations estivales.
  • Charançon de la prune : aucun dommage n’est à craindre avant la nouaison. Comme il s’agit d’un redoutable ravageur, il est cependant primordial d’intervenir avant l’apparition des dégâts, soit une première fois entre le stade « calice » et la nouaison, et en applications localisées par la suite, selon les résultats du dépistage. La stratégie de lutte est résumée à la fiche 72 du Guide de PFI. Pour votre premier traitement, intervenez en postfloral lorsque des périodes favorables à l’activité sont prévues par le modèle (dès le 20 mai en Montérégie-Ouest, si la floraison est terminée). Pour les interventions suivantes, la stratégie de dépistage est résumée à la fiche 65. Consultez le rapport Cipra, généré périodiquement sur notre page des modèles, pour suivre la situation en fonction des prévisions météo; vous pouvez aussi consulter le modèle en direct au besoin.
  • Hoplocampe : il est normal que vos pièges à hoplocampe soient peu efficaces durant la floraison. Continuez la surveillance jusqu’à la nouaison.
  • Tordeuse à bandes obliques et acariens : consultez les communiqués précédents.

 

ÉCLAIRCISSAGE 
(G. Chouinard)

Les bénéfices (physiologiques et phytosanitaires) de l’éclaircissage sont bien connus (voir la fiche 43 du Guide de PFI), de même que les défis que cette opération peut représenter. Selon les cultivars, les traitements d’éclaircissage peuvent débuter dès le stade « calice », bien que l’effet éclaircissant soit plus prononcé lorsque les fruits atteignent un diamètre d’environ 10 mm. Les cultivars difficiles à éclaircir, comme ‘Gala’ et ‘Honeycrisp’, peuvent nécessiter plusieurs passages et différents produits. Consultez le tableau de la fiche 43 pour les principales suggestions.
Ajustement des doses d’agents éclaircissants en fonction de la météo 
Des modèles bioclimatiques de type « bilan glucidique » peuvent être utilisés pour prédire la réponse des pommiers aux traitements d’éclaircissage. Le bilan glucidique mesure la capacité des pommiers à accumuler de l’énergie par la photosynthèse. Le bilan glucidique des pommiers calculé à partir de la météo des quelques jours précédant et suivant la date du traitement peut indiquer le besoin d’ajuster la dose des agents éclaircissants appliqués. Le modèle disponible en 2022 ainsi que les explications nécessaires sont accessibles via la page des données et de prévisions, sur la plateforme PFI du Réseau-pommier. Si vous êtes près de la frontière américaine, vous pouvez aussi consulter des prévisions d’ajustement de doses pour des endroits comme Chazy, NY ou South Hero, VT, sur le site de NEWA, où les mises à jour sont en continu; vous devrez alors y inscrire les dates de débourrement et de floraison de votre région.

Éclaircissage sans carbaryl

Un texte d’Evelyne Barriault sur l’éclaircissage sans carbaryl est aussi disponible sur la plateforme PFI du Réseau-pommier.

 

PULVÉRISATIONS À BAS VOLUME ET À FAIBLE DÉRIVE
(G. Chouinard et V. Philion)

Les pulvérisations à bas volume (< 350 l/ha) font de plus en plus d’adeptes en pomiculture. L’économie de temps qu’elles permettent est indéniable, mais qu’en est-il de leur efficacité? En fait, la qualité de la couverture du pesticide appliqué (c’est-à-dire la distribution de la bouillie sur la culture) est la principale chose à surveiller lorsqu’on abaisse le volume d’eau de la pulvérisation. Les producteurs qui observent une faible efficacité de leurs pulvérisations à bas volume (il y en a) doivent tout simplement s’assurer que leur pulvérisateur distribue la bouillie de façon équilibrée sur leurs pommiers, afin de rétablir l’efficacité de la pulvérisation. Rappelez-vous que même si appliquer plus d’eau (par exemple en traitant à plus basse vitesse) peut permettre de pallier partiellement une mauvaise couverture, l’eau n’est pas un pesticide. Vous ne devriez jamais chercher volontairement à utiliser une grande quantité d’eau pour vos pulvérisations. Le séchage plus lent des volumes élevés est même responsable d’une part des problèmes de phytotoxicité.

La réduction du volume de bouillie se réalise souvent en changeant les buses pour obtenir de très petites gouttelettes. Adopter cette approche sans tenir compte de la dérive est extrêmement dommageable pour l’environnement, pour la santé des humains en périphérie des vergers et pour l’image de l’industrie. Veillez plutôt à utiliser un pulvérisateur à distribution d’air optimisée, comme celui en démonstration dans les vergers vitrine, ou encore faites ajuster ou modifier votre pulvérisateur actuel, si possible. Vous bénéficierez alors de tous les avantages d’une pulvérisation comme elle devrait l’être : plus rapide, plus efficace, plus silencieuse et avec moins de dérive.

Vous aimeriez en savoir plus sur les pulvérisateurs de ce type (qu’on appelle aussi « Aircheck ») et peut-être en voir un en action? Des événements seront organisés à cette fin dans six vergers du Québec cet été : le 5 juillet à L’Islet, le 7 juillet à Sainte-Cécile-de-Milton, le 14 juillet à Mont-Saint-Grégoire, le 20 juillet à Oka, le 28 juillet à Hinchinbrooke et le 5 août à Compton. Mettez ces dates à votre agenda et surveillez votre courrier pour les détails, car en pomiculture, c’est en 2022 que ça se passe! 

 

OBSERVATIONS ET PRÉVISIONS DU RÉSEAU EN DATE DU 17 MAI
(F. Pelletier)

Cliquez ici pour consulter le sommaire préparé chaque semaine pour les différentes régions pomicoles.

 

POUR EN SAVOIR PLUS

Cliquez ici pour les messages téléphoniques des conseillers du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ), les dernières prévisions et les observations en temps réel dans les vergers pilotes du Réseau-pommier.

 

Toute intervention envers un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des pesticides et de leurs risques.

Le mélange de bicarbonate (B2K) et de cuivre réduit l’efficacité en protection du cuivre, réduit l’efficacité en post infection du bicarbonate et augmente la roussissure. Les différences de pH entre les deux produits expliquent probablement l’inefficacité de cette approche.

Kunz S, Hinze M. Assessment of biocontrol agents for their efficacy against apple scab. In: Proceedings of the 16th International Conference on Organic Fruit Growing Internet 2014. Disponible sur :
https://www.ecofruit.net/wp-content/uploads/2020/04/9RP_Kunz_biocontrol_agents_p65-71-1.pdf

Les ascospores de tavelure éjectées à la fin des pluies peuvent subsister un certain temps à la surface du feuillage qui sèche. Le temps de survie sur le feuillage a longtemps été sous estimé. On sait maintenant qu’une proportion des spores peut survivre 24h ou plus et que le retour de la pluie peut permettre leur infection. Le modèle RIMpro représente la mortalité des spores par une baisse graduelle du “nuage blanc” de spores en attente d’infection. Quand l’inventaire des survivantes n’est pas à zéro au moment d’une nouvelle pluie, la ligne rouge qui augmente reflète l’infection des spores restantes. L’infection des spores arrivées avec la nouvelle pluie commence plus tard et la ligne rouge augmente plus rapidement au moment où ça arrive.

Comme pour tous les modèles, l’approximation de la survie n’est pas mauvaise mais n’est pas parfaite. Lors de grosses éjections, la fraction des spores qui reste active peut générer une infection avec une valeur RIM assez élevée, mais probablement aussi un peu exagérée. Ne pas considérer la survie prolongée des spores peut mener à des cas de tavelure inexpliqués, mais exagérer la survie augmente le nombre de traitement. Dans l’exemple présenté, quelques spores éjectées le 17 mai en soirée survivent jusqu’au 19 mai au matin. Ce portrait est probablement trop conservateur et seules les spores du 19 mai sont à craindre.

Les épisodes de temps violent et en particulier la grêle transportent rapidement les bactéries et créent des blessures qui favorisent l’infection. Une application rapide de streptomycine (moins de 4h suivant l’infection) est efficace pour limiter les dégâts. La dose minimale utile dans ces cas est de 1 kg/ha.

Quand ce traitement n’est pas possible, un traitement de Apogee/Kudos est une option à considérer.

Tiré du guide PFI =

Apogee/Kudos

Un traitement avec le régulateur de croissance dans les jours suivants une tempête de grêle est recommandé pour trois raisons : pour ralentir la progression du feu, limiter la poussée de croissance des arbres qui survient quand les arbres sont endommagés et ainsi limiter la perte des bourgeons floraux sur le bois de 2 ans. Ce dernier effet permet de régulariser la production dans l’année suivant la grêle.