Fiche 37

Paul Émile Yelle

 

La production de pommes de qualité est incontournable pour assurer la rentabilité de son verger. Les pommes de belle apparence, au bon goût et avec une bonne fermeté attirent le consommateur et par le fait même les acheteurs. Non seulement un meilleur prix est assigné aux pommes de qualité, mais cela est devenu une nécessité pour être en mesure de les vendre. Même les cueilleurs sont plus faciles à trouver si les pommes ont atteint un bon calibre. Plusieurs facteurs entrent en jeu pour réussir à produire des pommes de qualité, incluant la formation et l’entretien des pommiers, une charge de fruits adéquate, sans parler de la prévention des dégâts causés par les maladies et les ravageurs. Toutefois il faut commencer par la base, soit le sol et comment, en appliquant une fertilisation adéquate, tout l’arbre en bénéficiera.

Les analyses de sol en surface (0-20 cm) et en profondeur (20-40 cm) des parcelles du verger sont des outils indispensables pour bien orienter les pratiques de fertilisation. Les analyses foliaires et les observations en verger permettent de valider et d’ajuster ces pratiques en plus d’orienter la fertilisation foliaire.

La fertilisation du verger n’est pas une simple pratique répétitive applicable annuellement ou aux deux ans pour s’assurer que tout se développe correctement. Son utilisation doit être justifiée et déterminée par différents repères et son but est d’assurer un apport adéquat au pommier pour un bon développement des jeunes arbres, le maintien de leur santé ainsi que des récoltes optimales en termes de quantité et de qualité.

Certains aspects reliés au sol ont déjà été discutés dans la fiche 35 et ont une influence directe sur la fertilisation. Par exemple, la texture du sol et son contenu en matière organique. Les aspects reliés directement à la nutrition minérale du pommier sont abordés dans cette fiche. D’abord les rôles que sont appelés à jouer les principaux éléments dans la croissance des arbres et la production des fruits sont détaillés.

 

Azote (N)

L’azote est une composante essentielle des enzymes et des protéines, les blocs de constructions reliés à la croissance. Cet élément, comme le magnésium, se retrouve au centre même de la chlorophylle. En termes pratiques, l’azote favorise le développement du feuillage et du bois. Notamment, il est essentiel au bon développement des jeunes arbres, et à leur atteinte rapide du gabarit souhaité. Le tout pour obtenir de bons rendements de façon précoce et rentabiliser les parcelles.

Un manque d’azote peut mener à un feuillage vert pâle, particulièrement dans le cas des feuilles plus vieilles, puisque l’azote est mobile et se déplace vers les points de croissance. Une croissance annuelle limitée est aussi observable lorsqu’il y a carence en azote. Les fruits demeurent petits et sont plus colorés. À l’opposé, un excès peut mener à un feuillage très dense et foncé ainsi que de gros fruits peu colorés qui se conservent mal. De surcroît, des apports excessifs favorisent trop la croissance végétative au détriment de la production de fruits.

Les apports d’azote doivent être effectués tôt en saison pour favoriser la croissance en mai et juin. Les apports trop tardifs encouragent une croissance tardive, nuisant à un bon aoûtement. Le moment exact de l’application sera déterminé en fonction de la source d’azote employée, puisque les différentes formes utilisées requièrent des transformations chimiques et microbiennes dans le sol afin d’être assimilables plus ou moins rapidement par les racines :

  • L’urée (46-0-0) est plus lente à agir et peu recommandée pour utilisation au sol en pomiculture, sauf à l’automne pour la réduction de l’inoculum de tavelure (voir la fiche 101). Elle est toutefois bien assimilée au niveau foliaire et son usage en pulvérisation nutritive est recommandé en début de saison pour stimuler une vigueur hâtive et une meilleure nouaison.
  • La forme ammoniacale nécessite moins de transformations, mais doit être appliquée tôt en saison (au débourrement ou peu avant) pour être assimilée au bon moment par les racines. Cette forme se retrouve dans le phosphate mono-ammoniacal (11-52-0) et bi-ammoniacal (18-46-0) ou le nitrate d’ammonium calcique (27-0-0). Ce dernier est une source qui comporte aussi du nitrate, une forme d’azote directement assimilable par les racines et, par conséquent, devrait être appliqué plus tardivement (vers le stade du bouton rose).
  • Les engrais qui ne contiennent que du nitrate, comme le nitrate de calcium (15,5-0-0) peuvent être appliqués jusqu’au stade calice.

Le dosage de l’azote mérite une attention particulière. En plus des résultats d’analyse foliaire et du pourcentage de matière organique indiqué par l’analyse de sol, d’autres critères doivent être considérés, incluant le cultivar, l’état général de l’arbre, son âge, la pousse annuelle, la productivité, la grosseur et la coloration du fruit et sa conservation.

 

Phosphore (P)

Le phosphore est essentiel au fonctionnement du pommier par son rôle dans le transport des hydrates de carbone (énergie) produits par la photosynthèse. Il est associé au bon développement racinaire, à la formation des pépins, à la fructification et à la coloration des fruits. La quantité de phosphore prélevée directement par le pommier est faible comparativement au potassium et à l’azote (voir le tableau à la fin de cette fiche). Cet élément est peu mobile dans le sol. Une fois les pommiers implantés, les applications en surface sont peu efficaces car elles pénètrent lentement dans le sol et ne rejoignent que partiellement les racines situées dans les premiers centimètres du sol.

De plus, une fertilisation abusive en phosphore présente des risques environnementaux, notamment une croissance excessive d’algues et l’eutrophisation des plans d’eau. C’est pourquoi le phosphore est visé au premier plan dans la réglementation agroenvironnementale. Comme cet élément est peu mobile dans le sol, la pollution des eaux peut être engendrée par l’érosion de sol fertile ou le ruissellement à la suite de pluies importantes. Le couvert végétal et le fait que la pomme ne soit pas une culture sarclée réduisent ces risques pour cette production. Toutefois, certaines situations de déséquilibre anionique peuvent rendre le phosphore lessivable dans le sol et c’est pourquoi il faut tenir compte de l’indice de saturation en phosphore (ISP), qui est exprimé par un rapport entre le phosphore et l’aluminium ainsi que des valeurs critiques en fonction des textures de sol. Pour plus d’informations, se référer à la page 177 du Guide de référence en fertilisation.

Il est aussi important de noter que des taux élevés d’application de phosphate peuvent augmenter les carences en zinc et en cuivre.

Il faut donc incorporer le phosphore au sol, là où se développera la zone racinaire et ce avant la plantation. L’incorporation de taux appropriés de phosphate, représentant parfois un apport important, durant la préparation du sol en pré-plantation devrait donc fournir le phosphore suffisant pour la durée de vie du verger, si le pH du sol est maintenu entre 6,0 à 6,5 dans toute la zone racinaire. Le chaulage des sols acides pourra donc être recommandé pour améliorer la disponibilité du phosphore. Pour de plus amples informations à ce sujet, se référer à la fiche 39.

Des mycorhizes ajoutées avant ou au moment de la plantation peuvent aussi favoriser une meilleure absorption du phosphore par les racines. Pour plus d’informations à ce sujet, se référer à la section « Les mycorhizes » au chapitre « La préparation du terrain » du guide L’implantation d’un verger de pommiers.

mycorhizes

L’apport de phosphate pour l’entretien des parcelles déjà en place se limite quant à lui aux cas où les analyses du sol ou de feuillage révèlent des niveaux trop faibles. Pour maximiser une absorption racinaire éventuelle, les applications se font en bandes vis-à-vis la limite extérieure de la ramure, là où se retrouve la zone plus importante de jeunes racines.

Pour terminer, les applications foliaires de cet élément ne sont pas recommandées. Même sous ses formes les plus sophistiquées, il n’y a pas de résultats de recherches scientifiques qui démontrent une absorption foliaire appréciable de cet élément.

 

Potassium (K)

Le potassium est un constituant important des cellules végétales et est impliqué dans la synthèse des enzymes et le métabolisme des hydrates de carbone. Par son importance pour l’ouverture des stomates, il influence l’assimilation de l’eau par les racines et joue un rôle dans la respiration et la photosynthèse. Le potassium, comme l’azote, aide les fruits à atteindre un bon calibre. En plus, il contribue à l’atteinte d’une belle coloration des fruits.

carence en potassium

La carence en potassium s’observe d’abord sur les vieilles feuilles. Elle se caractérise par une nécrose marginale de la feuille et soit un jaunissement ou un brunissement de son pourtour. Une ligne pourpre démarque la limite entre les tissus morts et les tissus verts et normaux du reste de la feuille. Les arbres qui sont faibles ou déficients en potassium sont plus vulnérables aux dommages par le froid hivernal, et leurs bourgeons et fleurs sont plus sensibles aux gels printaniers.

Même s’il ne s’agit pas d’un élément fortement impliqué dans les cycles physiologiques du pommier, des quantités importantes de potassium sont prélevées par les pommes à la récolte. Une bonne récolte de 40 t/ha représente une exportation de 60 kg/ha de K2O (voir le tableau à la fin de cette fiche). Pour remédier à ce problème, il faut faire des applications d’entretien de façon régulière. De cette façon, les exportations sont compensées et le niveau de potassium dans le sol est maintenu à un niveau adéquat. Malgré le fait que le potassium soit plus mobile dans le sol que le phosphore, il est quand même souhaitable de l’appliquer en bandes vis-à-vis la zone de concentration racinaire. Les apports importants de potassium doivent habituellement s’accompagner d’une certaine quantité de magnésium pour ne pas créer un déséquilibre entre ces deux éléments (consultez le paragraphe suivant pour la recommandation). Le potassium est très peu absorbé par le feuillage et n’est pas appliqué en pulvérisation, même pour corriger des carences.

 

Magnésium (Mg)

Le magnésium est un constituant clé de la chlorophylle qui capte l’énergie solaire et donne la coloration verte des feuilles saines. Il est aussi impliqué dans l’activité enzymatique. La carence en magnésium entraîne une chlorose interveinale caractérisée par la perte de chlorophylle, le brunissement et la désagrégation des tissus entre les nervures. C’est une des carences le plus communément observées en verger. Les symptômes commencent à apparaître généralement à la fin de juillet ou au début d’août. Comme cet élément est mobile dans la plante, ce sont les premières feuilles de la pousse de l’année qui sont d’abord affectées. Celles-ci se dégarnissent plus ou moins selon l’intensité de la carence. Dans les cas graves, les fruits restent petits et tombent prématurément.

carence en magnésium

Les corrections possibles sont variées et se font à la lumière des résultats d’analyses ou des symptômes observés :

  • Lors de la préparation des sols : un sol à pH acide sera amendé en magnésium par l’incorporation de chaux dolomitique (au moins 20 % de carbonate de magnésium) ou magnésienne (au moins 5 % de carbonate de magnésium) dans le sol.
  • En fertilisation d’entretien : utiliser un sulfate double (magnésium et potassium), aussi connu sous le nom de Sulpomag, lorsqu’il y a des apports de potassium à faire. En effet, à chaque application de 100 kg de potasse (K2O) avec ce produit, 50 kg de magnésium sont ajoutés.

Le magnésium, contrairement au phosphore et au potassium, est bien absorbé par le feuillage et les pulvérisations nutritives sont une pratique d’entretien régulier recommandée. C’est aussi la façon idéale de corriger rapidement les carences.

 

Calcium (Ca)

Le calcium est essentiel à la division cellulaire. C’est aussi un constituant important des parois cellulaires sous forme de pectate de calcium, contribuant au maintien de la structure des tissus végétaux et aidant à prévenir leur affaissement en entreposage. Étant peu mobile dans la plante, cet élément tend à manquer dans les tissus les plus jeunes.

absorption du calcium

Absorption du calcium par les racines du pommier.

Le calcium est assimilable sous la forme de Ca++ dans la plante. Son seul point d’entrée est l’extrémité des racines et il se déplace dans la plante grâce au phénomène de la transpiration semblable à une pompe à eau. Les pousses vigoureuses, tirant plus d’eau que les pommes, sont donc en forte compétition avec celles-ci. Si les niveaux de calcium dans la pomme sont trop faibles, il y aura carence liée à l’apparition de symptômes de point amer ou de brunissement de sénescence pouvant s’aggraver en entrepôt.

point amer

Point amer sur Honeycrisp. Voir aussi la photo de la « tache amère » à la fiche 119.

À des niveaux évitant la carence, mais inférieurs à l’idéal, une moins bonne aptitude à l’entreposage peut être observée. Il faut noter toutefois que les résultats de recherches à l’égard du gain de fermeté des fruits apportés par le calcium ne sont pas toujours concluants.

Les corrections de base sont faites au sol afin de s’assurer d’avoir un niveau adéquat. Le chaulage lors de la correction des sols trop acides est la principale méthode utilisée pour atteindre ce but, compte tenu des apports importants de calcium par la chaux. De plus, tel qu’illustré dans la figure ci-haut, les racines du pommier absorbent par le même mécanisme le calcium et d’autres éléments chargés positivement tels le potassium (K) et le magnésium (Mg). Ces éléments peuvent entrer en compétition avec l’absorption du calcium et il faut donc éviter les excès de fertilisation en K et en Mg si les niveaux de ces derniers sont déjà adéquats.

Néanmoins en pratique ce sont les applications foliaires qui permettent de prévenir les carences auxquelles certains cultivars (Honeycrisp, Cortland, Belmac, Primevère) sont particulièrement sensibles. Pour plus d’informations sur les formes de calcium foliaires et leur impact en phytoprotection, consultez le bulletin suivant.

Oligo-éléments

Bore (B). Le bore tient un rôle important dans la physiologie du pommier où il participe à plusieurs processus, dont la multiplication cellulaire, de même que la translocation des sucres et du calcium. Les symptômes de carence au niveau du fruit peuvent inclure les gerçures sur jeunes fruits, le cœur liégeux et le brunissement interne. Sur les pousses, un dépérissement du point de croissance (bourgeon terminal) peut être observé. Le bore est un élément peu mobile dans la plante.

carence en bore

Les corrections au sol sont essentielles, principalement en pré-plantation et particulièrement si le pH est élevé. Toutefois, l’application d’apports foliaires doit compléter cette correction, car même si le sol est bien pourvu en bore, cet élément est mal assimilé lors de conditions sèches, surtout dans les sols légers.

Zinc (Zn). Le zinc est principalement impliqué dans l’activation des enzymes. De plus, il contribue à la résistance des pommiers au froid. Peu mobile dans la plante, il tend à demeurer dans les tissus plus âgés. Les symptômes de carence sont une chlorose interveinale (jaunissement) des jeunes feuilles et des feuilles plus petites, de même qu’une croissance réduite et atrophiée en forme de rosettes. La disponibilité du zinc est affectée négativement par des pH trop alcalins ou par des niveaux de phosphore trop élevés.

Il est rare que le zinc soit incorporé à la formule d’engrais et des applications préventives ou correctives sont principalement appliquées au feuillage. L’analyse foliaire permet d’ajuster le nombre de traitements foliaires sans avoir à attendre la manifestation de carences.

Fer (Fe), cuivre (Cu), manganèse (Mn). Les autres éléments mineurs, tels le fer, le cuivre et le manganèse, sont rarement problématiques et doivent être corrigés par des applications foliaires au besoin seulement.

Besoins nets annuels des pommiers en azote, en phosphate, en potasse, en oxyde de calcium et en magnésie.

Prélèvement (kg/ha) : N P2O5 K2O CaO MgO
Transport dans les fruits (40 t/ha) 20,0 13,0 60,0 5,0 3,0
Immobilisation dans la charpente 15,5 8,5 15,0 52,0 3,5
Retour au sol dans le bois de taille 10,0 4,4 4,0 32,0 2,5
Retour au sol dans les feuilles 43,0 6,5 54,5 98,0 27,0
Prélèvements totaux annuels 88,5 32,4 133,5 187,0 36,0
Besoins réels annuels (fruits et charpente) 35,5 21,5 75,0 57,0 6,5
Besoins/tonne de fruits (kg/t) 0,89 0,53 1,86 1,42 0,16

Repris de L’implantation d’un verger de pommiers, p.11.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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Fiche 38

Paul Émile Yelle

 

Analyses de sol

Pour l’implantation de parcelles, sur de nouveaux sites ou en replantation, il faut échantillonner deux ans à l’avance pour permettre de fractionner les apports de chaux et d’engrais s’ils doivent être particulièrement importants.

  • Prélever d’abord un échantillon du sol en surface (0-20 cm), en excluant les deux premiers centimètres s’il y a un couvert végétal au moment de l’échantillonnage. Il faut notamment s’assurer de ne pas avoir de matière végétale telle que des radicelles dans l’échantillon, afin de ne pas donner un aperçu exagéré du pourcentage de matière organique.
  • Prélever aussi un échantillon en profondeur (20-40 cm) et enfin, s’assurer d’avoir assez de sol pour permettre une analyse granulométrique qui sera plus précise que les seules indications des cartes pédologiques. L’analyse du sous-sol permet d’apprécier les réserves en profondeur et la tendance naturelle du sol à être plus ou moins acide, et cela, sans les influences subies en surface par les pratiques culturales (s’il y a lieu) ou de fertilisation.

Pour la fertilisation d’entretien de parcelles déjà en place, l’analyse de surface aux quatre ou cinq ans peut suffire.

La procédure d’échantillonnage générale est décrite de façon détaillée dans le Guide de référence en fertilisation. 2e édition aux pages 39 à 45, disponible auprès du CRAAQ. Voici quelques informations additionnelles pertinentes à l’échantillonnage des sols de vergers.

Période de prélèvement et nombre d’échantillons

L’échantillonnage peut se faire en tout temps. Toutefois, il est préférable de l’effectuer à l’automne ou à la fin de l’été, puisqu’il permet l’apport de chaux à l’automne et d’engrais tôt au printemps suivant. L’application de chaux et d’engrais minéraux ne doivent pas coïncider pour éviter de fixer le phosphore, ce qui le rend non disponible pour les plantes.

La méthode de prélèvement d’un échantillon de sol doit tenir compte des différentes textures du sol sur l’ensemble de la superficie du verger. Un échantillon de sol peut être valable pour une superficie de 4 ha, en autant que le sol soit homogène au niveau de sa texture (sable, loam, argile), de son égouttement et de sa gestion (fertilisation, cultures précédentes, etc.) Il s’agit donc de diviser le verger en une ou plusieurs parcelles en respectant les critères d’homogénéité. Un échantillon sera prélevé dans chacune des parcelles. Il est important de conserver les mêmes plans de parcelles pour les échantillonnages du sol que pour l’échantillonnage foliaire des pommiers en juillet-août.

Identification des pommiers des parcelles

Pour chacune des parcelles, une description des pommiers est souhaitable pour que le conseiller puisse bien interpréter l’analyse de sol et faire la recommandation de fertilisation. Cette description peut comporter les éléments suivants :

  • La superficie des parcelles et la texture du sol rattachée à leur échantillon.
  • La nature des porte-greffes, des cultivars de même que l’âge moyen des pommiers.
  • La vigueur des arbres indiquée par la longueur des pousses annuelles.
  • La qualité des fruits : calibre, coloration et fermeté.
  • L’existence ou non d’un système d’irrigation et les applications antérieures de fertilisant.
  • Le rendement obtenu et le degré de sévérité de la taille printanière.

Si vous ne connaissez pas bien la texture de votre sol, les laboratoires peuvent faire une analyse de granulométrie (texture). Il ne vous en coûtera que quelques dollars et cette information vous sera toujours utile.

Prélèvement des échantillons du sol

La majorité des racines nourricières des pommiers sont situées dans les premiers 30 cm du sol. L’analyse du sol de surface se trouve la plus importante pour établir la formule et les doses d’application des engrais minéraux pour la fertilisation des pommiers. L’analyse du sous-sol s’avère toutefois complémentaire.

Dans l’aire de verger prévue pour chaque échantillon, effectuer environ dix prélèvements de sol en zigzag, dans la parcelle de terrain. Dans le cas d’un verger déjà établi, faire les prélèvements sur la bande désherbée du rang si l’application d’engrais est localisée sur la bande ou sur toute la surface si l’application se fait à la volée.

Pour effectuer chaque prélèvement, utiliser de préférence une pelle étroite et creuser un trou de 20 cm de profond. Une tranche de sol sur la hauteur, en bordure de ce trou, d’une épaisseur de 1,5 cm environ, dont on ne garde que 3 cm de largeur de la tranche de sol constitue le prélèvement ponctuel de sol de surface. Prélever toujours le même volume de sol à chaque endroit. Ne pas inclure le gazon ni le chaume dans votre prélèvement. Bien mélanger ensemble les différents prélèvements dans une chaudière en enlevant les cailloux s’il y a lieu, pour chacune des parcelles. Environ 500 g de ce mélange de sol constitue votre échantillon pour une parcelle homogène. Placer par la suite ce sol dans un contenant d’échantillonnage bien identifié. Les laboratoires d’analyses peuvent vous fournir des contenants d’échantillonnage conçus à cet effet.

Pour l’échantillonnage de sol plus en profondeur (sous-sol) procéder de la même manière que pour le sol de surface mais en prélevant du sol entre 20 et 40 cm en utilisant les mêmes trous de prélèvement de sol.

Identification des échantillons

En se servant du plan du verger, il est très important de bien numéroter les différents échantillons prélevés. La localisation des échantillons sera nécessaire pour établir le programme de fertilisation. En plus, un numéro d’échantillon doit apparaître clairement sur chacun des contenants d’échantillonnage ainsi que le nom et l’adresse de l’entreprise. Bien établir s’il y a lieu, par la lettre A ou B si l’échantillon provient du sol de surface ou du sous-sol. Acheminer les échantillons à un laboratoire reconnu.

Les résultats d’analyses permettent d’obtenir des recommandations, normalement fournies par des conseillers. Il est toutefois possible de consulter des recommandations générales pour les pommiers dans le Guide de référence en fertilisation. 2e édition aux pages 432 à 436 pour l’implantation et en page 438 pour l’entretien. Ce guide comporte aussi des informations détaillées, précises et précieuses sur plusieurs sujets afférents, telles les caractéristiques chimiques et physiques des différents types de sol (texture, structure, matière organique, CEC) et le maintien de leur santé (pages 1 à 54).

 

Analyses foliaires

Les analyses foliaires servent à mesurer l’effet de la fertilisation appliquée (sol ou foliaire) et à anticiper et prévenir les carences. Les échantillons doivent être prélevés à la fin de la période de croissance (en juillet) lorsque le bourgeon terminal commence à se former. Un échantillon comporte de 75 à 100 feuilles prélevées dans un même bloc d’un même cultivar, pas plus de deux par arbre et il faut les prélever au centre de la pousse annuelle de prolongation sur le pourtour et à la mi-hauteur de l’arbre. L’échantillon doit être mis dans un sac de papier de manière à pouvoir sécher. Un prélèvement trop hâtif donnera des niveaux d’azote plus élevés que la normale alors que trop tardivement, les résultats en calcium seront plus élevés.

De la même façon que les analyses de sol donnent un aperçu de potentiel et des éléments manquants au départ, les analyses foliaires donnent un portrait de ce qui s’est effectivement rendu dans le pommier.

Grille d’interprétation des analyses foliaires

Élément ou rapport Écart de valeurs recherché
Azote jeunes arbres 2,5 % 3,0 %
Azote jeunes arbres en production 2,2 % 2,4 %
Azote arbres matures cultivars type McIntosh 1,8 % 2,2 %
Azote arbres matures cultivars type Gala 2,2 % 2,4 %
Potassium jeunes arbres 1,5 % 2,0 %
Potassium arbres matures 1,2 % 1,8 %
Rapport azote/potassium 1,00 1,50
Phosphore jeunes arbres 0,20 % 0,25 %
Phosphore arbres matures 0,18 % 0,22 %
Calcium 0,8 % 1,6 %
Magnésium 0,25 % 0,40 %
Bore 20 ppm 40 ppm
Zinc 35 ppm 50 ppm
Fer 50 ppm 400 ppm
Manganèse 30 ppm 200 ppm
Cuivre 7 ppm 20 ppm

Les résultats sont interprétés en fonction des niveaux de concentration foliaire compris dans l’intervalle cité au tableau ci-haut. Ces niveaux indiquent généralement une alimentation adéquate dans l’arbre. Les corrections sont apportées en fonction des critères déjà discutés, notamment en tenant compte de l’efficacité éventuelle de traitements foliaires, de la correction du pH ou des niveaux de l’élément au sol. Ainsi, pour une correction en phosphore, les traitements foliaires ne sont pas privilégiés et la correction d’un pH trop bas est à considérer avant de procéder à une correction au sol de l’élément lui-même.

Analyses de fruits

De prime abord, les analyses de fruits peuvent sembler une technique appropriée pour vérifier la teneur en éléments, comme le calcium et le bore, qui sont susceptibles d’influencer la qualité et la conservation des fruits. Toutefois, les essais réalisés jusqu’à présent sur des jeunes fruits auxquels il serait encore possible d’apporter des correctifs par des pulvérisations nutritives ne donnent pas de résultats très probants. Les résultats sur des fruits près d’être récoltés sont plus significatifs, mais permettent peu d’interventions sinon une limitation de la période d’entreposage pour les lots déficients en calcium par exemple.

 

Laboratoires

Une liste des laboratoires accrédités pour les analyses agricoles (domaines 1001 à 1050) est publiée sur le site web du ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques

Pour en savoir plus

Warren C. Stiles and W. Shaw Reid. 1991. Orchard Nutrition Management. Cornell Cooperative Extension Information Bulletin 219.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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Fiche 39

Paul Émile Yelle

 

épandage de chaux

Les analyses de sol décrites à la fiche 38 sont notamment essentielles pour en connaître le pH (potentiel d’hydrogène). Le pH mesure l’acidité (valeurs de pH inférieures à 7, les plus faibles étant les plus acides) ou l’alcalinité (valeurs de pH supérieures à 7, les plus élevées étant les plus alcalines) du sol. Le pH réel du sol est souvent appelé « pH eau » dans les rapports d’analyses, alors que le « pH tampon » donne une indication du niveau de difficulté pour corriger l’acidité. Pour le pommier on vise un pH du sol de 6,5. L’excès d’acidité du sol ralentit l’activité microbienne, diminue l’assimilation du phosphore et du potassium et nuit à la croissance des arbres. Il nécessite d’être corrigé en apportant de la chaux. Par contre, l’excès d’alcalinité pouvant être causée par un apport excessif de chaux peut entrainer des carences nutritives, particulièrement en magnésium, en potassium et en oligo-éléments comme le bore, le cuivre, le fer, le manganèse et le zinc.

Un pH du sol inférieur à 6,0 doit être systématiquement corrigé :

  • par un apport de chaux limité à dix tonnes par année pour les incorporations en préparation de nouvelles parcelles;
  • par un apport de chaux limité à trois tonnes par année pour les applications d’entretien, faites en surface et agissant graduellement sur plusieurs années.

Pour de plus amples informations à ce sujet, se référer à la section sur les amendements calcaires et magnésiens du chapitre « Préparation du terrain » du guide L’implantation d’un verger de pommiers.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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Fiche 40

Paul Émile Yelle

 

Fertilisation en implantation

Des explications complètes de la fertilisation en implantation sont disponibles au chapitre « La préparation du terrain » du guide L’implantation d’un verger de pommiers.

 

Calibration des épandeurs

Les meilleures analyses et les meilleures recommandations ne permettent une fertilisation satisfaisante que si ce sont effectivement les doses prévues qui sont appliquées. À cette fin, il faut s’assurer que l’équipement d’épandage est bien entretenu (nettoyage après usage, prévention de la corrosion et vérification des éléments mécaniques), qu’il est ajusté pour obtenir le taux voulu et que le tout est contrôlé par une calibration. Il est donc recommandé de vérifier et de calibrer les épandeurs d’engrais à tous les ans.

Les recommandations en fumure de fond doivent être appliquées soit sur la surface entière, soit sur une bande vis-à-vis les rangs à planter. Pour ces recommandations, la dose doit correspondre à la superficie réelle traitée. Ainsi, pour une application visant 1000 kg/ha, si une largeur de 2 m où sera le rang est traitée et que les rangs sont espacés de 4 m, alors la quantité d’engrais requise pour un hectare de ce verger ne sera que de 500 kg, puisque c’est la moitié de la surface de verger qui est effectivement traitée.

Les recommandations pour les applications en entretien, par contre, sont habituellement formulées par hectare en pommiers et bien qu’une application d’engrais sur une bande la plus étroite possible soit souhaitable pour une pénétration efficace, la dose ne sera pas réduite pour autant.

Pour l’application d’engrais en utilisant un épandeur rotatif muni d’un réservoir à fond triangulaire, tels que fournis par les centres d’engrais, se référer aux pages 269 à 272 du Guide de référence en fertilisation, 2e édition du CRAAQ. C’est une pratique utilisée par exemple en pré-plantation pour l’épandage à la volée sur l’ensemble de la surface (la dose à l’hectare doit alors être effectivement appliquée sur un plein hectare).

Pour les épandages avec l’équipement du verger, il faut s’assurer d’appliquer le taux recommandé en se référant au manuel de l’utilisateur de l’épandeur. Des informations sont aussi disponibles sur les sites Internet de la plupart des manufacturiers quant aux modes d’ajustement et aux réglages pour obtenir les taux d’application recherchés.

Les épandeurs à cônes inversés (type Vicon et plusieurs autres marques) ou à boites à chute (type Gandy et plusieurs autres marques) ont différents types d’ajustements. Le débit peut être réglé par le degré d’ouverture de la porte ou de la trappe, un cadran d’ajustement, des engrenages, etc. Le réglage de la largeur d’épandage peut être fait en ajustant l’angle des déflecteurs, la hauteur d’opération et l’inclinaison, s’il y a lieu (pour application au demi-rang).

Les méthodes décrites ci-après sont seulement des guides; d’autres facteurs influencent le taux d’application, comme le type d’engrais (densité et finesse), la vitesse de la prise de force (PTO) et la vitesse d’avancement.

Première méthode : calibration par calcul et mesure
  1. Déterminer la distance D en mètres à parcourir pour traiter un hectare en fonction du mode d’épandage :
    d = 10 000 ÷ espacement entre les rangs en mètres
    D = d si le traitement est fait sur un rang complet ou deux demi-rangs (de part et d’autre) par passage
    D = d ÷ 2 si le traitement est fait sur deux rangs complets par passage
    D = 2d si le traitement est fait sur un demi-rang par passage (application de la moitié de la dose sur chaque côté de la rangée)
  2. Vérifier précisément la vitesse d’avancement V en mètres par heure. L’indicateur de vitesse du tracteur est bien sûr une référence (en multipliant les km/h par 1000), mais il faut le vérifier, en chronométrant le temps nécessaire, en mouvement au régime d’opération, pour parcourir une distance mesurée en mètres.calcul de la vitesse d'avancement (formule)
  3. Recueillir et peser en kg la quantité d’engrais Q débité durant une minute en opérant de façon stationnaire au régime qui sera employé lors de l’épandage.
  4. Calculer le taux d’application en kg/ha :calcul du taux d'application (formule)

Exemple : Un traitement se fait sur deux rangs complets par passage. Les rangs sont espacés de 4 m, le temps pour parcourir 50 m est de 30 secondes et la quantité d’engrais recueillie en une minute est de 20 kg. Dans ce cas :

  1. d= 10 000 m2/ha ÷ 4 m = 2500 m/ha
  2. D = d ÷ 2 = 1250 m/ha
  3. V = 50 m × 3600 s/h ÷ 30 s = 6000 m/hcalcul du taux d'application (exemple)
Deuxième méthode : calibration empirique

Cette calibration est utilisée par exemple pour les épandeurs à entraînement par roue pour lesquels il n’est pas possible de procéder à une calibration de façon stationnaire :

  1. Marquer la hauteur de départ de l’engrais dans la boite lors de l’application avec l’épandeur, en s’assurant que la surface d’engrais est à niveau.
  2. Parcourir une distance de référence fixe Dr en mètres.
  3. Peser en kg la quantité d’engrais Q nécessaire pour remettre au niveau initial.
  4. Le taux d’application égale alors :calcul du taux d'application (formule)

Exemple : Le traitement se fait sur deux demi-rangs complets par passage. Les rangs sont espacés de 4 m, la distance de référence parcourue est de deux rangs de 250 m de long et la quantité d’engrais Q pour remettre l’épandeur à niveau est de 100 kg. Dans ce cas :

  1. D = d = 10 000 m2/ha ÷ 4 m = 2500 m/ha
  2. Dr = 2 × 250 m = 500 m
  3. Taux = 100 kg × 2500 m/ha ÷ 500 m = 500 kg/ha

L’ultime vérification est de contrôler au fur et à mesure la quantité réelle utilisée sur une surface connue.

 

Plan agroenvironnemental de fertilisation

Le Plan AgroEnvironnemental de Fertilisation (PAEF) est une exigence réglementaire dans les cas où les superficies cultivées en pommes et autres productions horticoles excèdent cinq hectares. Pour de plus amples informations, se référer au texte sur le Règlement sur les exploitations agricoles (REA) à la fiche 16 du présent guide. Par contre, dans le cadre de la production fruitière intégrée, il faut détenir un tel plan même dans les cas où la superficie est moindre et que le règlement ne s’applique pas. En effet l’application raisonnée des engrais dans une perspective d’ensemble telle que caractérisée par le PAEF permet de minimiser les risques environnementaux reliés à l’application d’engrais. Notamment, il faut s’assurer de respecter un bilan entre les apports et les exportations par les récoltes ou les fixations dans le bois de l’arbre. En plus, il faut considérer le risque potentiel de lessivage du phosphore (se référer à l’indice de saturation en phosphore (ISP) mentionné à la fiche 37). En somme, fertiliser en fonction d’un PAEF est garant de respect de l’environnement.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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Fiche 41

Paul Émile Yelle

 

Les techniques suivantes peuvent favoriser le développement optimal du pommier ainsi que sa mise à fruit : le tuteurage, le positionnement des branches, une taille d’hiver minimale, la taille d’été et l’enlèvement des fruits l’année de la plantation.

 

Tuteurage

Le tuteurage facilite une croissance verticale de l’axe principal, en réduisant le stress dû à l’exposition au vent. L’arbre atteint ainsi plus rapidement la hauteur nécessaire pour optimiser les rendements. Le tuteurage favorise l’équilibre entre la mise à fruit et la croissance végétative en maintenant plus facilement une hiérarchie structurale et hormonale dans l’arbre. Enfin, le tuteurage fournit un support physique indispensable aux pommiers nains et semi-nains, qui ne pourraient soutenir le poids d’une pleine récolte. Pour de plus amples informations, se référer à la section « Le tuteurage » dans le guide L’implantation d’un verger de pommiers.

 

Positionnement des branches

Des branches dont l’angle avec l’axe principal est trop fermé (plutôt à la verticale) tendent à pousser vigoureusement, impliquant plusieurs conséquences négatives. De telles branches ont tendance à supplanter l’axe principal et à empêcher l’arbre d’atteindre la hauteur souhaitée pour des rendements optimaux. Elles sont aussi moins fructifères et présentent un plus grand risque de cassure. De plus, ces rameaux vigoureux causent des étranglements sur le tronc à cause de leur grosseur excessive et ils limitent le développement de ramifications plus intéressantes.

Le positionnement consiste donc à attacher ou à écarter ces branches dont l’angle est inadéquat et de les ramener plus à l’horizontale. En effet, ce positionnement favorise la précocité de la mise à fruit, composante essentielle de la rentabilité des jeunes parcelles. Différents matériaux peuvent être utilisés à cette fin. Certains matériaux d’usage commun (élastiques, cordes, broches rigides, bâtons, poids) peuvent suffire. Par contre, des produits spécialisés sont aussi disponibles auprès des fournisseurs. Certains ont l’avantage de se dégrader d’eux-mêmes avec le temps, éliminant l’étape de repasser pour les enlever afin d’empêcher leur incrustation dans l’écorce et possiblement un étranglement de la branche.

Cependant, l’arcure, soit la pratique consistant à attacher les branches alors qu’elles sont encore jeunes est nettement préférable à une tentative de correction en forçant un écartement de branches devenues plus grosses. Il est possible ainsi de prévenir plus tôt les conséquences négatives déjà mentionnées, en plus d’économiser de la main d’œuvre et de diminuer les risques de bris.

positionnement des branches: arcure

Quelles branches faut-il positionner? Il est possible d’y aller de façon systématique en attachant toutes les jeunes branches qui ont poussé l’année de la plantation. C’est un procédé inutilement laborieux. Les branches beaucoup plus grosses que les autres et avec le pire angle doivent être enlevées tout simplement et celles qui sont près de l’angle visé ne doivent pas être touchées.

Quel angle viser? De manière générale il suffit de ramener les branches un peu sous l’horizontale, avec un angle d’environ 110°, en courbant le bout davantage au besoin. Cependant, des ajustements sont nécessaires selon le type d’arbre des différents cultivars. Certaines variétés au port plus retombant (par exemple, la « Cortland ») ont moins besoin de positionnement, alors que la pomme « Empire », au port plus dressé, présentera normalement plus de branches problématiques. Les arbres tronqués, produits en pépinière de manière à favoriser le développement de branches bien positionnées et propices à la précocité, nécessitent moins d’interventions.

Quand faire le positionnement? Normalement en juillet, une fois que la période de croissance plus rapide est terminée. Ceci permet d’éviter que la nouvelle croissance au bout des branches positionnées cherche à se dresser vers le haut. En plus, cela laisse suffisamment de temps d’exposition à la lumière de fin d’été pour encourager la formation de bourgeons à fruit.

Une fois en production, le poids des fruits suffit à positionner les branches. Il s’agit donc d’une opération particulièrement opportune sur les arbres plus jeunes encore en développement. Il faut la répéter tout de même les deux ou trois années suivant l’implantation sur la prolongation du tronc.

 

Enlèvement des fruits l’année de la plantation

Une saison de croissance plutôt courte comme celle présente au Québec oblige les pomiculteurs à favoriser au maximum le développement des jeunes arbres l’année de la plantation. Certains porte-greffes ou certains traitements en pépinière peuvent favoriser la présence de fleurs. Le fait de les laisser produire des fruits entraîne une réduction de la croissance. Tel que déjà mentionné, il est essentiel d’amener rapidement les jeunes arbres à la hauteur et au gabarit voulu afin de rentabiliser les nouvelles parcelles. Il est donc nécessaire d’enlever tous les fruits la première année. En plus, tant que l’arbre n’a pas atteint sa hauteur cible, il est souhaitable d’enlever les fruits sur la partie supérieure de la tige principale.

taille d'hiver

Taille d’hiver.

La taille d’hiver, qui est pratiquée de la fin janvier à la fin avril, peut aller à l’encontre du but visé si celui-ci est de réduire l’envergure de l’arbre et qu’une forte taille est pratiquée. La taille provoque alors un regain de vigueur et entame un cercle vicieux, favorable à la végétation plutôt qu’à la production de fruits. En ayant plutôt comme objectif principal la pénétration de la lumière, il sera possible grâce à la taille d’hiver de favoriser une meilleure production d’une plus grande qualité.

Il est possible d’atteindre ce but :

  • En éliminant ou en réduisant les branches plus hautes qui surplombent et ombragent de bonnes branches plus basses dans l’arbre.
  • En coupant au tronc les branches trop dressées et vigoureuses, telles que décrites à la section « Positionnement des branches » plus haut et qui par indécision, ont été laissées en place et ont pris de l’envergure.
  • En enlevant les branches peu productives, qui s’éloignent peu du tronc et qui entravent la pénétration de la lumière vers le centre de l’arbre (effet cheminée).
  • En enlevant les ramifications qui partent vers le bas ou l’intérieur et se retrouvent sous une branche productive.

taille d'hiver (avant)

Avant la taille d’hiver.

Notez toutefois que l’élimination des gourmands qui réduisent la pénétration de la lumière devrait se pratiquer à l’été afin de réduire le potentiel et la vigueur de leur repousse (voir la section « Taille d’été » ci-après).

Pour ce qui est de la distribution de la vigueur sur l’axe, tant que l’arbre est jeune et encore en développement, le maintien d’une bonne vigueur à la tête est prioritaire. Il faut aussi s’assurer de respecter une hiérarchie où les branches plus basses sont plus vigoureuses que celles situées plus haut. La vigueur des branches est déterminée selon leur diamètre et leur angle. De manière générale, il faut se méfier des branches dont le diamètre atteint la moitié du diamètre du tronc à leur point d’attache.

 

Favoriser l’équilibre entre mise à fruit et vigueur

L’équilibre entre la mise à fruit et la vigueur de l’arbre assure que les arbres qui atteignent le gabarit propice à un plein rendement ou presque possèdent une végétation assez vigoureuse pour favoriser le développement des fruits et la formation de bourgeons floraux. En maintenant cet équilibre, ceci se produit sans avoir une vigueur excessive qui favorise la production de bois et de pousses au détriment de la production fruitière. Outre les recommandations décrites à la fiche 43, d’autres pratiques peuvent contribuer à un bon équilibre de l’arbre, telles que la taille, le positionnement, l’extinction et le pliage de l’axe principal.

Taille en été. De fait, une certaine taille peut s’exercer durant presque toute l’année à l’exclusion des mois d’automne et du début janvier. La taille à ces périodes peut accroître le risque de dommages par le froid durant l’hiver au niveau des coupes. La taille dite « d’hiver » peut se poursuivre après le débourrement sur les variétés particulièrement vigoureuses comme « Spartan », car une taille tardive aura un effet stimulant le regain de croissance bien moins fort que si cela est fait plus tôt. Les seules restrictions à ce type de taille sont les dégâts potentiels aux bourgeons, aux fleurs ou aux fruits causés par l’enlèvement de branches coupées. Il faut aussi tenir compte du potentiel réduit pour la cicatrisation des coupes et restreindre le diamètre des branches coupées.

verger

Taille d’été. Ce que l’on entend normalement par la taille d’été se fait surtout en juillet et en août et vise principalement à favoriser une bonne coloration des pommes et à éliminer les pousses résultant d’un excès de vigueur. Ce type de taille ne vise évidemment pas les arbres qui manquent de vigueur. Les principales coupes pratiquées lors de la taille d’été sont :

  • les gourmands
  • les prolongations excédentaires sur les branches fruitières
  • les prolongations dressées au bout des branches fruitières
  • toute nouvelle croissance sur ramifications dressées portant des fruits

taille d'été (avant)

Avant la taille d’été.

taille d'été (avant)

Toutefois il faut éviter d’enlever les nouvelles pousses issues de bouquets floraux portant des fruits, car elles sont la source directe d’énergie pour un bon développement de ces fruits.

NOTE : les traitements avec le régulateur de croissance APOGEE, sans se substituer complètement à la taille d’été, peuvent en réduire le besoin.

Positionnement. Se référer à la section « Positionnement des branches » ci-haut.

Extinction. Cette technique consiste à réduire le nombre de coursonnes pour réduire l’excès potentiel de charge, telle que démontré dans la figure ci-après. À son minimum, elle consiste à éliminer toutes les bourses qui sont à la face inférieure des branches ou des rameaux fruitiers et qui ne peuvent pas produire de fruits de couleur ni de calibre adéquats. Sur les cultivars où les bourses forment annuellement de nouveaux bourgeons il est toutefois possible de pousser plus loin et d’en enlever davantage.

taille des pommiers: extinction

L’extinction; une technique de taille des pommiers – Source : Le pommier – taille et conduite.

Pliage de l’axe principal. Quand tout se déroule bien et que porte-greffe, densité, système de conduite et précocité « collaborent » comme planifié, la tête devrait commencer à manquer de vigueur et à porter des fruits un peu plus haut que le tuteur ou le fil de fer, vers 3,5 m selon les systèmes. Dans ces conditions elle se courbe naturellement et il n’en ressort que des réitérations peu vigoureuses. Sinon, il est possible de la recourber et de l’attacher au tuteur ou au fil de fer supérieur afin de ralentir la croissance végétative et de favoriser la mise à fruit.

 

Désinfection des outils de taille

Faut-il désinfecter les outils afin d’éviter de propager des maladies lors de la taille? Ce n’est généralement pas nécessaire, sauf dans certaines situations. Lisez la réponse détaillée à la fiche 106 sur la lutte au feu bactérien

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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Fiche 42

Paul Émile Yelle et Gérald Chouinard

 

pollinisation d'une fleur de pommier par une abeille durant la floraison

Bien que les fleurs de pommier soient complètes, possédant les organes femelles (stigmate, style et pistil) et mâles (filets et étamines), dans la majorité des cas elles sont autostériles car seul le pollen d’un autre cultivar pourra les féconder. Pour polliniser des fleurs de pommiers, les insectes doivent obligatoirement butiner sur plus d’un cultivar. Pour plus d’informations à ce sujet, se référer à la section sur « La pollinisation » du chapitre sur la « Plantation » du guide sur L’implantation d’un verger de pommiers.

Toute une gamme d’insectes pollinisateurs indigènes tels les bourdons, les mégachiles et les syrphes (voir la fiche 11 et la fiche 95) peut assurer la pollinisation des fleurs de pommiers dans des conditions idéales. Toutefois si une floraison hâtive résulte d’un réchauffement soudain, il est possible que le développement de population de ces insectes ne coïncide pas avec la période de floraison. Plusieurs facteurs tels que le vent, la pluie et l’absence d’ensoleillement, en plus d’un début de printemps plutôt froid, peuvent aussi provoquer un raccourcissement de la période d’activité de ces insectes, menant à une mise à fruit moins réussie. Enfin, dans les blocs homogènes d’un même cultivar, le défi de bien réussir la pollinisation est important.

Les ruches fournies par des apiculteurs spécialisés et réputés demeurent une façon éprouvée d’assurer une bonne pollinisation. Il y a ainsi présence de dizaines de milliers de pollinisatrices infatigables à l’intérieur-même du verger. Quand les conditions sont favorables elles peuvent s’activer même lors de courtes périodes sans pluie ou de brefs réchauffements quand le temps est froid. Il est recommandé d’employer deux à trois ruches à l’hectare. Aussi, malgré le fait que les bourdons, tels qu’employés en serriculture, puissent travailler dans des conditions un peu plus venteuses que les abeilles, ils ne permettent pas d’obtenir des résultats adéquats pour polliniser plus d’un million de fleurs à l’hectare, compte tenu du nombre limité d’individus dans leurs ruches.

ruche dans un verger durant la floraison

Idéalement, le plan du verger est conçu pour favoriser la pollinisation croisée. Pour cela il faut s’assurer de ne pas excéder 4 rangées consécutives d’un même cultivar ou 6 rangs dans le cas d’arbres nains. En alternant des cultivars dont la période de floraison coïncide et idéalement dont l’apparence ou la période de maturité diffère, ceci permet d’éviter les erreurs à la récolte. Pour les blocs homogènes, on peut aussi insérer des arbres pollinisateurs, répartis de façon uniforme et selon un ratio maximum de 1:20.

Toutefois, à défaut d’un bon agencement de plantation, il faut amener du pollen de l’extérieur. L’utilisation du pollen récolté par des compagnies spécialisées et acheté dans le commerce, qui est fourni aux abeilles par de petits appareils distributeurs installés à la sortie des ruches est une option. L’alternative est de tailler des branches en fleurs en excès dans un bloc d’un autre cultivar et de les installer (et les renouveler) dans des chaudières remplies d’eau devant les ruches.

 

Conseils additionnels pour l’utilisation de ruches :
Période d’introduction des ruches

Le moment d’entrée et de sortie des ruches a de l’importance sur la pollinisation. En l’absence de fleurs ou si la densité de fleurs n’est pas suffisante, les éclaireuses trouveront d’autres sources plus éloignées, ce qui risque d’affecter significativement le butinage du verger surtout au début de la floraison. Règle générale, les ruches sont introduites dans la culture à polliniser lorsqu’il y a environ 20 % des fleurs ouvertes. Il faut faucher les pissenlits avant que les ruches soient introduites, car lors des premiers vols d’orientation, les éclaireuses repéreront ces fleurs, ce qui aura comme conséquence qu’une forte proportion des abeilles les butineront au lieu des fleurs de pommier.

Emplacement des ruches

Pour maximiser le travail de pollinisation, il faut accorder la priorité aux emplacements protégés des vents. Le vent transportant toutefois l’arôme des fleurs, l’emplacement du rucher doit être en aval de la direction des vents dominants, pour favoriser une identification plus rapide de l’odeur des fleurs à butiner. De plus, du point de vue de la dépense d’énergie des abeilles, le fait de voler à vide contre le vent pour l’allée et de revenir le vent dans le dos pour le retour à la ruche lorsqu’elles sont chargées de pollen est plus avantageux. L’abeille domestique par comparaison à plusieurs espèces d’abeilles indigènes a un rayon de butinage relativement grand, et c’est pour cela qu’il n’est pas nécessaire de répartir les ruches uniformément. Quelques études sur la pollinisation montrent qu’il faut que les groupes de ruches soient placés à des distances de l’ordre de 200 à 300 m, puisque le rayon de butinage le plus efficace se situe entre 100 et 150 m de la ruche. En pratique, des regroupements vont jusqu’à 400 m, mais au-delà de cette distance, il y a une perte d’efficacité. Il faut respecter une distance de 2 à 3 mètres entre les ruches et alterner l’orientation des entrées de ruches pour éviter la dérive des abeilles entre les ruches.

Approvisionnement en eau

L’emplacement doit être un endroit sec, puisqu’un site humide est propice au développement de certaines maladies de couvain et à une détérioration accélérée du matériel. Un point d’eau doit toutefois être présent dans un rayon de moins de 500 m ou encore, un réservoir d’eau d’environ 1 m de diamètre peut être placé à proximité du rucher, accompagné de lattes de bois ou autre matériel flottant pour éviter la noyade des abeilles. L’eau devrait être renouvelée 1 ou 2 fois par semaine pour éviter la contamination et assurer un approvisionnement constant. Ces réservoirs devraient être placés avant l’introduction des ruches de façon à créer dès le début l’habitude de s’y approvisionner.

Protection des abeilles

Voir la fiche 95.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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Fiche 43

Paul Émile Yelle, Evelyne Barriault et Serge Mantha

 

ATTENTION DOSES RÉDUITES : l’ARLA ne prend pas action contre ceux qui préconisent de telles pratiques, si elles n’entraînent pas de danger pour la santé ou la sécurité humaine ou pour l’environnement et qu’elles ne sont pas destinées à promouvoir la vente de produits antiparasitaires. Si toutefois l’utilisation de doses réduites ou adaptées devait entraîner des pertes pour les utilisateurs, les conseillers ou les organisations qui les recommandent pourraient être tenus responsables de leurs recommandations dans des actions civiles.

 

Pourquoi contrôler la charge en fruits

Il y a des raisons de premier ordre pour « éclaircir », soit pour :

  • Éviter le déclassement d’un nombre important de pommes qui ne feront pas le calibre commercial de 64 mm (2½ po) lors de la récolte et éviter aussi les litiges avec son emballeur si une majorité de pommes sont vraiment tout juste au diamètre minimum requis.
  • Encourager les cueilleurs, faciliter la cueillette et la rendre également plus rapide. En effet, 2260 pommes de 76 mm de diamètre suffiront à emplir une benne, alors qu’il faut en cueillir 44 % de plus (1000 fruits) pour avoir les 3260 fruits de 64 mm nécessaires pour occuper le même volume. De plus, si lors de la cueillette, les pommes non commercialisables ont été préalablement éliminées, le temps d’hésitation au moment de cueillir sera réduit car presque tous les fruits auront le calibre adéquat.

De façon générale, l’éclaircissage vise à ajuster la charge de fruits au potentiel productif de l’arbre. En plus des avantages pour le classement et la récolte, il permet :

  • Le maintien d’un volume uniforme de récolte année après année permettant d’éviter les récoltes excessives et d’assurer une bonne floraison l’année suivante (lutte contre l’alternance).
  • L’élimination de fruits mal pollinisés, pourvus de moins de pépins, portés à être difformes et moins aptes à une bonne conservation.
  • La lutte à certains ravageurs est facilitée, comme dans le cas de la tordeuse à bandes obliques.

L’éclaircissage peut être réalisé de différentes façons qui généralement nécessitent d’intervenir à plus d’un des moments suivants:

  • à la floraison, par éclaircissage mécanique ou chimique des fleurs ou par exclusion des pollinisateurs
  • peu de temps après la nouaison,  par application d’agents éclaircissants (lorsque les fruits atteignent de 5 à 20 mm de diamètre), et aura un effet maximal afin de réduire l’alternance.
  • lorsque les fruits atteignent 20 à 30 mm de diamètre, par éclaircissage manuel des fruits.

Chaque méthode a ses avantage et ses contraintes. En général, les interventions réalises plus tôt sont supérieures afin de réduire l’alternance, et les interventions effectuées plus tard sur les fruits permettent des gains appréciables en calibre et en qualité – ce qui explique pourquoi l’éclaircissage manuel est largement utilisé. malgré les coûts élevés de main d’œuvre qu’il nécessite. Voici plus de détails sur les principales méthodes actuellement utilisées pour ces trois grandes approches.

 

Éclaircissage mécanique des fleurs

L’éclaircissage mécanique floral (ÉMF) est moins populaire que l’éclaircissage des fruits, mais offre pourtant une opportunité pour réduire la charge très tôt en saison, soit durant la floraison des pommiers. L’ÉMF est complémentaire aux autres techniques d’éclaircissage et doit s’inscrire dans une stratégie globale incluant la taille, l’éclaircissage chimique et l’éclaircissage manuel. L’ÉMF permet de réduire les intrants chimiques et les coûts de main d’œuvre associés à l’éclaircissage et est compatible avec l’agriculture biologique. Il offre également d’autres avantages dont celui de réduire l’alternance des pommiers [1][2-5] et d’être indépendant de la météo. De nombreuses études ont démontré que l’ÉMF pouvait améliorer la qualité des fruits, notamment le calibre, la couleur, la fermeté et le taux de sucre [5-9].

La technique consiste à supprimer de façon aléatoire des fleurs individuelles ou des bouquets floraux entiers, à l’aide de fils de plastique montés sur un axe rotatif. Dans les vergers commerciaux, moins de 10% de fleurs contenues dans un pommier sont nécessaires pour l’obtention d’un rendement de qualité [2].  L’éclaircissage mécanique floral permet d’en supprimer 30 à 50% selon le réglage. D’autres méthodes, soit chimique et/ou manuelle doivent ensuite être utilisées pour compléter l’ajustement de la charge.

L’ÉMF agit de deux façons. Tout d’abord, on observe un effet direct, immédiatement après le traitement alors qu’une certaine quantité de fleurs sont supprimées. Le traitement provoque aussi des dommages mineurs au feuillage, qui provoquent un stress nutritionnel pour les fruits en développement, durant 8 à 10 jours après le traitement, ce qui accentue la chute naturelle des fruits [3, 10-12]. L’effet des éclaircissant chimiques peut également être accentué s’ils sont appliqués durant cette période.

La technique d’éclaircissage mécanique florale est particulièrement bien adaptée aux plantations en haute densité, dont les arbres sont conduits en fuseaux étroits ou en mur fruitier puisque les fils éclaircissants mesurent généralement 60cm de longueur. Lorsque les branches sont plus longues, les fils ne parviennent pas à atteindre le centre des arbres qui sont alors éclaircis seulement en périphérie. La machine originale développée en Allemagne pour l’ÉMF s’appelle “Darwin mechanical blossom thinner”, mais il existe aujourd’hui des modèles similaires commercialisés par d’autres compagnies, dont un modèle assisté d’une caméra GPS qui permet d’ajuster la vitesse de rotation de l’axe selon l’intensité de la floraison de chaque pommier individuel.

Conditions de réussite pour l’éclaircissage mécanique 

  1. Le stade optimal de passage de la Darwin est du début de la floraison à 50% de la pleine floraison, c’est-à-dire lorsque la fleur centrale et 2-3 autres fleurs sont ouvertes (comme dans les image qui suivent). Cependant, l’appareil peut être utilisé entre le stade bouton rose et pleine floraison. Après la pleine floraison, les risques de dommages et de malformation des fruits augmentent tout comme le stress provoqué par le retrait d’une partie importante du feuillage. Les variétés dont les fleurs s’ouvrent l’une après l’autre dans le bouquet plutôt que simultanément (en même temps) sont particulièrement propices à l’éclaircissage mécanique floral. Dans certains cas, pour des variétés très productives, les pomiculteurs biologique peuvent faire jusqu’à deux passages la même année (premier passage autour du débourrement et l’autre au début de la floraison) [10, 13].
  2. La vitesse de rotation doit être adaptée en fonction de la vitesse d’avancement du tracteur. Le tableau qui suit, tiré du manuel de l’utilisateur de l’appareil Darwin[14] doit servir de référence.

  3. Il est également recommandé de faire des tests sur une petite surface avant d’éclaircir une parcelle au complet, afin de s’ajuster à la vigueur des arbres, l’intensité de la floraison (variété, alternance, etc.) et les conditions de la parcelle (nivellement du sol, alignement des rangées, etc.). Il faut retenir que la vitesse de rotation du mât et celle de l’avancement du tracteur ont un effet inverse. L’augmentation  de la vitesse de rotation des fils augmente l’intensité de l’éclaircissage. Toutefois, l’augmentation de la vitesse d’avancement du tracteur réduit l’intensité de l’éclaircissage. Une vitesse de rotation de 200 à 240 tours par minute et une vitesse d’avancement du tracteur de 6 à 8 km/h sont régulièrement utilisées.
  4. Il existe aujourd’hui plusieurs modèles dont la hauteur des axes varie. Il est important de s’assurer que le modèle utilisé permet aux fils d’atteindre la cîme des arbres (comme sur l’image qui suit). Dans certains cas, des embouts peuvent être utilisés pour allonger la hauteur de travail.
  5. Les fils ne doivent pas frapper mais tourbillonner dans l’arbre. Si des bris de branches sont observés, il faut ajuster la conduite des arbres, la vitesse de rotation des fils ou d’avancement du tracteur.
  6. Les arbres doivent idéalement avoir une forme rectangulaire de mur fruitier ou de fuseaux étroits avec une largeur maximale d’environ 1.2m de couronne (60 cm à partir du tronc). Il est possible d’ajuster l’angle du mât lorsque les arbres ont une forme conique. Toutefois, si les branches sont plus longues que les fils, le centre des arbres risque d’être mal éclairci (votre bras est un bon guide pour évaluer la profondeur d’action).
  7. L’éclaircissage mécanique floral doit être fait sur des arbres qui ont atteint leur hauteur optimale pour ne pas risquer d’endommager l’apex, ce qui pourrait les empêcher d’atteindre une hauteur optimale.
  8. Les grosses branches et celles qui ont un angle supérieur à 60◦ doivent être éliminées afin d’éviter l’usure prématurée des fils et une mauvaise efficacité d’éclaircissage (exemple dans les images suivantes).
  9. L’éclaircissage mécanique floral est compatible avec les autres techniques de production fruitière intégrées telles que la confusion sexuelle du carpocapse de la pomme; les fils n’endommagent pas les diffuseurs à phéromone.

L’éclaircissage mécanique peut-il favoriser l’apparition de brûlure bactérienne?

Une étude réalisée en Pennsylvanie par Ngugi et Schupp en 2009 [15] a suscité certaines inquiétudes par rapport à la propagation de brûlure bactérienne dans les vergers éclaircis mécaniquement durant la floraison. Bien qu’elle aie été réalisée dans des conditions qui ne sont pas représentatives des productions commerciales, cette étude est citée dans plusieurs articles sur le sujet. Toutefois, de nouveaux essais réalisés par Sazo et al. de 2014 à 2016 dans une parcelle de Gala de l’État de New York, considérée à risque élevé (présence de brûlure bactérienne dans une parcelle voisine et conditions propices aux infections durant l’étude) a permis d’obtenir de bons résultats lorsque des traitements préventifs étaient appliqués [16]. De plus, L’ÉMF est utilisé par plusieurs pomiculteurs européens, dans des secteurs ou la maladie est présente, sans conséquences sur la propagation de cette maladie. Pour cette raison, nous recommandons de ne pas éclaircir mécaniquement lorsque les arbres sont mouillés et d’appliquer les traitements contre la brûlure bactérienne, de la même façon que dans les autres parcelles, c’est-à-dire lorsque les conditions d’infection sont réunies. Consultez la fiche 106 pour en savoir plus sur les stratégies de lutte contre la brûlure bactérienne. Des essais supplémentaires sont nécessaires afin de confirmer les précautions requises, lors des traitements d’éclaircissage mécaniques.

En conclusion voici une tableau comparant les avantages et les inconvénients de l’éclaircissage mécanique floral

 Avantages  Inconvénients
Indépendant de la météo (éviter d’éclaircir sous la pluie) Convient uniquement pour les arbres de forme étroite conduit en mur fruitier ou légèrement coniques (max 1,2m de couronne)
Convient à la production fruitière intégrée (PFI) et biologique (bio) Incompatible avec les tailles longues, les grosses branches et l’utilisation de ficelles pour arquer les branches
Permet de réduire les intrants chimiques et le temps requis pour l’éclaircissage manuel
Applicable à toutes les variétés même celles qui sont difficiles à éclaircir chimiquement, peu importe l’âge des arbres, en autant qu’ils sont matures Risque de sur-éclaircissage s’il y a un gel de printemps après le traitement d’éclaircissage
Diminution de l’alternance et amélioration du retour de floraison Peu causer des dommages aux branches et feuilles
Accroît l’efficacité des éclaircissants chimiques et la chute de juin Risques de propagation de certaines maladies (feu bactérien?) et pression accrue de certains  ravageurs (ex. puceron lanigère)
Alternative supplémentaire dans une stratégie globale d’éclaircissage, qui allonge la période d’intervention (éclaircissage hâtif sur les fleurs) Le sol doit être bien nivelé avec peu ou pas d’ornières absentes
Relativement peu coûteux et rapide à utiliser (1,5 à 2,5 hectare traité par heure)

Cliquez ici pour la liste des références sur l’éclaircissage mécanique des fleurs

 

Éclaircissage chimique

L’éclaircissage chimique des fruits peu de temps après leur nouaison est l’approche traditionnelle d’éclaircissage. Avant de décider d’intervenir chimiquement pour éclaircir les jeunes fruits noués, il faut d’abord déterminer si le nombre de fleurs pollinisées, donc de fruits éventuels, correspond au nombre visé de fruits par arbre ou s’il l’excède (la section « Éclaircissage manuel » retrouvée plus loin dans la présente fiche décrit deux méthodes qui permettent d’évaluer le nombre de fruits à viser).

Il reste ensuite à évaluer la nouaison pour déterminer s’il y a un surplus de fruits et un besoin d’éclaircir. C’est assez facile lorsque les plus gros fruits atteignent un diamètre de 8 à 12 mm, car il est possible alors de juger du grossissement relatif des fruits et des pépins. Toutefois, si des produits à base de benzyladenine (ex. : MAXCEL) qui peuvent favoriser une multiplication cellulaire accrue) ou encore le carbaryl (selon les normes de la production fruitière intégrée) sont utilisés, il faut estimer la nouaison encore plus tôt. Le tableau et la figure qui suivent montrent les caractéristiques qui permettent d’évaluer si la nouaison s’est bien réalisée sur les tout jeunes fruits (5 à 8 mm).

jeunes pommes à la nouaison

Forte nouaison (photo) Faible nouaison
Les pédoncules se recourbent vers le haut, vers le soleil. Les pédoncules demeurent droits.
Les petits fruits grossissent. Les petits fruits cessent de grossir.
Les petits fruits et les pédoncules demeurent verts. Les petits fruits et les pédoncules jaunissent ou rougissent.
Les sépales se replient et se referment vers le calice. Les sépales demeurent ouverts ou repliés vers l’extérieur.

 

Application d’agents éclaircissants

Avant de prendre la décision d’éclaircir les fruits pour chacun des cultivars, il importe de faire les observations qui s’imposent et de les consigner dans un registre. Il est recommandé de noter chaque jour durant toute la floraison les cultivars en fleur et leur stade de floraison, les températures maximales et minimales, les précipitations, le vent, l’ensoleillement ou l’ennuagement relatif et l’activité des abeilles.

exemple de feuille de suivi pour l'éclaircissage

Il faut considérer de la même façon les divers facteurs qui influencent les conditions d’éclaircissage. Les principaux points à considérer sont :

  • La sensibilité des fruits aux agents éclaircissants, qui varie selon le cultivar. Le tableau ci-après présente une classification générale des principaux cultivars en fonction de la facilité d’éclaircissage.

Facilité d’éclaircissage de différents cultivars de pommiers.

Facile Facile à modéré Modéré Difficile
Jersey Mac Sunrise Paulared Hâtives (sauf Jersey Mac)
Spartan (premières années) Lobo Ginger Gold Honeycrisp
Cortland Spartan (en équilibre) Gala
McIntosh Empire

Il faut quand même tenir compte, lors de la prise de décision, de l’ensemble des autres facteurs qui influencent l’éclaircissage :

  • Les arbres affaiblis par une récolte excessive la saison précédente ou par le gel hivernal et/ou les arbres trop vigoureux réagiront plus aux agents éclaircissants.
  • Une floraison très rapide et une mauvaise pollinisation entraînent le plus souvent un taux de nouaison faible qui augmente l’efficacité des agents éclaircissants.
  • Des conditions météorologiques nuageuses ou pluvieuses diminuent le taux de nouaison et augmentent l’efficacité des agents éclaircissants.
  • Des essais à l’Université Cornell ont déterminé que les périodes où le pommier a un surplus ou un déficit en hydrates de carbone sont déterminantes pour l’efficacité des agents éclaircissants. Ainsi, du temps ensoleillé, des températures fraîches et une humidité relative faible au moment de l’éclaircissage ainsi que durant les cinq jours suivants réduisent l’effet des produits utilisés pour l’éclaircissage. À l’inverse, des conditions météorologiques nuageuses, chaudes et humides amplifient l’effet des produits utilisés pour l’éclaircissage. Ces facteurs influencent la photosynthèse et la respiration des pommiers.
  • Les jeunes pommiers qui débutent leur mise à fruit, jusqu’en 5e et 6e feuillaison, sont plus sensibles aux agents éclaircissants.

 

Mode d’emploi des agents éclaircissants

Il s’agit de moduler l’effet du produit utilisé soit en l’appliquant à des moments plus ou moins favorables à l’absorption, ou mieux encore (c’est-à-dire plus économiquement), en ajustant la dose, le nombre de traitements et l’intervalle entre deux traitements. Il est recommandé de ne modifier qu’un seul paramètre à la fois.

  • Traitez par temps calme, de préférence le soir, lorsque les températures sont supérieures à 15 °C et l’humidité élevée à 80 %. Si le traitement suit une période de précipitation, laissez au moins un intervalle d’une journée de temps plus sec avant d’effectuer le traitement, afin de favoriser l’absorption du produit.
  • Assurez-vous que le pulvérisateur soit bien calibré et appliquez environ 800 à 1000 litres de bouillie à l’hectare lors des traitements d’éclaircissage, selon la dimension des arbres. Bien que les agents éclaircissants soient généralement compatibles avec les autres produits comme les fongicides, il est préférable de faire un traitement séparé, car les rangs ou les zones de l’arbre ciblés ne sont souvent pas les mêmes.
  • Fermez les buses inférieures du pulvérisateur. Les branches fruitières situées à la base du pommier sont naturellement faciles à éclaircir compte tenu du peu de lumière qu’elles reçoivent.
  • Surveillez votre concentration (!) : les doses recommandées ont été établies par les fabricants à partir de traitements dilués et sont généralement données en ppm. C’est pourquoi il est recommandé d’employer des quantités d’eau importantes. Il faut toutefois noter que les recommandations de l’État de New York mentionnent de maintenir les quantités d’ANA (FRUITONE-N, FRUIT FIX) à l’acre même si le volume d’eau utilisé est réduit (consultez le tableau plus bas). Donc, sous toute réserve, à essayer avec prudence sur une partie des superficies traitées, si vous avez habituellement des résultats décevants avec vos traitements plus concentrés (sur une base de ppm).

 

Trucs et mises en garde
  • Rappelez-vous que l’éclaircissage des fruits est aussi un art et que l’expérience des années compte pour mieux ajuster les types de traitements à effectuer en fonction des objectifs de qualité des fruits. Gardez des arbres témoins (non éclaircis) pour connaître l’effet réel du traitement. Il importe aussi de tenir un registre des conditions météorologiques pour chaque traitement d’éclaircissage : les journées précédentes, la journée du traitement ainsi que durant les cinq jours suivants. De cette façon, vous serez en mesure de développer votre propre expertise.
  • Le régulateur de croissance APOGEE favorise une nouaison accrue; s’il est employé, il faut augmenter d’environ un tiers la dose des produits utilisés en éclaircissage. Idéalement, ne pas utiliser d’ANA dans les quatre jours qui précèdent ou qui suivent un traitement avec APOGEE.
  • N’hésitez pas à consulter votre conseiller pomicole pour évaluer la stratégie la mieux adaptée à votre situation.

 

Quels sont les traitements suggérés?

Employez l’un ou l’autre des traitements suggérés dans le tableau ci-après. Comme il n’y a pas d’essais de traitements et de dosages au Québec, ce sont des doses suggérées plutôt que recommandées; vos décisions se prendront à la lumière de votre expérience et des recommandations de vos conseillers.

Utiliser la plus faible concentration lorsque les conditions sont favorables à une efficacité accrue du produit. L’ANA peut aussi causer une malformation passagère des feuilles lorsqu’appliqué en période de développement rapide du feuillage.

Traiter avec le bon produit en fonction du calibre des fruits à éclaircir; tous les produits ne travaillent pas de la même façon!

 

Utilisation limitée du carbaryl

Le carbaryl (mieux connu sous son nom commercial SEVIN) est utilisé depuis longtemps comme agent d’éclaircissage chimique. Bien que ce soit un insecticide, son absorption par les jeunes fruits a un certain effet phytotoxique qui élimine les plus faibles d’entre eux. Toutefois, c’est un insecticide à large spectre d’action qui réduit les populations de plusieurs espèces bénéfiques dans le verger, spécialement les acariens prédateurs, tels les phytoséiides. Son utilisation en PFI est peu souhaitable, et limitée comme suit :

  • Éviter l’application sur des cultivars qui s’éclaircissent bien avec l’utilisation d’autres produits. Par exemple sur McIntosh ou Cortland où l’éclaircissage avec l’ANA à dose faible ou modérée fonctionne bien.
  • Ne pas dépasser la dose recommandée pour l’éclaircissage (1 kg/ha de matière active ou moins, soit 2 L/ha ou moins dans le cas de SEVIN XLR). Des doses supérieures sont très toxiques aux espèces utiles du verger, et ne sont plus homologuées sur pommier depuis 2017.
  • Utiliser plus tôt en période d’éclaircissage (plus près du calice) alors que les prédateurs sont encore peu présents.
  • Traiter la moitié supérieure des pommiers seulement. Ceci évite d’arroser le sol et le bas de l’arbre, d’où certains prédateurs migreront. De fait, le bas de l’arbre s’éclaircit généralement de lui-même par manque de lumière.
  • Ne pas dépasser une application par saison dans un bloc ou un cultivar donné. Les cultivars d’été et certains cultivars très alternants, tels que la Honeycrisp, nécessitant deux applications, une première au stade calice et une seconde à l’atteinte d’un diamètre d’environ 8-10 mm, font exception à cette règle.
Éclaircissant1, 2 Matière active Fenêtre d’utilisation (en mm de calibre) Concentration Dose maximale à l’hectare
FRUITONE N (3,1 PS)3 acide napthyl-1-acétique (ANA) 5 à 15 mm 5 à 15 ppm4
SEVIN XLR (43 SL)5 carbaryl Calice à 12 mm 2 L
MAXCEL (1,9 L)6 6-benzyladénine 5 à 15 mm; 20 mm si 2e trt 75 à 200 ppm4 22 L/saison
CILIS PLUS (2,0 L)6 6-benzylaminopurine 5 à 10 mm 50 à 200 ppm4 21,3 L/saison
  1. Produits d’usage plus commun; d’autres produits, comme le thiosulfate d’ammonium (ATS), ACCEL, ETHREL et AMID-THIN peuvent être utilisés dans des conditions particulières.
  2. La concentration des ingrédients actifs (% ou g/L) et la formulation sont indiquées entre parenthèses. Formulations : L : liquide, PS : poudre soluble, SL : suspension liquide.
  3. Peut s’employer en mélange avec SEVIN, mais pas avec MAXCEL ni CILIS. De 5 à 20 ppm (5 à 20 g de matière active/1000 L) selon les cultivars et les conditions d’application. Volume minimal de 500 L/ha jusqu’à un maximum de 1000 L/ha. ATTENTION : 20 ppm est excessif dans la majorité des situations.
  4. 1 ppm = 1 g de matière active/1000 L d’eau.
  5. Peut être employé en mélange avec un des autres produits du tableau. 1 à 2 L dans 1000 L d’eau/ha (dose PFI).
  6. Ce produit peut contribuer au grossissement des fruits en favorisant la multiplication cellulaire. Pour ce faire, il faut l’utiliser lorsque les fruits sont encore petits. Produit particulièrement approprié pour des cultivars tels Gala ou Empire.

 

Éclaircissage manuel

Une fois les agents éclaircissants appliqués, il faut attendre la chute physiologique des fruits (fin juin à début juillet) pour évaluer les besoins d’éclaircissage manuel. L’éclaircissage manuel a pour but de contrôler la charge de récolte. Une charge trop élevée a des impacts négatifs sur la qualité des fruits et favorise l’alternance de production. Tel que mentionné dans la fiche 117, une charge trop élevée a également un impact sur la maturité et la chute des fruits à la récolte.

Des expériences menées au Québec avec le cultivar Honeycrisp nous ont permis de mesurer les impacts de différentes charges de récolte sur plusieurs facteurs qui caractérisent la qualité des fruits. Les figures suivantes illustrent les résultats de ces études.

Influence de la charge de récolte sur le pourcentage de coloration des pommes Honeycrisp sur porte-greffe B.9 (S. Mantha).

influence de la charge sur la coloration (graphique)

Influence de la charge de récolte sur le calibre des pommes Honeycrisp sur porte-greffe B.9 (S. Mantha).

influence de la charge sur le calibre (graphique)

Influence de la charge de récolte sur la pression, le Brix (%) et le stade amidon* des pommes Honeycrisp sur porte-greffe B.9 à la récolte (S. Mantha).

influence de la charge sur la pression, le taux de Brix et le stade amidon (graphique)

* Selon la charte Évaluer la maturité des pommes – Test de l’amidon du CRAAQ.

Il est donc important de bien contrôler la charge de récolte afin de maximiser la qualité des fruits. Cette opération est surtout nécessaire sur les cultivars dont l’alternance est marquée. Toutefois, elle permet d’améliorer grandement la qualité des fruits sur l’ensemble des cultivars, tel que l’illustrent les photographies et l’explication qui suivent.

pommier non éclairci manuellement

Honeycrisp/B.9 non éclairci manuellement.

Comment éclaircir manuellement et combien de fruits faut-il enlever?

La bonne vieille méthode consiste à laisser un fruit par bouquet quand les fruits ont atteint environ 25 mm de diamètre. Cette méthode manque cependant de précision et dans le cas de nouveaux cultivars, tels que la Honeycrisp, laisse encore un trop grand nombre de fruits sur l’arbre, ne permettant pas d’obtenir les standards de qualité désirés. Ainsi deux autres méthodes sont actuellement proposées aux pomiculteurs pour leur permettre de produire le plus belles pommes : le Trunk Cross-sectional Area (TCA) et le gabarit Équilifruit.

TCA

TCA = (Diamètre du tronc / 2)2 × 3,1416
Nombre de fruits = TCA × ratio souhaité

La première méthode proposée est celle du TCA, basée sur le nombre de fruits à laisser en fonction de la vigueur de l’arbre. Tel qu’illustré à la figure ci-haut, le TCA est obtenu en mesurant le diamètre du tronc à 30 cm du sol et par calcul à l’aide de la formule mathématique énoncée dans la même figure. Le nombre de fruits à laisser sur l’arbre après éclaircissage est obtenu en multipliant le TCA par le ratio nombre de fruits/TCA désiré. Ce ratio varie en fonction du cultivar : un ratio de 4 à 6 fruits/cm2 est recommandé pour les variétés alternantes, tels que la Honeycrisp, et de 6 à 9 fruits/cm2 pour les variétés non alternantes, tels que la McIntosh. Il existe également un gabarit développé par l’Université Cornell qui permet d’obtenir directement le nombre de fruits à laisser en mesurant le tronc de l’arbre. Cette méthode est assez précise mais laborieuse et peu applicable en verger commercial.

gabarit Équilifruit

La deuxième méthode est l’utilisation du gabarit Équilifruit (figure ci-haut) développé par le groupe MAFCOT en France. Ce gabarit qui est plus convivial, est déjà utilisé par plusieurs pomiculteurs du Québec. Le gabarit permet de mesurer l’aire des branches fruitières et d’y associer un nombre de fruits à conserver après éclaircissage manuel. Ce nombre de fruits est fonction d’un ratio de fruits/cm2 de branches fruitières particulier à chaque cultivar. Le ratio varie de 3 fruits/cm2 de branches fruitières pour les cultivars alternants, tels que la Honeycrisp, jusqu’à 6 fruits/cm2 de branches fruitières pour les cultivars non alternants, tels que la McIntosh.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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Fiche 44

Gérald Chouinard, Yvon Morin, Robert Maheux, Sylvie Bellerose, Francine Pelletier et Maude Lachapelle

 

Les produits phytosanitaires regroupent les pesticides et les autres produits qui peuvent être appliqués sur la culture afin de la protéger. Les pesticides sont des intrants utilisables en PFI, à condition de respecter les deux conditions suivantes :

  • Les utiliser au minimum et favoriser les produits à faible impact (produits « verts »).
  • Respecter les conditions nécessaires à une utilisation sécuritaire et soucieuse de l’environnement.

La présente fiche vous aidera à respecter ces deux conditions. Référez-vous également aux méthodes de lutte (fiches 66 à 116 pour des recommandations adaptées à une problématique particulière.

 

Les différents types de pesticides

Les pesticides utilisables en PFI sont les suivants :

Type de pesticide Organisme visé
Acaricide acariens (tétranyques et ériophyides)
Aphicide pucerons
Bactéricide (antibiotique) bactéries
Fongicide champignons (tavelure, etc.)
Herbicide végétaux
Insecticide insectes
Nématicide nématodes
Rodenticide rongeurs

 

Formulation

La formulation commerciale d’un pesticide est composée d’une ou de plusieurs matières actives auxquelles sont ajoutées d’autres produits qualifiés d’inertes ou d’adjuvants. Ces produits influencent grandement l’efficacité de l’application, notamment en améliorant la stabilité physique ou chimique de la bouillie.

Voici quelques exemples de produits utilisés en tant qu’adjuvants :

Les solvants (distillats de pétrole tels naphta, xylènes, alcools et glycols)
Ils dissolvent la matière active dans les formulations liquides telles les émulsions concentrées (EC), les solutions (SN) et les suspensions concentrées (SC). En raison de la toxicité des solvants, tout produit contenant plus de 10 % de distillats de pétrole est automatiquement considéré comme un poison, qu’il contienne ou non un pesticide. Tout comme l’huile minérale, les émulsions concentrées de solvants peuvent entrainer des problèmes de phytotoxicité si elles ne sont pas appliquées selon les recommandations.

Les stabilisants (tampons pH, antioxydants)
Ils limitent la dégradation de la matière active pouvant être provoquée par les acides, les bases, la lumière ou tout autre agent susceptible d’être présent dans le produit, la bouillie ou l’environnement.

Les tensioactifs (émulsifiants, surfactants, mouillants)
Ceux-ci diminuent la tension superficielle de l’eau, améliorant ainsi :

  • l’étalement de la bouillie sur la plante et sur les ravageurs;
  • l’adhérence sur les parties traitées;
  • la résistance au lessivage.
Les agents anti-moussants

Ils réduisent la formation de mousse créée lors de l’agitation par la présence d’agents tensioactifs.

 

Classification des pesticides selon leur formulation

Les principales formulations utilisables en PFI sont présentées au tableau suivant (avec l’abréviation équivalente en anglais); toutefois de nouvelles formulations apparaissent rapidement sur le marché et cette liste n’est pas exhaustive.

Formulation liquides
 CE Concentré émulsifiable  EC  Emulsifiable concentrate
CS Concentré soluble dans l’eau WS Water soluble concentrate
SU
SC
Suspension
Suspension concentrée
(ou Concentrée en suspension)
SU
SCF
Suspension
Suspension concentrate
(ou sprayable concentrate)
Flowable
L Liquide L Liquid
S Solution S Solution
Formulations solides
PM Poudre mouillable WP Wettable powder
PS Poudre soluble SP Soluble powder
G Granules GR Granular
PF
GD
GM
Pâte fluide
Granulés dispersables
Granulés mouillables
DF
WD/WDG
WG
Dry flowable
Water dispersible granules
Wettable granules
GS Granules solubles SG Soluble granules
SS Sachets solubles SP Soluble Packet, Instapak, Solupak

 

Dans le cas des formulations solides, la concentration est normalement exprimée en pourcentage, comme dans l’exemple suivant : IMIDAN 80 W = 80 % de matière active (phosmet).

Dans le cas des formulations liquides, la concentration est généralement indiquée en grammes de matière active par litre de formulation, comme dans l’exemple suivant : MATADOR 120 EC = 120 g de lambda-cyhalothrine par litre de produit.

Des exceptions confirment cependant la règle (par exemple, DECIS 5 EC = 5,0 % de matière active). Il faut donc lire attentivement l’étiquette pour connaitre la concentration d’un produit avec lequel on n’est pas familier.

 

Activité systémique (totale ou translaminaire)

Un pesticide systémique pénètre dans la plante et est véhiculé à l’intérieur de celle-ci. Il protège ainsi les parties de la plante qui n’ont pas été touchées par la pulvérisation. En plus d’être moins sujets au lessivage, les produits systémiques possèdent habituellement une activité résiduelle plus longue. Une activité systémique totale implique un déplacement des pesticides systémiques autant vers le haut que vers le bas de la plante. Un pesticide translaminaire est absorbé localement et transporté à travers la feuille, du dessus au dessous (et vice-versa).

Pour maximiser l’efficacité de ces pesticides, il faut favoriser leur absorption par le pommier. Il est donc recommandé de les appliquer lorsque le temps est chaud et humide, par exemple le matin ou le soir, plutôt qu’en plein soleil ou par temps venteux et sec. Plusieurs insecticides et acaricides homologués en vergers ont une action systémique locale. Pour de plus amples informations, consultez le tableau ci-après de même que les étiquettes des produits.

 

Résistance au lessivage par la pluie

La plupart des nouveaux insecticides et acaricides utilisés en pomiculture sont formulés pour résister au délavage causé par la pluie après un traitement. Mais combien de millimètres de pluie sont nécessaires pour faire en sorte que le traitement ne soit plus efficace? La réponse dépend bien sûr de la résistance au délavage du produit (tableau ci-après), mais aussi de l’espèce et du stade visé (œuf, larve, adulte) et de la partie du pommier (feuille, fruit ou bois) occupée par le ravageur.

Ainsi, un insecte immature et sensible à un insecticide donné ne requerra que très peu de résidus laissés par la pluie pour être efficacement contrôlé. Par contre, si cet insecte atteint un stade plus avancé et qu’il se niche à l’intérieur d’un groupe de feuilles enroulées, il risque de ne plus être affecté par des résidus délavés par la pluie.

Le tableau suivant adapté du Michigan Fruit Management Guide présente la résistance au lessivage des principales familles d’insecticides. C’est un outil de plus pour vous aider à prendre une décision éclairée en matière de PFI dans votre verger, de concert avec vos données de dépistage et l’historique des ravageurs dans vos pommiers. À noter que pour les produits systémiques, les résidus absorbés dans les tissus ne peuvent être lessivés et que les cotes ne valent que pour la portion non-absorbée des produits.

Précipitations cumulées : ≤12,5 mm ≤25 mm ≤50 mm
Fruits Feuilles Fruits Feuilles Fruits Feuilles
Organophosphorés * ** * ** * *
Pyréthrinoïdes ** ** * ** * *
Carbamates ** ** * ** * *
Régulateurs de croissance2 ** *** ** ** ND ND
Néonicotinoïdes1 ** *** * * * *
Spinosynes2 *** *** *** ** ** *
Diamides1 *** *** *** ** ** *
Avermectines1 ** *** * ** * *

***  Très résistant au délavage : moins de 30 % des résidus lavés.
**  Résistant au délavage : moins de 50 % des résidus lavés.
*  Faible résistance au délavage : au moins 70 % des résidus lavés.
ND  données non-disponibles.
1  Familles de produits comportant principalement des insecticides à action systémique translaminaire.ALTACOR est un diamide.
2  Familles de produits comportant quelques insecticides à action systémique translaminaire.

 

Photosensibilité

Pour compter sur un contrôle résiduel des insectes de la part des matières actives, il ne faut pas oublier que certaines matières actives comme le Bt (DIPEL, FORAY, BIOPROTEC) ou le spinosad (SUCCESS) se décomposent plus rapidement lors de journées ensoleillées que lors de journées nuageuses. Consultez les étiquettes pour connaître la photosensibilité des produits.

 

Caractéristiques des principales familles d’insecticides et d’acaricides

Carbamates : Les carbamates agissent sur le système nerveux des insectes en inhibant l’acétylcholinestérase, une importante enzyme impliquée dans le fonctionnement des systèmes nerveux et musculaire. Cette action provoque une paralysie de l’influx nerveux, la contraction involontaire et répétée des muscles puis la mort des insectes sensibles. Comme le système enzymatique des insectes est activé par la température, ces produits sont plus efficaces lorsque la température est suffisamment élevée lors de l’application (minimum 15 °C, préférablement au-dessus de 20 °C). En général, ils sont peu compatibles avec la PFI (ex. : SEVIN).

Insecticides microbiens : Ce type de pesticide est particulier puisque son ingrédient actif est un micro-organisme (bactérie, champignon, virus, etc.) ou il est produit par celui-ci. Les insecticides microbiens font partie des biopesticides, parmi lesquels se retrouvent des agents de lutte contre les insectes, les maladies et les mauvaises herbes (ex. : BIOPROTEC, DIPEL, VIROSOFT).

Néonicotinoïdes : Ces insecticides agissent sur le système nerveux central des insectes. Les insectes cessent alors de s’alimenter et sont paralysés; ils meurent de faim ou de déshydratation ou sont victimes de prédateurs. Ce sont des produits à action systémique locale (translaminaire). Ils sont généralement très toxiques pour les abeilles (ex. : ACTARA, ASSAIL, ADMIRE, CALYPSO, CLUTCH).

Organophosphorés : Tout comme les carbamates, les organophosphorés agissent sur le système nerveux des insectes en inhibant l’acétylcholinestérase. Ces produits sont donc plus efficaces lorsque la température est suffisamment élevée lors de l’application (minimum 15 °C, préférablement au-dessus de 20 °C). Ces produits agissent principalement par contact direct de la bouillie sur l’insecte lors de l’application ou par ingestion de résidus laissés à la surface des feuilles et des fruits. Ils sont peu compatibles avec la production fruitière intégrée, sauf certaines exceptions (ex. : IMIDAN).

Huiles : Ces produits d’origine minérale ou végétale agissent par contact physique et provoquent l’asphyxie des œufs d’insectes et acariens (plus particulièrement le tétranyque rouge) ou encore le ramollissement de l’enveloppe externe chez les insectes à cuticule cireuse (cochenille) (ex. : HUILE SUPÉRIEURE, HUILE D’ÉTÉ).

Pyréthrinoïdes de synthèse : Les pyréthrinoïdes sont des insecticides de synthèse apparentés à un insecticide naturel appelé pyréthrine. Bien que leur mode d’action ne soit pas tout à fait élucidé, il est connu qu’elles agissent sur le système nerveux en paralysant l’insecte, à la façon des organochlorés. Elles agissent principalement par contact et ingestion. Elles ne sont pas dégradées par la lumière et demeurent donc efficaces sur le feuillage pendant une période prolongée (3-4 semaines). Les pyréthrinoïdes utilisées dans les vergers ne doivent pas être appliquées lorsque la température est supérieure à 25 °C. Elles sont toutes très toxiques pour les poissons et pour plusieurs insectes et acariens utiles, et pour cette raison, leur utilisation n’est pas recommandée après la floraison (ex. : DECIS, MATADOR, SILENCER).

Régulateurs de croissance des insectes : Ce groupe de produits inclut différentes familles chimiques qui imitent l’hormone de mue (régulateurs) ou au contraire bloquent la mue (dérégulateurs) chez les insectes. Les larves exposées subissent une mue incomplète ou cessent de se nourrir, puis meurent dans les jours suivants. Certains de ces produits peuvent également avoir un effet sur les œufs (voir par exemple la fiche 76 (ex. : CONFIRM, INTREPID, RIMON).

Spinosynes : Cette famille de produits agit au niveau des récepteurs nicotiniques qui transmettent les messages au système nerveux des insectes. Elle agit par contact et par ingestion (ex. : SUCCESS, ENTRUST, DELEGATE, GF-120).

Autres familles : Les nouveaux insecticides appartiennent souvent à des familles chimiques particulières. Les propriétés de ces familles sont souvent uniques. Afin d’en savoir plus à ce sujet, consultez la fiche 46. Parmi les familles particulières se retrouvent les avermectines (ex. : AGRI-MEK), les acides tétramiques (ex. : ENVIDOR, MOVENTO), les carbazates (ex. : ACRAMITE), les tétrazines (ex. : APOLLO), les diamides (ex. : ALTACOR), les carbinols, les nicotinamides (ex. : BELEAF), les quinolines (ex. : KANEMITE) et plusieurs autres.

Caractéristiques des principales familles de fongicides

Les familles de fongicides sont décrites aux côtés des formulations commerciales et des matières actives concernées, à la fiche 48.

 

Produits phytosanitaires autres que les pesticides

Tout produit commercial utilisé dans un but de protection doit être homologué au Canada pour que son utilisation soit permise. Ceci inclut donc non seulement les pesticides au sens strict, mais aussi, les savons, les huiles, les phéromones, les bactéries et micro-organismes bénéfiques pouvant avoir un effet protecteur. Pour fins de simplification, ces produits ont été inclus, en se basant sur leur efficacité principale, dans les descriptions figurant aux fiches 45 à 53.

Notez cependant qu’il existe tout de même de rares produits qui ne nécessitent ni homologation ni autre autorisation pour être appliqués en vergers, comme par exemple, les « macro-organismes » utiles présents naturellement dans la même zone écologique que celle dans laquelle se trouve votre verger. En pratique : coccinelles, nématodes, acariens prédateurs, trichogrammes, etc. décrits à la fiche 95.

 

Rationaliser l’usage des pesticides

Les pesticides peuvent apparaître comme des solutions à tous les problèmes, mais ils ont bien des inconvénients dont les producteurs, autant que les acheteurs de pommes, sont de plus en conscients. Avant de penser « pesticide », posez-vous toujours les questions suivantes :

  • Est-ce que la problématique a été bien mesurée? Est-ce qu’il y a un historique (antécédent) de dégâts?
  • Est-ce que les autres techniques (prévention, dépistage, action des espèces utiles, etc.) ont été utilisées pour régler le problème?
  • L’application d’un pesticide (ou l’utilisation d’autres méthodes) est-elle économiquement rentable?

Pour répondre à ces questions, particulièrement au sujet de la rentabilité, il faut évaluer le gain que le traitement devrait raisonnablement procurer et le comparer au coût du traitement envisagé. La comparaison n’est pas qu’une question de coût immédiat. Il faut également évaluer l’efficacité du pesticide contre le ravageur visé et ses effets possibles sur l’environnement et sur les espèces utiles à l’œuvre dans votre verger. La rentabilité réelle des pesticides n’est pas toujours aussi bonne qu’elle le semble à première vue. Tenez donc compte des facteurs suivants pour rationaliser leur utilisation :

Quantité :

Achetez des volumes qu’il vous sera possible d’entreposer dans votre local à pesticides selon les règles d’entreposage du Code de gestion des pesticides. Pour de plus amples informations, référez-vous à la fiche 12.

Eficacité principale et secondaire :

Consultez la fiche 47 et la fiche 48 et utilisez uniquement des produits homologués et recommandés contre les ravageurs de la pomme. Certains pesticides sont plus efficaces que d’autres contre un ravageur donné et pourront avoir une action secondaire intéressante pour votre situation.

Par exemple, une application de carbaryl (SEVIN) comme agent d’éclaircissage peut réprimer adéquatement la cicadelle blanche du pommier, alors que l’application d’un organophosphoré (comme IMIDAN) contre le charançon de la prune n’aura aucun effet sur la cicadelle.

Formulation :

Favorisez les granulés dispersibles (DG) aux poudres mouillables (WP) car ces dernières engendrent beaucoup de poussières toxiques lors de leur manipulation. Portez attention aux émulsions concentrées (EC) qui contiennent des solvants souvent toxiques et qui peuvent poser des problèmes d’incompatibilité lors des mélanges (voir la fiche 57). De plus, les EC doivent généralement être entreposées à l’abri du gel.

Indice d’impact :

Évaluez l’impact potentiel de chaque application prévue. Cet impact peut être évalué selon trois indices :

  • l’IRS (Indice de risque pour la santé)
  • l’IRE (Indice de risque pour l’environnement)
  • l’IRB (Indice de risque pour la faune bénéfique)

Les deux premiers indices font partie de l’IRPeQ (Indicateur de risque des pesticides du Québec, Samuel et al., 2007) et le troisième a été développé par l’IRDA (Chouinard et Bellerose, 2011) pour les fins du programme de PFI. Les valeurs de ces indices, pour des applications à la dose maximale homologuée en pomiculture, sont aux tableaux de la fiche 47 et de la fiche 48.

Dans l’exemple ci-haut d’une application de SEVIN comme agent d’éclaircissage, l’examen des cotes d’impact révèle que ce produit a un IRB très élevé, donc un impact négatif important sur la faune auxiliaire (abeilles, prédateurs d’acariens et de pucerons, parasites de mineuses, de tordeuses et de pucerons). Cet effet secondaire indésirable peut être évité par l’utilisation d’un autre agent d’éclaircissage, lorsque disponible pour le cultivar concerné.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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Fiche 45

Gérald Chouinard, Yvon Morin, Robert Maheux, Sylvie Bellerose et Maude Lachapelle

 

Cette fiche présente une description sommaire et une liste non exhaustive des acaricides homologués pour les vergers de pommiers au Canada pour l’année 2024. À chaque début de saison, le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) du pommier effectue une mise à jour de cette liste et diffuse les ajouts et retraits par le biais de communiqués. Consultez la fiche 9 pour en savoir plus sur le RAP.

NOTE : Pour une information complète et à jour sur les pesticides, visitez le service en ligne d’information sur les pesticides du gouvernement du Québec (http://www.sagepesticides.qc.ca/) et du Canada (http://pr-rp.hc-sc.gc.ca/ls-re/index-fra.php).

ATTENTION : Bien qu’homologués au Canada, les produits mentionnés ne sont pas nécessairement disponibles partout au pays, et ils ne sont pas nécessairement permis aux États-Unis ou ailleurs dans le monde. Avant d’en faire l’utilisation, il importe donc de vérifier les conséquences possibles de leur utilisation si la récolte doit être exportée.

(Cliquez ici pour télécharger le tableau complet)

 

  1. Les groupes chimiques indiqués correspondent à la classification retenue par l’Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire (ARLA) ainsi que par les comités suivants : Fungicide Resistance Action Committee (FRAC), Insecticide Resistance Action Committee (IRAC) et Herbicide Resistance Action Committee (HRAC). Ils sont basés sur les sites ou les principaux modes d’action des différentes matières actives.
  2.  Familles chimiques : ACE : acéquinocyl; AG : acides gras; AVE : avermectines; BEN : benzoylacétonitriles; BIF : bifénazates ; CAR: carbamates; DAT : dérivés acide tétronique; HC : hydrocarbures; HUI : huiles; INO : substances inorganiques; NC: non classé; PYR : pyréthrinoïdes; PYRI : pyridazinones; TET : tetrazines.
  3. Types de pesticide : A : acaricide; IN : insecticide, F : fongicides.
  4. Bien qu’homologués au Canada, ces produits ne sont pas tous nécessairement disponibles au Québec. * En fin d’homologation.
  5. La limite maximale de résidus (LMR) permise sur les pommes récoltées est définie par chaque pays : celle indiquée ici n’est valable qu’au Canada et est fixée par Santé Canada en vertu de la Loi sur les produits antiparasitaires. *En l’absence de LMR spécifiques pour un produit antiparasitaire, on utilise le seuil de 0,1 ppm.
  6. Délais d’attente avant récolte : S/O : sans objet. 1 : ce produit ne peut être appliqué sur des arbres en production.
  7. Les délais de réentrée présentés proviennent des étiquettes lorsque disponibles ou des recommandations utilisées dans SAgE pesticicides (INSPQ). Ils peuvent varier selon la culture et la tâche à accomplir. 1 Éclaircissage manuel; 2 Irrigation manuelle; 3 Dépendemmant de l’équipement de protection; 4 Taille manuelle, dépistage, tuteurage
    * Ne pas réentrer au champ avant que les résidus du produit ne soient secs. Délai provisoire établi par l’INSPQ.
    **Délai provisoire établi par l’INSPQ sur la base des caractéristiques toxicologiques du produit.
  8. Les zones tampons indiquées correspondent aux distances d’éloignement à respecter, telles que spécifiées sur l’étiquette, pour protéger les habitats aquatiques d’eau douce (lacs, rivières, bourbiers, étangs, ruisseaux, marais, réservoirs et autres milieux humides). Elles peuvent varier selon la culture, la profondeur de l’habitat aquatique et le stade de développement de la culture. Si non spécifié sur l’étiquette, les distances minimales de tous plans d’eau ou cours d’eau à respecter en vertu du Code de gestion des pesticides sont : 1 m (aire totale d’écoulement ≤ 2 m2) ou 3 m (aire totale d’écoulement > 2 m2.
  9.  Les indices de risques ont été calculés en considérant la dose maximale permise par l’étiquette (une valeur élevée indique un risque élevé) :
    IRE : Indice de risque pour l’environnement calculé par l’indicateur de risque des pesticides du Québec (IRPeQ) accessible à www.irpeqexpress.qc.ca.
    IRS : Indice de risque pour la santé calculé par l’IRPeQ accessible à www.irpeqexpress.qc.ca.
    IRB : Indice de risque pour les insectes bénéfiques du verger calculé à partir d’une base de données maintenue à jour par le Réseau-pommier du Québec.
    Cette base de données intègre des informations provenant d’organisations gouvernementales canadiennes et américaines de R&D en pomiculture, de l’Organisation Internationale de Lutte Biologique ainsi que les observations des membres du Réseau-pommier.
  10.  Le nombre maximum d’application par saison peut varier selon le ravageur visé ou la densité de plantation.

ACRAMITE (bifénazate) : Cet acaricide sélectif de synthèse de la famille des carbazates agit rapidement par contact et possède une bonne activité résiduelle. Il n’est pas systémique. Une excellente couverture est requise et il faut ajuster le volume de bouillie selon le gabarit des arbres. Il ne présente pas de risque de résistance croisée avec les autre acaricides. Un adjuvant peut être ajouté pour améliorer la qualité de la pulvérisation selon les indications sur l’étiquette.

AGRI-MEK (abamectine) : Cet acaricide sélectif naturel de la famille des avermectines dérivé de la fermentation de la bactérie Streptomycines avermitilis possède aussi des propriétés insecticides. Il agit surtout par ingestion, mais aussi par contact. Il possède une activité systémique locale (translaminaire) et une action persistante prolongée (de quatre à six semaines). Il est recommandé d’utiliser de l’huile horticole comme adjuvant, en respectant un délai de dix jours avant ou après un traitement avec un produit contenant du captane ou du soufre.

APOLLO SC (clofentézine) : Ce produit est un acaricide sélectif de synthèse de la famille des tétrazines. Il agit principalement par contact sur les œufs et sur les larves. Il possède une activité systémique locale (translaminaire) et une action persistante prolongée. Cet acaricide a une certaine efficacité contre les stades immatures, mais est inefficace contre les adultes. Il agit moins rapidement que la plupart des acaricides : attendre deux à trois semaines avant de vérifier l’efficacité du traitement.

ENVIDOR (spirodiclofène) : Ce produit est un acaricide sélectif de synthèse de la famille des dérivés de l’acide tétronique. Il agit par contact sur tous les stades de développement incluant les œufs et les femelles adultes. Il n’est pas systémique mais il se fixe à la cuticule des feuilles ce qui lui confère une activité résiduelle de plusieurs semaines. Il n’est pas recommandé de le mélanger avec des adjuvants ou des produits qui en contiennent.

HUILE SUPÉRIEURE 70S : Cet acaricide et insecticide minéral à large spectre agit par contact physique (asphyxie) sur les œufs d’acariens et de plusieurs insectes. Lorsqu’appliqué au printemps avant l’éclosion des œufs du tétranyque rouge, ce produit constitue une excellente façon de prévenir leur multiplication. Il ne favorise pas le développement de la résistance chez les insectes et acariens. ATTENTION : éviter d’appliquer des produits contenant du captane, ou du soufre dans les 10-14 jours précédant ou suivant une application d’huile. Dans le cas des cultivars Empire et Délicieuse rouge, toute période de gel moins de 48 heures avant ou après une application risque également de causer des problèmes de phytotoxicité. Ce produit est admissible en production biologique.

HUILE DE PULVÉRISATION 13E : Cet acaricide et insecticide minéral à large spectre peut être utilisé comme huile de dormance, mais contrairement aux autres huiles, il peut aussi être appliqué l’été. Pour les traitements d’été, il faut l’appliquer sur les acariens à partir du stade calice et répéter aux 10 à 14 jours au besoin (trois applications annuelles sont recommandées). Il est important de surveiller la phytotoxicité en évitant d’appliquer, dans les 14 jours précédant ou suivant son utilisation, des produits contenant du captane ou du soufre. Éviter également de l’utiliser lors des conditions de sécheresse ou dans les 48 heures suivant une période de gel. Ce produit est admissible en production biologique.

KANEMITE (acéquinocyl) : Ce produit est un acaricide sélectif de synthèse de la famille des quinolines. Le produit agit principalement par contact, mais aussi par ingestion. Sa persistance d’action est modérée (environ trois semaines). Son mode d’action étant similaire à celui de l’acaricide NEXTER (pyridabène), il est recommandé de limiter l’application de ces deux produits à un traitement par saison afin d’éviter l’apparition de résistance croisée.

NEXTER (pyridabène) : Ce produit est un acaricide sélectif de synthèse de la famille des pyridazinones. Il agit par contact et offre un effet résiduel de quatre à sept semaines. Une excellente couverture est requise pour assurer l’efficacité du produit. Son mode d’action étant similaire à celui de l’acaricide KANEMITE (acéquinocyl), il est recommandé de limiter l’application de ces deux produits à un traitement par saison afin d’éviter l’apparition de résistance croisée.

NEALTA (cyflumetofen) : Ce produit est un acaricide sélectif de synthèse de la famille des benzoylacétonitriles. Il agit par contact et possède une bonne efficacité sur tous les stades (oeufs et formes mobiles) des tétranyques mais pas sur les autres acariens nuisibles (ex. ériophyides) ou utiles (ex. phytoséides et stigmaéides).

SAFER’S (sels de potassium d’acides gras) : Cet insecticide-acaricide naturel agit de manière sélective envers certains insectes à corps mou (pucerons, cochenilles) et envers les acariens. Il agit sur les œufs, les larves et les adultes par contact direct avec la solution liquide. Les résidus sont sans effet une fois séchés. Il peut causer de la roussissure sur fruits lorsqu’appliqué en solution diluée. Comme il s’agit d’un savon, l’agitation constante dans le réservoir est déconseillée car elle peut causer une mousse abondante et l’utilisation d’un agent anti-mousse est recommandée. Ce produit est admissible en production biologique.

SURROUND (kaolin) : un agent de lutte minéral non toxique à base d’argile, agissant comme une barrière physique sur les fruits pour aider à réduire les dommages causés par les insectes, mais ayant aussi un certain effet acaricide (principalement les stades immatures). Un lavage des fruits à la récolte peut être nécessaire afin d’éliminer les résidus blanchâtres. Ce produit est admissible en production biologique. Voir aussi la description du SURROUND à la fiche 46.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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Fiche 46

Gérald Chouinard, Yvon Morin, Robert Maheux, Sylvie Bellerose et Maude Lachapelle

 

Cette fiche présente une description sommaire et une liste non exhaustive des insecticides homologués pour les vergers de pommiers au Canada pour l’année 2024. À chaque début de saison, le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) du pommier effectue une mise à jour de cette liste et diffuse les ajouts et retraits par le biais de communiqués. Consultez la fiche 9 pour en savoir plus sur le RAP.

NOTE : Pour une information complète et à jour sur les pesticides, visitez le service en ligne d’information sur les pesticides du gouvernement du Québec (http://www.sagepesticides.qc.ca) et du Canada (http://pr-rp.hc-sc.gc.ca/ls-re/index-fra.php).

ATTENTION : Bien qu’homologués au Canada, les produits mentionnés ne sont pas nécessairement disponibles partout au pays, et ils ne sont pas nécessairement permis aux États-Unis ou ailleurs dans le monde. Avant d’en faire l’utilisation, il importe donc de vérifier les conséquences possibles de leur utilisation si la récolte doit être exportée.

(Cliquez ici pour télécharger le tableau complet)

 

  1. Les groupes chimiques indiqués correspondent à la classification retenue par l’Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire (ARLA) ainsi que par les comités suivants : Fungicide Resistance Action Committee (FRAC), Insecticide Resistance Action Committee (IRAC) et Herbicide Resistance Action Committee (HRAC). Ils sont basés sur les sites ou les principaux modes d’action des différentes matières actives.
  2.  Familles chimiques : AVE : avermectines; BEN : benzoylurées; BUT: Buténolides; CAR : carbamates; DAT : dérivés acide tétronique; DIA : diacylhydrazines; DIAM: diamides; FLO: flonicamides; HC : hydrocarbures; HUI : huiles; INO : substances inorganiques; MIC : pesticides microbiens; NEO : néonicotinoïdes; OP : organophosphorés; PHE : phéromones; PYR : pyréthrinoïdes; PYRO : pyropènes; SPI : spinosynes; SUL : sulfoximines ; NC : non classés.
  3. Types de pesticide : A : acaricide; IN : insecticide; FU : fumigant.
  4. Bien qu’homologués au Canada, ces produits ne sont pas tous nécessairement disponibles au Québec. * En fin d’homologation
  5. La limite maximale de résidus (LMR) permise sur les pommes récoltées est définie par chaque pays : celle indiquée ici n’est valable qu’au Canada et est fixée par Santé Canada en vertu de la Loi sur les produits antiparasitaires. *En l’absence de LMR spécifiques pour un produit antiparasitaire, on utilise le seuil de 0,1 ppm.
  6. Délais d’attente avant récolte : S/O : sans objet. 1 : ce produit ne peut être appliqué sur des arbres en production.
  7. Les délais de réentrée présentés proviennent des étiquettes lorsque disponibles ou des recommandations utilisées dans SAgE pesticicides (INSPQ). Ils peuvent varier selon la culture et la tâche à accomplir. 1 Éclaircissage manuel; 2 Irrigation manuelle; 3 Dépendemmant de l’équipement de protection; 4 Taille manuelle, dépistage, tuteurage; 5 Récolte à la main
    * Ne pas réentrer au champ avant que les résidus du produit ne soient secs. Délai provisoire établi par l’INSPQ.
    **Délai provisoire établi par l’INSPQ sur la base des caractéristiques toxicologiques du produit.
  8. Les zones tampons indiquées correspondent aux distances d’éloignement à respecter, telles que spécifiées sur l’étiquette, pour protéger les habitats aquatiques d’eau douce (lacs, rivières, bourbiers, étangs, ruisseaux, marais, réservoirs et autres milieux humides). Elles peuvent varier selon la culture, la profondeur de l’habitat aquatique et le stade de développement de la culture. Si non spécifié sur l’étiquette, les distances minimales de tous plans d’eau ou cours d’eau à respecter en vertu du Code de gestion des pesticides sont : 1 m (si aire totale d’écoulement ≤ 2 m2) ou 3 m (aire totale d’écoulement > 2 m2).
  9. Les indices de risques ont été calculés en considérant la dose maximale permise par l’étiquette (une valeur élevée indique un risque élevé) :
    IRE : Indice de risque pour l’environnement calculé par l’indicateur de risque des pesticides du Québec (IRPeQ) accessible à www.irpeqexpress.qc.ca.
    IRS : Indice de risque pour la santé calculé par l’IRPeQ accessible à www.irpeqexpress.qc.ca.
    IRB : Indice de risque pour les insectes bénéfiques du verger calculé à partir d’une base de données maintenue à jour par le Réseau-pommier du Québec.
    Cette base de données intègre des informations provenant d’organisations gouvernementales canadiennes et américaines de R&D en pomiculture, de l’Organisation Internationale de Lutte Biologique ainsi que les observations des membres du Réseau-pommier.
  10. Le nombre maximum d’application par saison peut varier selon le ravageur visé ou la densité de plantation.

 

AGRI-MEK (abamectine): voir à la fiche 45.

ALTACOR (chlorantraniliprole) : Ce produit est un insecticide de synthèse à large spectre de la famille des diamides. Cet insecticide agit surtout par ingestion et par contact et est véhiculé dans la plante de façon systémique locale (translaminaire). Il possède une action ovicide et larvicide contre différents lépidoptères (principalement larvicide dans le cas du carpocapse de la pomme). Il est recommandé d’appliquer le produit lors de conditions favorisant l’absorption du produit (séchage lent). L’utilisation d’un adjuvant n’est pas recommandée si l’application est effectuée dans les 60 jours précédant la récolte.

AMBUSH  (perméthrine) : Cet insecticide de synthèse à large spectre est un produit de la famille des pyréthrinoïdes. Il agit par contact et par ingestion et possède une action persistante prolongée (deux à trois semaines). Il est nuisible pour plusieurs espèces d’insectes et d’acariens utiles et favorise la multiplication des acariens phytophages. Ce produit (la perméthrine) n’est pas compatible avec la PFI.

ASSAIL 70WP (acétamipride) : Ce produit est un insecticide de synthèse à large spectre de la famille des néonicotinoïdes, à activité systémique locale (translaminaire). Il agit principalement par ingestion. Il est recommandé de l’appliquer lors de conditions favorisant l’absorption du produit (séchage lent). Une phytotoxicité est observée lorsqu’utilisé avec AGRAL comme adjuvant.

BELEAF 50SG (flonicamide) : Cet insecticide sélectif de synthèse est de la famille des nicotinamides. Il a une action systémique locale (translaminaire). Il peut protéger les nouveaux tissus jusqu’à trois semaines après l’application. Il agit par contact et par ingestion sur les divers types de pucerons.

CALYPSO (thiaclopride) : Cet insecticide de synthèse à large spectre fait partie de la famille des néonicotinoïdes. Il agit par contact et par ingestion. Il possède une activité systémique locale (translaminaire). Ce produit ne peut pas être mélangé avec le fongicide ALIETTE (fosétyl-aluminium).

CLOSER (sulfoxaflor) : Cet insecticide de synthèse sélectif est de la famille des néonicotinoïdes. Il agit par contact et par ingestion. Il possède une activité systémique locale (translaminaire) et une persistance modérée (une à deux semaines).

CONFIRM 240F (tébufénozide) : Ce produit est un insecticide sélectif de synthèse du groupe des régulateurs de croissance des insectes, qui agit en provoquant une mue prématurée des insectes. Il possède une action spécifique sur les larves de lépidoptères (chenilles). Il agit par ingestion et il doit être consommé par les larves pour être efficace.

DECIS  (deltamétrine) : Cet insecticide de synthèse à large spectre fait partie de la famille des pyréthrinoïdes. Il agit par contact et par ingestion. Il est nocif pour plusieurs espèces d’insectes et d’acariens prédateurs et favorise la multiplication des acariens phytophages. Il est recommandé de ne pas utiliser de pyréthrinoïdes après la foraison pour protéger la faune auxiliaire.

DELEGATE (spinetoram) : Ce produit est un insecticide à large spectre de la famille des spinosynes, dérivé d’un produit de fermentation d’une bactérie (Saccharopolyspora spinosa). Apparenté au spinosad (SUCCESS), il est cependant efficace contre un plus grand nombre de ravageurs et est moins photosensible. Il agit par ingestion et par contact. Pour obtenir un contrôle efficace, il doit être ingéré par les larves visées. Il possède une activité systémique locale (translaminaire). Il est recommandé d’éviter de le mélanger avec des produits qui élèvent le pH de la bouillie (ex. : calcium).

DIPEL WP, BIOPROTEC CAF, FORAY 48B (Bacillus thuringiensis var. kurstaki) : Ces produits sont des insecticides naturels sélectifs, composés de bactéries entomopathogènes et de cristaux protéiques. Ils sont photosensibles et doivent être ingérés par les larves pour être efficaces. Ils possèdent une action spécifique sur les larves de lépidoptères (chenilles). Il est préférable de les appliquer par temps nuageux ou en soirée, et lors de conditions chaudes (plus de 10 °C la nuit ou plus de 18 °C le jour). Ces conditions sont propices à l’activité des larves et à l’efficacité des applications. Il n’est pas recommandé de mélanger ces produits avec du bore. Ils sont admissibles en production biologique.

ENTRUST 80W (spinosad) : voir SUCCESS.

GF-120 NF (spinosad 0,02 %) : Ce produit est un insecticide sélectif utilisé comme attracticide (appât toxique) pour la lutte contre la mouche de la pomme. Il s’applique sous forme ultra-concentrée (5-10 L de bouillie/ha) avec de grosses gouttelettes (> 5 mm) et une couverture uniforme n’est pas souhaitable. Il a un mode d’application garantissant la plus faible dérive et le plus faible impact sur l’environnement. Ce produit est admissible en production biologique.

HUILE SUPÉRIEURE (huile minérale) et HUILE DE PULVÉRISATION 13 E (huile minérale): voir à la fiche 45.

IMIDAN  (phosmet) : Cet insecticide de synthèse à large spectre fait partie de la famille des organophosphorés. Il agit principalement par contact mais également par ingestion et inhalation. Ce produit est un irritant pour les yeux.

INTREPID (méthoxyfénozide) : Cet insecticide sélectif de synthèse fait partie de la famille des régulateurs de croissance des insectes. Il agit par ingestion et possède une activité systémique locale (translaminaire). Il possède une action spécifique sur les larves de lépidoptères (chenilles) ainsi que sur les œufs. Une fois ingéré par la chenille, il provoque la mue, l’arrêt de la nutrition et la mort des larves à l’intérieur de deux à cinq jours. Une période de six heures de séchage est recommandée pour lui assurer une résistance au délavage.

ISOMATE CM/OFM TT (phéromone du carpocapse de la pomme, de la tordeuse orientale du pêcher et du petit carpocapse) : Ce produit n’est pas pulvérisé, il émane plutôt de diffuseurs qui doivent être installés, juste avant l’apparition des papillons, dans un faible nombre de pommiers répartis à l’intérieur du verger. La phéromone agit en empêchant l’accouplement des papillons listés à l’étiquette, prévenant ainsi l’apparition des larves causant les dommages. Ce produit ne possède pas d’effet toxique ni pour l’humain ni pour l’environnement et il est admissible en production biologique.

diffuseur de phéromones du carpocapse de la pomme

ISOMATE CM FLEX (phéromone du carpocapse de la pomme) : Tout comme le produit précédent, ce produit ne possède pas d’effet toxique et agit en empêchant l’accouplement des papillons, prévenant ainsi l’apparition des larves causant les dommages. Il est spécifique au carpocapse de la pomme et est admissible en production biologique.

ISOMATE OFM TT (phéromone de la tordeuse orientale du pêcher) : Tout comme le produit précédent, ce produit ne possède pas d’effet toxique et agit en empêchant l’accouplement des papillons, prévenant ainsi l’apparition des larves causant les dommages. Son action est spécifique à la tordeuse orientale du pêcher et il est admissible en production biologique.

ISOMATE CM/LR TT (phéromone du carpocapse de la pomme, de la tordeuse à bandes obliques, de la tordeuse trilignée et de la tordeuse européenne) : Tout comme le produit précédent, ce cocktail de phéromones ne possède pas d’effet toxique et agit en empêchant l’accouplement des papillons listés à l’étiquette, prévenant ainsi l’apparition des larves causant les dommages. Ce produit ne possède pas d’effet toxique ni pour l’humain ni pour l’environnement et il est admissible en production biologique.

ISOMATE DWB (phéromone de la sésie du cornouiller) : Tout comme le produit précédent, ce produit ne possède pas d’effet toxique et agit en empêchant l’accouplement des papillons, prévenant ainsi l’apparition des larves causant les dommages. Son action est spécifique à la sésie du cornouiller et il est admissible en production biologique.

MALATHION 85E (malathion) : Cet insecticide de synthèse à large spectre fait partie de la famille des organophosphorés. Il agit par contact, ingestion et inhalation. Ce produit est peu persistant sur le feuillage (moins d’une semaine).

MATADOR 120EC (lambda-cyhalothrine) : Cet insecticide de synthèse à large spectre fait partie de la famille des pyréthrinoïdes. Il agit par contact et par ingestion. Son action n’est pas systémique, mais persistante (trois à quatre semaines). Il est nuisible pour plusieurs espèces d’insectes et d’acariens utiles et favorise la multiplication des acariens phytophages. Il est recommandé de ne pas utiliser de pyréthrinoïdes après la floraison pour protéger la faune auxiliaire.

MOVENTO (spirotétramate) : Cet insecticide sélectif de synthèse fait partie de la famille des dérivés de l’acide tétronique. Il possède une activité systémique totale, c’est-à-dire qu’il est transporté dans toute la plante via le xylème et le phloème. Il agit par ingestion sur les insectes immatures se nourrissant de végétaux traités, par toxicité directe mais aussi en réduisant la capacité de reproduction de la femelle et la survie de sa progéniture. Il possède une action spécifique sur les pucerons et cochenilles. Le produit est peu toxique pour la faune auxiliaire en général mais modérément toxique pour les acariens prédateurs. De meilleurs résultats sont obtenus en l’utilisant avec un adjuvant non-ionique (ex.  AGRAL).

POUNCE (perméthrine) : voir AMBUSH.

RIMON (novaluron) : Ce produit est un insecticide sélectif de synthèse du groupe des régulateurs de croissance des insectes. Il possède une action spécifique sur les lépidoptères, essentiellement par ingestion (jeunes stades larvaires) et par contact (œufs). Il n’affecte pas le stade adulte des ravageurs visés. Bien que son action soit non-systémique, il est absorbé par la cuticule des feuilles (action transcuticulaire) et résiste bien au lessivage par la pluie ce qui lui confère une action persistante modérée (jusqu’à 14 jours sur feuillage, jusqu’à 10 jours sur fruits). C’est toutefois le « moins sélectif » des régulateurs de croissance des insectes, et des applications répétées de ce produit peuvent causer une baisse des acariens prédateurs phytoséiides et une augmentation des populations de tétranyque rouge.

RIPCORD 400EC (cyperméthrine) : Ce produit est un insecticide de synthèse à large spectre de la famille des pyréthrinoïdes. Il agit par contact et par ingestion et possède une action persistante prolongée. Il est nuisible pour plusieurs espèces d’insectes et d’acariens utiles et favorise la multiplication des acariens phytophages. Ce produit (la cyperméthrine) n’est pas compatible avec la PFI.

SAFER’S, OPAL, NEUDOSAN, KOPA (sel de potassium d’acide gras) : voir à la fiche 45.

SEVIN XLR (carbaryl) : Cet insecticide de synthèse à large spectre fait partie de la famille des carbamates. Il agit par contact et par ingestion. Il est nocif pour les abeilles et plusieurs insectes utiles et favorise la multiplication des acariens phytophages. Cet insecticide est depuis 2017 homologué uniquement comme agent d’éclaircissage des fruits. Ce produit peut être phytotoxique à haute dose, particulièrement sur le cultivar McIntosh, en conditions de séchage lent. Il y a aussi un risque d’incompatibilité lorsqu’appliqué en mélange avec de l’huile (huile supérieure et huile d’été).

SUCCESS (spinosad) : Cet insecticide naturel sélectif fait partie de la famille des spinosynes. Il provient des toxines produites par la bactérie Saccharopolyspora spinosa. Il agit par contact et par ingestion. Son activité est systémique locale (translaminaire). Il possède une action spécifique sur les larves de lépidoptères (chenilles) et est utilisé principalement, dans les vergers du Québec, pour le contrôle de la tordeuse à bandes obliques. Il est recommandé de l’appliquer lorsque les larves se nourrissent, en évitant les journées venteuses ou trop ensoleillées pour favoriser son absorption et réduire sa dégradation par la lumière. Il est aussi recommandé d’éviter de le mélanger avec des produits qui élèvent le pH de la bouillie (calcium). ENTRUST 80W est la formulation du spinosad admissible en production biologique.

SURROUND (kaolin) : un agent de lutte minéral non toxique à base d’argile, agissant comme une barrière physique sur les fruits pour aider à réduire les dommages causés par les insectes et l’insolation. Pour obtenir de bons résultats, l’application du produit doit débuter avant l’apparition des insectes ravageurs et doit se poursuivre à une fréquence de 7 à 14 jours par la suite. Un lavage des fruits à la récolte peut être nécessaire afin d’éliminer les résidus blanchâtres. Ce produit est admissible en production biologique.

VIROSOFT CP4, CYD-X (virus de la granulose du carpocapse) : Cet insecticide naturel sélectif d’origine virale est spécifique au carpocapse de la pomme. Il agit uniquement par ingestion. Il est produit à partir de souches de virus naturellement présents dans les vergers. Il est sans toxicité pour tous les autres organismes et pour l’environnement. Il s’applique par pulvérisation comme un insecticide, mais jamais par temps clair car l’exposition directe aux rayons solaires l’inactive. Il exige une bonne couverture, en utilisant un volume de bouillie selon le gabarit des arbres, c.-à-d. de 500-1000 L/ha. Des applications répétées sont nécessaires afin de bien atteindre l’ensemble de la population. Il n’est pas recommandé de le mélanger avec d’autres produits. Ce produit est admissible en production biologique.

VYDATE L (oxamyle) : Cet insecticide et acaricide de synthèse à large spectre fait partie de la famille des carbamates. Il possède également une action nématicide. Il agit par contact et possède une activité systémique. Il est utilisé dans les vergers du Québec principalement comme nématicide avant la plantation et comme insecticide-acaricide sur les arbres en pépinière. Il peut provoquer de la roussissure sur les fruits des cultivars sensibles.  Ce produit n’est pas compatible avec la PFI.

Notez que de rares produits ne nécessitent ni homologation, ni autre autorisation pour être appliqués en vergers, comme par exemple, les « macro-organismes » utiles présents naturellement dans la même zone écologique que celle dans laquelle se trouve votre verger. En pratique : coccinelles, nématodes, acariens prédateurs, trichogrammes, etc. Ces organismes sont décrits à la fiche 95.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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