Fiche 42

Paul Émile Yelle et Gérald Chouinard

 

pollinisation d'une fleur de pommier par une abeille durant la floraison

Bien que les fleurs de pommier soient complètes, possédant les organes femelles (stigmate, style et pistil) et mâles (filets et étamines), dans la majorité des cas elles sont autostériles car seul le pollen d’un autre cultivar pourra les féconder. Pour polliniser des fleurs de pommiers, les insectes doivent obligatoirement butiner sur plus d’un cultivar. Pour plus d’informations à ce sujet, se référer à la section sur « La pollinisation » du chapitre sur la « Plantation » du guide sur L’implantation d’un verger de pommiers.

Toute une gamme d’insectes pollinisateurs indigènes tels les bourdons, les mégachiles et les syrphes (voir la fiche 11 et la fiche 95) peut assurer la pollinisation des fleurs de pommiers dans des conditions idéales. Toutefois si une floraison hâtive résulte d’un réchauffement soudain, il est possible que le développement de population de ces insectes ne coïncide pas avec la période de floraison. Plusieurs facteurs tels que le vent, la pluie et l’absence d’ensoleillement, en plus d’un début de printemps plutôt froid, peuvent aussi provoquer un raccourcissement de la période d’activité de ces insectes, menant à une mise à fruit moins réussie. Enfin, dans les blocs homogènes d’un même cultivar, le défi de bien réussir la pollinisation est important.

Les ruches fournies par des apiculteurs spécialisés et réputés demeurent une façon éprouvée d’assurer une bonne pollinisation. Il y a ainsi présence de dizaines de milliers de pollinisatrices infatigables à l’intérieur-même du verger. Quand les conditions sont favorables elles peuvent s’activer même lors de courtes périodes sans pluie ou de brefs réchauffements quand le temps est froid. Il est recommandé d’employer deux à trois ruches à l’hectare. Aussi, malgré le fait que les bourdons, tels qu’employés en serriculture, puissent travailler dans des conditions un peu plus venteuses que les abeilles, ils ne permettent pas d’obtenir des résultats adéquats pour polliniser plus d’un million de fleurs à l’hectare, compte tenu du nombre limité d’individus dans leurs ruches.

ruche dans un verger durant la floraison

Idéalement, le plan du verger est conçu pour favoriser la pollinisation croisée. Pour cela il faut s’assurer de ne pas excéder 4 rangées consécutives d’un même cultivar ou 6 rangs dans le cas d’arbres nains. En alternant des cultivars dont la période de floraison coïncide et idéalement dont l’apparence ou la période de maturité diffère, ceci permet d’éviter les erreurs à la récolte. Pour les blocs homogènes, on peut aussi insérer des arbres pollinisateurs, répartis de façon uniforme et selon un ratio maximum de 1:20.

Toutefois, à défaut d’un bon agencement de plantation, il faut amener du pollen de l’extérieur. L’utilisation du pollen récolté par des compagnies spécialisées et acheté dans le commerce, qui est fourni aux abeilles par de petits appareils distributeurs installés à la sortie des ruches est une option. L’alternative est de tailler des branches en fleurs en excès dans un bloc d’un autre cultivar et de les installer (et les renouveler) dans des chaudières remplies d’eau devant les ruches.

 

Conseils additionnels pour l’utilisation de ruches :
Période d’introduction des ruches

Le moment d’entrée et de sortie des ruches a de l’importance sur la pollinisation. En l’absence de fleurs ou si la densité de fleurs n’est pas suffisante, les éclaireuses trouveront d’autres sources plus éloignées, ce qui risque d’affecter significativement le butinage du verger surtout au début de la floraison. Règle générale, les ruches sont introduites dans la culture à polliniser lorsqu’il y a environ 20 % des fleurs ouvertes. Il faut faucher les pissenlits avant que les ruches soient introduites, car lors des premiers vols d’orientation, les éclaireuses repéreront ces fleurs, ce qui aura comme conséquence qu’une forte proportion des abeilles les butineront au lieu des fleurs de pommier.

Emplacement des ruches

Pour maximiser le travail de pollinisation, il faut accorder la priorité aux emplacements protégés des vents. Le vent transportant toutefois l’arôme des fleurs, l’emplacement du rucher doit être en aval de la direction des vents dominants, pour favoriser une identification plus rapide de l’odeur des fleurs à butiner. De plus, du point de vue de la dépense d’énergie des abeilles, le fait de voler à vide contre le vent pour l’allée et de revenir le vent dans le dos pour le retour à la ruche lorsqu’elles sont chargées de pollen est plus avantageux. L’abeille domestique par comparaison à plusieurs espèces d’abeilles indigènes a un rayon de butinage relativement grand, et c’est pour cela qu’il n’est pas nécessaire de répartir les ruches uniformément. Quelques études sur la pollinisation montrent qu’il faut que les groupes de ruches soient placés à des distances de l’ordre de 200 à 300 m, puisque le rayon de butinage le plus efficace se situe entre 100 et 150 m de la ruche. En pratique, des regroupements vont jusqu’à 400 m, mais au-delà de cette distance, il y a une perte d’efficacité. Il faut respecter une distance de 2 à 3 mètres entre les ruches et alterner l’orientation des entrées de ruches pour éviter la dérive des abeilles entre les ruches.

Approvisionnement en eau

L’emplacement doit être un endroit sec, puisqu’un site humide est propice au développement de certaines maladies de couvain et à une détérioration accélérée du matériel. Un point d’eau doit toutefois être présent dans un rayon de moins de 500 m ou encore, un réservoir d’eau d’environ 1 m de diamètre peut être placé à proximité du rucher, accompagné de lattes de bois ou autre matériel flottant pour éviter la noyade des abeilles. L’eau devrait être renouvelée 1 ou 2 fois par semaine pour éviter la contamination et assurer un approvisionnement constant. Ces réservoirs devraient être placés avant l’introduction des ruches de façon à créer dès le début l’habitude de s’y approvisionner.

Protection des abeilles

Voir la fiche 95.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

bannière des principaux partenaires de réalisation et commanditaires du Guide de PFI

Fiche 43

Paul Émile Yelle, Evelyne Barriault et Serge Mantha

 

ATTENTION DOSES RÉDUITES : l’ARLA ne prend pas action contre ceux qui préconisent de telles pratiques, si elles n’entraînent pas de danger pour la santé ou la sécurité humaine ou pour l’environnement et qu’elles ne sont pas destinées à promouvoir la vente de produits antiparasitaires. Si toutefois l’utilisation de doses réduites ou adaptées devait entraîner des pertes pour les utilisateurs, les conseillers ou les organisations qui les recommandent pourraient être tenus responsables de leurs recommandations dans des actions civiles.

 

Pourquoi contrôler la charge en fruits

Il y a des raisons de premier ordre pour « éclaircir », soit pour :

  • Éviter le déclassement d’un nombre important de pommes qui ne feront pas le calibre commercial de 64 mm (2½ po) lors de la récolte et éviter aussi les litiges avec son emballeur si une majorité de pommes sont vraiment tout juste au diamètre minimum requis.
  • Encourager les cueilleurs, faciliter la cueillette et la rendre également plus rapide. En effet, 2260 pommes de 76 mm de diamètre suffiront à emplir une benne, alors qu’il faut en cueillir 44 % de plus (1000 fruits) pour avoir les 3260 fruits de 64 mm nécessaires pour occuper le même volume. De plus, si lors de la cueillette, les pommes non commercialisables ont été préalablement éliminées, le temps d’hésitation au moment de cueillir sera réduit car presque tous les fruits auront le calibre adéquat.

De façon générale, l’éclaircissage vise à ajuster la charge de fruits au potentiel productif de l’arbre. En plus des avantages pour le classement et la récolte, il permet :

  • Le maintien d’un volume uniforme de récolte année après année permettant d’éviter les récoltes excessives et d’assurer une bonne floraison l’année suivante (lutte contre l’alternance).
  • L’élimination de fruits mal pollinisés, pourvus de moins de pépins, portés à être difformes et moins aptes à une bonne conservation.
  • La lutte à certains ravageurs est facilitée, comme dans le cas de la tordeuse à bandes obliques.

L’éclaircissage peut être réalisé de différentes façons qui généralement nécessitent d’intervenir à plus d’un des moments suivants:

  • à la floraison, par éclaircissage mécanique ou chimique des fleurs ou par exclusion des pollinisateurs
  • peu de temps après la nouaison,  par application d’agents éclaircissants (lorsque les fruits atteignent de 5 à 20 mm de diamètre), et aura un effet maximal afin de réduire l’alternance.
  • lorsque les fruits atteignent 20 à 30 mm de diamètre, par éclaircissage manuel des fruits.

Chaque méthode a ses avantage et ses contraintes. En général, les interventions réalises plus tôt sont supérieures afin de réduire l’alternance, et les interventions effectuées plus tard sur les fruits permettent des gains appréciables en calibre et en qualité – ce qui explique pourquoi l’éclaircissage manuel est largement utilisé. malgré les coûts élevés de main d’œuvre qu’il nécessite. Voici plus de détails sur les principales méthodes actuellement utilisées pour ces trois grandes approches.

 

Éclaircissage mécanique des fleurs

L’éclaircissage mécanique floral (ÉMF) est moins populaire que l’éclaircissage des fruits, mais offre pourtant une opportunité pour réduire la charge très tôt en saison, soit durant la floraison des pommiers. L’ÉMF est complémentaire aux autres techniques d’éclaircissage et doit s’inscrire dans une stratégie globale incluant la taille, l’éclaircissage chimique et l’éclaircissage manuel. L’ÉMF permet de réduire les intrants chimiques et les coûts de main d’œuvre associés à l’éclaircissage et est compatible avec l’agriculture biologique. Il offre également d’autres avantages dont celui de réduire l’alternance des pommiers [1][2-5] et d’être indépendant de la météo. De nombreuses études ont démontré que l’ÉMF pouvait améliorer la qualité des fruits, notamment le calibre, la couleur, la fermeté et le taux de sucre [5-9].

La technique consiste à supprimer de façon aléatoire des fleurs individuelles ou des bouquets floraux entiers, à l’aide de fils de plastique montés sur un axe rotatif. Dans les vergers commerciaux, moins de 10% de fleurs contenues dans un pommier sont nécessaires pour l’obtention d’un rendement de qualité [2].  L’éclaircissage mécanique floral permet d’en supprimer 30 à 50% selon le réglage. D’autres méthodes, soit chimique et/ou manuelle doivent ensuite être utilisées pour compléter l’ajustement de la charge.

L’ÉMF agit de deux façons. Tout d’abord, on observe un effet direct, immédiatement après le traitement alors qu’une certaine quantité de fleurs sont supprimées. Le traitement provoque aussi des dommages mineurs au feuillage, qui provoquent un stress nutritionnel pour les fruits en développement, durant 8 à 10 jours après le traitement, ce qui accentue la chute naturelle des fruits [3, 10-12]. L’effet des éclaircissant chimiques peut également être accentué s’ils sont appliqués durant cette période.

La technique d’éclaircissage mécanique florale est particulièrement bien adaptée aux plantations en haute densité, dont les arbres sont conduits en fuseaux étroits ou en mur fruitier puisque les fils éclaircissants mesurent généralement 60cm de longueur. Lorsque les branches sont plus longues, les fils ne parviennent pas à atteindre le centre des arbres qui sont alors éclaircis seulement en périphérie. La machine originale développée en Allemagne pour l’ÉMF s’appelle “Darwin mechanical blossom thinner”, mais il existe aujourd’hui des modèles similaires commercialisés par d’autres compagnies, dont un modèle assisté d’une caméra GPS qui permet d’ajuster la vitesse de rotation de l’axe selon l’intensité de la floraison de chaque pommier individuel.

Conditions de réussite pour l’éclaircissage mécanique 

  1. Le stade optimal de passage de la Darwin est du début de la floraison à 50% de la pleine floraison, c’est-à-dire lorsque la fleur centrale et 2-3 autres fleurs sont ouvertes (comme dans les image qui suivent). Cependant, l’appareil peut être utilisé entre le stade bouton rose et pleine floraison. Après la pleine floraison, les risques de dommages et de malformation des fruits augmentent tout comme le stress provoqué par le retrait d’une partie importante du feuillage. Les variétés dont les fleurs s’ouvrent l’une après l’autre dans le bouquet plutôt que simultanément (en même temps) sont particulièrement propices à l’éclaircissage mécanique floral. Dans certains cas, pour des variétés très productives, les pomiculteurs biologique peuvent faire jusqu’à deux passages la même année (premier passage autour du débourrement et l’autre au début de la floraison) [10, 13].
  2. La vitesse de rotation doit être adaptée en fonction de la vitesse d’avancement du tracteur. Le tableau qui suit, tiré du manuel de l’utilisateur de l’appareil Darwin[14] doit servir de référence.

  3. Il est également recommandé de faire des tests sur une petite surface avant d’éclaircir une parcelle au complet, afin de s’ajuster à la vigueur des arbres, l’intensité de la floraison (variété, alternance, etc.) et les conditions de la parcelle (nivellement du sol, alignement des rangées, etc.). Il faut retenir que la vitesse de rotation du mât et celle de l’avancement du tracteur ont un effet inverse. L’augmentation  de la vitesse de rotation des fils augmente l’intensité de l’éclaircissage. Toutefois, l’augmentation de la vitesse d’avancement du tracteur réduit l’intensité de l’éclaircissage. Une vitesse de rotation de 200 à 240 tours par minute et une vitesse d’avancement du tracteur de 6 à 8 km/h sont régulièrement utilisées.
  4. Il existe aujourd’hui plusieurs modèles dont la hauteur des axes varie. Il est important de s’assurer que le modèle utilisé permet aux fils d’atteindre la cîme des arbres (comme sur l’image qui suit). Dans certains cas, des embouts peuvent être utilisés pour allonger la hauteur de travail.
  5. Les fils ne doivent pas frapper mais tourbillonner dans l’arbre. Si des bris de branches sont observés, il faut ajuster la conduite des arbres, la vitesse de rotation des fils ou d’avancement du tracteur.
  6. Les arbres doivent idéalement avoir une forme rectangulaire de mur fruitier ou de fuseaux étroits avec une largeur maximale d’environ 1.2m de couronne (60 cm à partir du tronc). Il est possible d’ajuster l’angle du mât lorsque les arbres ont une forme conique. Toutefois, si les branches sont plus longues que les fils, le centre des arbres risque d’être mal éclairci (votre bras est un bon guide pour évaluer la profondeur d’action).
  7. L’éclaircissage mécanique floral doit être fait sur des arbres qui ont atteint leur hauteur optimale pour ne pas risquer d’endommager l’apex, ce qui pourrait les empêcher d’atteindre une hauteur optimale.
  8. Les grosses branches et celles qui ont un angle supérieur à 60◦ doivent être éliminées afin d’éviter l’usure prématurée des fils et une mauvaise efficacité d’éclaircissage (exemple dans les images suivantes).
  9. L’éclaircissage mécanique floral est compatible avec les autres techniques de production fruitière intégrées telles que la confusion sexuelle du carpocapse de la pomme; les fils n’endommagent pas les diffuseurs à phéromone.

L’éclaircissage mécanique peut-il favoriser l’apparition de brûlure bactérienne?

Une étude réalisée en Pennsylvanie par Ngugi et Schupp en 2009 [15] a suscité certaines inquiétudes par rapport à la propagation de brûlure bactérienne dans les vergers éclaircis mécaniquement durant la floraison. Bien qu’elle aie été réalisée dans des conditions qui ne sont pas représentatives des productions commerciales, cette étude est citée dans plusieurs articles sur le sujet. Toutefois, de nouveaux essais réalisés par Sazo et al. de 2014 à 2016 dans une parcelle de Gala de l’État de New York, considérée à risque élevé (présence de brûlure bactérienne dans une parcelle voisine et conditions propices aux infections durant l’étude) a permis d’obtenir de bons résultats lorsque des traitements préventifs étaient appliqués [16]. De plus, L’ÉMF est utilisé par plusieurs pomiculteurs européens, dans des secteurs ou la maladie est présente, sans conséquences sur la propagation de cette maladie. Pour cette raison, nous recommandons de ne pas éclaircir mécaniquement lorsque les arbres sont mouillés et d’appliquer les traitements contre la brûlure bactérienne, de la même façon que dans les autres parcelles, c’est-à-dire lorsque les conditions d’infection sont réunies. Consultez la fiche 106 pour en savoir plus sur les stratégies de lutte contre la brûlure bactérienne. Des essais supplémentaires sont nécessaires afin de confirmer les précautions requises, lors des traitements d’éclaircissage mécaniques.

En conclusion voici une tableau comparant les avantages et les inconvénients de l’éclaircissage mécanique floral

 Avantages  Inconvénients
Indépendant de la météo (éviter d’éclaircir sous la pluie) Convient uniquement pour les arbres de forme étroite conduit en mur fruitier ou légèrement coniques (max 1,2m de couronne)
Convient à la production fruitière intégrée (PFI) et biologique (bio) Incompatible avec les tailles longues, les grosses branches et l’utilisation de ficelles pour arquer les branches
Permet de réduire les intrants chimiques et le temps requis pour l’éclaircissage manuel
Applicable à toutes les variétés même celles qui sont difficiles à éclaircir chimiquement, peu importe l’âge des arbres, en autant qu’ils sont matures Risque de sur-éclaircissage s’il y a un gel de printemps après le traitement d’éclaircissage
Diminution de l’alternance et amélioration du retour de floraison Peu causer des dommages aux branches et feuilles
Accroît l’efficacité des éclaircissants chimiques et la chute de juin Risques de propagation de certaines maladies (feu bactérien?) et pression accrue de certains  ravageurs (ex. puceron lanigère)
Alternative supplémentaire dans une stratégie globale d’éclaircissage, qui allonge la période d’intervention (éclaircissage hâtif sur les fleurs) Le sol doit être bien nivelé avec peu ou pas d’ornières absentes
Relativement peu coûteux et rapide à utiliser (1,5 à 2,5 hectare traité par heure)

Cliquez ici pour la liste des références sur l’éclaircissage mécanique des fleurs

 

Éclaircissage chimique

L’éclaircissage chimique des fruits peu de temps après leur nouaison est l’approche traditionnelle d’éclaircissage. Avant de décider d’intervenir chimiquement pour éclaircir les jeunes fruits noués, il faut d’abord déterminer si le nombre de fleurs pollinisées, donc de fruits éventuels, correspond au nombre visé de fruits par arbre ou s’il l’excède (la section « Éclaircissage manuel » retrouvée plus loin dans la présente fiche décrit deux méthodes qui permettent d’évaluer le nombre de fruits à viser).

Il reste ensuite à évaluer la nouaison pour déterminer s’il y a un surplus de fruits et un besoin d’éclaircir. C’est assez facile lorsque les plus gros fruits atteignent un diamètre de 8 à 12 mm, car il est possible alors de juger du grossissement relatif des fruits et des pépins. Toutefois, si des produits à base de benzyladenine (ex. : MAXCEL) qui peuvent favoriser une multiplication cellulaire accrue) ou encore le carbaryl (selon les normes de la production fruitière intégrée) sont utilisés, il faut estimer la nouaison encore plus tôt. Le tableau et la figure qui suivent montrent les caractéristiques qui permettent d’évaluer si la nouaison s’est bien réalisée sur les tout jeunes fruits (5 à 8 mm).

jeunes pommes à la nouaison

Forte nouaison (photo) Faible nouaison
Les pédoncules se recourbent vers le haut, vers le soleil. Les pédoncules demeurent droits.
Les petits fruits grossissent. Les petits fruits cessent de grossir.
Les petits fruits et les pédoncules demeurent verts. Les petits fruits et les pédoncules jaunissent ou rougissent.
Les sépales se replient et se referment vers le calice. Les sépales demeurent ouverts ou repliés vers l’extérieur.

 

Application d’agents éclaircissants

Avant de prendre la décision d’éclaircir les fruits pour chacun des cultivars, il importe de faire les observations qui s’imposent et de les consigner dans un registre. Il est recommandé de noter chaque jour durant toute la floraison les cultivars en fleur et leur stade de floraison, les températures maximales et minimales, les précipitations, le vent, l’ensoleillement ou l’ennuagement relatif et l’activité des abeilles.

exemple de feuille de suivi pour l'éclaircissage

Il faut considérer de la même façon les divers facteurs qui influencent les conditions d’éclaircissage. Les principaux points à considérer sont :

  • La sensibilité des fruits aux agents éclaircissants, qui varie selon le cultivar. Le tableau ci-après présente une classification générale des principaux cultivars en fonction de la facilité d’éclaircissage.

Facilité d’éclaircissage de différents cultivars de pommiers.

Facile Facile à modéré Modéré Difficile
Jersey Mac Sunrise Paulared Hâtives (sauf Jersey Mac)
Spartan (premières années) Lobo Ginger Gold Honeycrisp
Cortland Spartan (en équilibre) Gala
McIntosh Empire

Il faut quand même tenir compte, lors de la prise de décision, de l’ensemble des autres facteurs qui influencent l’éclaircissage :

  • Les arbres affaiblis par une récolte excessive la saison précédente ou par le gel hivernal et/ou les arbres trop vigoureux réagiront plus aux agents éclaircissants.
  • Une floraison très rapide et une mauvaise pollinisation entraînent le plus souvent un taux de nouaison faible qui augmente l’efficacité des agents éclaircissants.
  • Des conditions météorologiques nuageuses ou pluvieuses diminuent le taux de nouaison et augmentent l’efficacité des agents éclaircissants.
  • Des essais à l’Université Cornell ont déterminé que les périodes où le pommier a un surplus ou un déficit en hydrates de carbone sont déterminantes pour l’efficacité des agents éclaircissants. Ainsi, du temps ensoleillé, des températures fraîches et une humidité relative faible au moment de l’éclaircissage ainsi que durant les cinq jours suivants réduisent l’effet des produits utilisés pour l’éclaircissage. À l’inverse, des conditions météorologiques nuageuses, chaudes et humides amplifient l’effet des produits utilisés pour l’éclaircissage. Ces facteurs influencent la photosynthèse et la respiration des pommiers.
  • Les jeunes pommiers qui débutent leur mise à fruit, jusqu’en 5e et 6e feuillaison, sont plus sensibles aux agents éclaircissants.

 

Mode d’emploi des agents éclaircissants

Il s’agit de moduler l’effet du produit utilisé soit en l’appliquant à des moments plus ou moins favorables à l’absorption, ou mieux encore (c’est-à-dire plus économiquement), en ajustant la dose, le nombre de traitements et l’intervalle entre deux traitements. Il est recommandé de ne modifier qu’un seul paramètre à la fois.

  • Traitez par temps calme, de préférence le soir, lorsque les températures sont supérieures à 15 °C et l’humidité élevée à 80 %. Si le traitement suit une période de précipitation, laissez au moins un intervalle d’une journée de temps plus sec avant d’effectuer le traitement, afin de favoriser l’absorption du produit.
  • Assurez-vous que le pulvérisateur soit bien calibré et appliquez environ 800 à 1000 litres de bouillie à l’hectare lors des traitements d’éclaircissage, selon la dimension des arbres. Bien que les agents éclaircissants soient généralement compatibles avec les autres produits comme les fongicides, il est préférable de faire un traitement séparé, car les rangs ou les zones de l’arbre ciblés ne sont souvent pas les mêmes.
  • Fermez les buses inférieures du pulvérisateur. Les branches fruitières situées à la base du pommier sont naturellement faciles à éclaircir compte tenu du peu de lumière qu’elles reçoivent.
  • Surveillez votre concentration (!) : les doses recommandées ont été établies par les fabricants à partir de traitements dilués et sont généralement données en ppm. C’est pourquoi il est recommandé d’employer des quantités d’eau importantes. Il faut toutefois noter que les recommandations de l’État de New York mentionnent de maintenir les quantités d’ANA (FRUITONE-N, FRUIT FIX) à l’acre même si le volume d’eau utilisé est réduit (consultez le tableau plus bas). Donc, sous toute réserve, à essayer avec prudence sur une partie des superficies traitées, si vous avez habituellement des résultats décevants avec vos traitements plus concentrés (sur une base de ppm).

 

Trucs et mises en garde
  • Rappelez-vous que l’éclaircissage des fruits est aussi un art et que l’expérience des années compte pour mieux ajuster les types de traitements à effectuer en fonction des objectifs de qualité des fruits. Gardez des arbres témoins (non éclaircis) pour connaître l’effet réel du traitement. Il importe aussi de tenir un registre des conditions météorologiques pour chaque traitement d’éclaircissage : les journées précédentes, la journée du traitement ainsi que durant les cinq jours suivants. De cette façon, vous serez en mesure de développer votre propre expertise.
  • Le régulateur de croissance APOGEE favorise une nouaison accrue; s’il est employé, il faut augmenter d’environ un tiers la dose des produits utilisés en éclaircissage. Idéalement, ne pas utiliser d’ANA dans les quatre jours qui précèdent ou qui suivent un traitement avec APOGEE.
  • N’hésitez pas à consulter votre conseiller pomicole pour évaluer la stratégie la mieux adaptée à votre situation.

 

Quels sont les traitements suggérés?

Employez l’un ou l’autre des traitements suggérés dans le tableau ci-après. Comme il n’y a pas d’essais de traitements et de dosages au Québec, ce sont des doses suggérées plutôt que recommandées; vos décisions se prendront à la lumière de votre expérience et des recommandations de vos conseillers.

Utiliser la plus faible concentration lorsque les conditions sont favorables à une efficacité accrue du produit. L’ANA peut aussi causer une malformation passagère des feuilles lorsqu’appliqué en période de développement rapide du feuillage.

Traiter avec le bon produit en fonction du calibre des fruits à éclaircir; tous les produits ne travaillent pas de la même façon!

 

Utilisation limitée du carbaryl

Le carbaryl (mieux connu sous son nom commercial SEVIN) est utilisé depuis longtemps comme agent d’éclaircissage chimique. Bien que ce soit un insecticide, son absorption par les jeunes fruits a un certain effet phytotoxique qui élimine les plus faibles d’entre eux. Toutefois, c’est un insecticide à large spectre d’action qui réduit les populations de plusieurs espèces bénéfiques dans le verger, spécialement les acariens prédateurs, tels les phytoséiides. Son utilisation en PFI est peu souhaitable, et limitée comme suit :

  • Éviter l’application sur des cultivars qui s’éclaircissent bien avec l’utilisation d’autres produits. Par exemple sur McIntosh ou Cortland où l’éclaircissage avec l’ANA à dose faible ou modérée fonctionne bien.
  • Ne pas dépasser la dose recommandée pour l’éclaircissage (1 kg/ha de matière active ou moins, soit 2 L/ha ou moins dans le cas de SEVIN XLR). Des doses supérieures sont très toxiques aux espèces utiles du verger, et ne sont plus homologuées sur pommier depuis 2017.
  • Utiliser plus tôt en période d’éclaircissage (plus près du calice) alors que les prédateurs sont encore peu présents.
  • Traiter la moitié supérieure des pommiers seulement. Ceci évite d’arroser le sol et le bas de l’arbre, d’où certains prédateurs migreront. De fait, le bas de l’arbre s’éclaircit généralement de lui-même par manque de lumière.
  • Ne pas dépasser une application par saison dans un bloc ou un cultivar donné. Les cultivars d’été et certains cultivars très alternants, tels que la Honeycrisp, nécessitant deux applications, une première au stade calice et une seconde à l’atteinte d’un diamètre d’environ 8-10 mm, font exception à cette règle.
Éclaircissant1, 2 Matière active Fenêtre d’utilisation (en mm de calibre) Concentration Dose maximale à l’hectare
FRUITONE N (3,1 PS)3 acide napthyl-1-acétique (ANA) 5 à 15 mm 5 à 15 ppm4
SEVIN XLR (43 SL)5 carbaryl Calice à 12 mm 2 L
MAXCEL (1,9 L)6 6-benzyladénine 5 à 15 mm; 20 mm si 2e trt 75 à 200 ppm4 22 L/saison
CILIS PLUS (2,0 L)6 6-benzylaminopurine 5 à 10 mm 50 à 200 ppm4 21,3 L/saison
  1. Produits d’usage plus commun; d’autres produits, comme le thiosulfate d’ammonium (ATS), ACCEL, ETHREL et AMID-THIN peuvent être utilisés dans des conditions particulières.
  2. La concentration des ingrédients actifs (% ou g/L) et la formulation sont indiquées entre parenthèses. Formulations : L : liquide, PS : poudre soluble, SL : suspension liquide.
  3. Peut s’employer en mélange avec SEVIN, mais pas avec MAXCEL ni CILIS. De 5 à 20 ppm (5 à 20 g de matière active/1000 L) selon les cultivars et les conditions d’application. Volume minimal de 500 L/ha jusqu’à un maximum de 1000 L/ha. ATTENTION : 20 ppm est excessif dans la majorité des situations.
  4. 1 ppm = 1 g de matière active/1000 L d’eau.
  5. Peut être employé en mélange avec un des autres produits du tableau. 1 à 2 L dans 1000 L d’eau/ha (dose PFI).
  6. Ce produit peut contribuer au grossissement des fruits en favorisant la multiplication cellulaire. Pour ce faire, il faut l’utiliser lorsque les fruits sont encore petits. Produit particulièrement approprié pour des cultivars tels Gala ou Empire.

 

Éclaircissage manuel

Une fois les agents éclaircissants appliqués, il faut attendre la chute physiologique des fruits (fin juin à début juillet) pour évaluer les besoins d’éclaircissage manuel. L’éclaircissage manuel a pour but de contrôler la charge de récolte. Une charge trop élevée a des impacts négatifs sur la qualité des fruits et favorise l’alternance de production. Tel que mentionné dans la fiche 117, une charge trop élevée a également un impact sur la maturité et la chute des fruits à la récolte.

Des expériences menées au Québec avec le cultivar Honeycrisp nous ont permis de mesurer les impacts de différentes charges de récolte sur plusieurs facteurs qui caractérisent la qualité des fruits. Les figures suivantes illustrent les résultats de ces études.

Influence de la charge de récolte sur le pourcentage de coloration des pommes Honeycrisp sur porte-greffe B.9 (S. Mantha).

influence de la charge sur la coloration (graphique)

Influence de la charge de récolte sur le calibre des pommes Honeycrisp sur porte-greffe B.9 (S. Mantha).

influence de la charge sur le calibre (graphique)

Influence de la charge de récolte sur la pression, le Brix (%) et le stade amidon* des pommes Honeycrisp sur porte-greffe B.9 à la récolte (S. Mantha).

influence de la charge sur la pression, le taux de Brix et le stade amidon (graphique)

* Selon la charte Évaluer la maturité des pommes – Test de l’amidon du CRAAQ.

Il est donc important de bien contrôler la charge de récolte afin de maximiser la qualité des fruits. Cette opération est surtout nécessaire sur les cultivars dont l’alternance est marquée. Toutefois, elle permet d’améliorer grandement la qualité des fruits sur l’ensemble des cultivars, tel que l’illustrent les photographies et l’explication qui suivent.

pommier non éclairci manuellement

Honeycrisp/B.9 non éclairci manuellement.

Comment éclaircir manuellement et combien de fruits faut-il enlever?

La bonne vieille méthode consiste à laisser un fruit par bouquet quand les fruits ont atteint environ 25 mm de diamètre. Cette méthode manque cependant de précision et dans le cas de nouveaux cultivars, tels que la Honeycrisp, laisse encore un trop grand nombre de fruits sur l’arbre, ne permettant pas d’obtenir les standards de qualité désirés. Ainsi deux autres méthodes sont actuellement proposées aux pomiculteurs pour leur permettre de produire le plus belles pommes : le Trunk Cross-sectional Area (TCA) et le gabarit Équilifruit.

TCA

TCA = (Diamètre du tronc / 2)2 × 3,1416
Nombre de fruits = TCA × ratio souhaité

La première méthode proposée est celle du TCA, basée sur le nombre de fruits à laisser en fonction de la vigueur de l’arbre. Tel qu’illustré à la figure ci-haut, le TCA est obtenu en mesurant le diamètre du tronc à 30 cm du sol et par calcul à l’aide de la formule mathématique énoncée dans la même figure. Le nombre de fruits à laisser sur l’arbre après éclaircissage est obtenu en multipliant le TCA par le ratio nombre de fruits/TCA désiré. Ce ratio varie en fonction du cultivar : un ratio de 4 à 6 fruits/cm2 est recommandé pour les variétés alternantes, tels que la Honeycrisp, et de 6 à 9 fruits/cm2 pour les variétés non alternantes, tels que la McIntosh. Il existe également un gabarit développé par l’Université Cornell qui permet d’obtenir directement le nombre de fruits à laisser en mesurant le tronc de l’arbre. Cette méthode est assez précise mais laborieuse et peu applicable en verger commercial.

gabarit Équilifruit

La deuxième méthode est l’utilisation du gabarit Équilifruit (figure ci-haut) développé par le groupe MAFCOT en France. Ce gabarit qui est plus convivial, est déjà utilisé par plusieurs pomiculteurs du Québec. Le gabarit permet de mesurer l’aire des branches fruitières et d’y associer un nombre de fruits à conserver après éclaircissage manuel. Ce nombre de fruits est fonction d’un ratio de fruits/cm2 de branches fruitières particulier à chaque cultivar. Le ratio varie de 3 fruits/cm2 de branches fruitières pour les cultivars alternants, tels que la Honeycrisp, jusqu’à 6 fruits/cm2 de branches fruitières pour les cultivars non alternants, tels que la McIntosh.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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Fiche 44

Gérald Chouinard, Yvon Morin, Robert Maheux, Sylvie Bellerose, Francine Pelletier et Maude Lachapelle

 

Les produits phytosanitaires regroupent les pesticides et les autres produits qui peuvent être appliqués sur la culture afin de la protéger. Les pesticides sont des intrants utilisables en PFI, à condition de respecter les deux conditions suivantes :

  • Les utiliser au minimum et favoriser les produits à faible impact (produits « verts »).
  • Respecter les conditions nécessaires à une utilisation sécuritaire et soucieuse de l’environnement.

La présente fiche vous aidera à respecter ces deux conditions. Référez-vous également aux méthodes de lutte (fiches 66 à 116 pour des recommandations adaptées à une problématique particulière.

 

Les différents types de pesticides

Les pesticides utilisables en PFI sont les suivants :

Type de pesticide Organisme visé
Acaricide acariens (tétranyques et ériophyides)
Aphicide pucerons
Bactéricide (antibiotique) bactéries
Fongicide champignons (tavelure, etc.)
Herbicide végétaux
Insecticide insectes
Nématicide nématodes
Rodenticide rongeurs

 

Formulation

La formulation commerciale d’un pesticide est composée d’une ou de plusieurs matières actives auxquelles sont ajoutées d’autres produits qualifiés d’inertes ou d’adjuvants. Ces produits influencent grandement l’efficacité de l’application, notamment en améliorant la stabilité physique ou chimique de la bouillie.

Voici quelques exemples de produits utilisés en tant qu’adjuvants :

Les solvants (distillats de pétrole tels naphta, xylènes, alcools et glycols)
Ils dissolvent la matière active dans les formulations liquides telles les émulsions concentrées (EC), les solutions (SN) et les suspensions concentrées (SC). En raison de la toxicité des solvants, tout produit contenant plus de 10 % de distillats de pétrole est automatiquement considéré comme un poison, qu’il contienne ou non un pesticide. Tout comme l’huile minérale, les émulsions concentrées de solvants peuvent entrainer des problèmes de phytotoxicité si elles ne sont pas appliquées selon les recommandations.

Les stabilisants (tampons pH, antioxydants)
Ils limitent la dégradation de la matière active pouvant être provoquée par les acides, les bases, la lumière ou tout autre agent susceptible d’être présent dans le produit, la bouillie ou l’environnement.

Les tensioactifs (émulsifiants, surfactants, mouillants)
Ceux-ci diminuent la tension superficielle de l’eau, améliorant ainsi :

  • l’étalement de la bouillie sur la plante et sur les ravageurs;
  • l’adhérence sur les parties traitées;
  • la résistance au lessivage.
Les agents anti-moussants

Ils réduisent la formation de mousse créée lors de l’agitation par la présence d’agents tensioactifs.

 

Classification des pesticides selon leur formulation

Les principales formulations utilisables en PFI sont présentées au tableau suivant (avec l’abréviation équivalente en anglais); toutefois de nouvelles formulations apparaissent rapidement sur le marché et cette liste n’est pas exhaustive.

Formulation liquides
 CE Concentré émulsifiable  EC  Emulsifiable concentrate
CS Concentré soluble dans l’eau WS Water soluble concentrate
SU
SC
Suspension
Suspension concentrée
(ou Concentrée en suspension)
SU
SCF
Suspension
Suspension concentrate
(ou sprayable concentrate)
Flowable
L Liquide L Liquid
S Solution S Solution
Formulations solides
PM Poudre mouillable WP Wettable powder
PS Poudre soluble SP Soluble powder
G Granules GR Granular
PF
GD
GM
Pâte fluide
Granulés dispersables
Granulés mouillables
DF
WD/WDG
WG
Dry flowable
Water dispersible granules
Wettable granules
GS Granules solubles SG Soluble granules
SS Sachets solubles SP Soluble Packet, Instapak, Solupak

 

Dans le cas des formulations solides, la concentration est normalement exprimée en pourcentage, comme dans l’exemple suivant : IMIDAN 80 W = 80 % de matière active (phosmet).

Dans le cas des formulations liquides, la concentration est généralement indiquée en grammes de matière active par litre de formulation, comme dans l’exemple suivant : MATADOR 120 EC = 120 g de lambda-cyhalothrine par litre de produit.

Des exceptions confirment cependant la règle (par exemple, DECIS 5 EC = 5,0 % de matière active). Il faut donc lire attentivement l’étiquette pour connaitre la concentration d’un produit avec lequel on n’est pas familier.

 

Activité systémique (totale ou translaminaire)

Un pesticide systémique pénètre dans la plante et est véhiculé à l’intérieur de celle-ci. Il protège ainsi les parties de la plante qui n’ont pas été touchées par la pulvérisation. En plus d’être moins sujets au lessivage, les produits systémiques possèdent habituellement une activité résiduelle plus longue. Une activité systémique totale implique un déplacement des pesticides systémiques autant vers le haut que vers le bas de la plante. Un pesticide translaminaire est absorbé localement et transporté à travers la feuille, du dessus au dessous (et vice-versa).

Pour maximiser l’efficacité de ces pesticides, il faut favoriser leur absorption par le pommier. Il est donc recommandé de les appliquer lorsque le temps est chaud et humide, par exemple le matin ou le soir, plutôt qu’en plein soleil ou par temps venteux et sec. Plusieurs insecticides et acaricides homologués en vergers ont une action systémique locale. Pour de plus amples informations, consultez le tableau ci-après de même que les étiquettes des produits.

 

Résistance au lessivage par la pluie

La plupart des nouveaux insecticides et acaricides utilisés en pomiculture sont formulés pour résister au délavage causé par la pluie après un traitement. Mais combien de millimètres de pluie sont nécessaires pour faire en sorte que le traitement ne soit plus efficace? La réponse dépend bien sûr de la résistance au délavage du produit (tableau ci-après), mais aussi de l’espèce et du stade visé (œuf, larve, adulte) et de la partie du pommier (feuille, fruit ou bois) occupée par le ravageur.

Ainsi, un insecte immature et sensible à un insecticide donné ne requerra que très peu de résidus laissés par la pluie pour être efficacement contrôlé. Par contre, si cet insecte atteint un stade plus avancé et qu’il se niche à l’intérieur d’un groupe de feuilles enroulées, il risque de ne plus être affecté par des résidus délavés par la pluie.

Le tableau suivant adapté du Michigan Fruit Management Guide présente la résistance au lessivage des principales familles d’insecticides. C’est un outil de plus pour vous aider à prendre une décision éclairée en matière de PFI dans votre verger, de concert avec vos données de dépistage et l’historique des ravageurs dans vos pommiers. À noter que pour les produits systémiques, les résidus absorbés dans les tissus ne peuvent être lessivés et que les cotes ne valent que pour la portion non-absorbée des produits.

Précipitations cumulées : ≤12,5 mm ≤25 mm ≤50 mm
Fruits Feuilles Fruits Feuilles Fruits Feuilles
Organophosphorés * ** * ** * *
Pyréthrinoïdes ** ** * ** * *
Carbamates ** ** * ** * *
Régulateurs de croissance2 ** *** ** ** ND ND
Néonicotinoïdes1 ** *** * * * *
Spinosynes2 *** *** *** ** ** *
Diamides1 *** *** *** ** ** *
Avermectines1 ** *** * ** * *

***  Très résistant au délavage : moins de 30 % des résidus lavés.
**  Résistant au délavage : moins de 50 % des résidus lavés.
*  Faible résistance au délavage : au moins 70 % des résidus lavés.
ND  données non-disponibles.
1  Familles de produits comportant principalement des insecticides à action systémique translaminaire.ALTACOR est un diamide.
2  Familles de produits comportant quelques insecticides à action systémique translaminaire.

 

Photosensibilité

Pour compter sur un contrôle résiduel des insectes de la part des matières actives, il ne faut pas oublier que certaines matières actives comme le Bt (DIPEL, FORAY, BIOPROTEC) ou le spinosad (SUCCESS) se décomposent plus rapidement lors de journées ensoleillées que lors de journées nuageuses. Consultez les étiquettes pour connaître la photosensibilité des produits.

 

Caractéristiques des principales familles d’insecticides et d’acaricides

Carbamates : Les carbamates agissent sur le système nerveux des insectes en inhibant l’acétylcholinestérase, une importante enzyme impliquée dans le fonctionnement des systèmes nerveux et musculaire. Cette action provoque une paralysie de l’influx nerveux, la contraction involontaire et répétée des muscles puis la mort des insectes sensibles. Comme le système enzymatique des insectes est activé par la température, ces produits sont plus efficaces lorsque la température est suffisamment élevée lors de l’application (minimum 15 °C, préférablement au-dessus de 20 °C). En général, ils sont peu compatibles avec la PFI (ex. : SEVIN).

Insecticides microbiens : Ce type de pesticide est particulier puisque son ingrédient actif est un micro-organisme (bactérie, champignon, virus, etc.) ou il est produit par celui-ci. Les insecticides microbiens font partie des biopesticides, parmi lesquels se retrouvent des agents de lutte contre les insectes, les maladies et les mauvaises herbes (ex. : BIOPROTEC, DIPEL, VIROSOFT).

Néonicotinoïdes : Ces insecticides agissent sur le système nerveux central des insectes. Les insectes cessent alors de s’alimenter et sont paralysés; ils meurent de faim ou de déshydratation ou sont victimes de prédateurs. Ce sont des produits à action systémique locale (translaminaire). Ils sont généralement très toxiques pour les abeilles (ex. : ACTARA, ASSAIL, ADMIRE, CALYPSO, CLUTCH).

Organophosphorés : Tout comme les carbamates, les organophosphorés agissent sur le système nerveux des insectes en inhibant l’acétylcholinestérase. Ces produits sont donc plus efficaces lorsque la température est suffisamment élevée lors de l’application (minimum 15 °C, préférablement au-dessus de 20 °C). Ces produits agissent principalement par contact direct de la bouillie sur l’insecte lors de l’application ou par ingestion de résidus laissés à la surface des feuilles et des fruits. Ils sont peu compatibles avec la production fruitière intégrée, sauf certaines exceptions (ex. : IMIDAN).

Huiles : Ces produits d’origine minérale ou végétale agissent par contact physique et provoquent l’asphyxie des œufs d’insectes et acariens (plus particulièrement le tétranyque rouge) ou encore le ramollissement de l’enveloppe externe chez les insectes à cuticule cireuse (cochenille) (ex. : HUILE SUPÉRIEURE, HUILE D’ÉTÉ).

Pyréthrinoïdes de synthèse : Les pyréthrinoïdes sont des insecticides de synthèse apparentés à un insecticide naturel appelé pyréthrine. Bien que leur mode d’action ne soit pas tout à fait élucidé, il est connu qu’elles agissent sur le système nerveux en paralysant l’insecte, à la façon des organochlorés. Elles agissent principalement par contact et ingestion. Elles ne sont pas dégradées par la lumière et demeurent donc efficaces sur le feuillage pendant une période prolongée (3-4 semaines). Les pyréthrinoïdes utilisées dans les vergers ne doivent pas être appliquées lorsque la température est supérieure à 25 °C. Elles sont toutes très toxiques pour les poissons et pour plusieurs insectes et acariens utiles, et pour cette raison, leur utilisation n’est pas recommandée après la floraison (ex. : DECIS, MATADOR, SILENCER).

Régulateurs de croissance des insectes : Ce groupe de produits inclut différentes familles chimiques qui imitent l’hormone de mue (régulateurs) ou au contraire bloquent la mue (dérégulateurs) chez les insectes. Les larves exposées subissent une mue incomplète ou cessent de se nourrir, puis meurent dans les jours suivants. Certains de ces produits peuvent également avoir un effet sur les œufs (voir par exemple la fiche 76 (ex. : CONFIRM, INTREPID, RIMON).

Spinosynes : Cette famille de produits agit au niveau des récepteurs nicotiniques qui transmettent les messages au système nerveux des insectes. Elle agit par contact et par ingestion (ex. : SUCCESS, ENTRUST, DELEGATE, GF-120).

Autres familles : Les nouveaux insecticides appartiennent souvent à des familles chimiques particulières. Les propriétés de ces familles sont souvent uniques. Afin d’en savoir plus à ce sujet, consultez la fiche 46. Parmi les familles particulières se retrouvent les avermectines (ex. : AGRI-MEK), les acides tétramiques (ex. : ENVIDOR, MOVENTO), les carbazates (ex. : ACRAMITE), les tétrazines (ex. : APOLLO), les diamides (ex. : ALTACOR), les carbinols, les nicotinamides (ex. : BELEAF), les quinolines (ex. : KANEMITE) et plusieurs autres.

Caractéristiques des principales familles de fongicides

Les familles de fongicides sont décrites aux côtés des formulations commerciales et des matières actives concernées, à la fiche 48.

 

Produits phytosanitaires autres que les pesticides

Tout produit commercial utilisé dans un but de protection doit être homologué au Canada pour que son utilisation soit permise. Ceci inclut donc non seulement les pesticides au sens strict, mais aussi, les savons, les huiles, les phéromones, les bactéries et micro-organismes bénéfiques pouvant avoir un effet protecteur. Pour fins de simplification, ces produits ont été inclus, en se basant sur leur efficacité principale, dans les descriptions figurant aux fiches 45 à 53.

Notez cependant qu’il existe tout de même de rares produits qui ne nécessitent ni homologation ni autre autorisation pour être appliqués en vergers, comme par exemple, les « macro-organismes » utiles présents naturellement dans la même zone écologique que celle dans laquelle se trouve votre verger. En pratique : coccinelles, nématodes, acariens prédateurs, trichogrammes, etc. décrits à la fiche 95.

 

Rationaliser l’usage des pesticides

Les pesticides peuvent apparaître comme des solutions à tous les problèmes, mais ils ont bien des inconvénients dont les producteurs, autant que les acheteurs de pommes, sont de plus en conscients. Avant de penser « pesticide », posez-vous toujours les questions suivantes :

  • Est-ce que la problématique a été bien mesurée? Est-ce qu’il y a un historique (antécédent) de dégâts?
  • Est-ce que les autres techniques (prévention, dépistage, action des espèces utiles, etc.) ont été utilisées pour régler le problème?
  • L’application d’un pesticide (ou l’utilisation d’autres méthodes) est-elle économiquement rentable?

Pour répondre à ces questions, particulièrement au sujet de la rentabilité, il faut évaluer le gain que le traitement devrait raisonnablement procurer et le comparer au coût du traitement envisagé. La comparaison n’est pas qu’une question de coût immédiat. Il faut également évaluer l’efficacité du pesticide contre le ravageur visé et ses effets possibles sur l’environnement et sur les espèces utiles à l’œuvre dans votre verger. La rentabilité réelle des pesticides n’est pas toujours aussi bonne qu’elle le semble à première vue. Tenez donc compte des facteurs suivants pour rationaliser leur utilisation :

Quantité :

Achetez des volumes qu’il vous sera possible d’entreposer dans votre local à pesticides selon les règles d’entreposage du Code de gestion des pesticides. Pour de plus amples informations, référez-vous à la fiche 12.

Eficacité principale et secondaire :

Consultez la fiche 47 et la fiche 48 et utilisez uniquement des produits homologués et recommandés contre les ravageurs de la pomme. Certains pesticides sont plus efficaces que d’autres contre un ravageur donné et pourront avoir une action secondaire intéressante pour votre situation.

Par exemple, une application de carbaryl (SEVIN) comme agent d’éclaircissage peut réprimer adéquatement la cicadelle blanche du pommier, alors que l’application d’un organophosphoré (comme IMIDAN) contre le charançon de la prune n’aura aucun effet sur la cicadelle.

Formulation :

Favorisez les granulés dispersibles (DG) aux poudres mouillables (WP) car ces dernières engendrent beaucoup de poussières toxiques lors de leur manipulation. Portez attention aux émulsions concentrées (EC) qui contiennent des solvants souvent toxiques et qui peuvent poser des problèmes d’incompatibilité lors des mélanges (voir la fiche 57). De plus, les EC doivent généralement être entreposées à l’abri du gel.

Indice d’impact :

Évaluez l’impact potentiel de chaque application prévue. Cet impact peut être évalué selon trois indices :

  • l’IRS (Indice de risque pour la santé)
  • l’IRE (Indice de risque pour l’environnement)
  • l’IRB (Indice de risque pour la faune bénéfique)

Les deux premiers indices font partie de l’IRPeQ (Indicateur de risque des pesticides du Québec, Samuel et al., 2007) et le troisième a été développé par l’IRDA (Chouinard et Bellerose, 2011) pour les fins du programme de PFI. Les valeurs de ces indices, pour des applications à la dose maximale homologuée en pomiculture, sont aux tableaux de la fiche 47 et de la fiche 48.

Dans l’exemple ci-haut d’une application de SEVIN comme agent d’éclaircissage, l’examen des cotes d’impact révèle que ce produit a un IRB très élevé, donc un impact négatif important sur la faune auxiliaire (abeilles, prédateurs d’acariens et de pucerons, parasites de mineuses, de tordeuses et de pucerons). Cet effet secondaire indésirable peut être évité par l’utilisation d’un autre agent d’éclaircissage, lorsque disponible pour le cultivar concerné.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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Fiche 45

Gérald Chouinard, Yvon Morin, Robert Maheux, Sylvie Bellerose et Maude Lachapelle

 

Cette fiche présente une description sommaire et une liste non exhaustive des acaricides homologués pour les vergers de pommiers au Canada pour l’année 2024. À chaque début de saison, le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) du pommier effectue une mise à jour de cette liste et diffuse les ajouts et retraits par le biais de communiqués. Consultez la fiche 9 pour en savoir plus sur le RAP.

NOTE : Pour une information complète et à jour sur les pesticides, visitez le service en ligne d’information sur les pesticides du gouvernement du Québec (http://www.sagepesticides.qc.ca/) et du Canada (http://pr-rp.hc-sc.gc.ca/ls-re/index-fra.php).

ATTENTION : Bien qu’homologués au Canada, les produits mentionnés ne sont pas nécessairement disponibles partout au pays, et ils ne sont pas nécessairement permis aux États-Unis ou ailleurs dans le monde. Avant d’en faire l’utilisation, il importe donc de vérifier les conséquences possibles de leur utilisation si la récolte doit être exportée.

(Cliquez ici pour télécharger le tableau complet)

(version pdf disponible ici)

 

  1. Les groupes chimiques indiqués correspondent à la classification retenue par l’Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire (ARLA) ainsi que par les comités suivants : Fungicide Resistance Action Committee (FRAC), Insecticide Resistance Action Committee (IRAC) et Herbicide Resistance Action Committee (HRAC). Ils sont basés sur les sites ou les principaux modes d’action des différentes matières actives.
  2.  Familles chimiques : ACE : acéquinocyl; AG : acides gras; AVE : avermectines; BEN : benzoylacétonitriles; BIF : bifénazates ; CAR: carbamates; DAT : dérivés acide tétronique; HC : hydrocarbures; HUI : huiles; INO : substances inorganiques; NC: non classé; PYR : pyréthrinoïdes; PYRI : pyridazinones; TET : tetrazines.
  3. Types de pesticide : A : acaricide; IN : insecticide, F : fongicides.
  4. Bien qu’homologués au Canada, ces produits ne sont pas tous nécessairement disponibles au Québec. * En fin d’homologation.
  5. La limite maximale de résidus (LMR) permise sur les pommes récoltées est définie par chaque pays : celle indiquée ici n’est valable qu’au Canada et est fixée par Santé Canada en vertu de la Loi sur les produits antiparasitaires. *En l’absence de LMR spécifiques pour un produit antiparasitaire, on utilise le seuil de 0,1 ppm.
  6. Délais d’attente avant récolte : S/O : sans objet. 1 : ce produit ne peut être appliqué sur des arbres en production.
  7. Les délais de réentrée présentés proviennent des étiquettes lorsque disponibles ou des recommandations utilisées dans SAgE pesticicides (INSPQ). Ils peuvent varier selon la culture et la tâche à accomplir. 1 Éclaircissage manuel; 2 Irrigation manuelle; 3 Dépendemmant de l’équipement de protection; 4 Taille manuelle, dépistage, tuteurage
    * Ne pas réentrer au champ avant que les résidus du produit ne soient secs. Délai provisoire établi par l’INSPQ.
    **Délai provisoire établi par l’INSPQ sur la base des caractéristiques toxicologiques du produit.
  8. Les zones tampons indiquées correspondent aux distances d’éloignement à respecter, telles que spécifiées sur l’étiquette, pour protéger les habitats aquatiques d’eau douce (lacs, rivières, bourbiers, étangs, ruisseaux, marais, réservoirs et autres milieux humides). Elles peuvent varier selon la culture, la profondeur de l’habitat aquatique et le stade de développement de la culture. Si non spécifié sur l’étiquette, les distances minimales de tous plans d’eau ou cours d’eau à respecter en vertu du Code de gestion des pesticides sont : 1 m (aire totale d’écoulement ≤ 2 m2) ou 3 m (aire totale d’écoulement > 2 m2.
  9.  Les indices de risques ont été calculés en considérant la dose maximale permise par l’étiquette (une valeur élevée indique un risque élevé) :
    IRE : Indice de risque pour l’environnement calculé par l’indicateur de risque des pesticides du Québec (IRPeQ) accessible à www.irpeqexpress.qc.ca.
    IRS : Indice de risque pour la santé calculé par l’IRPeQ accessible à www.irpeqexpress.qc.ca.
    IRB : Indice de risque pour les insectes bénéfiques du verger calculé à partir d’une base de données maintenue à jour par le Réseau-pommier du Québec.
    Cette base de données intègre des informations provenant d’organisations gouvernementales canadiennes et américaines de R&D en pomiculture, de l’Organisation Internationale de Lutte Biologique ainsi que les observations des membres du Réseau-pommier.
  10.  Le nombre maximum d’application par saison peut varier selon le ravageur visé ou la densité de plantation.

ACRAMITE (bifénazate) : Cet acaricide sélectif de synthèse de la famille des carbazates agit rapidement par contact et possède une bonne activité résiduelle. Il n’est pas systémique. Une excellente couverture est requise et il faut ajuster le volume de bouillie selon le gabarit des arbres. Il ne présente pas de risque de résistance croisée avec les autre acaricides. Un adjuvant peut être ajouté pour améliorer la qualité de la pulvérisation selon les indications sur l’étiquette.

AGRI-MEK (abamectine) : Cet acaricide sélectif naturel de la famille des avermectines dérivé de la fermentation de la bactérie Streptomycines avermitilis possède aussi des propriétés insecticides. Il agit surtout par ingestion, mais aussi par contact. Il possède une activité systémique locale (translaminaire) et une action persistante prolongée (de quatre à six semaines). Il est recommandé d’utiliser de l’huile horticole comme adjuvant, en respectant un délai de dix jours avant ou après un traitement avec un produit contenant du captane ou du soufre.

APOLLO SC (clofentézine) : Ce produit est un acaricide sélectif de synthèse de la famille des tétrazines. Il agit principalement par contact sur les œufs et sur les larves. Il possède une activité systémique locale (translaminaire) et une action persistante prolongée. Cet acaricide a une certaine efficacité contre les stades immatures, mais est inefficace contre les adultes. Il agit moins rapidement que la plupart des acaricides : attendre deux à trois semaines avant de vérifier l’efficacité du traitement.

ENVIDOR (spirodiclofène) : Ce produit est un acaricide sélectif de synthèse de la famille des dérivés de l’acide tétronique. Il agit par contact sur tous les stades de développement incluant les œufs et les femelles adultes. Il n’est pas systémique mais il se fixe à la cuticule des feuilles ce qui lui confère une activité résiduelle de plusieurs semaines. Il n’est pas recommandé de le mélanger avec des adjuvants ou des produits qui en contiennent.

HUILE SUPÉRIEURE 70S : Cet acaricide et insecticide minéral à large spectre agit par contact physique (asphyxie) sur les œufs d’acariens et de plusieurs insectes. Lorsqu’appliqué au printemps avant l’éclosion des œufs du tétranyque rouge, ce produit constitue une excellente façon de prévenir leur multiplication. Il ne favorise pas le développement de la résistance chez les insectes et acariens. ATTENTION : éviter d’appliquer des produits contenant du captane, ou du soufre dans les 10-14 jours précédant ou suivant une application d’huile. Dans le cas des cultivars Empire et Délicieuse rouge, toute période de gel moins de 48 heures avant ou après une application risque également de causer des problèmes de phytotoxicité. Ce produit est admissible en production biologique.

HUILE DE PULVÉRISATION 13E : Cet acaricide et insecticide minéral à large spectre peut être utilisé comme huile de dormance, mais contrairement aux autres huiles, il peut aussi être appliqué l’été. Pour les traitements d’été, il faut l’appliquer sur les acariens à partir du stade calice et répéter aux 10 à 14 jours au besoin (trois applications annuelles sont recommandées). Il est important de surveiller la phytotoxicité en évitant d’appliquer, dans les 14 jours précédant ou suivant son utilisation, des produits contenant du captane ou du soufre. Éviter également de l’utiliser lors des conditions de sécheresse ou dans les 48 heures suivant une période de gel. Ce produit est admissible en production biologique.

KANEMITE (acéquinocyl) : Ce produit est un acaricide sélectif de synthèse de la famille des quinolines. Le produit agit principalement par contact, mais aussi par ingestion. Sa persistance d’action est modérée (environ trois semaines). Son mode d’action étant similaire à celui de l’acaricide NEXTER (pyridabène), il est recommandé de limiter l’application de ces deux produits à un traitement par saison afin d’éviter l’apparition de résistance croisée.

NEXTER (pyridabène) : Ce produit est un acaricide sélectif de synthèse de la famille des pyridazinones. Il agit par contact et offre un effet résiduel de quatre à sept semaines. Une excellente couverture est requise pour assurer l’efficacité du produit. Son mode d’action étant similaire à celui de l’acaricide KANEMITE (acéquinocyl), il est recommandé de limiter l’application de ces deux produits à un traitement par saison afin d’éviter l’apparition de résistance croisée.

NEALTA (cyflumetofen) : Ce produit est un acaricide sélectif de synthèse de la famille des benzoylacétonitriles. Il agit par contact et possède une bonne efficacité sur tous les stades (oeufs et formes mobiles) des tétranyques mais pas sur les autres acariens nuisibles (ex. ériophyides) ou utiles (ex. phytoséides et stigmaéides).

SAFER’S (sels de potassium d’acides gras) : Cet insecticide-acaricide naturel agit de manière sélective envers certains insectes à corps mou (pucerons, cochenilles) et envers les acariens. Il agit sur les œufs, les larves et les adultes par contact direct avec la solution liquide. Les résidus sont sans effet une fois séchés. Il peut causer de la roussissure sur fruits lorsqu’appliqué en solution diluée. Comme il s’agit d’un savon, l’agitation constante dans le réservoir est déconseillée car elle peut causer une mousse abondante et l’utilisation d’un agent anti-mousse est recommandée. Ce produit est admissible en production biologique.

SURROUND (kaolin) : un agent de lutte minéral non toxique à base d’argile, agissant comme une barrière physique sur les fruits pour aider à réduire les dommages causés par les insectes, mais ayant aussi un certain effet acaricide (principalement les stades immatures). Un lavage des fruits à la récolte peut être nécessaire afin d’éliminer les résidus blanchâtres. Ce produit est admissible en production biologique. Voir aussi la description du SURROUND à la fiche 46.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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Fiche 46

Gérald Chouinard, Yvon Morin, Robert Maheux, Sylvie Bellerose et Maude Lachapelle

 

Cette fiche présente une description sommaire et une liste non exhaustive des insecticides homologués pour les vergers de pommiers au Canada pour l’année 2024. À chaque début de saison, le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) du pommier effectue une mise à jour de cette liste et diffuse les ajouts et retraits par le biais de communiqués. Consultez la fiche 9 pour en savoir plus sur le RAP.

NOTE : Pour une information complète et à jour sur les pesticides, visitez le service en ligne d’information sur les pesticides du gouvernement du Québec (http://www.sagepesticides.qc.ca) et du Canada (http://pr-rp.hc-sc.gc.ca/ls-re/index-fra.php).

ATTENTION : Bien qu’homologués au Canada, les produits mentionnés ne sont pas nécessairement disponibles partout au pays, et ils ne sont pas nécessairement permis aux États-Unis ou ailleurs dans le monde. Avant d’en faire l’utilisation, il importe donc de vérifier les conséquences possibles de leur utilisation si la récolte doit être exportée.

(Cliquez ici pour télécharger le tableau complet)

(version pdf disponible ici)

 

  1. Les groupes chimiques indiqués correspondent à la classification retenue par l’Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire (ARLA) ainsi que par les comités suivants : Fungicide Resistance Action Committee (FRAC), Insecticide Resistance Action Committee (IRAC) et Herbicide Resistance Action Committee (HRAC). Ils sont basés sur les sites ou les principaux modes d’action des différentes matières actives.
  2.  Familles chimiques : AVE : avermectines; BEN : benzoylurées; BUT: Buténolides; CAR : carbamates; DAT : dérivés acide tétronique; DIA : diacylhydrazines; DIAM: diamides; FLO: flonicamides; HC : hydrocarbures; HUI : huiles; INO : substances inorganiques; MIC : pesticides microbiens; NEO : néonicotinoïdes; OP : organophosphorés; PHE : phéromones; PYR : pyréthrinoïdes; PYRO : pyropènes; SPI : spinosynes; SUL : sulfoximines ; NC : non classés.
  3. Types de pesticide : A : acaricide; IN : insecticide; FU : fumigant.
  4. Bien qu’homologués au Canada, ces produits ne sont pas tous nécessairement disponibles au Québec. * En fin d’homologation
  5. La limite maximale de résidus (LMR) permise sur les pommes récoltées est définie par chaque pays : celle indiquée ici n’est valable qu’au Canada et est fixée par Santé Canada en vertu de la Loi sur les produits antiparasitaires. *En l’absence de LMR spécifiques pour un produit antiparasitaire, on utilise le seuil de 0,1 ppm.
  6. Délais d’attente avant récolte : S/O : sans objet. 1 : ce produit ne peut être appliqué sur des arbres en production.
  7. Les délais de réentrée présentés proviennent des étiquettes lorsque disponibles ou des recommandations utilisées dans SAgE pesticicides (INSPQ). Ils peuvent varier selon la culture et la tâche à accomplir. 1 Éclaircissage manuel; 2 Irrigation manuelle; 3 Dépendemmant de l’équipement de protection; 4 Taille manuelle, dépistage, tuteurage; 5 Récolte à la main
    * Ne pas réentrer au champ avant que les résidus du produit ne soient secs. Délai provisoire établi par l’INSPQ.
    **Délai provisoire établi par l’INSPQ sur la base des caractéristiques toxicologiques du produit.
  8. Les zones tampons indiquées correspondent aux distances d’éloignement à respecter, telles que spécifiées sur l’étiquette, pour protéger les habitats aquatiques d’eau douce (lacs, rivières, bourbiers, étangs, ruisseaux, marais, réservoirs et autres milieux humides). Elles peuvent varier selon la culture, la profondeur de l’habitat aquatique et le stade de développement de la culture. Si non spécifié sur l’étiquette, les distances minimales de tous plans d’eau ou cours d’eau à respecter en vertu du Code de gestion des pesticides sont : 1 m (si aire totale d’écoulement ≤ 2 m2) ou 3 m (aire totale d’écoulement > 2 m2).
  9. Les indices de risques ont été calculés en considérant la dose maximale permise par l’étiquette (une valeur élevée indique un risque élevé) :
    IRE : Indice de risque pour l’environnement calculé par l’indicateur de risque des pesticides du Québec (IRPeQ) accessible à www.irpeqexpress.qc.ca.
    IRS : Indice de risque pour la santé calculé par l’IRPeQ accessible à www.irpeqexpress.qc.ca.
    IRB : Indice de risque pour les insectes bénéfiques du verger calculé à partir d’une base de données maintenue à jour par le Réseau-pommier du Québec.
    Cette base de données intègre des informations provenant d’organisations gouvernementales canadiennes et américaines de R&D en pomiculture, de l’Organisation Internationale de Lutte Biologique ainsi que les observations des membres du Réseau-pommier.
  10. Le nombre maximum d’application par saison peut varier selon le ravageur visé ou la densité de plantation.

 

AGRI-MEK (abamectine): voir à la fiche 45.

ALTACOR (chlorantraniliprole) : Ce produit est un insecticide de synthèse à large spectre de la famille des diamides. Cet insecticide agit surtout par ingestion et par contact et est véhiculé dans la plante de façon systémique locale (translaminaire). Il possède une action ovicide et larvicide contre différents lépidoptères (principalement larvicide dans le cas du carpocapse de la pomme). Il est recommandé d’appliquer le produit lors de conditions favorisant l’absorption du produit (séchage lent). L’utilisation d’un adjuvant n’est pas recommandée si l’application est effectuée dans les 60 jours précédant la récolte.

AMBUSH  (perméthrine) : Cet insecticide de synthèse à large spectre est un produit de la famille des pyréthrinoïdes. Il agit par contact et par ingestion et possède une action persistante prolongée (deux à trois semaines). Il est nuisible pour plusieurs espèces d’insectes et d’acariens utiles et favorise la multiplication des acariens phytophages. Ce produit (la perméthrine) n’est pas compatible avec la PFI.

ASSAIL 70WP (acétamipride) : Ce produit est un insecticide de synthèse à large spectre de la famille des néonicotinoïdes, à activité systémique locale (translaminaire). Il agit principalement par ingestion. Il est recommandé de l’appliquer lors de conditions favorisant l’absorption du produit (séchage lent). Une phytotoxicité est observée lorsqu’utilisé avec AGRAL comme adjuvant.

BELEAF 50SG (flonicamide) : Cet insecticide sélectif de synthèse est de la famille des nicotinamides. Il a une action systémique locale (translaminaire). Il peut protéger les nouveaux tissus jusqu’à trois semaines après l’application. Il agit par contact et par ingestion sur les divers types de pucerons.

CALYPSO (thiaclopride) : Cet insecticide de synthèse à large spectre fait partie de la famille des néonicotinoïdes. Il agit par contact et par ingestion. Il possède une activité systémique locale (translaminaire). Ce produit ne peut pas être mélangé avec le fongicide ALIETTE (fosétyl-aluminium).

CLOSER (sulfoxaflor) : Cet insecticide de synthèse sélectif est de la famille des néonicotinoïdes. Il agit par contact et par ingestion. Il possède une activité systémique locale (translaminaire) et une persistance modérée (une à deux semaines).

CONFIRM 240F (tébufénozide) : Ce produit est un insecticide sélectif de synthèse du groupe des régulateurs de croissance des insectes, qui agit en provoquant une mue prématurée des insectes. Il possède une action spécifique sur les larves de lépidoptères (chenilles). Il agit par ingestion et il doit être consommé par les larves pour être efficace.

DECIS  (deltamétrine) : Cet insecticide de synthèse à large spectre fait partie de la famille des pyréthrinoïdes. Il agit par contact et par ingestion. Il est nocif pour plusieurs espèces d’insectes et d’acariens prédateurs et favorise la multiplication des acariens phytophages. Il est recommandé de ne pas utiliser de pyréthrinoïdes après la foraison pour protéger la faune auxiliaire.

DELEGATE (spinetoram) : Ce produit est un insecticide à large spectre de la famille des spinosynes, dérivé d’un produit de fermentation d’une bactérie (Saccharopolyspora spinosa). Apparenté au spinosad (SUCCESS), il est cependant efficace contre un plus grand nombre de ravageurs et est moins photosensible. Il agit par ingestion et par contact. Pour obtenir un contrôle efficace, il doit être ingéré par les larves visées. Il possède une activité systémique locale (translaminaire). Il est recommandé d’éviter de le mélanger avec des produits qui élèvent le pH de la bouillie (ex. : calcium).

DIPEL WP, BIOPROTEC CAF, FORAY 48B (Bacillus thuringiensis var. kurstaki) : Ces produits sont des insecticides naturels sélectifs, composés de bactéries entomopathogènes et de cristaux protéiques. Ils sont photosensibles et doivent être ingérés par les larves pour être efficaces. Ils possèdent une action spécifique sur les larves de lépidoptères (chenilles). Il est préférable de les appliquer par temps nuageux ou en soirée, et lors de conditions chaudes (plus de 10 °C la nuit ou plus de 18 °C le jour). Ces conditions sont propices à l’activité des larves et à l’efficacité des applications. Il n’est pas recommandé de mélanger ces produits avec du bore. Ils sont admissibles en production biologique.

ENTRUST 80W (spinosad) : voir SUCCESS.

GF-120 NF (spinosad 0,02 %) : Ce produit est un insecticide sélectif utilisé comme attracticide (appât toxique) pour la lutte contre la mouche de la pomme. Il s’applique sous forme ultra-concentrée (5-10 L de bouillie/ha) avec de grosses gouttelettes (> 5 mm) et une couverture uniforme n’est pas souhaitable. Il a un mode d’application garantissant la plus faible dérive et le plus faible impact sur l’environnement. Ce produit est admissible en production biologique.

HUILE SUPÉRIEURE (huile minérale) et HUILE DE PULVÉRISATION 13 E (huile minérale): voir à la fiche 45.

IMIDAN  (phosmet) : Cet insecticide de synthèse à large spectre fait partie de la famille des organophosphorés. Il agit principalement par contact mais également par ingestion et inhalation. Ce produit est un irritant pour les yeux.

INTREPID (méthoxyfénozide) : Cet insecticide sélectif de synthèse fait partie de la famille des régulateurs de croissance des insectes. Il agit par ingestion et possède une activité systémique locale (translaminaire). Il possède une action spécifique sur les larves de lépidoptères (chenilles) ainsi que sur les œufs. Une fois ingéré par la chenille, il provoque la mue, l’arrêt de la nutrition et la mort des larves à l’intérieur de deux à cinq jours. Une période de six heures de séchage est recommandée pour lui assurer une résistance au délavage.

ISOMATE CM/OFM TT (phéromone du carpocapse de la pomme, de la tordeuse orientale du pêcher et du petit carpocapse) : Ce produit n’est pas pulvérisé, il émane plutôt de diffuseurs qui doivent être installés, juste avant l’apparition des papillons, dans un faible nombre de pommiers répartis à l’intérieur du verger. La phéromone agit en empêchant l’accouplement des papillons listés à l’étiquette, prévenant ainsi l’apparition des larves causant les dommages. Ce produit ne possède pas d’effet toxique ni pour l’humain ni pour l’environnement et il est admissible en production biologique.

diffuseur de phéromones du carpocapse de la pomme

ISOMATE CM FLEX (phéromone du carpocapse de la pomme) : Tout comme le produit précédent, ce produit ne possède pas d’effet toxique et agit en empêchant l’accouplement des papillons, prévenant ainsi l’apparition des larves causant les dommages. Il est spécifique au carpocapse de la pomme et est admissible en production biologique.

ISOMATE OFM TT (phéromone de la tordeuse orientale du pêcher) : Tout comme le produit précédent, ce produit ne possède pas d’effet toxique et agit en empêchant l’accouplement des papillons, prévenant ainsi l’apparition des larves causant les dommages. Son action est spécifique à la tordeuse orientale du pêcher et il est admissible en production biologique.

ISOMATE CM/LR TT (phéromone du carpocapse de la pomme, de la tordeuse à bandes obliques, de la tordeuse trilignée et de la tordeuse européenne) : Tout comme le produit précédent, ce cocktail de phéromones ne possède pas d’effet toxique et agit en empêchant l’accouplement des papillons listés à l’étiquette, prévenant ainsi l’apparition des larves causant les dommages. Ce produit ne possède pas d’effet toxique ni pour l’humain ni pour l’environnement et il est admissible en production biologique.

ISOMATE DWB (phéromone de la sésie du cornouiller) : Tout comme le produit précédent, ce produit ne possède pas d’effet toxique et agit en empêchant l’accouplement des papillons, prévenant ainsi l’apparition des larves causant les dommages. Son action est spécifique à la sésie du cornouiller et il est admissible en production biologique.

MALATHION 85E (malathion) : Cet insecticide de synthèse à large spectre fait partie de la famille des organophosphorés. Il agit par contact, ingestion et inhalation. Ce produit est peu persistant sur le feuillage (moins d’une semaine).

MATADOR 120EC (lambda-cyhalothrine) : Cet insecticide de synthèse à large spectre fait partie de la famille des pyréthrinoïdes. Il agit par contact et par ingestion. Son action n’est pas systémique, mais persistante (trois à quatre semaines). Il est nuisible pour plusieurs espèces d’insectes et d’acariens utiles et favorise la multiplication des acariens phytophages. Il est recommandé de ne pas utiliser de pyréthrinoïdes après la floraison pour protéger la faune auxiliaire.

MOVENTO (spirotétramate) : Cet insecticide sélectif de synthèse fait partie de la famille des dérivés de l’acide tétronique. Il possède une activité systémique totale, c’est-à-dire qu’il est transporté dans toute la plante via le xylème et le phloème. Il agit par ingestion sur les insectes immatures se nourrissant de végétaux traités, par toxicité directe mais aussi en réduisant la capacité de reproduction de la femelle et la survie de sa progéniture. Il possède une action spécifique sur les pucerons et cochenilles. Le produit est peu toxique pour la faune auxiliaire en général mais modérément toxique pour les acariens prédateurs. De meilleurs résultats sont obtenus en l’utilisant avec un adjuvant non-ionique (ex.  AGRAL).

POUNCE (perméthrine) : voir AMBUSH.

RIMON (novaluron) : Ce produit est un insecticide sélectif de synthèse du groupe des régulateurs de croissance des insectes. Il possède une action spécifique sur les lépidoptères, essentiellement par ingestion (jeunes stades larvaires) et par contact (œufs). Il n’affecte pas le stade adulte des ravageurs visés. Bien que son action soit non-systémique, il est absorbé par la cuticule des feuilles (action transcuticulaire) et résiste bien au lessivage par la pluie ce qui lui confère une action persistante modérée (jusqu’à 14 jours sur feuillage, jusqu’à 10 jours sur fruits). C’est toutefois le « moins sélectif » des régulateurs de croissance des insectes, et des applications répétées de ce produit peuvent causer une baisse des acariens prédateurs phytoséiides et une augmentation des populations de tétranyque rouge.

RIPCORD 400EC (cyperméthrine) : Ce produit est un insecticide de synthèse à large spectre de la famille des pyréthrinoïdes. Il agit par contact et par ingestion et possède une action persistante prolongée. Il est nuisible pour plusieurs espèces d’insectes et d’acariens utiles et favorise la multiplication des acariens phytophages. Ce produit (la cyperméthrine) n’est pas compatible avec la PFI.

SAFER’S, OPAL, NEUDOSAN, KOPA (sel de potassium d’acide gras) : voir à la fiche 45.

SEVIN XLR (carbaryl) : Cet insecticide de synthèse à large spectre fait partie de la famille des carbamates. Il agit par contact et par ingestion. Il est nocif pour les abeilles et plusieurs insectes utiles et favorise la multiplication des acariens phytophages. Cet insecticide est depuis 2017 homologué uniquement comme agent d’éclaircissage des fruits. Ce produit peut être phytotoxique à haute dose, particulièrement sur le cultivar McIntosh, en conditions de séchage lent. Il y a aussi un risque d’incompatibilité lorsqu’appliqué en mélange avec de l’huile (huile supérieure et huile d’été).

SUCCESS (spinosad) : Cet insecticide naturel sélectif fait partie de la famille des spinosynes. Il provient des toxines produites par la bactérie Saccharopolyspora spinosa. Il agit par contact et par ingestion. Son activité est systémique locale (translaminaire). Il possède une action spécifique sur les larves de lépidoptères (chenilles) et est utilisé principalement, dans les vergers du Québec, pour le contrôle de la tordeuse à bandes obliques. Il est recommandé de l’appliquer lorsque les larves se nourrissent, en évitant les journées venteuses ou trop ensoleillées pour favoriser son absorption et réduire sa dégradation par la lumière. Il est aussi recommandé d’éviter de le mélanger avec des produits qui élèvent le pH de la bouillie (calcium). ENTRUST 80W est la formulation du spinosad admissible en production biologique.

SURROUND (kaolin) : un agent de lutte minéral non toxique à base d’argile, agissant comme une barrière physique sur les fruits pour aider à réduire les dommages causés par les insectes et l’insolation. Pour obtenir de bons résultats, l’application du produit doit débuter avant l’apparition des insectes ravageurs et doit se poursuivre à une fréquence de 7 à 14 jours par la suite. Un lavage des fruits à la récolte peut être nécessaire afin d’éliminer les résidus blanchâtres. Ce produit est admissible en production biologique.

VIROSOFT CP4, CYD-X (virus de la granulose du carpocapse) : Cet insecticide naturel sélectif d’origine virale est spécifique au carpocapse de la pomme. Il agit uniquement par ingestion. Il est produit à partir de souches de virus naturellement présents dans les vergers. Il est sans toxicité pour tous les autres organismes et pour l’environnement. Il s’applique par pulvérisation comme un insecticide, mais jamais par temps clair car l’exposition directe aux rayons solaires l’inactive. Il exige une bonne couverture, en utilisant un volume de bouillie selon le gabarit des arbres, c.-à-d. de 500-1000 L/ha. Des applications répétées sont nécessaires afin de bien atteindre l’ensemble de la population. Il n’est pas recommandé de le mélanger avec d’autres produits. Ce produit est admissible en production biologique.

VYDATE L (oxamyle) : Cet insecticide et acaricide de synthèse à large spectre fait partie de la famille des carbamates. Il possède également une action nématicide. Il agit par contact et possède une activité systémique. Il est utilisé dans les vergers du Québec principalement comme nématicide avant la plantation et comme insecticide-acaricide sur les arbres en pépinière. Il peut provoquer de la roussissure sur les fruits des cultivars sensibles.  Ce produit n’est pas compatible avec la PFI.

Notez que de rares produits ne nécessitent ni homologation, ni autre autorisation pour être appliqués en vergers, comme par exemple, les « macro-organismes » utiles présents naturellement dans la même zone écologique que celle dans laquelle se trouve votre verger. En pratique : coccinelles, nématodes, acariens prédateurs, trichogrammes, etc. Ces organismes sont décrits à la fiche 95.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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Fiche 47

Gérald Chouinard, Yvon Morin, Robert Maheux, Sylvie Bellerose, Francine Pelletier et Maude Lachapelle

 

Les cotes d’efficacité potentielle des insecticides et des acaricides utilisables en pomiculture tiennent compte de la toxicité du produit, de sa persistance d’action et des contraintes reliées à sa période d’application. Elles ont été déterminées à partir des informations suivantes : recommandations de l’état de New York, de la Nouvelle-Angleterre, de l’Ontario, de la Pennsylvanie ainsi que des essais et des observations effectués au Québec par les conseillers et chercheurs membres du Réseau-pommier.

 

Attention!
  • L’attribution d’une cote ne signifie pas que le produit est homologué pour cet usage spécifique, ni qu’il est disponible commercialement ou qu’il est recommandé ou admissible en PFI. Pour plus de détails sur chaque produit, consultez la fiche 45 et la fiche 46.
  • Les cotes indiquent l’efficacité potentielle des produits sur le stade normalement visé pour une intervention. Cette cote tient compte de l’activité immédiate du pesticide, mais également de ses caractéristiques comme la persistance, l’activité systémique, etc.
  • Pour connaitre l’efficacité réelle de l’intervention, il faut tenir compte non seulement de sa cote d’efficacité, mais également de la période et des conditions d’application. Par exemple, un produit potentiellement efficace, mais peu persistant et appliqué juste avant une pluie, aura une faible efficacité réelle.
  • Un produit ayant une cote supérieure n’est pas automatiquement le meilleur choix! Le coût du pesticide, sa toxicité pour les abeilles et les autres organismes utiles du verger, ses effets néfastes sur l’utilisateur et l’environnement, le type de marché visé, la gestion de la résistance, etc. doivent également être considérés. À titre d’exemple, pour les vergers d’autocueillette, il est important à l’approche de la récolte d’éviter les applications qui laissent des résidus blanchâtres sur les fruits. La fiche 95 vous aidera également à choisir les produits ayant un minimum d’impacts négatifs sur les insectes et acariens utiles du verger.
  • L’efficacité des pesticides peut être modifiée lorsqu’ils sont mélangés à d’autres pesticides ou adjuvants. Dans certains cas, l’efficacité pourra être bonifiée, mais dans d’autres, l’effet pourra être nul, voir négatif. La fiche 57 vous aidera à connaître les conséquences de cette pratique.
  • Ces cotes représentent la situation moyenne pour l’ensemble des vergers : la situation peut être différente de celle dans votre verger. Dans certaines régions du nord de Montréal et dans certains vergers ailleurs au Québec par exemple, la tordeuse à bandes obliques a développé de la résistance aux organophosphorés, aux pyréthrinoïdes et au tébufénozide
  • Les informations concernant les nouveaux produits et les insectes occasionnels sont fragmentaires et sujettes à révision.

(cliquez ici pour télécharger le tableau complet)

(version pdf disponible ici)

 

Efficacité des insecticides = 0 : nulle/ 1 : faible/ 2 : passable/ 3 : bonne/ 4 : excellente/ – : inconnue ou ne s’applique pas.
Efficacité des acaricides = 0 : nulle/ 1 : passable/ 2 : bonne/ 3 : excellente/ NR: non recommandé/ – : inconnue ou ne s’applique pas.

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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Fiche 48

Vincent Philion, Yvon Morin, Robert Maheux et Gérald Chouinard

 

NOTE : Les produits homologués au Canada ne le sont pas nécessairement aux États-Unis ou ailleurs dans le monde. Avant d’en faire l’utilisation, il importe donc de vérifier les conséquences possibles si la récolte doit être exportée.

En 2023, un article paru dans l’American Phytopathological Society (APS) par Vincent Philion, Valentin Joubert et Marc Tramanet Arne Stensvand a étudié l’efficacité de fongicides utilisés fréquemment par les pomiculteurs québécois. De cette étude est né un tableau résumant les caractéristiques agronomiques principales des fongicides testés pour lutter contre la tavelure du pommier. 

Caractéristiques agronomiques principales des fongicides testés pour lutter contre la tavelure du pommier

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Les produits commercialisés pour la répression des maladies sont pour la plupart des pesticides de synthèse « classiques » qui s’attaquent directement à l’agent pathogène par différents modes d’action. Pour les bactéries, on parle communément des antibiotiques alors que pour les champignons, ce sont les produits fongicides. Comme la plupart des maladies sont d’origine fongique, une gamme variée de matières fongicides existent et agissent avec différents modes d’action. Outre les pesticides classiques, des pesticides d’origine biologique (vivants) qui sont antagonistes des maladies sont aussi homologués. Finalement, certains produits ne s’attaquent pas aux organismes pathogènes, mais activent plutôt des mécanismes de défense de la plantes (éliciteurs).

Les produits utilisés pour réprimer les maladies peuvent être classés de différentes façons selon les caractéristiques chimiques, leurs propriétés physiques sur la plante, les maladies réprimées, la résistance des agents pathogènes, etc. Dans ce guide, les produits ont été regroupés avec une stratégie mixte qui sépare au mieux les produits efficaces contre les différentes maladies fongiques et le feu bactérien, et ensuite selon leur mode d’action et leur chimie en lien avec les risques de résistance (voir tableaux ci-après). Le texte de description suit le même ordre avec une description générale de chaque groupe et quand c’est nécessaire, une précision pour les produits du groupe. Cette classification a pour but de lier rapidement sur un tableau les maladies visées aux options disponibles, afin de faciliter le choix des produits dans un contexte de résistance de plus en plus fréquente. Cette classification n’est pas parfaite puisque certains produits sont efficaces contre plusieurs maladies et chevauchent certains autres critères de classification.

Les fiches 49, 50, 51 et 52 ont été produites en lien avec ce tableau.

Efficacité potentielle des produits utilisés contre les maladies les plus souvent rencontrées en pomiculture au Québec

(cliquez ici pour télécharger le tableau complet format XPS) ou (ici pour le tableau complet en format PDF)

Cette fiche présente également une description sommaire et une liste non exhaustive des fongicides et bactéricides homologués pour les vergers de pommiers au Canada pour l’année 2024. À chaque début de saison, le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) du pommier effectue une mise à jour de cette liste et diffuse les ajouts et retraits par le biais de communiqués. Consultez la fiche 9 pour en savoir plus sur le RAP.

NOTE : Pour une information complète et à jour sur les pesticides, visitez le service en ligne d’information sur les pesticides du gouvernement du Québec (http://www.sagepesticides.qc.ca) et du Canada (http://pr-rp.hc-sc.gc.ca/ls-re/index-fra.php).

ATTENTION : Bien qu’homologués au Canada, les produits mentionnés ne sont pas nécessairement disponibles partout au pays, et ils ne sont pas nécessairement permis aux États-Unis ou ailleurs dans le monde. Avant d’en faire l’utilisation, il importe donc de vérifier les conséquences possibles de leur utilisation si la récolte doit être exportée.

 

(Cliquez pour ici pour télécharger le tableau complet)

(version pdf disponible ici)

  1. Les groupes chimiques indiqués correspondent à la classification retenue par l’Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire (ARLA) ainsi que par les comités suivants : Fungicide Resistance Action Committee (FRAC), Insecticide Resistance Action Committee (IRAC) et Herbicide Resistance Action Committee (HRAC). Ils sont basés sur les sites ou les principaux modes d’action des différentes matières actives.
  2. Familles chimiques : AMI : amides; ANT : antibiotiques; AP : anilino pyrimidines; BEN : benzimidazoles; CARBO : carboxamides ; DNA : dinitroanilines; EBDC : dithiocarbamates; GUA : guanidines; HC : hydrocarbures; HUI : huiles ; IBS : inhibiteurs de stérols : INO : substances inorganiques; MIC : pesticides microbiens; PHT : phtalimides; PIP : pipérazines; PO : polyoxin; PP : phénylpyrroles; PPH : phosphonates ; PYR : pyridines; PYRA : pyrazoles; QoI : strobirulines ; SDHI : inhibiteurs de la succinate-déshydrogenase; TRO : triazoles.
  3. Types de pesticide : A : acaricide; B : bactéricide, F : fongicide, IN : insecticide.
  4. Bien qu’homologués au Canada, ces produits ne sont pas tous nécessairement disponibles au Québec. * En fin d’homologation
  5. La limite maximale de résidus (LMR) permise sur les pommes récoltées est définie par chaque pays : celle indiquée ici n’est valable qu’au Canada et est fixée par Santé Canada en vertu de la Loi sur les produits antiparasitaires. *En l’absence de LMR spécifiques pour un produit antiparasitaire, on utilise le seuil de 0,1 ppm.
  6.  Délais d’attente avant récolte : S/O : sans objet. 1 : ce produit ne peut être appliqué sur des arbres en production; 2 : Homologué avant le débourrement ou après la récolte seulement.
  7.  Les délais de réentrée présentés proviennent des étiquettes lorsque disponibles ou des recommandations utilisées dans SAgE pesticicides (INSPQ). Ils peuvent varier selon la culture et la tâche à accomplir. 1 Éclaircissage manuel; 2 Irrigation manuelle; 3 Dépendemmant de l’équipement de protection; 4 Taille/ palissage; 5 Récolte à la main
    * Ne pas réentrer au champ avant que les résidus du produit ne soient secs. Délai provisoire établi par l’INSPQ.
    **Délai provisoire établi par l’INSPQ sur la base des caractéristiques toxicologiques du produit.
  8.  Les zones tampons indiquées correspondent aux distances d’éloignement à respecter, telles que spécifiées sur l’étiquette, pour protéger les habitats aquatiques d’eau douce (lacs, rivières, bourbiers, étangs, ruisseaux, marais, réservoirs et autres milieux humides). Elles peuvent varier selon la culture, la profondeur de l’habitat aquatique et le stade de développement de la culture. Si non spécifié sur l’étiquette, les distances minimales de tous plans d’eau ou cours d’eau à respecter en vertu du Code de gestion des pesticides sont : 1 m (aire totale d’écoulement ≤ 2 m2) ou 3 m (aire totale d’écoulement > 2 m2.
  9. Les indices de risques ont été calculés en considérant la dose maximale permise par l’étiquette (une valeur élevée indique un risque élevé) :
    IRE : Indice de risque pour l’environnement calculé par l’indicateur de risque des pesticides du Québec (IRPeQ) accessible à www.irpeqexpress.qc.ca.
    IRS : Indice de risque pour la santé calculé par l’IRPeQ accessible à www.irpeqexpress.qc.ca.
    IRB : Indice de risque pour les insectes bénéfiques du verger calculé à partir d’une base de données maintenue à jour par le Réseau-pommier du Québec.
    Cette base de données intègre des informations provenant d’organisations gouvernementales canadiennes et américaines de R&D en pomiculture, de l’Organisation Internationale de Lutte Biologique ainsi que les observations des membres du Réseau-pommier.
  10. Le nombre maximum d’application par saison peut varier selon le ravageur visé, la densité de plantation ou s’il s’agit d’un mélange.

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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Fiche 49

Vincent Philion

 

Cette fiche regroupe la plupart des produits dont l’utilité pour la gestion des maladies est centrée sur la répression du feu bactérien. Le cuivre et la bouillie soufrée, qui sont aussi utilisés pour lutter contre le feu bactérien, sont décrits dans la fiche 50.

Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) du pommier effectue une mise à jour régulière de cette liste et diffuse les ajouts et retraits par le biais de communiqués. Consultez la fiche 9 pour en savoir plus sur le RAP.

NOTE : Pour une information complète et à jour sur les pesticides, visitez le service en ligne d’information sur les pesticides du gouvernement du Québec (http://www.sagepesticides.qc.ca) et du Canada (http://pr-rp.hc-sc.gc.ca/ls-re/index-fra.php).

 

Bactéricides

Dans la plupart des pays, l’utilisation des antibiotiques en pomiculture n’est pas permise. Au Canada, deux antibiotiques sont homologués pour lutter contre le feu bactérien. Dans les régions où leur usage est restreint à la période florale les problèmes de résistance sont à peu près inexistants. Comme aucune résistance aux antibiotiques n’a été rapportée au Québec, les deux antibiotiques homologués pourraient être utilisés en rotation pour prévenir la résistance. Cette rotation n’est pas nécessaire si les traitements antibiotiques sont parcimonieux. Le mélange des antibiotiques n’apporte pas de gain particulier et n’est pas suggéré. Consulter la fiche 106.

STREPTOMYCIN 17WP (sulfate de streptomycine) : La streptomycine est l’antibiotique le plus utilisé pour réprimer le feu bactérien. Dans plusieurs états américains, une utilisation abusive (notamment en été) a conduit à une perte d’efficacité complète. L’étiquette canadienne de ce produit ne prévoit pas de dose officielle par hectare. La dose « traditionnelle » de streptomycine (100 ppm d’ingrédients actifs) est de 1,8 kg/ha dans 2800 L/ha sur des pommiers standards. Cette approche n’est pas préconisée dans les vergers commerciaux où les traitements sont réalisés avec un pulvérisateur à jet porté usuel. Un volume d’eau élevé n’est pas nécessaire pour obtenir une bonne couverture. La dose peut être ajustée à la dimension des arbres (ex. : 1 kg/ha) et être appliquée dans un petit volume d’eau. Des tests réalisés à l’IRDA ont démontré que les traitements avec de petites gouttelettes à volume réduit (225 L/ha) étaient plus efficaces que les traitements à volume élevé (450 L/ha) pour une même dose à l’hectare1.

Selon les cultivars, la streptomycine peut être légèrement phytotoxique et provoquer un jaunissement (chlorose) si la concentration dans le réservoir est plus grande que 1 kg dans 250 L d’eau (voir photo). Cette phytotoxicité bénigne n’a pas de conséquences2. La dose appliquée ne devrait jamais être moindre que 600 g/ha. À la dose minimale, l’efficacité peut être insuffisante, notamment quand le risque est élevé ou lors de traitements dans les heures suivants l’infection. La dose de 600 g/ha est en usage dans certains pays (Kunz, Triloff comm. pers.), mais seulement pour des applications avant l’infection. À la dose correctement ajustée, la streptomycine est efficace au moins 24 h en post infection même quand la température extérieure est élevée2,3.

phytotoxicité de streptomycine sur Cortland

Phytotoxicité marginale suite à une application de streptomycine sur le cv Cortland.

Le produit est stable pendant plusieurs années à la température pièce4 s’il est conservé à l’abri de la lumière. Le contenant original (opaque) est adéquat pour la conservation. Le produit peut tolérer une exposition temporaire à une température plus élevée, mais l’efficacité pourrait être réduite.

Les applications en mélange avec un surfactant (Regulaid) sont largement recommandées aux États-Unis, mais ce produit n’est pas disponible au Canada et substituer l’adjuvant peut nuire à l’efficacité. Les applications de streptomycine en mélange avec d’autres pesticides (ex. : fongicides) sont fréquentes aux États-Unis, malgré une étude qui démontre une absorption moindre notamment pour des mélanges avec le Captan, la dodine et le soufre5. Comme les tests sur fleurs détachées réalisés à l’IRDA ont montré une bonne efficacité des mélanges, cette baisse d’absorption potentielle ne semble pas assez importante pour justifier des traitements séparés. En fait, le mélange de Captan et de streptomycine en parcelles de verger s’est avéré plus efficace que la streptomycine appliquée seule (2019). Cependant, la streptomycine demeure incompatible avec les produits très alcalins6 (ex. : bicarbonate, cuivre fixe) et très acides.

KASUMIN 2L (2 % kasugamycin) : La kasumine a été homologuée comme alternative à la streptomycine dans les états où la résistance était présente. En absence de résistance, ce produit n’a pas beaucoup d’intérêt. Le délai avant récolte de 90 jours empêche son utilisation dans les cultivars hâtifs (ex. : Paulared). À dose équivalente, cet antibiotique est aussi efficace que la streptomycine. Cependant, contrairement à l’étiquette américaine, le taux d’application au Canada est limité à 5 L/ha, ce qui correspond à la moitié de la dose de Streptomycine. Dans des tests à l’IRDA, une dose de 10 L/ha de Kasumin (40 $/L, 400 $/ha)) était nécessaire pour obtenir une efficacité similaire à la pleine dose de streptomycine (1,8 kg/ha, 167 $/kg = 300 $/ha). Un plus grand nombre de foyers de feu a été observé dans les parcelles traitées à la dose réduite de Kasumine7. Cependant, dans d’autres tests la Kasumine à 5 L/ha était aussi efficace que la streptomycine au moins 24 h en post infection même quand la température extérieure était élevée3.

 

Lutte biologique et extraits de plantes

Les produits de lutte biologique homologués pour lutter contre les maladies du pommier sont principalement utilisés pour réprimer le feu bactérien, mais certains sont également homologués contre la tavelure. Ils comprennent des bactéries (Pantoea, Pseudomonas, Bacillus), une levure (champignon) antagoniste et des extraits de plantes comme l’ail et la Renouée de Sakhaline. D’autres produits à l’étude (ex. : les virus bactériophages) mais non homologués sont inclus. La plupart des produits homologués portent une mention « d’efficacité moindre », mais le vocabulaire porte à confusion.

Par exemple, l’étiquette française du « Serenade MAXa » précise que c’est un produit « préventif à large spectre pour la suppression de plusieurs maladies des plantes ». Le mot « suppression » est une traduction erronée. En anglais, le mot « suppression » est défini par l’ARLA comme : « consistent control at a level which is not optimal but is still of commercial benefit », autrement dit d’une efficacité restreinte mais tout de même utile. Selon les normes linguistiques de l’ARLA, le terme « répression » aurait dû être utiliséb, mais ce terme ne reflète pas non plus la nuance d’efficacité partielle. En français, on devrait plutôt privilégier « atténuation » ou « réduction » significative de la maladie.

Dans certaines circonstances, ils peuvent néanmoins rivaliser d’efficacité avec leurs homologues classiques et leur utilité en PFI est indiquée. Aucun de ces produits n’est considéré à risque pour le développement de résistance. Ils sont tous admissibles en production biologique.

  1. http://www.agrireseau.qc.ca/legumeschamp/documents/SerenadeMA.pdf
  2. Lignes directrices concernant l’efficacité des produits phytosanitaires, DIR2003-04
Bactéries antagonistes

Au Canada, trois bactéries antagonistes (Bacillus amyloliquefaciensPseudomonas fluorescens et Pantoea agglomerans) ont été homologuées exclusivement pour la lutte contre le feu bactérien (Erwinia amylovora). Une quatrième bactérie (Bacillus subtilis) est homologuée pour réprimer différentes maladies dont le feu bactérien. D’autres bactéries (ex. : Bacillus mycoides) sont en cours d’homologation. Ces bactéries ont différents modes d’action qui incluent l’activation des mécanismes de défense de la plante, la production de composés antibiotiques et la compétition pour occuper la fleur. Ces produits ne sont pas aussi efficaces qu’un simple traitement antibiotique bien ciblé. Il est possible d’augmenter l’efficacité des bactéries antagonistes dans une stratégie combinée avec la streptomycine.

BLIGHTBAN et BLOOMTIME : Pour des raisons commerciales, aucun de ces produits homologués n’est facilement disponible. Sauf exception (voir BLIGHTBAN A506), les produits à base de Pantoea et Pseudomonas doivent être maintenus congelés jusqu’à leur utilisation et ne peuvent être congelés plus d’une année. Ils ne doivent pas être utilisés à proximité de nouvelles plantations de conifères. L’utilisation combinée de Pantoea et Pseudomonas n’est pas recommandée. À l’exception des traitements avec BLIGHTBAN C9-1, aucun traitement de cuivre ne peut précéder ou suivre un traitement avec ces organismes puisque ces bactéries sont sensibles au cuivre. L’eau chlorée des municipalités n’affecte pas la viabilité des bactéries.

BLIGHTBAN A506 (Pseudomonas fluorescens, souche A506) : En plus de son efficacité pour réprimer le feu bactérien, P. fluorescens est un antagoniste des bactéries qui provoque la nucléation de la glace et peut parfois contribuer à diminuer les dommages de gel lorsque les traitements sont débutés avant le bouton rose. La souche A506 peut également réprimer certaines bactéries responsables du roussissement. Ces deux usages sont homologués aux USA. La souche A506 peut tolérer un mois à 4 °C ou une semaine à la température pièce avant l’application.

BLIGHTBAN C9-1 (Nufarm, Pantoea agglomerans, souche C9-1) : Dans les tests, le C9-1 était toujours plus efficace que la souche E325.

BLOOMTIME BIOLOGICAL FD (NAP, Pantoea agglomerans, souche E325) : Incompatible avec les produits à base de cuivre. Dans certains tests américains, le produit n’a aucune efficacité8.

DOUBLE NICKEL LC (Bacillus amyloliquefaciens, souche D747, Certis) : Ce produit contient la bactérie ainsi que des produits de fermentation. Comme le Serenade, Double Nickel (DN) a un spectre d’usage large, mais d’efficacité limitée. En pomiculture, il est seulement homologué pour la lutte contre le feu bactérien. Il n’est pas efficace contre la tavelure. Compatible en mélange avec le cuivre (ex. : Cueva, oxychlorure). Le mélange avec le cuivre atténue la roussissure liée au cuivre9–11. Cependant, dans le cas des infections sur fleurs, l’effet du Double Nickel seul est variable3,8,12 et le mélange avec le cuivre n’augmente pas toujours l’efficacité du cuivre3,10,12. Des traitements réguliers du mélange Double Nickel et de cuivre (ex. : Cueva, 5 L/ha) à partir du stade chute des pétales atténue partiellement la propagation du feu9,13 en protégeant les pousses en croissance. Cependant, cet effet du mélange n’est pas confirmé dans tous les tests. Le consensus des chercheurs impliqués (réunion de 2019 à Traverse, Michigan) est que le produit n’est pas assez efficace pour être recommandé.

STARGUS (Marrone) (Bacillus amyloliquefaciens) : Très peu efficace contre la tavelure (Cornell 2020).

LIFEGARD (Bacillus mycoides, Certis) : Homologation prévue en 2019. Efficacité contre la suie/moucheture et la pourriture amère. L’efficacité contre le feu bactérien est variable. Le produit n’a montré aucune efficacité dans les tests de l’IRDA en 2018.

SERENADE MAX, ASO, ou OPTIMUM (Bacillus subtilis, Bayer) : Tous ces produits contiennent la souche QST 713 de la bactérie Bacillus subtilis, ainsi que ses produits de fermentation (lipopeptides), mais la concentration de la version « optimum » est plus élevée14. En plus de l’efficacité comme antagoniste du feu, Serenade Optimum a une certaine efficacité contre la tavelure14 et le blanc. Par contre, la tavelure n’apparaît pas sur l’étiquette de SERENADE ASO. Serenade n’est pas efficace contre les pourritures de fruit (ex. : pourriture amère), ou la suie-moucheture14. Vu l’efficacité limitée des produits à base de Bacillus, les formulations de SERENADE devraient être utilisées seulement en prévention, sous des pressions de maladie faibles et en rotation avec d’autres produits. Les formulations de SERENADE ne sont pas actuellement considérées utiles en PFI mais peuvent avoir une utilité dans un contexte de production biologique.

Levure antagoniste

La levure noire Aureobasidium pullulans est un champignon ubiquiste, c’est à dire qu’elle est présente partout et dans différents environnements (sol, air, eau). On la retrouve souvent sur la surface de différentes plantes, dont le pommier où elle survit comme épiphyte, sans affecter son hôte. Elle est néanmoins associée à certains problèmes de roussissure des fruits. Certaines souches de cette levure ont été sélectionnées pour leur efficacité contre différentes maladies du pommier, notamment contre le feu bactérien et les pourritures d’entrepôts. Le mode d’action de la levure pour réprimer le feu bactérien est complexe. La levure a peu d’effet sur la multiplication bactérienne. Cependant, une fois appliquée la levure colonise la corolle de la fleur et empêche l’entrée des bactéries dans la plante (infection). La levure acidifie la fleur naturellement à pH = 6, et l’abaisse à 5 ce qui inhibe le mouvement bactérien (chimiotaxie) qui n’est actif que lorsque le pH est entre 5 et 8. Le tampon (acide citrique et tampon phosphate) (pH = 4) en mélange avec la levure aide à abaisser le pH et agit en synergie. L’acide citrique (citrate15) a une efficacité réduite quand il est appliqué seul.

BLOSSOM PROTECT (Aureobasidium pullulans) : Ce produit a été homologué au Canada en 2013 comme alternative à l’utilisation des antibiotiques pendant la floraison pour réprimer le feu bactérien. Ce produit est incompatible en mélange avec la plupart des fongicides usuels16 et les traitements contre la tavelure doivent être faits en tenant compte de cette contrainte.

Contrairement à la mention de l’étiquette du produit, le mélange de Blossom Protect est néanmoins possible16 avec les fongicides suivants : le soufre (ex. : KUMULUS) (mais pas la bouillie soufrée), les AP (ex. : SCALA, VANGARD) et certains SDHI (ex. : LUNA TRANQUILITY et FONTELIS, mais pas APROVIA) et certains IBS moins puissants (ex. : KENJA). Les fongicides « incompatibles » (ex. : Bicarbonate, Captan, cuivre, folpan, fluazinam, etc.) peuvent néanmoins être utilisés un jour avant ou deux jours après un traitement avec BLOSSOM PROTECT sans nuire à l’efficacité. En gros, le tampon inclus avec le Blossom Protect peut « neutraliser » un fongicide appliqué la veille et permettre à la levure de s’installer. Cependant, une fois le Blossom Protect en place il faut laisser au moins 36 h pour permettre à la levure de s’installer avant d’appliquer un fongicide incompatible.

La streptomycine, Apogee, le chlorure de calcium, l’urée et la plupart des adjuvants peuvent être mélangés sans problème au Blossom Protect.

Les applications de Blossom Protect devraient être faites le soir pour éviter les périodes de température très élevées parce que la chaleur ralentie la levure (Kunz, comm. pers.). Comme le feu bactérien est également fortement ralenti par la chaleur (> 28 °C), le temps additionnel requis par la levure pour s’installer n’a pas de conséquence sur son efficacité.

  • Dose : Le texte de l’étiquette est tiré d’un modèle européen de dosimétrie (dose par hauteur de canopée) qui est différent du système américain. La dose suggérée par l’étiquette pour le mélange des deux composants (6 kg/ha de Buffer Protect NT + 1,5 kg/ha de Blossom Protect) est une recette qui peut être modifiée selon la taille des arbres. Pour des arbres de dimension « usuelle » (ex. : 60 % à 75 % de TRV), la dose suggérée par l’étiquette est appropriée. Pour des arbres plus gros (ex. : TRV de 100 %) il faudrait jusqu’à 15,75 kg/ha du tampon et 2,25 kg/ha de la levure. Pour des arbres plus petits, ajustez les quantités en maintenant la proportion entre le tampon et la levure. La nouvelle formulation (Buffer Protect NT, 2021) requière moins de tampon, soit 6 kg/ha. Avec la nouvelle étiquette, la cuve doit toujours contenir 4x plus de tampon que de levure.Une fois la dose fixée, le volume d’eau par hectare n’est pas un facteur déterminant. Contrairement à la mention de l’étiquette, il n’est pas nécessaire d’appliquer 500 ou 1000 L/ha de bouillie. Les applications peuvent être faites « en concentré » dans aussi peu que 180 L/ha (ou même moins) comme tous les traitements à bas volume; dans la mesure où la bouillie est agitée en permanence et que l’équipement le permet.Le tampon doit être ajouté à la cuve avant la levure.

Quand les applications sont limitées à deux par année, cette levure n’engendre habituellement pas de roussissure sur pommes. Des applications additionnelles en fin de floraison peuvent être problématiques17. Les poires à peau lisse sont plus sujettes à des problèmes de roussissure. Comme le mélange de Blossom Protect est acide (tampon), il ne doit pas être utilisé dans les blocs où du cuivre a été traité dans la semaine précédente par risque d’augmenter la phytotoxicité du cuivre. De plus, comme Blossom Protect limite l’utilisation des fongicides durant la période florale, un traitement fongicide efficace contre la roussissure pourrait être requis dans les blocs sensibles où la levure est appliquée. Contrairement aux données publiées sur l’étiquette, le produit peut être conservé à moins de 8 °C (réfrigérateur) et être utilisé jusqu’à 30 mois après fabrication. Le produit peut également être congelé lors de l’achat (congélateur domestique) et il gardera son efficacité pendant plusieurs années, à condition qu’il ne subisse pas de cycle de gel/dégel (S. Kunz, comm. pers.).

Maximum deux traitements sur : Golden, Jonagold, Idared. Sécuritaire jusqu’à quatre traitements sur la plupart des variétés tolérantes à la roussissure, incluant Gala.

Extraits de plantes

On trouve dans la littérature des références à différents extraits de plantes pour lutter contre les maladies du pommier. Certains de ces extraits sont homologués aux USA comme par exemple des extraits d’huiles essentielles (thym, etc.) Aucun de ces produits n’est très efficace et leur coût est la plupart du temps prohibitif. Cependant, il est possible qu’avec un tensioactif approprié, certains deviennent utiles (ex. : Thyme guard + Cohere3 ou Top film18). Ces extraits ne sont pas homologués au Canada. Seulement deux extraits de plantes sont homologués en pomiculture au Canada : l’ail et la renouée de Sakhaline.

BURAN (poudre d’ail) : L’ail a des propriétés qui peuvent s’avérer utiles pour réprimer certaines maladies comme le blanc, la suie-moucheture et la tavelure. Par contre, dans les tests comparatifs rendus publics, l’efficacité du fongicide BURAN était assez faible19,20. L’activité contre le blanc serait favorisée par l’ajout d’un surfactant non ionique (0,1 % v/v). Compte tenu de l’efficacité assez faible et du coût, le BURAN n’est pas actuellement considéré utile en PFI.

Regalia® Maxx (Reynoutria sachalinensis, 20 %) : La renouée de Sakhaline est un éliciteur des mécanismes de défense des plantes (voir cette section). Le Regalia n’a donc pas d’effet direct sur les agents pathogènes. Au Canada, le Regalia est homologué pour la répression partielle du blanc, des pourritures de fruits dues à Alternaria, du complexe suie-moucheture, de la pourriture blanche (Botryosphaeria dothidea) et de la pourriture amère (Colletotrichum). Ce produit n’a pas été testé sous nos conditions et les résultats d’efficacité publiés ailleurs ne permettent pas de conclure que ce produit est utile en PFI.

Vacciplant (Laminarin) : Effet marginal ou nul contre la tavelure et le feu bactérien (IRDA et Cornell 2020).

Virus bactériophages

Les virus de bactéries ne sont pas homologués au Canada mais sont à l’étude. Par exemple, le produit américain Fire Quencher est testé, mais n’est pas fiable en verger8.

 

Éliciteurs des mécanismes de défense et régulateurs de croissance

Certains produits agissent un peu comme des vaccins et activent les mécanismes de défense naturels du pommier. Cette activation n’est pas instantanée et il peut s’écouler jusqu’à deux semaines avant qu’un effet soit mesurable. De plus, leur efficacité qui est toujours partielle dépend de bonnes conditions d’absorption. Utilisés seuls, ces produits sont parfois assez efficaces pour réprimer le feu bactérien ou la tavelure quand la pression de la maladie est assez faible. Lorsqu’utilisés en mélange, ou dans le cadre d’un programme de traitements, ils peuvent augmenter l’efficacité quand la pression des maladies est élevée. Les produits dans cette catégorie comprennent actuellement des dérivés de la chimie des phosphonates (ex. : ALIETTE, PHOSTROL) qui ne sont pas nécessairement homologués pour réprimer les maladies, mais qui sont vendus comme engrais foliaire. Ils comprennent aussi le prohexadione-Ca (APOGEE), utilisé comme régulateur de croissance et pour lutter contre le feu bactérien et réprimer en partie la tavelure en été. D’autres éliciteurs sont homologués sur la pomme aux USA (ex. : ACTIGARD (BION)). Ce dernier présente souvent une bonne efficacité contre le feu bactérien, mais les résultats contre la tavelure sont variables (essais PEPS, France).

Phosphonates

Les phosphonates sont des produits dérivés de l’acide phosphoreux (HPO(OH)2). Ils sont aussi connus sous le nom de phosphites ou alors d’acide phosphonique. Ils sont habituellement vendus sous forme de sels de sodium, potassium et ammonium, mais d’autres formes existent, notamment le phosphonate de calcium, zinc, silicium et cuivre21. Bien qu’ils contiennent du phosphore, ils ne doivent pas être confondus avec les engrais à base de phosphates. Les ions phosphites sont absorbés dans les plantes, mais ne sont pas impliqués directement dans la nutrition. Ils sont néanmoins éventuellement convertis en phosphates par certaines bactéries du sol. Cette forme particulière de phosphore a un effet direct sur certains agents pathogènes, mais également un effet éliciteur sur les mécanismes de défense des plantes. À cause de ces effets variés, ils ont un spectre d’efficacité vaste mais inégal. Leur action dans la pomme comprend une efficacité directe bien documentée sur la pourriture du collet, mais pas contre les spores de la tavelure22. Par contre, les phosphonates ont une efficacité partielle comme éliciteurs contre la tavelure21,22, le feu bactérien et la pourriture du cœur. En été, les phosphonates sont partiellement efficaces contre le complexe suie-moucheture et peuvent contribuer à diminuer la progression du feu bactérien, mais ne sont pas efficaces contre les pourritures estivales.

Les phosphonates les plus efficaces contre la tavelure (cuivre, silice, zinc et calcium)21 ne sont pas en usage commercial contre ces maladies.

Même s’ils sont classés par le FRAC (groupe 33), ces produits présentent un faible risque de résistance. Une fois absorbés par les racines ou les feuilles, ils sont véhiculés partout dans la plante. Ce sont les seuls produits avec à la fois une activité systémique acropétale (qui monte dans la plante) et basipétale (qui descend vers les racines). L’utilisation des phosphonates avec des surfactants (tensioactifs), des engrais foliaires ou des adjuvants qui augmentent l’absorption peut conduire à des réactions phytotoxiques. De même, les phosphonates utilisés de concert avec certains ions métalliques comme les fongicides à base de cuivre peuvent provoquer une trop grande absorption de ces métaux et conduire à une phytotoxicité. En été, les traitements avec des phosphonates peuvent provoquer une chlorose (jaunissement) foliaire. Les applications par temps très chaud (> 32 °C) peut causer des brûlures des fruits. Finalement, lorsque le pH de la bouillie appliquée est faible (pH < 5,5), les traitements en concentrés (< 500 L/ha) peuvent être phytotoxiques23.

Les phosphonates sont très persistants et des résidus peuvent être détectés dans les fruits plusieurs années après la dernière application sur l’arbre24. De plus, certaines formulations contiennent de l’azote qui n’est pas recommandé en été25. Pour ces raisons, leur utilisation en PFI est sujette à controverse. Les phosphonates sont interdits en production biologique26.

ALIETTE WDG (fosétyl-aluminium) : Fongicide de la compagnie Bayer. Ce produit est le premier homologué de la famille des phosphonates. C’est le seul produit de cette catégorie qui soit actuellement homologué au Canada comme fongicide sur le pommier. Il est homologué contre la pourriture du collet et la tache vésiculeuse de la pomme, mais cette maladie qui est surtout restreinte à quelques cultivars dont Mutsu, Jonagold et Golden, est absente au Québec et n’est pas décrite dans ce guide.

PHOSTROL (Phosphites monobasique et dibasique de sodium, de potassium et d’ammonium. 53,6 %) : Homologué contre la suie-moucheture.

Différents produits comme WINFIELD PHOSPHITE, RAMPART, PROPHYT, et AGRI-FOS qui sont homologués sur d’autres cultures au Canada et dans certains cas sur le pommier aux États-Unis contiennent du phosphonate de potassium, mais d’autres produits contiennent différents phosphonates (calcium : Sysstem-Cal, cuivre, etc.)

Régulateurs de croissance

Le prohexadione de calcium est un régulateur de croissance qui inhibe la synthèse des gibbérellines. Il était à l’origine surtout utilisé pour son efficacité à ralentir la croissance végétative, ce qui réduit les besoins de taille et favorise la coloration et la qualité des fruits. Par ailleurs, cette molécule a aussi un effet éliciteur qui a pour effet de réduire la sévérité du feu bactérien sur pousse, l’incidence de la tavelure du pommier27 et également la roussissure sur fruits. Les produits à base de prohexadione-Ca doivent être appliqués sur des pousses en croissance et doivent être bien absorbés pour agir. Les traitements sont généralement recommandés à la floraison, mais peuvent cependant commencer plus tôt, au bouton rose ou même après la floraison selon l’objectif visé.

Sur les jeunes arbres en croissance, une seule application au stade bouton rose peut réduire les risques de feu bactérien et de point amer, sans compromettre la croissance qui reprendra en cours d’été28,29. Les applications après la fleur peuvent cependant augmenter les risques de point amer.

La dose d’emploi est très variable selon la vigueur et la dimension des arbres. L’effet sur le feu bactérien commence à des doses faibles alors que le contrôle de vigueur requière des doses plus élevées. Il est donc possible de tirer bénéfice du régulateur de croissance pour lutter partiellement contre le feu bactérien sur des jeunes arbres (deux à cinq ans)31 sans nuire à la croissance.

Dose par application du régulateur de croissance Apogee ou Kudos.
Dimension Vigueur faible* Vigueur moyenne Vigueur élevée
Gros arbres (100 % TRV) 625 g/ha 810 g/ha 1350 g/ha
Arbres nains (67 % TRV) 420 g/ha 540 g/ha 900 g/ha

*Effet partiel contre le feu bactérien sans effet notable sur la croissance31 ou pour les traitements débutant au bouton rose28.

Comme pour la plupart des produits phytosanitaires, le volume d’application n’est pas déterminant. Le prohexadione-Ca est efficace même lorsque le volume de bouillie appliqué à l’hectare est faible (traitements en concentré)28.

Le pH optimal de l’eau de pulvérisation doit être entre 4 et 5,532. L’eau alcaline et/ou à forte teneur en calcium nuisent à l’absorption du produit. Le produit sera absorbé par la plante en deux heures quand l’eau est acidifiée, mais peut prendre jusqu’à huit heures quand l’eau est alcaline32.

En présence de calcium dans l’eau, l’ajout de sulfate d’ammonium (ratio 1:1, ex. : 1 kg sulfate d’ammonium pour 1 kg de Apogee) restaure l’activité33. Les étiquettes précisent que l’ajout d’Agral 90 (0,5 mL/L) peut améliorer l’efficacité lorsque les conditions ne sont pas propices à l’absorption. Les applications de calcium (ex. : chlorure de calcium) devraient être décalées quelques jours après l’application du prohexadione-Ca.

Ce régulateur rend l’éclaircissage plus difficile et il faut en tenir compte pour le contrôle de charge. Finalement, l’étiquette recommande de ne pas appliquer APOGEE sur le cultivar Empire34, parce qu’il pourrait provoquer la formation de liège ou le fendillement des fruits. Il y est également mentionné que le produit peut réduire le rendement et la qualité du cultivar Cortland. Les essais réalisés au Québec et en Ontario n’ont pas permis d’observer de problèmes, mais les traitements effectués sur ces cultivars devraient être faits avec précaution sur des surfaces limitées.

Traitement d’urgence : Dans les blocs où des symptômes de feu bactérien sur fleurs viennent d’apparaitre (symptômes frais, avant qu’ils virent bruns), il est possible de limiter la propagation du feu30, en débutant dès que possible un programme de deux traitements à la dose maximale homologuée.

Produits commerciaux : Deux formulations commerciales sont disponibles. À peu près rien ne distingue les formulations. Cependant, des différences mineures d’efficacité sont possibles.

  • APOGEE : (BASF). Prohexadione de calcium (27,5 %).
  • KUDOS : (Bartlett). Prohexadione de calcium (27,5 %).

 

Stérilisation de surface

Les produits générateurs de peroxydes peuvent tuer rapidement les bactéries et les spores de champignons à la surface des feuilles, mais offrent peu de rémanence et leur efficacité est donc restreinte dans le temps. Cette approche est efficace, mais les feuilles/fleurs traitées peuvent être rapidement colonisées à nouveau.

OXIDATE : Admissible en production biologique. Partiellement efficace contre le feu bactérien et contre le blanc. Compatible en mélange avec le soufre.

 

Références
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Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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Fiche 50

Vincent Philion

 

Les matières fongicides qui altèrent plusieurs mécanismes dans la biochimie des champignons permettent rarement la sélection d’individus tolérants (résistants) au sein des populations. On retrouve dans ce regroupement toutes les matières actives plus anciennes et dont la toxicité environnementale et humaine est élevée, mais aussi les sels comme le bicarbonate qui ne laissent présager aucun risque de résistance et dont la toxicité est faible.

 

Minéraux et dérivés

Les fongicides minéraux sont les plus anciens en usage. Ils sont utilisés principalement en production biologique. Ils agissent surtout par contact, mais les sels sont également absorbés par des pores moléculaires de la cuticule des feuilles et des fruits1,2, ce qui ouvre la possibilité d’une efficacité restreinte en post infection. Ces produits comprennent le cuivre (depuis 1760), incluant la bouillie bordelaise (1885), le soufre (1824) et la bouillie soufrée (1833). Plus récemment, des essais ont démontré que les sels (ex. : le chlorure de calcium, CaCl2) incluant les carbonates (ex. : bicarbonate de potassium) et la chaux hydratée pouvaient aussi réprimer les maladies. Les minéraux comme le silicium sous forme soluble (silicate de potassium) ont aussi des effets connus contre plusieurs maladies3. Des mélanges de ces produits sont aussi possibles.

Produits à base de cuivre

Le cuivre est un métal lourd qui s’accumule de façon permanente dans les sols et qui est toxique pour les vers de terre, les poissons, etc. Dans plusieurs pays d’Europe, son usage est désormais interdit, ou alors la dose permise à l’hectare est fortement limitée d’ici au bannissement complet. Néanmoins, l’efficacité du cuivre pour combattre à la fois le feu bactérien, la tavelure du pommier et plusieurs maladies secondaires en PFI pousse les producteurs à intégrer annuellement au moins un traitement de cuivre. Au Canada, un assouplissement des étiquettes des produits est prévu pour permettre un usage moins restrictif du cuivre contre la tavelure et le feu en cours de saison.

Efficacité vs phytotoxicité : Les traitements au cuivre ont démontré depuis plus de 200 ans leur efficacité contre un bon nombre de maladies, mais ils peuvent également être phytotoxiques. Ainsi, les ions de cuivre qui sont toxiques aux bactéries et aux champignons peuvent également causer des dommages aux feuilles et aux fruits. Au moins quatre facteurs importants jouent sur l’efficacité et la phytotoxicité du cuivre : la formulation, la dose, la disponibilité (pH) et le volume d’application.

Formulation : Le cuivre en solution (sulfate de cuivre pentahydraté) est immédiatement disponible et a le plus gros potentiel de phytotoxicité. Différents mélanges et différentes formulations de cuivre le rendent moins immédiatement disponible. Ralentir ou « fixer » le cuivre diminue (mais n’élimine pas) la phytotoxicité. Le cuivre « fixe » (peu importe sa formulation) est conçu pour laisser un résidu peu soluble à la surface des feuilles. Lorsque le feuillage est mouillé, les ions cuivre s’échappent lentement de ces dépôts et s’attaquent aux bactéries et champignons. Cette libération graduelle du cuivre maintient une efficacité pendant une plus longue période et évite que la concentration d’ions devienne trop grande et provoque l’effet phytotoxique redouté. En pomiculture, on utilise seulement des formulations de cuivre « fixe ». Au Canada, il existe cinq possibilités : hydroxyde, oxychlorure, octanoate, sulfate tribasique et bouillie bordelaise maison. Nos voisins américains ont accès à plusieurs autres formulations (ex. : oxyde de cuivre4) et des mélanges (ex. : C-O-C-S, oxychlorure + sulfate), avec des adjuvants comme le gypse et d’autres éléments qui ont pour fonction de « fixer » le cuivre à des degrés divers. En Europe, l’éventail des possibilités est encore plus grand. Toutes les formulations de cuivre sont homologuées en production biologique, mais certains producteurs continuent de privilégier la bouillie bordelaise. La bouillie bordelaise n’est pas recommandée en PFI puisque les autres produits plus simples à manipuler existent.

L’efficacité des produits cuivrés est surtout liée à la quantité de cuivre traitée et à la finesse des particules en suspension4 et moins à leur forme chimique. Dans ce contexte, il peut être approprié de considérer seulement le coût par kilogramme d’ingrédients actifs pour guider son choix. Cette règle est applicable même pour les produits plus récents comme l’octanoate, puisque les données disponibles ne permettent pas de garantir que ce produit a une efficacité égale avec moins de cuivre métal.

Dose : La quantité de cuivre requise par application dépend du type de traitement et a un impact direct sur la phytotoxicité. Selon l’usage, la dose peut être optimisée. Les doses homologuées (ex. : 3,2 kg/ha pour l’oxychlorure) sont souvent conçues pour laisser un dépôt important sur le bois en début de saison et maintenir une efficacité à long terme (pendant quelques semaines). Le cuivre est alors libéré et lessivé graduellement. Pour des traitements réguliers contre la tavelure ou le feu, la dose requise est moindre et l’effet recherché est immédiat. Le mélange de cuivre et de soufre est souvent privilégié pour bénéficier de l’efficacité du cuivre et éviter la phytotoxicité. Sans soufre, la dose de 0,4 kg/ha de formulation (50 % cuivre sous forme d’oxychlorure) donne environ 200 g de métal par hectare, une dose plancher pour combattre la tavelure lorsque les applications sont ciblées et que le risque n’est pas trop élevé.

Effet du pH : La vitesse de libération des ions cuivre est fonction de l’acidité de la bouillie de pulvérisation. Plus l’eau est acide (pH faible), plus les résidus libèrent d’ions cuivre. Inversement, lorsque le pH est alcalin, la toxicité du cuivre envers les bactéries et les champignons diminue parce que moins d’ions sont libérés. Comme chaque application peut réactiver le cuivre en place, la sensibilité au pH continue après le traitement initial. Dans les blocs traités au cuivre au printemps (usage unique), il faut éviter les traitements « acidifiants » avec des produits comme le phosphonate, le LI700 et les bouillies acides en général, parce que la libération de cuivre serait accélérée.

Volume d’eau : Réduire le volume de bouillie à l’hectare (ex. : 300 L/ha8) lors des applications et viser des périodes de séchage rapide peut grandement diminuer les risques de phytotoxicité du cuivre lors des applications régulières. Pour éviter la phytotoxicité, le cuivre n’est pas recommandé sur feuillage humide (rosée) ou pendant la pluie. Ce produit n’est donc pas recommandé pendant la fenêtre de germination de la tavelure. Cependant, avant la floraison certains auteurs recommandent malgré tout le cuivre à dose faible en mélange avec du soufre pendant la période de germination des spores8,9. Selon la sensibilité du cultivar et le moment de l’application, cette approche peut être risquée.

Autres contraintes : Le cuivre appliqué juste avant des périodes de froid pourrait accentuer les dégâts de gel4,10. Les programmes d’applications à base de cuivre pour lutter contre la tavelure peuvent affecter la coloration de certains cultivars7 en comparaison aux programmes de lutte plus conventionnels.

Recommandations d’usage pour les produits commerciaux à base de cuivre :

  • Traitement de début de saison : Pour augmenter l’efficacité fongicide et bactéricide du cuivre et économiser un passage au verger, il est possible de combiner le cuivre fixe et l’huile de dormance dans un même traitement. Ce mélange est préconisé depuis très longtemps11. La fenêtre d’application du cuivre est un peu trop hâtive pour que le mélange réprime entièrement les acariens rouges, mais ce traitement peut réprimer les cochenilles et les pucerons roses (voir la fiche 78). Il faut profiter des conditions favorables pour l’application d’huile quand elles se présentent. Le mélange peut causer une légère phytotoxicité sur feuillage. Comme les traitements à l’huile sont souvent réalisés à basse vitesse ou avec deux passages, la couverture antibactérienne et fongicide n’en sera que meilleure. L’huile est compatible avec toutes les formulations de cuivre fixe, incluant la bouillie bordelaise.

    Plus le cuivre à haute dose est appliqué tardivement (ex. : pré bouton rose), plus il risque par la suite d’être « éclaboussé » sur les fleurs et causer une roussissure (rugosité) inacceptable sur les fruits des cultivars Empire, Idared, Jonagold, McIntosh, Spartan (entre autres) et une baisse de la nouaison. À l’inverse, le cuivre n’occasionne aucun problème sur Gala ou sur les poires qui tolèrent bien le cuivre.

  • Pour le feu bactérien pendant la floraison : Là où c’est légal, le cuivre (ex. : hydroxyde), est efficace à des doses assez faibles (400 g/ha en équivalent métal) pour réprimer partiellement le feu pendant la floraison12. Cependant, cette fenêtre d’application est la plus à risque pour la phytotoxicité. Le mélange de cuivre avec l’agent de lutte biologique Double Nickel pourrait atténuer cette phytotoxicité12,13, mais cette approche n’est pas constante et n’est pas préconisée14.

Pour la tavelure du pommier : Là où c’est légal, l’oxychlorure (50 %) est souvent privilégié par les producteurs parce que plus abordable que le CUEVA pour une efficacité jugée similaire. Le mélange de cuivre et soufre en protection est plus efficace que chacune des molécules utilisées seules7, probablement parce que le lessivage du cuivre est moindre que pour le soufre et que le soufre a un meilleur effet en post infection. Le ratio 1:10, (exemple 200 g/ha de cuivre métal et 2 kg/ha de soufre) est souvent utilisé. Avec ce mélange, les producteurs bio en Nouvelle-Zélande5 réussissent à réprimer la tavelure aussi bien qu’avec un programme conventionnel en utilisant de 1,2 à 1,5 kg de cuivre métallique par hectare pendant toute la saison (sur environ huit traitements), soit 200 à 300 g/ha de cuivre par traitement bien ciblé; les autres traitements étant à base de soufre ou de bouillie soufrée. Des doses plus élevées (ex. : 800 g/ha de formulation) sont rapportées pour des applications non ciblées (de type calendrier)6. Même avec une dose faible, toutes les formulations peuvent provoquer une rugosité commercialement inacceptable dans les traitements à fort volume (ex. : 1000 L/ha)7.

Exemples de doses en usage :

4 kg/ha soufre (ex. : 5 kg/ha de KUMULUS) + 450 g/ha de cuivre métal (ex. : 900 g/ha de cuivre fixe formulé à 50 %)15.

2,9 kg/ha soufre (ex. : 3,6 kg/ha de KUMULUS) + 250 g/ha de cuivre métal (ex. : 640 g/ha de cuivre fixe formulé à 40 %)7.

Mélange de cuivre et soufre pendant la période de germination8,9,16 :

4,8 kg/ha soufre (ex. : 6 kg/ha de KUMULUS) + 480 g/ha de cuivre métal (ex. : 960 g/ha de cuivre fixe formulé à 50 %)16.

Produits commerciaux :

  • CUIVRE FIXE / FIXED COPPER SPRAY (50 % de cuivre sous forme d’oxychlorure de cuivre) : N’ajoutez pas de chaux hydratée au cuivre fixe.
  • COPPER 53W (sulfate de cuivre tribasique) : Le cuivre « 53W » est un autre cuivre fixe homologué sur le pommier. Comme l’étiquette du « 53W » stipule qu’il faut néanmoins ajouter de la chaux pour usage sur la pomme, il est rarement utilisé et ne présente pas d’avantage particulier.
  • CUEVA (10 % octanoate de cuivre, 63,6 g/mol (Cu)/350 g/mol (octanoate) soit 1,8 % de cuivre métallique) : Homologué au Canada depuis 2016. La dose homologuée selon la façon de lire l’étiquette canadienne va de 2,5 L dans 500 L (0,5 %) à 20 L dans 1000 L (2 %) par hectare. La quantité de cuivre homologuée varie donc d’environ 45 g à 360 g/ha, soit un facteur 8x. L’étiquette très vague (#31825, 2015) ne permet donc pas de recommandations précises actuellement. La dose américaine (1 % v/v en dilué) correspond à un maximum de 28-30 L/ha dans une parcelle avec un TRV de 100 %, soit environ 0,54 kg de cuivre métallique par hectare. Une dose similaire est homologuée en Europe. Dans la plupart des vergers, la dose correspondante est donc de l’ordre de 15 à 20 L/ha (TRV entre 50 % et 66 %).

    Cependant, la dose efficace la plus faible obtenue dans les tests pour réprimer le feu bactérien pendant la floraison est d’environ 5 L/ha 17–19 de formulation soit environ 90 g de cuivre élémentaire par hectare. Une dose similaire est requise pour réprimer les maladies d’été (suie, moucheture, pourriture amère)17. La dose testée pour limiter la propagation du feu en été est aussi d’environ 5 L/ha20,21 et est celle recommandée14. Il est donc possible de réduire la dose par rapport à celle préconisée sur l’étiquette.

  • PARASOL (liquide, 24,4 % de cuivre métallique sous forme d’hydroxyde de cuivre) (Nufarm) : Homologué à la dose de 4,7 L/ha, soit environ 1,15 kg de cuivre par hectare. La formulation granulaire ou en poudre n’est cependant pas homologuée sur la pomme et l’étiquette ne mentionne pas la tavelure. Similaire à KOCIDE ou NU-COP aux USA).
  • Bouillie bordelaise : Le botaniste français Millardet a découvert que l’effet phytotoxique du sulfate de cuivre soluble pouvait être grandement atténué en le mélangeant avec de la chaux hydratée. Ce mélange a pour effet de « fixer » le cuivre, soit neutraliser l’acidité du cuivre mis en solution. Cette « bouillie bordelaise » reste donc une option en agriculture biologique, à condition de vouloir faire ce mélange soi-même. Même si la bouillie bordelaise est plus efficace que l’oxychlorure de cuivre, elle est aussi potentiellement plus phytotoxique et peu compatible avec les autres traitements.MillardetIl existe plusieurs recettes de bouillie bordelaise et une notation un peu particulière. Par exemple, la formule courante à 1 % consiste à mélanger 1 kg de chaux par kilogramme de sulfate de cuivre dans 100 L d’eau, ce qui donne la formulation 1-1-100, soit la même chose que la formulation 10-10-1000 qui est souvent citée sur Internet. Notez que le pH élevé des résidus de la bouillie bordelaise peut inactiver complètement d’autres molécules, notamment la streptomycine22. Il n’est donc pas possible d’appliquer la streptomycine rapidement après un traitement à la bouillie bordelaise, à moins que la pluie ne délave complètement les résidus du traitement avant la fleur.
Produits à base de soufre

Le soufre (toutes les formulations) est un fongicide à action multisites ayant aussi des propriétés acaricides, surtout (et malheureusement) contre les acariens prédateurs. L’utilisation régulière de soufre à dose élevée entraîne souvent des problèmes d’acariens23, le soufre est cependant utilisé pour réprimer le « rust mite » (ériophyides) (Triloff, comm. pers.) L’effet sur les prédateurs n’est pas rapporté aux doses faibles recommandées en PFI8.

Tous les produits à base de soufre sont efficaces contre plusieurs maladies fongiques. Par contre, le soufre est peu résiduel et généralement moins efficace que les fongicides de synthèse à moins que les traitements soient réalisés au moment optimum (ex. : traitement de germination).

Phytotoxicité liée à la chaleur : L’utilisation de toutes les formulations de soufre comporte un risque élevé de phytotoxicité (brûlure, roussissure sur les fruits) si utilisées par temps chaud. Le soufre élémentaire cause des problèmes à partir de 30 °C25, la bouillie soufrée est problématique dès 26 °C24. Les brûlures apparaissent surtout sur les fruits orientés vers le sud-ouest, où la surface des fruits est la plus exposée (Triloff). Le soufre ne devrait jamais être appliqué si des températures très élevées sont prévues au cours des prochains jours. En absence de pluie pour lessiver le soufre en place, la phytotoxicité due à la chaleur peut survenir lors d’une canicule, lorsque le temps est « lourd » (humide, sans vent) et ce, plusieurs semaines après l’application (Trapman, comm. pers.) L’ouverture des stomates par temps très humide est possiblement le point d’entrée pour la sublimation gazeuse de soufre à la surface des fruits (Triloff).

Cette phytotoxicité du soufre n’est pas réduite en pulvérisant avec de petites gouttelettes, n’est pas affectée par le temps de séchage et est possible même à très faible dose (Triloff, comm. pers.) Les risques diminuent très légèrement à la fin de l’été avec la baisse de l’intensité solaire (angle) (Triloff).

Pour minimiser les risques d’insolation en période de risque liés à la chaleur, les produits à base de soufre devraient être appliqués immédiatement avant une période de pluie prévue, ou pendant la pluie, mais non après les pluies.

Les produits à base de soufre sont aussi phytotoxiques lorsqu’ils sont mélangés avec de l’huile ou tout autre produit contenant des distillats de pétrole. Il faut respecter un minimum d’une semaine avant ou après une application de soufre (ou ses dérivés) pour appliquer de l’huile.

Dans le sol, le soufre est oxydé graduellement en acide sulfurique, ce qui entraîne une lente acidification du sol24.

Certains cultivars de fruits sont très sensibles au soufre, alors que d’autres bénéficient des traitements. L’utilisation répétée du soufre à la dose élevée de l’étiquette a généralement un effet cumulatif néfaste sur la physiologie des arbres. L’utilisation répétée du soufre en été peut augmenter les problèmes de pourritures estivales, probablement par un effet phytotoxique sur les lenticelles des fruits. Une partie des problèmes liés au soufre peuvent être atténués voire éliminés en diminuant la dose par rapport à celle préconisée sur l’étiquette. À dose faible (4-5 kg/ha en équivalent soufre), les problèmes associés au soufre sont assez mineurs26.

Aux doses faibles proposées en PFI, le soufre garde certains effets négatifs mineurs sur la photosynthèse7, un effet d’éclaircissage7, affecter la coloration de certains cultivars7, mais peut aussi augmenter les rendements par son action fertilisante9.

Il existe trois types de formulations de soufre : 1) le soufre élémentaire presque pur; 2) formulé avec des adjuvants; 3) en mélange avec de la chaux éteinte pour produire la chaux soufrée (voir cette section). Pour une quantité égale de soufre, la chaux soufrée est la plus efficace contre la tavelure8 mais aussi la plus toxique aux arbres. Le soufre élémentaire (et formulé) est parfois recommandé en mélange avec du cuivre8 (voir la section sur le cuivre).

Les produits à base de soufre sont tous admissibles en production biologique. Toutes les étiquettes de soufre stipulent un maximum de huit applications par année.

Soufre élémentaire et formulé : Le soufre élémentaire à 92 % est une poudre mouillable qui peut être appliquée avec un pulvérisateur conventionnel mais qui était aussi traditionnellement poudrée sans eau sur les cultures, notamment pour le blanc. Le soufre à 80 % est vendu sous différentes formulations granulaires qui permettent de faciliter la dispersion du soufre dans l’eau et de créer une suspension uniforme.

Outre son effet sur le blanc et la tavelure, le soufre élémentaire (et formulé) en mélange à l’argile (Kaolin) peut réduire la roussissure pendant la période post florale.

  • Pour la tavelure du pommier : Le soufre utilisé seul est relativement peu efficace en protection. Les traitements en protection peuvent difficilement arrêter une épidémie de tavelure, à moins que le niveau de tavelure de départ soit très faible. La pleine dose homologuée pour le soufre élémentaire ou formulé (>18 kg/ha) n’est pas nécessaire pour être utile, mais à la dose de 4 kg/ha, le soufre laisse passer plus de taches que les traitements conventionnels à faible dose appliqués aux mêmes dates26,27. La meilleure fenêtre d’utilisation du soufre est en lien avec les traitements durant la fenêtre de germination (pendant la pluie), autant au printemps qu’en été. En fait, le soufre fonctionne jusqu’à quelques heures après le début de l’infection9,28. Le soufre est aussi préconisé en mélange avec le bicarbonate de potassium, la chaux hydratée et le cuivre (voir la fiche sur les mélanges).
  • Produits commerciaux :

    • SOUFRE MICROFIN : Poudre mouillable (plusieurs manufacturiers : ex. : Bartlett, UAP).
    • KUMULUS, MICROTHIOL DISPERSS, COSAVET DF EDGE : Formulation granulaire des compagnies BASF, United Phosphorus et Engage Agro respectivement.

Bouillie ou chaux soufrée : Ce produit est aussi connu sous le nom de bouillie nantaise, bouillie versaillaise23, eau de Grison23, bouillie sulfo-calcique, polysulfure de calcium, sulfure de calcium (en anglais, calcium polysulfide, lime sulfur ou LLS pour Liquid Lime Sulfur). Ce produit est obtenu par la réaction de l’hydroxyde de calcium en solution dans l’eau avec du soufre et un surfactant. La molécule obtenue de dimension variable est une association entre un atome de calcium et plusieurs atomes de souffre (CaSx où x est variable entre 2 et 7). D’autres sous-produits sont présents dans les mélanges. La bouillie était traditionnellement fabriquée à la ferme, mais les formulations commerciales standardisées sont préférables.

La bouillie soufrée (1851, Versailles, France) est le tout premier pesticide synthétique (fabriqué par l’homme), mais est néanmoins admissible en production biologique. Il est utilisé à la fois comme traitement insecticide au stade dormant (psylle du poirier, pucerons, cochenille), comme acaricide, bactéricide, agent éclaircissant et comme fongicide. Son utilité comme fongicide est connue depuis plus d’un siècle29. Jusqu’à l’arrivée du bicarbonate de potassium, la bouillie soufrée était le seul fongicide approuvé en agriculture biologique qui pouvait être appliqué pour réprimer la tavelure comme traitement en post infection. Pour la tavelure, la bouillie soufrée serait moins efficace pour protéger les fruits que les feuilles (Karl Schloffer, comm. pers.) La chaux soufrée est très efficace contre le complexe suie-moucheture30 et le blanc. Cependant, la bouillie n’est pas efficace contre la rouille et peut aggraver les pourritures de fruits (ex. : pourriture amère)30. La bouillie est alcaline (pH > 11) et est donc incompatible en mélange avec la plupart des pesticides.

La bouillie soufrée est beaucoup plus efficace comme fongicide que le soufre élémentaire, mais est aussi beaucoup plus phytotoxique24.

L’utilisation régulière de la bouillie soufrée diminue les rendements en comparaison au soufre élémentaire. L’utilisation répétée de la bouillie soufrée à la dose homologuée est phytotoxique sur feuillage et peut causer une roussissure inacceptable sur certains cultivars (ex. : Gala, Jonagold, Golden23). Une partie des problèmes de phytotoxicité disparaît dans les traitements à volume faible24. De plus, la bouillie soufrée est efficace à partir de 5 L/ha et n’est pas phytotoxique à cette dose réduite. Contrairement aux indications de l’étiquette, la bouillie soufrée peut être utilisée sur feuillage humide, sauf pendant la période critique pour le roussissement (fiche 108). Le cultivar Red Delicious serait sensible à la bouillie soufrée, même en été.

  • Pour la tavelure du pommier : Pour une même quantité de souffre, la bouillie soufrée est plus efficace que le soufre seul16. De plus, la bouillie soufrée est plus versatile que le soufre. La bouillie soufrée est efficace en protection26, pendant la période de germination et en post infection. Cependant, ce produit même à forte dose (15 L/ha) laisse passer plus de taches que les traitements conventionnels à faible dose appliqués aux mêmes dates26. À faible dose (5 L/ha), il est préférable de l’utiliser sur feuillage mouillée pendant la fenêtre de germination des spores. La bouillie soufrée est efficace jusqu’à 300 DH après le début de l’infection, mais la dose doit être augmentée à 14 L/ha. Son effet en post infection est aussi moindre que celui obtenu par les traitements conventionnels de post infection26. Le mélange de bicarbonate de potassium et de soufre est aussi efficace que la bouillie soufrée en post infection27,31.
  • Pour l’éclaircissage et le feu bactérien : La « phytotoxicité » de la bouillie soufrée peut être utilisée avantageusement lors de l’éclaircissage pour brûler les fleurs après pollinisation et réduire les risques de feu bactérien. La dose d’éclaircissage est de 20 L/ha ou plus. L’ajout d’huile de poisson à la bouillie soufrée augmente l’effet d’éclaircissage (voir la fiche sur l’éclaircissage). L’huile de poisson peut être substituée par de l’huile minérale d’été. La bouillie soufrée est cependant incompatible avec le Blossom Protect et la séquence des traitements doit en tenir compte. Les traitements de bouillie soufrée sont habituellement appliqués avant le BLOSSOM PROTECT (fiche 49).

En été, la bouillie soufrée est efficace contre la suie-moucheture à une dose faible (7 L/ha) mais pas contre la pourriture noire32.

Note : Un dérivé de la bouillie soufrée appelé « soufre colloïdal » peut être fabriqué à la ferme en ajoutant simplement du sulfate de fer (500 g/ha) au réservoir contenant la bouillie soufrée commerciale. Cette variation crée par Tafradzhijski est très prisée en Europe de l’Est, mais n’a pas été retenue par la littérature américaine29. Le soufre colloïdal serait moins phytotoxique que la bouillie soufrée standard. Ce mélange serait légal dans la mesure où le fer est appliqué comme engrais foliaire.

  • Produits commerciaux :

    • CHAUX SOUFRÉE (polysulfure de calcium 22 % à 30 % selon la formulation) : La concentration en polysulfure varie selon les manufacturiers et la dose doit être ajustée en conséquence. Contrairement à tous les pesticides liquides dont la densité est proche de celle de l’eau, la densité de la chaux (bouillie) soufrée peut atteindre 1,27 kg/L selon les formulations. Il faut donc en tenir compte dans les calculs de conversion entre les recommandations en poids ou en volume.
Sels et autres molécules inorganiques simples

Plusieurs sels sont efficaces pour réprimer différentes maladies. Les sels peuvent agir par contact avec les agents pathogènes à la surface des plantes, mais aussi dans la plante. La cuticule des plantes est une barrière généralement efficace pour l’eau et prévient la déshydratation. Cependant, cette barrière n’est pas parfaite et les sels appliqués en solution sur les surfaces aériennes des plantes peuvent être absorbés (ex. : l’urée comme engrais foliaire). Le principe s’applique pour le calcium et d’autres éléments. Cette pénétration des sels est passive et résulte d’un processus physique simple. Les sels et l’eau passent lentement la barrière cuticulaire cireuse par des pores aqueux de dimension moléculaire1. Tant que la plante demeure mouillée ou que l’humidité relative de l’air reste au-dessus du point de déliquescence du sel (hygroscopicité), les sels continuent d’entrer dans la plante par cette voie. Il est possible de prédire la vitesse de pénétration du sel dans la plante par sa constante de déliquescence. Cependant, comme la pluie lessive également les sels, la quantité réellement absorbée par la plante est limitée par l’intensité de la pluie après le traitement. Des tensioactifs (surfactants) sont nécessaires pour maximiser le contact entre les sels et la cuticule et ainsi maximiser leur pénétration dans la plante.

Carbonates : Les carbonates (carbonate et bicarbonate (monohydrogéno)) sont des sels basiques très solubles qui n’ont aucune rémanence sur le feuillage dès qu’il pleut. De plus, les carbonates ont une efficacité généralement assez faible contre les champignons. Par exemple, les carbonates peuvent inhiber partiellement la germination des spores de la tavelure, mais seulement à des doses très élevées (ex. : K2CO3 (9 g/L)33). Cependant, les carbonates sont en partie absorbés par la cuticule2 et ont donc une efficacité en post infection. Quand les carbonates sont bien synchronisés en post infection et qu’ils peuvent agir sans être lessivés, ils sont efficaces contre la tavelure du pommier. Ils sont aussi connus pour leur efficacité à réprimer le blanc dans plusieurs cultures. Le carbonate de calcium (CaCO3, calcaire, ou craie non soluble) n’a pas d’effet utile contre la tavelure34.

Selon la fréquence d’utilisation et à dose élevée (ex. : 10 kg/ha), les carbonates peuvent provoquer une chlorose (jaunissement) du feuillage. Les nombreuses formulations commerciales de carbonates dans le monde (ARMICARB, ASTRAL, BI-CARB, KALIGREEN, OMNI PROTECT, TUI ECO-FUNGICIDE, VITISAN) sont souvent plus efficaces que le bicarbonate pur contre la tavelure28, mais peuvent être plus phytotoxiques que la matière active utilisée seule35.

  • Bicarbonate de potassium : De tous les carbonates (calcium, sodium9, ammonium9, K2CO3, etc.), le bicarbonate de potassium (KHCO3) a été identifié comme le plus efficace28 et le plus utile en pomiculture. En plus de l’effet fongicide du bicarbonate, l’apport de potassium contribue aussi à la répression de plusieurs maladies.

    Ne confondez pas le carbonate (potasse, pearl ash, potash, K2CO3) et le bicarbonate (KHCO3) de potassium. Le carbonate de potassium (potasse) est un engrais fréquemment appliqué au sol où il est sans effet sur la tavelure36. Pour des traitements foliaires, le carbonate est efficace37, mais les quantités requises le rendent inabordable et l’apport de potassium serait excessif. La conversion du carbonate (pH = 11,433) en bicarbonate (pH = 8,4) est facile en acidifiant la solution, mais seul le bicarbonate avec une étiquette réglementaire est homologué contre la tavelure.

    Le bicarbonate de potassium est souvent vendu comme engrais foliaire avec la formulation 0-0-47 et comme ingrédient dans l’industrie alimentaire. Le 0-0-47 et le bicarbonate de potassium alimentaire sont identiques au produit homologué, mais ne sont pas permis pour lutter contre la tavelure sans l’étiquette réglementaire de l’ARLA.

    Le bicarbonate de potassium est utilisé en Europe en pomiculture depuis plus de dix ans pour réprimer la tavelure et d’autres maladies. Le bicarbonate est largement utilisé en production biologique puisque ce produit est non toxique, peu coûteux et efficace pour les traitements en post infection. En plus de la tavelure, le bicarbonate est efficace pour réprimer le blanc et le complexe suie-moucheture en été. À dose élevée (> 15 kg/ha) et avec des applications répétées, le bicarbonate peut aussi aider au contrôle de la charge fruitière38. Son action hygroscopique assècherait les stigmates et empêcherait la germination du pollen.

    Pour la tavelure du pommier : Au laboratoire, les applications à n’importe quel moment du bicarbonate de potassium sont efficaces contre la tavelure28. En pratique, la pluie lessive rapidement le bicarbonate et il doit donc être appliqué après l’arrivée des spores pour être utile. Le bicarbonate peut être utilisé seul pendant la germination des spores ou en post infection autant sur feuillage sec9,39 que sur feuillage mouillé. Cependant, la couverture peut être améliorée lors des applications sur feuillage mouillé. Comme le bicarbonate de potassium est hygroscopique40 (déliquescent), son absorption par la feuille continue après le séchage. Pour pallier la tendance au lessivage et augmenter l’efficacité, le bicarbonate de potassium est souvent appliqué en mélange avec du soufre élémentaire (fiche 52) ou vendu formulé pour améliorer sa rémanence et son efficacité. D’autres mélanges sont possibles9,41, mais doivent être validés avant l’emploi à grande échelle. Par exemple, le mélange (1:1, ex. : 4 kg/ha + 4 L/ha) bicarbonate et d’huile minérale horticole d’été est intéressant (mais sans ajouter de soufre). Lorsque la dose de bicarbonate est plus élevée, l’huile en mélange réduit les risques de phytotoxicité9. Cependant, l’utilisation d’huile peut interférer avec vos autres traitements. L’huile végétale n’améliore pas l’efficacité du bicarbonate28.

    Une fiche (Le bicarbonate et RIMpro) a été publiée pour aider à bien cibler les traitements.

    Restrictions : Ne pas mélanger le bicarbonate avec des agents mouillants non testés ou homologués, des produits ayant des formulations EC ou des produits à base de cuivre liquide. Quand les conditions sont propices à la roussissure des fruits, le bicarbonate peut augmenter les symptômes, notamment en présence de résidus de cuivre. Le mélange de bicarbonate et de cuivre réduit l’adhérence du cuivre42.

    Ne pas modifier le pH de la solution. Une partie de l’efficacité du bicarbonate provient de son pH élevé (pH > 8,4)43. L’acidification de la solution entraîne automatiquement une diminution de l’efficacité. Le bicarbonate de potassium est incompatible en mélange avec le chlorure de calcium (voir la fiche sur la fertilisation). La recommandation actuelle est de laisser un délai de cinq jours entre les applications de bicarbonate de potassium et de chlorure de calcium.

    Le bicarbonate de potassium est stable et peut être stocké pendant plusieurs années dans un contenant fermé. Cependant, l’exposition prolongée à une température supérieure à 25 °C et à une humidité relative élevée pourrait dégrader le produit et conduire à une libération graduelle de CO2 et la formation de carbonate, comme c’est le cas pour le bicarbonate de sodium40.

    Selon les pays, la dose usuelle de traitement pour le bicarbonate de potassium est de 3 à 9 kg/ha selon la taille des arbres et l’efficacité est fonction de la dose9. Dans la plupart des vergers, 4-5 kg/ha suffisent. Cependant, comme la dose homologuée au Canada est déjà très faible, ne coupez pas la dose. Aucun ajustement de dose (ex. : TRV) à la baisse n’est possible. Le bicarbonate a été testé avec succès dans les volumes de bouillie réduit (ex. : 300 L/ha8).

    Produits commerciaux :

    • BICARBONATE DE POTASSIUM 100 % : Une homologation de bicarbonate de potassium alimentaire « générique » a été obtenue au Québec à l’automne 2016 par Naturpac (coopérative de Deux-Montagnes). (Numéro 32451).
    • SIROCCO ou MILSTOP : Une formulation américaine de bicarbonate vendue au Canada jusqu’à 2021. Non disponible en 2022.

Autres sels :

  • Hydroxyde de calcium : La chaux hydratée (chaux éteinte, slaked lime) sous forme de suspension (lait de chaux) a un effet reconnu contre la tavelure37,42,44, mais n’a pas d’efficacité contre le blanc15. À concentration égale, l’efficacité contre la tavelure au laboratoire est supérieure aux autres fongicides alcalins (bicarbonate33, chaux soufrée). Certains producteurs commerciaux (Australie, Nouvelle-Zélande) utilisent régulièrement la chaux comme traitement fongicide foliaire contre la tavelure45. Ce choix est possible quand la pression de la maladie est faible.Pendant la période des infections primaires, la chaux est appliquée comme le bicarbonate en traitements foliaires (jusqu’à 14 kg/ha selon la dimension des arbres) pour des traitements en post infection. Une solution saturée ne suffit pas pour obtenir l’effet fongicide, il faut une suspension assez concentrée pour laisser un dépôt insoluble (lait de chaux). Une partie de l’efficacité est liée au pH élevé (pH > 12,4). La chaux est rapidement convertie en carbonate de calcium (inefficace) et ne peut donc pas être appliquée en protection33 et donc des traitements non dirigés (type calendrier) ne sont pas assez efficaces15,45, même avec un taux d’application élevé (30 kg/ha7). Contrairement à la bouillie soufrée, la chaux n’est pas phytotoxique34 et ne cause pas de roussissure15. Le dépôt blanc laissé sur les fruits n’affecte pas la coloration7,15 et peut même prévenir l’insolation7. Cependant le résidu doit parfois être lavé à la récolte. L’agitation en cuve est importante pour maintenir la chaux en suspension. Attention : La chaux est corrosive et peut abîmer certaines pompes (ex. : pompe à piston).
  • Mélanges :
    La chaux est compatible en mélange avec le cuivre15, mais ce mélange est moins efficace que d’autres combinaisons (ex. : soufre + cuivre). Le mélange de chaux et d’huile est inefficace41. Comme la chaux est un engrais son statut légal est incertain pour un usage fongicide34.La combinaison de chaux éteinte et de la bouillie soufrée aurait un effet synergique contre les maladies, notamment celles causées par Alternaria46.
  • Chlorure de calcium : Le chlorure de calcium n’a pas d’effet fongicide (du moins pour la tavelure33) ou bactéricide direct. Cependant, ce produit exerce différents effets bénéfiques pour lutter contre les maladies. Par exemple, lorsqu’il est utilisé pour l’éclaircissage47 durant la fleur, le chlorure de calcium réduit indirectement les risques d’infection du feu bactérien. Comme engrais foliaire, le chlorure de calcium réprime en partie la tavelure (feuilles et fruits)48, le blanc, la suie-moucheture et la pourriture amère. Les apports répétés de chlorure de calcium diminuent les risques de point amer (désordre physiologique), mais aussi les risques de pourritures en entrepôt (gloeosporioses). Le trempage des fruits après récolte dans le chlorure de calcium est également bénéfique. La plupart des autres formulations de calcium en été (ex. : nitrates48, chélatés), n’ont pas ces bénéfices et peuvent même empirer les problèmes de maladie (feu bactérien, pourritures d’entrepôt) et des problèmes physiologiques comme le point liégeux49. Les applications de nitrate de calcium en été peuvent aussi contribuer à l’augmentation des problèmes de cicadelles, pucerons, acariens, tordeuses, etc. Voir la fiche fertilisation pour une stratégie de fertilisation azotée efficace.Les mélanges de calcium avec les fongicides usuels (ex. : Captan, Sovran) diminuent l’absorption du calcium50 et les adjuvants compris dans ces fongicides ne corrigent pas le problème. Le chlorure de calcium est incompatible avec le bicarbonate de potassium. Le chlorure de calcium est recommandé en mélange avec le bore (Solubor) et augmente l’efficacité du bore51. (Voir la fiche fertilisation et phytoprotection.)Pour augmenter l’efficacité, le chlorure de calcium peut être mélangé à un agent mouillant pour réduire la tension de surface. La pénétration accélérée du calcium mélangé à l’agent mouillant permet notamment d’éviter le lessivage52. Cependant, évitez les conditions qui favorisent une trop grande absorption de calcium qui peuvent mener à une phytotoxicité. Les produits à base d’alkyls polyglucoside53 sont à privilégier (voir tensioactifs). Le tensioactif Silwet L77 (organosilicone) est aussi efficace48, de même que l’huile de canola54.

Autres molécules inorganiques simples :

  • Urée : L’urée inhibe la reproduction de la tavelure dans les feuilles de litière et a donc un effet « fongicide » (voir la fiche 101). L’urée appliqué comme engrais foliaire au printemps inhibe aussi la tavelure (voir la fiche fertilisation et phytoprotection).). Les traitements immédiatement avant la pluie sont les plus efficaces.
  • Silicium (K2SiO3, silicate de potassium) : Le silicium en solution est partiellement efficace contre le blanc et la tavelure du pommier55, notamment lorsque les traitements sont dirigés pendant la germination du champignon56. Le silicate n’est pas plus efficace en mélange avec le bicarbonate de potassium57 (confirmé par Fibl en 2021, comm. pers.)
    • Silicate de potassium seul (2,6 kg/ha) (efficacité moyenne), parfois inefficace<sup16,58.
    • Bicarbonate de potassium (B2K) (2,5 kg/ha + Silicate de potassium (0,5 kg/ha actif)56 (efficacité similaire au mélange B2K (5 kg/ha) + soufre (2 kg/ha ).

Le silicate en solution a un pH élevé et est incompatible avec plusieurs produits. Le silicate de potassium est utilisé dans l’industrie alimentaire comme additif (E560) pour ajuster le pH.

 

Tensioactifs et autres adjuvants (surfactants, agents mouillants) (en anglais : spreader/sticker)

Les adjuvants ont une variété d’effets, mais sont surtout utilisés pour faciliter la répartition de la bouillie de pulvérisation et contrôler la mousse (tensioactifs), « coller » le produit en place (adsorption), faciliter la pénétration dans la plante (absorption), ou simplement ajuster le pH. Ils sont souvent intégrés comme additifs aux formulations commerciales, mais il est également possible d’en ajouter lors des traitements. Certains manufacturiers en font la promotion parce qu’ils peuvent augmenter l’efficacité des traitements. Les adjuvants n’ont en général pas d’effet direct sur les maladies, mais leur effet indirect sur la répartition et l’adsorption des gouttelettes peut être appréciable dans la gestion des maladies. Certains produits ont aussi parfois un effet direct sur les spores, notamment pour lutter contre la tavelure, mais cette efficacité est relativement faible.

Les adjuvants tensioactifs (surfactants) réduisent la tension de surface, ce qui a pour effet d’écraser les gouttes et donc d’augmenter la surface qu’elles occupent. La bouillie prend plus la forme d’un film d’eau que de gouttes individuelles. C’est l’effet « mouillant ». Leur usage est plus important avec les buses à grosses gouttes. Les tensioactifs sont catégorisés selon leur charge ou polarité (ioniques, ou non). Les agents anti mousse (ex. : dimethylpolysiloxane) sont souvent intégrés aux formulations des tensioactifs.

Certains adjuvants ont aussi une propriété « collante » (sticker) qui limitent le lessivage par la pluie59, les pertes par évaporation, ou par le soleil (photodégradation). Finalement, certains adjuvants sont à la fois mouillants et collants. Cependant, les meilleurs agents collant (ex. : latex et résines) ne sont pas aussi efficaces comme agents mouillants. Même si l’idée de « coller » un fongicide peut sembler intéressante, l’utilité pour des maladies comme la tavelure et le blanc est limitée puisque la durée de protection est plus souvent limitée par la croissance des feuilles que par le lessivage par la pluie.

D’autres adjuvants sont conçus pour réduire la dérive en augmentant la viscosité et le diamètre des gouttelettes. Comme ces produits peuvent altérer la répartition des gouttelettes et nuire à l’efficacité de vos traitements, il est préférable d’adopter d’autres méthodes de réduction de la dérive.

Malgré leur potentiel, les adjuvants ne sont pas toujours utiles et peuvent même être responsables de réactions phytotoxiques. Mélanger des adjuvants avec des pesticides qui en contiennent déjà peut avoir des effets parfois imprévisibles.

Par exemple, les produits conçus pour abaisser le pH (ex. : LI-700) peuvent augmenter l’efficacité des fongicides comme le Captan lorsque l’eau est alcaline, mais neutralisent l’effet des produits comme le bicarbonate de potassium et peuvent augmenter l’effet phytotoxique des produits comme le cuivre. Certains tensioactifs non ioniques éthoxylés (ethoxylated surfactants) (ex. : Agral, Enhance, Ag-Surf) peuvent nuire à l’absorption du calcium50 ou modifier la couche cireuse et provoquer une phytotoxicité60 ou une augmentation des maladies. Finalement, les adjuvants doivent être homologués pour la culture. Le choix de l’adjuvant est donc important.

Produits commerciaux (ou ingrédient générique) :

  • Xiameter/Silwet L77 (organosilicone) (Stilwet) : Facilite la pénétration des engrais. Sécuritaire en pomiculture48. Augmente l’effet des insecticides et fongicides61, mais n’a pas d’effet direct sur la tavelure48. Fonctionne pour des solutions à pH élevé62 et serait donc optimal en mélange avec le bicarbonate de potassium (mais non testé à notre connaissance).
  • Glucopon et Plantacare33 (250 ppm) : Ils peuvent inhiber la germination des spores et la croissance du mycelium de la tavelure33. C’est probablement le cas des autres membres de cette famille de tensioactifs (polyglycoside, APG ou Alkyl polysaccharide surfactant) (APS). Ces produits (CAS 68515-73-1) sont sur la liste d’exemption de l’EPA parce que sécuritaires sur les aliments (§ 180.910). Ces produits sont sécuritaires pour la culture et pour l’environnement.
  • Nu-Film-P (0,1 %, ex. : 0,3 L/ha) : Produit à base de terpène. En mélange avec du cuivre ou des fongicides à base de soufre, peut contribuer à une réduction de la tavelure63.
  • Liberate : Tensioactif à base de lécithine de soya. Effet neutre sur le pH et n’affecte pas la cuticule.
  • LI-700 : Effet acidifiant. Augmente l’effet fongicide du Captan64 mais diminue l’efficacité de la Kasumin.
  • Pod-Stik (Max-Bond) : Agent collant à base de latex synthétique. Effet neutre sur le pH. Augmente l’effet fongicide du Captan64.
  • Huile de canola : Augmente l’étalement des gouttelettes de pulvérisation, ce qui favorise une plus grande surface de contact et une plus grande absorption du calcium54.
  • Lait écrémé en poudre : (0,05 % m/v de bouillie, ex. : 50 g par 100 L) Agent collant. Augmente considérablement la rétention de la bouillie pesticide65.
  • Regulaid : Couramment utilisé aux USA pour augmenter l’efficacité de la streptomycine, mais non homologué au Canada.

 

Fongicides de contact multisites

Les fongicides de contact homologués en pomiculture sont issus de deux grands groupes de fongicides (Dithiocarbamates et Dicarboximides) développés il y a une cinquantaine d’années et le fluazinam (Pyridinamine), breveté il y a un peu plus de vingt ans. Les quinones, qui ne sont plus homologués au Canada, sont présentés dans la liste du fait de leur importance historique et leur utilisation actuelle en pomiculture dans la plupart des pays exportateurs de pommes.

Tous les produits issus de ces familles sont des génériques qui ne sont plus protégés par brevet. Ils partagent une efficacité contre une gamme variée de maladies, incluant la tavelure et le complexe suie-moucheture, mais aucun n’est très efficace contre le blanc du pommier. Ces produits agissent surtout par contact. C’est à dire qu’ils doivent être appliqués avant l’arrivée des spores du champignon visé ou pendant leur germination puisqu’ils ont une efficacité limitée en post infection. À l’exception du fluazinam, ces produits n’adhèrent qu’assez peu à la cuticule des feuilles et ne sont pas absorbés. Ils sont donc lessivés graduellement par les pluies. Vu leurs modes d’actions complexes, ils sont rarement sujets à la résistance et la rotation entre les familles de fongicides de contact ou leur mélange n’est donc pas utile à cet égard. Malgré leurs similitudes, les différents produits ont des particularités propres dont il faut tenir compte dans le choix des produits à traiter.

Dithiocarbamates

Historiquement, les dithiocarbamates ont remplacé le soufre et le cuivre parce qu’ils étaient actifs à des doses moindres et moins phytotoxiques. En plus des maladies réprimées par tous les fongicides de contact, les dithiocarbamates sont efficaces contre la tache ocellée et d’autres maladies mineures. Aux États-Unis, les dithiocarbamates sont surtout prisés pour leur efficacité contre la rouille, une maladie quasi absente au Québec. Aucun cas de résistance n’a jamais été rapporté contre les dithiocarbamates. L’avantage majeur des dithiocarbamates est leur compatibilité en mélange avec la plupart des autres pesticides, les régulateurs de croissance et les engrais foliaires alors que les autres familles de produits ont souvent des restrictions d’usage importantes pour éviter la phytotoxicité. Par exemple, les dithiocarbamates sont compatibles en mélange avec l’huile.

Par ailleurs, les dithiocarbamates ont tous des effets toxiques à des degrés divers contre les prédateurs d’acariens dont il faut tenir compte en PFI. Aucun fongicide de cette famille n’est admis dans les cahiers de charge de PFI de nombreux pays.

Le premier dithiocarbamate à avoir été homologué est le THIRAM. Par la suite, différentes variations ont été découvertes comme le FERBAM et le ZIRAM. Plus récemment dans les années 1960, un sous-groupe (EBDC) comprenant le mancozèbe, (une combinaison de manèbe et de zineb) et le métirame ont été homologué. Chacun se distinguait par les ions (fer, zinc, etc.) coordonnés à la portion dithiocarbamate qui était commune à tous les produits. Les différents ions conféraient aux produits des propriétés particulières et servaient d’engrais foliaire. Les éléments présents dans chaque produit sont indiqués dans la liste.

Le sous groupe des EBDC partage une même toxicologie incluant leur principal produit de décomposition, l’éthylènethiourée (ETU). Conséquemment, les mêmes restrictions s’appliquent aux EBDC homologués, incluant un délai d’usage de 45 jours avant récolte. Certaines craintes quant à la toxicité du ETU font en sorte que l’homologation du métirame a été entièrement révoquée et que celle du mancozèbe est en révision.

Produits commerciaux :

  • Produits retirés :

    • THIRAM 65WP, GRANUFLO T (thirame) : Produit utilisé principalement en mélange avec une peinture au latex pour la prévention des chancres sur le tronc des pommiers. Utilisé comme répulsif contre le campagnol, le lapin et le chevreuil avec des résultats variables. Le THIRAM a été remplacé comme fongicide par d’autres dithiocarbamates parce qu’environ 25 % de la population blanche y est allergique. Le THIRAM n’est plus homologué dans la pomme (décision de l’ARLA RVD2018-38).
    • FERBAM 76WDG (76 % ferbame) : (ions fer) Le FERBAM est le premier dithiocarbamate à avoir été homologué pour réprimer la tavelure du pommier. Le fer contenu dans ce produit laissait à la récolte des traces noirâtres sur les fruits. Le FERBAM n’est plus homologué dans la pomme (décision de l’ARLA RVD2018-37).
    • ZIRAM, ZIRAM GRANUFLO (zirame) : (ions zinc) Les fongicides avec la marque commerciale ZIRAM sont à base du dithiocarbamate « zirame », qui ne doit pas être confondu avec le zinèbe. Le zinèbe n’a pas été homologué au Canada. Le ZIRAM a seulement été homologué sur la pomme en Colombie-Britannique. Le ZIRAM est très facilement lessivé par la pluie et a donc une faible capacité résiduelle par rapport aux autres EBDC. Le ZIRAM n’est plus homologué dans la pomme (décision de l’ARLA RVD2018-39).
    • POLYRAM DF (métirame) : (ions zinc). Produit banni en 2020. Cet EBDC aurait moins d’effets toxiques sur les prédateurs d’acariens. En comparaison aux autres fongicides de contact, les fruits traités au POLYRAM ont souvent moins de roussissure.
  • Produits en usage courant (2020) :

    • DITHANE, FORTUNA, KINGPIN, MANZATE, PENNCOZEB (75 % mancozèbe) : (ions zinc + manganèse) Le mancozèbe est le EBDC le plus utilisé en pomiculture. À la dose usuelle (4,5 kg/ha), il est moins efficace que le captane (3 kg/ha) pour réprimer la tavelure, mais aussi moins cher. La matière active du Captan est environ 2x plus efficace que le mancozèbe. Lorsque les doses sont ajustées de façon à rendre leur prix égal, l’efficacité des deux produits est similaire. Baisser la dose a une incidence immédiate sur le nombre de taches observée lorsque les conditions sont favorables à la maladie. Des doses plus faibles de mancozèbe (ex. : 3 kg/ha) sont parfois recommandées en mélange avec d’autres produits pour augmenter l’efficacité66. Les étiquettes mentionnent une possible phytotoxicité sur Golden.
Phthalimides

Classe de fongicides variés issus du groupe des dicarboximides. Dans cette classe, différents fongicides ont été utilisés en pomiculture, dont le DIFOLATAN (captafol) qui a été retiré en 1988. Deux molécules de ce groupe sont encore homologuées au Canada en pomiculture, soit le captane et le folpet. Le CAPTAN et le FOLPAN (folpet) sont très similaires. Le renouvellement de l’homologation du Captan (2018) et du Folpet (2020) ont restreint les possibilités d’usage pour ces deux fongicides.

Produits commerciaux :

  • CAPTAN 80WP, SUPRA CAPTAN 80 WDG, MAESTRO, SHARDA CAPTAN 48SC (captane) : Le captane est très efficace contre une gamme variée de maladies sur le pommier. Outre la tavelure, il est efficace contre le complexe suie-moucheture et la tache ocellée. Par contre, le captane est légèrement moins efficace que les EBDC pour réprimer le complexe suie-moucheture. Le captane est aussi homologué contre certaines maladies mineures rarement présentes au Québec et qui ne sont pas couvertes dans ce guide (ex. : tache de Brooks).Pour la tavelure, le Captan est utile en protection, pendant la fenêtre de germination des spores, mais peut aussi stopper la croissance du champignon sous la cuticule23 dans les heures suivants l’infection.Ce produit possède d’excellentes propriétés de redistribution sur le feuillage et protège bien les fruits. Par contre, le captane est régulièrement impliqué dans des problèmes de phytotoxicité quand les conditions climatiques et certains mélanges favorisent son absorption67. Le Captan appliqué seul n’est à peu près jamais problématique67.Le mélange d’huile et de captane est très phytotoxique et ne doit pas être utilisé. Les applications de captane sont aussi à éviter dans les sept à dix jours précédant ou suivant une application d’huile. Les agents mouillants sont à éviter en mélange avec le captane à moins de l’avoir testé. Le mélange soufre et captane ne doit pas être utilisé sur les cultivars reconnus sensibles au soufre. Le guide de traitements de l’université Cornell recommande d’éviter les mélanges avec captane dans les semaines suivant la floraison parce que les réactions phytotoxiques pour ce produit sont de plus en plus difficiles à prédire. Augmenter le nombre de produits en mélange augmente certainement la probabilité que le mélange favorisera l’absorption du captane qui mènera à une réaction phytotoxique67.Des conditions nuageuses prolongées qui nuisent à la formation de la cuticule avant une application de captane peuvent parfois suffire pour provoquer des symptômes de phytotoxicité67, notamment des taches foliaires semblables à la tache ocellée (fiche 110) (captan spot). À l’inverse, le captane peut aussi parfois provoquer des symptômes de phytotoxicité par temps chaud (> 29 °C)25. Les bouillies avec un pH élevé (ex. : bouillie soufrée, bicarbonate de potassium) peuvent réduire l’efficacité du captane.La dose homologuée en Amérique jusqu’en 2020 (3,75 kg/ha de Captan 80 %) est très élevée par rapport à la dose usuelle en Nouvelle-Zélande (1,5 kg/ha7), la dose homologuée en Europe (1,9 kg/ha en France) ou même la dose jugée « normale » en Angleterre en 1969 (2,75 kg/ha)68. Une dose élevée n’est pas nécessaire pour être efficace. La dose homologuée à partir de 2020 au Canada (3 kg/ha de Captan 80 %) est encore plus élevée que nécessaire.
  • FOLPAN (Folpet) : Ce fongicide est homologué au Canada contre les mêmes maladies que le captane et les deux produits sont très similaires. Le FOLPAN est aussi homologué contre la tache alternarienne, mais le diagnostic de cette maladie est ambigu et des traitements ne sont pas nécessairement requis. Comme le Captan, le Folpan est associé à différents problèmes de roussissure. Le folpet a été discontinué aux USA notamment à cause de ses effets sur la santé humaine69. Des données récentes70 et des modifications à la réglementation internationale sur les résidus permettent l’exportation de fruits traités au FOLPAN dans les pays où cette molécule est interdite, dans la mesure où la limite de résidus est respectée. D’un point de vue agronomique, ce produit pourrait remplacer le Captan dans les parcelles où des restrictions limitent les traitements. Par contre, il faut une dose de matière active 2,1x plus élevée de Folpan pour obtenir la même efficacité que le Captan (2,6 kg/ha de Folpan 80WDG = 1,2 kg/ha de Captan Supra 80). Un maximum de six applications de Folpan est possible par année à raison de 3 kg/ha de matière active (3,75 kg/ha de formulation).
Pyridinamines (pyridine)60,61

Classe de fongicide représentée dans la pomme avec un seul produit.

ALLEGRO 500F (40 % fluazinam) : Le fluazinam est un fongicide développé dans les années 1980. Fongicide à large spectre qui inhibe la germination et la croissance mycéliale des spores. Malgré son effet sur le mycélium, le fluazinam ne serait efficace qu’en protection71. Cependant des tests en serres ont démontré une efficacité en post infection contre la tavelure73. Contrairement aux autres fongicides de contact, le fluazinam ne serait pas lessivé par la pluie. Le renouvellement des traitements est donc en fonction de la croissance. Ce produit est homologué et efficace en prévention pour réprimer la tavelure du pommier74,75, le complexe suie-moucheture et des maladies mineures comme les rouilles, l’alternariose, la pourriture noire, les pourritures estivales (gloesporiose) et le Brooks spot (Mycosphaerella pomi). Par contre, son utilité pour les maladies mineures est limitée par le délai avant récolte de 28 jours.

Pour la tavelure, l’efficacité de la dose maximale homologuée de 1 L/ha (400 g actif par hectare) est similaire à celle obtenue avec une demi-dose de captane (1,9 kg/ha). De très bons résultats sont possibles avec 300 g ai/ha76. L’étiquette indique qu’un minimum de 1000 L/ha est requis pour la pulvérisation, mais cette recommandation n’est pas nécessaire et les traitements peuvent être faits à volume réduit comme pour les autres produits. Allegro est régulièrement utilisé à volume réduit lors des tests sur pommiers à l’IRDA. L’utilisation régulière d’ALLEGRO à la dose maximale réprime partiellement les populations d’acariens phytophages (tétranyque rouge, à deux points, ériophyide)71, mais n’aurait pas d’impact sur les prédateurs74. Le produit est incompatible avec les traitements d’huile. En PFI, le produit est classé rouge en lien avec l’indice santé alors qu’il est classé « à risques réduits » par l’ARLA.

Quinones

Cette vieille famille de fongicides comprend différents produits dont le dichlone (PHYGON) qui n’est plus homologué dans la pomme, mais qui comprend également le dithianon69 (DELAN), encore largement autorisé en Europe77 et ailleurs dans le monde mais jamais homologué en Amérique. Le DELAN est le fongicide multisite le plus utilisé en Europe. Très efficace contre la tavelure à 500 g d’ingrédients actifs par hectare76.

 

NOTE : La liste est complète en date de publication de ce document. À chaque début de saison, le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) du pommier diffuse les ajouts et retraits de pesticides par le biais de communiqués. Consultez la fiche 9 pour en savoir plus sur le RAP. Pour une information complète et à jour sur les pesticides, visitez le service en ligne d’information sur les pesticides du gouvernement du Québec (http://www.sagepesticides.qc.ca) et du Canada (http://pr-rp.hc-sc.gc.ca/ls-re/index-fra.php).

ATTENTION DOSES RÉDUITES : l’ARLA ne prend pas action contre ceux qui préconisent de telles pratiques, si elles n’entraînent pas de danger pour la santé ou la sécurité humaine ou pour l’environnement et qu’elles ne sont pas destinées à promouvoir la vente de produits antiparasitaires. Si toutefois l’utilisation de doses réduites ou adaptées devait entraîner des pertes pour les utilisateurs, les conseillers ou les organisations qui les recommandent pourraient être tenus responsables de leurs recommandations dans des actions civiles.

 

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Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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Fiche 51

Vincent Philion, Yvon Morin et Robert Maheux

 

Cette fiche présente une description sommaire et une liste non exhaustive des fongicides unisites et à risque de résistance qui sont homologués pour les vergers de pommiers au Canada.

NOTE : Pour une information complète et à jour sur les pesticides, visitez le service en ligne d’information sur les pesticides du gouvernement du Québec (https://www.sagepesticides.qc.ca/) et du Canada (https://pr-rp.hc-sc.gc.ca/ls-re/index-fra.php).

En comparaison aux autres familles de produits, les produits classés comme « unisites » sont généralement plus récents et moins toxiques. Presque tous les produits jugés à « risques réduits » par l’ARLA sont dans ce groupe. En principe, trois propriétés agronomiques majeures les démarquent des autres produits : la résistance au lessivage, l’efficacité en post infection pour la tavelure et le risque de résistance.

Tous les fongicides unisites sont absorbées par la plante à des degrés divers et résident soit dans la cuticule ou sont systémiques dans la feuille. Conséquemment, tous les produits classés parmi les unisites sont en principe à l’épreuve du lessivage par la pluie et ont une certaine efficacité en post infection pour la tavelure du pommier. En pratique, la résistance au lessivage n’est pas si différente des autres produits et la redistribution au feuillage déployé après l’application est faible. Les différentes familles se distinguent par le spectre des maladies qu’elles peuvent contrôler et leur site d’action sur les champignons visés.

Comme leur nom l’indique, les produits à mode d’action unisite agissent seulement sur un aspect du métabolisme des agents pathogènes (mode d’action) et sont plus sujets au développement de la résistance. La résistance se propage parce que des individus naturellement présents dans la population ont un métabolisme différent qui contourne l’effet fongicide. À chaque mode d’action correspond un mécanisme de résistance qui est généralement indépendant des autres. Les populations devenues résistantes à une famille de produit sont sensibles aux autres familles. Par contre, les populations peuvent éventuellement devenir résistantes à plusieurs familles de produits.

Pour simplifier le choix des produits, les matières fongicides sont classées par le FRAC (Fungicide Resistance Action Committee) et c’est cette classification qui est utilisée dans le Guide. Les populations résistantes à un produit sont résistantes à tous les autres produits de la même famille.

Les problèmes de résistance ont un impact concret sur la gestion de la tavelure et le même principe s’applique au blanc du pommier et éventuellement aux autres maladies, notamment le complexe suie-moucheture. Les individus résistants peuvent soit remplacer rapidement toute la population (résistance qualitative), soit s’accumuler graduellement dans la population (résistance quantitative). En cas de résistance qualitative, la perte d’efficacité est brutale (ex. : benzimidazole, QoI) alors que la perte d’efficacité est graduelle quand la résistance est quantitative (ex. : dodine, IBS). Le type de résistance rencontré pour la tavelure est indiqué pour chaque classe de produit lorsque connu. La progression de la résistance est irréversible pour toutes les catégories de produits. Les individus résistants persistent dans la population même en absence de traitement.

Pour éviter l’accumulation des individus résistants, il est recommandé d’éviter les traitements de secours, de traiter dans les meilleures conditions en maintenant la dose recommandée, de limiter le nombre d’applications par saison pour une même famille et de faire la rotation entre les familles de produits unisites. Les mélanges de produits peuvent aussi ralentir la résistance et la fiche 52 leur est consacrée. Il est possible d’éviter d’avoir à gérer la résistance en utilisant seulement des produits multisites efficaces contre la maladie visée.

 

Traitements de secours

Les produits sujets à la résistance ne devraient jamais être appliqués dans les vergers où des symptômes de la maladie sont déjà apparents. Les traitements sur taches de tavelure déclarées, ou dans les vergers envahis de blanc dans le but de « brûler » les symptômes sont efficaces à court terme, mais accélèrent invariablement la sélection des individus tolérants ou résistants. Les traitements de secours ont conduit à la résistance de la tavelure envers la dodine (SYLLIT) et la résistance du blanc aux IBS. En présence de symptômes, il est toujours préférable de recourir à des traitements avec des produits multisites.

 

Conditions de traitement

Comme tous les produits unisites sont absorbés par la plante, leur efficacité ne dépend pas seulement de la dose appliquée, mais aussi de la dose réellement absorbée par la plante. L’absorption dépend des conditions de séchage. Pour maximiser l’efficacité des traitements, toutes les conditions doivent être réunies pour favoriser l’absorption. En outre, les traitements unisites ne doivent jamais être réalisés pendant la pluie. D’autres restrictions existent selon la catégorie de produit et leur sensibilité aux conditions d’absorption. Les traitements réalisés avec des produits unisites dans de mauvaises conditions (pluie, froid) sont généralement beaucoup moins efficaces que les traitements avec des produits multisites appliqués dans des conditions similaires. En plus des pertes directes liées à un mauvais traitement, les traitements inefficaces entraînent invariablement une pression de sélection accrue pour la résistance. Cette sélection est d’autant plus rapide quand les doses appliquées sont coupées.

 

Guanidines (FRAC U12)

La dodine est le seul fongicide de la famille des guanidines (FRAC U12) homologué dans la pomme (depuis 1957) et n’est efficace sur le pommier que pour réprimer la tavelure. Il est encore largement utilisé dans la plupart des pays européens. Initialement commercialisé sous le nom de CYPREX, c’est à la fois un fongicide de contact et un fongicide systémique local. La dodine est efficace en protection et en post infection jusqu’à 300 degrés-heures après le début de l’infection, soit environ 36 h après le début de la pluie. L’absorption de la dodine est rapide et le produit peut être appliqué sur du feuillage mouillé ou à basse température. Cependant, la dodine est parfois sujette à causer une phytotoxicité sur fruits quand le séchage est très lent ou quand la température est près du point de congélation. Comme tous les produits sujets à la phytotoxicité, il est recommandé d’éviter de l’utiliser pendant la période de sensibilité critique des fruits juste après la floraison (voir la fiche 108). Pour réduire davantage les risques, il faut le pulvériser lors de bonnes conditions de séchage assez rapide. La dodine est compatible en mélange avec l’huile.

Les guanidines modifient la perméabilité sélective des membranes cellulaires des champignons pathogènes. Malgré ce mode d’action assez complexe, un usage répété a démontré qu’elles sont sujettes à la propagation de souches résistantes de tavelure, notamment lorsqu’utilisées après l’apparition des symptômes. Pour cette raison, les guanidines sont classées dans la catégorie « à risque » parmi les autres produits unisites. La résistance à la dodine est relativement fréquente depuis plusieurs décennies1, mais comme son développement est plus lent que pour les autres produits et que la perte d’efficacité est graduelle (résistance quantitative), la dodine peut s’avérer une alternative utile à d’autres familles de produits devenus inefficaces. Même si le produit a perdu son efficacité moins de 10 ans après l’homologation dans certains vergers1, dans les vergers où l’usage a été moins intensif, le produit est resté efficace. C’est le cas dans la plupart des vergers en Europe et dans une forte proportion de vergers au Québec2.

EQUAL 65 WP, CYPREX : Produits retirés. Ces produits étaient des poudres mouillables, plus phytotoxiques que les formulations modernes. Les données d’efficacité de ces produits restent pertinentes, mais pas les rapports sur la phytotoxicité qui sont en partie liées à la formulation.

SYLLIT 400 FL (dodine) : Formulation moderne de la dodine. L’étiquette canadienne stipule une dose minimale de 700 g/ha de matière active (1,75 L/ha) alors qu’en France, la dose maximale autorisée de 680 g/ha de matière active est jugée très efficace.

 

Benzimidazoles (FRAC 1)

Cette famille de fongicides génériques a vu le jour dans les années 1960 et a été popularisée dans la pomme avec l’arrivée du benomyl (BENLATE), disparu depuis 2001. Les benzimidazoles bloquent la division cellulaire et nucléaire (mitose) des pathogènes visés. Ils sont très sujets au développement de la résistance, au point où tout le système de classification de la résistance (FRAC) débute avec eux (groupe 1). La perte d’efficacité due à la résistance est aussi soudaine que brutale pour toutes les maladies visées (résistance dite qualitative). Le thiophanate-méthyl originellement vendu sous le nom « EASOUT », TOPSIN-M aux USA et maintenant SENATOR au Canada, est le seul produit de cette famille encore homologué pour des traitements en verger. Le MERTEC (thiabendazole) est issu de la même famille et est encore homologué pour les traitements post-récolte, malgré la résistance généralisée des maladies qu’il est sensé réprimer. Les benzimidazoles sont très toxiques aux vers de terre, mais également toxiques aux abeilles, aux oiseaux et d’autres organismes3 et leur usage est parfois interdit pour cette raison. L’usage répété des benzimidazoles est aussi néfaste aux prédateurs d’acariens.

SENATOR 70WP (thiophanate-méthyl) : Le SENATOR est homologué pour la tavelure et le blanc du pommier. La résistance de la tavelure aux benzimidazoles est généralisée et son usage n’est plus recommandé pour cette maladie depuis plusieurs années. Les mélanges ne peuvent pas rétablir l’efficacité du SENATOR et reviennent à compter seulement sur le produit en mélange. Il est possible que le thiophanate-méthyl soit encore efficace pour réprimer le blanc (fiche 109), mais les risques de développement de la résistance sont élevés. Par contre, SENATOR est très efficace contre la suie-moucheture même si cette maladie n’apparait pas sur l’étiquette. Le SENATOR est incompatible avec la bouillie soufrée et toutes les bouillies alcalines. Délai d’application avant récolte de 1 jour.

 

IBS (FRAC 3)

Ces fongicides sont également appelés IBE (pour inhibiteurs de la biosynthèse des ergostérols) ou SI ou SBI (pour inhibiteurs de la biosynthèse des stérols en anglais). Ils forment un grand groupe de fongicides comprenant différentes classes et familles. Les IBS provoquent l’inhibition d’enzymes impliqués dans la synthèse des stérols, entraînant une perturbation du fonctionnement et de la formation des membranes cellulaires des champignons. En pomiculture, tous les IBS homologués se trouvent dans le groupe « G1 », DMI (SBI : classe 1, inhibiteurs de déméthylation) et sont tous sujets à une résistance croisée (code FRAC 3). Cependant, la résistance n’est pas parfaitement corrélée et des variations importantes sont observées. Différents IBS ont été homologués au cours des années. Au Canada, le fenarimol (pyrimidine, RUBIGAN ou VINTAGE aux États-Unis), le triforine (piperazines, FUNGINEX) et les triazoles, soit le bitertanol (BAYCOR), le myclobutanil (NOVA), le flusilazole (Nustar), le flutriafol (FULLBACK), le difenoconazole (INSPIRE) et finalement le mefentrifluconazole (CEVYA) ont été commercialisés. L’efficacité des IBS pour réprimer la tavelure a été augmentée avec chaque nouvelle génération de produits jusqu’au difenoconazole. Par contre, la résistance naturellement présente des champignons s’est aussi graduellement accumulée avec l’usage et l’efficacité générale de chaque IBS a diminué progressivement. Une longue période d’utilisation du myclobutanil (NOVA), souvent à des doses faibles a accéléré la perte d’efficacité des IBS. Le difenoconazole (INSPIRE) et le mefentrifluconazole (CEVYA) sont les seuls IBS encore recommandables pour réprimer la tavelure dans les vergers où le NOVA a été utilisé.

Les IBS ont une activité systémique locale translaminaire. Ils sont absorbés par la cuticule et redistribués au sein des feuilles traitées. La répartition ou redistribution du fongicide est limitée à une certaine surface autour de son point de contact. Une fois déposé sur la surface foliaire, le produit est absorbé en une heure. Les IBS sont néanmoins très sensibles aux conditions d’absorption. L’absorption des IBS est limitée à basse température et aucun traitement IBS n’est recommandé quand la température est inférieure à 12 °C.

De par leur mode d’action, les IBS sont peu efficaces en protection puisqu’ils agissent seulement après la germination du champignon4. Ils sont par contre très efficaces après la pluie en post infection et peuvent arrêter la progression du champignon sous la cuticule des feuilles plusieurs jours après la pluie. En absence de résistance, ils peuvent être utilisés jusqu’à 1000 degrés-heures après le début de l’infection, soit environ 96 h après le début d’une pluie. Passé ce délai, leur efficacité diminue, mais reste mesurable quoique insuffisante. Les IBS ne tuent pas le champignon en croissance, mais le freinent. Ils sont donc techniquement « fongistatiques » et non « fongicides ». Conséquemment, une certaine résurgence a lieu en fin de saison et le champignon peut survivre d’une année à l’autre.

En absence de résistance dans les populations de champignons, les IBS sont efficaces contre une gamme variée de champignons incluant plusieurs maladies usuelles du pommier (tavelure, blanc), mais aussi des maladies pour lesquelles des traitements ne sont habituellement pas requis en PFI (ex. : rouille). L’efficacité contre chacune des maladies est variable selon le produit. Les IBS très efficaces contre la tavelure sont généralement moins efficaces contre le blanc et réciproquement. Par ailleurs, les premiers IBS n’avaient à peu près aucune efficacité contre la suie-moucheture (SBFS) alors que le difénoconazole est très efficace contre cette maladie.

Dans les vergers où les IBS sont encore efficaces contre la tavelure, leur utilisation en mélange est à considérer pour les traitements en post infection, en tenant compte du mode d’action. Voir la fiche 52. L’utilisation du FULLBACK (ou du NOVA) pour lutter contre le blanc pourrait potentiellement accélérer la résistance de la tavelure et mettre en péril l’efficacité des IBS encore efficaces contre cette maladie. Outre leur efficacité comme fongicides, les IBS ont souvent un effet hormonal sur le pommier. Cet effet est variable selon les molécules.

CEVYA (mefentrifluconazole) : Aussi connu comme Revysol (BAS-750-07F, BAS-752). Homologué au Canada en 2019 pour la saison de croissance 2020. Efficacité contre la tavelure équivalente ou légèrement moindre que INSPIRE5,6. La compagnie allègue que le produit est efficace contre les souches tolérantes aux IBS, mais les données ne sont pas publiées.

FULLBACK (flutriafol) : Homologué au Canada en 2014, ce produit est connu aux États-Unis sous le nom TOPGUARD ou RHYME. Cet IBS est très efficace contre le blanc du pommier. Par contre, son efficacité pour réprimer la tavelure est moindre5,6, notamment dans les vergers où la tavelure est tolérante au NOVA. Le produit n’est d’ailleurs pas recommandé seul pour réprimer la tavelure.

FUNGINEX (triforine) : Homologué au Canada seulement sur les pommiers non en production. Le triforine inhibe en partie la mise à fruit7.

NOVA 40W (myclobutanil) : Ce fongicide a été initialement commercialisé par Dow Chemicals. Son efficacité pour la tavelure est compromise par la résistance et le produit n’est plus recommandé dans la plupart des vergers. Les résultats d’essais récents illustrent que ce produit est moins efficace que les nouveaux IBS pour réprimer la tavelure6. Ce fongicide doit être utilisé en mélange avec un fongicide de contact à partir de la floraison car il est peu efficace pour empêcher la tavelure sur les fruits. Il s’avère toutefois un excellent fongicide pour réprimer le blanc.

NUSTAR (flusilazole) : Fongicide jadis commercialisé par la compagnie Dupont. À la dose homologuée, le flusilazole pouvait réprimer efficacement les populations de champignons devenues tolérantes au myclobutanil. Retiré du marché après la saison 2011 même si l’homologation est restée valide jusqu’en 2018.

INSPIRE (difénoconazole) : IBS homologué par la compagnie Syngenta. Le difénoconazole est la molécule de cette famille la plus efficace contre la tavelure du pommier. Néanmoins, des souches tolérantes au difénoconazole sont fréquemment trouvées. Dans les vergers où la résistance au NOVA est bien installée, INSPIRE peut être utile si la pression de la maladie n’est pas trop forte, par exemple sur des cultivars moins sensibles que McIntosh. Par ailleurs, l’efficacité du INSPIRE est limitée pour réprimer le blanc. Efficace contre la suie-moucheture. Le INSPIRE est graduellement remplacé par le mélange INSPIRE SUPER.

INSPIRE SUPER : Voir la fiche 52.

 

AP (FRAC 9)

Les fongicides du groupe des anilinopyrimidines (AP) provoquent l’inhibition de la synthèse de la méthionine (acide aminé) chez les pathogènes visés. Dans d’autres cultures, les AP sont surtout utilisés contre les champignons apparentés au Botrytis, mais ils ont aussi une assez bonne activité contre la tavelure du pommier. Cependant, les résultats sont variables. Dans une stratégie en « protection » ils ne sont pas recommandables8. Pour la tavelure, les AP sont efficaces jusqu’à 750 degrés-heures après le début de l’infection, soit environ 76 h après le début de la pluie. Les AP ne sont pas efficaces contre le blanc.

Pour être efficaces, les traitements avec AP doivent être absorbés par le feuillage. Leur systémie est locale (translaminaire). Les AP sont notamment bien absorbés à basse température et sont préconisés en début de saison. Par contre, la période de séchage est critique pour assurer l’efficacité des produits de cette famille. Il faut compter deux heures de séchage pour garantir l’efficacité. Les AP ne répriment pas la tavelure sur fruits et ne sont donc pas recommandés après la floraison. Les lacunes des AP en été sont bien documentées9. Bien que la résistance croisée entre les AP (groupe 9) et les IBS (groupe 3) ne soit pas démontrée, leur efficacité pourrait être réduite dans les vergers où il y résistance aux fongicides de la famille des IBS. Les deux molécules homologuées dans ce groupe sont d’efficacité équivalente lorsqu’utilisées à la dose homologuée.

VANGARD 75WG (cyprodinile) : Premier fongicide de la famille des AP homologué au Canada (1998). Le produit existe aussi dans d’autres pays, notamment en Europe sous le nom de CHORUS.

SCALA (pyriméthanil) : Outre son homologation préflorale, le SCALA peut être utilisé avant la récolte pour réprimer les maladies comme le Botrytis et le Penicillium.

INSPIRE SUPER : Voir la fiche 52.

 

QoI (FRAC 11)

Ce groupe de fongicides est le résultat d’une fusion des strobilurines et d’autres produits fongicides. Les QoI sont des produits relativement récents (1996) qui sont des dérivés d’un extrait de champignon naturellement fongicide. Ils agissent en causant l’inhibition de la respiration mitochondriale des cellules et sont efficaces contre une gamme variée de champignons. Les QoI sont très sujets à la résistance et cette résistance peut prendre différentes formes. Dans certains cas, la première résistance aux QoI qui apparaît est graduelle mais par la suite dans tous les cas une résistance très brutale (résistance qualitative) s’installe et les traitements peuvent soudainement perdre toute efficacité. Dans certains pays, la résistance est apparue après seulement quelques années d’usage modéré9.

En absence de résistance, leur spectre d’activité comprend toutes les maladies usuelles en pomiculture, incluant la tavelure, le blanc et le complexe suie-moucheture.

Ces produits ont une forte affinité pour la cuticule des plantes. Les QoI homologués dans la pomme ne sont pas considérés systémiques, ne sont pas stables dans la feuille et n’ont à peu près pas de mouvement translaminaire4. Ils seraient néanmoins redistribués localement à la surface des feuilles par diffusion dans la cuticule. En principe, les QoI peuvent aussi s’évaporer et protéger des feuilles non touchées par la bouillie pesticide. Cependant, ils sont peu volatiles4 et l’effet est négligeable en conditions normales.

Comme ils inhibent la germination des spores4, ils ont d’excellentes propriétés de protection. Pour la tavelure ils ne sont pas recommandés pour les traitements de germination puisqu’ils doivent être appliqués sur feuillage sec. Leur efficacité en post infection est limitée à 450 degrés-heures, soit environ 48 h depuis le début de la pluie. Cette valeur ne fait pas l’unanimité. Même si ils ont un effet reconnu en post-infection4, les QoI ne sont pas recommandés en post-infection en Europe.

Les QoI ont tendance à provoquer une phytotoxicité soit sur pommiers ou sur vigne. Les produits homologués sur la pomme sont donc souvent phytotoxiques sur la vigne et inversement. En pomiculture, il faut donc user de prudence extrême dans les sites à proximité des vignobles et des autres cultures où des fongicides de type QoI sont utilisés. Une dérive très faible du fongicide azoxystrobine (Quadris, Abound) utilisé dans plusieurs cultures peut provoquer des symptômes graves10 sur pommiers. Le partage d’équipement entre les cultures est impossible puisque même un nettoyage approfondi du pulvérisateur n’est pas suffisant pour éviter la phytotoxicité.

Les dommages varient selon le cultivar touché, et sont importants notamment sur McIntosh, Gala, Spartan et Cortland, mais pas sur la délicieuse rouge. La sévérité des dommages dépend du stade phénologique.

SOVRAN (krésoxim-méthyl) : Commercialisé par BASF, premier QoI homologué dans la pomme au Canada (2000). Selon la dose utilisée, ce produit est moins efficace que FLINT. Il faut au moins 280 g/ha de SOVRAN pour obtenir une efficacité comparable à FLINT à 140 g/ha. De plus, le SOVRAN est plus sujet à la résistance graduelle que le FLINT. Phytotoxique sur cerises.

FLINT (trifloxystrobine) : Commercialisé au Canada par Bayer depuis 2004. La résistance aux QoI est responsable de pertes d’efficacité en Ontario depuis 2011. Homologué jusqu’à 175 g/ha.

MERIVON de BASF (pyraclostrobine + fluxapyroxad) : Voir la fiche 52.

PRISTINE : Voir la fiche 52.

 

SDHI (FRAC 7)

Les SDHI (succinate dehydrogenase inhibitors) du groupe des carboxamides constituent la dernière famille de produits unisites homologués dans la pomme. Différents produits contenant un SDHI sont homologués au Canada. Les SDHI ont une forte affinité pour la cuticule des feuilles et sont en partie absorbés. La portion absorbée est supposée systémique localement (translaminaire). Le premier SDHI (boscalide, contenu dans PRISTINE) n’avait pas d’efficacité reconnue contre la tavelure, mais les SDHI homologués par la suite incluent la tavelure dans leur spectre d’efficacité. Pour la tavelure, les nouveaux SDHI sont efficaces en protection et ont une efficacité en post infection d’environ 450 degrés-heures, soit environ 48 h depuis le début de la pluie. Certaines étiquettes (ex. : Luna Tranquility) qui incluent un SDHI en mélange peuvent indiquer une plus longue période d’activité en post infection, mais l’effet est obtenu par le partenaire de mélange et non le SDHI. Les fongicides SDHI sont également efficaces contre le blanc et d’autres maladies mineures comme la suie-moucheture.

Comme tous les SDHI sont à risque élevé de résistance (FRAC 7), il est important d’adopter une stratégie de gestion de la résistance avant leur utilisation généralisée.

APROVIA (benzovindiflupyr) : Produit homologué par Syngenta et commercialisé à partir de 2016. Cette molécule est la plus efficace du groupe pour réprimer la tavelure du pommier.

APROVIA TOP (benzovindiflupyr + difenoconazole) : Voir la fiche 52.

EXCALIA (Inpyrfluxam (31,25 %)) : Produit homologué (2020) par Valent/Nufarm, la molécule est aussi connue sous le nom de « indiflin ». Le traitement doit être complété au moins une heure avant la pluie, deux heures selon la documentation technique de Valent. La dose prescrite varie entre 146 et 219 mL/ha selon la pression de la maladie. Le produit est efficace en protection, mais également jusqu’à 4 jours en post infection. L’intervalle minimal entre les applications est 10 jours et seulement deux applications sont permises par année. De plus, le délai avant récolte empêche tout usage après la chute des pétales. L’étiquette précise qu’un minimum de 500 L/ha est requis lors de l’application, mais les applications à volume réduit fonctionnent. Un adjuvant (ex. : Xiameter, Silwet) est requis contre le blanc, mais les tensioactifs comme Liberate ou LI-700 peuvent nuire à l’efficacité.

FONTELIS (penthiopyrad) : Le premier « SDHI » à voir le jour au Canada (2012) pour réprimer la tavelure. La formulation de FONTELIS (Dupont) contient de l’huile qui peut engendrer des problèmes lors de l’utlisation conjointe avec le CAPTAN11-13. Le Fontelis ne doit pas être mélangé avec les produits d’éclaircissage13.

KENJA (isofetamid) : Peu de données comparatives. Homologué en 2018. Molécule de ISK. Homologué pour la tavelure à la dose de 0,913 L/ha. Pas homologué contre le blanc.

LUNA PRIVILEGE (fluopyram) : La gamme Luna (Bayer) a d’abord été homologuée en mélange (voir Luna Tranquility). En 2016, la molécule active a été homologuée seule. Dans plusieurs tests, cette molécule s’est avérée la moins efficace du groupe, notamment lors d’un sondage sur la résistance au Canada.

LUNA TRANQUILITY (fluopyram + pyrimethanil) : Mélange d’un SDHI avec un AP. Voir la fiche 52.

MERIVON de BASF (pyraclostrobine + fluxapyroxad) : Voir la fiche 52.

MIRAVIS DUO (pydiflumetofen + difenoconazole) : Aussi connu sous le nom de technologie « Adepidyn » Homologation Syngenta. Mélange d’un fongicide du groupe 7 avec un groupe 3. Peu efficace contre le blanc, mais homologué contre la suie-moucheture. Maximum de 2,34 L/ha par saison. Pour une dose non optimisée de 0,585 L/ha, 4 applications sont permises (voir résistance). Délai avant récolte d’un mois. Similaire à Aprovia Top. Voir la fiche 52.

PRISTINE : Voir la fiche 52.

SERCADIS (fluxapyroxad) : Molécule de BASF, aussi connu sous le nom de XEMIUM selon les pays et marchés. Cette molécule est vendue en mélange aux USA sous le nom MERIVON (voir la fiche sur les mélanges). Le mélange n’est pas plus efficace que Sercadis14. L’étiquette mentionne que l’utilisation d’un surfactant non-ionique (0,125 % v/v) est recommandée.

 

Polyoxins (FRAC 19)

Les polyoxins (polyoxorim) tuent les champignons en inhibant la formation de la chitine (chitine synthase) qui est une composante essentielle des parois cellulaires des champignons pathogènes. Cette molécule fongicide d’origine naturelle est fabriquée par une bactérie actinomycète (Streptomyces cacaoi var asoensis). Cependant, la molécule est modifiée pour la rendre moins soluble. Les produits homologués (ex. : Oso (Certis), PH-D (Arysta)) ne sont pas automatiquement admissibles en production biologique (OMRI)15. Vérifiez avec votre organisme de certification. Les polyoxins ont une efficacité limitée contre la tavelure du pommier et ne sont pas utiles contre cette maladie. Un seul produit de ce groupe est homologué au Canada pour la répression partielle du blanc. Cependant, le polyoxin D serait efficace contre la suie-moucheture en été et est homologué aux États-Unis contre une gamme variée de maladies secondaires (ex. : rouille, alternariose, pourriture du cœur, pourriture du calice, pourriture noire, Marssonina).

Le OSO (5 % actif, comme Diplomat) est recommandé aux USA en été à la dose de 19,5 oz/A, soit 1,4 L/ha).

DIPLOMAT 5SC (polyoxin D zinc salt 5 %) : La dose homologuée est comprise entre 259-926 mL/ha. Ajustez la dose selon la dimension des arbres, mais tenez compte que la dose homologuée au Canada est plus faible que celle utilisée dans les essais américains. Compte tenu de son efficacité limitée, ce produit n’est pas jugé utile en PFI pour réprimer le blanc mais son efficacité contre la suie-moucheture est notable même si cette maladie n’apparait pas sur l’étiquette au Canada.

 

QUINOLINES (FRAC 13)

Nouvelle homologation en 2022. Aucune résistance croisée avec les autres familles FRAC.

KINOPROL 20SC (ipflufenoquin 20 %)16 : Données disponibles limitées, mais serait efficace contre la tavelure et le blanc. 355 mL/ha 3 applications maximum par année. Délai de récolte de 14 jours.

 

Références
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  2. Philion, V. & Joubert, V. Portrait de la résistance aux fongicides utilisés pour lutter contre la tavelure du pommier. 22 Disponible sur : https://www.mapaq.gouv.qc.ca/SiteCollectionDocuments/Agroenvironnement/1590_Rapport.pdf (2014).
  3. Pest Management Regulatory Agency. Re-evaluation Decision RVD2020-13, Thiophanate-methyl and Its Associated End-use Products. Pest Control Products Act vols RVD2020-13 ISSN: 1925-1025 (2020).
  4. Bartlett, D. W. et al. The strobilurin fungicides. Pest Manag. Sci. Former. Pestic. Sci. 58, 649–662 (2002).
  5. Aćimović, S. G., Meredith, C. L. & Woelfersheim, N. Evaluation of BAS-750-07F (Revysol), DMI and SDHI fungicides with LI 700 for control of apple scab in 2018. Plant Dis. Manag. Rep. 13, PF040 (2019).
  6. Aćimović, S. G. & Meredith, C. L. Evaluation of SDHI and DMI fungicides in mix with surfactants and of new DMI revysol® for control of apple scab in the Hudson valley. N. Y. Fruit Q. 27, (2019).
  7. Latham, A. J., Dozier Jr, W. A., Knowles, J. W. & Hollingsworth, M. H. Suppression of apple bloom by fungicides that inhibit sterol synthesis. Plant Dis. (1985).
  8. Bugiani, R., Franceschelli, F., Bevilacqua, T., Antoniacci, L. & Rossi, R. Efficacy evaluation of some fungicides for the control of apple scab [Malus pumila Mill.; Emilia-Romagna]. Atti Delle Giornate Fitopatol. Italy (2006).
  9. Eihe, M., Rancane, R. & Vilka, L. Different fungicide combinations against apple scab helping to avoid fungus resistance. Sodinink. Ir Daržinink. 28, 57–67 (2009).
  10. Cowgill Jr, W. P., Oudamans, P., Ward, D. & Rosenberger, D. Not understanding phytotoxicity can damage your bottom line. Fruit Notes 78, 15–23 (2013).
  11. Dupont Fontelis fungicide technical information. (2012).
  12. Rosenberger, D. The captan conundrum: scab control vs. phytotoxicity. Scaffolds fruits journal vol. 22 6–8 (2013).
  13. Dupont Fontelis® fungicide. EPA registration vol. No. 352-834 NY-130003 (2014).
  14. Sundin, G. W. & Outwater, C. A. Evaluation of fungicide programs for apple scab control on McIntosh apple, 2016. Plant Dis. Manag. Rep. 11, PF001 (2017).
  15. Polyoxin D Zinc Salt. OMRI Disponible sur : https://www.omri.org/generic-material/polyoxin-d-zinc-salt.
  16. Jeanmart, S., Edmunds, A. J., Lamberth, C., Pouliot, M. & Morris, J. A. Synthetic approaches to the 2015–2018 new agrochemicals. Bioorg. Med. Chem. 116162 (2021).

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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