Auteur de la première édition : Paul-Émile Yelle
Auteure de la mise à jour 2023 : Evelyne Barriault
Dernière mise à jour par l’auteure : 30 janvier 2024

 

Fertilisation en implantation

Des explications complètes de la fertilisation en implantation sont disponibles au chapitre « La préparation du terrain » du guide L’implantation d’un verger de pommiers, 2e édition.

Calibration des épandeurs

Les meilleures analyses et les meilleures recommandations ne permettent une fertilisation satisfaisante que si ce sont effectivement les doses prévues qui sont appliquées. À cette fin, il faut s’assurer que l’équipement d’épandage est bien entretenu (nettoyage après usage, prévention de la corrosion et vérification des éléments mécaniques), qu’il est ajusté pour obtenir le taux voulu et que le tout est contrôlé par une calibration. Il est donc recommandé de vérifier et de calibrer les épandeurs d’engrais tous les ans, idéalement en début de saison.

Les recommandations en fumure de fond doivent être appliquées soit sur la surface entière, soit sur une bande vis-à-vis les rangs à planter. Pour ces recommandations, la dose doit correspondre à la superficie réelle traitée. Ainsi, pour une application visant 1000 kg/ha, si une largeur de 2 m où sera le rang est traitée et que les rangs sont espacés de 4 m, alors la quantité d’engrais requise pour un hectare de ce verger ne sera que de 500 kg, puisque c’est la moitié de la surface de verger qui est effectivement traitée.

Les recommandations pour les applications en entretien, par contre, sont habituellement formulées par hectare en pommiers et bien qu’une application d’engrais sur une bande la plus étroite possible soit souhaitable pour une pénétration efficace, la dose ne sera pas réduite pour autant.

Pour l’application d’engrais en utilisant un épandeur rotatif muni d’un réservoir à fond triangulaire, tels que ceux fournis par les centres d’engrais, référez-vous aux pages 269 à 272 du Guide de référence en fertilisation, 2e édition du CRAAQ. C’est une pratique utilisée par exemple en pré-plantation pour l’épandage à la volée sur l’ensemble de la surface (la dose à l’hectare doit alors être effectivement appliquée sur un plein hectare).

Pour les épandages avec l’équipement du verger, il faut s’assurer d’appliquer le taux recommandé en se référant au manuel de l’utilisateur de l’épandeur. Des informations sont aussi disponibles sur le site Internet de la plupart des manufacturiers quant aux modes d’ajustement et aux réglages pour obtenir les taux d’application recherchés.

Les épandeurs à cônes inversés (type Vicon et plusieurs autres marques) ou à boîtes à chute (type Gandy et plusieurs autres marques) ont différents types d’ajustements. Le débit peut être réglé par le degré d’ouverture de la porte ou de la trappe, un cadran d’ajustement, des engrenages, etc. Le réglage de la largeur d’épandage peut être fait en ajustant l’angle des déflecteurs, la hauteur d’opération et l’inclinaison, s’il y a lieu (pour application au demi-rang).

Les méthodes décrites ci-après sont seulement des guides; d’autres facteurs influencent le taux d’application, comme le type d’engrais (densité et finesse), la vitesse de la prise de force (PTO) et la vitesse d’avancement.

Première méthode : calibration par calcul et mesure

A. Déterminez la distance D en mètres à parcourir pour traiter un hectare en fonction du mode d’épandage :
d = 10 000 ÷ espacement entre les rangs, en mètre
D = d si le traitement est fait sur un rang complet ou deux demi-rangs (de part et d’autre) par passage
D = d ÷ 2 si le traitement est fait sur deux rangs complets par passage
D = 2d si le traitement est fait sur un demi-rang par passage (application de la moitié de la dose sur chaque côté de la rangée)

B. Vérifiez précisément la vitesse d’avancement V en mètre par heure. L’indicateur de vitesse du tracteur est bien sûr une référence (en multipliant les km/h par 1000), mais il faut le vérifier, en chronométrant le temps nécessaire, en mouvement au régime d’opération, pour parcourir une distance mesurée en mètres.

calcul de la vitesse d'avancement (formule)

C. Recueillez et pesez en kg la quantité d’engrais Q débité durant une minute en opérant de façon stationnaire au régime qui sera employé lors de l’épandage.

D. Calculer le taux d’application en kg/ha :calcul du taux d'application (formule)

Exemple : Un traitement se fait sur deux rangs complets par passage. Les rangs sont espacés de 4 m, le temps pour parcourir 50 m est de 30 secondes et la quantité d’engrais recueillie en une minute est de 20 kg. Dans ce cas :

  1. d = 10 000 m2/ha ÷ 4 m = 2500 m/ha
  2. D = d ÷ 2 = 1250 m/ha
  3. V = 50 m × 3600 s/h ÷ 30 s = 6000 m/h
  1. calcul du taux d'application (exemple)

Deuxième méthode : calibration empirique

Cette calibration est utilisée, par exemple, pour les épandeurs à entraînement par roue pour lesquels il n’est pas possible de procéder à une calibration de façon stationnaire :

A. Marquez la hauteur de départ de l’engrais dans la boîte lors de l’application avec l’épandeur, en vous assurant que la surface d’engrais est à niveau.

B. Parcourez une distance de référence fixe Dr en mètres.

C. Pesez en kg la quantité d’engrais Q nécessaire pour remettre au niveau initial.

D. Le taux d’application est alors :

calcul du taux d'application (formule)

Exemple : Le traitement se fait sur deux demi-rangs complets par passage. Les rangs sont espacés de 4 m, la distance de référence parcourue est de deux rangs de 250 m de long et la quantité d’engrais Q pour remettre l’épandeur à niveau est de 100 kg. Dans ce cas :

  1. D = d = 10 000 m2/ha ÷ 4 m = 2500 m/ha
  2. Dr = 2 × 250 m = 500 m
  3. Taux = 100 kg × 2500 m/ha ÷ 500 m = 500 kg/ha

L’ultime vérification est de contrôler au fur et à mesure la quantité réelle utilisée sur une surface connue.

Plan agroenvironnemental de fertilisation

Le Plan AgroEnvironnemental de Fertilisation (PAEF) est une exigence réglementaire dans les cas où les superficies cultivées en pomme et autres productions horticoles et fruitières excèdent cinq hectares. Pour de plus amples informations, référez-vous au texte sur le Règlement sur les exploitations agricoles (REA) dans la fiche sur La protection de l’environnement et la loi du présent guide. Par contre, dans le cadre de la production fruitière intégrée, il est préférable de détenir un tel plan même dans les cas où la superficie est moindre et que le règlement ne s’applique pas. En effet, l’application raisonnée des engrais dans une perspective d’ensemble telle que caractérisée par le PAEF permet de minimiser les risques environnementaux reliés à l’application d’engrais. Notamment, il faut s’assurer de respecter un bilan entre les apports et les exportations par les récoltes ou les fixations dans le bois de l’arbre. En plus, il faut considérer le risque potentiel de lessivage du phosphore (référez-vous à l’indice de saturation en phosphore (ISP) mentionné dans la fiche sur les Apports en éléments nutritifs. En somme, fertiliser en fonction d’un PAEF est garant du respect de l’environnement.

 

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

Auteur de la première édition : Paul-Émile Yelle
Auteure de la mise à jour 2023 : Monique Audette
Dernière mise à jour par les auteurs : 10 janvier 2023

 

Les techniques suivantes favorisent le développement optimal du pommier ainsi que sa mise à fruit : le tuteurage, le positionnement des branches, la taille d’hiver (en dormance), la taille d’été (en vert) et l’enlèvement des fruits lors de l’implantation des arbres. Une fois que le pommier a atteint sa taille optimale et que la production des fruits est établie, les techniques suivantes permettent de maintenir l’arbre en équilibre vigueur/mise à fruit : la taille d’hiver et l’éclaircissage.

L’équilibre entre la mise à fruit et la vigueur de l’arbre assurent que les arbres qui atteignent le gabarit propice à un plein rendement possèdent une végétation assez vigoureuse pour favoriser le développement des fruits et la formation de bourgeons floraux. Cet équilibre atteint et maintenu, évite une vigueur excessive qui favorise la production de bois et de pousses au détriment de la production fruitière. Le choix du porte-greffe influence cet équilibre et doit être pris en compte dans la stratégie de conduite.

Différentes méthodes ont été créées à travers le monde afin de guider le producteur dans sa pratique vers une production efficace de fruits de qualité. Ces méthodes s’appellent « modes de conduite du pommier » et elles incluent toutes les techniques qui ont pour but de maintenir l’équilibre entre la mise à fruit et la vigueur du pommier. Les modes de conduite actuels ont été mis au point grâce à la recherche et validés par des essais en vergers. Ces modes de conduite ont évolué au fil des soixante dernières années de pratique de la culture intensive du pommier.

Il est recommandé d’adopter un mode de conduite dès la plantation des pommiers et ce, pour toute la durée de vie de la parcelle, afin d’assurer la cohérence des interventions de taille, de tuteurage et de positionnement des branches. Étant donné que plusieurs modes de conduite existent, il faut faire un choix. Ce choix doit précéder celui du porte-greffe, du tuteurage et de la densité de plantation, car tous ces facteurs découlent du mode de conduite embrassé. Dans un contexte économique ou le coût de la main-d’œuvre et de l’énergie sont à la hausse, choisir un mode de conduite qui permet la mécanisation des opérations est un incontournable.

Des informations détaillées sur les modes de conduite, la formation des arbres et le tuteurage des pommiers se trouvent au chapitre 7 « Modes de conduite et espacement », au chapitre 10 « Formation des pommiers » et au chapitre 9 « Tuteurage » du guide L’implantation d’un verger de pommiers, 2ième édition.

Le tuteurage

Le tuteurage facilite une croissance verticale du pommier, en réduisant le stress dû à l’exposition au vent. L’arbre atteint ainsi plus rapidement la hauteur nécessaire pour optimiser les rendements. Le tuteurage favorise l’équilibre entre la mise à fruit et la croissance végétative en maintenant plus facilement une hiérarchie structurale et hormonale dans l’arbre. Enfin, le tuteurage fournit un support physique indispensable aux pommiers nains et semi-nains, qui ne pourraient soutenir le poids d’une pleine récolte. Pour certains porte-greffes avec un point de greffe fragile, le tuteur est un incontournable dès la plantation.

Nouvelle implantation et poteaux de cèdre (source : Monique Audette).

Le positionnement des branches

Des branches dont l’angle avec l’axe principal est fermé (plutôt à la verticale) tendent à pousser vigoureusement, impliquant plusieurs conséquences négatives. De telles branches ont tendance à supplanter l’axe principal et à empêcher l’arbre d’atteindre la hauteur souhaitée pour des rendements optimaux. Elles sont aussi moins fructifères et présentent un plus grand risque de cassure. De plus, ces rameaux vigoureux causent des étranglements sur le tronc à cause de leur grosseur excessive et ils limitent le développement de ramifications plus intéressantes.

Le positionnement consiste donc à attacher ou à écarter ces branches dont l’angle est inadéquat et de les ramener plus à l’horizontale. En effet, le positionnement à l’horizontale favorise la précocité de la mise à fruit, composante essentielle de la rentabilité des jeunes parcelles. Différents matériaux peuvent être utilisés à cette fin. Certains matériaux d’usage commun (élastiques, cordes, broches rigides, bâtons, poids) peuvent suffire. Par contre, des produits spécialisés sont aussi disponibles auprès des fournisseurs. Certains ont l’avantage de se dégrader d’eux-mêmes avec le temps, éliminant l’étape de repasser pour les enlever afin d’empêcher leur incrustation dans l’écorce et d’autres sont élastiques permettant ainsi d’éviter un étranglement de la branche.

Cependant, l’arcure, soit la pratique consistant à attacher les branches alors qu’elles sont en première feuille est   préférable à une tentative de correction en forçant un écartement de branches devenues plus grosses. Il est possible ainsi de prévenir plus tôt les conséquences négatives déjà mentionnées, en plus d’économiser de la main-d’œuvre et de diminuer les risques de bris.

Arcure (source : Serge Mantha).

Quelles branches faut-il positionner? Il est possible d’y aller de façon systématique en attachant toutes les jeunes branches qui ont poussé l’année de la plantation (première feuille). C’est un procédé inutilement laborieux. Les branches beaucoup plus grosses que les autres et avec le pire angle doivent être enlevées tout simplement et celles qui ont un angle presque horizontal avec l’axe principal ne doivent pas être touchées.

Quel angle viser? De manière générale, il suffit de ramener les branches un peu sous l’horizontale, avec un angle d’environ 110°, en courbant le bout davantage au besoin. Cependant, des ajustements sont nécessaires selon le type d’arbre des différents cultivars. Certaines variétés au port plus retombant (par exemple, la « Cortland ») ont moins besoin de positionnement, alors que la pomme « Empire », au port plus dressé, présentera normalement plus de branches problématiques. Les arbres avec de nombreuses ramifications positionnées autour de l’axe principal nécessitent moins d’interventions.  En effet, la répartition de la vigueur sur plusieurs ramifications ralentit leur croissance et réduit la compétition de celles-ci avec l’axe principal. Il est souhaitable d’obtenir des arbres ramifiés en pépinière et de les planter à l’automne ou très tôt au printemps. Ainsi, les racines s’établissent au tout début de la saison et cela permet la croissance de plusieurs branches durant la première année en verger.

Quand faire le positionnement? Normalement en juillet, une fois la période de croissance printanière terminée. Ceci permet d’éviter que la nouvelle croissance au bout des branches positionnées cherche à se dresser vers le haut. En plus, cela laisse suffisamment de temps d’exposition à la lumière de fin d’été pour encourager la formation de bourgeons à fruit.

Une fois en production, le poids des fruits suffit à positionner les branches. Il s’agit donc d’une opération particulièrement opportune sur les arbres plus jeunes encore en développement. Il faut la répéter tout de même au besoin les deux ou trois années suivant l’implantation sur la prolongation du tronc.

La taille d’hiver (en dormance)

  • La taille d’hiver est pratiquée de janvier à mai alors que les arbres sont en dormance ou qu’ils débutent leur croissance annuelle. Cette opération permet d’atteindre et de maintenir la forme d’arbre prescrite par le mode de conduite choisi et à réduire le nombre de bourgeons à fruits.

Essentiellement, cette taille consiste à :

  • Éliminer ou réduire les branches plus hautes qui surplombent et ombragent les branches plus basses dans l’arbre.
  • Enlever les branches trop dressées et vigoureuses, telles que décrites à la section « Positionnement des branches» plus haut et qui par indécision, ont été laissées en place et ont pris de l’envergure.
  • Raccourcir ou enlever les branches fruitières âgées, mal placées ou endommagées afin de réduire le nombre de bourgeons fruitiers et en favoriser le renouvellement.
  • Enlever les ramifications qui partent vers le bas ou l’intérieur et se retrouvent sous une branche productive ou celles qui entravent le rang ce qui causera des meurtrissures aux pommes par le passage de la machinerie.

Taille d’hiver (source : Monique Audette).

Taille mécanique d’hiver (source : Monique Audette).

Pour ce qui est de la distribution de la vigueur sur l’axe, tant que l’arbre est jeune et encore en développement, le maintien d’une bonne vigueur à la tête est prioritaire.  La vigueur des branches est déterminée selon leur diamètre et leur angle. De manière générale, il faut se méfier des branches dont le diamètre atteint la moitié du diamètre du tronc à leur point d’attache.

Distribution de la vigueur de l’axe (source : Monique Audette).

Taille d’été (en vert) 

De fait, une certaine taille peut s’exercer durant presque toute l’année à l’exclusion des mois d’automne et du début janvier. La taille à ces périodes peut accroître le risque de dommages par le froid durant l’hiver au niveau des coupes. La taille dite « d’hiver » peut se poursuivre après le débourrement sur les variétés particulièrement vigoureuses comme Spartan, car une taille tardive aura un effet stimulant le regain de croissance bien moins fort que si cela est fait plus tôt.

Ce que l’on entend normalement par la taille d’été se fait surtout en juillet et en août et vise principalement à favoriser une bonne coloration des pommes et à éliminer les pousses résultant d’un excès de vigueur. Ce type de taille ne vise évidemment pas les arbres qui manquent de vigueur et est essentiellement inutile sur les arbres en équilibre.  Les principales coupes pratiquées lors de la taille d’été sont :

  • Les gourmands;
  • Les prolongations excédentaires sur les branches fruitières;
  • Les prolongations dressées au bout des branches fruitières;
  • Toute nouvelle croissance sur ramifications dressées portant des fruits.

Taille d’été. Ce que l’on entend normalement par la taille d’été se fait surtout en juillet et en août et vise principalement à favoriser une bonne coloration des pommes et à éliminer les pousses résultant d’un excès de vigueur. Ce type de taille ne vise évidemment pas les arbres qui manquent de vigueur. Les principales coupes pratiquées lors de la taille d’été sont :

  • les gourmands
  • les prolongations excédentaires sur les branches fruitières
  • les prolongations dressées au bout des branches fruitières
  • toute nouvelle croissance sur ramifications dressées portant des fruits

Avant (droite) et après (gauche) la taille d’été (source : Paul-Émile Yelle).

Toutefois il faut éviter d’enlever les nouvelles pousses issues de bouquets floraux portant des fruits, car elles sont la source directe d’énergie pour un bon développement de ces fruits.

NOTE : les traitements avec le régulateur de croissance APOGEE, sans se substituer complètement à la taille d’été, peuvent en réduire le besoin.

L’enlèvement des fruits lors de l’implantation des arbres

Une courte saison de croissance comme au Québec force le producteur à adopter des pratiques pour stimuler le développement des jeunes arbres pendant les années suivant la plantation. Certains porte-greffes ou certains traitements en pépinière peuvent favoriser la présence de fleurs. Le fait de les laisser produire des fruits entraîne une réduction de la croissance. Tel que déjà mentionné, il est essentiel d’amener rapidement les jeunes arbres à la hauteur et au gabarit voulu afin de rentabiliser les nouvelles parcelles. Il est donc nécessaire d’enlever tous les fruits pendant les deux premières années. En plus, tant que l’arbre n’a pas atteint sa hauteur cible, il est souhaitable d’enlever les fruits sur la partie supérieure de la tige principale. Dans certains cas, lorsque la croissance est vigoureuse et que l’arbre se dirige rapidement vers la hauteur désirée au cours de la deuxième année, il est recommandé de laisser quelques fruits dans la partie inférieure pour réduire la vigueur. Ceci est particulièrement judicieux dans le cas de variétés vigoureuses et très sensibles au feu bactérien comme Ginger Gold et Gala. Par ailleurs, il peut s’avérer sage d’enlever tous les fruits pendant trois années dans le cas de variétés à faible croissance telle la Honeycrisp.

Désinfection des outils de taille

Faut-il désinfecter les outils afin d’éviter de propager des maladies lors de la taille? Ce n’est généralement pas nécessaire, sauf dans certaines situations. Lisez la réponse détaillée à la fiche sur Le feu bactérien : stratégies de lutte sur la lutte au feu bactérien.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

Auteur de la première édition : Paul Émile Yelle et Gérald Chouinard
Auteure de la mise à jour 2023 : Monique Audette
Dernière mise à jour par l’ auteure : 13 mars 2023

Abeille domestique (source : Monique Audette).

Bien que les fleurs de pommier soient complètes, possédant les organes femelles (stigmate, style et pistil) et mâles (filets et étamines), dans la majorité des cas elles sont autostériles car seul le pollen d’un autre cultivar pourra les féconder. Pour polliniser des fleurs de pommiers, les insectes doivent obligatoirement butiner sur plus d’un cultivar. Ainsi, il importe de considérer le facteur pollinisation lors de la planification d’une plantation. Pour plus d’informations à ce sujet, référez-vous à la section sur « La pollinisation » du chapitre sur la « Plantation » du guide sur L’implantation d’un verger de pommiers.

Toute une gamme d’insectes pollinisateurs indigènes tels les bourdons, les mégachiles et les syrphes (voir la fiche sur le Répertoire des principaux organismes et la fiche sur Les espèces utiles, une ressource à protéger) peuvent assurer la pollinisation des fleurs de pommiers dans des conditions idéales. Toutefois des facteurs tels que le vent, la pluie, l’absence d’ensoleillement et le froid peuvent réduire l’activité des insectes pollinisateurs. Il est donc prudent, afin d’assurer une mise à fruit réussie, d’augmenter le nombre de pollinisateurs dans le verger en ajoutant des abeilles domestiques.

Les ruches fournies par des apiculteurs spécialisés et réputés demeurent une façon éprouvée d’assurer une bonne pollinisation. Il y a ainsi présence de dizaines de milliers de pollinisatrices infatigables à l’intérieur-même du verger. Quand les conditions sont favorables elles peuvent s’activer même lors de courtes périodes sans pluie ou de brefs réchauffements quand le temps est froid. Il est recommandé d’employer deux à trois ruches à l’hectare. Aussi, malgré le fait que les bourdons, tels qu’employés en serriculture, puissent travailler dans des conditions un peu plus venteuses et fraîches que les abeilles, ils ne permettent pas d’obtenir des résultats adéquats pour polliniser plus d’un million de fleurs à l’hectare, compte tenu du nombre limité d’individus dans leurs  .

ruche dans un verger durant la floraison

Ruche dans un verger (source : IRDA).

Idéalement, le plan du verger est conçu pour favoriser la pollinisation croisée. Pour cela il faut s’assurer de ne pas excéder 4 rangées consécutives d’un même cultivar ou 6 rangs dans le cas d’arbres nains. En alternant des cultivars dont la période de floraison coïncide et idéalement dont l’apparence ou la période de maturité diffère, ceci permet d’éviter les erreurs à la récolte. Pour les blocs homogènes, on peut aussi insérer des arbres pollinisateurs, répartis de façon uniforme et selon un ratio maximum de 1:20.

Toutefois, à défaut d’un bon agencement de plantation, il faut amener du pollen de l’extérieur. L’utilisation du pollen récolté par des compagnies spécialisées et acheté dans le commerce, qui est fourni aux abeilles par de petits appareils distributeurs installés à la sortie des ruches, est une option. L’alternative est de tailler des branches en fleurs en excès dans un bloc d’un autre cultivar et de les installer (et les renouveler) dans des chaudières remplies d’eau devant les ruches.

Conseils additionnels pour l’utilisation de ruches

Période d’introduction des ruches

Le moment d’entrée et de sortie des ruches a de l’importance sur la pollinisation. En l’absence de fleurs ou si la densité de fleurs n’est pas suffisante, les éclaireuses trouveront d’autres sources plus éloignées, ce qui risque d’affecter significativement le butinage du verger, surtout au début de la floraison. Règle générale, les ruches sont introduites dans la culture à polliniser lorsqu’il y a environ 20 % des fleurs ouvertes. Il faut faucher les pissenlits avant que les ruches soient introduites, car lors des premiers vols d’orientation, les éclaireuses repéreront ces fleurs, ce qui aura comme conséquence qu’une forte proportion des abeilles les butineront au lieu des fleurs de pommier.

Emplacement des ruches

Pour maximiser le travail de pollinisation, il faut accorder la priorité aux emplacements protégés des vents. Le vent transportant toutefois l’arôme des fleurs, l’emplacement du rucher doit être en aval de la direction des vents dominants, pour favoriser une identification plus rapide de l’odeur des fleurs à butiner. De plus, du point de vue de la dépense d’énergie des abeilles, le fait de voler à vide contre le vent pour l’allée et de revenir le vent dans le dos pour le retour à la ruche lorsqu’elles sont chargées de pollen est plus avantageux. L’abeille domestique par comparaison à plusieurs espèces d’abeilles indigènes a un rayon de butinage relativement grand, et c’est pour cela qu’il n’est pas nécessaire de répartir les ruches uniformément. Quelques études sur la pollinisation montrent qu’il faut que les groupes de ruches soient placés à des distances de l’ordre de 200 à 300 m, puisque le rayon de butinage le plus efficace se situe entre 100 et 150 m de la ruche. En pratique, des regroupements vont jusqu’à 400 m, mais au-delà de cette distance, il y a une perte d’efficacité. Il faut respecter une distance de 2 à 3 mètres entre les ruches et alterner l’orientation des entrées de ruches pour éviter la dérive des abeilles entre les ruches.

Approvisionnement en eau

L’emplacement doit être un endroit sec, puisqu’un site humide est propice au développement de certaines maladies de couvain et à une détérioration accélérée du matériel. Un point d’eau doit toutefois être présent dans un rayon de moins de 500 m ou encore, un réservoir d’eau d’environ 1 m de diamètre peut être placé à proximité du rucher, accompagné de lattes de bois ou autre matériel flottant pour éviter la noyade des abeilles. L’eau devrait être renouvelée 1 ou 2 fois par semaine pour éviter la contamination et assurer un approvisionnement constant. Ces réservoirs doivent être placés avant l’introduction des ruches de façon à créer dès le début l’habitude de s’y approvisionner.

Protection des abeilles

Voir la fiche sur Les espèces utiles, une ressource à protéger.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

Fiche 43

Paul Émile Yelle, Evelyne Barriault et Serge Mantha

 

ATTENTION DOSES RÉDUITES : l’ARLA ne prend pas action contre ceux qui préconisent de telles pratiques, si elles n’entraînent pas de danger pour la santé ou la sécurité humaine ou pour l’environnement et qu’elles ne sont pas destinées à promouvoir la vente de produits antiparasitaires. Si toutefois l’utilisation de doses réduites ou adaptées devait entraîner des pertes pour les utilisateurs, les conseillers ou les organisations qui les recommandent pourraient être tenus responsables de leurs recommandations dans des actions civiles.

 

Pourquoi contrôler la charge en fruits

Il y a des raisons de premier ordre pour « éclaircir », soit pour :

  • Éviter le déclassement d’un nombre important de pommes qui ne feront pas le calibre commercial de 64 mm (2½ po) lors de la récolte et éviter aussi les litiges avec son emballeur si une majorité de pommes sont vraiment tout juste au diamètre minimum requis.
  • Encourager les cueilleurs, faciliter la cueillette et la rendre également plus rapide. En effet, 2260 pommes de 76 mm de diamètre suffiront à emplir une benne, alors qu’il faut en cueillir 44 % de plus (1000 fruits) pour avoir les 3260 fruits de 64 mm nécessaires pour occuper le même volume. De plus, si lors de la cueillette, les pommes non commercialisables ont été préalablement éliminées, le temps d’hésitation au moment de cueillir sera réduit car presque tous les fruits auront le calibre adéquat.

De façon générale, l’éclaircissage vise à ajuster la charge de fruits au potentiel productif de l’arbre. En plus des avantages pour le classement et la récolte, il permet :

  • Le maintien d’un volume uniforme de récolte année après année permettant d’éviter les récoltes excessives et d’assurer une bonne floraison l’année suivante (lutte contre l’alternance).
  • L’élimination de fruits mal pollinisés, pourvus de moins de pépins, portés à être difformes et moins aptes à une bonne conservation.
  • La lutte à certains ravageurs est facilitée, comme dans le cas de la tordeuse à bandes obliques.

L’éclaircissage peut être réalisé de différentes façons qui généralement nécessitent d’intervenir à plus d’un des moments suivants:

  • à la floraison, par éclaircissage mécanique ou chimique des fleurs ou par exclusion des pollinisateurs
  • peu de temps après la nouaison,  par application d’agents éclaircissants (lorsque les fruits atteignent de 5 à 20 mm de diamètre), et aura un effet maximal afin de réduire l’alternance.
  • lorsque les fruits atteignent 20 à 30 mm de diamètre, par éclaircissage manuel des fruits.

Chaque méthode a ses avantage et ses contraintes. En général, les interventions réalises plus tôt sont supérieures afin de réduire l’alternance, et les interventions effectuées plus tard sur les fruits permettent des gains appréciables en calibre et en qualité – ce qui explique pourquoi l’éclaircissage manuel est largement utilisé. malgré les coûts élevés de main d’œuvre qu’il nécessite. Voici plus de détails sur les principales méthodes actuellement utilisées pour ces trois grandes approches.

 

Éclaircissage mécanique des fleurs

L’éclaircissage mécanique floral (ÉMF) est moins populaire que l’éclaircissage des fruits, mais offre pourtant une opportunité pour réduire la charge très tôt en saison, soit durant la floraison des pommiers. L’ÉMF est complémentaire aux autres techniques d’éclaircissage et doit s’inscrire dans une stratégie globale incluant la taille, l’éclaircissage chimique et l’éclaircissage manuel. L’ÉMF permet de réduire les intrants chimiques et les coûts de main d’œuvre associés à l’éclaircissage et est compatible avec l’agriculture biologique. Il offre également d’autres avantages dont celui de réduire l’alternance des pommiers [1][2-5] et d’être indépendant de la météo. De nombreuses études ont démontré que l’ÉMF pouvait améliorer la qualité des fruits, notamment le calibre, la couleur, la fermeté et le taux de sucre [5-9].

La technique consiste à supprimer de façon aléatoire des fleurs individuelles ou des bouquets floraux entiers, à l’aide de fils de plastique montés sur un axe rotatif. Dans les vergers commerciaux, moins de 10% de fleurs contenues dans un pommier sont nécessaires pour l’obtention d’un rendement de qualité [2].  L’éclaircissage mécanique floral permet d’en supprimer 30 à 50% selon le réglage. D’autres méthodes, soit chimique et/ou manuelle doivent ensuite être utilisées pour compléter l’ajustement de la charge.

L’ÉMF agit de deux façons. Tout d’abord, on observe un effet direct, immédiatement après le traitement alors qu’une certaine quantité de fleurs sont supprimées. Le traitement provoque aussi des dommages mineurs au feuillage, qui provoquent un stress nutritionnel pour les fruits en développement, durant 8 à 10 jours après le traitement, ce qui accentue la chute naturelle des fruits [3, 10-12]. L’effet des éclaircissant chimiques peut également être accentué s’ils sont appliqués durant cette période.

La technique d’éclaircissage mécanique florale est particulièrement bien adaptée aux plantations en haute densité, dont les arbres sont conduits en fuseaux étroits ou en mur fruitier puisque les fils éclaircissants mesurent généralement 60cm de longueur. Lorsque les branches sont plus longues, les fils ne parviennent pas à atteindre le centre des arbres qui sont alors éclaircis seulement en périphérie. La machine originale développée en Allemagne pour l’ÉMF s’appelle “Darwin mechanical blossom thinner”, mais il existe aujourd’hui des modèles similaires commercialisés par d’autres compagnies, dont un modèle assisté d’une caméra GPS qui permet d’ajuster la vitesse de rotation de l’axe selon l’intensité de la floraison de chaque pommier individuel.

Conditions de réussite pour l’éclaircissage mécanique 

  1. Le stade optimal de passage de la Darwin est du début de la floraison à 50% de la pleine floraison, c’est-à-dire lorsque la fleur centrale et 2-3 autres fleurs sont ouvertes (comme dans les image qui suivent). Cependant, l’appareil peut être utilisé entre le stade bouton rose et pleine floraison. Après la pleine floraison, les risques de dommages et de malformation des fruits augmentent tout comme le stress provoqué par le retrait d’une partie importante du feuillage. Les variétés dont les fleurs s’ouvrent l’une après l’autre dans le bouquet plutôt que simultanément (en même temps) sont particulièrement propices à l’éclaircissage mécanique floral. Dans certains cas, pour des variétés très productives, les pomiculteurs biologique peuvent faire jusqu’à deux passages la même année (premier passage autour du débourrement et l’autre au début de la floraison) [10, 13].
  2. La vitesse de rotation doit être adaptée en fonction de la vitesse d’avancement du tracteur. Le tableau qui suit, tiré du manuel de l’utilisateur de l’appareil Darwin[14] doit servir de référence.

  3. Il est également recommandé de faire des tests sur une petite surface avant d’éclaircir une parcelle au complet, afin de s’ajuster à la vigueur des arbres, l’intensité de la floraison (variété, alternance, etc.) et les conditions de la parcelle (nivellement du sol, alignement des rangées, etc.). Il faut retenir que la vitesse de rotation du mât et celle de l’avancement du tracteur ont un effet inverse. L’augmentation  de la vitesse de rotation des fils augmente l’intensité de l’éclaircissage. Toutefois, l’augmentation de la vitesse d’avancement du tracteur réduit l’intensité de l’éclaircissage. Une vitesse de rotation de 200 à 240 tours par minute et une vitesse d’avancement du tracteur de 6 à 8 km/h sont régulièrement utilisées.
  4. Il existe aujourd’hui plusieurs modèles dont la hauteur des axes varie. Il est important de s’assurer que le modèle utilisé permet aux fils d’atteindre la cîme des arbres (comme sur l’image qui suit). Dans certains cas, des embouts peuvent être utilisés pour allonger la hauteur de travail.
  5. Les fils ne doivent pas frapper mais tourbillonner dans l’arbre. Si des bris de branches sont observés, il faut ajuster la conduite des arbres, la vitesse de rotation des fils ou d’avancement du tracteur.
  6. Les arbres doivent idéalement avoir une forme rectangulaire de mur fruitier ou de fuseaux étroits avec une largeur maximale d’environ 1.2m de couronne (60 cm à partir du tronc). Il est possible d’ajuster l’angle du mât lorsque les arbres ont une forme conique. Toutefois, si les branches sont plus longues que les fils, le centre des arbres risque d’être mal éclairci (votre bras est un bon guide pour évaluer la profondeur d’action).
  7. L’éclaircissage mécanique floral doit être fait sur des arbres qui ont atteint leur hauteur optimale pour ne pas risquer d’endommager l’apex, ce qui pourrait les empêcher d’atteindre une hauteur optimale.
  8. Les grosses branches et celles qui ont un angle supérieur à 60◦ doivent être éliminées afin d’éviter l’usure prématurée des fils et une mauvaise efficacité d’éclaircissage (exemple dans les images suivantes).
  9. L’éclaircissage mécanique floral est compatible avec les autres techniques de production fruitière intégrées telles que la confusion sexuelle du carpocapse de la pomme; les fils n’endommagent pas les diffuseurs à phéromone.

L’éclaircissage mécanique peut-il favoriser l’apparition de brûlure bactérienne?

Une étude réalisée en Pennsylvanie par Ngugi et Schupp en 2009 [15] a suscité certaines inquiétudes par rapport à la propagation de brûlure bactérienne dans les vergers éclaircis mécaniquement durant la floraison. Bien qu’elle aie été réalisée dans des conditions qui ne sont pas représentatives des productions commerciales, cette étude est citée dans plusieurs articles sur le sujet. Toutefois, de nouveaux essais réalisés par Sazo et al. de 2014 à 2016 dans une parcelle de Gala de l’État de New York, considérée à risque élevé (présence de brûlure bactérienne dans une parcelle voisine et conditions propices aux infections durant l’étude) a permis d’obtenir de bons résultats lorsque des traitements préventifs étaient appliqués [16]. De plus, L’ÉMF est utilisé par plusieurs pomiculteurs européens, dans des secteurs ou la maladie est présente, sans conséquences sur la propagation de cette maladie. Pour cette raison, nous recommandons de ne pas éclaircir mécaniquement lorsque les arbres sont mouillés et d’appliquer les traitements contre la brûlure bactérienne, de la même façon que dans les autres parcelles, c’est-à-dire lorsque les conditions d’infection sont réunies. Consultez la fiche 106 pour en savoir plus sur les stratégies de lutte contre la brûlure bactérienne. Des essais supplémentaires sont nécessaires afin de confirmer les précautions requises, lors des traitements d’éclaircissage mécaniques.

En conclusion voici une tableau comparant les avantages et les inconvénients de l’éclaircissage mécanique floral

 Avantages  Inconvénients
Indépendant de la météo (éviter d’éclaircir sous la pluie) Convient uniquement pour les arbres de forme étroite conduit en mur fruitier ou légèrement coniques (max 1,2m de couronne)
Convient à la production fruitière intégrée (PFI) et biologique (bio) Incompatible avec les tailles longues, les grosses branches et l’utilisation de ficelles pour arquer les branches
Permet de réduire les intrants chimiques et le temps requis pour l’éclaircissage manuel
Applicable à toutes les variétés même celles qui sont difficiles à éclaircir chimiquement, peu importe l’âge des arbres, en autant qu’ils sont matures Risque de sur-éclaircissage s’il y a un gel de printemps après le traitement d’éclaircissage
Diminution de l’alternance et amélioration du retour de floraison Peu causer des dommages aux branches et feuilles
Accroît l’efficacité des éclaircissants chimiques et la chute de juin Risques de propagation de certaines maladies (feu bactérien?) et pression accrue de certains  ravageurs (ex. puceron lanigère)
Alternative supplémentaire dans une stratégie globale d’éclaircissage, qui allonge la période d’intervention (éclaircissage hâtif sur les fleurs) Le sol doit être bien nivelé avec peu ou pas d’ornières absentes
Relativement peu coûteux et rapide à utiliser (1,5 à 2,5 hectare traité par heure)

Cliquez ici pour la liste des références sur l’éclaircissage mécanique des fleurs

 

Éclaircissage chimique

L’éclaircissage chimique des fruits peu de temps après leur nouaison est l’approche traditionnelle d’éclaircissage. Avant de décider d’intervenir chimiquement pour éclaircir les jeunes fruits noués, il faut d’abord déterminer si le nombre de fleurs pollinisées, donc de fruits éventuels, correspond au nombre visé de fruits par arbre ou s’il l’excède (la section « Éclaircissage manuel » retrouvée plus loin dans la présente fiche décrit deux méthodes qui permettent d’évaluer le nombre de fruits à viser).

Il reste ensuite à évaluer la nouaison pour déterminer s’il y a un surplus de fruits et un besoin d’éclaircir. C’est assez facile lorsque les plus gros fruits atteignent un diamètre de 8 à 12 mm, car il est possible alors de juger du grossissement relatif des fruits et des pépins. Toutefois, si des produits à base de benzyladenine (ex. : MAXCEL) qui peuvent favoriser une multiplication cellulaire accrue) ou encore le carbaryl (selon les normes de la production fruitière intégrée) sont utilisés, il faut estimer la nouaison encore plus tôt. Le tableau et la figure qui suivent montrent les caractéristiques qui permettent d’évaluer si la nouaison s’est bien réalisée sur les tout jeunes fruits (5 à 8 mm).

jeunes pommes à la nouaison

Forte nouaison (photo) Faible nouaison
Les pédoncules se recourbent vers le haut, vers le soleil. Les pédoncules demeurent droits.
Les petits fruits grossissent. Les petits fruits cessent de grossir.
Les petits fruits et les pédoncules demeurent verts. Les petits fruits et les pédoncules jaunissent ou rougissent.
Les sépales se replient et se referment vers le calice. Les sépales demeurent ouverts ou repliés vers l’extérieur.

 

Application d’agents éclaircissants

Avant de prendre la décision d’éclaircir les fruits pour chacun des cultivars, il importe de faire les observations qui s’imposent et de les consigner dans un registre. Il est recommandé de noter chaque jour durant toute la floraison les cultivars en fleur et leur stade de floraison, les températures maximales et minimales, les précipitations, le vent, l’ensoleillement ou l’ennuagement relatif et l’activité des abeilles.

exemple de feuille de suivi pour l'éclaircissage

Il faut considérer de la même façon les divers facteurs qui influencent les conditions d’éclaircissage. Les principaux points à considérer sont :

  • La sensibilité des fruits aux agents éclaircissants, qui varie selon le cultivar. Le tableau ci-après présente une classification générale des principaux cultivars en fonction de la facilité d’éclaircissage.

Facilité d’éclaircissage de différents cultivars de pommiers.

Facile Facile à modéré Modéré Difficile
Jersey Mac Sunrise Paulared Hâtives (sauf Jersey Mac)
Spartan (premières années) Lobo Ginger Gold Honeycrisp
Cortland Spartan (en équilibre) Gala
McIntosh Empire

Il faut quand même tenir compte, lors de la prise de décision, de l’ensemble des autres facteurs qui influencent l’éclaircissage :

  • Les arbres affaiblis par une récolte excessive la saison précédente ou par le gel hivernal et/ou les arbres trop vigoureux réagiront plus aux agents éclaircissants.
  • Une floraison très rapide et une mauvaise pollinisation entraînent le plus souvent un taux de nouaison faible qui augmente l’efficacité des agents éclaircissants.
  • Des conditions météorologiques nuageuses ou pluvieuses diminuent le taux de nouaison et augmentent l’efficacité des agents éclaircissants.
  • Des essais à l’Université Cornell ont déterminé que les périodes où le pommier a un surplus ou un déficit en hydrates de carbone sont déterminantes pour l’efficacité des agents éclaircissants. Ainsi, du temps ensoleillé, des températures fraîches et une humidité relative faible au moment de l’éclaircissage ainsi que durant les cinq jours suivants réduisent l’effet des produits utilisés pour l’éclaircissage. À l’inverse, des conditions météorologiques nuageuses, chaudes et humides amplifient l’effet des produits utilisés pour l’éclaircissage. Ces facteurs influencent la photosynthèse et la respiration des pommiers.
  • Les jeunes pommiers qui débutent leur mise à fruit, jusqu’en 5e et 6e feuillaison, sont plus sensibles aux agents éclaircissants.

 

Mode d’emploi des agents éclaircissants

Il s’agit de moduler l’effet du produit utilisé soit en l’appliquant à des moments plus ou moins favorables à l’absorption, ou mieux encore (c’est-à-dire plus économiquement), en ajustant la dose, le nombre de traitements et l’intervalle entre deux traitements. Il est recommandé de ne modifier qu’un seul paramètre à la fois.

  • Traitez par temps calme, de préférence le soir, lorsque les températures sont supérieures à 15 °C et l’humidité élevée à 80 %. Si le traitement suit une période de précipitation, laissez au moins un intervalle d’une journée de temps plus sec avant d’effectuer le traitement, afin de favoriser l’absorption du produit.
  • Assurez-vous que le pulvérisateur soit bien calibré et appliquez environ 800 à 1000 litres de bouillie à l’hectare lors des traitements d’éclaircissage, selon la dimension des arbres. Bien que les agents éclaircissants soient généralement compatibles avec les autres produits comme les fongicides, il est préférable de faire un traitement séparé, car les rangs ou les zones de l’arbre ciblés ne sont souvent pas les mêmes.
  • Fermez les buses inférieures du pulvérisateur. Les branches fruitières situées à la base du pommier sont naturellement faciles à éclaircir compte tenu du peu de lumière qu’elles reçoivent.
  • Surveillez votre concentration (!) : les doses recommandées ont été établies par les fabricants à partir de traitements dilués et sont généralement données en ppm. C’est pourquoi il est recommandé d’employer des quantités d’eau importantes. Il faut toutefois noter que les recommandations de l’État de New York mentionnent de maintenir les quantités d’ANA (FRUITONE-N, FRUIT FIX) à l’acre même si le volume d’eau utilisé est réduit (consultez le tableau plus bas). Donc, sous toute réserve, à essayer avec prudence sur une partie des superficies traitées, si vous avez habituellement des résultats décevants avec vos traitements plus concentrés (sur une base de ppm).

 

Trucs et mises en garde
  • Rappelez-vous que l’éclaircissage des fruits est aussi un art et que l’expérience des années compte pour mieux ajuster les types de traitements à effectuer en fonction des objectifs de qualité des fruits. Gardez des arbres témoins (non éclaircis) pour connaître l’effet réel du traitement. Il importe aussi de tenir un registre des conditions météorologiques pour chaque traitement d’éclaircissage : les journées précédentes, la journée du traitement ainsi que durant les cinq jours suivants. De cette façon, vous serez en mesure de développer votre propre expertise.
  • Le régulateur de croissance APOGEE favorise une nouaison accrue; s’il est employé, il faut augmenter d’environ un tiers la dose des produits utilisés en éclaircissage. Idéalement, ne pas utiliser d’ANA dans les quatre jours qui précèdent ou qui suivent un traitement avec APOGEE.
  • N’hésitez pas à consulter votre conseiller pomicole pour évaluer la stratégie la mieux adaptée à votre situation.

 

Quels sont les traitements suggérés?

Employez l’un ou l’autre des traitements suggérés dans le tableau ci-après. Comme il n’y a pas d’essais de traitements et de dosages au Québec, ce sont des doses suggérées plutôt que recommandées; vos décisions se prendront à la lumière de votre expérience et des recommandations de vos conseillers.

Utiliser la plus faible concentration lorsque les conditions sont favorables à une efficacité accrue du produit. L’ANA peut aussi causer une malformation passagère des feuilles lorsqu’appliqué en période de développement rapide du feuillage.

Traiter avec le bon produit en fonction du calibre des fruits à éclaircir; tous les produits ne travaillent pas de la même façon!

 

Utilisation limitée du carbaryl

Le carbaryl (mieux connu sous son nom commercial SEVIN) est utilisé depuis longtemps comme agent d’éclaircissage chimique. Bien que ce soit un insecticide, son absorption par les jeunes fruits a un certain effet phytotoxique qui élimine les plus faibles d’entre eux. Toutefois, c’est un insecticide à large spectre d’action qui réduit les populations de plusieurs espèces bénéfiques dans le verger, spécialement les acariens prédateurs, tels les phytoséiides. Son utilisation en PFI est peu souhaitable, et limitée comme suit :

  • Éviter l’application sur des cultivars qui s’éclaircissent bien avec l’utilisation d’autres produits. Par exemple sur McIntosh ou Cortland où l’éclaircissage avec l’ANA à dose faible ou modérée fonctionne bien.
  • Ne pas dépasser la dose recommandée pour l’éclaircissage (1 kg/ha de matière active ou moins, soit 2 L/ha ou moins dans le cas de SEVIN XLR). Des doses supérieures sont très toxiques aux espèces utiles du verger, et ne sont plus homologuées sur pommier depuis 2017.
  • Utiliser plus tôt en période d’éclaircissage (plus près du calice) alors que les prédateurs sont encore peu présents.
  • Traiter la moitié supérieure des pommiers seulement. Ceci évite d’arroser le sol et le bas de l’arbre, d’où certains prédateurs migreront. De fait, le bas de l’arbre s’éclaircit généralement de lui-même par manque de lumière.
  • Ne pas dépasser une application par saison dans un bloc ou un cultivar donné. Les cultivars d’été et certains cultivars très alternants, tels que la Honeycrisp, nécessitant deux applications, une première au stade calice et une seconde à l’atteinte d’un diamètre d’environ 8-10 mm, font exception à cette règle.
Éclaircissant1, 2 Matière active Fenêtre d’utilisation (en mm de calibre) Concentration Dose maximale à l’hectare
FRUITONE N (3,1 PS)3 acide napthyl-1-acétique (ANA) 5 à 15 mm 5 à 15 ppm4
SEVIN XLR (43 SL)5 carbaryl Calice à 12 mm 2 L
MAXCEL (1,9 L)6 6-benzyladénine 5 à 15 mm; 20 mm si 2e trt 75 à 200 ppm4 22 L/saison
CILIS PLUS (2,0 L)6 6-benzylaminopurine 5 à 10 mm 50 à 200 ppm4 21,3 L/saison
  1. Produits d’usage plus commun; d’autres produits, comme le thiosulfate d’ammonium (ATS), ACCEL, ETHREL et AMID-THIN peuvent être utilisés dans des conditions particulières.
  2. La concentration des ingrédients actifs (% ou g/L) et la formulation sont indiquées entre parenthèses. Formulations : L : liquide, PS : poudre soluble, SL : suspension liquide.
  3. Peut s’employer en mélange avec SEVIN, mais pas avec MAXCEL ni CILIS. De 5 à 20 ppm (5 à 20 g de matière active/1000 L) selon les cultivars et les conditions d’application. Volume minimal de 500 L/ha jusqu’à un maximum de 1000 L/ha. ATTENTION : 20 ppm est excessif dans la majorité des situations.
  4. 1 ppm = 1 g de matière active/1000 L d’eau.
  5. Peut être employé en mélange avec un des autres produits du tableau. 1 à 2 L dans 1000 L d’eau/ha (dose PFI).
  6. Ce produit peut contribuer au grossissement des fruits en favorisant la multiplication cellulaire. Pour ce faire, il faut l’utiliser lorsque les fruits sont encore petits. Produit particulièrement approprié pour des cultivars tels Gala ou Empire.

 

Éclaircissage manuel

Une fois les agents éclaircissants appliqués, il faut attendre la chute physiologique des fruits (fin juin à début juillet) pour évaluer les besoins d’éclaircissage manuel. L’éclaircissage manuel a pour but de contrôler la charge de récolte. Une charge trop élevée a des impacts négatifs sur la qualité des fruits et favorise l’alternance de production. Tel que mentionné dans la fiche 117, une charge trop élevée a également un impact sur la maturité et la chute des fruits à la récolte.

Des expériences menées au Québec avec le cultivar Honeycrisp nous ont permis de mesurer les impacts de différentes charges de récolte sur plusieurs facteurs qui caractérisent la qualité des fruits. Les figures suivantes illustrent les résultats de ces études.

Influence de la charge de récolte sur le pourcentage de coloration des pommes Honeycrisp sur porte-greffe B.9 (S. Mantha).

influence de la charge sur la coloration (graphique)

Influence de la charge de récolte sur le calibre des pommes Honeycrisp sur porte-greffe B.9 (S. Mantha).

influence de la charge sur le calibre (graphique)

Influence de la charge de récolte sur la pression, le Brix (%) et le stade amidon* des pommes Honeycrisp sur porte-greffe B.9 à la récolte (S. Mantha).

influence de la charge sur la pression, le taux de Brix et le stade amidon (graphique)

* Selon la charte Évaluer la maturité des pommes – Test de l’amidon du CRAAQ.

Il est donc important de bien contrôler la charge de récolte afin de maximiser la qualité des fruits. Cette opération est surtout nécessaire sur les cultivars dont l’alternance est marquée. Toutefois, elle permet d’améliorer grandement la qualité des fruits sur l’ensemble des cultivars, tel que l’illustrent les photographies et l’explication qui suivent.

pommier non éclairci manuellement

Honeycrisp/B.9 non éclairci manuellement.

Comment éclaircir manuellement et combien de fruits faut-il enlever?

La bonne vieille méthode consiste à laisser un fruit par bouquet quand les fruits ont atteint environ 25 mm de diamètre. Cette méthode manque cependant de précision et dans le cas de nouveaux cultivars, tels que la Honeycrisp, laisse encore un trop grand nombre de fruits sur l’arbre, ne permettant pas d’obtenir les standards de qualité désirés. Ainsi deux autres méthodes sont actuellement proposées aux pomiculteurs pour leur permettre de produire le plus belles pommes : le Trunk Cross-sectional Area (TCA) et le gabarit Équilifruit.

TCA

TCA = (Diamètre du tronc / 2)2 × 3,1416
Nombre de fruits = TCA × ratio souhaité

La première méthode proposée est celle du TCA, basée sur le nombre de fruits à laisser en fonction de la vigueur de l’arbre. Tel qu’illustré à la figure ci-haut, le TCA est obtenu en mesurant le diamètre du tronc à 30 cm du sol et par calcul à l’aide de la formule mathématique énoncée dans la même figure. Le nombre de fruits à laisser sur l’arbre après éclaircissage est obtenu en multipliant le TCA par le ratio nombre de fruits/TCA désiré. Ce ratio varie en fonction du cultivar : un ratio de 4 à 6 fruits/cm2 est recommandé pour les variétés alternantes, tels que la Honeycrisp, et de 6 à 9 fruits/cm2 pour les variétés non alternantes, tels que la McIntosh. Il existe également un gabarit développé par l’Université Cornell qui permet d’obtenir directement le nombre de fruits à laisser en mesurant le tronc de l’arbre. Cette méthode est assez précise mais laborieuse et peu applicable en verger commercial.

gabarit Équilifruit

La deuxième méthode est l’utilisation du gabarit Équilifruit (figure ci-haut) développé par le groupe MAFCOT en France. Ce gabarit qui est plus convivial, est déjà utilisé par plusieurs pomiculteurs du Québec. Le gabarit permet de mesurer l’aire des branches fruitières et d’y associer un nombre de fruits à conserver après éclaircissage manuel. Ce nombre de fruits est fonction d’un ratio de fruits/cm2 de branches fruitières particulier à chaque cultivar. Le ratio varie de 3 fruits/cm2 de branches fruitières pour les cultivars alternants, tels que la Honeycrisp, jusqu’à 6 fruits/cm2 de branches fruitières pour les cultivars non alternants, tels que la McIntosh.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

bannière des principaux partenaires de réalisation et commanditaires du Guide de PFI

Auteurs de la première édition : Gérald Chouinard, Yvon Morin, Robert Maheux, Sylvie Bellerose, Francine Pelletier et Maude Lachapelle
Auteure de la mise à jour 2023 : Gaëlle Charpentier
Dernière mise à jour par l’auteure : 26 janvier 2023

 

Les produits phytosanitaires, ou pesticides, sont réglementés par la Loi sur les produits antiparasitaires (LPA, consultez la fiche sur L’utilisation des pesticides (homologation, vente, entreposage et application) et la loi). Ils sont destinés à protéger les végétaux contre tout organisme nuisible, à réguler la croissance des végétaux et à détruire les végétaux indésirables. Les pesticides sont des intrants utilisables en PFI, à condition de respecter les trois conditions suivantes :

  • Les utiliser au minimum, en intervenant lorsque les seuils d’intervention sont atteints à la suite d’un dépistage et/ou selon un modèle prévisionnel ;
  • Favoriser les produits à faible impact (produits classés « verts », consultez l’affiche PFI de l’année en cours disponible sur agri-réseau ou dans la fiche sur les Ressources essentielles en PFI) ;
  • Respecter les conditions nécessaires à une utilisation sécuritaire et soucieuse de l’environnement.

La présente fiche vous aidera à respecter ces trois conditions. Référez-vous également aux méthodes de lutte contre les insectes, les acariens, les maladies et les autres ravageurs sur le guide de référence en production fruitière intégrée 2021 pour des recommandations adaptées à une problématique particulière.

Les différents types de pesticides

Les pesticides utilisables en PFI sont les suivants :

TYPE DE PESTICIDE ORGANSIMES VISÉS
Acaricide acariens (tétranyques et ériophyides)
Bactéricide bactéries
Fongicide champignons (tavelure, etc.)
Herbicide végétaux
Insecticide Insectes
Nématicide nématodes
Régulateurs de croissance végétaux
Rodenticide rongeurs

Formulation

La formulation commerciale d’un pesticide est composée d’une ou de plusieurs matières actives auxquelles sont ajoutés d’autres produits qualifiés d’inertes ou d’adjuvants. Ces produits influencent grandement l’efficacité de l’application, notamment en améliorant la stabilité physique ou chimique de la bouillie.

Voici quelques exemples de produits utilisés en tant qu’adjuvants :

Les solvants (distillats de pétrole tels naphta, xylènes, alcools et glycols)
Ils dissolvent la matière active dans les formulations liquides telles les émulsions concentrées (EC), les solutions (SN) et les suspensions concentrées (SC). En raison de la toxicité des solvants, tout produit contenant plus de 10 % de distillats de pétrole est automatiquement considéré comme un poison, qu’il contienne ou non un pesticide. Tout comme l’huile minérale, les émulsions concentrées de solvants peuvent entrainer des problèmes de phytotoxicité si elles ne sont pas appliquées selon les recommandations. De façon générale, évitez de mélanger le cuivre, le captane et/ou les strobilurines avec des formulations liquides EC afin de prévenir les risques de phytotoxicité.

Les stabilisants (tampons pH, antioxydants)
Ils limitent la dégradation de la matière active pouvant être provoquée par les acides, les bases, la lumière ou tout autre agent susceptible d’être présent dans le produit, la bouillie ou l’environnement.

Les tensioactifs (émulsifiants, surfactants, mouillants)
Ceux-ci diminuent la tension superficielle de l’eau améliorant ainsi :

  • L’étalement de la bouillie sur la plante et sur les ravageurs ;
  • L’adhérence sur les parties traitées ;
  • La résistance au lessivage.

Les agents anti-moussants

Ils réduisent la formation de mousse créée lors de l’agitation par la présence d’agents tensioactifs.

Classification des pesticides selon leur formulation

Les principales formulations utilisables en PFI sont présentées au tableau suivant (avec l’abréviation équivalente en anglais). Toutefois de nouvelles formulations apparaissent rapidement sur le marché et cette liste n’est pas exhaustive.

FORMULATIONS LIQUIDES

Français Abréviation Anglais
Concentré émulsifiable  EC  Emulsifiable concentrate
Concentré soluble dans l’eau WS Water soluble concentrate
Suspension

Suspension concentrée
(ou Concentrée pulvérisable)

SU

SC

F/FL

Suspension

Suspension concentrate
(ou sprayable concentrate)

Flowable

Liquide LI Liquid
Solution SN / SL Solution

FORMULATIONS SOLIDES

Poudre mouillable W/WP/WS Wettable powder
Poudre soluble SP Soluble powder
Granules GR Granular
Pâte fluide

Granulés dispersables dans l’eau

Granulés mouillables

DF

WDG

WG

Dry flowable

Water dispersible granules

Wettable granules

Granules solubles SG Soluble granules
Sachets solubles SP

WSP

Soluble Packet, Instapak, Solupak

Water Soluble Pouches

 

 

 

 

 

Dans le cas des formulations solides, la concentration est normalement exprimée en pourcentage, comme dans l’exemple suivant : PENNCOZEB 80WP = 80 % de matière active (mancozèbe).

Dans le cas des formulations liquides, la concentration est généralement indiquée en grammes de matière active par litre de formulation, comme dans l’exemple suivant : MATADOR 120 EC = 120 g de lambda-cyhalothrine par litre de produit.

Des exceptions confirment cependant la règle (par exemple, DECIS 5 EC = 5,0 % de matière active). Il faut donc lire attentivement l’étiquette pour connaitre la concentration d’un produit avec lequel on n’est pas familier.

Activité systémique (totale ou translaminaire)

Un pesticide systémique pénètre dans la plante et est véhiculé à l’intérieur de celle-ci. Il atteint ainsi les parties de la plante qui n’ont pas été touchées par la pulvérisation. En plus d’être moins sujets au lessivage, les produits systémiques possèdent habituellement une activité résiduelle plus longue. Une activité systémique totale implique un déplacement des pesticides systémiques autant vers le haut que vers le bas de la plante. Quant au pesticide translaminaire, il est absorbé localement et transporté à travers la feuille, du dessus au-dessous (et vice-versa). Il n’a pas la capacité de se déplacer vers les nouvelles feuilles.

Il est donc important de considérer le développement foliaire (sortie de nouvelles feuilles) et le grossissement du fruit dans l’efficacité de ces pesticides. Des essais de l’IRDA concernant les fongicides utilisés contre la tavelure du pommier ont démontré que le développement foliaire est un facteur limitant dans le renouvellement des traitements, y compris avec les fongicides systémiques.

Pour maximiser l’efficacité de ces pesticides, il faut favoriser leur absorption par le pommier. Il est donc recommandé de les appliquer lorsque le temps est chaud et humide, par exemple le matin ou le soir, plutôt qu’en plein soleil ou par temps venteux et sec. Plusieurs insecticides et acaricides homologués en vergers ont une action systémique locale.

Résistance au lessivage par la pluie

La plupart des nouveaux insecticides et acaricides utilisés en pomiculture sont formulés pour résister au délavage causé par la pluie après un traitement. Mais combien de millimètres de pluie sont nécessaires pour faire en sorte que le traitement ne soit plus efficace ? La réponse dépend bien sûr de la résistance au délavage du produit (tableau ci-après), mais aussi de l’espèce et du stade visé (œuf, larve, adulte) et de la partie du pommier (feuille, fruit ou bois) visée par le ravageur.

Ainsi, un insecte immature et sensible à un insecticide donné nécessitera que très peu de résidus pour être efficacement contrôlé. Cependant, si cet insecte atteint un stade plus avancé et qu’il se niche à l’intérieur d’un groupe de feuilles enroulées, il risque de ne plus être affecté par des résidus délavés par la pluie.

Le tableau suivant, adapté du Michigan Fruit Management Guide, présente la résistance au lessivage des principales familles d’insecticides. C’est un outil de plus pour vous aider à prendre une décision éclairée en matière de PFI dans votre verger, de concert avec vos données de dépistage et l’historique des ravageurs dans vos pommiers. À noter que pour les produits systémiques, les résidus absorbés dans les tissus ne peuvent être lessivés et que les cotes ne valent que pour la portion non-absorbée des produits.

PRÉCIPITATIONS CUMULÉES : ≤12,5 mm ≤25 mm ≤50 mm
Fruits Feuilles Fruits Feuilles Fruits Feuilles
Organophosphorés * ** * ** * *
Pyréthrinoïdes ** ** ** ** * *
Carbamates ** ** ** ** * *
Régulateurs de croissance des insectes (IGRs)2 ** ** ** ** * *
Néonicotinoïdes1 ** *** * * * *
Spinosynes2 *** ** *** ** ** *
Diamides1 *** *** *** ** ** *
Avermectines1 ** *** * ** * *

*** Très résistant au délavage : moins de 30 % des résidus lessivés.
** Résistant au délavage : moins de 50 % des résidus lessivés.
* Faible résistance au délavage : au moins 70 % des résidus lessivés.
1 Familles de produits comportant principalement des insecticides à action systémique
2 Familles de produits comportant quelques insecticides à action systémique translaminaire

Photosensibilité

Pour compter sur un contrôle résiduel des insectes de la part des matières actives, il ne faut pas oublier que certaines matières actives comme le Bt (DIPEL, BIOPROTEC) et le granulovirus du carpocapse de la pomme (Virosoft, CYD-X) se décomposent plus rapidement lors de journées ensoleillées que lors de journées nuageuses. Consultez les étiquettes pour connaître la photosensibilité des produits.

Caractéristiques des principales familles d’insecticides et d’acaricides

Carbamates – groupe 1A : Les carbamates agissent sur le système nerveux des insectes en inhibant l’acétylcholinestérase, une importante enzyme impliquée dans le fonctionnement des systèmes nerveux et musculaire. Cette action provoque une paralysie de l’influx nerveux, la contraction involontaire et répétée des muscles, puis la mort des insectes sensibles. Comme le système enzymatique des insectes est activé par la température, ces produits sont plus efficaces lorsque la température est suffisamment élevée lors de l’application (minimum 15 °C, préférablement au-dessus de 20 °C). En général, ils sont peu compatibles avec la PFI (ex. : SEVIN, homologué comme agent éclaircissant).

Insecticides microbiens : Ce type de pesticide est particulier puisque son ingrédient actif est un micro-organisme (bactérie, champignon, virus, etc.) ou il est produit par celui-ci. Les insecticides microbiens font partie des biopesticides (ex. : BIOPROTEC, VIROSOFT). En général ceux-ci sont acceptés en production certifiée biologique, cependant vous devez toujours valider avec votre organisme de certification avant d’utiliser un pesticide.

Néonicotinoïdes – groupe 4A : Ces insecticides agissent sur le système nerveux central des insectes. Les insectes cessent alors de s’alimenter et sont paralysés ; ils meurent de faim ou de déshydratation ou sont victimes de prédateurs. Ce sont des produits à action systémique locale (translaminaire). Ils sont généralement très toxiques pour les abeilles (ex. : ASSAIL, CALYPSO).

Organophosphorés – groupe 1B : Tout comme les carbamates, les organophosphorés agissent sur le système nerveux des insectes en inhibant l’acétylcholinestérase. Ces produits sont donc plus efficaces lorsque la température est suffisamment élevée lors de l’application (minimum 15 °C, préférablement au-dessus de 20 °C). Ces produits agissent principalement par contact direct de la bouillie sur l’insecte lors de l’application ou par ingestion de résidus laissés à la surface des feuilles et des fruits. Ils sont peu compatibles avec la production fruitière intégrée, sauf certaines exceptions (ex. : IMIDAN).

Huiles – groupe UNM : Ces produits d’origine minérale ou végétale agissent par contact physique et provoquent l’asphyxie des œufs d’insectes et acariens (plus particulièrement le tétranyque rouge) ou encore le ramollissement de l’enveloppe externe chez les insectes à cuticule cireuse (cochenille) (ex. : HUILE SUPÉRIEURE, HUILE D’ÉTÉ).

Pyréthrinoïdes de synthèse – groupe 3 : Les pyréthrinoïdes sont des insecticides de synthèse apparentés à un insecticide naturel appelé pyréthrine. Bien que leur mode d’action ne soit pas tout à fait élucidé, il est connu qu’elles agissent sur le système nerveux en paralysant l’insecte, à la façon des organochlorés. Elles agissent principalement par contact et ingestion. Elles ne sont pas dégradées par la lumière et demeurent donc efficaces sur le feuillage pendant une période prolongée (3-4 semaines). Les pyréthrinoïdes utilisées dans les vergers ne doivent pas être appliquées lorsque la température est supérieure à 25 °C. Elles sont toutes très toxiques pour les poissons et pour plusieurs insectes et acariens utiles, et pour cette raison, leur utilisation n’est pas recommandée après la floraison (ex. : DECIS, MATADOR, SILENCER).

Régulateurs de croissance des insectes : Ce groupe de produits inclut différentes familles chimiques qui imitent l’hormone de mue (régulateurs de croissance) chez les insectes. Les larves exposées subissent une mue incomplète ou cessent de se nourrir, puis meurent dans les jours suivants. Certains de ces produits peuvent également avoir un effet sur les œufs (voir par exemple la fiche sur Le carpocapse de la pomme) (ex. : CONFIRM, INTREPID, RIMON).

Spinosynes – groupe 5 : Cette famille de produits agit au niveau des récepteurs nicotiniques qui transmettent les messages au système nerveux des insectes. Elle agit par contact et par ingestion (ex. : SUCCESS, ENTRUST, DELEGATE, GF-120).

Autres familles : Les nouveaux insecticides appartiennent souvent à des familles chimiques particulières. Les propriétés de ces familles sont souvent uniques. Afin d’en savoir plus à ce sujet, consultez la fiche sur les Insecticides homologués en pomiculture au Québec . Parmi les familles particulières se retrouvent les avermectines – groupe 6 (ex. : AGRI-MEK), les acides tétroniques et tétramiques – groupe 23 (ex. : ENVIDOR, MOVENTO), les inhibiteurs du complexe III de transport mitochondrial – groupe 20 (ex. : ACRAMITE, KANEMITE), les inhibiteurs de croissance des acariens – groupe 10A (ex. : APOLLO), les diamides – groupe 28 (ex. : ALTACOR, EXIREL), les flonicamides – groupe 29 (ex. : BELEAF) et plusieurs autres.

Caractéristiques des principales familles de fongicides

Les familles de fongicides sont décrites aux côtés des formulations commerciales et des matières actives concernées dans la fiche Caractéristiques des produits utilisés pour réprimer les maladies en pomiculture au Québec.

Produits phytosanitaires autres que les pesticides

Tout produit commercial utilisé dans un but de protection doit être homologué au Canada pour que son utilisation soit permise. Ceci inclut donc non seulement les pesticides au sens strict, mais aussi les savons, les huiles, les phéromones, les bactéries et micro-organismes bénéfiques pouvant avoir un effet protecteur. Pour fins de simplification, ces produits ont été inclus, en se basant sur leur efficacité principale, dans les descriptions figurant aux fiches de la section Description des pesticides du guide de référence en production fruitière intégrée 2021.

Notez cependant qu’il existe tout de même de rares produits qui ne nécessitent ni homologation ni autre autorisation pour être appliqués en vergers, comme par exemple, les « macro-organismes » utiles présents naturellement dans la même zone écologique que celle dans laquelle se trouve votre verger. Par exemple : coccinelles, nématodes, acariens prédateurs, trichogrammes, etc. décrits dans la fiche  Les espèces utiles, une ressource à protéger.

Rationaliser l’usage des pesticides

Les pesticides peuvent apparaître comme des solutions à tous les problèmes, mais ils ont bien des inconvénients dont les producteurs de pommes, autant que les acheteurs de pommes, sont de plus en conscients. Avant de penser « pesticide », posez-vous toujours les questions suivantes :

  • Est-ce que la problématique a été bien mesurée ? Est-ce qu’il y a un historique (antécédent) de dégâts ?
  • Est-ce que les autres techniques (prévention, dépistage, action des espèces utiles, etc.) ont été utilisées pour régler le problème ?
  • L’application d’un pesticide (ou l’utilisation d’autres méthodes) est-elle économiquement rentable ?

Pour répondre à ces questions, particulièrement au sujet de la rentabilité, il faut évaluer le gain que le traitement devrait raisonnablement procurer et le comparer au coût du traitement envisagé. La comparaison n’est pas qu’une question de coût immédiat. Il faut également évaluer l’efficacité du pesticide contre le ravageur visé et ses effets possibles sur l’environnement et sur les espèces utiles à l’œuvre dans votre verger. La rentabilité réelle des pesticides n’est pas toujours aussi bonne qu’elle le semble à première vue. Tenez donc compte des facteurs suivants pour rationaliser leur utilisation :

Quantité :

Achetez des volumes qu’il vous sera possible d’entreposer dans votre local à pesticides selon les règles d’entreposage du Code de gestion des pesticides. Pour de plus amples informations, référez-vous à la fiche sur L’utilisation des pesticides (homologation, vente, entreposage et application) et la loi.

Efficacité principale et secondaire :

Consultez la fiche sur l’Efficacité potentielle des insecticides et acaricides et la fiche Caractéristiques des produits utilisés pour réprimer les maladies en pomiculture au Québec et utilisez uniquement des produits homologués et recommandés contre les ravageurs de la pomme. Certains pesticides sont plus efficaces que d’autres contre un ravageur donné et pourront avoir une action secondaire intéressante pour votre situation.

Par exemple, une application de carbaryl (SEVIN) comme agent d’éclaircissage peut réprimer adéquatement la cicadelle blanche du pommier, alors que l’application d’un organophosphoré (comme IMIDAN) contre le charançon de la prune n’aura aucun effet sur la cicadelle.

Formulation :

Favorisez les granulés dispersibles (DG) aux poudres mouillables (WP) car ces dernières engendrent beaucoup de poussières toxiques lors de leur manipulation. Portez attention aux émulsions concentrées (EC) qui contiennent des solvants souvent toxiques et qui peuvent poser des problèmes d’incompatibilité lors des mélanges (voir la fiche sur la Compatibilité des mélanges). De plus, les EC doivent généralement être entreposées à l’abri du gel.

Indice d’impact :

Évaluez l’impact potentiel de chaque application prévue. Cet impact peut être évalué selon trois indices :

  • l’IRS (Indice de risque pour la santé) ;
  • l’IRE (Indice de risque pour l’environnement) ;
  • l’IRB (Indice de risque pour la faune bénéfique).

Les deux premiers indices font partie de l’Indicateur de risque des pesticides du Québec (IRPeQ), et le troisième, développé par l’IRDA, se trouve dans la Classification des pesticides utilisables en PFI en fonction de leur impact sur l’environnement, la santé et la faune auxiliaire pour les fins du programme de PFI. Les valeurs de ces indices, pour des applications à la dose maximale homologuée en pomiculture, se retrouvent dans les tableaux des fiches suivantes : Efficacité potentielle des insecticides et acaricides et Caractéristiques des produits utilisés pour réprimer les maladies en pomiculture au Québec.

Dans l’exemple ci-haut d’une application de SEVIN comme agent d’éclaircissage, l’examen des cotes d’impact révèle que ce produit a un IRB très élevé, donc un impact négatif important sur la faune auxiliaire (abeilles, prédateurs d’acariens et de pucerons, parasites de mineuses, de tordeuses et de pucerons). Cet effet secondaire indésirable peut être évité par l’utilisation d’un autre agent d’éclaircissage, lorsque disponible pour le cultivar concerné.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

 

Auteurs de la première édition : Gérald Chouinard, Yvon Morin, Robert Maheux, Sylvie Bellerose et Maude Lachapelle
Auteures de la mise à jour 2024 : Francine Pelletier, Stéphanie Gervais, Catherine Pouchet et Audrey Charbonneau
Dernière mise à jour par les auteures : 8 mars 2025

 

Cette fiche présente une description sommaire et une liste non exhaustive des acaricides homologués pour les vergers de pommiers au Canada pour l’année 2025. À chaque début de saison, le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) du pommier effectue une mise à jour de cette liste et diffuse les ajouts et retraits par le biais de communiqués. Consultez la fiche sur les Ressources essentielles en PFI pour en savoir plus sur le RAP.

NOTE : Pour une information complète et à jour sur les pesticides, visitez le service en ligne d’information sur les pesticides du gouvernement du Québec, SAgE pesticides, et du Canada, Recherche dans les étiquettes de pesticides – Santé Canada.

ATTENTION : Bien qu’homologués au Canada, les produits mentionnés ne sont pas nécessairement disponibles partout au pays, et ils ne sont pas nécessairement autorisés aux États-Unis ou ailleurs dans le monde. Avant de les utiliser, il importe donc de vérifier les conséquences possibles de leur utilisation si la récolte doit être exportée.

Cliquez ici pour télécharger le tableau complet.

Extrait du tableau acaricides homologués en pomiculture au Québec.

ACRAMITE (bifénazate) : Cet acaricide sélectif de synthèse de la famille des bifénazates agit rapidement par contact et possède une bonne activité résiduelle. Il n’est pas systémique. Une excellente couverture est requise et il faut ajuster le volume de bouillie selon le gabarit des arbres. Il ne présente pas de risque de résistance croisée avec les autres acaricides. Un adjuvant peut être ajouté pour améliorer la qualité de la pulvérisation selon les indications sur l’étiquette.

AGRI-MEK (abamectine) : Cet acaricide sélectif naturel de la famille des avermectines dérivé de la fermentation de la bactérie Streptomycines avermitilis possède aussi des propriétés insecticides. Il agit surtout par ingestion, mais aussi par contact. Il possède une activité systémique locale (translaminaire) et une action persistante prolongée (de quatre à six semaines). Il est recommandé d’utiliser de l’huile horticole comme adjuvant, en respectant un délai de dix jours avant ou après un traitement avec un produit contenant du captane, du folpet ou du soufre.

APOLLO SC (clofentézine) : Ce produit est un acaricide sélectif de synthèse de la famille des tétrazines. Il agit principalement par contact sur les œufs et les larves. Il possède une activité systémique locale (translaminaire) et une action persistante prolongée. Cet acaricide a une certaine efficacité contre les stades immatures, mais est inefficace contre les adultes. Il agit moins rapidement que la plupart des acaricides : attendre deux à trois semaines avant de vérifier l’efficacité du traitement.

ENVIDOR (spirodiclofène) : Ce produit est un acaricide sélectif de synthèse de la famille des dérivés de l’acide tétronique. Il agit par contact sur tous les stades de développement incluant les œufs et les femelles adultes. Il n’est pas systémique mais il se fixe à la cuticule des feuilles ce qui lui confère une activité résiduelle de plusieurs semaines. Il n’est pas recommandé de le mélanger avec des adjuvants ou des produits qui en contiennent.

HUILE SUPÉRIEURE 70S (et autres formulations) : Cet acaricide et insecticide minéral à large spectre agit par contact physique (asphyxie) sur les œufs d’acariens et de plusieurs insectes. Lorsqu’appliqué au printemps avant l’éclosion des œufs du tétranyque rouge, ce produit constitue une excellente façon de prévenir leur multiplication. Il ne favorise pas le développement de la résistance chez les insectes et acariens. ATTENTION : évitez d’appliquer des produits contenant du captane, du folpet ou du soufre dans les 10-14 jours précédant ou suivant une application d’huile. Dans le cas des cultivars Empire et Délicieuse rouge, toute période de gel moins de 48 heures avant ou après une application risque également de causer des problèmes de phytotoxicité. Ce produit est admissible en production biologique.

HUILE DE PULVÉRISATION 13E (PURE SPRAY): Cet acaricide et insecticide minéral à large spectre peut être utilisé comme huile de dormance, mais contrairement aux autres huiles, il peut aussi être appliqué l’été. Pour les traitements d’été, il faut l’appliquer sur les acariens à partir du stade calice et répéter aux 10 à 14 jours au besoin (trois applications annuelles sont recommandées). Il est important de surveiller la phytotoxicité en évitant d’appliquer, dans les 14 jours précédant ou suivant son utilisation, des produits contenant du captane, du folpet ou du soufre. Évitez également de l’utiliser lors des conditions de sécheresse ou dans les 48 heures suivant une période de gel. Ce produit est admissible en production biologique. Les formulations SUFFOIL-X et DOUBLE DOWN peuvent aussi être appliquées l’été.

KANEMITE (acéquinocyl) : Ce produit est un acaricide sélectif de synthèse de la classe des quinolines. Le produit agit principalement par contact, mais aussi par ingestion. Sa persistance d’action est modérée (environ trois semaines). Son mode d’action étant similaire à celui de l’acaricide NEXTER (pyridabène), il est recommandé de limiter l’application de ces deux produits à un traitement par saison afin d’éviter l’apparition de résistance croisée.

MAGISTER SC (fénazaquin) : Ce produit est un acaricide et fongicide contre l’oïdium. Ne pas appliquer pendant la floraison de la culture ou des plantes situés dans l’entre-rang car le produit est toxique pour les abeilles et les pollinisateurs sauvages. Aucun éclaircissage manuel avant 17 jours. Pour plus d’informations, consultez l’essai mené par le Michigan State University.

NEXTER (pyridabène) : Ce produit est un acaricide sélectif de synthèse de la famille des pyridazinones. Il agit par contact et offre un effet résiduel de quatre à sept semaines. Une excellente couverture est requise pour assurer l’efficacité du produit. Son mode d’action étant similaire à celui de l’acaricide KANEMITE (acéquinocyl), il est recommandé de limiter l’application de ces deux produits à un traitement par saison afin d’éviter l’apparition de résistance croisée.

NEALTA (cyflumetofen) : Ce produit est un acaricide sélectif de synthèse de la famille des benzoylacétonitriles. Il agit par contact et possède une bonne efficacité sur tous les stades des tétranyques (œufs et formes mobiles) mais pas sur les autres acariens nuisibles (ex. ériophyides) ou utiles (ex. phytoséides et stigmaéides).

SAFER’S, OPAL, KOPA, OLEGROW (sels de potassium d’acides gras) : Cet insecticide-acaricide naturel agit de manière sélective envers certains insectes à corps mou (pucerons, cochenilles) et envers les acariens. Il agit sur les œufs, les larves et les adultes par contact direct avec la solution liquide. Les résidus sont sans effet une fois séchés. Il peut causer de la roussissure sur fruits lorsqu’appliqué en solution diluée. Comme il s’agit d’un savon, l’agitation constante dans le réservoir est déconseillée car elle peut causer une mousse abondante et l’utilisation d’un agent anti-mousse est recommandée. Ce produit est admissible en production biologique.

SURROUND (kaolin) : un agent de lutte minéral non toxique à base d’argile, agissant comme une barrière physique sur les fruits pour aider à réduire les dommages causés par les insectes, mais ayant aussi un certain effet acaricide (principalement sur les stades immatures). Un lavage des fruits à la récolte peut être nécessaire afin d’éliminer les résidus blanchâtres. Ce produit est admissible en production biologique. Voir aussi la description du SURROUND dans la fiche sur les Insecticides homologués en pomiculture au Québec.

VYDATE L (oxamyle): voir la fiche sur les Insecticides homologués en pomiculture au Québec.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

Auteurs de la première édition : Gérald Chouinard, Yvon Morin, Robert Maheux, Sylvie Bellerose et Maude Lachapelle
Auteures de la mise à jour 2024 : Francine Pelletier, Stéphanie Gervais, Catherine Pouchet et Audrey Charbonneau
Dernière mise à jour par les auteures : 8 mars 2025

 

Cette fiche présente une description sommaire et une liste non exhaustive des insecticides homologués pour les vergers de pommiers au Canada pour l’année 2025. À chaque début de saison, le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) du pommier effectue une mise à jour de cette liste et diffuse les ajouts et retraits par le biais de communiqués. Consultez la fiche sur les Ressources essentielles en PFI pour en savoir plus sur le RAP.

NOTE : Pour une information complète et à jour sur les pesticides, visitez le service en ligne d’information sur les pesticides du gouvernement du Québec, SAgE pesticides, et du Canada, Recherche dans les étiquettes de pesticides – Santé Canada,

ATTENTION : Bien qu’homologués au Canada, les produits mentionnés ne sont pas nécessairement disponibles partout au pays, et ils ne sont pas nécessairement autorisés aux États-Unis ou ailleurs dans le monde. Avant de les utiliser, il importe donc de vérifier les conséquences possibles de leur utilisation si la récolte doit être exportée.

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Extrait du tableau insecticides homologués en pomiculture au Québec.

ACETA (acétamipride) : voir ASSAIL.

AGRI-MEK (abamectine): voir la fiche Acaricides homologués en pomiculture au Québec.

ALTACOR (chlorantraniliprole) : Ce produit est un insecticide de synthèse à large spectre de la famille des diamides. Il agit surtout par ingestion et par contact et est véhiculé dans la plante de façon systémique locale (translaminaire). Il possède une action ovicide et larvicide contre différents lépidoptères (principalement larvicide dans le cas du carpocapse de la pomme). Il est recommandé d’appliquer le produit lors de conditions favorisant l’absorption du produit (séchage lent). L’utilisation d’un adjuvant n’est pas recommandée si l’application est effectuée dans les 60 jours précédant la récolte.

AMBUSH (perméthrine) : Cet insecticide de synthèse à large spectre est un produit de la famille des pyréthrinoïdes. Il agit par contact et par ingestion et possède une action persistante prolongée (deux à trois semaines). Il est nuisible pour plusieurs espèces d’insectes et d’acariens utiles et favorise la multiplication des acariens phytophages. Ce produit (la perméthrine) n’est pas compatible avec la PFI.

ASSAIL 70WP (acétamipride) : Ce produit est un insecticide de synthèse à large spectre de la famille des néonicotinoïdes, à activité systémique locale (translaminaire). Il agit principalement par ingestion. Il est recommandé de l’appliquer lors de conditions favorisant l’absorption du produit (séchage lent). Une phytotoxicité est observée lorsqu’utilisé avec AGRAL comme adjuvant.

BELEAF 50SG (flonicamide) : Cet insecticide sélectif de synthèse appartient à la famille des flonicamides. Il a une action systémique locale (translaminaire). Il peut protéger les nouveaux tissus jusqu’à trois semaines après l’application. Il agit par contact et par ingestion sur les divers types de pucerons.

BIOPROTEC (Bacillus thuringiensis var. kurstaki) : Ces produits sont des insecticides naturels sélectifs, composés de bactéries entomopathogènes et de cristaux protéiques. Ils sont photosensibles et doivent être ingérés par les larves pour être efficaces. Ils possèdent une action spécifique sur les larves de lépidoptères (chenilles). Il est préférable de les appliquer par temps nuageux ou en soirée, et lors de conditions chaudes (plus de 10 °C la nuit ou plus de 18 °C le jour). Ces conditions sont propices à l’activité des larves et à l’efficacité des applications. Il n’est pas recommandé de mélanger ces produits avec du bore. Ils sont admissibles en production biologique.

CALYPSO (thiaclopride) : Cet insecticide de synthèse à large spectre fait partie de la famille des néonicotinoïdes. Il agit par contact et par ingestion. Il possède une activité systémique locale (translaminaire). Ce produit ne peut pas être mélangé avec le fongicide ALIETTE (fosétyl-aluminium).

CLOSER (sulfoxaflor) : Cet insecticide de synthèse sélectif appartient à la famille des néonicotinoïdes. Il agit par contact et par ingestion. Il possède une activité systémique locale (translaminaire) et une persistance modérée (une à deux semaines). Il est homologué pour le contrôle des insectes suceurs (pucerons verts, pucerons roses et cochenilles) ainsi que le puceron lanigère (avec une moindre efficacité). Très toxique pour les abeilles.

CONFIRM 240F (tébufénozide) : Ce produit est un insecticide sélectif de synthèse du groupe des régulateurs de croissance des insectes, qui agit en provoquant une mue prématurée des insectes. Il possède une action spécifique sur les larves de lépidoptères (chenilles). Il agit par ingestion et il doit être consommé par les larves pour être efficace.

CYCLANILIPROLE (cyclaniliprole) : voir HARVANTA.

CYD-X (virus de la granulose du carpocapse) : voir VIROSOFT.

DANITOL (fenpropathrine) : Cet insecticide de synthèse fait partie de la famille des pyréthrinoïdes.  Il est homologué contre le carpocapse, la mouche de la pomme, le scarabée japonais, les mineuses et tordeuses, mais il est aussi efficace contre plusieurs autres espèces. Il agit par contact et ingestion. Comme tous les pyrèthres, il est très toxique pour les abeilles et pour les insectes utiles sans exception.

DECIS (deltamétrine) : Cet insecticide de synthèse à large spectre fait partie de la famille des pyréthrinoïdes. Il agit par contact et par ingestion. Il est nocif pour plusieurs espèces d’insectes et d’acariens prédateurs et favorise la multiplication des acariens phytophages. Il est recommandé de ne pas utiliser de pyréthrinoïdes après la floraison pour protéger la faune auxiliaire.

DELEGATE (spinétorame) : Ce produit est un insecticide à large spectre de la famille des spinosynes, dérivé d’un produit de fermentation d’une bactérie (Saccharopolyspora spinosa). Apparenté au spinosad (SUCCESS), il est cependant efficace contre un plus grand nombre de ravageurs et est moins photosensible. Il agit par ingestion et par contact. Pour obtenir un contrôle efficace, il doit être ingéré par les larves visées. Il possède une activité systémique locale (translaminaire). Il est recommandé d’éviter de le mélanger avec des produits qui élèvent le pH de la bouillie (ex. : calcium).

DIPEL (Bacillus thuringiensis var. kurstaki) : voir BIOPROTEC.

ENTRUST (spinosad) : voir SUCCESS.

EXIREL (cyantraniliprole) : Cet insecticide est homologué contre plusieurs ravageurs du pommier dont le carpocapse de la pomme, le charançon de la prune et la mouche de la pomme. Il agit principalement par ingestion.  Ce produit est translaminaire et il a une bonne persistance d’action. Il fait partie du groupe 28 (famille des diamides) dont plusieurs produits sont utilisés en pomiculture comme l’ALTACOR. La gestion des groupes d’insecticide est importante afin de lutter contre le développement de la résistance. Ce produit est toxique pour les abeilles.

GF-120 NF (spinosad 0,02 %) : Ce produit est un insecticide sélectif utilisé comme attracticide (appât toxique) pour la lutte contre la mouche de la pomme. Il s’applique sous forme ultra-concentrée (5-10 L de bouillie/ha) avec de grosses gouttelettes (> 5 mm) et une couverture uniforme n’est pas souhaitable. Il a un mode d’application garantissant la plus faible dérive et le plus faible impact sur l’environnement. Ce produit est admissible en production biologique.

HARVANTA 50SL (cyclaniliprole) : Un insecticide homologué pour le contrôle de la tordeuse à bandes obliques, le carpocapse de la pomme et la tordeuse orientale du pêcher ainsi que pour le contrôle partiel du charançon de la prune et de la mouche de la pomme. Il agit par contact et par ingestion et possède une activité systémique locale (translaminaire). Pour contrer le développement de résistance, ne pas utiliser en alternance avec d’autres produits du groupe 28 comme ALTACOR et EXIREL, ni appliquer plus de deux fois au cours d’une même génération d’un insecte nuisible ou à moins de 30 jours d’une autre application. Ce produit est toxique pour les abeilles.

HUILE SUPÉRIEURE (huile minérale) et HUILE DE PULVÉRISATION 13 E (huile minérale): voir à la fiche Acaricides homologués en pomiculture au Québec.

IMIDAN (phosmet) : Cet insecticide de synthèse à large spectre fait partie de la famille des organophosphorés. Il agit principalement par contact mais également par ingestion et inhalation. Ce produit est un irritant pour les yeux.

INTREPID (méthoxyfénozide) : Cet insecticide sélectif de synthèse est un régulateur de croissance qui fait partie de la famille des diacylhydrazines. Il agit par ingestion et possède une activité systémique locale (translaminaire). Il possède une action spécifique sur les larves de lépidoptères (chenilles) ainsi que sur les œufs. Une fois ingéré par la chenille, il provoque la mue, l’arrêt de la nutrition et la mort des larves à l’intérieur de deux à cinq jours. Une période de six heures de séchage est recommandée pour lui assurer une résistance au délavage.

ISOMATE CM/OFM TT (phéromone du carpocapse de la pomme, de la tordeuse orientale du pêcher et du petit carpocapse) : Ce produit n’est pas pulvérisé, il émane plutôt de diffuseurs qui doivent être installés, juste avant l’apparition des papillons, dans un faible nombre de pommiers répartis à l’intérieur du verger. La phéromone agit en empêchant l’accouplement des papillons listés sur l’étiquette, prévenant ainsi l’apparition des larves causant les dommages. Ce produit ne possède pas d’effet toxique ni pour l’humain ni pour l’environnement et il est admissible en production biologique.

diffuseur de phéromones du carpocapse de la pomme

Diffuseur d’Isomate accrocher dans un arbre pour la confusion sexuelle du carpocapse de la pomme (source : Francine Pelletier, IRDA).

ISOMATE CM FLEX (phéromone du carpocapse de la pomme) : Tout comme le produit précédent, ce produit ne possède pas d’effet toxique et agit en empêchant l’accouplement des papillons, prévenant ainsi l’apparition des larves causant les dommages. Il est spécifique au carpocapse de la pomme et est admissible en production biologique.

ISOMATE OFM TT (phéromone de la tordeuse orientale du pêcher) : Tout comme le produit précédent, ce produit ne possède pas d’effet toxique et agit en empêchant l’accouplement des papillons, prévenant ainsi l’apparition des larves causant les dommages. Son action est spécifique à la tordeuse orientale du pêcher et il est admissible en production biologique.

ISOMATE CM/LR TT (phéromone du carpocapse de la pomme, de la tordeuse à bandes obliques, de la tordeuse trilignée et de la tordeuse européenne) : Tout comme le produit précédent, ce cocktail de phéromones ne possède pas d’effet toxique et agit en empêchant l’accouplement des papillons listés surl’étiquette, prévenant ainsi l’apparition des larves causant les dommages. Ce produit ne possède pas d’effet toxique ni pour l’humain ni pour l’environnement et il est admissible en production biologique.

ISOMATE DWB (phéromone de la sésie du cornouiller) : Tout comme le produit précédent, ce produit ne possède pas d’effet toxique et agit en empêchant l’accouplement des papillons, prévenant ainsi l’apparition des larves causant les dommages. Son action est spécifique à la sésie du cornouiller et il est admissible en production biologique.

LABAMBA (lambda-cyhalothrine) : voir MATADOR.

MALATHION 85E (malathion) : Cet insecticide de synthèse à large spectre fait partie de la famille des organophosphorés. Il agit par contact, ingestion et inhalation. Ce produit est peu persistant sur le feuillage (moins d’une semaine).

MATADOR 120EC (lambda-cyhalothrine) : Cet insecticide de synthèse à large spectre fait partie de la famille des pyréthrinoïdes. Il agit par contact et par ingestion. Son action n’est pas systémique, mais persistante (trois à quatre semaines). Il est nuisible pour plusieurs espèces d’insectes et d’acariens utiles et favorise la multiplication des acariens phytophages. Il est recommandé de ne pas utiliser de pyréthrinoïdes après la floraison pour protéger la faune auxiliaire.

MOVENTO (spirotétramate) : Cet insecticide sélectif de synthèse fait partie de la famille des dérivés de l’acide tétronique. Il possède une activité systémique totale, c’est-à-dire qu’il est transporté dans toute la plante via le xylème et le phloème. Il agit par ingestion sur les insectes immatures se nourrissant de végétaux traités, par toxicité directe mais aussi en réduisant la capacité de reproduction de la femelle et la survie de sa progéniture. Il possède une action spécifique sur les pucerons et cochenilles. Le produit est peu toxique pour la faune auxiliaire en général mais modérément toxique pour les acariens prédateurs. De meilleurs résultats sont obtenus en l’utilisant avec un adjuvant non-ionique (ex.  AGRAL).

PERM-UP (perméthrine) : voir AMBUSH.

POLECI (deltaméthrine) : voir DECIS.

POUNCE (perméthrine) : voir AMBUSH.

RIMON (novaluron) : Ce produit est un insecticide sélectif de synthèse du groupe des régulateurs de croissance des insectes. Il possède une action spécifique sur les lépidoptères, essentiellement par ingestion (jeunes stades larvaires) et par contact (œufs). Il n’affecte pas le stade adulte des ravageurs visés. Bien que son action soit non-systémique, il est absorbé par la cuticule des feuilles (action transcuticulaire) et résiste bien au lessivage par la pluie ce qui lui confère une action persistante modérée (jusqu’à 14 jours sur feuillage, jusqu’à 10 jours sur fruits). C’est toutefois le « moins sélectif » des régulateurs de croissance des insectes et des applications répétées de ce produit peuvent causer une baisse des acariens prédateurs phytoséiides et une augmentation des populations de tétranyque rouge.

SAFER’S, OPAL, KOPA, OLEGROW (sel de potassium d’acide gras) : voir la fiche Acaricides homologués en pomiculture au Québec.

SEFINA (afidopyropen) : voir VERSYS.

SEVIN XLR (carbaryl) : Cet insecticide de synthèse à large spectre fait partie de la famille des carbamates. Il agit par contact et par ingestion. Il est nocif pour les abeilles et plusieurs insectes utiles et favorise la multiplication des acariens phytophages. Depuis 2017, cet insecticide est homologué uniquement comme agent d’éclaircissage des fruits. Ce produit peut être phytotoxique à haute dose, particulièrement sur le cultivar McIntosh, en conditions de séchage lent. Il y a aussi un risque d’incompatibilité lorsqu’appliqué en mélange avec de l’huile (huile supérieure et huile d’été).

SEMIOS CM PLUS (phéromone du carpocapse de la pomme): Ce produit n’est pas pulvérisé, il émane d’un distributeur à taux variable selon les captures enregistrées dans les pièges et d’un réseau maillé sans fil. Il interfère avec l’accouplement des papillons comme les ISOMATE CM/OFM TT. L’achat du piège vient avec un service d’accompagnement. Il peut être moins efficace dans certaines situations que les produits ISOMATE selon certaines données au Québec.

SILENCER (lambda-cyhalothrine) : voir MATADOR.

SHIP 250 EC (cyperméthrine) : voir UP-CYDE

SUCCESS (spinosad) : Cet insecticide naturel sélectif fait partie de la famille des spinosynes. Il provient des toxines produites par la bactérie Saccharopolyspora spinosa. Il agit par contact et par ingestion. Son activité est systémique locale (translaminaire). Il possède une action spécifique sur les larves de lépidoptères (chenilles) et est utilisé principalement, dans les vergers du Québec, pour le contrôle de la tordeuse à bandes obliques. Il est recommandé de l’appliquer lorsque les larves se nourrissent, en évitant les journées venteuses ou trop ensoleillées pour favoriser son absorption et réduire sa dégradation par la lumière. Il est aussi recommandé d’éviter de le mélanger avec des produits qui élèvent le pH de la bouillie (calcium). ENTRUST 80W est la formulation du spinosad admissible en production biologique.

SURROUND (kaolin) : Un agent de lutte minéral non toxique à base d’argile, agissant comme une barrière physique sur les fruits pour aider à réduire les dommages causés par les insectes et l’insolation. Pour obtenir de bons résultats, l’application du produit doit débuter avant l’apparition des insectes ravageurs et doit se poursuivre à une fréquence de 7 à 14 jours par la suite. Un lavage des fruits à la récolte peut être nécessaire afin d’éliminer les résidus blanchâtres. Ce produit est admissible en production biologique.

SIVANTO PRIME (flupyradifurone) : Cet insecticide de la famille des buténolides, a un mode d’action similaire à celui des néonicotinoïdes, mais son spectre d’action est beaucoup moins large, il est par conséquent moins toxique pour les abeilles. Dans la pomme, cet insecticide systémique est utilisable contre la plupart des insectes suceurs (pucerons, cicadelles, cochenilles) sauf le puceron lanigère.

THEME (thiaclopride) : voir CALYPSO.

TROUNCE (pyréthrines/sel de potassium d’acide gras) : Un insecticide-acaricide combinant la pyréthrine et le savon. Il agit par contact et ingestion et est toxique pour plusieurs insectes utiles incluant les abeilles. Ce produit est admissible en production biologique. Vérifier avec votre organisme de certification avant de l’utiliser.

UP-CYDE (cyperméthrine) : Ce produit est un insecticide de synthèse à large spectre de la famille des pyréthrinoïdes. Il agit par contact et par ingestion et possède une action persistante prolongée. Il est nuisible pour plusieurs espèces d’insectes et d’acariens utiles et favorise la multiplication des acariens phytophages. Ce produit (la cyperméthrine) n’est pas compatible avec la PFI.

VAYEGO (tétraniliprole) : De la même famille que ALTACOR et EXIREL, cet insecticide à large spectre est efficace particulièrement contre les chenilles (carpocapse, TBO) et l’hoplocampe. Il a aussi une certaine efficacité contre le charançon de la prune et la mouche de la pomme. Relativement sélectif envers les espèces utiles mais toxique pour les abeilles et les guêpes parasitoïdes. Activité systémique translaminaire, résistant au lessivage après l’assèchement du produit. Relativement persistant. Homologué seulement en post-floraison.

VERSYS (afidopyropen): Un insecticide dérivé du pyripyropène A produit par un champignon filamenteux. C’est le seul produit de ce groupe d’insecticides. Il agit par contact et est homologué contre le puceron rose et le puceron vert du pêcher. Ce produit est modérément toxique pour les abeilles.

VIROSOFT CP4, CYD-X (virus de la granulose du carpocapse) : Cet insecticide naturel sélectif d’origine virale est spécifique au carpocapse de la pomme. Il agit uniquement par ingestion. Il est produit à partir de souches de virus naturellement présents dans les vergers. Il est sans toxicité pour tous les autres organismes et pour l’environnement. Il s’applique par pulvérisation comme un insecticide, mais jamais par temps clair car l’exposition directe aux rayons solaires l’inactive. Il exige une bonne couverture, en utilisant un volume de bouillie selon le gabarit des arbres, c.-à-d. de 500-1000 L/ha. Des applications répétées sont nécessaires afin de bien atteindre l’ensemble de la population. Il n’est pas recommandé de le mélanger avec d’autres produits. Ce produit est admissible en production biologique.

VYDATE L (oxamyle) : Cet insecticide et acaricide de synthèse à large spectre fait partie de la famille des carbamates. Il possède également une action nématicide. Il agit par contact et possède une activité systémique. Il est utilisé dans les vergers du Québec principalement comme nématicide avant la plantation et comme insecticide-acaricide sur les arbres en pépinière. Il peut provoquer de la roussissure sur les fruits des cultivars sensibles.  Ce produit n’est pas compatible avec la PFI.

XENTARI WG (B. thuringiensis var. aizawai): C’est un insecticide spécifique aux lépidoptères qui agit par ingestion. Il est homologué contre certains ravageurs importants tels que le carpocapse de la pomme et la tordeuse à bandes obliques et aussi contre certaines chenilles défoliatrices. Ce produit est admissible en production biologique. Vérifiez avec votre organisme de certification avant de l’utiliser.

ZIVATA (lambda-cyhalothrine) : voir MATADOR

Notez que de rares produits ne nécessitent ni homologation, ni autre autorisation pour être appliqués en vergers, par exemple, les « macro-organismes » utiles présents naturellement dans la même zone écologique que celle dans laquelle se trouve votre verger. En pratique : coccinelles, nématodes, acariens prédateurs, trichogrammes, etc. Ces organismes sont décrits dans les fiches suivantes : Les espèces utiles, une ressource à protéger, Description et efficacité des prédateurs d’acariens, Description et efficacité des prédateurs de pucerons et Description et efficacité des parasitoïdes.

 

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

Auteurs de la première édition : Gérald Chouinard, Yvon Morin, Robert Maheux, Sylvie Bellerose et Maude Lachapelle
Auteures de la mise à jour 2024 : Francine Pelletier et Stéphanie Gervais
Dernière mise à jour par les auteures : 8 mars 2024

 

Les cotes d’efficacité potentielle des insecticides et des acaricides utilisables en pomiculture tiennent compte de la toxicité du produit, de sa persistance d’action et des contraintes reliées à sa période d’application. Elles ont été déterminées à partir des informations suivantes : recommandations de l’état de New York, de la Nouvelle-Angleterre, de l’Ontario, de la Pennsylvanie ainsi que des essais et observations effectués au Québec par les conseillers et chercheurs membres du Réseau-pommier.

Attention!

  • L’attribution d’une cote ne signifie pas que le produit est homologué pour cet usage spécifique, ni qu’il est disponible commercialement ou qu’il est recommandé ou admissible en PFI. Pour plus de détails sur chaque produit, consultez la fiche Acaricides homologués en pomiculture au Québec et Insecticides homologués en pomiculture au Québec.
  • Les cotes indiquent l’efficacité potentielle des produits sur le stade normalement visé pour une intervention. Cette cote tient compte de l’activité immédiate du pesticide, mais également de ses caractéristiques comme la persistance, l’activité systémique,
  • Pour connaitre l’efficacité réelle de l’intervention, il faut tenir compte non seulement de sa cote d’efficacité, mais également de la période et des conditions d’application. Par exemple, un produit potentiellement efficace, mais peu persistant et appliqué juste avant une pluie, aura une faible efficacité réelle.
  • Un produit ayant une cote supérieure n’est pas automatiquement le meilleur choix! Le coût du pesticide, sa toxicité pour les abeilles et les autres organismes utiles du verger, ses effets néfastes sur l’utilisateur et l’environnement, le type de marché visé, la gestion de la résistance, doivent également être considérés. À titre d’exemple, pour les vergers d’autocueillette, il est important à l’approche de la récolte d’éviter les applications qui laissent des résidus blanchâtres sur les fruits. La fiche sur Les espèces utiles, une ressource à protéger vous aidera également à choisir les produits ayant un minimum d’impacts négatifs sur les insectes et acariens utiles du verger.
  • L’efficacité des pesticides peut être modifiée lorsqu’ils sont mélangés à d’autres pesticides ou adjuvants. Dans certains cas, l’efficacité pourra être bonifiée, mais dans d’autres, l’effet pourra être nul, voir négatif. La fiche sur la Compatibilité des mélanges vous aidera à connaître les conséquences de cette pratique.
  • Ces cotes représentent la situation moyenne pour l’ensemble des vergers : la situation peut être différente de celle dans votre verger. Dans certaines régions du nord de Montréal et dans certains vergers ailleurs au Québec par exemple, la tordeuse à bandes obliques a développé de la résistance aux organophosphorés, aux pyréthrinoïdes et au tébufénozide

Les informations concernant les nouveaux produits et les insectes occasionnels sont fragmentaires et sujettes à révision.

Cliquez ici pour télécharger le tableau complet.Extrait du tableau efficacité potentielle des insecticides et acaricides.

 

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

Auteurs de la première édition : Vincent Philion, Yvon Morin, Robert Maheux et Gérald Chouinard
Auteures de la mise à jour 2024 : Francine Pelletier, Stéphanie Gervais, Catherine Pouchet et Audrey Charbonneau
Dernière mise à jour par les auteures : 8 mars 2025

 

Cette fiche présente une description sommaire et une liste non exhaustive des fongicides et bactéricides homologués pour les vergers de pommiers au Canada pour l’année 2025. À chaque début de saison, le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) du pommier effectue une mise à jour de cette liste et diffuse les ajouts et retraits par le biais de communiqués. Consultez la fiche sur les Ressources essentielles en PFI pour en savoir plus sur le RAP.

NOTE : Pour une information complète et à jour sur les pesticides, visitez le service en ligne d’information sur les pesticides du gouvernement du Québec, SAgE pesticides, et du Canada, Recherche dans les étiquettes de pesticides – Santé Canada.

ATTENTION : Bien qu’homologués au Canada, les produits mentionnés ne sont pas nécessairement disponibles partout au pays, et ils ne sont pas nécessairement autorisés aux États-Unis ou ailleurs dans le monde. Avant de les utiliser, il importe donc de vérifier les conséquences possibles de leur utilisation si la récolte doit être exportée.

Cliquez ici pour télécharger le tableau complet. 

Extrait du tableau fongicides et bactéricides homologués en pomiculture au Québec.

 

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

Auteur de la première édition : Vincent Philion
Auteur de la mise à jour 2024 : Vincent Philion
Dernière mise à jour par l’auteur : 16 mai 2024

 

Cette fiche regroupe la plupart des produits dont l’utilité pour la gestion des maladies est centrée sur la répression du feu bactérien. Le cuivre et la bouillie soufrée, qui sont aussi utilisés pour lutter contre le feu bactérien, sont décrits dans la fiche sur la Description des fongicides non sujets à la résistance.

Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) du pommier effectue une mise à jour régulière de cette liste et diffuse les ajouts et retraits par le biais de communiqués. Consultez la fiche sur les Ressources essentielles en PFI pour en savoir plus sur le RAP.

NOTE : Pour une information complète et à jour sur les pesticides, visitez le service en ligne d’information sur les pesticides du gouvernement du Québec et du Canada.

Bactéricides

Dans la plupart des pays, l’utilisation des antibiotiques en pomiculture n’est pas permise. Même si ces produits sont sécuritaires pour l’humain, ils peuvent avoir des impacts environnementaux. Par exemple, la streptomycine affecte les pollinisateurs et peut nuire à leur travail1. Au Canada, deux antibiotiques sont homologués pour lutter contre le feu bactérien. Dans les régions où leur usage est restreint à la période florale, les problèmes de résistance sont à peu près inexistants. Comme aucune résistance aux antibiotiques n’a été rapportée au Québec, les deux antibiotiques homologués pourraient être utilisés en rotation pour prévenir la résistance. Cette rotation n’est pas nécessaire si les traitements antibiotiques sont parcimonieux. Le mélange des antibiotiques n’apporte pas de gain particulier et n’est pas suggéré. Consulter la fiche sur Le feu bactérien : stratégie de lutte.

STREPTOMYCIN 17WP (sulfate de streptomycine) : La streptomycine est l’antibiotique le plus utilisé pour réprimer le feu bactérien. Dans plusieurs États américains, une utilisation abusive (notamment en été) a conduit à une perte d’efficacité complète. L’étiquette canadienne de ce produit ne prévoit pas de dose officielle par hectare. La dose « traditionnelle » de streptomycine (100 ppm d’ingrédients actifs) est de 1,8 kg/ha dans 2800 L/ha sur des pommiers standards. Cette approche n’est pas préconisée dans les vergers commerciaux où les traitements sont réalisés avec un pulvérisateur à jet porté usuel. Un volume d’eau élevé n’est pas nécessaire pour obtenir une bonne couverture. La dose peut être ajustée à la dimension des arbres (ex. : 1 kg/ha) et être appliquée dans un petit volume d’eau. Des tests réalisés à l’IRDA ont démontré que les traitements avec de petites gouttelettes à volume réduit (225 L/ha) étaient plus efficaces que les traitements à volume élevé (450 L/ha) pour une même dose à l’hectare2.

Selon les cultivars, la streptomycine peut être légèrement phytotoxique et provoquer un jaunissement (chlorose) si la concentration dans le réservoir est plus grande que 1 kg dans 250 L d’eau (voir photo). Cette phytotoxicité bénigne n’a pas de conséquences3. La dose appliquée ne devrait jamais être moindre que 600 g/ha. À la dose minimale, l’efficacité peut être insuffisante, notamment quand le risque est élevé ou lors de traitements dans les heures suivants l’infection. La dose de 600 g/ha est en usage dans certains pays (Kunz, Triloff comm. pers.), mais seulement pour des applications avant l’infection. À la dose correctement ajustée, la streptomycine est efficace au moins 24 h en post infection même quand la température extérieure est élevée3,4. Les traitements réalisés pendant les périodes d’humidité plus élevée (ex : en soirée) favorisent une meilleure pénétration du bactéricide3

phytotoxicité de streptomycine sur Cortland

Phytotoxicité marginale suite à une application de streptomycine sur le cv Cortland (source : IRDA).

Le produit est stable pendant plusieurs années à la température pièce5 s’il est conservé à l’abri de la lumière. Le contenant original (opaque) est adéquat pour la conservation. Le produit peut tolérer une exposition temporaire à une température plus élevée, mais l’efficacité pourrait en être réduite.

Les applications en mélange avec un surfactant (Regulaid) sont largement recommandées aux États-Unis, mais ce produit n’est pas disponible au Canada et substituer l’adjuvant pourrait nuire à l’efficacité. Le LI-700 est parfois suggéré comme alternative au Regulaid même si la pomme n’apparaît pas à l’étiquette. Si ce choix est fait, assurez-vous que le pH ne soit pas trop acide.

Les applications de streptomycine en mélange avec d’autres pesticides (ex. : fongicides) sont fréquentes aux États-Unis, malgré une étude qui démontre une absorption moindre, notamment pour des mélanges avec le Captan, la dodine et le soufre6. Comme les tests sur fleurs détachées réalisés à l’IRDA ont montré une bonne efficacité des mélanges, cette baisse d’absorption potentielle ne semble pas assez importante pour justifier des traitements séparés. Il est également possible que les formulations testées lors de la première étude de compatibilité soient très différentes de celles en usage aujourd’hui. En fait, le mélange de Captan et de streptomycine en parcelles de verger s’est avéré plus efficace que la streptomycine appliquée seule (2019). La streptomycine serait néanmoins incompatible7 avec les formulations EC (ex: Aprovia). Le mélange avec d’autres types de formulations plus usuelles (ex: SC) n’est pas mentionné comme problématique dans la littérature.

Cependant, la streptomycine demeure incompatible avec les produits très alcalins8 (ex. : bicarbonate, cuivre fixe) et très acides. Le mélange avec le bicarbonate est donc impossible, mais aussi l’application sur des résidus alcalins (bouillie bordelaise, bicarbonate, bouillie soufrée) ou très acides (LI-700) serait problématique. Assurez-vous que la pluie a bien lessivé ce genre de résidu avant un traitement.

Idéalement, laissez une fenêtre suffisante pour l’absorption de la streptomycine avant un traitement avec un produit incompatible.

KASUMIN 2L (2 % kasugamycin) : La kasumine a été homologuée comme alternative à la streptomycine dans les États où la résistance était présente. En absence de résistance, ce produit n’a pas beaucoup d’intérêt. Le délai avant récolte de 90 jours empêche son utilisation dans les cultivars hâtifs (ex. : Paulared). À dose équivalente, cet antibiotique est aussi efficace que la streptomycine. Cependant, contrairement à l’étiquette américaine, le taux d’application au Canada est limité à 5 L/ha, ce qui correspond à la moitié de la dose de Streptomycine. Dans des tests à l’IRDA, une dose de 10 L/ha de Kasumin (40 $/L, 400 $/ha)) était nécessaire pour obtenir une efficacité similaire à la pleine dose de streptomycine (1,8 kg/ha, 167 $/kg = 300 $/ha). Un plus grand nombre de foyers de feu a été observé dans les parcelles traitées à la dose réduite de Kasumine9. Cependant, dans d’autres tests la Kasumine à 5 L/ha était aussi efficace que la streptomycine au moins 24 h en post infection, même quand la température extérieure était élevée4.

Lutte biologique et extraits de plantes

Les produits de lutte biologique homologués pour lutter contre les maladies du pommier sont principalement utilisés pour réprimer le feu bactérien, mais certains sont également homologués contre la tavelure. Ils comprennent des bactéries (Pantoea, Pseudomonas, Bacillus), une levure (champignon) antagoniste et des extraits de plantes comme l’ail et la Renouée de Sakhaline. D’autres produits à l’étude (ex. : les virus bactériophages) mais non homologués sont inclus. La plupart des produits homologués portent une mention « d’efficacité moindre », mais le vocabulaire porte à confusion.

Par exemple, une version antérieure de l’étiquette en français du « Serenade MAXa » précise que c’est un produit « préventif à large spectre pour la suppression de plusieurs maladies des plantes ». Le mot « suppression » est une traduction erronée. En anglais, le mot « suppression » est défini par l’ARLA comme : « consistent control at a level which is not optimal but is still of commercial benefit », autrement dit d’une efficacité restreinte mais tout de même utile. Selon les normes linguistiques de l’ARLA, le terme « répression » aurait dû être utiliséb, mais ce terme ne reflète pas non plus la nuance d’efficacité partielle.  En français, on devrait plutôt privilégier « atténuation » ou « réduction » significative de la maladie. L’étiquette a depuis été corrigée, mais les ambiguïtés linguistiques demeurent.

Dans certaines circonstances, les produits homologués avec une efficacité moindre (répression/suppression) peuvent néanmoins  avoir une utilité agronomique suffisante et leur utilité en PFI est indiquée.

  1. http://www.agrireseau.qc.ca/legumeschamp/documents/SerenadeMA.pdf
  2. Lignes directrices concernant l’efficacité des produits phytosanitaires, DIR2003-04

Selon les normes de l’ARLA, les produits très efficaces portent la mention « supprimer » en français ou « control » en anglais. Cependant, la dose homologuée ne confère pas une efficacité égale entre les produits, peu importe la note accordée par l’ARLA10.

Aucun produit biologique homologué n’est considéré à risque pour le développement de résistance. Ils sont tous admissibles en production biologique.

Bactéries antagonistes

Au Canada, trois bactéries antagonistes (Bacillus amyloliquefaciens, Pseudomonas fluorescens et Pantoea agglomerans) ont été homologuées exclusivement pour la lutte contre le feu bactérien (Erwinia amylovora). Une quatrième bactérie (Bacillus subtilis) est homologuée pour réprimer différentes maladies, dont le feu bactérien. D’autres bactéries (ex. : Bacillus mycoides) sont en cours d’homologation. Ces bactéries ont différents modes d’action qui incluent l’activation des mécanismes de défense de la plante, la production de composés antibiotiques et la compétition pour occuper la fleur. Ces produits ne sont pas aussi efficaces qu’un simple traitement antibiotique bien ciblé. Il est possible d’augmenter l’efficacité des bactéries antagonistes dans une stratégie combinée avec la streptomycine.

BLIGHTBAN et BLOOMTIME : Pour des raisons commerciales, aucun de ces produits homologués n’est facilement disponible. Sauf exception (voir BLIGHTBAN A506), les produits à base de Pantoea et Pseudomonas doivent être maintenus congelés jusqu’à leur utilisation et ne peuvent être congelés plus d’une année. Ils ne doivent pas être utilisés à proximité de nouvelles plantations de conifères. L’utilisation combinée de Pantoea et Pseudomonas n’est pas recommandée. À l’exception des traitements avec BLIGHTBAN C9-1, aucun traitement de cuivre ne peut précéder ou suivre un traitement avec ces organismes puisque ces bactéries sont sensibles au cuivre. L’eau chlorée des municipalités n’affecte pas la viabilité des bactéries.

BLIGHTBAN A506 (Pseudomonas fluorescens, souche A506) : En plus de son efficacité pour réprimer le feu bactérien, P. fluorescens est un antagoniste des bactéries qui provoque la nucléation de la glace et peut parfois contribuer à diminuer les dommages de gel lorsque les traitements sont débutés avant le bouton rose. La souche A506 peut également réprimer certaines bactéries responsables du roussissement. Ces deux usages sont homologués aux États-Unis. La souche A506 peut tolérer un mois à 4 °C ou une semaine à la température pièce avant l’application.

BLIGHTBAN C9-1 (Nufarm, Pantoea agglomerans, souche C9-1) : Dans les tests, le C9-1 était toujours plus efficace que la souche E325.

BLOOMTIME BIOLOGICAL FD (NAP, Pantoea agglomerans, souche E325) : Incompatible avec les produits à base de cuivre. Dans certains tests américains, le produit n’a aucune efficacité11.

DOUBLE NICKEL LC (Bacillus amyloliquefaciens, souche D747, Certis) : Ce produit contient la bactérie ainsi que des produits de fermentation. Comme le Serenade, Double Nickel (DN) a un spectre d’usage large, mais d’efficacité limitée. En pomiculture, il est seulement homologué pour la lutte contre le feu bactérien. Il n’est pas efficace contre la tavelure. Il est compatible en mélange avec le cuivre (ex. : Cueva, oxychlorure). Le mélange avec le cuivre atténue la roussissure liée au cuivre12–14. Cependant, dans le cas des infections sur fleurs, l’effet du Double Nickel seul est variable4,11,15 et le mélange avec le cuivre n’augmente pas toujours l’efficacité du cuivre4,13,15. Des traitements réguliers du mélange Double Nickel et de cuivre (ex. : Cueva, 5 L/ha) à partir du stade chute des pétales atténue partiellement la propagation du feu12,16 en protégeant les pousses en croissance. Cependant, cet effet du mélange n’est pas confirmé dans tous les tests. Le consensus des chercheurs impliqués (réunion de 2019 à Traverse, Michigan) est que le produit n’est pas assez efficace pour être recommandé.

STARGUS (Marrone) (Bacillus amyloliquefaciens) : Très peu efficace contre la tavelure (Cornell 2020).

LIFEGARD (Bacillus mycoides, Certis) : (Selon l’étiquette 2024) Éliciteur des mécanismes de défense. Efficacité partielle et variable contre le feu bactérien sur pousses, la tavelure du pommier, le blanc, la suie-moucheture et possiblement la pourriture amère (hors étiquette). Applications régulières requises aux 7 à 14 jours à partir du stade de la chute des pétales et en rotation avec des traitements efficaces. Non recommandé pendant la floraison. Utilité non démontrée dans un programme PFI.

SERENADE MAX, ASO, ou OPTIMUM (Bacillus subtilis, Bayer) : Tous ces produits contiennent la souche QST 713 de la bactérie Bacillus subtilis, ainsi que ses produits de fermentation (lipopeptides), mais la concentration de la version « optimum » est plus élevée17. En plus de l’efficacité comme antagoniste du feu, Serenade Optimum a une certaine efficacité contre la tavelure17 et le blanc. Par contre, la tavelure n’apparaît pas sur l’étiquette de SERENADE ASO. Serenade n’est pas efficace contre les pourritures de fruit (ex. : pourriture amère), ou la suie-moucheture17. Vu l’efficacité limitée des produits à base de Bacillus, les formulations de SERENADE devraient être utilisées seulement en prévention, sous des pressions de maladie faibles et en rotation avec d’autres produits. Les formulations de SERENADE ne sont pas actuellement considérées utiles en PFI mais peuvent avoir une utilité dans un contexte de production biologique.

Levure antagoniste

La levure noire Aureobasidium pullulans est un champignon ubiquiste, c’est-à-dire qu’elle est présente partout et dans différents environnements (sol, air, eau). On la retrouve souvent sur la surface de différentes plantes, dont le pommier où elle survit comme épiphyte, sans affecter son hôte. Elle est néanmoins associée à certains problèmes de roussissure des fruits quand sa population est très élevée et que les conditions (cultivar, climat) favorisent la roussissure. Certaines souches de cette levure ont été sélectionnées pour leur efficacité contre différentes maladies du pommier, notamment contre le feu bactérien et les pourritures d’entrepôts. Le mode d’action de la levure pour réprimer le feu bactérien est complexe. La levure a peu d’effet sur la multiplication bactérienne. Cependant, une fois appliquée, la levure colonise la corolle de la fleur et empêche l’entrée des bactéries dans la plante (infection). La levure acidifie la fleur (naturellement à pH = 6), et abaisse son pH à 5, ce qui inhibe le mouvement bactérien (chimiotaxie) qui n’est actif que lorsque le pH est entre 5 et 8. Le tampon (acide citrique et tampon phosphate, pH = 4) en mélange avec la levure aide à abaisser le pH et agit en synergie. L’acide citrique (citrate18) a une efficacité réduite quand il est appliqué seul.

BLOSSOM PROTECT (Aureobasidium pullulans) : Ce produit a été homologué au Canada en 2013 comme alternative à l’utilisation des antibiotiques pendant la floraison pour réprimer le feu bactérien. Ilest incompatible en mélange avec la plupart des fongicides usuels19 et les traitements contre la tavelure doivent être faits en tenant compte de cette contrainte.

Contrairement à la mention de l’étiquette du produit, le mélange de Blossom Protect est néanmoins possible19 avec les fongicides suivants : le soufre (ex. : KUMULUS, mais pas la bouillie soufrée), les AP  (ex. : SCALA, VANGARD) et certains SDHI  (ex. : LUNA TRANQUILITY et FONTELIS, mais pas APROVIA) et certains        moins puissants (ex. : KENJA). Les fongicides « incompatibles » (ex. : Bicarbonate, Captan, cuivre, folpan, fluazinam, etc.) peuvent néanmoins être utilisés un jour avant ou deux jours après un traitement avec BLOSSOM PROTECT sans nuire à l’efficacité. En gros, le tampon inclus avec le Blossom Protect peut « neutraliser » un fongicide appliqué la veille et permettre à la levure de s’installer. Cependant, une fois le Blossom Protect en place il faut laisser au moins 36 h pour permettre à la levure de s’installer avant d’appliquer un fongicide incompatible.

La streptomycine, Apogee, le chlorure de calcium, l’urée et la plupart des adjuvants peuvent être mélangés sans problème au Blossom Protect.

Les applications de Blossom Protect devraient être faites le soir pour éviter les périodes de température très élevées parce que la chaleur ralentit la levure (Kunz, comm. pers.). Comme le feu bactérien est également fortement ralenti par la chaleur (> 28 °C), le temps additionnel requis par la levure pour s’installer n’a pas de conséquence sur son efficacité.

Dose : Le texte de l’étiquette est tiré d’un modèle européen de dosimétrie (dose par hauteur de canopée) qui est différent du système américain. La dose suggérée par l’étiquette pour le mélange des deux composants (6 kg/ha de Buffer Protect NT + 1,5 kg/ha de Blossom Protect) est une recette qui peut être modifiée selon la taille des arbres. Pour des arbres de dimension « usuelle » (ex. : 60 % à 75 % de TRV), la dose suggérée par l’étiquette est appropriée. Pour des arbres plus gros (ex. : TRV de 100 %) il faudrait jusqu’à 15,75 kg/ha du tampon et 2,25 kg/ha de la levure. Pour des arbres plus petits, ajustez les quantités en maintenant la proportion entre le tampon et la levure. La nouvelle formulation (Buffer Protect NT, 2021) requiert moins de tampon, soit 6 kg/ha. Avec la nouvelle étiquette, la cuve doit toujours contenir quatre foisplus de tampon que de levure.
Une fois la dose fixée, le volume d’eau par hectare n’est pas un facteur déterminant. Contrairement à la mention de l’étiquette, il n’est pas nécessaire d’appliquer 500 ou 1000 L/ha de bouillie. Les applications peuvent être faites « en concentré » dans aussi peu que 180 L/ha (ou même moins) comme tous les traitements à bas volume, dans la mesure où la bouillie est agitée en permanence et que l’équipement le permet.
Le tampon doit être ajouté à la cuve avant la levure.

Quand les applications sont limitées à deux par année, cette levure n’engendre habituellement pas de roussissure sur les pommes. Des applications additionnelles en fin de floraison peuvent être problématiques20. Les poires à peau lisse sont plus sujettes à des problèmes de roussissure. Comme le mélange de Blossom Protect est acide (tampon), il ne doit pas être utilisé dans les blocs où du cuivre a été appliqué dans la semaine précédente car il y a alors risque d’augmenter la phytotoxicité du cuivre. De plus, comme Blossom Protect limite l’utilisation des fongicides durant la période florale, un traitement fongicide efficace contre la roussissure pourrait être requis dans les blocs sensibles où la levure est appliquée. Contrairement aux données publiées sur l’étiquette, le produit peut être conservé à moins de 8 °C (réfrigérateur) et être utilisé jusqu’à 30 mois après fabrication. Le produit peut également être congelé lors de l’achat (congélateur domestique) et il gardera son efficacité pendant plusieurs années, à condition qu’il ne subisse pas de cycle de gel/dégel (S. Kunz, comm. pers.).

Maximum deux traitements sur Golden, Jonagold et Idared. Sécuritaire jusqu’à quatre traitements sur la plupart des variétés tolérantes à la roussissure, incluant Gala.

Extraits de plantes

On trouve dans la littérature des références à différents extraits de plantes pour lutter contre les maladies du pommier. Certains de ces extraits sont homologués aux États-Unis, comme par exemple des extraits d’huiles essentielles (thym, etc.). Aucun de ces produits n’est très efficace et leur coût est la plupart du temps prohibitif. Cependant, il est possible qu’avec un tensioactif approprié, certains deviennent utiles (ex. : Thyme guard + Cohere4 ou Top film21). Ces extraits ne sont pas homologués au Canada. Seulement deux extraits de plantes sont homologués en pomiculture au Canada : l’ail et la renouée de Sakhaline.

BURAN (poudre d’ail) : L’ail a des propriétés qui peuvent s’avérer utiles pour réprimer certaines maladies comme le blanc, la suie-moucheture et la tavelure. Par contre, dans les tests comparatifs rendus publics, l’efficacité du fongicide BURAN était assez faible22,23. L’activité contre le blanc serait favorisée par l’ajout d’un surfactant non ionique (0,1 % v/v). Compte tenu de l’efficacité assez faible et du coût, le BURAN n’est pas actuellement considéré utile en PFI.

Regalia® Maxx (Reynoutria sachalinensis, 20 %) : La renouée de Sakhaline est un éliciteur des mécanismes de défense des plantes (voir cette section ci-dessous). Le Regalia n’a donc pas d’effet direct sur les agents pathogènes. Au Canada, le Regalia est homologué pour la répression partielle du blanc, des pourritures de fruits dues à Alternaria, du complexe suie-moucheture, de la pourriture blanche (Botryosphaeria dothidea) et de la pourriture amère (Colletotrichum). Ce produit n’a pas été testé sous nos conditions et les résultats d’efficacité publiés ailleurs ne permettent pas de conclure que ce produit est utile en PFI.

Vacciplant (Laminarin) : Effet marginal ou nul contre la tavelure et le feu bactérien (IRDA et Cornell24).

Virus bactériophages

Les virus de bactéries ne sont pas homologués au Canada mais sont à l’étude. Par exemple, le produit américain Fire Quencher est testé, mais n’est pas fiable en verger11.

Éliciteurs des mécanismes de défense et régulateurs de croissance

Certains produits agissent un peu comme des vaccins et activent les mécanismes de défense naturels du pommier. Cette activation n’est pas instantanée et il peut s’écouler jusqu’à deux semaines avant qu’un effet soit mesurable. De plus, leur efficacité, qui est toujours partielle, dépend de bonnes conditions d’absorption. Utilisés seuls, ces produits sont parfois assez efficaces pour réprimer le feu bactérien ou la tavelure quand la pression de la maladie est assez faible. Lorsqu’utilisés en mélange, ou dans le cadre d’un programme de traitements, ils peuvent augmenter l’efficacité quand la pression des maladies est élevée. Les produits dans cette catégorie comprennent actuellement des dérivés de la chimie des phosphonates (ex. : ALIETTE, PHOSTROL) qui ne sont pas nécessairement homologués pour réprimer les maladies, mais qui sont vendus comme engrais foliaire. Ils comprennent aussi le prohexadione-Ca (APOGEE), utilisé comme régulateur de croissance et pour lutter contre le feu bactérien et réprimer en partie la tavelure en été. D’autres éliciteurs sont homologués sur la pomme aux États-Unis (ex. : ACTIGARD (BION)). Ce dernier présente souvent une bonne efficacité contre le feu bactérien, mais les résultats contre la tavelure sont variables (essais PEPS, France).

Phosphonates

Les phosphonates sont des produits dérivés de l’acide phosphoreux (HPO(OH)2). Ils sont aussi connus sous le nom de phosphites ou alors d’acide phosphonique. Ils sont habituellement vendus sous forme de sels de sodium, potassium et ammonium, mais d’autres formes existent, notamment le phosphonate de calcium, zinc, silicium et cuivre25. Bien qu’ils contiennent du phosphore, ils ne doivent pas être confondus avec les engrais à base de phosphates. Les ions phosphites sont absorbés dans les plantes, mais ne sont pas impliqués directement dans la nutrition. Ils sont néanmoins éventuellement convertis en phosphates par certaines bactéries du sol. Cette forme particulière de phosphore a un effet direct sur certains agents pathogènes, mais également un effet éliciteur sur les mécanismes de défense des plantes. À cause de ces effets variés, ils ont un spectre d’efficacité vaste mais inégal. Leur action dans la pomme comprend une efficacité directe bien documentée sur la pourriture du collet, mais pas contre les spores de la tavelure26. Par contre, les phosphonates ont une efficacité partielle comme éliciteurs contre la tavelure25,26, le feu bactérien et la pourriture du cœur. Les phosphonates ont donc surtout une efficacité indirecte. En été, les phosphonates sont partiellement efficaces contre le complexe suie-moucheture et peuvent contribuer à diminuer la progression du feu bactérien, mais ne sont pas efficaces contre les pourritures estivales.

Les phosphonates les plus efficaces contre la tavelure (cuivre, silice, zinc et calcium)25 ne sont pas en usage commercial contre ces maladies.

Même s’ils sont classés par le FRAC  (groupe 33), ces produits présentent un faible risque de résistance. Une fois absorbés par les racines ou les feuilles, ils sont véhiculés partout dans la plante. Ce sont les seuls produits avec à la fois une activité systémique acropétale (qui monte dans la plante) et basipétale (qui descend vers les racines). L’utilisation des phosphonates avec des surfactants (tensioactifs), des engrais foliaires ou des adjuvants qui augmentent l’absorption peut conduire à des réactions phytotoxiques. De même, les phosphonates utilisés de concert avec certains ions métalliques comme les fongicides à base de cuivre peuvent provoquer une trop grande absorption de ces métaux et conduire à une phytotoxicité. En été, les traitements avec des phosphonates peuvent provoquer une chlorose (jaunissement) foliaire. Les applications par temps très chaud (> 32 °C) peuvent causer des brûlures des fruits. Finalement, lorsque le pH de la bouillie appliquée est faible (pH < 5,5), les traitements en concentrés (< 500 L/ha) peuvent être phytotoxiques27.

Les phosphonates sont très persistants et des résidus peuvent être détectés dans les fruits plusieurs années après la dernière application sur l’arbre28. Selon les études, les applications réalisées avant le stade de la floraison n’occasionnent pas d’accumulation dans l’arbre et pourrait donc être une avenue intéressante29, mais les risques de résidus dans les fruits restent préoccupants30. Finalement, certaines formulations contiennent de l’azote, qui n’est pas recommandé en été31. Pour ces raisons, leur utilisation en PFI est sujette à controverse. Les phosphonates sont interdits en production biologique32.

ALIETTE WDG (fosétyl-aluminium) : Fongicide de la compagnie Bayer. Ce produit est le premier homologué de la famille des phosphonates. C’est le seul produit de cette catégorie qui soit actuellement homologué au Canada comme fongicide sur le pommier. Il est homologué contre la pourriture du collet et la tache vésiculeuse de la pomme, mais cette maladie, qui est surtout restreinte à quelques cultivars dont Mutsu, Jonagold et Golden, est absente au Québec et n’est pas décrite dans ce guide.

PHOSTROL (Phosphites monobasique et dibasique de sodium, de potassium et d’ammonium. 53,6 %) : Homologué contre la suie-moucheture.

Régulateurs de croissance

Le prohexadione de calcium est un régulateur de croissance qui inhibe la synthèse des gibbérellines. Il était à l’origine surtout utilisé pour son efficacité à ralentir la croissance végétative, ce qui réduit les besoins de taille et favorise la coloration et la qualité des fruits. Par ailleurs, cette molécule est aussi un éliciteur des mécanismes de défense qui a pour effet de réduire la sévérité du feu bactérien sur pousse, l’incidence de la tavelure du pommier33 et également la roussissure sur fruits. Les produits à base de prohexadione-Ca doivent être appliqués sur des pousses en croissance et doivent être bien absorbés pour agir. Les traitements sont généralement recommandés à la floraison, mais peuvent cependant commencer plus tôt, au bouton rose ou même après la floraison selon l’objectif visé. Tant que le feuillage est fonctionnel au moment du traitement, une application après la récolte a des effets mesurables le printemps suivant34.

Sur les jeunes arbres en croissance, une seule application au stade bouton rose peut réduire les risques de feu bactérien et de point amer, sans compromettre la croissance qui reprendra au cours de l’été35,36.  Les applications après la fleur peuvent cependant augmenter les risques de point amer.

La dose d’emploi est très variable selon la vigueur et la dimension des arbres. L’effet sur le feu bactérien commence à des doses faibles alors que le contrôle de vigueur requiert des doses plus élevées. Il est donc possible de tirer bénéfice du régulateur de croissance pour lutter partiellement contre le feu bactérien sur des jeunes arbres (deux à cinq ans)37 sans nuire à la croissance.

Dose par application du régulateur de croissance Apogee ou Kudos:

DIMENSION VIGUEUR FAIBLE* VIGUEUR MOYENNE VIGUEUR ÉLEVÉE
Gros arbres (100 % TRV) 625 g/ha 810 g/ha 1350 g/ha
Arbres nains (67 % TRV) 420 g/ha 540 g/ha 900 g/ha

*Effet partiel contre le feu bactérien sans effet notable sur la croissance31 ou pour les traitements débutant au bouton rose28.

Comme pour la plupart des produits phytosanitaires, le volume d’application n’est pas déterminant. Le prohexadione-Ca est efficace même lorsque le volume de bouillie appliqué à l’hectare est faible (traitements en concentré)35.

Le pH optimal de l’eau de pulvérisation doit être entre 4 et 5,538. L’eau alcaline et/ou à forte teneur en calcium nuit à l’absorption du produit. Le produit sera absorbé par la plante en deux heures quand l’eau est acidifiée, mais peut prendre jusqu’à huit heures quand l’eau est alcaline38.

En présence de calcium dans l’eau, l’ajout de sulfate d’ammonium (ratio 1:1, ex. : 1 kg sulfate d’ammonium pour 1 kg de Apogee) restaure l’activité39. Les étiquettes précisent que l’ajout d’Agral 90 (0,5 mL/L) peut améliorer l’efficacité lorsque les conditions ne sont pas propices à l’absorption. Les applications de calcium (ex. : chlorure de calcium) devraient être décalées quelques jours après l’application du prohexadione-Ca.

Le prohexadione-Ca est efficace sur les poiriers40 et sur les pommiers mais n’est pas toujours homologué sur les deux cultures, selon les pays. La dose requise est un peu plus élevée sur poiriers40, mais les doses élevées peuvent légèrement réduire le retour à la fleur. Apogee/Kudos permet de réduire fortement la présence des fleurs secondaires qui sont les plus à risque pour le feu bactérien.  Ce régulateur rend l’éclaircissage plus difficile et il faut en tenir compte pour le contrôle de charge. Finalement, l’étiquette recommande de ne pas appliquer APOGEE sur le cultivar Empire41 parce qu’il pourrait provoquer la formation de liège ou le fendillement des fruits. Il y est également mentionné que le produit peut réduire le rendement et la qualité du cultivar Cortland. Les essais réalisés au Québec et en Ontario n’ont pas permis d’observer de problèmes, mais les traitements effectués sur ces cultivars devraient être faits avec précaution sur des surfaces limitées.

Traitement d’urgence contre le feu bactérien : Dans les blocs où des symptômes de feu bactérien sur fleurs viennent d’apparaître (symptômes frais, avant qu’ils virent bruns), il est possible de limiter la propagation du feu42 en débutant dès que possible un programme de deux traitements à la dose maximale homologuée.

Produits commerciaux : Deux formulations commerciales sont disponibles. À peu près rien ne distingue les formulations, cependant, des différences mineures d’efficacité sont possibles.

  • APOGEE : (BASF). Prohexadione de calcium (27,5 %).
  • KUDOS : (Bartlett). Prohexadione de calcium (27,5 %).

Stérilisation de surface

Les produits générateurs de peroxyde peuvent tuer rapidement les bactéries et les spores de champignons à la surface des feuilles, mais offrent peu de rémanence et leur efficacité est donc restreinte dans le temps. Cette approche est efficace, mais les feuilles ou les fleurs traitées peuvent être rapidement colonisées à nouveau.

OXIDATE : Admissible en production biologique. Partiellement efficace contre le feu bactérien, la tavelure et contre le blanc. Compatible en mélange avec le soufre, le captan, la plupart des pesticides et engrais foliaires.  Cependant, Oxidate est acide en solution et est donc incompatible dans les mélanges alcalins. Les mélanges avec les ions métalliques comme le cuivre peuvent être instables.

 

Références
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Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.