Auteur de la première édition : Paul-Émile Yelle
Auteure de la mise à jour 2023 : Evelyne Barriault
Dernière mise à jour par l’auteure : 29 janvier 2024

Épandage de la chaux dans un verger (source : Vicky Filion).

Les analyses de sol décrites dans la fiche sur les Analyses requises pour une bonne fertilisation sont notamment essentielles pour en connaître le pH, c’est-à-dire son acidité (potentiel d’hydrogène). Sur les rapports d’analyse, on retrouve le pH eau et le pH tampon. Le pH eau mesure l’acidité active du sol qui influence les échanges d’éléments minéraux entre la solution du sol et les racines des plantes. Le pH tampon représente pour sa part l’acidité de réserve c’est-à-dire la quantité d’ions hydrogène attachés au complexe argilo-humique. Cette réserve est particulièrement abondante dans les sols riches en matière organique et les sols argileux qui ont une grosse capacité d’échange cationique (C.E.C.).

Les valeurs de pH se situent entre 0 et 14, un pH 7 représentant la neutralité. Les pH inférieurs à 7 sont dits acides tandis que les pH supérieurs à 7 sont alcalins. Pour le pommier on vise un pH-eau légèrement acide c’est à dire de 6,5. Il est bon de rappeler que le pH est exprimé sur une base logarithmique. Ainsi un pH de 6 est dix fois plus acide qu’un pH de 7 et un sol à pH de 5 est 100 fois plus acide qu’un sol à pH 7. De plus, l’excès d’acidité du sol ralentit l’activité microbienne, diminue l’assimilation du phosphore et du potassium et nuit à la croissance des arbres. Il nécessite d’être corrigé en apportant de la chaux. Par contre, l’excès d’alcalinité pouvant être causé par un apport excessif de chaux peut entraîner des carences nutritives, particulièrement en magnésium, en potassium et en oligo-éléments comme le bore, le cuivre, le fer, le manganèse et le zinc.

Comment et quand corriger le pH: :

  • par un apport de chaux limité à 7 tonnes par hectare par année pour les incorporations en préparation de nouvelles parcelles;
  • par un apport de chaux limité à 3 tonnes par hectare par année pour les applications d’entretien, faites en surface (non enfouies) et agissant graduellement sur plusieurs années.

Lorsque les besoins en chaux sont supérieurs à ces quantités, il est préférable de faire plusieurs applications fractionnées afin d’éviter les carences temporaires qui pourraient survenir suite à un apport trop important en calcium. Ceci est particulièrement important pour les sols sablonneux puisqu’ils ont généralement une plus faible capacité d’échange cationique (CEC).  Il existe plusieurs types de chaux qui sont bien décrits dans le guide référence en fertilisation du CRAAQ (2010). Un tableau indiquant la quantité de chaux à appliquer selon le pH cible et le pH tampon est également présenté. La chaux magnésienne, ou dolomitique, est souvent utilisée dans les vergers puisqu’il s’agit également d’une excellente source de magnésium, naturelle et moins coûteuse que les engrais magnésiens (lorsqu’un apport en cet élément est nécessaire).  La chaux est préférablement appliquée sur la pleine surface, plutôt qu’en bande. Elle peut être appliquée à n’importe quel moment de l’année, sauf si le sol est enneigé (CRAAQ-Chaulage de sols). Les meilleurs moments sont ceux où les sols sont asséchés et où la portance du sol permet de réduire les risques de compaction.  Les applications de chaux ne doivent pas coïncider avec celles d’engrais minéraux phosphatés ou de fumier pour éviter de fixer le phosphore. Pour de plus amples informations à ce sujet, référez-vous à la section sur les amendements calcaires et magnésiens du chapitre « Préparation du terrain » du guide L’implantation d’un verger de pommiers, 2e édition

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

Auteur de la première édition : Paul-Émile Yelle
Auteure de la mise à jour 2023 : Evelyne Barriault
Dernière mise à jour par l’auteure : 30 janvier 2024

 

Fertilisation en implantation

Des explications complètes de la fertilisation en implantation sont disponibles au chapitre « La préparation du terrain » du guide L’implantation d’un verger de pommiers, 2e édition.

Calibration des épandeurs

Les meilleures analyses et les meilleures recommandations ne permettent une fertilisation satisfaisante que si ce sont effectivement les doses prévues qui sont appliquées. À cette fin, il faut s’assurer que l’équipement d’épandage est bien entretenu (nettoyage après usage, prévention de la corrosion et vérification des éléments mécaniques), qu’il est ajusté pour obtenir le taux voulu et que le tout est contrôlé par une calibration. Il est donc recommandé de vérifier et de calibrer les épandeurs d’engrais tous les ans, idéalement en début de saison.

Les recommandations en fumure de fond doivent être appliquées soit sur la surface entière, soit sur une bande vis-à-vis les rangs à planter. Pour ces recommandations, la dose doit correspondre à la superficie réelle traitée. Ainsi, pour une application visant 1000 kg/ha, si une largeur de 2 m où sera le rang est traitée et que les rangs sont espacés de 4 m, alors la quantité d’engrais requise pour un hectare de ce verger ne sera que de 500 kg, puisque c’est la moitié de la surface de verger qui est effectivement traitée.

Les recommandations pour les applications en entretien, par contre, sont habituellement formulées par hectare en pommiers et bien qu’une application d’engrais sur une bande la plus étroite possible soit souhaitable pour une pénétration efficace, la dose ne sera pas réduite pour autant.

Pour l’application d’engrais en utilisant un épandeur rotatif muni d’un réservoir à fond triangulaire, tels que ceux fournis par les centres d’engrais, référez-vous aux pages 269 à 272 du Guide de référence en fertilisation, 2e édition du CRAAQ. C’est une pratique utilisée par exemple en pré-plantation pour l’épandage à la volée sur l’ensemble de la surface (la dose à l’hectare doit alors être effectivement appliquée sur un plein hectare).

Pour les épandages avec l’équipement du verger, il faut s’assurer d’appliquer le taux recommandé en se référant au manuel de l’utilisateur de l’épandeur. Des informations sont aussi disponibles sur le site Internet de la plupart des manufacturiers quant aux modes d’ajustement et aux réglages pour obtenir les taux d’application recherchés.

Les épandeurs à cônes inversés (type Vicon et plusieurs autres marques) ou à boîtes à chute (type Gandy et plusieurs autres marques) ont différents types d’ajustements. Le débit peut être réglé par le degré d’ouverture de la porte ou de la trappe, un cadran d’ajustement, des engrenages, etc. Le réglage de la largeur d’épandage peut être fait en ajustant l’angle des déflecteurs, la hauteur d’opération et l’inclinaison, s’il y a lieu (pour application au demi-rang).

Les méthodes décrites ci-après sont seulement des guides; d’autres facteurs influencent le taux d’application, comme le type d’engrais (densité et finesse), la vitesse de la prise de force (PTO) et la vitesse d’avancement.

Première méthode : calibration par calcul et mesure

A. Déterminez la distance D en mètres à parcourir pour traiter un hectare en fonction du mode d’épandage :
d = 10 000 ÷ espacement entre les rangs, en mètre
D = d si le traitement est fait sur un rang complet ou deux demi-rangs (de part et d’autre) par passage
D = d ÷ 2 si le traitement est fait sur deux rangs complets par passage
D = 2d si le traitement est fait sur un demi-rang par passage (application de la moitié de la dose sur chaque côté de la rangée)

B. Vérifiez précisément la vitesse d’avancement V en mètre par heure. L’indicateur de vitesse du tracteur est bien sûr une référence (en multipliant les km/h par 1000), mais il faut le vérifier, en chronométrant le temps nécessaire, en mouvement au régime d’opération, pour parcourir une distance mesurée en mètres.

calcul de la vitesse d'avancement (formule)

C. Recueillez et pesez en kg la quantité d’engrais Q débité durant une minute en opérant de façon stationnaire au régime qui sera employé lors de l’épandage.

D. Calculer le taux d’application en kg/ha :calcul du taux d'application (formule)

Exemple : Un traitement se fait sur deux rangs complets par passage. Les rangs sont espacés de 4 m, le temps pour parcourir 50 m est de 30 secondes et la quantité d’engrais recueillie en une minute est de 20 kg. Dans ce cas :

  1. d = 10 000 m2/ha ÷ 4 m = 2500 m/ha
  2. D = d ÷ 2 = 1250 m/ha
  3. V = 50 m × 3600 s/h ÷ 30 s = 6000 m/h
  1. calcul du taux d'application (exemple)

Deuxième méthode : calibration empirique

Cette calibration est utilisée, par exemple, pour les épandeurs à entraînement par roue pour lesquels il n’est pas possible de procéder à une calibration de façon stationnaire :

A. Marquez la hauteur de départ de l’engrais dans la boîte lors de l’application avec l’épandeur, en vous assurant que la surface d’engrais est à niveau.

B. Parcourez une distance de référence fixe Dr en mètres.

C. Pesez en kg la quantité d’engrais Q nécessaire pour remettre au niveau initial.

D. Le taux d’application est alors :

calcul du taux d'application (formule)

Exemple : Le traitement se fait sur deux demi-rangs complets par passage. Les rangs sont espacés de 4 m, la distance de référence parcourue est de deux rangs de 250 m de long et la quantité d’engrais Q pour remettre l’épandeur à niveau est de 100 kg. Dans ce cas :

  1. D = d = 10 000 m2/ha ÷ 4 m = 2500 m/ha
  2. Dr = 2 × 250 m = 500 m
  3. Taux = 100 kg × 2500 m/ha ÷ 500 m = 500 kg/ha

L’ultime vérification est de contrôler au fur et à mesure la quantité réelle utilisée sur une surface connue.

Plan agroenvironnemental de fertilisation

Le Plan AgroEnvironnemental de Fertilisation (PAEF) est une exigence réglementaire dans les cas où les superficies cultivées en pomme et autres productions horticoles et fruitières excèdent cinq hectares. Pour de plus amples informations, référez-vous au texte sur le Règlement sur les exploitations agricoles (REA) dans la fiche sur La protection de l’environnement et la loi du présent guide. Par contre, dans le cadre de la production fruitière intégrée, il est préférable de détenir un tel plan même dans les cas où la superficie est moindre et que le règlement ne s’applique pas. En effet, l’application raisonnée des engrais dans une perspective d’ensemble telle que caractérisée par le PAEF permet de minimiser les risques environnementaux reliés à l’application d’engrais. Notamment, il faut s’assurer de respecter un bilan entre les apports et les exportations par les récoltes ou les fixations dans le bois de l’arbre. En plus, il faut considérer le risque potentiel de lessivage du phosphore (référez-vous à l’indice de saturation en phosphore (ISP) mentionné dans la fiche sur les Apports en éléments nutritifs. En somme, fertiliser en fonction d’un PAEF est garant du respect de l’environnement.

 

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

Auteur de la première édition : Paul-Émile Yelle
Auteure de la mise à jour 2023 : Monique Audette
Dernière mise à jour par les auteurs : 10 janvier 2023

 

Les techniques suivantes favorisent le développement optimal du pommier ainsi que sa mise à fruit : le tuteurage, le positionnement des branches, la taille d’hiver (en dormance), la taille d’été (en vert) et l’enlèvement des fruits lors de l’implantation des arbres. Une fois que le pommier a atteint sa taille optimale et que la production des fruits est établie, les techniques suivantes permettent de maintenir l’arbre en équilibre vigueur/mise à fruit : la taille d’hiver et l’éclaircissage.

L’équilibre entre la mise à fruit et la vigueur de l’arbre assurent que les arbres qui atteignent le gabarit propice à un plein rendement possèdent une végétation assez vigoureuse pour favoriser le développement des fruits et la formation de bourgeons floraux. Cet équilibre atteint et maintenu, évite une vigueur excessive qui favorise la production de bois et de pousses au détriment de la production fruitière. Le choix du porte-greffe influence cet équilibre et doit être pris en compte dans la stratégie de conduite.

Différentes méthodes ont été créées à travers le monde afin de guider le producteur dans sa pratique vers une production efficace de fruits de qualité. Ces méthodes s’appellent « modes de conduite du pommier » et elles incluent toutes les techniques qui ont pour but de maintenir l’équilibre entre la mise à fruit et la vigueur du pommier. Les modes de conduite actuels ont été mis au point grâce à la recherche et validés par des essais en vergers. Ces modes de conduite ont évolué au fil des soixante dernières années de pratique de la culture intensive du pommier.

Il est recommandé d’adopter un mode de conduite dès la plantation des pommiers et ce, pour toute la durée de vie de la parcelle, afin d’assurer la cohérence des interventions de taille, de tuteurage et de positionnement des branches. Étant donné que plusieurs modes de conduite existent, il faut faire un choix. Ce choix doit précéder celui du porte-greffe, du tuteurage et de la densité de plantation, car tous ces facteurs découlent du mode de conduite embrassé. Dans un contexte économique ou le coût de la main-d’œuvre et de l’énergie sont à la hausse, choisir un mode de conduite qui permet la mécanisation des opérations est un incontournable.

Des informations détaillées sur les modes de conduite, la formation des arbres et le tuteurage des pommiers se trouvent au chapitre 7 « Modes de conduite et espacement », au chapitre 10 « Formation des pommiers » et au chapitre 9 « Tuteurage » du guide L’implantation d’un verger de pommiers, 2ième édition.

Le tuteurage

Le tuteurage facilite une croissance verticale du pommier, en réduisant le stress dû à l’exposition au vent. L’arbre atteint ainsi plus rapidement la hauteur nécessaire pour optimiser les rendements. Le tuteurage favorise l’équilibre entre la mise à fruit et la croissance végétative en maintenant plus facilement une hiérarchie structurale et hormonale dans l’arbre. Enfin, le tuteurage fournit un support physique indispensable aux pommiers nains et semi-nains, qui ne pourraient soutenir le poids d’une pleine récolte. Pour certains porte-greffes avec un point de greffe fragile, le tuteur est un incontournable dès la plantation.

Nouvelle implantation et poteaux de cèdre (source : Monique Audette).

Le positionnement des branches

Des branches dont l’angle avec l’axe principal est fermé (plutôt à la verticale) tendent à pousser vigoureusement, impliquant plusieurs conséquences négatives. De telles branches ont tendance à supplanter l’axe principal et à empêcher l’arbre d’atteindre la hauteur souhaitée pour des rendements optimaux. Elles sont aussi moins fructifères et présentent un plus grand risque de cassure. De plus, ces rameaux vigoureux causent des étranglements sur le tronc à cause de leur grosseur excessive et ils limitent le développement de ramifications plus intéressantes.

Le positionnement consiste donc à attacher ou à écarter ces branches dont l’angle est inadéquat et de les ramener plus à l’horizontale. En effet, le positionnement à l’horizontale favorise la précocité de la mise à fruit, composante essentielle de la rentabilité des jeunes parcelles. Différents matériaux peuvent être utilisés à cette fin. Certains matériaux d’usage commun (élastiques, cordes, broches rigides, bâtons, poids) peuvent suffire. Par contre, des produits spécialisés sont aussi disponibles auprès des fournisseurs. Certains ont l’avantage de se dégrader d’eux-mêmes avec le temps, éliminant l’étape de repasser pour les enlever afin d’empêcher leur incrustation dans l’écorce et d’autres sont élastiques permettant ainsi d’éviter un étranglement de la branche.

Cependant, l’arcure, soit la pratique consistant à attacher les branches alors qu’elles sont en première feuille est   préférable à une tentative de correction en forçant un écartement de branches devenues plus grosses. Il est possible ainsi de prévenir plus tôt les conséquences négatives déjà mentionnées, en plus d’économiser de la main-d’œuvre et de diminuer les risques de bris.

Arcure (source : Serge Mantha).

Quelles branches faut-il positionner? Il est possible d’y aller de façon systématique en attachant toutes les jeunes branches qui ont poussé l’année de la plantation (première feuille). C’est un procédé inutilement laborieux. Les branches beaucoup plus grosses que les autres et avec le pire angle doivent être enlevées tout simplement et celles qui ont un angle presque horizontal avec l’axe principal ne doivent pas être touchées.

Quel angle viser? De manière générale, il suffit de ramener les branches un peu sous l’horizontale, avec un angle d’environ 110°, en courbant le bout davantage au besoin. Cependant, des ajustements sont nécessaires selon le type d’arbre des différents cultivars. Certaines variétés au port plus retombant (par exemple, la « Cortland ») ont moins besoin de positionnement, alors que la pomme « Empire », au port plus dressé, présentera normalement plus de branches problématiques. Les arbres avec de nombreuses ramifications positionnées autour de l’axe principal nécessitent moins d’interventions.  En effet, la répartition de la vigueur sur plusieurs ramifications ralentit leur croissance et réduit la compétition de celles-ci avec l’axe principal. Il est souhaitable d’obtenir des arbres ramifiés en pépinière et de les planter à l’automne ou très tôt au printemps. Ainsi, les racines s’établissent au tout début de la saison et cela permet la croissance de plusieurs branches durant la première année en verger.

Quand faire le positionnement? Normalement en juillet, une fois la période de croissance printanière terminée. Ceci permet d’éviter que la nouvelle croissance au bout des branches positionnées cherche à se dresser vers le haut. En plus, cela laisse suffisamment de temps d’exposition à la lumière de fin d’été pour encourager la formation de bourgeons à fruit.

Une fois en production, le poids des fruits suffit à positionner les branches. Il s’agit donc d’une opération particulièrement opportune sur les arbres plus jeunes encore en développement. Il faut la répéter tout de même au besoin les deux ou trois années suivant l’implantation sur la prolongation du tronc.

La taille d’hiver (en dormance)

  • La taille d’hiver est pratiquée de janvier à mai alors que les arbres sont en dormance ou qu’ils débutent leur croissance annuelle. Cette opération permet d’atteindre et de maintenir la forme d’arbre prescrite par le mode de conduite choisi et à réduire le nombre de bourgeons à fruits.

Essentiellement, cette taille consiste à :

  • Éliminer ou réduire les branches plus hautes qui surplombent et ombragent les branches plus basses dans l’arbre.
  • Enlever les branches trop dressées et vigoureuses, telles que décrites à la section « Positionnement des branches» plus haut et qui par indécision, ont été laissées en place et ont pris de l’envergure.
  • Raccourcir ou enlever les branches fruitières âgées, mal placées ou endommagées afin de réduire le nombre de bourgeons fruitiers et en favoriser le renouvellement.
  • Enlever les ramifications qui partent vers le bas ou l’intérieur et se retrouvent sous une branche productive ou celles qui entravent le rang ce qui causera des meurtrissures aux pommes par le passage de la machinerie.

Taille d’hiver (source : Monique Audette).

Taille mécanique d’hiver (source : Monique Audette).

Pour ce qui est de la distribution de la vigueur sur l’axe, tant que l’arbre est jeune et encore en développement, le maintien d’une bonne vigueur à la tête est prioritaire.  La vigueur des branches est déterminée selon leur diamètre et leur angle. De manière générale, il faut se méfier des branches dont le diamètre atteint la moitié du diamètre du tronc à leur point d’attache.

Distribution de la vigueur de l’axe (source : Monique Audette).

Taille d’été (en vert) 

De fait, une certaine taille peut s’exercer durant presque toute l’année à l’exclusion des mois d’automne et du début janvier. La taille à ces périodes peut accroître le risque de dommages par le froid durant l’hiver au niveau des coupes. La taille dite « d’hiver » peut se poursuivre après le débourrement sur les variétés particulièrement vigoureuses comme Spartan, car une taille tardive aura un effet stimulant le regain de croissance bien moins fort que si cela est fait plus tôt.

Ce que l’on entend normalement par la taille d’été se fait surtout en juillet et en août et vise principalement à favoriser une bonne coloration des pommes et à éliminer les pousses résultant d’un excès de vigueur. Ce type de taille ne vise évidemment pas les arbres qui manquent de vigueur et est essentiellement inutile sur les arbres en équilibre.  Les principales coupes pratiquées lors de la taille d’été sont :

  • Les gourmands;
  • Les prolongations excédentaires sur les branches fruitières;
  • Les prolongations dressées au bout des branches fruitières;
  • Toute nouvelle croissance sur ramifications dressées portant des fruits.

Taille d’été. Ce que l’on entend normalement par la taille d’été se fait surtout en juillet et en août et vise principalement à favoriser une bonne coloration des pommes et à éliminer les pousses résultant d’un excès de vigueur. Ce type de taille ne vise évidemment pas les arbres qui manquent de vigueur. Les principales coupes pratiquées lors de la taille d’été sont :

  • les gourmands
  • les prolongations excédentaires sur les branches fruitières
  • les prolongations dressées au bout des branches fruitières
  • toute nouvelle croissance sur ramifications dressées portant des fruits

Avant (droite) et après (gauche) la taille d’été (source : Paul-Émile Yelle).

Toutefois il faut éviter d’enlever les nouvelles pousses issues de bouquets floraux portant des fruits, car elles sont la source directe d’énergie pour un bon développement de ces fruits.

NOTE : les traitements avec le régulateur de croissance APOGEE, sans se substituer complètement à la taille d’été, peuvent en réduire le besoin.

L’enlèvement des fruits lors de l’implantation des arbres

Une courte saison de croissance comme au Québec force le producteur à adopter des pratiques pour stimuler le développement des jeunes arbres pendant les années suivant la plantation. Certains porte-greffes ou certains traitements en pépinière peuvent favoriser la présence de fleurs. Le fait de les laisser produire des fruits entraîne une réduction de la croissance. Tel que déjà mentionné, il est essentiel d’amener rapidement les jeunes arbres à la hauteur et au gabarit voulu afin de rentabiliser les nouvelles parcelles. Il est donc nécessaire d’enlever tous les fruits pendant les deux premières années. En plus, tant que l’arbre n’a pas atteint sa hauteur cible, il est souhaitable d’enlever les fruits sur la partie supérieure de la tige principale. Dans certains cas, lorsque la croissance est vigoureuse et que l’arbre se dirige rapidement vers la hauteur désirée au cours de la deuxième année, il est recommandé de laisser quelques fruits dans la partie inférieure pour réduire la vigueur. Ceci est particulièrement judicieux dans le cas de variétés vigoureuses et très sensibles au feu bactérien comme Ginger Gold et Gala. Par ailleurs, il peut s’avérer sage d’enlever tous les fruits pendant trois années dans le cas de variétés à faible croissance telle la Honeycrisp.

Désinfection des outils de taille

Faut-il désinfecter les outils afin d’éviter de propager des maladies lors de la taille? Ce n’est généralement pas nécessaire, sauf dans certaines situations. Lisez la réponse détaillée à la fiche sur Le feu bactérien : stratégies de lutte sur la lutte au feu bactérien.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

Auteur de la première édition : Paul Émile Yelle et Gérald Chouinard
Auteure de la mise à jour 2023 : Monique Audette
Dernière mise à jour par l’ auteure : 13 mars 2023

Abeille domestique (source : Monique Audette).

Bien que les fleurs de pommier soient complètes, possédant les organes femelles (stigmate, style et pistil) et mâles (filets et étamines), dans la majorité des cas elles sont autostériles car seul le pollen d’un autre cultivar pourra les féconder. Pour polliniser des fleurs de pommiers, les insectes doivent obligatoirement butiner sur plus d’un cultivar. Ainsi, il importe de considérer le facteur pollinisation lors de la planification d’une plantation. Pour plus d’informations à ce sujet, référez-vous à la section sur « La pollinisation » du chapitre sur la « Plantation » du guide sur L’implantation d’un verger de pommiers.

Toute une gamme d’insectes pollinisateurs indigènes tels les bourdons, les mégachiles et les syrphes (voir la fiche sur le Répertoire des principaux organismes et la fiche sur Les espèces utiles, une ressource à protéger) peuvent assurer la pollinisation des fleurs de pommiers dans des conditions idéales. Toutefois des facteurs tels que le vent, la pluie, l’absence d’ensoleillement et le froid peuvent réduire l’activité des insectes pollinisateurs. Il est donc prudent, afin d’assurer une mise à fruit réussie, d’augmenter le nombre de pollinisateurs dans le verger en ajoutant des abeilles domestiques.

Les ruches fournies par des apiculteurs spécialisés et réputés demeurent une façon éprouvée d’assurer une bonne pollinisation. Il y a ainsi présence de dizaines de milliers de pollinisatrices infatigables à l’intérieur-même du verger. Quand les conditions sont favorables elles peuvent s’activer même lors de courtes périodes sans pluie ou de brefs réchauffements quand le temps est froid. Il est recommandé d’employer deux à trois ruches à l’hectare. Aussi, malgré le fait que les bourdons, tels qu’employés en serriculture, puissent travailler dans des conditions un peu plus venteuses et fraîches que les abeilles, ils ne permettent pas d’obtenir des résultats adéquats pour polliniser plus d’un million de fleurs à l’hectare, compte tenu du nombre limité d’individus dans leurs  .

ruche dans un verger durant la floraison

Ruche dans un verger (source : IRDA).

Idéalement, le plan du verger est conçu pour favoriser la pollinisation croisée. Pour cela il faut s’assurer de ne pas excéder 4 rangées consécutives d’un même cultivar ou 6 rangs dans le cas d’arbres nains. En alternant des cultivars dont la période de floraison coïncide et idéalement dont l’apparence ou la période de maturité diffère, ceci permet d’éviter les erreurs à la récolte. Pour les blocs homogènes, on peut aussi insérer des arbres pollinisateurs, répartis de façon uniforme et selon un ratio maximum de 1:20.

Toutefois, à défaut d’un bon agencement de plantation, il faut amener du pollen de l’extérieur. L’utilisation du pollen récolté par des compagnies spécialisées et acheté dans le commerce, qui est fourni aux abeilles par de petits appareils distributeurs installés à la sortie des ruches, est une option. L’alternative est de tailler des branches en fleurs en excès dans un bloc d’un autre cultivar et de les installer (et les renouveler) dans des chaudières remplies d’eau devant les ruches.

Conseils additionnels pour l’utilisation de ruches

Période d’introduction des ruches

Le moment d’entrée et de sortie des ruches a de l’importance sur la pollinisation. En l’absence de fleurs ou si la densité de fleurs n’est pas suffisante, les éclaireuses trouveront d’autres sources plus éloignées, ce qui risque d’affecter significativement le butinage du verger, surtout au début de la floraison. Règle générale, les ruches sont introduites dans la culture à polliniser lorsqu’il y a environ 20 % des fleurs ouvertes. Il faut faucher les pissenlits avant que les ruches soient introduites, car lors des premiers vols d’orientation, les éclaireuses repéreront ces fleurs, ce qui aura comme conséquence qu’une forte proportion des abeilles les butineront au lieu des fleurs de pommier.

Emplacement des ruches

Pour maximiser le travail de pollinisation, il faut accorder la priorité aux emplacements protégés des vents. Le vent transportant toutefois l’arôme des fleurs, l’emplacement du rucher doit être en aval de la direction des vents dominants, pour favoriser une identification plus rapide de l’odeur des fleurs à butiner. De plus, du point de vue de la dépense d’énergie des abeilles, le fait de voler à vide contre le vent pour l’allée et de revenir le vent dans le dos pour le retour à la ruche lorsqu’elles sont chargées de pollen est plus avantageux. L’abeille domestique par comparaison à plusieurs espèces d’abeilles indigènes a un rayon de butinage relativement grand, et c’est pour cela qu’il n’est pas nécessaire de répartir les ruches uniformément. Quelques études sur la pollinisation montrent qu’il faut que les groupes de ruches soient placés à des distances de l’ordre de 200 à 300 m, puisque le rayon de butinage le plus efficace se situe entre 100 et 150 m de la ruche. En pratique, des regroupements vont jusqu’à 400 m, mais au-delà de cette distance, il y a une perte d’efficacité. Il faut respecter une distance de 2 à 3 mètres entre les ruches et alterner l’orientation des entrées de ruches pour éviter la dérive des abeilles entre les ruches.

Approvisionnement en eau

L’emplacement doit être un endroit sec, puisqu’un site humide est propice au développement de certaines maladies de couvain et à une détérioration accélérée du matériel. Un point d’eau doit toutefois être présent dans un rayon de moins de 500 m ou encore, un réservoir d’eau d’environ 1 m de diamètre peut être placé à proximité du rucher, accompagné de lattes de bois ou autre matériel flottant pour éviter la noyade des abeilles. L’eau devrait être renouvelée 1 ou 2 fois par semaine pour éviter la contamination et assurer un approvisionnement constant. Ces réservoirs doivent être placés avant l’introduction des ruches de façon à créer dès le début l’habitude de s’y approvisionner.

Protection des abeilles

Voir la fiche sur Les espèces utiles, une ressource à protéger.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

Auteur de la première édition : Paul Émile Yelle, Evelyne Barriault et Serge Mantha
Auteurs de la mise à jour 2024 : Evelyne Barriault et Robert Maheux
Dernière mise à jour par les auteurs : 21 janvier 2025

 

 

ATTENTION DOSES RÉDUITES : l’ARLA ne prend pas action contre ceux qui préconisent de telles pratiques, si elles n’entraînent pas de danger pour la santé ou la sécurité humaine ou pour l’environnement et qu’elles ne sont pas destinées à promouvoir la vente de produits antiparasitaires. Si toutefois l’utilisation de doses réduites ou adaptées devait entraîner des pertes pour les utilisateurs, les conseillers ou les organisations qui les recommandent pourraient être tenus responsables de leurs recommandations dans des actions civiles.

Un peu d’histoire

L’intérêt pour l’éclaircissage des fruits ne date pas d’hier. En effet, Théopraste (372-288 av. J.-C.) mentionnait déjà l’avantage de limiter la production des arbres fruitiers dans ses ouvrages1.  Les premières expérimentations d’éclaircissage chimique auraient été faites en 1924 avec du sulfate de fer. L’utilisation de l’acide naphtalène acétique (ANA) pour l’éclaircissage remonterait pour sa part à 19411.

Pourquoi contrôler la charge en fruits

L’éclaircissage des pommiers est une étape importante qui favorise la qualité de la récolte et la stabilité de la production. Elle procure des bénéfices à long terme sur la physiologie des arbres et des bénéfices à court terme sur la qualité des fruits de la saison en cours. Les principaux avantages à long terme sont : la réduction de l’alternance des pommiers (production bisannuelle), la stabilité des récoltes années après année, la réduction de la croissance végétative et la simplification de la taille des pommiers. À court terme, de bonnes pratiques d’éclaircissage permettent d’améliorer la qualité des fruits par l’accroissement du calibre, de la couleur, du taux de sucre et de leur goût en général, en plus d’améliorer la fermeté et la durée d’entreposage.

À l’état naturel, les pommiers produisent plus de fleurs que la quantité de fruits dont ils ont la capacité d’assurer la maturation. On estime que moins de 10% des fleurs produites par les pommiers sont nécessaires pour une production commerciale optimale2. Des mécanismes naturels, notamment la chute des fleurs non fécondées et imparfaite et la chute physiologique des fruits (chute de juin et pré-récolte) leur permettent de s’autoréguler durant la saison en cours. Or, en production commerciale, ces phénomènes naturels, ne sont pas suffisants pour permettre aux pomiculteurs d’atteindre une récolte qui satisfait les exigences du marché en termes de calibre et de couleur.  En effet, Il existe une relation inverse entre le nombre de fruits par arbre et la grosseur des fruits2. Les pommiers ont également tendance à produire une année sur deux, grâce à un mécanisme d’inhibition de l’initiation florale contrôlé par l’hormone gibbérelline qui se met en place après la nouaison pour réduire la production de l’année suivante lorsque les arbres sont surchargés3, 4.

En d’autres termes, l’éclaircissage permet :

  • Produire des pommes de qualité avec une coloration et un calibre supérieur;
  • D’éviter le déclassement d’un nombre important de pommes qui ne feront pas le calibre commercial de 64 mm (2½ po) lors de la récolte et éviter aussi les litiges avec son acheteur (emballeur) si une majorité de pommes est tout juste au diamètre minimum requis;
  • Encourager les cueilleurs, en facilitant la cueillette et en la rendant plus rapide. En effet, 2260 pommes de 76mm de diamètre suffisent à remplir une benne, alors qu’il faut 1000 de plus (44 % de plus) pour occuper le même volume lorsque les pommes ont un calibre de 64mm (12mm de moins). L’élimination des pommes non commercialisables, par l’éclaircissage manuel, c’est à dire le retrait des pommes trop petites ou de celles qui ont des défauts (piqûre d’insecte, anneaux de gel, etc.), réduira également le temps d’hésitation au moment de cueillir.

De façon générale, l’éclaircissage vise à ajuster la charge de fruits au potentiel productif de l’arbre; une pratique particulièrement incontournable dans les nouvelles plantations à haute densité (plus de 2000 arbres/ha).

En plus des avantages pour le classement et la récolte, il permet :

  • Le maintien d’un volume uniforme de récolte année après année permettant d’éviter les récoltes excessives et d’assurer une bonne floraison l’année suivante (lutte contre l’alternance).
  • L’élimination de fruits mal pollinisés, pourvus de moins de pépins, portés à être difformes et moins aptes à une bonne conservation.
  • D’améliorer la lutte contre certains ravageurs comme la tordeuse à bandes obliques qui affectionne les bouquets de pommes collées les unes sur les autres où leurs larves peuvent se loger et grignoter à l’abri des prédateurs.
  • Produire des pommes de qualité avec une coloration et un calibre supérieur.

Éclaircir en PFI: tout un programme!

En production fruitière intégrée plusieurs outils sont à la disposition des pomiculteurs pour gérer la charge avec précision. Il est recommandé de débuter l’éclaircissage très tôt; c’est-à-dire dès la taille hivernale et d’utiliser plusieurs périodes d’intervention. Le tableau suivant montre les différentes méthodes d’éclaircissage selon le stade de la culture ainsi que la réduction visée par ces interventions de même que les avantages et les inconvénients. On remarque qu’une réduction d’au plus 30% est attendue pour les interventions d’éclaircissage chimique réalisées au stade 6 à 12 mm tandis que les interventions durant la période florale visent au plus 10% de réduction. C’est pourquoi il est préférable d’établir une stratégie globale pour atteindre ses objectifs d’éclaircissage, plutôt que de compter seulement sur une période d’intervention.

STADE D’INTERVENTION RÉDUCTION VISÉE (ATTENDUE) MÉTHODE AVANTAGE INCONVÉNIENT
Dormance Variable Manuel ou mécanique; Extinction de bourgeons à fruits par la taille hivernale On dispose de plus de temps. Facile à réaliser. Applicable en production bio ou PFI
Floraison 5 à 10% Traitement chimique ou mécanique Favorise un meilleur retour de floraison l’année suivante. Une des seules périodes possibles en production biologique Applicable surtout pour les variétés dont la floraison est étalée; fleur reine ou en premier (Honeycrisp, Gala, Empire, Spartan).

On ne connaît pas encore la qualité de la pollinisation, nouaison.

Calice 10 à 20% Chimique Éclaircissage hâtif, a un effet positif sur le retour de floraison l’année suivante On ne connaît pas encore la qualité de la nouaison.
6 à 12mm 25 à 35% Chimique On voit bien le taux de nouaison et le potentiel de production en fruit.

Stade le plus efficace pour les traitements avec ANA (8-10mm)

Course contre la montre! Les pommes grossissent vite. Plusieurs tâches à réaliser durant cette période dans le verger. Les conditions météo optimales pour le traitement ne sont pas toujours au rendez-vous. Après ce stade, l’efficacité des traitements diminue beaucoup.
13 à 20mm 5 à 10% Chimique On connaît la charge en trop Traitements moins efficaces
Juillet à septembre 5% ou plus si les interventions précédentes n’ont pas bien fonctionné Manuel Possibilité de sélectionner et enlever seulement les pommes avec des défauts Exigeant en main d’œuvre et coûteux. Peu d’impact sur le retour de floraison et la stabilité de la récolte
Nouveau! À confirmer Mécanique Réduction des besoins d’éclaircissage manuel et de main d’œuvre Adapté au verger en mur fruitiers seulement (canopée étroite). La machine ne sélectionne pas les pommes qui ont des défauts
30 à 45mm (essais en cours au Québec) Avec un outil du type Eclairvale ® Bon complément à l’éclaircissage mécanique floral. Belle alternative en production biologique

Chaque méthode a ses avantages et ses contraintes. En général, les interventions réalisées plus tôt en saison (avant 6mm) ont plus d’impact pour réduire l’alternance, et les interventions effectuées plus tard sur les fruits permettent des gains appréciables en calibre et en qualité – ce qui explique pourquoi l’éclaircissage manuel est largement utilisé, malgré les coûts élevés de main d’œuvre qu’il nécessite.

Estimer le potentiel de production et établir l’objectif d’éclaircissage

La première étape à réaliser pour bâtir son programme d’éclaircissage consiste à estimer le potentiel de production des parcelles. Il s’agit d’une étape importante qui vise à équilibrer la charge en fruit à la croissance végétative afin d’éviter l’épuisement des arbres et l’alternance. Dans une plantation de pommiers nains, l’estimation peut être réalisée en mesurant la circonférence du tronc à 30 cm du sol et en le multipliant par le nombre de fruits visé par cm2. Le tableau suivant montre le nombre de fruits souhaité selon le diamètre du tronc :

DIAMÈTRE DU TRONC OU DE LA BRANCHE RÉGION INTER-SECTIONNELLE (CSA) DENSITÉ CIBLE DE FRUITS/CSA (cm2)
4 5 6 8 10 12 15
mm po cm2 FRUIT/ARBRE OU BRANCHE POUR ATTEINDRE DE LA DENSITÉ CIBLE CI-HAUT
8 0,31 0,5 2 2 3 4 5 6 7
10 0,39 0,7 3 3 4 6 7 9 11
12 0,5 1,2 5 6 7 10 12 15 19
19 0,75 2,8 11 14 17 22 28 34 42
25 1 5 20 25 30 40 50 60 76
31 1,25 7 31 39 47 63 79 95 118
38 1,5 11 45 57 68 91 114 136 171
44 1,75 15 62 77 93 124 155 186 232
50 2 20 81 101 121 162 202 243 304
63 2,5 31 126 158 190 253 316 380 475
76 3 45 182 228 273 364 456 547 684
101 4 81 324 405 486 648 810 972 1216

 

Ce tableau est utile pour les jeunes arbres (2 à 5 ans). Une fois que l’arbre a atteint son plein potentiel de production, il est préférable de baser son calcul sur le rendement souhaité par hectare selon la densité de plantation. On peut ensuite compter le nombre de bourgeons à fruits sur quelques arbres représentatifs de la parcelle.

Exemple: pommier Gala, rendement visé: 50 tonnes par ha, Densité de plantation; 2133 arbres/ha (1.25m x 3,75m). Pour obtenir 50t/ha il faut avoir 23kg par arbre. Considérant que les pommes de la variété Gala pèsent en moyenne 175g, il faudrait une moyenne de 133 pommes par arbres.

Description des principales méthodes d’éclaircissage

Taille de précision et extinction de bourgeons durant la dormance

Cette méthode consiste à compter le nombre de bourgeons à fruits et n’en conserver qu’une certaine proportion lors de la taille hivernale. Le décompte peut se faire sur quelques arbres représentatifs de chaque parcelle. Il est important de noter que seules les lambourdes et les bourgeons terminaux sont comptés (spur and terminal buds) (voir photo plus bas). Les bourgeons latéraux et terminaux qui se trouvent sur les bois d’un an ne sont pas inclus dans le décompte puisqu’ils n’ont pas un bon potentiel de production. Des essais réalisés dans l’État de New York5 ont démontré que la proportion de bourgeons à conserver était de 1,5 et 1,8 fois le nombre final de fruits souhaité pour les Honeycrisp et les Gala respectivement.

Exemple : Pommiers de la variété Gala: si l’objectif = 133 fruits/arbre x 1.8 = conserver 239 bourgeons. Pommiers de la variété Honeycrisp: si l’objectif = 75 fruits/arbre x 1.5 = conserver 112 bourgeons. Pommiers de la variété Honeycrisp: si l’objectif = 75 fruits/arbre x 1.5 = conserver 112 bourgeons.

Pour les pommiers de la variété Honeycrisp, qui est très portée à l’alternance, il est recommandé de vérifier le pourcentage de bourgeons qui est réellement à fruits en disséquant les bourgeons et en les regardant à la loupe ou au binoculaire. Pour effectuer cette tâche, on peut prélever 2 branches par arbres (une, en haut de l’arbre et la seconde, en bas de l’arbre) sur 5 arbres représentatifs de la parcelle et vérifier la proportion de bourgeons réellement fructifères. Le décompte peut ensuite être ajusté, si les arbres d’une parcelle sont particulièrement végétatifs. La photo ci-bas montre la distinction entre un bourgeon fructifère et un bourgeon végétatif.

Branche de pommier avec bourgeons fructifères et bourgeons végétatifs (source : Evelyne Barriault, MAPAQ).

Les bourgeons à fruits excédentaires peuvent être éliminés avec le sécateur ou par frottement avec la main. Cette action est une bonne façon d’éliminer des bourgeons qui représentent un moins bon potentiel de production, étant donné qu’ils sont moins bien exposés au soleil.

Cette méthode favorise non seulement de meilleur succès avec l’éclaircissage chimique et une valeur optimale de la récolte (bonne qualité de fruits) mais aussi une réduction de l’alternance (production une année sur deux).

Éclaircissage mécanique des fleurs

L’éclaircissage mécanique floral (ÉMF) offre également une opportunité pour réduire la charge très tôt en saison, soit durant la floraison des pommiers. L’ÉMF est complémentaire aux autres techniques d’éclaircissage et doit s’inscrire dans une stratégie globale incluant la taille de précision, l’éclaircissage chimique et l’éclaircissage manuel. L’ÉMF permet de réduire les intrants chimiques et les coûts de main-d’œuvre associés à l’éclaircissage et est compatible avec l’agriculture biologique. Il offre également d’autres avantages dont celui de réduire l’alternance des pommiers2-6 et d’être indépendant de la météo. De nombreuses études ont démontré que l’ÉMF pouvait améliorer la qualité des fruits, notamment le calibre, la couleur, la fermeté et le taux de sucre5-9.

La technique consiste à supprimer de façon aléatoire des fleurs individuelles ou des bouquets floraux entiers, à l’aide de fils de plastique montés sur un axe rotatif. Dans les vergers commerciaux, moins de 10% de fleurs contenues dans un pommier sont nécessaires pour l’obtention d’un rendement de qualité3. L’éclaircissage mécanique floral permet d’en supprimer 30 à 50% selon le réglage. D’autres méthodes, soit chimique et/ou manuelle doivent ensuite être utilisées pour compléter l’ajustement de la charge.

L’ÉMF agit de deux façons. Tout d’abord, on observe un effet direct, immédiatement après le traitement alors qu’une certaine quantité de fleurs sont supprimées. Le traitement provoque aussi des dommages mineurs au feuillage, qui provoquent un stress nutritionnel pour les fruits en développement, durant 8 à 10 jours après le traitement, ce qui accentue la chute naturelle des fruits4,10-12. L’effet des éclaircissant chimiques peut également être accentué s’ils sont appliqués durant cette période.

La technique d’éclaircissage mécanique florale est particulièrement bien adaptée aux plantations en haute densité, dont les arbres sont conduits en fuseaux étroits ou en mur fruitier puisque les fils éclaircissants mesurent généralement 60cm de longueur. Lorsque les branches sont plus longues, les fils ne parviennent pas à atteindre le centre des arbres qui sont alors éclaircis seulement en périphérie. La machine originale développée en Allemagne pour l’ÉMF s’appelle “Darwin mechanical blossom thinner”, mais il existe aujourd’hui des modèles similaires commercialisés par d’autres compagnies, dont un modèle assisté d’une caméra GPS qui permet d’ajuster la vitesse de rotation de l’axe selon l’intensité de la floraison de chaque pommier individuel.

Conditions de réussite pour l’éclaircissage mécanique 

  • Le stade optimal de passage de la Darwin est du début de la floraison à 50% de la pleine floraison, c’est-à-dire lorsque la fleur centrale et 2-3 autres fleurs sont ouvertes.

Exemple de bouquets où la fleur centrale et 2-3 autres fleurs sont ouvertes (source : Evelyne Barriault, MAPAQ).

  • Cependant, l’appareil peut être utilisé entre les stades bouton rose et pleine floraison. Après la pleine floraison, les risques de dommages et de malformation des fruits augmentent tout comme le stress provoqué par le retrait d’une partie importante du feuillage. Les variétés dont les fleurs s’ouvrent l’une après l’autre dans le bouquet plutôt que simultanément (en même temps) sont particulièrement propices à l’éclaircissage mécanique floral. Dans certains cas, pour des variétés très productives, les pomiculteurs peuvent faire jusqu’à deux passages la même année à quelques jours d’intervalle (premier passage en début de floraison; 50% et l’autre en pleine floraison)10,13. Le modèle de croissance des tubes polliniques intégré dans RIMpro éclaircissage est un bon outil pour évaluer le moment optimal pour effectuer les traitements. Voir RIMpro: un nouvel outil pour planifier l’éclaircissage pour plus d’informations.
  • La vitesse de rotation doit être adaptée en fonction de la vitesse d’avancement du tracteur. Le tableau qui suit, tiré du manuel de l’utilisateur de l’appareil Darwin14 peut servir de référence:

Tableau de référence pour les paramètres de vitesse et de rotation de Darwin (source : fruit-tec.com).

Il est également recommandé de faire des tests sur une petite surface avant d’éclaircir une parcelle au complet, afin de s’ajuster à la vigueur des arbres, l’intensité de la floraison (variété, alternance, etc.) et les conditions de la parcelle (nivellement du sol, alignement des rangées, etc.). Il faut retenir que la vitesse de rotation du mât et celle de l’avancement du tracteur ont un effet inverse. L’augmentation de la vitesse de rotation des fils augmente l’intensité de l’éclaircissage. Toutefois, l’augmentation de la vitesse d’avancement du tracteur réduit l’intensité de l’éclaircissage. Une vitesse de rotation de 200 à 240 tours par minute et une vitesse d’avancement du tracteur de 6 à 8 km/h sont régulièrement utilisées.

  • Il existe aujourd’hui plusieurs modèles dont la hauteur des axes varie. Il est important de s’assurer que le modèle utilisé permet aux fils d’atteindre la cîme des arbres (comme sur l’image qui suit).

Passage de la Darwin (source : Evelyne Barriault, MAPAQ).

  • Dans certains cas, des embouts peuvent être utilisés pour allonger la hauteur de travail.
  • Les fils ne doivent pas frapper mais tourbillonner dans l’arbre. Si des bris de branches sont observés, il faut ajuster la conduite des arbres, la vitesse de rotation des fils ou d’avancement du tracteur.
  • Les arbres doivent idéalement avoir une forme rectangulaire de mur fruitier ou de fuseaux étroits avec une largeur maximale d’environ 1.2m de couronne (60 cm à partir du tronc). Il est possible d’ajuster l’angle du mât lorsque les arbres ont une forme conique. Toutefois, si les branches sont plus longues que les fils, le centre des arbres risque d’être mal éclairci. À titre indicatif, vous pouvez utiliser votre bras pour évaluer la profondeur d’action).

    Utiliser votre bras pour évaluer la profondeur d’action (source : Evelyne Barriault, MAPAQ).

  • L’éclaircissage mécanique floral doit être fait sur des arbres matures, qui ont atteint leur hauteur optimale pour ne pas risquer d’endommager l’apex, ce qui pourrait les empêcher d’atteindre une hauteur optimale.
  • Les grosses branches et celles qui ont un angle supérieur à 60◦ doivent être éliminées afin d’éviter l’usure prématurée des fils et une mauvaise efficacité d’éclaircissage (exemple dans les images suivantes).

    Grosses branches possédant un angle supérieur à 60° (source : Evelyne Barriault, MAPAQ).

  • L’éclaircissage mécanique floral est compatible avec les autres techniques de production fruitière intégrées telles que la confusion sexuelle du carpocapse de la pomme; les fils n’endommagent pas les diffuseurs à phéromone.

Effet de la Darwin après le passage sur un bouquet floral (source : Robert Maheux).

Une étude réalisée en Pennsylvanie par Ngugi et Schupp en 200915 a suscité certaines inquiétudes par rapport à la propagation de brûlure bactérienne dans les vergers éclaircis mécaniquement durant la floraison. Bien qu’elle ait été réalisée dans des conditions qui ne sont pas représentatives des productions commerciales, cette étude est citée dans plusieurs articles sur le sujet. Toutefois, de nouveaux essais réalisés par Sazo et al. de 2014 à 2016 dans une parcelle de Gala de l’État de New York, considérée à risque élevé (présence de brûlure bactérienne dans une parcelle voisine et conditions propices aux infections durant l’étude) a permis d’obtenir de bons résultats lorsque des traitements préventifs contre la brûlure bactérienne étaient appliqués16.De plus, L’ÉMF est utilisé par plusieurs pomiculteurs européens, dans des secteurs ou la maladie est présente, sans conséquences sur la propagation de cette maladie. Il est toutefois recommandé de ne pas éclaircir mécaniquement lorsque les arbres sont mouillés et d’appliquer les traitements contre la brûlure bactérienne, de la même façon que dans les autres parcelles, c’est-à-dire lorsque les conditions d’infection sont réunies. Consultez la fiche sur Le feu bactérien : stratégies de lutte pour en savoir plus. Des essais supplémentaires sont nécessaires afin de confirmer les précautions requises, lors des traitements d’éclaircissage mécaniques.

En conclusion voici un tableau comparant les avantages et les inconvénients de l’éclaircissage mécanique floral :

 AVANTAGES  INCONVÉNIENTS
Indépendant de la météo (éviter d’éclaircir sous la pluie) Convient uniquement pour les arbres de forme étroite conduit en mur fruitier ou légèrement coniques (max 1,2m de couronne)
Convient à la production fruitière intégrée (PFI) et biologique (bio) Incompatible avec les tailles longues, les grosses branches et l’utilisation de ficelles pour arquer les branches
Permet de réduire les intrants chimiques et le temps requis pour l’éclaircissage manuel
Applicable à toutes les variétés même celles qui sont difficiles à éclaircir chimiquement, peu importe l’âge des arbres, en autant qu’ils sont matures Risque de sur-éclaircissage s’il y a un gel de printemps après le traitement d’éclaircissage
Diminution de l’alternance et amélioration du retour de floraison Peu causer des dommages aux branches et feuilles
Accroît l’efficacité des éclaircissants chimiques et la chute de juin Risques de propagation de certaines maladies (feu bactérien?) et pression accrue de certains  ravageurs (ex. puceron lanigère)
Alternative supplémentaire dans une stratégie globale d’éclaircissage, qui allonge la période d’intervention (éclaircissage hâtif sur les fleurs) Le sol doit être bien nivelé avec peu ou pas d’ornières absentes
Relativement peu coûteux et rapide à utiliser (1,5 à 2,5 hectare traité par heure)

Cliquez ici pour la liste des références sur l’éclaircissage mécanique des fleurs

Éclaircissage chimique

L’éclaircissage chimique des fruits peu de temps après leur nouaison est l’approche traditionnelle d’éclaircissage. Différents produits sont homologués comme agents éclaircissants pour les vergers de pommier au Canada. Il s’agit principalement de régulateurs de croissance ou phytohormone mais d’autres types de produits tel que l’insecticide à base de carbaryl (SEVIN XLR) sont aussi homologués pour l’éclaircissage chimique dans la pomme.  Certains produits homologués pour d’autres usages ont également un effet éclaircissant lorsqu’ils sont appliqués durant la floraison. C’est le cas du thiosulfate d’ammonium (ATS), un fertilisant foliaire à base d’azote ainsi que de la chaux soufrée ou bouillie sulfocalcique (BSC), un fongicide biologique homologué pour lutter contre la tavelure. Plusieurs huiles minérales, végétales ou de poisson, certaines étant homologuées comme insecticides ou acaricides ou pour lutter contre le blanc ont aussi des effets éclaircissants en mélange ou non avec la bouillie sulfocalcique. Les caractéristiques des différents agents éclaircissants et leur mode d’utilisation sont décrits dans la fiche sur les Propriétés générales des produits phytosanitaires utilisables en PFI.

Conditions de réussite pour l’éclaircissage chimique 

  • Observer les conditions de pollinisation, l’activité des pollinisateurs et le modèle des tubes polliniques: avant de prendre la décision d’éclaircir les fruits pour chacun des cultivars, il importe de faire les observations qui s’imposent et de les consigner dans un registre. Il est recommandé de noter chaque jour durant toute la floraison, les cultivars en fleur et leur stade de floraison, les températures maximales et minimales, les précipitations, le vent, l’ensoleillement ou l’ennuagement relatif et l’activité des abeilles. Le tableau suivant peut servir de modèle pour noter les observations:

La perte de la fleur mère (gel) dans les bouquets floraux est un facteur important à considérer dans l’évaluation du potentiel de production. Normalement celle-ci sera remplacée par la plus forte des fleurs latérales (source : Evelyne Barriault, MAPAQ).

On peut aussi faire le suivi de 2 bouquets par arbre sur 2 à 5 arbres par parcelle et noter quotidiennement le nombre de fleurs par bouquets.

Le modèle de développement des tubes polliniques inclus dans RIMpro éclaircissage peut également fournir beaucoup d’informations sur la qualité de la pollinisation. Ce modèle est disponible en ligne, via le site du réseau pommier.

L’article RIMpro éclaircissage: un nouvel outil pour planifier l’éclaircissage explique comment l’interpréter.

  • Établir le potentiel de production et vérifier la qualité de la nouaison: avant de décider d’intervenir chimiquement pour éclaircir, il faut d’abord déterminer si le nombre de fruits noués (fruits éventuels), correspond au nombre visé de fruits par arbre ou s’il l’excède. La façon d’estimer le potentiel de production a été expliquée plus haut. Une fois le nombre de fruits visés établi, il reste à évaluer la nouaison pour déterminer s’il y a un surplus de fruits et un besoin d’éclaircir. C’est assez facile lorsque les plus gros fruits atteignent un diamètre de 8 à 12 mm, car il est possible alors de juger du grossissement relatif des fruits et des pépins. Toutefois, de nombreuses variétés exigent plusieurs traitements pour être bien éclaircis, dont des traitements hâtifs (dès la fin floraison). De plus, les produits à base de benzyladenine (ex.: MAXCEL) qui peuvent favoriser une multiplication cellulaire accrue ou encore le carbaryl (lorsqu’utilisé selon les normes de la production fruitière intégrée) doivent être appliqués tôt. Pour ces raisons, il est important d’estimer la nouaison le plus tôt. Le tableau et la figure qui suivent montrent les caractéristiques qui permettent d’évaluer si la nouaison s’est bien réalisée sur les tout jeunes fruits (5 à 8 mm).

jeunes pommes à la nouaison

Nouaison (source : Paul Émile Yelle).

Forte nouaison (photo Ci-HAUT) Faible nouaison
Les pédoncules se recourbent vers le haut, vers le soleil. Les pédoncules demeurent droits.
Les petits fruits grossissent. Les petits fruits cessent de grossir.
Les petits fruits et les pédoncules demeurent verts. Les petits fruits et les pédoncules jaunissent ou rougissent.
Les sépales se replient et se referment vers le calice. Les sépales demeurent ouverts ou repliés vers l’extérieur.
  • Tenir compte de la sensibilité des cultivars face aux agents éclaircissants et des autres facteurs qui influencent la sensibilité aux traitements d’éclaircissage. Tout comme lors de l’évaluation de la pollinisation, il est important de considérer les conditions météorologiques présentes lors de la nouaison et les autres facteurs qui influencent les conditions d’éclaircissage. Les cultivars de pomme n’ont pas tous la même sensibilité aux agents éclaircissants. Le tableau ci-après présente une classification générale des principaux cultivars en fonction de leur facilité d’éclaircissage:
FACILE FACILE À MODÉRÉ MODÉRÉ DIFFICILE
Jersey Mac Ginger Gold Ambrosia Paulared
Spartan (premières années) Lobo Sunrise Honeycrisp
Cortland Jonagold Spartan (en équilibre) Gala
McIntosh Rosinette Empire
Passionata Orléan

Appliquer les doses d’éclaircissants en fonction du modèle de bilan glucide : des essais réalisés à l’Université Cornell (Lakso, A. 2011 et Robinson, T. et A. Lakso, 2011) ont déterminé que les périodes en floraison et post-floraison où le pommier a un surplus ou un déficit en hydrates de carbone sont déterminantes pour l’efficacité des agents éclaircissants. Ainsi, du temps ensoleillé, des températures fraîches et une humidité relative faible au moment de l’éclaircissage ainsi que durant les cinq jours suivants réduisent l’effet des produits utilisés pour l’éclaircissage. À l’inverse, des conditions météorologiques nuageuses, chaudes et humides amplifient l’effet des produits utilisés pour l’éclaircissage. Ces facteurs influencent la photosynthèse et la respiration des pommiers. Ce phénomène a été intégré dans un modèle développé par les auteurs. Les concepteurs de RIMpro en ont fait une version disponible en ligne. Pour en savoir plus sur ce modèle, consultez l’article RIMpro éclaircissage: un nouvel outil pour planifier l’éclaircissage.

Mise en garde lors Période de chaleur intense (canicule) : en 2024 dans l’état de New York l’usage d’un agent éclaircissant 5 jours avant une période de chaleur intense (canicule, plus de 30°C) a mené à un sur éclaircissage; la chaleur intense suivant le traitement a grandement augmenté le stress sur les arbres en plus de l’effet de l’agent éclaircissant. Une période de canicule se produisant entre 8-20 mm de grosseur des fruits peut provoquer à elle seule un bon effet d’éclaircissage. Dans ce genre de situation réduisez vos doses OU attendez et retardez votre application.

Évaluation de l’efficacité de l’éclaircissage

Selon les conditions météo Il faut compter au minimum de 7 à 10 jours pour voir les effets d’un traitement et ainsi connaître son efficacité. On peut mesurer et suivre le calibre des fruits noués sur les bouquets afin de connaitre l’efficacité d’un traitement d’éclaircissage.

Stade de nouaison (source : Evelyne Barriault, MAPAQ).

Le mesurage des fruits juste avant l’éclaircissage et par la suite aux 3 jours va nous permettre de constater que certains d’entre eux auront un faible taux de croissance par rapport aux autres et qu’ils finiront par chuter. Ceci nous évitera peut-être un autre traitement d’éclaircissage. Le modèle utilisé a été développé par Dr. Duane Green de l’Université du Massachusetts, vous pouvez vous inscrire sur la plateforme ici.

Éclaircissage manuel

Une fois les agents éclaircissants appliqués, il faut attendre la chute physiologique des fruits (fin juin à début juillet) pour évaluer les besoins d’éclaircissage manuel. L’éclaircissage manuel a pour but de contrôler la charge de récolte et permet d’éliminer les pommes avec des défauts (anneaux de gel, blessure mécanique, piqûres d’insectes, etc.). Une charge trop élevée a des impacts négatifs sur la qualité des fruits et favorise l’alternance de production. Tel que mentionné dans la fiche sur La récolte et la mise en marché, une charge trop élevée a également un impact sur la maturité et la chute des fruits à la récolte.

Des expériences menées au Québec avec le cultivar Honeycrisp nous ont permis de mesurer les impacts de différentes charges de récolte sur plusieurs facteurs qui caractérisent la qualité des fruits. Les figures suivantes illustrent les résultats de ces études.

Influence de la charge de récolte sur le pourcentage de coloration des pommes Honeycrisp sur porte-greffe B.9 (source : Serge Mantha).

Influence de la charge de récolte sur le calibre des pommes Honeycrisp sur porte-greffe B.9 (source : Serge Mantha).

Influence de la charge de récolte sur la pression, le Brix (%) et le stade amidon (selon la charte Évaluer la maturité des pommes – Test de l’amidon du CRAAQ) des pommes Honeycrisp sur porte-greffe B.9 à la récolte (source : Serge Mantha).

Il est donc important de bien contrôler la charge de récolte afin de maximiser la qualité des fruits. Cette opération est surtout nécessaire sur les cultivars dont l’alternance est marquée. Toutefois, elle permet d’améliorer grandement la qualité des fruits sur l’ensemble des cultivars, tel que l’illustrent les photographies et l’explication qui suivent.

Honeycrisp/B.9 non éclairci manuellement (gauche) et Honeycrisp/B.9 éclairci manuellement à 4 fruits/cm2 de TCA (droite)(source : Serge Mantha).

Comment éclaircir manuellement et combien de fruits faut-il enlever?

La vieille méthode consiste à laisser un fruit par bouquet quand les fruits ont atteint environ 25 mm de diamètre. Cette méthode manque cependant de précision et dans le cas de nouveaux cultivars, tels que la Honeycrisp, laisse encore un trop grand nombre de fruits sur l’arbre, ne permettant pas d’obtenir les standards de qualité désirés. Ainsi deux autres méthodes sont actuellement proposées aux pomiculteurs pour leur permettre de produire les plus belles pommes : le Trunk Cross-sectional Area (TCA) et le gabarit Équilifruit.

TCA = (Diamètre du tronc / 2)2 × 3,1416, Nombre de fruits = TCA × ratio souhaité (gauche) et Équilifruit = ratio souhaité × aire de la branche fruitière, Nombre de fruits = total des branches fruitières (source : inconnue).

La première méthode proposée est celle du TCA, basée sur le nombre de fruits à laisser en fonction de la vigueur de l’arbre. Tel qu’illustré à la figure ci-haut, le TCA est obtenu en mesurant le diamètre du tronc à 30 cm du sol et par calcul à l’aide de la formule mathématique énoncée dans la même figure. Le nombre de fruits à laisser sur l’arbre après éclaircissage est obtenu en multipliant le TCA par le ratio nombre de fruits/TCA désiré. Ce ratio varie en fonction du cultivar : un ratio de 4 à 6 fruits/cm2 est recommandé pour les variétés alternantes, tels que la Honeycrisp, et de 6 à 9 fruits/cm2 pour les variétés non alternantes, tels que la McIntosh. Il existe également un gabarit développé par l’Université Cornell qui permet d’obtenir directement le nombre de fruits à laisser en mesurant le tronc de l’arbre. Cette méthode est assez précise mais laborieuse et peu applicable en verger commercial.

Le tableau suivantle nombre de fruit à conserver selon la variété et la surface transversale du tronc (TCA) ou des branches fruitières (adapté de Schwallier. P. et A. Brown 2015 Crop load guide for young apple trees):

DENSITÉ CIBLE DE FRUITS PAR VARIÉTÉ ARBRES MATURES COMMENTAIRES JEUNES ARBRES
Honeycrisp 7 à 8 Biannuel et gros fuits 5 à 6
Gala 8 à 10 Petits fuits 6 à 8
Jonagold 8 à 11 Biannuel et gros fuits 6 à 7
Majorité des variétés 8 à 9 Variétés standards 6 à 7
Pour les gros fruits, cibler la densité recommandée la plus faible, i.e. pour les barquettes de Gala, cibler 8 fruits /CSA. Pour les plus petits fruits (fruits pour sacs), cibler la densité recommandée la plus élevée, i.e. pour les sacs de Gala, cibler 10 fruits/CSA.

Quand réaliser l’éclaircissage manuel? 

L’éclaircissage manuel devrait débuter le plus tôt possible mais peut-être réalisé presque jusqu’à la récolte. Dans le cas du cultivar Honeycrisp, l’initiation florale est plus rapide que les autres variétés de pommes et elle est terminée 40 jours après la date de la pleine floraison. C’est pourquoi, ce cultivar devrait être éclaircis manuellement le plus tôt possible.

La deuxième méthode est l’utilisation du gabarit Équilifruit (figure ci-haut) développé par le groupe MAFCOT en France. Ce gabarit qui est plus convivial, est déjà utilisé par plusieurs pomiculteurs du Québec. Le gabarit permet de mesurer l’aire des branches fruitières et d’y associer un nombre de fruits à conserver après éclaircissage manuel. Ce nombre de fruits est fonction d’un ratio de fruits/cm2 de branches fruitières particulier à chaque cultivar. Le ratio varie de 3 fruits/cm2 de branches fruitières pour les cultivars alternants, tels que la Honeycrisp, jusqu’à 6 fruits/cm2 de branches fruitières pour les cultivars non alternants, tels que la McIntosh.

 

Pour en savoir plus

Vidéo sur la taille de précision

OMAFRA – Éclaircissage des arbres fruitiers

 

Références

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  2. Costa, G., Blanke, M. M. & Widmer, A. Principles of thinning in fruit tree crops – needs and novelties. Acta Hort. 998: 17-26. (2013).
  3. Wildmer, A., Gölles, M. & Leumann, R. Éclaircissage mécanique en arboriculture – fiche technique 1-02-001. Station de recherche ACW. (2012).
  4. Schupp, J.R. & Kon, T. M. Mechanical Blossom Thinning of ‘GoldRush’/M.9 Apple Trees with Two String Types and Two Timings. J. Am. Pomol. Soc. 68(1): 24-31. (2014).
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Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

Auteurs de la première édition : Gérald Chouinard, Yvon Morin, Robert Maheux, Sylvie Bellerose, Francine Pelletier et Maude Lachapelle
Auteure de la mise à jour 2023 : Gaëlle Charpentier
Dernière mise à jour par l’auteure : 26 janvier 2023

 

Les produits phytosanitaires, ou pesticides, sont réglementés par la Loi sur les produits antiparasitaires (LPA, consultez la fiche sur L’utilisation des pesticides (homologation, vente, entreposage et application) et la loi). Ils sont destinés à protéger les végétaux contre tout organisme nuisible, à réguler la croissance des végétaux et à détruire les végétaux indésirables. Les pesticides sont des intrants utilisables en PFI, à condition de respecter les trois conditions suivantes :

  • Les utiliser au minimum, en intervenant lorsque les seuils d’intervention sont atteints à la suite d’un dépistage et/ou selon un modèle prévisionnel ;
  • Favoriser les produits à faible impact (produits classés « verts », consultez l’affiche PFI de l’année en cours disponible sur agri-réseau ou dans la fiche sur les Ressources essentielles en PFI) ;
  • Respecter les conditions nécessaires à une utilisation sécuritaire et soucieuse de l’environnement.

La présente fiche vous aidera à respecter ces trois conditions. Référez-vous également aux méthodes de lutte contre les insectes, les acariens, les maladies et les autres ravageurs sur le guide de référence en production fruitière intégrée 2021 pour des recommandations adaptées à une problématique particulière.

Les différents types de pesticides

Les pesticides utilisables en PFI sont les suivants :

TYPE DE PESTICIDE ORGANSIMES VISÉS
Acaricide acariens (tétranyques et ériophyides)
Bactéricide bactéries
Fongicide champignons (tavelure, etc.)
Herbicide végétaux
Insecticide Insectes
Nématicide nématodes
Régulateurs de croissance végétaux
Rodenticide rongeurs

Formulation

La formulation commerciale d’un pesticide est composée d’une ou de plusieurs matières actives auxquelles sont ajoutés d’autres produits qualifiés d’inertes ou d’adjuvants. Ces produits influencent grandement l’efficacité de l’application, notamment en améliorant la stabilité physique ou chimique de la bouillie.

Voici quelques exemples de produits utilisés en tant qu’adjuvants :

Les solvants (distillats de pétrole tels naphta, xylènes, alcools et glycols)
Ils dissolvent la matière active dans les formulations liquides telles les émulsions concentrées (EC), les solutions (SN) et les suspensions concentrées (SC). En raison de la toxicité des solvants, tout produit contenant plus de 10 % de distillats de pétrole est automatiquement considéré comme un poison, qu’il contienne ou non un pesticide. Tout comme l’huile minérale, les émulsions concentrées de solvants peuvent entrainer des problèmes de phytotoxicité si elles ne sont pas appliquées selon les recommandations. De façon générale, évitez de mélanger le cuivre, le captane et/ou les strobilurines avec des formulations liquides EC afin de prévenir les risques de phytotoxicité.

Les stabilisants (tampons pH, antioxydants)
Ils limitent la dégradation de la matière active pouvant être provoquée par les acides, les bases, la lumière ou tout autre agent susceptible d’être présent dans le produit, la bouillie ou l’environnement.

Les tensioactifs (émulsifiants, surfactants, mouillants)
Ceux-ci diminuent la tension superficielle de l’eau améliorant ainsi :

  • L’étalement de la bouillie sur la plante et sur les ravageurs ;
  • L’adhérence sur les parties traitées ;
  • La résistance au lessivage.

Les agents anti-moussants

Ils réduisent la formation de mousse créée lors de l’agitation par la présence d’agents tensioactifs.

Classification des pesticides selon leur formulation

Les principales formulations utilisables en PFI sont présentées au tableau suivant (avec l’abréviation équivalente en anglais). Toutefois de nouvelles formulations apparaissent rapidement sur le marché et cette liste n’est pas exhaustive.

FORMULATIONS LIQUIDES

Français Abréviation Anglais
Concentré émulsifiable  EC  Emulsifiable concentrate
Concentré soluble dans l’eau WS Water soluble concentrate
Suspension

Suspension concentrée
(ou Concentrée pulvérisable)

SU

SC

F/FL

Suspension

Suspension concentrate
(ou sprayable concentrate)

Flowable

Liquide LI Liquid
Solution SN / SL Solution

FORMULATIONS SOLIDES

Poudre mouillable W/WP/WS Wettable powder
Poudre soluble SP Soluble powder
Granules GR Granular
Pâte fluide

Granulés dispersables dans l’eau

Granulés mouillables

DF

WDG

WG

Dry flowable

Water dispersible granules

Wettable granules

Granules solubles SG Soluble granules
Sachets solubles SP

WSP

Soluble Packet, Instapak, Solupak

Water Soluble Pouches

 

 

 

 

 

Dans le cas des formulations solides, la concentration est normalement exprimée en pourcentage, comme dans l’exemple suivant : PENNCOZEB 80WP = 80 % de matière active (mancozèbe).

Dans le cas des formulations liquides, la concentration est généralement indiquée en grammes de matière active par litre de formulation, comme dans l’exemple suivant : MATADOR 120 EC = 120 g de lambda-cyhalothrine par litre de produit.

Des exceptions confirment cependant la règle (par exemple, DECIS 5 EC = 5,0 % de matière active). Il faut donc lire attentivement l’étiquette pour connaitre la concentration d’un produit avec lequel on n’est pas familier.

Activité systémique (totale ou translaminaire)

Un pesticide systémique pénètre dans la plante et est véhiculé à l’intérieur de celle-ci. Il atteint ainsi les parties de la plante qui n’ont pas été touchées par la pulvérisation. En plus d’être moins sujets au lessivage, les produits systémiques possèdent habituellement une activité résiduelle plus longue. Une activité systémique totale implique un déplacement des pesticides systémiques autant vers le haut que vers le bas de la plante. Quant au pesticide translaminaire, il est absorbé localement et transporté à travers la feuille, du dessus au-dessous (et vice-versa). Il n’a pas la capacité de se déplacer vers les nouvelles feuilles.

Il est donc important de considérer le développement foliaire (sortie de nouvelles feuilles) et le grossissement du fruit dans l’efficacité de ces pesticides. Des essais de l’IRDA concernant les fongicides utilisés contre la tavelure du pommier ont démontré que le développement foliaire est un facteur limitant dans le renouvellement des traitements, y compris avec les fongicides systémiques.

Pour maximiser l’efficacité de ces pesticides, il faut favoriser leur absorption par le pommier. Il est donc recommandé de les appliquer lorsque le temps est chaud et humide, par exemple le matin ou le soir, plutôt qu’en plein soleil ou par temps venteux et sec. Plusieurs insecticides et acaricides homologués en vergers ont une action systémique locale.

Résistance au lessivage par la pluie

La plupart des nouveaux insecticides et acaricides utilisés en pomiculture sont formulés pour résister au délavage causé par la pluie après un traitement. Mais combien de millimètres de pluie sont nécessaires pour faire en sorte que le traitement ne soit plus efficace ? La réponse dépend bien sûr de la résistance au délavage du produit (tableau ci-après), mais aussi de l’espèce et du stade visé (œuf, larve, adulte) et de la partie du pommier (feuille, fruit ou bois) visée par le ravageur.

Ainsi, un insecte immature et sensible à un insecticide donné nécessitera que très peu de résidus pour être efficacement contrôlé. Cependant, si cet insecte atteint un stade plus avancé et qu’il se niche à l’intérieur d’un groupe de feuilles enroulées, il risque de ne plus être affecté par des résidus délavés par la pluie.

Le tableau suivant, adapté du Michigan Fruit Management Guide, présente la résistance au lessivage des principales familles d’insecticides. C’est un outil de plus pour vous aider à prendre une décision éclairée en matière de PFI dans votre verger, de concert avec vos données de dépistage et l’historique des ravageurs dans vos pommiers. À noter que pour les produits systémiques, les résidus absorbés dans les tissus ne peuvent être lessivés et que les cotes ne valent que pour la portion non-absorbée des produits.

PRÉCIPITATIONS CUMULÉES : ≤12,5 mm ≤25 mm ≤50 mm
Fruits Feuilles Fruits Feuilles Fruits Feuilles
Organophosphorés * ** * ** * *
Pyréthrinoïdes ** ** ** ** * *
Carbamates ** ** ** ** * *
Régulateurs de croissance des insectes (IGRs)2 ** ** ** ** * *
Néonicotinoïdes1 ** *** * * * *
Spinosynes2 *** ** *** ** ** *
Diamides1 *** *** *** ** ** *
Avermectines1 ** *** * ** * *

*** Très résistant au délavage : moins de 30 % des résidus lessivés.
** Résistant au délavage : moins de 50 % des résidus lessivés.
* Faible résistance au délavage : au moins 70 % des résidus lessivés.
1 Familles de produits comportant principalement des insecticides à action systémique
2 Familles de produits comportant quelques insecticides à action systémique translaminaire

Photosensibilité

Pour compter sur un contrôle résiduel des insectes de la part des matières actives, il ne faut pas oublier que certaines matières actives comme le Bt (DIPEL, BIOPROTEC) et le granulovirus du carpocapse de la pomme (Virosoft, CYD-X) se décomposent plus rapidement lors de journées ensoleillées que lors de journées nuageuses. Consultez les étiquettes pour connaître la photosensibilité des produits.

Caractéristiques des principales familles d’insecticides et d’acaricides

Carbamates – groupe 1A : Les carbamates agissent sur le système nerveux des insectes en inhibant l’acétylcholinestérase, une importante enzyme impliquée dans le fonctionnement des systèmes nerveux et musculaire. Cette action provoque une paralysie de l’influx nerveux, la contraction involontaire et répétée des muscles, puis la mort des insectes sensibles. Comme le système enzymatique des insectes est activé par la température, ces produits sont plus efficaces lorsque la température est suffisamment élevée lors de l’application (minimum 15 °C, préférablement au-dessus de 20 °C). En général, ils sont peu compatibles avec la PFI (ex. : SEVIN, homologué comme agent éclaircissant).

Insecticides microbiens : Ce type de pesticide est particulier puisque son ingrédient actif est un micro-organisme (bactérie, champignon, virus, etc.) ou il est produit par celui-ci. Les insecticides microbiens font partie des biopesticides (ex. : BIOPROTEC, VIROSOFT). En général ceux-ci sont acceptés en production certifiée biologique, cependant vous devez toujours valider avec votre organisme de certification avant d’utiliser un pesticide.

Néonicotinoïdes – groupe 4A : Ces insecticides agissent sur le système nerveux central des insectes. Les insectes cessent alors de s’alimenter et sont paralysés ; ils meurent de faim ou de déshydratation ou sont victimes de prédateurs. Ce sont des produits à action systémique locale (translaminaire). Ils sont généralement très toxiques pour les abeilles (ex. : ASSAIL, CALYPSO).

Organophosphorés – groupe 1B : Tout comme les carbamates, les organophosphorés agissent sur le système nerveux des insectes en inhibant l’acétylcholinestérase. Ces produits sont donc plus efficaces lorsque la température est suffisamment élevée lors de l’application (minimum 15 °C, préférablement au-dessus de 20 °C). Ces produits agissent principalement par contact direct de la bouillie sur l’insecte lors de l’application ou par ingestion de résidus laissés à la surface des feuilles et des fruits. Ils sont peu compatibles avec la production fruitière intégrée, sauf certaines exceptions (ex. : IMIDAN).

Huiles – groupe UNM : Ces produits d’origine minérale ou végétale agissent par contact physique et provoquent l’asphyxie des œufs d’insectes et acariens (plus particulièrement le tétranyque rouge) ou encore le ramollissement de l’enveloppe externe chez les insectes à cuticule cireuse (cochenille) (ex. : HUILE SUPÉRIEURE, HUILE D’ÉTÉ).

Pyréthrinoïdes de synthèse – groupe 3 : Les pyréthrinoïdes sont des insecticides de synthèse apparentés à un insecticide naturel appelé pyréthrine. Bien que leur mode d’action ne soit pas tout à fait élucidé, il est connu qu’elles agissent sur le système nerveux en paralysant l’insecte, à la façon des organochlorés. Elles agissent principalement par contact et ingestion. Elles ne sont pas dégradées par la lumière et demeurent donc efficaces sur le feuillage pendant une période prolongée (3-4 semaines). Les pyréthrinoïdes utilisées dans les vergers ne doivent pas être appliquées lorsque la température est supérieure à 25 °C. Elles sont toutes très toxiques pour les poissons et pour plusieurs insectes et acariens utiles, et pour cette raison, leur utilisation n’est pas recommandée après la floraison (ex. : DECIS, MATADOR, SILENCER).

Régulateurs de croissance des insectes : Ce groupe de produits inclut différentes familles chimiques qui imitent l’hormone de mue (régulateurs de croissance) chez les insectes. Les larves exposées subissent une mue incomplète ou cessent de se nourrir, puis meurent dans les jours suivants. Certains de ces produits peuvent également avoir un effet sur les œufs (voir par exemple la fiche sur Le carpocapse de la pomme) (ex. : CONFIRM, INTREPID, RIMON).

Spinosynes – groupe 5 : Cette famille de produits agit au niveau des récepteurs nicotiniques qui transmettent les messages au système nerveux des insectes. Elle agit par contact et par ingestion (ex. : SUCCESS, ENTRUST, DELEGATE, GF-120).

Autres familles : Les nouveaux insecticides appartiennent souvent à des familles chimiques particulières. Les propriétés de ces familles sont souvent uniques. Afin d’en savoir plus à ce sujet, consultez la fiche sur les Insecticides homologués en pomiculture au Québec . Parmi les familles particulières se retrouvent les avermectines – groupe 6 (ex. : AGRI-MEK), les acides tétroniques et tétramiques – groupe 23 (ex. : ENVIDOR, MOVENTO), les inhibiteurs du complexe III de transport mitochondrial – groupe 20 (ex. : ACRAMITE, KANEMITE), les inhibiteurs de croissance des acariens – groupe 10A (ex. : APOLLO), les diamides – groupe 28 (ex. : ALTACOR, EXIREL), les flonicamides – groupe 29 (ex. : BELEAF) et plusieurs autres.

Caractéristiques des principales familles de fongicides

Les familles de fongicides sont décrites aux côtés des formulations commerciales et des matières actives concernées dans la fiche Caractéristiques des produits utilisés pour réprimer les maladies en pomiculture au Québec.

Produits phytosanitaires autres que les pesticides

Tout produit commercial utilisé dans un but de protection doit être homologué au Canada pour que son utilisation soit permise. Ceci inclut donc non seulement les pesticides au sens strict, mais aussi les savons, les huiles, les phéromones, les bactéries et micro-organismes bénéfiques pouvant avoir un effet protecteur. Pour fins de simplification, ces produits ont été inclus, en se basant sur leur efficacité principale, dans les descriptions figurant aux fiches de la section Description des pesticides du guide de référence en production fruitière intégrée 2021.

Notez cependant qu’il existe tout de même de rares produits qui ne nécessitent ni homologation ni autre autorisation pour être appliqués en vergers, comme par exemple, les « macro-organismes » utiles présents naturellement dans la même zone écologique que celle dans laquelle se trouve votre verger. Par exemple : coccinelles, nématodes, acariens prédateurs, trichogrammes, etc. décrits dans la fiche  Les espèces utiles, une ressource à protéger.

Rationaliser l’usage des pesticides

Les pesticides peuvent apparaître comme des solutions à tous les problèmes, mais ils ont bien des inconvénients dont les producteurs de pommes, autant que les acheteurs de pommes, sont de plus en conscients. Avant de penser « pesticide », posez-vous toujours les questions suivantes :

  • Est-ce que la problématique a été bien mesurée ? Est-ce qu’il y a un historique (antécédent) de dégâts ?
  • Est-ce que les autres techniques (prévention, dépistage, action des espèces utiles, etc.) ont été utilisées pour régler le problème ?
  • L’application d’un pesticide (ou l’utilisation d’autres méthodes) est-elle économiquement rentable ?

Pour répondre à ces questions, particulièrement au sujet de la rentabilité, il faut évaluer le gain que le traitement devrait raisonnablement procurer et le comparer au coût du traitement envisagé. La comparaison n’est pas qu’une question de coût immédiat. Il faut également évaluer l’efficacité du pesticide contre le ravageur visé et ses effets possibles sur l’environnement et sur les espèces utiles à l’œuvre dans votre verger. La rentabilité réelle des pesticides n’est pas toujours aussi bonne qu’elle le semble à première vue. Tenez donc compte des facteurs suivants pour rationaliser leur utilisation :

Quantité :

Achetez des volumes qu’il vous sera possible d’entreposer dans votre local à pesticides selon les règles d’entreposage du Code de gestion des pesticides. Pour de plus amples informations, référez-vous à la fiche sur L’utilisation des pesticides (homologation, vente, entreposage et application) et la loi.

Efficacité principale et secondaire :

Consultez la fiche sur l’Efficacité potentielle des insecticides et acaricides et la fiche Caractéristiques des produits utilisés pour réprimer les maladies en pomiculture au Québec et utilisez uniquement des produits homologués et recommandés contre les ravageurs de la pomme. Certains pesticides sont plus efficaces que d’autres contre un ravageur donné et pourront avoir une action secondaire intéressante pour votre situation.

Par exemple, une application de carbaryl (SEVIN) comme agent d’éclaircissage peut réprimer adéquatement la cicadelle blanche du pommier, alors que l’application d’un organophosphoré (comme IMIDAN) contre le charançon de la prune n’aura aucun effet sur la cicadelle.

Formulation :

Favorisez les granulés dispersibles (DG) aux poudres mouillables (WP) car ces dernières engendrent beaucoup de poussières toxiques lors de leur manipulation. Portez attention aux émulsions concentrées (EC) qui contiennent des solvants souvent toxiques et qui peuvent poser des problèmes d’incompatibilité lors des mélanges (voir la fiche sur la Compatibilité des mélanges). De plus, les EC doivent généralement être entreposées à l’abri du gel.

Indice d’impact :

Évaluez l’impact potentiel de chaque application prévue. Cet impact peut être évalué selon trois indices :

  • l’IRS (Indice de risque pour la santé) ;
  • l’IRE (Indice de risque pour l’environnement) ;
  • l’IRB (Indice de risque pour la faune bénéfique).

Les deux premiers indices font partie de l’Indicateur de risque des pesticides du Québec (IRPeQ), et le troisième, développé par l’IRDA, se trouve dans la Classification des pesticides utilisables en PFI en fonction de leur impact sur l’environnement, la santé et la faune auxiliaire pour les fins du programme de PFI. Les valeurs de ces indices, pour des applications à la dose maximale homologuée en pomiculture, se retrouvent dans les tableaux des fiches suivantes : Efficacité potentielle des insecticides et acaricides et Caractéristiques des produits utilisés pour réprimer les maladies en pomiculture au Québec.

Dans l’exemple ci-haut d’une application de SEVIN comme agent d’éclaircissage, l’examen des cotes d’impact révèle que ce produit a un IRB très élevé, donc un impact négatif important sur la faune auxiliaire (abeilles, prédateurs d’acariens et de pucerons, parasites de mineuses, de tordeuses et de pucerons). Cet effet secondaire indésirable peut être évité par l’utilisation d’un autre agent d’éclaircissage, lorsque disponible pour le cultivar concerné.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

 

Auteurs de la première édition : Gérald Chouinard, Yvon Morin, Robert Maheux, Sylvie Bellerose et Maude Lachapelle
Auteures de la mise à jour 2024 : Francine Pelletier, Stéphanie Gervais, Catherine Pouchet et Audrey Charbonneau
Dernière mise à jour par les auteures : 8 mars 2025

 

Cette fiche présente une description sommaire et une liste non exhaustive des acaricides homologués pour les vergers de pommiers au Canada pour l’année 2025. À chaque début de saison, le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) du pommier effectue une mise à jour de cette liste et diffuse les ajouts et retraits par le biais de communiqués. Consultez la fiche sur les Ressources essentielles en PFI pour en savoir plus sur le RAP.

NOTE : Pour une information complète et à jour sur les pesticides, visitez le service en ligne d’information sur les pesticides du gouvernement du Québec, SAgE pesticides, et du Canada, Recherche dans les étiquettes de pesticides – Santé Canada.

ATTENTION : Bien qu’homologués au Canada, les produits mentionnés ne sont pas nécessairement disponibles partout au pays, et ils ne sont pas nécessairement autorisés aux États-Unis ou ailleurs dans le monde. Avant de les utiliser, il importe donc de vérifier les conséquences possibles de leur utilisation si la récolte doit être exportée.

Cliquez ici pour télécharger le tableau complet.

Extrait du tableau acaricides homologués en pomiculture au Québec.

ACRAMITE (bifénazate) : Cet acaricide sélectif de synthèse de la famille des bifénazates agit rapidement par contact et possède une bonne activité résiduelle. Il n’est pas systémique. Une excellente couverture est requise et il faut ajuster le volume de bouillie selon le gabarit des arbres. Il ne présente pas de risque de résistance croisée avec les autres acaricides. Un adjuvant peut être ajouté pour améliorer la qualité de la pulvérisation selon les indications sur l’étiquette.

AGRI-MEK (abamectine) : Cet acaricide sélectif naturel de la famille des avermectines dérivé de la fermentation de la bactérie Streptomycines avermitilis possède aussi des propriétés insecticides. Il agit surtout par ingestion, mais aussi par contact. Il possède une activité systémique locale (translaminaire) et une action persistante prolongée (de quatre à six semaines). Il est recommandé d’utiliser de l’huile horticole comme adjuvant, en respectant un délai de dix jours avant ou après un traitement avec un produit contenant du captane, du folpet ou du soufre.

APOLLO SC (clofentézine) : Ce produit est un acaricide sélectif de synthèse de la famille des tétrazines. Il agit principalement par contact sur les œufs et les larves. Il possède une activité systémique locale (translaminaire) et une action persistante prolongée. Cet acaricide a une certaine efficacité contre les stades immatures, mais est inefficace contre les adultes. Il agit moins rapidement que la plupart des acaricides : attendre deux à trois semaines avant de vérifier l’efficacité du traitement.

ENVIDOR (spirodiclofène) : Ce produit est un acaricide sélectif de synthèse de la famille des dérivés de l’acide tétronique. Il agit par contact sur tous les stades de développement incluant les œufs et les femelles adultes. Il n’est pas systémique mais il se fixe à la cuticule des feuilles ce qui lui confère une activité résiduelle de plusieurs semaines. Il n’est pas recommandé de le mélanger avec des adjuvants ou des produits qui en contiennent.

HUILE SUPÉRIEURE 70S (et autres formulations) : Cet acaricide et insecticide minéral à large spectre agit par contact physique (asphyxie) sur les œufs d’acariens et de plusieurs insectes. Lorsqu’appliqué au printemps avant l’éclosion des œufs du tétranyque rouge, ce produit constitue une excellente façon de prévenir leur multiplication. Il ne favorise pas le développement de la résistance chez les insectes et acariens. ATTENTION : évitez d’appliquer des produits contenant du captane, du folpet ou du soufre dans les 10-14 jours précédant ou suivant une application d’huile. Dans le cas des cultivars Empire et Délicieuse rouge, toute période de gel moins de 48 heures avant ou après une application risque également de causer des problèmes de phytotoxicité. Ce produit est admissible en production biologique.

HUILE DE PULVÉRISATION 13E (PURE SPRAY): Cet acaricide et insecticide minéral à large spectre peut être utilisé comme huile de dormance, mais contrairement aux autres huiles, il peut aussi être appliqué l’été. Pour les traitements d’été, il faut l’appliquer sur les acariens à partir du stade calice et répéter aux 10 à 14 jours au besoin (trois applications annuelles sont recommandées). Il est important de surveiller la phytotoxicité en évitant d’appliquer, dans les 14 jours précédant ou suivant son utilisation, des produits contenant du captane, du folpet ou du soufre. Évitez également de l’utiliser lors des conditions de sécheresse ou dans les 48 heures suivant une période de gel. Ce produit est admissible en production biologique. Les formulations SUFFOIL-X et DOUBLE DOWN peuvent aussi être appliquées l’été.

KANEMITE (acéquinocyl) : Ce produit est un acaricide sélectif de synthèse de la classe des quinolines. Le produit agit principalement par contact, mais aussi par ingestion. Sa persistance d’action est modérée (environ trois semaines). Son mode d’action étant similaire à celui de l’acaricide NEXTER (pyridabène), il est recommandé de limiter l’application de ces deux produits à un traitement par saison afin d’éviter l’apparition de résistance croisée.

MAGISTER SC (fénazaquin) : Ce produit est un acaricide et fongicide contre l’oïdium. Ne pas appliquer pendant la floraison de la culture ou des plantes situés dans l’entre-rang car le produit est toxique pour les abeilles et les pollinisateurs sauvages. Aucun éclaircissage manuel avant 17 jours. Pour plus d’informations, consultez l’essai mené par le Michigan State University.

NEXTER (pyridabène) : Ce produit est un acaricide sélectif de synthèse de la famille des pyridazinones. Il agit par contact et offre un effet résiduel de quatre à sept semaines. Une excellente couverture est requise pour assurer l’efficacité du produit. Son mode d’action étant similaire à celui de l’acaricide KANEMITE (acéquinocyl), il est recommandé de limiter l’application de ces deux produits à un traitement par saison afin d’éviter l’apparition de résistance croisée.

NEALTA (cyflumetofen) : Ce produit est un acaricide sélectif de synthèse de la famille des benzoylacétonitriles. Il agit par contact et possède une bonne efficacité sur tous les stades des tétranyques (œufs et formes mobiles) mais pas sur les autres acariens nuisibles (ex. ériophyides) ou utiles (ex. phytoséides et stigmaéides).

SAFER’S, OPAL, KOPA, OLEGROW (sels de potassium d’acides gras) : Cet insecticide-acaricide naturel agit de manière sélective envers certains insectes à corps mou (pucerons, cochenilles) et envers les acariens. Il agit sur les œufs, les larves et les adultes par contact direct avec la solution liquide. Les résidus sont sans effet une fois séchés. Il peut causer de la roussissure sur fruits lorsqu’appliqué en solution diluée. Comme il s’agit d’un savon, l’agitation constante dans le réservoir est déconseillée car elle peut causer une mousse abondante et l’utilisation d’un agent anti-mousse est recommandée. Ce produit est admissible en production biologique.

SURROUND (kaolin) : un agent de lutte minéral non toxique à base d’argile, agissant comme une barrière physique sur les fruits pour aider à réduire les dommages causés par les insectes, mais ayant aussi un certain effet acaricide (principalement sur les stades immatures). Un lavage des fruits à la récolte peut être nécessaire afin d’éliminer les résidus blanchâtres. Ce produit est admissible en production biologique. Voir aussi la description du SURROUND dans la fiche sur les Insecticides homologués en pomiculture au Québec.

VYDATE L (oxamyle): voir la fiche sur les Insecticides homologués en pomiculture au Québec.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

Auteurs de la première édition : Gérald Chouinard, Yvon Morin, Robert Maheux, Sylvie Bellerose et Maude Lachapelle
Auteures de la mise à jour 2024 : Francine Pelletier, Stéphanie Gervais, Catherine Pouchet et Audrey Charbonneau
Dernière mise à jour par les auteures : 8 mars 2025

 

Cette fiche présente une description sommaire et une liste non exhaustive des insecticides homologués pour les vergers de pommiers au Canada pour l’année 2025. À chaque début de saison, le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) du pommier effectue une mise à jour de cette liste et diffuse les ajouts et retraits par le biais de communiqués. Consultez la fiche sur les Ressources essentielles en PFI pour en savoir plus sur le RAP.

NOTE : Pour une information complète et à jour sur les pesticides, visitez le service en ligne d’information sur les pesticides du gouvernement du Québec, SAgE pesticides, et du Canada, Recherche dans les étiquettes de pesticides – Santé Canada,

ATTENTION : Bien qu’homologués au Canada, les produits mentionnés ne sont pas nécessairement disponibles partout au pays, et ils ne sont pas nécessairement autorisés aux États-Unis ou ailleurs dans le monde. Avant de les utiliser, il importe donc de vérifier les conséquences possibles de leur utilisation si la récolte doit être exportée.

Cliquez ici pour télécharger le tableau complet. 

Extrait du tableau insecticides homologués en pomiculture au Québec.

ACETA (acétamipride) : voir ASSAIL.

AGRI-MEK (abamectine): voir la fiche Acaricides homologués en pomiculture au Québec.

ALTACOR (chlorantraniliprole) : Ce produit est un insecticide de synthèse à large spectre de la famille des diamides. Il agit surtout par ingestion et par contact et est véhiculé dans la plante de façon systémique locale (translaminaire). Il possède une action ovicide et larvicide contre différents lépidoptères (principalement larvicide dans le cas du carpocapse de la pomme). Il est recommandé d’appliquer le produit lors de conditions favorisant l’absorption du produit (séchage lent). L’utilisation d’un adjuvant n’est pas recommandée si l’application est effectuée dans les 60 jours précédant la récolte.

AMBUSH (perméthrine) : Cet insecticide de synthèse à large spectre est un produit de la famille des pyréthrinoïdes. Il agit par contact et par ingestion et possède une action persistante prolongée (deux à trois semaines). Il est nuisible pour plusieurs espèces d’insectes et d’acariens utiles et favorise la multiplication des acariens phytophages. Ce produit (la perméthrine) n’est pas compatible avec la PFI.

ASSAIL 70WP (acétamipride) : Ce produit est un insecticide de synthèse à large spectre de la famille des néonicotinoïdes, à activité systémique locale (translaminaire). Il agit principalement par ingestion. Il est recommandé de l’appliquer lors de conditions favorisant l’absorption du produit (séchage lent). Une phytotoxicité est observée lorsqu’utilisé avec AGRAL comme adjuvant.

BELEAF 50SG (flonicamide) : Cet insecticide sélectif de synthèse appartient à la famille des flonicamides. Il a une action systémique locale (translaminaire). Il peut protéger les nouveaux tissus jusqu’à trois semaines après l’application. Il agit par contact et par ingestion sur les divers types de pucerons.

BIOPROTEC (Bacillus thuringiensis var. kurstaki) : Ces produits sont des insecticides naturels sélectifs, composés de bactéries entomopathogènes et de cristaux protéiques. Ils sont photosensibles et doivent être ingérés par les larves pour être efficaces. Ils possèdent une action spécifique sur les larves de lépidoptères (chenilles). Il est préférable de les appliquer par temps nuageux ou en soirée, et lors de conditions chaudes (plus de 10 °C la nuit ou plus de 18 °C le jour). Ces conditions sont propices à l’activité des larves et à l’efficacité des applications. Il n’est pas recommandé de mélanger ces produits avec du bore. Ils sont admissibles en production biologique.

CALYPSO (thiaclopride) : Cet insecticide de synthèse à large spectre fait partie de la famille des néonicotinoïdes. Il agit par contact et par ingestion. Il possède une activité systémique locale (translaminaire). Ce produit ne peut pas être mélangé avec le fongicide ALIETTE (fosétyl-aluminium).

CLOSER (sulfoxaflor) : Cet insecticide de synthèse sélectif appartient à la famille des néonicotinoïdes. Il agit par contact et par ingestion. Il possède une activité systémique locale (translaminaire) et une persistance modérée (une à deux semaines). Il est homologué pour le contrôle des insectes suceurs (pucerons verts, pucerons roses et cochenilles) ainsi que le puceron lanigère (avec une moindre efficacité). Très toxique pour les abeilles.

CONFIRM 240F (tébufénozide) : Ce produit est un insecticide sélectif de synthèse du groupe des régulateurs de croissance des insectes, qui agit en provoquant une mue prématurée des insectes. Il possède une action spécifique sur les larves de lépidoptères (chenilles). Il agit par ingestion et il doit être consommé par les larves pour être efficace.

CYCLANILIPROLE (cyclaniliprole) : voir HARVANTA.

CYD-X (virus de la granulose du carpocapse) : voir VIROSOFT.

DANITOL (fenpropathrine) : Cet insecticide de synthèse fait partie de la famille des pyréthrinoïdes.  Il est homologué contre le carpocapse, la mouche de la pomme, le scarabée japonais, les mineuses et tordeuses, mais il est aussi efficace contre plusieurs autres espèces. Il agit par contact et ingestion. Comme tous les pyrèthres, il est très toxique pour les abeilles et pour les insectes utiles sans exception.

DECIS (deltamétrine) : Cet insecticide de synthèse à large spectre fait partie de la famille des pyréthrinoïdes. Il agit par contact et par ingestion. Il est nocif pour plusieurs espèces d’insectes et d’acariens prédateurs et favorise la multiplication des acariens phytophages. Il est recommandé de ne pas utiliser de pyréthrinoïdes après la floraison pour protéger la faune auxiliaire.

DELEGATE (spinétorame) : Ce produit est un insecticide à large spectre de la famille des spinosynes, dérivé d’un produit de fermentation d’une bactérie (Saccharopolyspora spinosa). Apparenté au spinosad (SUCCESS), il est cependant efficace contre un plus grand nombre de ravageurs et est moins photosensible. Il agit par ingestion et par contact. Pour obtenir un contrôle efficace, il doit être ingéré par les larves visées. Il possède une activité systémique locale (translaminaire). Il est recommandé d’éviter de le mélanger avec des produits qui élèvent le pH de la bouillie (ex. : calcium).

DIPEL (Bacillus thuringiensis var. kurstaki) : voir BIOPROTEC.

ENTRUST (spinosad) : voir SUCCESS.

EXIREL (cyantraniliprole) : Cet insecticide est homologué contre plusieurs ravageurs du pommier dont le carpocapse de la pomme, le charançon de la prune et la mouche de la pomme. Il agit principalement par ingestion.  Ce produit est translaminaire et il a une bonne persistance d’action. Il fait partie du groupe 28 (famille des diamides) dont plusieurs produits sont utilisés en pomiculture comme l’ALTACOR. La gestion des groupes d’insecticide est importante afin de lutter contre le développement de la résistance. Ce produit est toxique pour les abeilles.

GF-120 NF (spinosad 0,02 %) : Ce produit est un insecticide sélectif utilisé comme attracticide (appât toxique) pour la lutte contre la mouche de la pomme. Il s’applique sous forme ultra-concentrée (5-10 L de bouillie/ha) avec de grosses gouttelettes (> 5 mm) et une couverture uniforme n’est pas souhaitable. Il a un mode d’application garantissant la plus faible dérive et le plus faible impact sur l’environnement. Ce produit est admissible en production biologique.

HARVANTA 50SL (cyclaniliprole) : Un insecticide homologué pour le contrôle de la tordeuse à bandes obliques, le carpocapse de la pomme et la tordeuse orientale du pêcher ainsi que pour le contrôle partiel du charançon de la prune et de la mouche de la pomme. Il agit par contact et par ingestion et possède une activité systémique locale (translaminaire). Pour contrer le développement de résistance, ne pas utiliser en alternance avec d’autres produits du groupe 28 comme ALTACOR et EXIREL, ni appliquer plus de deux fois au cours d’une même génération d’un insecte nuisible ou à moins de 30 jours d’une autre application. Ce produit est toxique pour les abeilles.

HUILE SUPÉRIEURE (huile minérale) et HUILE DE PULVÉRISATION 13 E (huile minérale): voir à la fiche Acaricides homologués en pomiculture au Québec.

IMIDAN (phosmet) : Cet insecticide de synthèse à large spectre fait partie de la famille des organophosphorés. Il agit principalement par contact mais également par ingestion et inhalation. Ce produit est un irritant pour les yeux.

INTREPID (méthoxyfénozide) : Cet insecticide sélectif de synthèse est un régulateur de croissance qui fait partie de la famille des diacylhydrazines. Il agit par ingestion et possède une activité systémique locale (translaminaire). Il possède une action spécifique sur les larves de lépidoptères (chenilles) ainsi que sur les œufs. Une fois ingéré par la chenille, il provoque la mue, l’arrêt de la nutrition et la mort des larves à l’intérieur de deux à cinq jours. Une période de six heures de séchage est recommandée pour lui assurer une résistance au délavage.

ISOMATE CM/OFM TT (phéromone du carpocapse de la pomme, de la tordeuse orientale du pêcher et du petit carpocapse) : Ce produit n’est pas pulvérisé, il émane plutôt de diffuseurs qui doivent être installés, juste avant l’apparition des papillons, dans un faible nombre de pommiers répartis à l’intérieur du verger. La phéromone agit en empêchant l’accouplement des papillons listés sur l’étiquette, prévenant ainsi l’apparition des larves causant les dommages. Ce produit ne possède pas d’effet toxique ni pour l’humain ni pour l’environnement et il est admissible en production biologique.

diffuseur de phéromones du carpocapse de la pomme

Diffuseur d’Isomate accrocher dans un arbre pour la confusion sexuelle du carpocapse de la pomme (source : Francine Pelletier, IRDA).

ISOMATE CM FLEX (phéromone du carpocapse de la pomme) : Tout comme le produit précédent, ce produit ne possède pas d’effet toxique et agit en empêchant l’accouplement des papillons, prévenant ainsi l’apparition des larves causant les dommages. Il est spécifique au carpocapse de la pomme et est admissible en production biologique.

ISOMATE OFM TT (phéromone de la tordeuse orientale du pêcher) : Tout comme le produit précédent, ce produit ne possède pas d’effet toxique et agit en empêchant l’accouplement des papillons, prévenant ainsi l’apparition des larves causant les dommages. Son action est spécifique à la tordeuse orientale du pêcher et il est admissible en production biologique.

ISOMATE CM/LR TT (phéromone du carpocapse de la pomme, de la tordeuse à bandes obliques, de la tordeuse trilignée et de la tordeuse européenne) : Tout comme le produit précédent, ce cocktail de phéromones ne possède pas d’effet toxique et agit en empêchant l’accouplement des papillons listés surl’étiquette, prévenant ainsi l’apparition des larves causant les dommages. Ce produit ne possède pas d’effet toxique ni pour l’humain ni pour l’environnement et il est admissible en production biologique.

ISOMATE DWB (phéromone de la sésie du cornouiller) : Tout comme le produit précédent, ce produit ne possède pas d’effet toxique et agit en empêchant l’accouplement des papillons, prévenant ainsi l’apparition des larves causant les dommages. Son action est spécifique à la sésie du cornouiller et il est admissible en production biologique.

LABAMBA (lambda-cyhalothrine) : voir MATADOR.

MALATHION 85E (malathion) : Cet insecticide de synthèse à large spectre fait partie de la famille des organophosphorés. Il agit par contact, ingestion et inhalation. Ce produit est peu persistant sur le feuillage (moins d’une semaine).

MATADOR 120EC (lambda-cyhalothrine) : Cet insecticide de synthèse à large spectre fait partie de la famille des pyréthrinoïdes. Il agit par contact et par ingestion. Son action n’est pas systémique, mais persistante (trois à quatre semaines). Il est nuisible pour plusieurs espèces d’insectes et d’acariens utiles et favorise la multiplication des acariens phytophages. Il est recommandé de ne pas utiliser de pyréthrinoïdes après la floraison pour protéger la faune auxiliaire.

MOVENTO (spirotétramate) : Cet insecticide sélectif de synthèse fait partie de la famille des dérivés de l’acide tétronique. Il possède une activité systémique totale, c’est-à-dire qu’il est transporté dans toute la plante via le xylème et le phloème. Il agit par ingestion sur les insectes immatures se nourrissant de végétaux traités, par toxicité directe mais aussi en réduisant la capacité de reproduction de la femelle et la survie de sa progéniture. Il possède une action spécifique sur les pucerons et cochenilles. Le produit est peu toxique pour la faune auxiliaire en général mais modérément toxique pour les acariens prédateurs. De meilleurs résultats sont obtenus en l’utilisant avec un adjuvant non-ionique (ex.  AGRAL).

PERM-UP (perméthrine) : voir AMBUSH.

POLECI (deltaméthrine) : voir DECIS.

POUNCE (perméthrine) : voir AMBUSH.

RIMON (novaluron) : Ce produit est un insecticide sélectif de synthèse du groupe des régulateurs de croissance des insectes. Il possède une action spécifique sur les lépidoptères, essentiellement par ingestion (jeunes stades larvaires) et par contact (œufs). Il n’affecte pas le stade adulte des ravageurs visés. Bien que son action soit non-systémique, il est absorbé par la cuticule des feuilles (action transcuticulaire) et résiste bien au lessivage par la pluie ce qui lui confère une action persistante modérée (jusqu’à 14 jours sur feuillage, jusqu’à 10 jours sur fruits). C’est toutefois le « moins sélectif » des régulateurs de croissance des insectes et des applications répétées de ce produit peuvent causer une baisse des acariens prédateurs phytoséiides et une augmentation des populations de tétranyque rouge.

SAFER’S, OPAL, KOPA, OLEGROW (sel de potassium d’acide gras) : voir la fiche Acaricides homologués en pomiculture au Québec.

SEFINA (afidopyropen) : voir VERSYS.

SEVIN XLR (carbaryl) : Cet insecticide de synthèse à large spectre fait partie de la famille des carbamates. Il agit par contact et par ingestion. Il est nocif pour les abeilles et plusieurs insectes utiles et favorise la multiplication des acariens phytophages. Depuis 2017, cet insecticide est homologué uniquement comme agent d’éclaircissage des fruits. Ce produit peut être phytotoxique à haute dose, particulièrement sur le cultivar McIntosh, en conditions de séchage lent. Il y a aussi un risque d’incompatibilité lorsqu’appliqué en mélange avec de l’huile (huile supérieure et huile d’été).

SEMIOS CM PLUS (phéromone du carpocapse de la pomme): Ce produit n’est pas pulvérisé, il émane d’un distributeur à taux variable selon les captures enregistrées dans les pièges et d’un réseau maillé sans fil. Il interfère avec l’accouplement des papillons comme les ISOMATE CM/OFM TT. L’achat du piège vient avec un service d’accompagnement. Il peut être moins efficace dans certaines situations que les produits ISOMATE selon certaines données au Québec.

SILENCER (lambda-cyhalothrine) : voir MATADOR.

SHIP 250 EC (cyperméthrine) : voir UP-CYDE

SUCCESS (spinosad) : Cet insecticide naturel sélectif fait partie de la famille des spinosynes. Il provient des toxines produites par la bactérie Saccharopolyspora spinosa. Il agit par contact et par ingestion. Son activité est systémique locale (translaminaire). Il possède une action spécifique sur les larves de lépidoptères (chenilles) et est utilisé principalement, dans les vergers du Québec, pour le contrôle de la tordeuse à bandes obliques. Il est recommandé de l’appliquer lorsque les larves se nourrissent, en évitant les journées venteuses ou trop ensoleillées pour favoriser son absorption et réduire sa dégradation par la lumière. Il est aussi recommandé d’éviter de le mélanger avec des produits qui élèvent le pH de la bouillie (calcium). ENTRUST 80W est la formulation du spinosad admissible en production biologique.

SURROUND (kaolin) : Un agent de lutte minéral non toxique à base d’argile, agissant comme une barrière physique sur les fruits pour aider à réduire les dommages causés par les insectes et l’insolation. Pour obtenir de bons résultats, l’application du produit doit débuter avant l’apparition des insectes ravageurs et doit se poursuivre à une fréquence de 7 à 14 jours par la suite. Un lavage des fruits à la récolte peut être nécessaire afin d’éliminer les résidus blanchâtres. Ce produit est admissible en production biologique.

SIVANTO PRIME (flupyradifurone) : Cet insecticide de la famille des buténolides, a un mode d’action similaire à celui des néonicotinoïdes, mais son spectre d’action est beaucoup moins large, il est par conséquent moins toxique pour les abeilles. Dans la pomme, cet insecticide systémique est utilisable contre la plupart des insectes suceurs (pucerons, cicadelles, cochenilles) sauf le puceron lanigère.

THEME (thiaclopride) : voir CALYPSO.

TROUNCE (pyréthrines/sel de potassium d’acide gras) : Un insecticide-acaricide combinant la pyréthrine et le savon. Il agit par contact et ingestion et est toxique pour plusieurs insectes utiles incluant les abeilles. Ce produit est admissible en production biologique. Vérifier avec votre organisme de certification avant de l’utiliser.

UP-CYDE (cyperméthrine) : Ce produit est un insecticide de synthèse à large spectre de la famille des pyréthrinoïdes. Il agit par contact et par ingestion et possède une action persistante prolongée. Il est nuisible pour plusieurs espèces d’insectes et d’acariens utiles et favorise la multiplication des acariens phytophages. Ce produit (la cyperméthrine) n’est pas compatible avec la PFI.

VAYEGO (tétraniliprole) : De la même famille que ALTACOR et EXIREL, cet insecticide à large spectre est efficace particulièrement contre les chenilles (carpocapse, TBO) et l’hoplocampe. Il a aussi une certaine efficacité contre le charançon de la prune et la mouche de la pomme. Relativement sélectif envers les espèces utiles mais toxique pour les abeilles et les guêpes parasitoïdes. Activité systémique translaminaire, résistant au lessivage après l’assèchement du produit. Relativement persistant. Homologué seulement en post-floraison.

VERSYS (afidopyropen): Un insecticide dérivé du pyripyropène A produit par un champignon filamenteux. C’est le seul produit de ce groupe d’insecticides. Il agit par contact et est homologué contre le puceron rose et le puceron vert du pêcher. Ce produit est modérément toxique pour les abeilles.

VIROSOFT CP4, CYD-X (virus de la granulose du carpocapse) : Cet insecticide naturel sélectif d’origine virale est spécifique au carpocapse de la pomme. Il agit uniquement par ingestion. Il est produit à partir de souches de virus naturellement présents dans les vergers. Il est sans toxicité pour tous les autres organismes et pour l’environnement. Il s’applique par pulvérisation comme un insecticide, mais jamais par temps clair car l’exposition directe aux rayons solaires l’inactive. Il exige une bonne couverture, en utilisant un volume de bouillie selon le gabarit des arbres, c.-à-d. de 500-1000 L/ha. Des applications répétées sont nécessaires afin de bien atteindre l’ensemble de la population. Il n’est pas recommandé de le mélanger avec d’autres produits. Ce produit est admissible en production biologique.

VYDATE L (oxamyle) : Cet insecticide et acaricide de synthèse à large spectre fait partie de la famille des carbamates. Il possède également une action nématicide. Il agit par contact et possède une activité systémique. Il est utilisé dans les vergers du Québec principalement comme nématicide avant la plantation et comme insecticide-acaricide sur les arbres en pépinière. Il peut provoquer de la roussissure sur les fruits des cultivars sensibles.  Ce produit n’est pas compatible avec la PFI.

XENTARI WG (B. thuringiensis var. aizawai): C’est un insecticide spécifique aux lépidoptères qui agit par ingestion. Il est homologué contre certains ravageurs importants tels que le carpocapse de la pomme et la tordeuse à bandes obliques et aussi contre certaines chenilles défoliatrices. Ce produit est admissible en production biologique. Vérifiez avec votre organisme de certification avant de l’utiliser.

ZIVATA (lambda-cyhalothrine) : voir MATADOR

Notez que de rares produits ne nécessitent ni homologation, ni autre autorisation pour être appliqués en vergers, par exemple, les « macro-organismes » utiles présents naturellement dans la même zone écologique que celle dans laquelle se trouve votre verger. En pratique : coccinelles, nématodes, acariens prédateurs, trichogrammes, etc. Ces organismes sont décrits dans les fiches suivantes : Les espèces utiles, une ressource à protéger, Description et efficacité des prédateurs d’acariens, Description et efficacité des prédateurs de pucerons et Description et efficacité des parasitoïdes.

 

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

Auteurs de la première édition : Gérald Chouinard, Yvon Morin, Robert Maheux, Sylvie Bellerose et Maude Lachapelle
Auteures de la mise à jour 2024 : Francine Pelletier et Stéphanie Gervais
Dernière mise à jour par les auteures : 8 mars 2024

 

Les cotes d’efficacité potentielle des insecticides et des acaricides utilisables en pomiculture tiennent compte de la toxicité du produit, de sa persistance d’action et des contraintes reliées à sa période d’application. Elles ont été déterminées à partir des informations suivantes : recommandations de l’état de New York, de la Nouvelle-Angleterre, de l’Ontario, de la Pennsylvanie ainsi que des essais et observations effectués au Québec par les conseillers et chercheurs membres du Réseau-pommier.

Attention!

  • L’attribution d’une cote ne signifie pas que le produit est homologué pour cet usage spécifique, ni qu’il est disponible commercialement ou qu’il est recommandé ou admissible en PFI. Pour plus de détails sur chaque produit, consultez la fiche Acaricides homologués en pomiculture au Québec et Insecticides homologués en pomiculture au Québec.
  • Les cotes indiquent l’efficacité potentielle des produits sur le stade normalement visé pour une intervention. Cette cote tient compte de l’activité immédiate du pesticide, mais également de ses caractéristiques comme la persistance, l’activité systémique,
  • Pour connaitre l’efficacité réelle de l’intervention, il faut tenir compte non seulement de sa cote d’efficacité, mais également de la période et des conditions d’application. Par exemple, un produit potentiellement efficace, mais peu persistant et appliqué juste avant une pluie, aura une faible efficacité réelle.
  • Un produit ayant une cote supérieure n’est pas automatiquement le meilleur choix! Le coût du pesticide, sa toxicité pour les abeilles et les autres organismes utiles du verger, ses effets néfastes sur l’utilisateur et l’environnement, le type de marché visé, la gestion de la résistance, doivent également être considérés. À titre d’exemple, pour les vergers d’autocueillette, il est important à l’approche de la récolte d’éviter les applications qui laissent des résidus blanchâtres sur les fruits. La fiche sur Les espèces utiles, une ressource à protéger vous aidera également à choisir les produits ayant un minimum d’impacts négatifs sur les insectes et acariens utiles du verger.
  • L’efficacité des pesticides peut être modifiée lorsqu’ils sont mélangés à d’autres pesticides ou adjuvants. Dans certains cas, l’efficacité pourra être bonifiée, mais dans d’autres, l’effet pourra être nul, voir négatif. La fiche sur la Compatibilité des mélanges vous aidera à connaître les conséquences de cette pratique.
  • Ces cotes représentent la situation moyenne pour l’ensemble des vergers : la situation peut être différente de celle dans votre verger. Dans certaines régions du nord de Montréal et dans certains vergers ailleurs au Québec par exemple, la tordeuse à bandes obliques a développé de la résistance aux organophosphorés, aux pyréthrinoïdes et au tébufénozide

Les informations concernant les nouveaux produits et les insectes occasionnels sont fragmentaires et sujettes à révision.

Cliquez ici pour télécharger le tableau complet.Extrait du tableau efficacité potentielle des insecticides et acaricides.

 

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

Auteurs de la première édition : Vincent Philion, Yvon Morin, Robert Maheux et Gérald Chouinard
Auteures de la mise à jour 2024 : Francine Pelletier, Stéphanie Gervais, Catherine Pouchet et Audrey Charbonneau
Dernière mise à jour par les auteures : 8 mars 2025

 

Cette fiche présente une description sommaire et une liste non exhaustive des fongicides et bactéricides homologués pour les vergers de pommiers au Canada pour l’année 2025. À chaque début de saison, le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) du pommier effectue une mise à jour de cette liste et diffuse les ajouts et retraits par le biais de communiqués. Consultez la fiche sur les Ressources essentielles en PFI pour en savoir plus sur le RAP.

NOTE : Pour une information complète et à jour sur les pesticides, visitez le service en ligne d’information sur les pesticides du gouvernement du Québec, SAgE pesticides, et du Canada, Recherche dans les étiquettes de pesticides – Santé Canada.

ATTENTION : Bien qu’homologués au Canada, les produits mentionnés ne sont pas nécessairement disponibles partout au pays, et ils ne sont pas nécessairement autorisés aux États-Unis ou ailleurs dans le monde. Avant de les utiliser, il importe donc de vérifier les conséquences possibles de leur utilisation si la récolte doit être exportée.

Cliquez ici pour télécharger le tableau complet. 

Extrait du tableau fongicides et bactéricides homologués en pomiculture au Québec.

 

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.