Fiche 70 La punaise terne

Dernière mise à jour le 1 mars 2024
 

Fiche 70

Yvon Morin et Gérald Chouinard

 

Voyez la punaise sur Youtube à https://www.youtube.com/watch?v=GI1ocRtkjKA
La capsule vidéo de 6 minutes dresse un portrait du ravageur, montre ses caractères distinctifs, identifie les conditions qui influencent son développement, et vous plonge dans l’action du dépistage et des méthodes d’intervention recommandées en production fruitière intégrée.
Description et comportement

La punaise terne (Lygus lineolaris) est un ravageur primaire en PFI. C’est un insecte brun, de 6 mm de longueur, au vol relativement rapide et facile à observer. Dès le débourrement, elle se trouve sur les jeunes bourgeons, dont elle extrait la sève. Elle est particulièrement active par temps chaud et calme. Des photographies de l’adulte et des dommages sont présentées dans le Guide d’identification des ravageurs du pommier et de leurs ennemis naturels.

Adulte de punaise terne – photo J. Moisan-De Serres, MAPAQ

Elle hiberne sous forme d’adulte sous la litière des feuilles en bordure du verger, dans les boisés ou sous la paille dans les champs de fraises.

La punaise terne se nourrit sur plusieurs espèces de plantes, par contre, à l’ouverture des bourgeons du pommier, elle s’en alimente presqu’exclusivement. Sa période d’activité sur pommier s’étend jusqu’au stade du calice. À partir de ce moment, elle se déplace sur d’autres sources de nourriture plus attrayantes, et pond ses œufs sur les mauvaises herbes ou sur d’autres plantes cultivées comme le fraisier. Son pic d’activité sur pommier se situe généralement entre les stades débourrement et bouton rose.

Œuf de punaise terne – photo J. Moisan-De Serres, MAPAQ

La larve, de couleur vert jaunâtre, a cinq points noirs sur le dos à partir du troisième stade larvaire. Les larves et les adultes des deux générations subséquentes ne se nourrissent pas sur les pommiers.

Larve de punaise terne – photo J. Moisan-De Serres, MAPAQ

Cycle de vie de la punaise terne – illustration J. Veilleux / IRDA

 

Dommages

La piqûre de nutrition de l’insecte sur le bourgeon en croissance provoque l’apparition d’une goutte de sève appelée exsudat. Cette goutte est transparente si le dommage est frais et brunit lorsqu’il est plus vieux. Cette prise de nourriture cause deux types de dommages, selon le stade de développement du pommier.

Les piqûres faites entre les stades de débourrement et de pré-bouton rose entraînent majoritairement l’avortement en partie ou en totalité des boutons floraux, qui s’apparente à un « éclaircissage naturel ». Dans le cas des piqûres faites à partir du stade bouton rose, elles provoquent soit la chute du bouton, soit l’apparition sur le fruit d’une dépression en forme d’entonnoir, parfois accompagnée de cicatrices liégeuses pouvant déclasser le fruit.

Dommage de nutrition sur pommette – photo IRDA

dégât de punaise terne

Dommage de nutrition sur pomme à la récolte

 

Estimation du risque

La méthode de dépistage de ce ravageur est décrite au tableau-synthèse Dépistage par pièges visuels de la fiche 65.

Pour estimer le risque que représente ce ravageur, il faut tenir compte de l’historique de la parcelle, du niveau de population, des variétés présentes, des conditions climatiques, et du type de mise en marché.

  • Historique de la parcelle : Si cette parcelle est régulièrement affectée par ce ravageur (plus de 2 % de dommage sur fruit à la récolte) en l’absence de traitement, une intervention peut être envisagée (utiliser les seuils mentionnés à la grille Dépistage par observation des fruits ou du feuillage de la fiche 65).
  • Niveau de population : Le dépistage se fait à l’aide de cartons blanc englués, utilisé conjointement avec l’observation des adultes et des dégâts, permettant d’avoir une bonne idée de l’état de la population.
  • Variétés susceptibles (dommage sur fruits) : Les variétés Cortland et Paulared sont généralement plus affectées, suivi par Spartan et Gala.
  • Conditions climatiques : Les conditions favorables à un traitement (peu ou pas de vent, température au-dessus de 15 °C, pas de pluie) sont généralement favorables à l’activité de la punaise. Des dégâts plus importants que prévu peuvent survenir si ces conditions sont présentes seulement durant la floraison.
  • Mise en marché : La punaise terne n’affecte pas suffisamment la productivité d’une parcelle pour justifier d’intervenir dans un verger qui ne produit que de la pomme de transformation.

Les pommiers situés près des boisés et autres sites d’hibernation ainsi que les pommiers nains sont également plus exposés aux attaques de la punaise terne.

 

Stratégie d’intervention
Répression

L’intervention à l’aide d’insecticide la plus efficace pour réprimer la punaise terne se situe généralement entre le stade du débourrement avancé et le pré-bouton rose. Les pyréthrinoïdes de synthèse et certains néonicotinoïdes (ex. :  RIPCORD, POUNCE, DECIS, UP-CYDE, MATADOR) sont les insecticides les plus efficaces pour contrôler ce ravageur. Contrairement à d’autres types d’insecticides, les pyréthrinoïdes fonctionnent mieux à une température qui ne dépasse pas 25 °C. Un traitement localisé sur les rangs avoisinant les boisés ou sur les variétés les plus sensibles peut être suffisant.

Même si les pyréthrinoïdes sont les insecticides les plus efficaces contre la punaise terne et les adultes de mineuse marbrée, ils sont malheureusement aussi les plus toxiques aux insectes et acariens utiles. C’est pourquoi en PFI ils ne doivent jamais être utilisés plus d’une fois par saison et jamais après la floraison.

Ces insecticides agissent par contact, c’est-à-dire qu’ils tuent les insectes lorsqu’une gouttelette de bouillie les touche. Ils sont aussi résiduels, alors les insectes qui ne sont pas dans le verger lors de l’application peuvent quand même être atteints par les résidus sur les feuilles. Cependant, s’il pleut ou s’il fait froid pendant ou après le traitement, cette activité résiduelle sera réduite. En fait, le produit est moins efficace car l’insecte ne se trouve pas sur le pommier dans ces conditions.

Moment du traitement

Puisque la période préflorale peut s’étaler sur plus d’un mois, les avantages du traitement vont différer en fonction du moment précis choisi pour l’intervention :

Si le traitement est appliqué tôt, au stade pré-bouton rose ou avant :

  • Il aura une meilleure efficacité contre la punaise terne.
  • Il pourra être combiné avec l’application d’huile supérieure nécessaire contre le tétranyque rouge.
  • Étant donné qu’il y a moins de feuillage, il y a moins de résidus toxiques de pyréthrinoïdes de synthèse sur le feuillage présent en été. Cela permet de conserver une plus grande population de prédateurs des tétranyques.
  • Le traitement aura un impact négatif plus faible sur les insectes pollinisateurs naturels du verger.

Si le traitement est appliqué plus tard, au bouton rose ou au bouton rose avancé :

  • Il aura une meilleure efficacité contre la plupart des ravageurs préfloraux mis à part la punaise terne : mineuse marbrée, hoplocampe, noctuelle du fruit vert et tordeuse à bandes obliques.
  • Il aura une efficacité non négligeable contre certains ravageurs postfloraux, comme le charançon de la prune.
  • Il pourra être combiné avec l’application d’urée et/ou bore nécessaire avant la floraison pour aider au développement des fleurs ainsi qu’à la nouaison des fruits.
  • Il pourra être combiné avec un des traitements fongicides nécessaires contre la tavelure du pommier.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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