Archive d’étiquettes pour : Lutte aux insectes

Fiche 65

Gérald Chouinard et Yvon Morin

 

Calendrier d’apparition des principaux ravageurs et organismes utiles

Cliquez pour télécharger le tableau complet

* Guide approximatif utilisé : débourrement = avril; déb. avancé = 1ère semaine de mai; bouton rose = 2e de mai; floraison = 3e de mai; calice = 4e de mai.
** Punaise de la pomme, punaise de l’aubépine et lygide du pommier.

Méthodes de dépistage pour les insectes et acariens ravageurs

Guide résumé des méthodes de dépistage (Format poche)

Ce guide présente le résumé des méthodes de dépistage des principaux ravageurs. Cliquez ici pour télécharger le document. Il s’imprime avec un format de 8,5 po x 14 po.

Les seuils indiqués ne sont qu’un guide, qui correspond à la situation dans un verger type. Parmi les exceptions au verger type figurent les situations suivantes :

  • La présence de pommes déclassées ou d’autres rejets de fruits à proximité;
  • La forme irrégulière du verger (verger-type : forme plutôt rectangulaire);
  • La présence de bois de coupe à proximité immédiate du verger ou dans le verger;
  • La présence d’un verger mal entretenu à proximité;
  • La présence à proximité de réservoirs d’espèces nuisibles, en particulier les plantes suivantes :
    • arbres fruitiers (pommiers, pruniers, poiriers, cerisiers, vigne, bleuet, etc.)
    • pommetiers, cerisiers ou amandiers décoratifs
    • tout autre arbre ou arbuste du genre Prunus
    • aubépine
    • églantier
    • amélanchier
    • genévrier
    • sorbier ou cormier
Dépistage par pièges visuels
RAVAGEURS HOPLOCAMPE DES POMMES PUNAISE TERNE MOUCHE DE LA POMME
PIÈGES Carton blanc englué Carton blanc englué Sphère rouge engluée
NOMBRE DE PIÈGES 1 par section de 2 ha (minimum de 4 par verger) 1 par section de 2 ha (minimum de 4 par verger) 1 par section de 2 ha (minimum de 4 par verger)
PÉRIODE DE POSE Bouton rose Mi-avril, avant le débourrement Fin juin
FRÉQUENCE DES RELEVÉS Une à deux fois par semaine selon l’historique Une à deux fois par semaine selon l’historique Une fois par semaine
PÉRIODE DE RETRAIT Mi-juin ou dès la nouaison À la nouaison Septembre
POSITION DANS LE VERGER Entre les 1er et 4e rangs au pourtour du verger; de préférence dans les variétés hâtives 2e rangée au pourtour du verger Entre les 1er et 4e rangs au pourtour du verger; de préférence près des boisés et dans les variétés hâtives
POSITION DANS L’ARBRE À la hauteur des yeux (1,5 m) sur une branche fructifère, de préférence face au sud et à environ 1 mètre du tronc À la hauteur des genoux (75 cm), à l’extérieur des arbres, sur une branche fructifère, au-dessus d’un espace engazonné À la hauteur des yeux (1,5 m) sur une branche fructifère, de façon à ce qu’il soit bien visible et à l’abri du vent
SEUIL D’INTERVENTION (comptage cumulatif des captures) 5 captures par piège 2,5 à 4 captures par piège. Compléter par le dépistage de l’activité sur bourgeons (seuil jusqu’au débourrement avançé : 10 à 15 % des bourgeons occupés par une punaise ou présentant de l’exsudat; au pré-bouton rose: 3 à 5%; au bouton rose: 1 à 2%) Pommes d’exportation : 1 mouche par piège. Autres marchés : 2 mouches par piège. Après la fin juillet : 5 mouches par piège
REMARQUES De nombreux bouquets à fruits doivent être présents dans le voisinage du piège, mais enlever ceux à moins de 10 cm du piège. Pour éviter les réinfestations répétées, couper tous les pommiers abandonnés de même que les arbres de la famille des Rosacées (ex. : pommetiers et cerisiers sauvages) autour du verger De nombreux bouquets à fruits doivent être présents dans le voisinage du piège, mais enlever ceux à moins de 10 cm du piège. L’exsudat est une goutte de sève qui apparaît à la suite d’une piqûre de nutrition par la punaise terne. Ne pas installer les pièges sur les mêmes arbres que ceux de l’hoplocampe Des fruits doivent être présents dans le voisinage du piège, mais enlever ceux à moins de 10 cm du piège. Pour éviter les réinfestations répétées, couper tous les pommiers abandonnés de même que les arbres de la famille des Rosacées (ex. : pommetiers et cerisiers sauvages) autour du verger. Consultez la fiche 77 pour d’autres détails
Dépistage par pièges à phéromone
RAVAGEURS CARPOCAPSE DE LA POMME TORDEUSE À BANDES ROUGES MINEUSE MARBRÉE PETIT CARPOCAPSE
PIÈGE Multi-Pher I Multi-Pher II ou III Multi-Pher II ou III Multi-pher II ou III
PHÉROMONE Trécé Trécé Trécé Scentry
NOMBRE DE PIÈGES Vergers avec antécédents de dégâts : 1 à 3 pièges (ou paires de pièges) par section de 12 ha de verger. Si des paires sont utilisées, considérer uniquement les captures des 3 pièges les plus efficaces Vergers avec antécédents de dégâts : 1 par section de 12 ha de verger Vergers avec antécédents de dégâts : 1 par section de 12 ha de verger Vergers avec antécédents de dégâts : 1 par section de 12 ha de verger
Autres vergers : 1 par verger Autres vergers : 1 par verger Autres vergers : 1 par verger
PÉRIODE DE POSE Floraison Débourrement Débourrement Bouton rose
FRÉQUENCE DES RELEVÉS Une à deux fois par semaine selon l’historique Une fois par semaine Une fois par semaine Une fois par semaine
PÉRIODE DE RETRAIT Septembre Septembre Septembre Septembre
POSITION DANS LE VERGER Au centre du verger ou de chaque secteur à risques Au centre du verger ou de chaque section Au centre du verger ou de chaque section Au centre du verger ou de chaque secteur à risques
POSITION DANS L’ARBRE À la hauteur des yeux (1,5 m), à l’intérieur des arbres À la hauteur des yeux (1,5 m), à l’intérieur des arbres À la hauteur des yeux (1,5 m), à l’intérieur des arbres À la hauteur des yeux (1,5 m), à l’intérieur des arbres
SEUIL D’INTERVENTION (comptage cumulatif des captures sauf si autrement spécifié Première génération : (mi-mai à mi-juillet) : 10 captures par piège par semaine pour 2 semaines consécutives 500 captures par piège 3000 à 5000 captures par piège (15 à 25 ml dans un cylindre gradué de 10 ml) 300 à 500 (seuil approximatif). Les captures peuvent être importantes sans que des dégâts soient produits
Deuxième génération : dans les vergers avec historique de dégâts, 15 à 20 captures par piège par semaine pour 2 semaines consécutives; dans les vergers sans historique de dégâts, 25 à 30 captures par piège par semaine pour 2 semaines consécutives
REMARQUES Le dépistage du carpocapse doit être basé sur l’observation des dégâts et l’historique des dommages est essentiel pour déterminer les besoins de traitements. Les méthodes et les seuils différent si votre verger utilise un programme de lutte par confusion sexuelle: consultez la  fiche 76 pour les détails. Le seuil d’intervention peut être rehaussé en présence de parasites  : consultez la fiche 98 Le dépistage du petit carpocapse se complète par l’observation des dégâts et l’historique des dommages est essentiel pour déterminer les besoins de traitements. Voir les fiches 76 et 85 pour les détails
Dépistage par observation des fruits ou du feuillage
RAVAGEURS CHARANÇON DE LA PRUNE COCHENILLES PUNAISE DE LA MOLÈNE TORDEUSES SUR FEUILLAGE CHENILLES DU FRUIT (EXTERNES) CHENILLES DU FRUIT (INTERNES)
TECHNIQUE Observer la face visible des fruits situés sur les arbres en périphérie du verger et sur les cultivars hâtifs. Observer 100 fruits par section de 12 ha de verger (10 par arbre standard ou 5 par arbre nain ou semi-nain) Observer les fruits de 100 bouquets par bloc (10 par arbre). Principalement les variétés Délicieuse et Spartan Observer les feuilles de 100 bouquets floraux ou de 100 pousses en croissance par bloc (5 à 10 par arbre) Observer les fruits de 100 bouquets par bloc (10 par arbre) Observer 100 fruits par bloc (10 par arbre) et prélever ceux qui portent des marques de carpocapse (voir le texte)
Compter le nombre de fruits portant des marques fraîches de ponte Compter le nombre de fruits avec présence de cochenilles (boucliers) Compter le nombre de fruits portant des marques de piqûres Déplier soigneusement les feuilles enroulées et compter les chenilles trouvées Soulever soigneusement les feuilles en contact avec les fruits et compter les chenilles (ou leurs signes) trouvées Ouvrir les fruits sélectionnés et compter les fruits portant des excréments rougeâtres ou des galeries profondes ou superficielles
DÉBUT DES OBSERVATIONS Entre le stade calice et la nouaison À la récolte Début floraison Pré-bouton rose Bouton rose pour la TBO, calice pour les autres espèces Mi-juin
FRÉQUENCE 2 fois par semaine Une seule fois Une fois par semaine Une fois par semaine Une fois par semaine Une fois par semaine
FIN DES OBSERVATIONS Début à mi-juillet À la récolte 2 à 3 semaines après le calice (calibre des fruits > 10 mm) Mi-août Mi-août À la récolte
SEUIL D’INTERVENTION Premier traitement : en prévention au stade calice ou dès les premiers dégâts observés. Traitements additionnels : Dès que 1 % des fruits d’un secteur sont affectés (2 % à partir de la fin juin) De 1 à 3 % des fruits infestés Entre 1 et 5 % des fruits affectés Les seuils varient de 3 à 10 % selon la période, l’historique des dégâts et les espèces en cause. Consulter la fiche 74 pour des détails Les seuils varient de 0,5 à 5 % selon la période, l’historique des dégâts et les espèces en cause. Consulter la fiche 74 pour des détails Il est déconseillé d’attendre des dégâts sur fruit avant de penser à intervenir. La stratégie dépendra de l’historique des dégâts et des captures dans les pièges à phéromone. Le dépistage des dégâts servira à valider l’efficacité de votre stratégie : les seuils varieront de 0,1 à 1 % selon vos objectifs personnels
REMARQUES Pour éviter les réinfestations répétées, couper tous les pommiers abandonnés de même que les arbres de la famille des Rosacées (ex. : pommetiers et cerisiers sauvages) autour du verger Le seuil permet de déterminer la nécessité d’une intervention au printemps suivant. Consulter la fiche 80 La punaise de la molène est également un important prédateur d’acarien et de puceron Ces chenilles sont principalement des tordeuses, dont la tordeuse à bandes rouges (TBR) et la tordeuse à bandes obliques (TBO). On recommande rarement des traitements contre la génération estivale de TBO; les traitements contre la première génération (hivernante) sont beaucoup plus efficaces Ces chenilles sont principalement : la tordeuse à bandes rouges, la tordeuse à bandes obliques (TBO) et la noctuelle des fruits verts. On recommande rarement des traitements contre la génération estivale de TBO; les traitements contre la première génération (hivernante) sont beaucoup plus efficaces Ces chenilles sont principalement : le carpocapse de la pomme, le petit carpocapse de
la pomme et la tordeuse orientale du pêcher

Des méthodes de dépistage par observation du feuillage sont aussi disponibles pour les cicadelles, l’ériophyide, la mineuse marbrée, le puceron lanigère, le puceron rose, les pucerons verts, la punaise terne et les tétranyques. Les voici :

Ravageurs Cicadelles Ériophyide Mineuse marbrée (mines) Puceron lanigère Puceron rose
TECHNIQUE En excluant les gourmands, observer 100 feuilles par bloc (10 par arbre standard et 5 par arbre nain ou semi-nain) Prélever 25 feuilles par bloc (2 à 5 par arbre) et examiner les 2 faces des feuilles à l’aide d’une loupe 15x Prélever 100 feuilles par bloc (5 par arbre) sur les bouquets à fruits (au printemps) ou à mi-chemin sur la pousse de saison (en été) Observer 100 cicatrices de taille et gourmands par bloc (5 par arbre) Observer 100 bouquets floraux par bloc (10 par arbre standard et 5 par arbre nain ou semi-nain)
Compter les larves présentes sur la face inférieure des feuilles Compter ou estimer le nombre de formes mobiles sur chaque feuille Compter le nombre de mines de type « jeune » et de type « âgée » sur chaque feuille (voir fiche 73) Compter le nombre de colonies de pucerons trouvées Compter le nombre de bouquets infestés de plus de 20 pucerons roses
DÉBUT DES OBSERVATIONS 1re génération : floraison; 2e génération : début août Débourrement 1re génération : calice; 2e génération : mi-juillet Juin Débourrement avancé
FRÉQUENCE Une fois par semaine 1 à 2 fois par mois (selon la température) Une fois par mois 1 à 2 fois par mois Une fois par semaine
FIN DES OBSERVATIONS 1re génération : nouaison; 2e génération : fin août Fin août Début août Mi-août Fin juin
SEUILS D’INTERVENTION Cicadelle blanche 1re génération : 0,5 larve par feuille Environ 100 à 600 formes mobiles par feuille, selon le cultivar et le niveau de stress du pommier. Le roussissement du feuillage est un indicateur de l’atteinte du seuil 1re génération : 1 mine par feuille de type « jeune » (voir fiche 73). Lorsque les mines sont de type « âgé », il est trop tard pour intervenir Présence de colonies sur 50 % des cicatrices ou gourmands Plus de 10 % des bouquets contenant plus de 20 pucerons
Cicadelle blanche 2e génération : 1,0 larve par feuille 2e génération : 2 mines par feuille (en présence d’un stress et absence de parasites)
Cicadelle de la pomme de terre (vergers nains ou non en production) : 1,0 larve par feuille 3e génération : ne pas intervenir – il est trop tard et il y a risque de tuer les parasites très actifs à cette période
REMARQUES Ne pas inclure les gourmands pour le dépistage de la cicadelle blanche Rares sont ceux qui comptent les ériophyides! La tolérance est recommandée car ce ravageur sert de nourriture à plusieurs prédateurs et favorise donc le contrôle naturel des tétranyques Le seuil d’intervention peut être rehaussé en présence de parasites : consultez la fiche 98 Le seuil d’intervention doit être rehaussé en présence de prédateurs ou de parasites : consultez la fiche 97 La variété Cortland (et ses différentes lignées) est particulièrement susceptible à l’attaque du puceron rose
RAVAGEURS PUCERONS VERTS PUNAISE TERNE TÉTRANYQUES
TECHNIQUE Observer 100 pousses par bloc (10 par arbre) Observer les boutons floraux de 100 bouquets par bloc (2 à 5 par arbre) lors de journées chaudes (>10 °C) avec peu de vent Prélever un minimum de 25 feuilles (choisir des feuilles du bouquet floral jusqu’à la mi-juin, par la suite, ajouter également des feuilles de pousses) par bloc (2 à 5 par arbre) et examiner les feuilles à l’aide d’une loupe (10-15x)
Classifier chaque pousse dans une des catégories décrites à la fiche 78 Compter le nombre de boutons floraux occupés par une punaise ou présentant un exsudat (goutte) de sève Compter le nombre de formes mobiles et d’œufs sur chaque feuille
DÉBUT DES OBSERVATIONS Juin Tétranyque rouge : bouton rose; tétranyque à deux points : juin
FRÉQUENCE Une fois par semaine Chaque fois que se présentent les conditions météo précitées 2 à 4 fois par mois (selon la température et la présence de prédateurs)
FIN DES OBSERVATIONS Mi-août Bouton rose avancé Fin août
SEUILS D’INTERVENTION 30 % des pousses annuelles affectées de colonies denses OU : Jusqu’au débourrement avancé : 5 à 15 % des boutons avec punaise ou exsudat. Ce seuil peut être plus haut si la quantité de bourgeons à fruits est élevée Jusqu’au calice : 20 % des feuilles avec au moins 4 formes mobiles
50 % des pousses annuelles affectées de colonies modérées OU : À partir du pré-bouton rose : 3 à 10 % des boutons floraux avec punaise ou exsudat Du stade calice à la mi-août : 23 % des feuilles avec au moins 8 f.m. ou un total de 15 œufs et formes mobiles
80 % des pousses annuelles affectées de faibles colonies Après la mi-août : 24 % des feuilles avec au moins 15 f.m. ou un total de 29 œufs et formes mobiles
REMARQUES Pas d’intervention requise en présence de prédateurs : consultez la fiche 97 Le dépistage par pièges collants (voir le tableau à cet effet) permet la surveillance pendant les périodes de moins grande activité Le seuil d’intervention peut être rehaussé en présence de prédateurs: consultez la fiche 96

Note : La plupart de ces seuils peuvent être augmentés si la production est dédiée à la transformation.

 

D’où viennent ces méthodes?

Majoritairement des conseillers et chercheurs (membres d’aujourd’hui et d’hier) du Réseau-pommier du Québec. Consultez la fiche 67 pour les détails.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

bannière des principaux partenaires de réalisation et commanditaires du Guide de PFI

Fiche 66

Yvon Morin, Gérald Chouinard et Stéphanie Gervais

 

Ravageurs primaires secondaires et mineurs : en constant changement

Dans la liste des ravageurs des vergers québécois (voir en fiche 10) figurent 9 ravageurs primaires, 16 ravageurs secondaires et 29 ravageurs mineurs.

Les ravageurs primaires sont présents presque partout où sont cultivés des pommiers. Ils occasionnent généralement des pertes appréciables (plus de 10 % en moyenne) à défaut de traitements appropriés. Le charançon de la prune, le carpocapse, la mouche de la pomme et la punaise terne sont quelques uns des ravageurs primaires du pommier.

Les ravageurs secondaires peuvent, selon les situations, causer des pertes en vergers. Par contre les programmes habituels de traitement ne visent pas prioritairement à les contrôler. Des interventions spécifiques peuvent donc être nécessaires si les populations le justifient. Occasionnellement ou localement, ils peuvent quand même être très dommageables, alors la vigilance s’impose.

Les ravageurs mineurs sont habituellement considérés comme des curiosités, causant ordinairement des dégâts négligeables. Cependant, certaines années ou dans certaines conditions particulières, ils peuvent proliférer davantage et causer localement des pertes. Des méthodes de lutte ne sont pas disponibles pour tous ces ravageurs.

Toutefois, mis à part dans les vergers sous régie biologique, les ravageurs primaires ne sont pas ceux qui affectent le plus la récolte, et ce, en raison de l’utilisation d’insecticides.

En effet, dans un verger abandonné, la mouche de la pomme, le carpocapse et le charançon de la prune ont le potentiel d’affecter chacun plus de la moitié des fruits à la récolte. Cependant, dans les vergers commerciaux (données de Pro-Pomme 1986-2010), une seule de ces espèces, soit le carpocapse, a affecté significativement la qualité de la récolte année après année. D’autres espèces peuvent par contre se démarquer fortement certaines années :

  • la punaise de la molène en 1994 (3,2 %);
  • l’hoplocampe en 1998 (5,7 %);
  • la tordeuse à bandes obliques en 2001 (5,4 %);
  • le carpocapse en 2008 (3,4 %);
  • la punaise terne en 2010 (1,8 %).

Comment expliquer qu’un insecte causant généralement peu de dégâts puisse être responsable de la majorité des dommages observés une année particulière? Comment un insecte peut-il causer de nombreux dégâts dans un verger et relativement peu chez son voisin? Les fiches du présent guide portant sur les stratégies de lutte aux ravageurs ont pour but de vous aider à répondre à ces questions et surtout, à vous montrer l’importance d’observer vos pommiers. Un programme de traitements insecticides utilisant un calendrier avec des pulvérisations à des dates ou des stades de développement fixes, sans égard à vos populations de ravageurs ni aux conditions météorologiques, est coûteux et n’offre pas une garantie de succès.

 

Produits phytosanitaires : sous surveillance constante

Pour une production commerciale, il est essentiel de limiter les pertes causées par les ravageurs. Pour le moment, bien que cela puisse être différent dans quelques années, l’utilisation d’insecticides et parfois d’acaricides demeure la seule méthode efficace et économiquement raisonnable d’y parvenir.

Depuis la dernière parution du Guide de gestion intégrée des ennemis du pommier en 2001, la gamme de produits utilisables et utilisés a profondément changé. La majorité des insecticides utilisés en 2001 étaient des organophosphorés (comme l’IMIDAN), des produits dits à large spectre, c’est-à-dire qui ont une bonne efficacité sur plusieurs ravageurs à la fois. Dix ans plus tard, suite à la réévaluation des risques posés par de nombreux pesticides, les organophosphorés ont pour la plupart cédé la place à des produits comme le thiachlopride (CALYPSO), le chlorantraniliprole (ALTACOR), le spinétoram (DELEGATE) et le novaluron (RIMON).

Les nouveaux insecticides sont généralement plus sélectifs que les anciens, mais ils peuvent également être efficaces contre des ravageurs qui n’étaient pas affectés par les organophosphorés (telle la tordeuse à bandes obliques). Le nouveau « coffre à outils » du producteur oblige donc à modifier l’approche globale de lutte utilisée au cours de la dernière décennie.

Pour ce faire, une connaissance approfondie du verger est très importante et le dépistage est un bon moyen pour y parvenir. Celui-ci permettra de constituer un historique qui sera ensuite utilisé pour bien planifier les saisons et anticiper les problèmes potentiels. Un bon historique inclut vos programmes de traitements (insecticides, fongicides, acaricides et herbicides), les évaluations de dégâts à la récolte et les résultats du dépistage. Cet historique sera indispensable pour développer votre stratégie d’intervention contre les ravageurs.

pièges

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

bannière des principaux partenaires de réalisation et commanditaires du Guide de PFI

Fiche 67

Gérald Chouinard, Francine Pelletier, Daniel Cormier, Franz Vanoosthuyse et Yvon Morin

 

Pour quelle raison faire du dépistage?

dépistage

À la base de la PFI se retrouve un principe fondamental : les interventions phytosanitaires sont nécessaires uniquement lorsque l’importance des populations les justifie. En d’autres mots, assurez-vous d’être en présence d’un nombre suffisant de ravageurs avant d’effectuer une intervention!

Les méthodes de dépistage (piégeage ou observation visuelle) permettent de détecter la présence de la plupart des espèces de ravageurs du pommier et de déterminer leur importance réelle AVANT que le problème ne prenne de trop grandes proportions et qu’il soit trop tard pour intervenir. Le nombre de spécimens ou de dégâts récoltés ou observés indique, dans une bonne mesure, l’importance des populations de ravageurs dépistés et doit être comparé au seuil d’intervention afin d’établir s’il y a lieu ou non d’intervenir.

Le dépistage vous permet :

  • de mieux connaître les différents blocs de votre verger;
  • de mieux cibler vos interventions contre les ravageurs;
  • d’évaluer l’efficacité de vos interventions et d’identifier les traitements qui n’ont pas de réelle utilité
  • de diminuer votre facture de pesticides;
  • de mieux préserver les insectes et acariens utiles qui travaillent gratuitement pour vous – et réduire encore plus vos coûts en pesticides!;
  • de préserver l’efficacité des pesticides disponibles en évitant le développement rapide de résistance chez les ravageurs visés;
  • de minimiser les risques liés à l’utilisation des pesticides (dérive, intoxication, pollution, etc.).

Le dépistage peut être une des pratiques les plus rentables dans un verger… Il suffit souvent de quelques heures pour sauver plusieurs centaines de dollars.

Pour toutes ces considérations, le dépistage constitue un des éléments clés de la PFI.

 

Puis-je effectuer moi-même le dépistage ou dois-je embaucher un spécialiste?

Tout le monde peut se promener dans un verger et faire des observations. Il serait d’ailleurs souhaitable que tous les pomiculteurs et pomicultrices observent leur verger et évaluent les effets des interventions qu’ils font. Un bon dépistage nécessitera quelques dollars de matériel, mais aussi d’une bonne dose de formation et d’apprentissage de même que rigueur et assiduité. Le temps étant une denrée rare en saison pour le pomiculteur ou la pomicultrice et le dépistage exigeant minutie et régularité dans le suivi, plusieurs préfèrent confier ce travail à des dépisteurs comme ceux des clubs d’encadrement technique ou des clubs agroenvironnementaux (voir la fiche 9). N’hésitez pas à assister votre dépisteur, vous en retirerez encore davantage et celui-ci (ou celle-ci) vous en sera reconnaissant(e).

 

Qu’est-ce qu’un seuil d’intervention?

C’est le nombre de spécimens d’un ravageur dépisté ou le pourcentage de dégâts à partir duquel une intervention, au moment opportun, devient nécessaire afin d’éviter que les pertes économiques causées par le ravageur ne dépassent le coût total de cette intervention (incluant ses effets indésirables). Les seuils d’intervention sont utilisés afin de déterminer les besoins en traitements. Lorsque le nombre de captures d’un piège, le nombre de dégâts ou le nombre d’individus observés d’un ravageur atteint le seuil indiqué, un traitement doit être envisagé dans le verger ou la section de verger considérée. Expressions apparentées : seuil de nuisibilité, seuil économique, nombre critique de captures.

 

Faut-il intervenir dès l’atteinte du seuil d’intervention?

Pas nécessairement. L’atteinte du seuil d’intervention signale qu’une intervention devra être effectuée au moment et à l’endroit opportuns propres à chaque ravageur. En théorie, ce moment survient lorsque la majorité de sa population a atteint ou atteindra sous peu le stade le plus sensible au pesticide choisi. En pratique, cela n’est possible que dans la mesure où vous pouvez répondre « oui » aux questions suivantes :

  • Les interventions peuvent-elles attendre l’arrivée de ce moment sans que les dégâts ne passent au-dessus du seuil économique?
  • Existe-t-il une méthode qui permette de déterminer le meilleur moment pour l’application du produit?

Le choix de la meilleure stratégie de lutte peut aussi dépendre des conditions climatiques en cours, de la période du jour, etc. Il devra être basé sur les recommandations de votre conseiller ou conseillère ou sur celles publiées dans les avertissements phytosanitaires du pommier ou dans le présent guide. Pour ce qui est des produits antiparasitaires préconisés contre chacun des ravageurs, les doses et les conditions d’application peuvent être retrouvées dans l’affiche Production fruitière intégrée, publiée annuellement par l’IRDA et couvrant les principales situations rencontrées en verger. Une liste complète des produits et doses homologuées pourra être obtenue pour toutes les situations en consultant le site web SAgEpesticides (voir la fiche 9).

 

D’où proviennent tous ces seuils d’intervention? Sont-ils précis?

Les seuils d’intervention publiés dans ce guide sont le résultat de recherches ou de travaux menés aux États-Unis et au Québec par des scientifiques et des conseillers d’expérience. Ceux-ci ont développé et mis à l’essai des méthodes de dépistage pour la majorité des ravageurs primaires et secondaires. À cet effet, l’apport d’Agrilus, pionnier du service de dépistage dans les vergers au Québec, est à souligner. Les seuils sont constamment validés par l’expérience acquise en dépistage dans les vergers et ils sont périodiquement mis à jour par les membres du Comité de PFI du Réseau-pommier (fiche 7).

Les méthodes de dépistage sont habituellement d’une bonne précision. Néanmoins, les seuils d’intervention doivent être considérés uniquement comme des guides pour la prise de décision. Ils sont valides dans les situations les plus couramment rencontrées. Toute situation spéciale doit être considérée pour s’assurer d’un ajustement approprié à son verger, à sa situation. De même, il est de la plus haute importance de respecter la technique décrite car chaque détail (type de phéromone, type de piège, hauteur d’installation, emplacement dans l’arbre, date de pose et de retrait, etc.) influence grandement le résultat et la prise de décision.

 

Est-il utile de dépister s’il n’existe pas de seuil d’intervention?

Oui. Dans ces cas, le dépistage sert à détecter la présence de l’insecte, à apprécier les densités de populations et à déterminer l’apparition du stade visé pour une intervention phytosanitaire, en vue d’assurer une efficacité optimale.

 

Dois-je dépister tous les ravageurs ou uniquement les plus nuisibles?

Si pour une raison ou une autre, il vous est impossible de dépister tous les ravageurs, certains doivent impérativement être dépistés peu importe votre situation. C’est le cas par exemple du carpocapse et de la mouche de la pomme, qui attaquent directement les fruits pendant l’été. Comme les traitements insecticides appliqués l’été sont les plus dommageables pour l’équilibre biologique du verger, éviter ne serait-ce qu’une seule application d’insecticide grâce au dépistage est extrêmement souhaitable, d’autant qu’on améliore aussi la répression des autres ravageurs en ménageant les prédateurs et les parasitoïdes présents.

 

Où acheter ces pièges? Puis-je les fabriquer moi-même?

Certains pièges peuvent être faits maison, comme les sphères engluées pour la mouche de la pomme, ou encore les cartons blancs englués. Cependant, les pièges doivent être conçus en respectant scrupuleusement les directives de votre conseiller ou conseillère en ce qui concerne les matériaux à utiliser, les dimensions, la couleur, etc. En pratique, il est souvent plus avantageux de les acheter d’une source fiable qui pourra vous en garantir l’efficacité et la disponibilité. Une liste de fournisseurs de matériel de dépistage est publiée annuellement par le Réseau d’avertissements phytosanitaires du pommier (voir aussi la fiche 9).

 

Comment pourrais-je réussir à reconnaître tous ces insectes et acariens?

De très bons guides illustrés existent pour vous aider! Un grand nombre d’espèces sont décrites et accompagnées de photos dans le Guide d’identification des maladies, insectes et acariens nuisibles et utiles des arbres fruitiers, disponible en partie sur la plateforme PFI du Réseau-pommier. Pour commander la version complète, consultez la fiche 9. Si un doute persiste quant à son identification, il est possible d’envoyer le spécimen au Laboratoire de diagnostic en phytoprotection du MAPAQ.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

bannière des principaux partenaires de réalisation et commanditaires du Guide de PFI

Fiche 68

Gérald Chouinard, Francine Pelletier, Daniel Cormier, Franz Vanoosthuyse et Yvon Morin

 

Les méthodes de dépistage peuvent être regroupées en deux catégories : dépistage par piège ou par observations visuelles. Peu importe la méthode utilisée, le dépistage doit être répété régulièrement : au moins une fois par semaine, mais parfois deux ou trois fois par semaine pour certains insectes ou dans certaines situations particulières décrites dans les pages qui suivent.

 

Le dépistage par pièges

Le dépistage par pièges est certainement la forme de dépistage la plus pratique et la plus rapide. L’utilisation de pièges peut sembler couteuse, mais la plupart des pièges utilisés au Québec sont réutilisables, ce qui en fait une méthode de dépistage très économique :

Piège Type (durée de vie) $ Accessoires (Quantité/piège) $ Coût/ha/an*
Punaise terne et hoplocampe Piège blanc englué (1 an) 2,75 $ 1,38 $
Mineuse marbrée Multi-pher II ou III (10 ans) 17,00 $ Phéromone (3/an) 15,00 $ 1,56 $
Plaquette insecticide (1/an) 2,00 $
Tordeuse à bandes obliques Multi-pher I (10 ans) 17,00 $ Phéromone (2/an) 10,00 $ 1,14 $
Plaquette insecticide (1/an) 2,00 $
Piège Pherocon (1 an) 6,00 $ Phéromone (2/an) 10,00 $ 1,33 $
Mouche de la pomme Sphère rouge de bois (10 ans) 12,00 $ Colle (35 g) 2,00 $ 1,60 $
Sphère rouge de plastique (5 ans) 5,00 $ Colle (35 g) 2,00 $ 1,50 $

* Calculé à partir du coût total des pièges et accessoires requis pour un verger de 12 ha. Ce coût n’inclut pas le temps requis pour la pose, l’entretien, les visites et le retrait des pièges.

L’utilisation de pièges est essentielle dans le cas de l’hoplocampe des pommes et de la mouche de la pomme et recommandée pour tous les autres ravageurs du pommier pour lesquels un piège efficace existe, et pour lesquels il existe un risque appréciable de pertes (comme le carpocapse de la pomme, la tordeuse à bandes rouges, la mineuse marbrée et le petit carpocapse de la pomme). S’il y a un antécédent de dommages d’un de ces ravageurs dans votre verger, c’est que ce risque existe et le dépistage devient essentiel.

Toutefois, rigueur et minutie s’imposent lors de l’utilisation de tels outils, car un piège mal installé, un attractif périmé ou inadéquat ou encore un entretien négligé peuvent provoquer des variations de captures importantes et des résultats de 10 à 100 fois supérieurs ou inférieurs aux résultats normalement attendus lorsque la méthode est respectée. Voyez-y!

Trois types de pièges sont utilisés dans les vergers du Québec :

Les sphères rouges engluées

sphère rouge engluée (piège)

Ces pièges réutilisables sont fabriqués avec une sphère de bois ou de plastique (diamètre : 8,5 cm) enduite d’une peinture rouge foncé et munie d’un crochet de métal. Ils sont utilisés pour dépister la mouche de la pomme. Leur efficacité est basée sur l’attirance de la couleur et de la forme, et agissent à courte distance. Ils doivent être recouverts de colle à insectes (ex. : TANGLETRAP) avant l’installation.

Les cartons blancs englués
piege blanc avec hoplocampe

Photo: Yvon Morin

 

Ces pièges sont faits de carton blanc (14 × 18 cm) et recouverts de colle à insectes sur les deux faces. Ils sont utilisés pour dépister la punaise terne lorsque installés à 70 cm du sol et pour dépister l’hoplocampe des pommes lorsque installés à 150 cm du sol. Ces pièges agissent à courte distance, mais de façon différente selon l’espèce. Il sont basés sur l’attirance de la couleur dans le cas de l’hoplocampe, mais dans le cas de la punaise terne, ils n’ont pas d’effet attractif et interceptent simplement les adultes qui les confondent avec une « fenêtre sur le ciel ». La surface du piège ne doit pas refléter les rayons ultraviolets. À cette fin, le type de peinture utilisé est d’une grande importance.

Les pièges à phéromone
Piege a pheromone Multipher 2

Photo: Yvon Morin

Ces pièges de différentes formes font appel à des phéromones sexuelles synthétiques qui leur confèrent un pouvoir d’attraction sur de longues distances. Les phéromones sexuelles synthétiques utilisées correspondent à des substances naturelles émises ordinairement par les femelles de plusieurs espèces d’insectes et qui attirent les mâles pour l’accouplement. Ces phéromones sont disponibles pour la plupart des lépidoptères qui s’attaquent au pommier (carpocapse, tordeuses, mineuses, noctuelles, sésies, etc.), ainsi que pour quelques autres insectes. Dans le cas des lépidoptères, une simple capsule ou bande adhésive chargée de la phéromone synthétique appropriée attirera les mâles de l’espèce visée (et rarement de quelques espèces voisines) sur une superficie d’au moins 5 ha de verger (cette distance peut varier selon les espèces). La plupart des pièges à phéromone ne nécessitent pas de colle.

 

Installation et entretien des pièges

Il est très important de respecter les dates spécifiées pour la pose des pièges, afin que les éléments attractifs ne soient pas exposés inutilement aux intempéries avant que ne débute la période des captures. Les pièges doivent être fixés aux arbres à l’aide d’une attache flexible, idéalement un double filament de métal dans un ruban de plastique (qu’on peut trouver là où on vend du matériel de dépistage) ou encore un cordon de plastique souple (genre « macaroni long ») utilisé pour l’entraînement des pommiers. Quant aux attaches de sacs de rebut « twisties » vendues un peu partout, elles sont également pratiques si elles sont faites de plastique, mais on doit souvent utiliser une double épaisseur car elles ne sont pas assez durables.

Lors de chaque relevé de piège, le dépisteur (professionnel ou producteur) doit en vérifier l’état et effectuer l’entretien spécifié par la méthode de dépistage. Les surfaces engluées des pièges doivent être nettoyées lors de chaque visite, en enlevant à l’aide d’un couteau ou d’une spatule les principaux insectes et les débris emprisonnés dans la colle. Après un certain temps, un grand nombre de débris ou d’insectes de petite taille peuvent s’accumuler dans la colle et réduire son efficacité. Les surfaces doivent alors être remplacées, si possible, ou alors rafraîchies par grattage et application de nouvelle colle.

En fin de saison, les sphères engluées doivent être débarrassées de leur colle à l’aide d’un solvant approprié. Le solvant par excellence est le solvant « à l’orange », fabriqué à partir d’extraits d’agrumes. À défaut, un diluant à peinture de commerce peut être utilisé, mais il est plus toxique. Très peu de solvant sera nécessaire si vous avez d’abord pris soin de chauffer la surface puis d’enlever autant de colle que possible à l’aide d’un outil approprié (grattoir, couteau, tissu rigide, etc.). Ne pas utiliser de diesel pour nettoyer les sphères rouges car le bois absorbe le produit, ce qui va nuire à l’efficacité du piège.

 

Captures enregistrées après un premier traitement

Après une intervention phytosanitaire contre un insecte particulier, les captures de ce ravageur enregistrées dans les sept à dix jours qui suivent ne sont normalement pas considérées pour une intervention additionnelle, sauf si de telles captures surviennent après de fortes pluies (plus de 25 mm).

 

Le dépistage par observations visuelles

dépistage par observation visuelle

Les observations visuelles permettent de déceler la présence d’un grand nombre d’insectes et d’acariens et d’apprécier leurs densités de population. Ce genre de dépistage est utilisé pour les ravageurs difficiles ou impossibles à piéger (ex. : charançon de la prune, cicadelles, pucerons, tétranyques) ou encore lorsque le ravageur est facile à observer (sans besoin de piège). On peut observer le ravageur lui-même ou encore ses manifestations (symptômes ou dégâts) sur le bois, le feuillage et/ou les fruits. Dans la plupart des cas, le dépistage s’effectue sans retirer aucune partie de l’arbre. Toutefois, dans le cas de ravageurs de très petite taille (ériophyides) ou de ravageurs dissimulés à l’intérieur des tissus (larves de mineuse, de carpocapse, etc.), il est parfois nécessaire de récolter un certain nombre de feuilles, de bourgeons ou d’autres organes afin de les examiner de façon plus minutieuse avec une loupe de poche ou une loupe binoculaire.

 

Procédure d’échantillonnage pour les observations visuelles

La façon dont sont sélectionnés les arbres et les organes à examiner détermine l’efficacité de votre dépistage et doit être respectée scrupuleusement. Premièrement, si votre verger est de grande taille, ou peu homogène, vous devrez le séparer en plusieurs blocs et effectuer le dépistage dans chacun des blocs. Un bloc de verger est un groupe de pommiers ayant le même historique (traitements et pratiques culturales) et dont les arbres sont de même grosseur. Un bloc de cultivars plus sensibles à un ravageur peut aussi constituer un bloc. Si votre verger est très homogène, il peut constituer un seul bloc, mais de préférence chaque bloc devrait avoir une dimension maximale de 12 ha (30 acres).

Ensuite, lors de la sélection ou de l’observation des feuilles, pousses, fruits, etc., à travers le bloc, vous devez vous assurer que ces choix sont faits AU HASARD, à moins d’indication contraire. Ce n’est pas aussi facile à faire qu’à dire! Toutefois, vous y parviendrez si vous ne perdez pas de vue l’objectif du dépistage : vous ne cherchez pas à trouver un maximum de dégâts ou d’insectes, vous cherchez à déterminer s’il y en a suffisamment pour justifier une intervention.

 

Observation des fruits

Cette forme de dépistage doit être effectuée avec diligence, car elle vise à vous protéger de ravageurs qui s’attaquent directement à la récolte. On l’utilise surtout pour dépister le charançon de la prune, les punaises phytophages, les tordeuses, le carpocapse de la pomme et le petit carpocapse. Dans le cas d’insectes particulièrement dommageables (comme le charançon de la prune), il est nécessaire de dépister plus d’une fois par semaine lors des périodes critiques.

 

Observation du feuillage

Cette forme de dépistage est en général plus fastidieuse que les autres, car elle est utilisée pour les ravageurs du feuillage, souvent de petite taille, et pour lesquels il n’existe pas de pièges efficaces. Toutefois, elle peut fournir de précieux renseignements, comme détecter la nécessité d’une intervention AVANT que les fruits soient attaqués ou affectés.

Pour cette raison, il est essentiel de dépister le feuillage sur une base hebdomadaire entre le pré-bouton rose et le début août, pour dépister les acariens et plusieurs insectes comme les tordeuses, mineuses, cicadelles et pucerons.

 

Observations de colonies sur feuillage

Les pucerons vivent habituellement en colonies, chacune pouvant contenir de quelques dizaines à plusieurs centaines d’individus. Pour les fins du dépistage, on distingue trois types de colonies en fonction de leur densité :

  • Faible : le feuillage n’est pas enroulé et les pucerons sont uniquement sur les feuilles;
  • Modérée : le feuillage est enroulé et les pucerons sont surtout sur les feuilles. Parfois quelques pucerons sont sur la tige de la pousse;
  • Dense : le feuillage est enroulé et les pucerons sont abondants sur les feuilles ET sur la tige de la pousse.
  • Lorsque différents types de colonies sont observés simultanément, pour les fins du calcul du seuil d’intervention, on considère qu’une colonie dense équivaut à deux colonies modérées et qu’une colonie modérée équivaut à deux faibles colonies.
Observations visuelles de maladies

Le dépistage du feuillage est tout aussi essentiel pour la bonne gestion de certaines maladies comme la tavelure et l’oïdium (voir les fiches appropriées du présent guide).

 

Périodes d’activité des ravageurs et des espèces utiles

Les activités de dépistage effectuées par le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) depuis plus de 20 ans ont permis de préciser les dates d’apparition des ravageurs et des espèces utiles dans les grandes régions pomicoles du Québec. Une représentation schématique de l’activité de ces organismes nuisibles et utiles est présentée au guide chronologique du dépistage (fiche 65).

 

Méthodes de dépistage des principaux ravageurs du pommier

Les méthodes de dépistage et seuils d’intervention pour les principaux insectes et acariens sont décrits aux tableaux synthèse Dépistage par pièges à phéromone, Dépistage par pièges visuels, Dépistage par observation du feuillage et Dépistage par observation des fruits de la fiche 65.

Ces méthodes existent grâce au travail de nombreux scientifiques et conseillers d’expérience en pomiculture (voir la fiche 67).

 

Ajustement des seuils d’intervention en présence d’espèces utiles

De nombreux prédateurs et parasitoïdes utiles sont présents dans les vergers où se pratique la PFI. Lorsqu’ils sont en grand nombre, ils effectuent une lutte efficace, ce qui permet d’ajuster les seuils d’intervention en conséquence.

Les ravageurs suivants peuvent être contrôlés naturellement par des prédateurs et parasites, que vous pouvez protéger dans votre verger :

  • les pucerons verts, par les syrphes, cécidomyies, coccinelles, chrysopes ou punaise de la molène;
  • le puceron lanigère, par les prédateurs et les parasitoïdes dans les colonies au début août;
  • la mineuse marbrée, par les parasitoïdes (cocons blanchâtres) dans les mines en juillet et août;
  • les tétranyques, par les prédateurs de type phytoséiide et stigmaéide, sur et sous les feuilles en été.

Pour les détails sur comment utiliser et ajuster les seuils pour ces espèces, consultez les fiches 95, 96, 97 et 98.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

bannière des principaux partenaires de réalisation et commanditaires du Guide de PFI

Fiche 69

Yvon Morin, Gérald Chouinard et Stéphanie Gervais

 

En gestion intégrée, l’objectif est de ne traiter que lorsque nécessaire. Cette approche permet de réduire l’impact négatif des pesticides sur l’environnement (ce qui vous inclut ne l’oubliez pas!) tout en préservant les insectes et acariens utiles. Votre stratégie globale de lutte aux insectes et acariens devra s’appuyer sur les trois principes suivants :

  • Bien identifier les principaux ravageurs de votre verger en utilisant vos données de dépistage, votre historique de dommages à la récolte et vos registres d’utilisation de pesticides.
  • Établir une stratégie de lutte pour ces ravageurs identifiés, basée sur les recommandations du présent guide.
  • Dans la mesure du possible, ne pas effectuer plus d’une application par saison d’insecticides avec le même mode d’action sur deux générations successives d’un même ravageur. Ceci dans le but de réduire les risques que ces ravageurs développent de la résistance aux produits utilisés. Cette précaution est particulièrement importante dans le cas des acariens et des lépidoptères, tels que la tordeuse à bandes obliques et le carpocapse, qui sont beaucoup plus à risque de développer de la résistance que la mouche de la pomme ou le charançon de la prune.

 

En période préflorale

Plusieurs ravageurs sont présents à cette période : la punaise terne, la mineuse marbrée, l’hoplocampe, la noctuelle du fruit vert, les cochenilles (virgule et ostréiforme), les pucerons (vert, rose, lanigère), ainsi que plusieurs autres espèces de punaises et de tordeuses.

Malgré que cette liste puisse impressionner, l’utilisation d’un insecticide préfloral est malgré tout beaucoup moins nécessaire aujourd’hui que par le passé, les outils actuels de lutte permettant de contrôler après la floraison la plupart des ravageurs mentionnés ci-haut. Par exemple :

  • La tordeuse à bandes obliques, la noctuelle du fruit vert, la mineuse marbrée et les autres chenilles peuvent être efficacement réprimées au stade calice ou nouaison avec des produits comme SUCCESS ou DELEGATE.
  • L’hoplocampe et la mineuse marbrée peuvent également être contrôlés par des applications postflorales de CALYPSO effectuées contre des ravageurs comme le charançon de la prune, la punaise de la molène et la cicadelle blanche du pommier.

Le seul ravageur d’importance qu’un traitement insecticide postfloral ne peut contrôler, et donc à cibler en période préflorale, est la punaise terne.

 

Omission du traitement préfloral

Il arrive fréquemment qu’aucun traitement insecticide préfloral ne soit nécessaire. L’une des deux conditions suivantes doit être satisfaite pour justifier l’omission de cette intervention.

Première condition (tous ces critères doivent être vériiés) :
  • La population de punaise terne est sous le seuil d’intervention.
  • Les populations de la mineuse marbrée et de l’hoplocampe sont inférieures aux seuils d’intervention ou, seront contrôlées par un traitement insecticide postfloral.
  • L’hoplocampe ne doit pas avoir causé de dommages importants la saison précédente, sauf si ces dommages résultent de l’absence du traitement insecticide au stade calice (voir la fiche 71).
  • Les populations de ravageurs occasionnels (noctuelle du fruit vert, puceron rose, punaise de la pomme, etc.) sont peu importantes ou seront contrôlées par le traitement postfloral.
Seconde condition (météo défavorable) :
  • Il n’y a pas de belles conditions climatiques pendant toute cette période et les températures ne sont pas suffisamment élevées pour favoriser l’activité du ravageur. Le traitement n’est alors probablement pas nécessaire, ces conditions défavorisant aussi l’activité des ravageurs. Cependant, il vaut quand même mieux suivre leur activité afin d’intervenir rapidement si les conditions climatiques s’améliorent.

L’omission du traitement préfloral a des avantages évidents (+), mais comporte aussi des risques (-) :

  • Une économie en temps et en coût est reliée aux applications d’insecticides. (+)
  • Une conservation des prédateurs particulièrement sensibles aux pyréthrinoïdes (ou autres insecticides utilisés) peut améliorer le contrôle naturel des tétranyques. (+)
  • Une bonne conservation des insectes pollinisateurs. (+)
  • Un risque d’activité et de dommages de punaise terne pendant la floraison si les conditions n’ont pas été propices plus tôt ou, s’il n’y a pas d’autres sources de nourriture. (-)
  • À la période postflorale, les populations du charançon de la prune, de l’hoplocampe et de la tordeuse à bandes obliques risquent d’être plus importantes, et la surveillance devra être plus serrée. (-)

 

En période postflorale

La période postflorale comprend deux stades de développement du pommier, soit le calice et la nouaison. Cependant, puisque la floraison débute plus tôt chez certains cultivars (Ginger Gold, Jersey Mac, etc.) et plus tard pour d’autres (Spartan, Gala, etc.), il est possible d’observer des bourgeons au stade de floraison, calice et nouaison en même temps dans le verger.

À la période postflorale, plusieurs ravageurs sont à un stade de développement sensible aux insecticides et n’ont pas encore commencé à endommager les fruits. Un traitement insecticide à ce stade :

Afin de ne pas atteindre les abeilles, les ruches doivent être retirées du verger avant de traiter.

À la période postflorale, l’intention est de traiter une seule fois. Comment y parvenir?
  • En général, un traitement au stade calice permet d’atteindre simultanément l’hoplocampe des pommes, le charançon de la prune et la tordeuse à bandes obliques. Les larves de mineuse marbrée pourront aussi être ciblées si les adultes de la première génération n’ont pas été contrôlés en période préflorale.
  • Le choix du produit à utiliser est crucial. Le tableau d’efficacité des insecticides contre les ravageurs (fiche 47) est conçu pour vous aider à faire un choix éclairé.
  • Pour limiter le nombre de passages et réussir l’intervention postflorale, il est parfois nécessaire d’utiliser un mélange d’insecticides. Ainsi, avec un problème de tordeuse à bandes obliques et d’hoplocampe, l’application au stade calice d’un mélange de spinosad (SUCCESS) ou de spinétoram (DELEGATE) avec un organophosphoré (IMIDAN) est possible.

 

Période estivale

La stratégie en période estivale est déterminée d’abord et avant tout par les interventions requises pour protéger le fruit des attaques du carpocapse et de la mouche de la pomme.

La lutte au carpocapse requiert habituellement deux à trois interventions, soit dans l’ordre :

  • un ovicide (RIMON, INTREPID) ou un larvicide (CALYPSO, ASSAIL);
  • un ovicide-larvicide (ALTACOR);
  • un organophosphoré (IMIDAN), s’il y a un problème de mouche de la pomme, ou une spinosyne (DELEGATE) si la mouche n’est pas problématique.

Cette stratégie générale ne s’applique pas dans toutes les situations et elle peut changer en fonction de la venue de nouvelles matières actives ou en fonction de nouvelles découvertes sur le contrôle de ce ravageur. C’est pourquoi il est très important de se tenir à jour par le biais des avertissements phytosanitaires, des conseils professionnels, etc. Pour de plus amples informations, veuillez consulter la fiche 9.

La lutte à la mouche de la pomme doit être entièrement basée sur le dépistage : le nombre d’interventions requises varie habituellement de zéro à trois par saison.

 

Programme de traitement minimal pour un verger typique

À titre d’exemple seulement, voici ce que pourrait minimalement constituer un programme de protection contre les insectes ravageurs dans un verger représentatif des conditions moyennes rencontrées au Québec (sans problème particulier de résistance, de proximité avec des vergers mal entretenus, et gérés selon les principes de la PFI).

Traitement préfloral : aucun, sauf si la punaise terne excède le seuil maximal de 10 % (au stade pré-bouton rose et bouton rose seulement). À ce moment :

  • néonicotinoïde (au choix).

Traitement postfloral : de deux à trois traitements ciblant prioritairement le charançon, l’hoplocampe et le carpocapse, soit :

  • néonicotinoïde (CALYPSO) ou organophosphoré (IMIDAN), en mélange avec DELEGATE ou RIMON si la tordeuse à bandes obliques est aussi à contrôler.
  • DELEGATE, RIMON, ALTACOR ou INTREPID pour contrer spécifiquement le carpocapse, en une ou deux applications d’un seul produit, en rotation.

Traitement estival : un programme traitement contre la mouche de la pomme si le dépistage est positif :

  • organophosphoré (IMIDAN).

Bien sûr, ce programme ne peut aucunement être utilisé comme tel dans votre verger sans autre forme de suivi. Consultez les différentes fiches du présent guide pour développer votre propre programme.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

bannière des principaux partenaires de réalisation et commanditaires du Guide de PFI

Fiche 70

Yvon Morin et Gérald Chouinard

 

Voyez la punaise sur Youtube à https://www.youtube.com/watch?v=GI1ocRtkjKA
La capsule vidéo de 6 minutes dresse un portrait du ravageur, montre ses caractères distinctifs, identifie les conditions qui influencent son développement, et vous plonge dans l’action du dépistage et des méthodes d’intervention recommandées en production fruitière intégrée.
Description et comportement

La punaise terne (Lygus lineolaris) est un ravageur primaire en PFI. C’est un insecte brun, de 6 mm de longueur, au vol relativement rapide et facile à observer. Dès le débourrement, elle se trouve sur les jeunes bourgeons, dont elle extrait la sève. Elle est particulièrement active par temps chaud et calme. Des photographies de l’adulte et des dommages sont présentées dans le Guide d’identification des ravageurs du pommier et de leurs ennemis naturels.

Adulte de punaise terne – photo J. Moisan-De Serres, MAPAQ

Elle hiberne sous forme d’adulte sous la litière des feuilles en bordure du verger, dans les boisés ou sous la paille dans les champs de fraises.

La punaise terne se nourrit sur plusieurs espèces de plantes, par contre, à l’ouverture des bourgeons du pommier, elle s’en alimente presqu’exclusivement. Sa période d’activité sur pommier s’étend jusqu’au stade du calice. À partir de ce moment, elle se déplace sur d’autres sources de nourriture plus attrayantes, et pond ses œufs sur les mauvaises herbes ou sur d’autres plantes cultivées comme le fraisier. Son pic d’activité sur pommier se situe généralement entre les stades débourrement et bouton rose.

Œuf de punaise terne – photo J. Moisan-De Serres, MAPAQ

La larve, de couleur vert jaunâtre, a cinq points noirs sur le dos à partir du troisième stade larvaire. Les larves et les adultes des deux générations subséquentes ne se nourrissent pas sur les pommiers.

Larve de punaise terne – photo J. Moisan-De Serres, MAPAQ

Cycle de vie de la punaise terne – illustration J. Veilleux / IRDA

 

Dommages

La piqûre de nutrition de l’insecte sur le bourgeon en croissance provoque l’apparition d’une goutte de sève appelée exsudat. Cette goutte est transparente si le dommage est frais et brunit lorsqu’il est plus vieux. Cette prise de nourriture cause deux types de dommages, selon le stade de développement du pommier.

Les piqûres faites entre les stades de débourrement et de pré-bouton rose entraînent majoritairement l’avortement en partie ou en totalité des boutons floraux, qui s’apparente à un « éclaircissage naturel ». Dans le cas des piqûres faites à partir du stade bouton rose, elles provoquent soit la chute du bouton, soit l’apparition sur le fruit d’une dépression en forme d’entonnoir, parfois accompagnée de cicatrices liégeuses pouvant déclasser le fruit.

Dommage de nutrition sur pommette – photo IRDA

dégât de punaise terne

Dommage de nutrition sur pomme à la récolte

 

Estimation du risque

La méthode de dépistage de ce ravageur est décrite au tableau-synthèse Dépistage par pièges visuels de la fiche 65.

Pour estimer le risque que représente ce ravageur, il faut tenir compte de l’historique de la parcelle, du niveau de population, des variétés présentes, des conditions climatiques, et du type de mise en marché.

  • Historique de la parcelle : Si cette parcelle est régulièrement affectée par ce ravageur (plus de 2 % de dommage sur fruit à la récolte) en l’absence de traitement, une intervention peut être envisagée (utiliser les seuils mentionnés à la grille Dépistage par observation des fruits ou du feuillage de la fiche 65).
  • Niveau de population : Le dépistage se fait à l’aide de cartons blanc englués, utilisé conjointement avec l’observation des adultes et des dégâts, permettant d’avoir une bonne idée de l’état de la population.
  • Variétés susceptibles (dommage sur fruits) : Les variétés Cortland et Paulared sont généralement plus affectées, suivi par Spartan et Gala.
  • Conditions climatiques : Les conditions favorables à un traitement (peu ou pas de vent, température au-dessus de 15 °C, pas de pluie) sont généralement favorables à l’activité de la punaise. Des dégâts plus importants que prévu peuvent survenir si ces conditions sont présentes seulement durant la floraison.
  • Mise en marché : La punaise terne n’affecte pas suffisamment la productivité d’une parcelle pour justifier d’intervenir dans un verger qui ne produit que de la pomme de transformation.

Les pommiers situés près des boisés et autres sites d’hibernation ainsi que les pommiers nains sont également plus exposés aux attaques de la punaise terne.

 

Stratégie d’intervention
Répression

L’intervention à l’aide d’insecticide la plus efficace pour réprimer la punaise terne se situe généralement entre le stade du débourrement avancé et le pré-bouton rose. Les pyréthrinoïdes de synthèse et certains néonicotinoïdes (ex. :  RIPCORD, POUNCE, DECIS, UP-CYDE, MATADOR) sont les insecticides les plus efficaces pour contrôler ce ravageur. Contrairement à d’autres types d’insecticides, les pyréthrinoïdes fonctionnent mieux à une température qui ne dépasse pas 25 °C. Un traitement localisé sur les rangs avoisinant les boisés ou sur les variétés les plus sensibles peut être suffisant.

Même si les pyréthrinoïdes sont les insecticides les plus efficaces contre la punaise terne et les adultes de mineuse marbrée, ils sont malheureusement aussi les plus toxiques aux insectes et acariens utiles. C’est pourquoi en PFI ils ne doivent jamais être utilisés plus d’une fois par saison et jamais après la floraison.

Ces insecticides agissent par contact, c’est-à-dire qu’ils tuent les insectes lorsqu’une gouttelette de bouillie les touche. Ils sont aussi résiduels, alors les insectes qui ne sont pas dans le verger lors de l’application peuvent quand même être atteints par les résidus sur les feuilles. Cependant, s’il pleut ou s’il fait froid pendant ou après le traitement, cette activité résiduelle sera réduite. En fait, le produit est moins efficace car l’insecte ne se trouve pas sur le pommier dans ces conditions.

Moment du traitement

Puisque la période préflorale peut s’étaler sur plus d’un mois, les avantages du traitement vont différer en fonction du moment précis choisi pour l’intervention :

Si le traitement est appliqué tôt, au stade pré-bouton rose ou avant :

  • Il aura une meilleure efficacité contre la punaise terne.
  • Il pourra être combiné avec l’application d’huile supérieure nécessaire contre le tétranyque rouge.
  • Étant donné qu’il y a moins de feuillage, il y a moins de résidus toxiques de pyréthrinoïdes de synthèse sur le feuillage présent en été. Cela permet de conserver une plus grande population de prédateurs des tétranyques.
  • Le traitement aura un impact négatif plus faible sur les insectes pollinisateurs naturels du verger.

Si le traitement est appliqué plus tard, au bouton rose ou au bouton rose avancé :

  • Il aura une meilleure efficacité contre la plupart des ravageurs préfloraux mis à part la punaise terne : mineuse marbrée, hoplocampe, noctuelle du fruit vert et tordeuse à bandes obliques.
  • Il aura une efficacité non négligeable contre certains ravageurs postfloraux, comme le charançon de la prune.
  • Il pourra être combiné avec l’application d’urée et/ou bore nécessaire avant la floraison pour aider au développement des fleurs ainsi qu’à la nouaison des fruits.
  • Il pourra être combiné avec un des traitements fongicides nécessaires contre la tavelure du pommier.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

bannière des principaux partenaires de réalisation et commanditaires du Guide de PFI

Fiche 71

Yvon Morin et Gérald Chouinard

 

Cet ennemi du pommier est réglementé en vertu de la Loi sur la protection sanitaire des cultures (Fiche 15) et les mesures nécessaires doivent être prises pour éviter la propagation aux cultures avoisinantes.

 

Voyez l’hoplocampe sur Youtube à https://www.youtube.com/watch?v=ZRkutDXUkPo
La capsule vidéo de 6 minutes dresse un portrait du ravageur, montre ses caractères distinctifs, identifie les conditions qui influencent son développement, et vous plonge dans l’action du dépistage et des méthodes d’intervention recommandées en production fruitière intégrée.
Description et comportement

L’hoplocampe (Hoplocampa testudinea) est un ravageur secondaire en PFI. Cet insecte, apparenté aux abeilles et aux guêpes, possède un corps noir, mais la face ventrale de son abdomen ainsi que ses pattes sont jaune orange. Sa tête est jaunâtre avec un point noir et ses quatre ailes sont transparentes.

hoplocampe de la pomme (adulte)

Adulte d’hoplocampe des pommes

L’insecte hiberne dans le sol sous forme de nymphe. Les premiers adultes apparaissent un peu avant le stade du bouton rose et la population atteint son pic à la floraison. Les œufs blancs et brillants sont insérés individuellement à la base du réceptacle des fleurs et éclosent au stade calice, en moyenne 10 à 12 jours après la ponte. La larve, de couleur jaunâtre avec une tête brun foncé, possède trois paires de pattes à l’avant du corps et sept paires de fausses pattes sur l’abdomen, ce qui la distingue des principales autres larves pouvant être retrouvées dans le fruit. Elle se nourrit du fruit pendant quelques semaines pour ensuite former une pupe dans le sol, d’où les adultes ressortiront au printemps suivant.

Des photographies de l’adulte, de la larve et des dommages sont présentées dans le Guide d’identification des ravageurs du pommier et de leurs ennemis naturels.

Larve d’hoplocampe des pommes – photo J. Moisan-De Serres, MAPAQ

Cycle de vie de l’hoplocampe des pommes – illustration J. Veilleux / IRDA

 

Dommages

Les femelles volent d’une fleur à l’autre pour se nourrir et pondre leurs œufs, qu’elles insèrent à la base du réceptacle. Elles provoquent ainsi la légère dépression qui apparaît près du calice du fruit. Ce dommage ne déclasse toutefois que rarement le fruit.

dégât d'hoplocampe de la pomme

Dommage de ponte d’hoplocampe des pommes

Les larves provoquent toutefois des dommages caractéristiques et facilement identifiables, appelés dommage primaire et dommage secondaire.

Dommage primaire

Le dommage primaire apparaît lorsque les larves nouvellement sorties de l’œuf mangent le dessous de la pelure, provoquant une cicatrice brune qui ressemble à un ruban liégeux. Ce ruban part près du calice du fruit et tourne autour du fruit. Les pommes qui ne portent qu’un dégât primaire restent le plus souvent dans l’arbre jusqu’à la récolte.

dégât d'hoplocampe de la pomme

Dommage primaire de larve d’hoplocampe des pommes

Dommage secondaire

Après avoir mangé le dessous de la pelure, la larve pénètre le fruit en creusant un tunnel pouvant atteindre 3 mm de diamètre. De ce tunnel s’écoulent des déjections et un liquide brun rouille qui dégage une odeur forte. La larve peut occasionnellement se déplacer sur une pomme voisine et y creuser un autre tunnel : il y aura alors seulement un trou avec des excréments et du liquide. Tous les fruits qui portent un dégât secondaire d’hoplocampe tombent avant la récolte.

Dommage secondaire de larve d’hoplocampe des pommes
photo J. Moisan-De Serres, MAPAQ

Ces dommages secondaires ressemblent à ceux du carpocapse. Cependant, les pommes attaquées par le carpocapse sont plus grosses, puisque le dommage se fait en juillet plutôt qu’en juin, comme c’est le cas pour l’hoplocampe.

 

Estimation du risque

La méthode de dépistage de ce ravageur est décrite au tableau-synthèse Dépistage par pièges visuels de la fiche 65.

 

Stratégie d’intervention
Répression

Pour contrôler des populations élevées de ce ravageur, un traitement est réalisé au stade calice. Cependant, il arrive souvent que les populations soient faibles et ne nécessitent pas d’intervention à ce stade.

Il est fréquent que le seuil d’intervention soit atteint pendant la floraison, alors que les interventions insecticides contre cet insecte sont interdites. Il faut à ce moment viser les larves, et chercher à les atteindre avant qu’elles ne commencent à manger la pelure des pommes, c’est-à-dire dès leur sortie des œufs. Pour un maximum d’efficacité, le traitement doit donc être réalisé au stade calice, dès que 90 % des pétales sont tombés.

Cependant, il peut arriver que l’hoplocampe émerge plus rapidement ou encore que la population soit tellement élevée que le traitement du calice soit insuffisant (historique de dommages récurrent). Dans ces cas, un traitement insecticide au bouton rose avancé avec une pyréthrinoïde de synthèse peut être justifié pour baisser la population d’adultes. Malheureusement, cette application va également affecter gravement les insectes pollinisateurs naturels.

Les insecticides les plus efficaces pour contrôler ce ravageur au stade du calice sont les organophosphorés et le CALYPSO. Aucun organophosphoré n’est actuellement homologué contre l’hoplocampe, mais les applications effectuées tôt au calice contre le charançon de la prune seront aussi efficaces contre l’hoplocampe. Puisqu’il est nécessaire de rejoindre les œufs pour un traitement efficace, il faut s’assurer de faire une application adéquate, c’est-à-dire appliquer le bon produit, à la bonne dose et pendant la période d’éclosion des œufs.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

bannière des principaux partenaires de réalisation et commanditaires du Guide de PFI

Fiche 72

Yvon Morin, Gérald Chouinard et Daniel Cormier

 

Cet ennemi du pommier est réglementé en vertu de la Loi sur la protection sanitaire des cultures (Fiche 15) et les mesures nécessaires doivent être prises pour éviter la propagation aux cultures avoisinantes.

 

Voyez le charançon sur Youtube à https://www.youtube.com/watch?v=PUzZJXeNmEQ
La capsule vidéo de 6 minutes dresse un portrait du ravageur, montre ses caractères distinctifs, identifie les conditions qui influencent son développement, et vous plonge dans l’action du dépistage et des méthodes d’intervention recommandées en production fruitière intégrée.
Description et comportement

Le charançon de la prune (Conotrachelus nenuphar) est un ravageur primaire en PFI, présent dans la grande majorité des vergers du Québec (pommes, poires et prunes). L’adulte mesure 5 mm de longueur. Il est de couleur noire, brune ou grisâtre avec un dos (élytres) bossu et rugueux, et un bec (rostre) recourbé qui mesure le tiers de sa longueur. Puisqu’il est actif surtout en soirée et durant la nuit, il est rarement visible lors des dépistages.

Les adultes hibernent principalement dans la litière des boisés et des forêts d’arbres feuillus qui avoisinent les vergers, ou sous des amas de branches ou des bâtiments. La plupart de ceux qui restent dans le verger pendant l’hiver ne survivent pas, sauf si le temps reste doux et/ou que la neige est abondante tout l’hiver.

Adulte du charançon de la prune – photo J. Moisan-De Serres, MAPAQ

À la faveur de journées chaudes et calmes du printemps, les charançons se déplacent vers le verger. L’accouplement débute habituellement durant la floraison, et la ponte dès la nouaison des fruits. Une seule femelle peut pondre jusqu’à 200 œufs en quelques semaines. Les œufs sont pondus individuellement sous la pelure des jeunes fruits et l’éclosion survient de 3 à 12 jours après la ponte. La larve pénètre la pomme et s’en nourrit pendant 2 à 3 semaines. De couleur blanc-jaune avec une petite tête brune, elle atteint une longueur de 5 à 7 mm. Elle se dirige ensuite vers le sol pour se transformer en nymphe.

Œuf de charançon de la prune (la pelure a été abaissée afin de le rendre visible)
photo IRDA

Larve du charançon de la prune – photo J. Moisan-De Serres, MAPAQ

Nymphe du charançon de la prune – photo IRDA

Au début du mois d’août, les nouveaux adultes commencent à émerger et à se nourrir de pommes. Ces adultes sont toutefois incapables de se reproduire et de pondre des œufs avant d’avoir complété leur développement, pendant l’hiver. Il n’y a donc qu’une seule génération par année.

Des photographies des différents stades de développement et des dommages que cause le charançon se trouvent dans le Guide d’identification des ravageurs du pommier et de leurs ennemis naturels.

Cycle de vie du charançon de la prune – illustration J. Veilleux / IRDA

 

Dommages

Il existe trois types de dommages sur les fruits : le dommage de ponte, le dommage de nutrition des larves et le dommage de nutrition des adultes.

Dommage de ponte

Ce dommage apparaît lorsque la femelle insère son œuf sous la pelure de la pomme et qu’elle mange ensuite la pelure autour de l’œuf. Cette opération forme une cicatrice caractéristique en forme de croissant de lune, qui permet à l’œuf de ne pas être écrasé lorsque le fruit grossit.

Dommage de ponte du charançon de la prune en forme de croissant de lune
photo F. Vanoosthuyse, IRDA

 

Dommage de ponte du charançon de la prune cicatrisé – photo F. Pelletier, IRDA

Dommage de nutrition des larves

Les larves qui éclosent des œufs se nourrissent de la chair du fruit, ce qui provoque habituellement sa chute avant la récolte.

Pour plusieurs raisons (défense physiologique, insecticides), une grande quantité d’œufs et de larves vont toutefois mourir avant de compléter leur développement, et des pommes avec des dommages de ponte resteront dans l’arbre jusqu’à la récolte.

Dommage de nutrition des adultes

Ces dommages de forme circulaire sont causés par les adultes qui se nourrissent des fruits en enfonçant leur rostre dans la chair. Les adultes qui émergent au mois d’août font seulement ce type de dommage (principalement près de la queue de la pomme), tandis que les adultes du printemps font surtout des dommages de ponte.

 

Estimation du risque

La méthode de dépistage de ce ravageur est décrite au tableau-synthèse Dépistage par observation visuelle des fruits ou du feuillage de la fiche 65.

Le potentiel de dommage de cet insecte est très élevé et son dépistage reste encore laborieux. Pour ces raisons, un traitement préventif postfloral à effet résiduel est souvent recommandé comme principal moyen de lutte, mais des traitements de bordure (rangées périphériques) sont aussi recommandables selon la pression de la population et l’historique de dommages.

 

stratégie d’intervention
Prévention

Éviter l’implantation de nouveaux vergers trop près de boisés de feuillus qui augmentent la survie du charançon à l’hiver. Placer les cultivars les plus attrayants pour le charançon (comme les cultivars d’été) dans les rangées de bordure. Ces arbres serviront d’indicateur de la présence de l’insecte.

Créer une bordure défavorable à la survie du charançon durant l’hiver en plantant autour du verger une ceinture d’arbres de type résineux.

Éliminer les foyers d’infestation à proximité du verger (moins de 200 m), particulièrement les pommiers, les pommettiers, les cerisiers, sauvages ou abandonnés et tous les arbres de la famille des rosacées.

Ramasser les fruits affectés.

Répression

Si une intervention contre le charançon est nécessaire, le choix de la stratégie à utiliser (traitement complet ou traitement de bordure) dépendra de la situation.

Un traitement complet est requis dès qu’une des situations suivantes est rencontrée :

  • le verger possède un historique de dommages importants du charançon;
  • le verger a subi des dommages de charançon l’année précédente;
  • le verger est adjacent à un verger à risque;
  • les captures d’hoplocampes (ou d’un autre insecte) dépassent le seuil d’intervention;
  • le verger n’a pas reçu de traitement insecticide préfloral.

Un traitement de bordure est recommandé dans les autres cas. Le traitement en bordure permet l’établissement des insectes et acariens utiles au centre du verger tout en réduisant les coûts reliés à l’achat de pesticides. Il doit être appliqué dans les 20 à 30 mètres ceinturant le verger, soit 3 rangs de pommiers standards ou 5 rangs de pommiers nains ou semi-nains. Il doit également inclure les cultivars hâtifs.

Le traitement de bordure est efficace et rentable pour des blocs de grandes surfaces. Il est aussi plus efficace lorsque quelques journées consécutives de temps très chaud ont été rencontrées avant ou pendant la floraison. Il est cependant moins efficace si le verger est de forme irrégulière, étroit ou s’il y a une forte proportion de cultivars hâtifs, de petits pommiers ou un historique de dommages au centre du verger.

Cette pratique donne de bons résultats et peut être utilisée à condition que le verger soit inspecté de façon régulière (2 à 3 fois par semaine) à partir du stade calice et durant le mois de juin. Elle peut occasionner une augmentation de la population l’année suivante. Tous les deux ou trois ans, il est préférable de traiter l’ensemble du verger, selon l’historique des dommages.

Moment du traitement

Si l’ensemble du verger est traité, le traitement doit avoir lieu entre les stades calice et nouaison. Le traitement en bordure doit avoir lieu au stade calice, avant que le charançon pénètre à l’intérieur du verger.

Le traitement doit être fait lors d’une soirée chaude, humide et sans vent, entre 18 h et minuit. C’est à ce moment que le charançon s’active dans les pommiers. À cette période de l’année, le charançon se tient généralement immobile au sol durant le jour.

Les insecticides recommandés sont les mêmes que ceux qui sont utilisés pour lutter contre les populations de l’hoplocampe, soit le phosmet (IMIDAN) et le thiaclopride (CALYPSO). Ces produits sont moins résiduels, mais moins toxiques pour les insectes et les acariens utiles, que les autres produits homologués contre le charançon (fiche 46).

Il est important de souligner que le carbaryl (SEVIN) utilisé pour l’éclaircissage est peu efficace pour le charançon, même à dose élevée.

Lorsque les interventions de la période postflorale ne sont pas efficaces, des dommages peuvent être causés par la nouvelle génération d’adultes en août. Toutefois, les traitements appliqués pour lutter contre d’autres ravageurs comme la mouche de la pomme seront efficaces si le charançon est présent. Voir la fiche 77.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

bannière des principaux partenaires de réalisation et commanditaires du Guide de PFI

Fiche 73

Yvon Morin et Gérald Chouinard

 

Voyez la mineuse sur Youtube à https://www.youtube.com/watch?v=z01ETEHaIjI
La capsule vidéo de 6 minutes dresse un portrait du ravageur, montre ses caractères distinctifs, identifie les conditions qui influencent son développement, et vous plonge dans l’action du dépistage et des méthodes d’intervention recommandées en production fruitière intégrée.
Description et comportement

La mineuse marbrée (Phyllonorycter blancardella) est un ravageur secondaire en PFI. Elle hiberne dans les feuilles tombées à l’automne au stade nymphale à l’intérieur de la mine dans laquelle elle s’est nourrie au stade larvaire. Elle en émerge au stade du débourrement avancé, sous forme d’un petit papillon (4-5 mm), orné de rayures blanches et dorées.

Adulte de la mineuse marbrée – photo J. Moisan-De Serres, MAPAQ

Il y a trois générations de mineuses marbrées par an. Au stade pré-bouton rose, la femelle de la première génération pond ses œufs un à un sous les jeunes feuilles du bouquet floral. Elle est particulièrement active lors des soirées chaudes et calmes. Les œufs sont translucides et visibles à l’aide d’une loupe de grossissement 10X. L’éclosion survient de 9 à 14 jours plus tard et la chenille s’enfouit alors entre les deux épidermes de la feuille. La larve mesurant 1 à 4 mm est aplatie et de couleur blanc crème à jaunâtre. Ce sont ces larves qui causent les dommages en se nourrissant de la sève et des tissus à l’intérieur des feuilles. Vers la fin du mois de juin, elles se transforment en nymphe à l’intérieur de la feuille et l’émergence des adultes se produit 8 à 12 jours plus tard. La nymphe est brun foncé et mesure 7 mm de longueur.

Larve de mineuse marbrée
photo J. Moisan-De Serres, MAPAQ

La deuxième génération de chenille apparaît en juillet et la troisième, principalement de la mi-août à la mi-septembre.

Cycle de vie de la mineuse marbrée – illustration J. Veilleux / IRDA

 

Dommages

La mine est d’abord visible seulement sur la face inférieure de la feuille : il est possible d’y apercevoir une tache vert pâle qui trahit la présence d’air sous la cuticule de la feuille. Les larves présentes dans ces jeunes mines se nourrissent uniquement de sève. Toutefois, lorsqu’elles atteignent le 4e stade larvaire, elles commencent à se nourrir de tissus végétaux, créant des taches décolorées visibles sur la surface supérieure de la feuille. Les mines apparaissent alors tachetées de blanc.

dégât de mineuse marbrée

Dommage sur la face supérieure
de la feuille (=type âgé)

Lorsque les mines sont très abondantes (entre cinq et dix par feuille en troisième génération), il y a un risque de chute prématurée des feuilles et des fruits, ainsi que de mûrissement prématuré. La chute des fruits et des feuilles peut s’aggraver si les arbres subissent d’autres stress, comme une infestation d’acariens ou une sécheresse.

Estimation du risque

Le suivi des captures des papillons permet de déterminer si le seuil d’intervention est atteint. La méthode de dépistage est décrite au tableau-synthèse Dépistage par pièges à phéromones de la fiche 65.

 

Stratégie d’intervention
Prévention

La mineuse marbrée peut être contrôlée de façon naturelle par le parasitoïde Pholetesor ornigis qui est cependant très sensible aux insecticides (néonicotinoïdes, pyréthrinoïdes, carbamates et plusieurs organophosphorés). L’approche privilégiée en PFI est donc de ne pas intervenir spécifiquement contre la mineuse marbrée avant la floraison et d’éviter autant que possible l’utilisation de produits néfastes aux parasitoïdes (voir la fiche 98).

Répression
  • Les adultes de mineuse marbrée peuvent être contrôlés par une application de pyréthrinoïde de synthèse avant la floraison.
  • Les larves de stades un à trois peuvent être contrôlées par des insecticides systémiques appliqués au stade calice ou nouaison.
  • Il est presqu’impossible d’atteindre les larves plus âgées avec des insecticides.

Si une intervention postflorale est prévue contre d’autres insectes et que les populations de mineuses marbrées dépassent le seuil d’intervention, il faut chercher à atteindre le maximum de femelles adultes et de jeunes larves tout juste sorties de l’œuf, avant qu’elles ne pénètrent la feuille et se retrouvent hors d’atteinte. Selon les conditions météorologiques, ce moment survient quelques jours après le « pic de captures », c’est-à-dire le moment où le maximum de papillons est capturé entre deux dépistages réguliers.

Les insecticides suivants appliqués contre d’autres ravageurs en traitement postfloral, vont également contrôler les larves de mineuse marbrée :

  • SUCCESS (spinosad) ou DELEGATE (spinétoram) utilisés contre la tordeuse à bandes obliques. Ces insecticides seront plus efficaces contre les larves de mineuse marbrée si 0,8 % d’huile supérieure est ajoutée lors de l’application. Il faut cependant faire très attention à la phytotoxicité qui peut survenir si du captane est utilisé jusqu’à dix jours avant ou après ce traitement;
  • AGRI-MEK (abamectine) utilisé contre les tétranyques;
  • CALYPSO (thiaclopride) utilisé contre le charançon de la prune et l’hoplocampe.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

bannière des principaux partenaires de réalisation et commanditaires du Guide de PFI

Fiche 74

Yvon Morin, Gérald Chouinard et Daniel Cormier

 

Cet ennemi du pommier est règlementé en vertu de la Loi sur la protection sanitaire des cultures (Fiche 15) et les mesures nécessaires doivent être prises pour éviter la propagation aux cultures avoisinantes.

ATTENTION DOSES RÉDUITES : l’ARLA ne prend pas action contre ceux qui préconisent de telles pratiques, si elles n’entraînent pas de danger pour la santé ou la sécurité humaine ou pour l’environnement et qu’elles ne sont pas destinées à promouvoir la vente de produits antiparasitaires. Si toutefois l’utilisation de doses réduites ou adaptées devait entraîner des pertes pour les utilisateurs, les conseillers ou les organisations qui les recommandent pourraient être tenus responsables de leurs recommandations dans des actions civiles.

 

Voyez la TBO sur Youtube à https://www.youtube.com/watch?v=BEqAKSeOGJU
La capsule vidéo de 7 minutes dresse un portrait du ravageur, montre ses caractères distinctifs, identifie les conditions qui influencent son développement, et vous plonge dans l’action du dépistage et des méthodes d’intervention recommandées en production fruitière intégrée.

 

Description et comportement

La tordeuse à bandes obliques (Choristoneura rosaceana) (TBO) est un ravageur primaire en PFI. Elle est présente dans la majorité des vergers au Québec. C’est un ravageur qui a développé de la résistance aux insecticides de la famille des organophosphorés et des pyréthrinoïdes dans plusieurs régions pomicoles.

Il y a deux générations de tordeuse à bandes obliques par an : la génération hibernante et la génération d’été. Ce sont les larves de la génération d’été qui endommagent le plus la récolte.

Génération hibernante (larves du printemps)

Les premières larves du printemps sont visibles à partir du stade débourrement. La majorité des larves apparaît cependant entre le bouton rose et la nouaison et les plus tardives, après la nouaison. Elles sortent d’hibernation sous forme de 2e ou 3e stade larvaire et mesurent environ 4 mm de long. Elles sont distinguables des autres chenilles présentes à cette période par leur tête brun-noir et leur corps verdâtre. De plus, contrairement aux noctuelles présentes aussi à cette période, les tordeuses à bandes obliques s’enroulent dans les feuilles.

Ces larves du printemps se nourrissent de feuilles, de bourgeons et de fleurs de pommiers, mais aussi de petites pommes, avant de se transformer en nymphes, puis en adultes de la génération d’été. Des photographies du papillon, de la larve et des dommages sont présentées dans le Guide d’identification des ravageurs du pommier et de leurs ennemis naturels.

Larve de tordeuse à bandes obliques enroulée dans une feuille– photo IRDA

Larve de tordeuse à bandes obliques enroulée dans une feuille (la feuille a été déroulée afin de rendre la larve visible) – photo IRDA

 

 

Larve de tordeuse à bandes obliques – photo J. Moisan-De Serres, MAPAQ

Nymphe de tordeuse à bandes obliques – photo J. Moisan-De Serres, MAPAQ

Génération d’été

L’adulte (14 mm) est un papillon de nuit brun pâle avec trois bandes obliques foncées sur les ailes antérieures. Il émerge et s’accouple au mois de juin. La femelle pond ses œufs par masse de 50 à 600 individus sur les feuilles. La ponte commence quelques jours après l’accouplement et se termine vers la fin juillet. Sur une période de sept à huit jours, elle peut pondre jusqu’à 900 œufs.

Adulte de tordeuse à bandes obliques – photo J. Moisan-De Serres, MAPAQ

tordeuse à bandes obliques (masse d'oeufs)

Masse d’œufs de tordeuse à bandes obliques

La taille de la masse d’œufs diminue à chaque ponte. Fraîchement pondue, la masse est de couleur vert pâle. À l’occasion, elle peut devenir jaune, jusqu’au moment où il est possible d’apercevoir un petit point noir dans chaque œuf. Ce point noir est la tête de la future larve à naître.

L’éclosion survient généralement de 7 à 15 jours après la ponte. Le corps de la jeune chenille est vert pâle et mesure 2 mm de long. Sa tête noire ou brune la différencie de la tordeuse à bandes rouges, qui a la tête verte comme le reste de son corps. Les dernières feuilles de la pousse annuelle encore enroulées sont un abri idéal pour les premiers stades, qui se nourrissent de jeunes feuilles ou de pommes. Lorsqu’elles sont nombreuses, il est possible de les observer aussi sous les feuilles attachées par des fils qu’elles tissent à la nervure centrale.

Lorsqu’elle atteint des stades plus avancés, la chenille laisse son premier abri pour en trouver un deuxième et continue à se développer. Grâce à des fils de soie, elle enroule les feuilles autour d’elle pour fabriquer cet abri. Elle peut aussi s’abriter entre des pommes et s’en nourrir.

Larve de tordeuse à bandes obliques abritée entre une feuille et une pomme
photo A. Charbonneau, IRDA

Les larves se développent normalement pendant tout le mois de juillet. À leur sixième et dernier stade de développement, elles peuvent mesurer jusqu’à 25 mm de long. Il arrive parfois que de jeunes larves cessent leur développement au troisième stade larvaire (juillet-août) et entrent en diapause (hibernation) jusqu’au printemps prochain.

Génération hibernante (larves d’automne)

Les adultes qui donneront naissance aux larves de la génération hibernante apparaissent graduellement entre la mi-août et le mois d’octobre. Les larves se nourrissent principalement de feuilles, mais peuvent également se nourrir de fruits. Lorsqu’elles atteignent le 3e stade larvaire, elles s’abritent sous l’écorce du pommier ou dans les bourgeons pour hiberner.

Comportement

Lorsqu’elle sort de l’œuf, la larve tisse un fil de soie au bout duquel elle se laisse emporter par le vent, parfois plusieurs dizaines de mètres plus loin, afin de se disperser. Le même phénomène est observable lorsqu’elle est dérangée; il faut être rapide pour l’apercevoir, car aussitôt que l’on déroule les feuilles, elle se laisse rapidement tomber vers le sol.

Survie des larves

Il n’y a qu’un certain pourcentage de larves qui survivent à leur sortie des œufs. Plusieurs tombent au sol ou ne se trouvent pas d’abri ou de nourriture. Cela dépend des conditions climatiques lors de l’éclosion. De fortes pluies durant cette période – particulièrement durant le pic d’éclosion – entraînent une proportion plus importante de jeunes larves vers le sol, ce qui compromet leur survie.

Cycle de vie de la tordeuse à bandes obliques – illustration J. Veilleux / IRDA

 

Dommages

Les larves printanières de la génération hibernante endommagent peu la récolte. La majorité des pommes attaquées tombent lors de la chute physiologique de juin. Les quelques dommages qui peuvent être visibles au moment de la récolte sont liégeux et profonds et ressemblent à ceux qui sont faits par la noctuelle du fruit vert.

Les larves de la génération d’été endommagent considérablement la récolte. Lorsqu’elles sont petites, leurs pièces buccales leur permettent de faire seulement des petits trous dans la pelure. Plus grosses, leurs grandes bouchées forment des sillons larges et peu profonds sur la pelure et dans la chair des fruits, mais sans les déformer.

Dans des régions où les populations sont abondantes et lorsque l’été est long, les larves de la génération hibernante peuvent aussi endommager les fruits à l’automne. Les dommages se trouvent souvent entre deux pommes ou sous une feuille attachée à une pomme par des fils de soie.

tordeuse à bandes obliques (larve et dégâts)

Dommage de tordeuse à bandes obliques à la récolte

 

Estimation du risque

La méthode de dépistage de ce ravageur est décrite au tableau-synthèse Dépistage par observation des fruits ou du feuillage de la fiche 65. Il est très difficile de prévoir avec précision la quantité de dommage que la tordeuse à bandes obliques peut infliger à une récolte à partir des observations de larves au printemps. C’est la raison pour laquelle le seuil d’intervention varie de 0,5 à 3 %. Si l’été est chaud et sec, il y aura une forte augmentation de la population et donc des dommages. Si généralement vous traitez contre le carpocapse et faites des applications de RIMON, ALTACOR ou DELEGATE en été, vous allez réduire la population de TBO et vous pouvez alors tolérer plus de larves au printemps.

Dans les vergers qui ont eu peu ou pas de dommages la saison précédente, seul le dépistage des larves permet de savoir s’il est nécessaire de traiter. Dans les vergers qui possèdent un historique de dommages, un traitement préventif au stade calice ou nouaison est généralement requis au moins une année sur deux pour lutter contre les populations de larves du printemps. Ce traitement aura aussi un impact sur les populations de la génération estivale qui seront plus faibles qu’en absence de traitement. Même s’il est prévu de traiter, il est préférable de dépister les larves pour évaluer leur population avant.

En juillet, on retrouve les chenilles à la fois sur les pousses en croissance et sur les bouquets de fruits. Lorsque le nombre de pousses en croissance diminue, vers la deuxième semaine de juillet, on doit observer uniquement les bouquets de fruits. Il faut porter une attention particulière aux pommiers hâtifs et à ceux au feuillage abondant. De plus, les tordeuses se retrouvent souvent sur les pommes du cultivar Cortland, abritées entre deux fruits.

 

Stratégie d’intervention
Prévention

La TBO est un insecte difficile à combattre par des pulvérisations; il faut appliquer une régie qui réduit la capacité des larves à faire des dommages. Les pratiques suivantes permettent l’exposition des pommes au vent et au soleil et diminuent le nombre d’endroits où peuvent s’abriter les larves :

  • Une taille d’hiver et une taille d’été appropriées (voir la fiche 41);
  • L’enlèvement des gourmands en été;
  • L’éclaircissage (chimique et/ou manuel) de tous les cultivars;
  • Une fertilisation adéquate (limitée) en azote.

Ces pratiques ont deux autres énormes avantages en PFI :

  • Les pesticides utilisés lorsque requis atteindront mieux la cible.
  • Les fruits seront de meilleure qualité (grosseur et couleur).
Lutte naturelle

Il existe des prédateurs et parasitoïdes qui s’attaquent aux œufs ou aux larves de tordeuses à bandes obliques. Les trichogrammes sont des petites guêpes qui pondent dans les œufs et les tuent. Il existe aussi une guêpe du nom de Macrocentrus iridescens et des mouches tachinides, qui sont des parasitoïdes des larves.

Comme ces insectes utiles sont sensibles aux insecticides, ils se retrouvent seulement dans les vergers où des insecticides peu toxiques sont utilisés. Cette lutte biologique n’est pas parfaite, mais elle est naturelle et gratuite, alors pourquoi s’en priver?

Répression

Si vous devez intervenir contre la TBO, retenez les conseils suivants :

  • Limitez le recours aux insecticides. Les niveaux de résistance aux pesticides cessent d’augmenter et même chutent naturellement lorsque ces pesticides ne sont pas appliqués pendant quelques années. Afin de limiter l’utilisation des pesticides, effectuez le dépistage des adultes et des chenilles et n’intervenez que si les seuils sont atteints.
  • N’intervenez pas si de nombreuses chenilles se sont déjà transformées en chrysalides (ce qui est normalement le cas à la nouaison), car les interventions à ce stade sont inefficaces. Vous aurez l’opportunité d’intervenir à nouveau en juillet, si les populations de la prochaine génération dépassent les seuils.
  • Si des pulvérisations sont nécessaires, faites une rotation des produits suggérés, en utilisant une famille chimique différente lors de chaque intervention.
  • Lors de l’application d’un produit, utilisez la dose minimale efficace. Toute application inutile de pesticides augmente vos coûts et la pression de sélection. Toute application d’une dose insuffisante pourra vous forcer à intervenir une seconde fois, ce qui revient un peu au même! Ceci signifie aussi d’éviter les produits qui ne sont pas efficaces à la dose homologuée.
  • Si les conditions météorologiques ne se prêtent pas à une intervention chimique pendant la période idéale, il n’y a pas de solution magique. Cependant, rappelez-vous que les méthodes physiques de lutte (taille et éclaircissement manuel) pourront être utilisées en cours de saison, peu importe la température.

Plusieurs insecticides sont homologués contre la tordeuse à bandes obliques. Les plus efficaces et plus souvent recommandés en PFI sont le SUCCESS et le DELEGATE qui font partie de la même famille d’insecticides, les spinosynes. Les insecticides suivants ont également une bonne efficacité : novaluron (RIMON), chlorantraniliprole (ALTACOR), Bacillus thuringiensis (BIOPROTEC, DIPEL, FORAY) et méthoxyfénozide (INTREPID).

Comme pour la plupart des traitements insecticides, l’application doit être faite à des températures au-dessus de 15 °C (de préférence 20 °C).

Il est primordial d’utiliser une grande quantité de bouillie à l’hectare, comme pour les traitements à l’huile. Il faut aussi diminuer la vitesse d’avancement pour que la bouillie pénètre bien les pommiers. Les applications concentrées sont moins efficaces.

Utilisation du Bt. La bouillie à base de Bacillus thuringiensis (Bt) devrait idéalement ne pas contenir d’autres produits chimiques, car elle contient un mélange de cristaux et de spores de la bactérie, qui est un organisme vivant. Il faut rincer adéquatement le pulvérisateur avant d’y verser le mélange préalablement dilué. L’ajout de lait en poudre à la bouillie augmentera la rémanence du produit en protégeant les bactéries des rayons solaires et en améliorant son adhérence aux feuilles. Un phagostimulant (ex. : PHEAST) peut aussi être ajouté pour augmenter l’appétit des larves. À noter que les plus récentes formulations de Bt (ex BIOPROTEC) sont compatibles avec une grande diversité de produits, la seule limitation connue étant les produits alcalins (pH supérieur à 9) et ne bénéficient pas, du moins clairement,  de l’ajout de produits comme PHEAST.

Moment du traitement

En l’absence de résistance, les traitements faits aux périodes préflorale et postflorale sont suffisants pour bien contrôler la TBO, mais malheureusement, ce n’est souvent plus le cas. Le meilleur moment pour intervenir se situe entre les stades calice et nouaison.

Les traitements au RIMON, INTREPID et au Bt agissent plus lentement que les autres et ils doivent être appliqués plus tôt, soit au plus tard au stade calice

Les traitements au SUCCESS, DELEGATE, ALTACOR ou INTREPID peuvent être appliqués jusqu’au stade de nouaison. Passé ce stade, trop de larves de TBO ont commencé leur transformation en chrysalide.

Des interventions insecticides spécifiques contre la génération estivale de TBO ne sont pas recommandées en PFI, car elles sont peu efficaces.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

bannière des principaux partenaires de réalisation et commanditaires du Guide de PFI