Archive d’étiquettes pour : Choix et aménagement du site

Auteur de la première édition : Paul-Émile Yelle
Auteure de la mise à jour 2023 : Monique Audette
Dernière mise à jour par l’auteure : 10 janvier 2023

Jeune implantation (source : Monique Audette).

L’implantation de nouvelles parcelles de verger, que ce soit dans de nouveaux sites ou en remplacement de parcelles arrachées, demande une excellente planification dont il ne faut négliger aucune étape. Les investissements sont importants, autant bien le faire! Comme la pomiculture est une production pérenne, les conséquences négatives de mauvaises décisions pourront hanter le pomiculteur durant des dizaines d’années. En contrepartie, la mise en place des meilleures pratiques permet des bénéfices qui se répètent année après année. En ce sens, les considérations reliées au site sont essentielles à la production fruitière intégrée, où la durabilité économique est indissociable de la durabilité environnementale.

Un sol bien drainé

Préparation du sol (source : Monique Audette).

Le choix d’un site propice est le point de départ de la réussite. Il faut déterminer les bons sites notamment en fonction d’un bon égouttement. Les types de sol les plus propices aux pommiers, assez légers, doivent bien s’égoutter naturellement. Des sols plus lourds, loameux ou argileux, de même que certains sites à topographie irrégulière, pourront nécessiter un drainage supplémentaire. Pour en apprendre davantage, consultez le guide du CRAAQ L’implantation d’un verger de pommiers, 2ième édition, fascicule 1, « Planification, choix du site et mise en marché ».

Des portes-greffes adaptés

L’utilisation de porte-greffes appropriés, c’est-à-dire adaptés au sol et au climat du site et au système de conduite envisagé (densité, système) est primordiale. La majorité des porte-greffes nains et semi-nains sont précoces, productifs et bien adaptés à notre climat; toutefois, certaines combinaisons porte-greffe/cultivar sont à éviter. De plus, la sensibilité, la tolérance ou la résistance des porte-greffes aux maladies telles que la pourriture du collet ou la brûlure bactérienne doivent être considérées. À ce sujet, voir le guide L’implantation d’un verger de pommiers, 2ième édition, fascicule 3, « Cultivars et porte-greffes ».

Il est aussi conseillé d’utiliser les techniques de plantation appropriées, comme la profondeur de plantation relativement au point de greffe : celui-ci doit être à 10-15 cm au-dessus du sol pour assurer une meilleure uniformité du gabarit des arbres.

profondeur de plantation

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Profondeur de la plantation (source : Nathalie Tanguay).

Pour plus de précision selon le type de plantation, voir le fascicule 4 « Modes de conduite et plantation » du guide L’implantation d’un verger de pommiers, 2ième édition.

Une densité appropriée

densité de plantation

Jeune implantation (source : Paul Émile Yelle).

Établir la densité optimale d’une nouvelle plantation est une décision complexe. De plus, le choix final entraînera des conséquences importantes sur l’équilibre entre la croissance végétative et la production de fruits des arbres, ainsi que sur la durabilité et la rentabilité de la parcelle. Plusieurs facteurs sont à considérer, incluant la fertilité, la profondeur du sol et le climat. La vigueur varie d’un cultivar à l’autre et les plus vigoureux nécessitent plus d’espace. Il en va de même pour les porte-greffes.

L’expérience ainsi qu’une bonne connaissance des différents secteurs de son verger, incluant les résultats obtenus avec des plantations antérieures, donnent une très bonne indication des distances à prévoir. Les nouveaux systèmes de conduite, favorisant une précocité accrue et permettant des densités plus élevées, remettent en question des pratiques acquises dans des plantations âgées d’à peine plus de dix ans. Le but visé est d’obtenir des rendements supérieurs grâce à une utilisation optimale de la lumière. Cela est possible si les pommiers occupent rapidement l’espace prévu et produisent assez de fruits pour éviter une croissance excessive.

Les situations à éviter sont :

  • une densité trop faible sur le rang où des espaces vides demeurent entre les arbres, amenant un gaspillage de main d’œuvre et d’intrants et une perte de rendement.
  • une distance trop grande entre les rangs, qui ne permet pas la mécanisation des opérations et réduit les rendements.
  • une densité trop élevée non adaptée au mode de conduite qui nécessitera une taille excessive et répétée quand les arbres seront à maturité, réduisant la productivité et la qualité des fruits.

Un outil d’aide à la décision pour la densité se retrouvent dans le guide L’implantation d’un verger de pommiers, 2ième édition, chapitre 6 « Porte-greffes » et à la page 10 du chapitre 7 « Modes de conduite ».

De jeunes arbres de qualité

Jeune pommier (source : Monique Audette).

Une attention particulière à la qualité agronomique et sanitaire des jeunes arbres à planter est de mise. Les critères pertinents au choix d’un arbre de qualité, notamment l’absence de maladie et la certification, sont décrits au chapitre 8 « La plantation » et au chapitre 10 « Formation du pommier » du guide L’implantation d’un verger de pommiers, 2ième édition. Des informations pertinentes à l’impact et à la prévention des maladies racinaires et virales se retrouvent dans la fiche sur Les phytoplasmes et la fiche sur Les maladies secondaires du pommier.

La sensibilité à la tavelure

Il est conseillé d’éviter de planter une proportion importante de cultivars très sensibles à la tavelure, tels McIntosh, Lobo, Vista Bella ou Jersey Mac, dans le but de réduire le nombre de traitements fongicides. Des cultivars moins sensibles tel Honeycrisp, entre autres, nécessitent moins de traitements. Pour plus d’informations pertinentes sur ce sujet, consultez la fiche sur La tavelure : stratégies générales de lutte et le chapitre 5 « Cultivars » du guide L’implantation d’un verger de pommiers, 2ième édition.

La localisation des cultivars d’été

Les cultivars d’été seront plantés en bordure du verger pour faciliter le contrôle de certains ravageurs, tel le charançon de la prune ou la mouche de la pomme, ce qui permettra de réduire la pression des ravageurs dans le centre et de recevoir moins d’insecticides et acaricides. Des informations plus détaillées à ce sujet se retrouvent dans les fiches suivantes :  Les types de traitements particuliers, Le charançon de la prune et Description et efficacité des parasitoïdes.

La préparation du site

Les pommiers plantés dans un sol bien préparé sont généralement plus précoces et productifs. Il est recommandé de préparer les sites au moins un an à l’avance pour en améliorer entre autres la fertilité, le drainage (surface et souterrain), la topographie (nivellement), le contrôle des mauvaises herbes et la qualité microbiologique (ex. absence de nématodes et de pathogènes). Il est recommandé de consulter et de suivre les démarches recommandées au début au chapitre 4 « Préparation du terrain » du guide L’implantation d’un verger de pommiers, 2ième édition. Toutes les normes en vigueur pour les épandages telles que décrites dans la fiche sur La protection de l’environnement et la loi doivent être respectées lors de la préparation du site.

Préparation de l’implantation : l’année engrais vert (source : Monique Audette).

L’écoulement de l’air froid

Sous notre climat, le froid est un facteur contraignant. Il peut se manifester entre autres par un gel tardif au printemps, avant ou pendant la floraison, ou par un gel hivernal des tissus, qui entraîne le dépérissement des arbres. L’écoulement de l’air froid devra être favorisé dans les nouveaux sites pour diminuer les risques de gel des parties aériennes. Pour obtenir plus d’informations à ce sujet, il est recommandé de consulter le chapitre 2 « Choix du site » du guide L’implantation d’un verger de pommiers, 2ième édition.

L’évaluation des risques environnementaux

La fragilité environnementale de certains milieux ou de certains sites doit être prise en compte en évitant de planter dans des emplacements présentant des risques. Par exemple, même si ce n’est pas toujours spécifiquement interdit par une loi ou un règlement, il n’est pas recommandé de planter des pommiers près d’un milieu humide, d’un cours d’eau ou d’une nappe phréatique, car il y a un risque de contamination lors des traitements et des épandages. Il en va de même pour l’environnement humain en milieux habités.

L’étape de la plantation n’est pas la seule présentant un impact sur le milieu environnant. Lors d’un défrichage (là où c’est permis) ou d’arrachage de vergers existants dans le but d’une replantation, une évaluation des risques d’érosion ainsi que l’analyse de nouvelles limitations (nouvelle zone résidentielle ou établissement d’une garderie à proximité du verger) doit se faire préalablement. Plusieurs aspects environnementaux sont réglementés et il faut se conformer à ces exigences qui sont décrites dans la fiche sur L’utilisation des pesticides (homologation, vente, entreposage et application) et la loi et la fiche sur La protection de l’environnement et la loi.

La proximité et la disponibilité des marchés

Les choix des cultivars et de la localisation des vergers doivent prendre en compte cette composante essentielle au succès d’une plantation. La rentabilité n’est pas seulement fonction de la productivité. Les fruits produits doivent posséder les qualités requises par les marchés actuels. De plus, les superficies envisagées pour différents cultivars et les volumes produits qui en découlent doivent tenir compte des excédents potentiels par rapport à la demande.

Par exemple, une bonne stratégie est de privilégier les cultivars pour lesquels une demande à la hausse est anticipée à moyen terme, et de favoriser les porte-greffes précoces pour combler rapidement ces besoins. Pour la production destinée à l’emballage ou aux réseaux de grande distribution, des localisations trop périphériques sont à éviter pour épargner les frais de transport prohibitifs. Les considérations quant au marketing sont décrites au chapitre 1« La planification de la plantation » du guide L’implantation d’un verger de pommiers, 2ième édition.

Ce contexte commercial est essentiel pour les ventes en vrac, mais il est tout aussi important pour la vente directe; pour de tels projets il faut anticiper de façon réaliste la période de vente et l’achalandage potentiel. Beaucoup de documents sont disponibles pour mieux orienter la planification de la vente directe. À signaler en particulier, le Pense-bête de l’agrotourisme du MAPAQ.

Pense-bête de l'agrotourisme

Photo de couverture du Pense-bête de l’agrotourisme (source : MAPAQ).

Plusieurs références, textes et présentations sont aussi accessibles sur le site d’Agri-Réseau sous le sujet « Vente en circuits courts » dans « Commercialisation et marketing » du domaine Marketing agroalimentaire.

Faune

Les jeunes plantations de pommiers peuvent être vulnérables aux dommages causés par les cerfs de virginie ou par des rongeurs tels que les campagnols. Consultez la fiche sur Le cerf de virginie pour le choix de la stratégie de lutte et la fiche sur Le campagnol des champs pour la protection du tronc.

La prise en compte du climat et la gestion des vents

Le climat des différentes régions ou localités est le principal facteur à considérer pour la localisation de nouveaux vergers. L’absence de vergers dans certaines régions reflète souvent des contraintes climatiques importantes. Le choix des cultivars et porte-greffes se fera lui aussi à la lumière des contraintes climatiques. Les chapitres 5 et 6 dans le guide L’implantation d’un verger de pommiers, 2ième édition caractérisent la rusticité des différentes variétés et porte-greffes.

Lors de la planification d’une nouvelle plantation, il faut prévoir l’espace nécessaire à l’implantation d’une haie brise-vent. De plus, il est idéal de planter cette haie avant de planter les pommiers, afin que sa hauteur soit au moins égale à celle de la plantation. Un brise-vent en bordure du verger favorise notamment l’activité des insectes pollinisateurs et réduit la dérive des bouillies de pulvérisation. Les nombreux bénéfices des brise-vents bien positionnés incluent :

  • une diminution de la chute prématurée des pommes due à la diminution des vents;
  • une meilleure pollinisation permettant aussi une meilleure conservation des fruits;
  • une protection contre le gel hivernal qui cause un dessèchement des tissus végétaux par le vent ;
  • surtout, une efficacité accrue des applications de pesticides.

Le guide des Producteurs de pommes du Québec, Des haies brise-vent pour réduire la dérive des pesticides en verger, présente des recommandations sur la planification des installations des haies en verger. Celui-ci propose aussi des modèles ainsi que des exemples d’aménagement des haies et termine par quelques méthodes simples d’entretien pour une haie efficace.

Plusieurs conditions à respecter lors de l’implantation d’un brise-vent sont décrites au chapitre 4 « Préparation du terrain » du guide L’implantation d’un verger de pommiers, 2ième édition. Parmi les contraintes à considérer, il faut choisir une orientation et une distance qui éviteront de porter ombrage aux pommiers. Le brise-vent devra également être assez poreux et planté à une bonne distance des pommiers pour éviter les accumulations excessives de neige.

Il faut éviter de localiser les brise-vents en bas des pentes, mêmes légères, où ils empêcheraient l’écoulement de l’air froid. La présence de boisés à proximité de la plantation peut aussi assurer un contrôle naturel du vent. Dans de telles situations, il faut toutefois faire l’éradication des arbres fruitiers sauvages présents (se référer à la fiche sur les Grilles de dépistage pour les vergers).

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

Auteurs de la première édition : Paul-Émile Yelle et Gérald Chouinard
Auteure de la mise à jour 2023 : Monique Audette
Dernière mise à jour par l’auteure : 10 janvier 2023

 

Renouvellement continu des pommiers

Des pommiers bien entretenus et adaptés au climat peuvent demeurer productifs durant des décennies. Toutefois, le renouvellement des parcelles de verger va s’imposer pour d’autres raisons que leur âge.

Honeycrisp (source : Monique Audette).

Les variétés plantées depuis un certain temps peuvent devenir obsolètes et perdre la faveur des consommateurs. D’autres, très populaires et faciles à produire, peuvent présenter un excès de production. Une offre excessive d’un produit sur le marché entraîne à long terme une situation de bas prix récurrents. Souvent, ce sont les systèmes de production qui deviendront périmés. Par exemple, il sera de plus en plus difficile de répondre aux critères de couleur et de calibre avec des arbres trop vigoureux et mal adaptés à une disponibilité réduite de main-d’œuvre. Enfin, plus les années s’accumulent, plus les arbres auront enduré différents sévices hivernaux et attaques de maladies et autres ravageurs, réduisant ainsi leur productivité et accentuant leur mortalité.

Afin de ne pas se retrouver avec un trop grand nombre de parcelles en voie de désuétude, il faut prévoir un renouvellement régulier de celles-ci. Il est recommandé de viser un taux annuel moyen de 4 %. Idéalement, de 4 à 12 % des plantations doivent être renouvelées sur un cycle d’un à trois ans. Les pomiculteurs qui demeurent à jour dans leurs plantations sont souvent ceux qui réussissent mieux dans un contexte difficile. Quelques références à ce sujet se retrouvent dans le chapitre 1 « Planification de la plantation » du guide L’implantation d’un verger de pommiers, 2ième édition.

Éradication des foyers potentiels de contamination phytosanitaire

Lors de l’implantation d’un nouveau site ou du renouvellement d’une parcelle, ou même pour des sites déjà en place, il est fortement recommandé d’éliminer les arbres et arbustes favorisant la présence de ravageurs. Il s’agit d’une mesure élémentaire de contrôle de plusieurs espèces d’insectes et de maladies. Par exemple, plusieurs espèces peuvent être atteintes par la brûlure bactérienne et, en l’absence de soins ou de traitements, celles-ci contribuent à la propagation de cette redoutable maladie. Diverses espèces exotiques envahissantes peuvent également se retrouver au pourtour des vergers. Il est important de les éliminer, afin d’empêcher leur propagation à l’intérieur ceux-ci. Plus d’informations à ce sujet sont disponibles dans la fiche sur Les mauvaises herbes.

Il faut donc s’assurer de l’absence ou de l’élimination (avec les autorisations appropriées) des espèces susceptibles. Il est préférable de limiter la présence de pommiers, pruniers, cerisiers, aubépines, sorbiers, amélanchiers ou des pommetiers non traités, idéalement sur une distance de 60 à 100 m autour du verger (ou tout au moins de 40 à 60 m dans une première approche avec votre voisin s’il y a lieu). Des précisions additionnelles à ce sujet se retrouvent dans les fiches suivantes : Grilles de dépistage pour les vergers, La tavelure : stratégies générales de lutte et Le feu bactérien : stratégies de lutte.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

Fiche 35

Paul Émile Yelle

 

Prévention de la compaction

Une des importantes composantes de la qualité d’un sol est sa structure. Une structure adéquate du sol comporte une bonne agrégation des particules qui le composent et favorise l’aération et l’égouttement du sol. Les autres bénéfices d’une bonne structure sont de faciliter le développement du système racinaire et de permettre un meilleur mouvement capillaire de l’eau vers la surface et les racines. L’apport et le maintien de la matière organique contribuent de manière importante à une bonne structure de sol. Pour de plus amples informations, se référer à la rubrique « Les amendements organiques » du chapitre « Préparation du terrain » dans le guide L’implantation d’un verger de pommiers.

Le maintien d’un couvert végétal favorise la conservation de cette matière organique et favorise aussi directement la structure du sol, par son système racinaire. Toutefois, l’absence de travail du sol une fois le verger implanté peut jouer dans les deux sens. D’une part, le risque de détériorer la structure du sol est limité; par contre, il devient difficile d’améliorer un sol dégradé en utilisant des pratiques d’aération par le travail du sol.

La compaction, définie comme le tassement des particules de sol au détriment de la présence de l’air, est le phénomène qui menace le plus la bonne structure des sols dans un verger. La circulation dans le verger avec des équipements relativement lourds à des moments où le sol est humide favorise cette détérioration. Les types de sols plus lourds, c’est-à-dire les sols argileux et loameux, y sont plus vulnérables que les sols graveleux et sableux.

Les risques de compaction peuvent être réduits en utilisant les chemins de ferme au lieu des allées du verger pour le déplacement des machineries lourdes. Aussi, lorsque le sol du verger est imbibé d’eau, il n’est pas recommandé de remplir le réservoir du pulvérisateur à plus de la moitié de sa capacité. Enfin, lors d’une replantation, le passage d’une sous-soleuse pour aérer ou décompacter le sol, particulièrement sous les allées, est recommandé. Pour plus d’informations à ce sujet, consultez le chapitre « Préparation du terrain » du guide L’implantation d’un verger de pommiers.

 

Réduction de l’érosion

L’érosion se produit lorsque les couches superficielles du sol, les plus riches en matière organique et les plus fertiles, sont perdues soit sous l’effet du ruissellement ou sous l’effet du vent.

Différentes méthodes peuvent être utilisées pour réduire l’érosion du sol. Les méthodes suivantes sont détaillées dans la fiche 33 :

  • dans les zones exposées aux vents dominants : implanter un brise-vent;
  • dans les blocs en préparation : éviter de laisser les sols en jachère à nu pendant l’hiver;
  • dans les zones de forte pente : laisser s’établir un couvert végétal sous les pommiers avant l’arrivée de l’hiver, en limitant les traitements herbicides sur le rang à partir de la mi-saison.

Toutefois, une des principales façons de contrôler l’érosion est d’implanter et de maintenir des allées engazonnées. Établir un couvert végétal dans les entre-rangs facilite également les passages avec la machinerie, contrôle l’humidité et la température du sol et réduit la présence de mauvaises herbes comme le plantain et le trèfle (qui sont des foyers de propagation pour les tétranyques à deux points), le pissenlit (qui attire les abeilles au détriment des fleurs du pommier) et plusieurs espèces envahissantes qui peuvent ensuite coloniser l’espace sous le rang et y soutirer l’eau et les éléments nutritifs du sol.

allée engazonnée

Les mélanges de graminées sont particulièrement recommandés. Des mélanges à croissance limitée (50 % de ray-grass vivace, 30 % de fétuque dressée et 20 % de fétuque rouge) peuvent être favorisés pour réduire les besoins de fauchage. Il importe de respecter certaines conditions afin de permettre l’implantation du couvre-sol :

  • La germination des semences à gazon est meilleure en sol humide et sous des températures fraîches.
  • Les périodes idéales pour semer sont donc de la fin avril à la mi-mai et de la fin août à la mi-septembre.
  • L’avoine peut être utilisée comme plante-abri lors du semis afin de limiter l’établissement de mauvaises herbes indésirables et difficiles à réprimer, tels le chiendent et le jargeau.
  • Il est recommandé d’éviter la présence de légumineuses (trèfles, luzerne) dans le mélange de semences. Quoique leur capacité à fixer l’azote présente un attrait, elles sont susceptibles de favoriser la présence de certains ravageurs, comme la cicadelle de la pomme de terre et la cérèse buffle.

Plus d’informations sur l’engazonnement sont disponibles au chapitre « La plantation » du guide L’implantation d’un verger de pommiers.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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Auteur de la première édition : Paul Émile Yelle
Auteur de la mise à jour 2023 : Marc-André Chaurette
Dernière mise à jour par l’auteur : 24 janvier 2023

 

Les besoins en irrigation des pommiers

Le choix des porte-greffes et la densité de plantation auront une incidence sur les besoins en irrigation. Par exemple, des porte-greffes nanifiant en haute densité auront un système racinaire plus superficiel qu’un mode de conduite extensif avec des arbres semi-nains ou standards. La vigueur des porte-greffes ainsi que la densité de plantation sont donc deux facteurs déterminants qui peuvent amener des besoins en irrigation.

Au niveau phénologique, les pommiers ont des besoins en eau qui évoluent au fil de la saison : certaines périodes, comme la nouaison, correspondent à des moments critiques ; la répartition inégale de la pluviométrie en saison ne permet pas toujours de répondre aux besoins des pommiers à des moments précis ; enfin, le manque d’eau peut, entre autres, affecter la charge, le calibre des fruits et le retour à fleur pour la saison suivante.

Plusieurs autres facteurs peuvent influencer les besoins en irrigation comme :

  • La texture du sol (Fiche sur l’Implantation de nouvelles parcelles de verger) : un sol léger aura une rétention d’eau plus faible.
  • L’âge des arbres (parcelle en implantation) : l’irrigation va favoriser un enracinement plus rapide.
  • La présence de variétés susceptibles à la tache amère : un manque d’humidité au niveau du sol peut nuire à l’accumulation du calcium dans l’arbre et provoquer des désordres physiologiques comme la tache amère.
  • Le taux de matière organique : plus le taux de matière organique est bas, plus les besoins en eau seront grands.

Planification d’un système d’irrigation

La mise en place d’un système d’irrigation permet un meilleur développement des jeunes arbres et un meilleur calibre des fruits. Les systèmes d’irrigation du type goutte-à-goutte utilisent l’eau de façon plus efficace que les systèmes par aspersion et sont donc recommandés en PFI dans les nouvelles parcelles de pommiers nains ou semi-nains. Ces systèmes assureront une croissance régulière des arbres et des fruits durant toute la saison, indépendamment des épisodes de sécheresse.

La planification d’un système d’irrigation peut être relativement complexe. Il faut penser aux besoins en eau en fonction des réserves disponibles à la ferme. Aussi, plusieurs composantes sont impliquées. Pour en nommer quelques-unes :

  • Sources en eau présentes ou à aménager (étang, puits, etc.) ;
  • Filtre : en amont du système, il sert à éviter les problèmes de colmatage ;
  • Pompe : doit produire une pression suffisante ;
  • Conduites primaires, secondaires et tubulures ;
  • Injecteur d’engrais : si on veut effectuer de la fertigation ;
  • Valves : permettent d’irriguer un verger par sections ;
  • Compensateur de pression : ajuste la pression et évite des bris.

irrigation

Système goutte-à-goutte sur un nouveau rang de pommier (Source : Paul-Émile Yelle).

Outils d’aide à la décision

Les besoins réels en eau d’irrigation peuvent être déterminés par deux méthodes différentes, qui doivent idéalement être utilisées ensemble :

  • Le maintien d’un taux d’humidité minimal dans le sol, mesuré à l’aide de différents types d’appareils, tels les tensiomètres et autres sondes électriques
  • Le calcul du bilan hydrique, qui comptabilise les précipitations et l’évapotranspiration

tensiomètre

Tensiomètre de sol (Source : Paul-Émile Yelle).

Le « chapitre 11. Irrigation » du guide L’implantation d’un verger de pommiers (2ième édition) présente des informations complètes sur l’irrigation, la conception et la mise en place des systèmes de même que sur leur conduite. De plus, le Guide technique – Gestion raisonnée de l’irrigation consacre un chapitre au secteur pomicole (références complètes à la fin de la présente fiche).

Réaliser un diagnostic du système d’irrigation

Pour les systèmes d’irrigation déjà existant, il est possible d’effectuer un diagnostic d’irrigation. Ce diagnostic peut permettre d’identifier des irrégularités au niveau de la pression, des problèmes de colmatage et ultimement de vérifier l’uniformité de la distribution de l’eau dans les zones irriguées.

Ce diagnostic d’irrigation est accessible à la ferme et consiste en deux étapes :

  • Vérification de la pression à différents endroits sur le circuit. Pour la prise de pression sur les tubulures, on aura besoin d’un manomètre, un tube de Pitot, de téflon, un poinçon éjecteur et des bouchons réparateurs.
  • Vérification du débit à différents endroits sur le circuit au niveau des tubulures. On utilisera des pots pour recueillir l’eau et un cylindre gradué pour mesurer l’eau prélevée.

L’IRDA a produit un feuillet technique sur la performance d’un système d’irrigation. Pour une version exhaustive du protocole de diagnostic d’irrigation, cliquez ici.

Vous pouvez vérifier auprès de votre bureau régional du MAPAQ si l’aide financière est disponible pour un diagnostic d’irrigation.

Équipements pour la mesure de la pression (tube de Pitot) (Source : Agropomme).

Réglementation

L’aménagement de plan d’eau ou de puits et les prélèvements d’eau peuvent être assujettis à la réglementation et possiblement à des demandes d’autorisation, des attestations de conformité et/ou des permis. La législation est principalement de juridiction provinciale mais des permis peuvent être exigés au niveau municipal. Aussi, si les prélèvements sont faits dans le fleuve St-Laurent, certaines exigences fédérales doivent être respectées.

Au niveau provincial, l’encadrement des pratiques de gestion de l’eau est effectué essentiellement par le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP). Les principaux règlements qui encadrent la gestion de l’eau en milieu agricole sont :

Le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ) synthétise la réglementation en vigueur par rapport à l’eau. Pour consulter cette synthèse, vous pouvez cliquer ici.  La fiche sur La protection de l’environnement et la loi aborde aussi en partie cette réglementation. Enfin, vous trouverez de l’information et des capsules explicatives sur le site du MELCCFP pour le RPEP et le REAFIE. Dans le doute, contactez votre direction régionale du MELCCFP.

Références

  1. Sansavini, S., Costa, G., Gucci, R., Inglese, P., Ramina, A., Xiloyannis, C., & Desjardins, Y. Principles of Modern Fruit Science. (2019).
  2. Boivin, C., Bergeron, D., Bonin, S., Côté, C., Couture, I. Généreux, M., Lamontagne, A., Landry, C., Marchand-Roy, M. & Vallée, J. Gestion raisonnée de l’irrigation. Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec. (2018).
  3. Deschênes, P. Taillon, P.-A., & Tellier, S. Chapitre 11. Irrigation. Guide technique : L’implantation d’un verger de pommiers. 2e éd. Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec. (2023).
  4. Boivin, C., Vallée,J., Deschênes, P., Guillou, M. & Bergeron, D. Caractérisation de l’usage de l’eau en irrigation. Rapport final. Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. (2016).
  5. Généreux, M., Belzile, L., & Côté, C. Utilisation de l’eau du fleuve pour l’irrigation des cultures horticoles de l’Île d’Orléans. Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. (2015).

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.