Archive d’étiquettes pour : Lutte aux acariens

Fiche 91

Yvon Morin, Gérald Chouinard et Stéphanie Gervais

 

Le tétranyque rouge, le tétranyque à deux points et l’ériophyide sont les principaux acariens ravageurs des vergers. Depuis quelques années, un autre tétranyque qui ressemble au tétranyque à deux points, le tétranyque de McDaniel, est également présent dans plusieurs vergers. Par temps chaud, les acariens se multiplient rapidement et peuvent endommager sévèrement le feuillage des pommiers. Le stress causé par ces ravageurs peut réduire le rendement de plusieurs façons :

  • en réduisant le calibre des fruits;
  • en causant la chute prématurée des pommes;
  • en réduisant le nombre de bourgeons à fruits viables pour la prochaine récolte.

 

Dépistage

Même si ce n’est pas à ce moment que les symptômes de leur présence sont les plus frappants, c’est durant les mois de mai et de juin que les pommiers sont les plus sensibles aux infestations par les acariens. Comme les acariens peuvent avoir un impact économique important, en PFI, une bonne gestion passe obligatoirement par le dépistage des œufs et des formes mobiles. Cette technique consiste à l’observation d’un minimum de 25 feuilles par bloc (2 à 5 feuilles par arbre), en examinant à l’aide d’une loupe (10X ou 15X) la face inférieure des feuilles. Le tableau Dépistage par observation des fruits ou du feuillage de la fiche 65 présente les détails et les seuils d’intervention.

 

Première étape: intervention à l’huile supérieure

La première intervention sera le plus souvent une application d’huile supérieure contre les œufs d’hiver du tétranyque rouge (si le dépistage révèle des populations supérieures au seuil d’intervention). Si cette intervention n’est pas faite ou n’est pas efficace, il est alors possible d’appliquer un acaricide chimique tel que décrit ci-après.

Des interventions estivales pourront par la suite être effectuées, toujours en fonction du dépistage et des seuils d’intervention. Le nombre d’interventions acaricides requises variera énormément selon les situations : la saison, la qualité de l’application, le produit utilisé, la pluie, les espèces en cause, les populations de prédateurs, etc.

Protection des prédateurs

Les acariens prédateurs (décrits à la fiche 96) jouent un rôle important dans cette panoplie d’acteurs : si vous leur permettez de se développer dans un environnement favorable, ils pourraient vous permettre de vous passer d’acaricides pendant tout l’été! Il en résulte une économie d’argent, à court et à long terme. La conservation des prédateurs entraîne la réduction des pesticides pour la saison présente et pour les saisons subséquentes. Les pratiques suivantes permettent de les protéger :

  • Appliquer des insecticides et des acaricides seulement lorsque les seuils d’intervention sont atteints ou qu’il y a un historique important de dommages;
  • Réserver l’usage du carbaryl (SEVIN) pour éclaircir seulement les variétés qui ne peuvent être éclaircies autrement; n’utilisez jamais le SEVIN en été (ce n’est plus permis!);
  • Choisir les fongicides les moins toxiques pour eux;
  • Intervenir uniquement s’il est évident qu’ils ne contrôlent pas les populations d’acariens ravageurs;
  • Pendant l’été, éviter autant que possible d’utiliser des insecticides toxiques aux prédateurs d’acariens. Les insecticides qui détruisent plusieurs espèces de prédateurs sont à proscrire : une pyréthrinoïde de synthèse par exemple, appliquée l’été même à faible dose, entraîne à coup sûr une augmentation des acariens phytophages.
  • Si le seuil d’intervention est atteint malgré la présence de prédateurs, cela peut signifier qu’ils ne sont pas assez nombreux pour réaliser un contrôle biologique. Si un acaricide doit être appliqué, il vaut mieux choisir un produit qui n’est pas toxique pour les prédateurs présents.
  • Lorsque possible, il vaut mieux chercher à réduire la population des acariens plutôt que de les éliminer, pour laisser une source de nourriture à vos prédateurs. Pour ce faire, vous pouvez traiter localement, ou même traiter aux deux rangs dans le but de laisser des proies pour les prédateurs et soulager immédiatement les arbres.
  • Il vaut mieux cesser toute intervention chimique contre les acariens à partir de la fin août. Il est alors trop tard pour intervenir. De plus, une forte baisse des populations en automne pourrait forcer certains prédateurs à aller pondre ailleurs, et à vous priver de leur utilité l’année suivante.

 

Deuxième étape: lutte à l’aide d’acaricides

Plusieurs acaricides sont disponibles pour contrôler les tétranyques. L’important est de n’intervenir que lorsque le dépistage le justifie, et à l’exception de l’huile, de ne jamais utiliser le même produit deux fois consécutives, car la résistance aux acaricides se développe rapidement.

Traitement en début de saison

Les acaricides utilisables en début de saison (jusqu’à la nouaison) sont l’APOLLO et l’AGRI-MEK. Bien qu’encore homologué, APOLLO n’est malheureusement pas disponible sur le marché depuis plusieurs années.

L’AGRI-MEK est efficace sur les formes mobiles des tétranyques et de l’ériophyide et possède une excellente activité résiduelle. Appliqué entre les stades calice et nouaison en mélange avec de l’huile (concentration de 0,8 %), il permet habituellement un contrôle durant toute la saison. Si l’huile est utilisée en mélange, consultez les étiquettes des deux produits pour la gestion des risques de phytotoxicité et des précautions à prendre avec les fongicides à base de soufre, de captane et de folpet.

Des applications de ces deux produits peuvent aussi être recommandées même si le seuil n’est pas atteint, mais uniquement dans le but d’éviter l’utilisation répétée d’un même acaricide d’été (décrits ci-après).

Traitement en période estivale

Les acaricides à utiliser en période estivale sont les suivants : KANEMITE (acéquinocyl), NEXTER (pyridabène), ACRAMITE (bifénazate), NEALTA (cyflumetofen) et ENVIDOR (spirodiclofène). Ces acaricides ont des spectres d’activité différents, par exemple :

  • ACRAMITE est surtout efficace contre le tétranyque à deux points.
  • NEALTA est surtout efficace contre le tétranyque rouge.
  • NEXTER est efficace à la fois contre le tétranyque rouge et l’ériophyide.
  • ENVIDOR est plus efficace contre les œufs que les adultes.
  • KANEMITE a une efficacité à la fois contre les œufs et les formes mobiles de tétranyques, mais aucune efficacité contre l’ériophyide.

Pour vous permettre de choisir l’acaricide qui vous convient le mieux il est donc très important de vérifier la composition des acariens présents dans votre verger à l’aide d’un bon dépistage. Une fois ce travail fait, vérifiez les caractéristiques des différents acaricides présentés dans la fiche 47 pour faire le meilleur choix. Par exemple, dans le cas d’un problème important de tétranyque rouge en juillet et en l’absence d’acariens prédateurs, NEXTER pourrait être un bon choix, mais, s’il y a présence de nombreux tétranyques à deux points avec de l’ériophyide, ENVIDOR serait plus approprié.

Huiles d’été. Une autre approche est également possible, soit l’utilisation de l’huile d’été (par exemple l’huile minérale ultra raffinée ou l’huile de canola ) sur pommiers. La stratégie habituelle pour l’huile d’été consiste à l’ajouter à la bouillie chaque fois que le pulvérisateur est utilisé, si c’est nécessaire (une application tous les 10 à 14 jours est suffisante). Cette huile peut en effet s’appliquer durant toute la saison sauf durant la floraison. Par contre, comme c’est le cas de toutes les huiles, ces produits ne doivent pas être utilisés dans les 14 jours précédant ou suivant une application de captane ni dans les 30 jours précédant ou suivant une application de soufre. D’autres incompatibilités existent selon la formulation utilisée, il faut donc lire l’étiquette avant de faire son choix. La dose maximale homologuée est de 10 L/ha, sans dépasser une concentration de 1 %. En raison de ces contraintes, cette huile est malheureusement difficile à intégrer dans un programme de traitement, mais  lorsque c’est possible, cela représente néanmoins une approche très intéressante.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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Fiche 92

Yvon Morin et Gérald Chouinard

 

ATTENTION DOSES RÉDUITES : l’ARLA ne prend pas action contre ceux qui préconisent de telles pratiques, si elles n’entraînent pas de danger pour la santé ou la sécurité humaine ou pour l’environnement et qu’elles ne sont pas destinées à promouvoir la vente de produits antiparasitaires. Si toutefois l’utilisation de doses réduites ou adaptées devait entraîner des pertes pour les utilisateurs, les conseillers ou les organisations qui les recommandent pourraient être tenus responsables de leurs recommandations dans des actions civiles.

 

Voyez le tétranyque sur Youtube à https://www.youtube.com/watch?v=4kk7HjBtLkc
La capsule vidéo de 10 minutes dresse un portrait du ravageur, montre ses caractères distinctifs, identifie les conditions qui influencent son développement, et vous plonge dans l’action du dépistage et des méthodes d’intervention recommandées en production fruitière intégrée.

 

Description et comportement

Le tétranyque rouge du pommier (Panonychus ulmi) est un ravageur primaire en PFI. Il hiberne au stade d’œuf sur l’écorce des branches ou du tronc. Ces œufs sont rouges et sphériques. Ils mesurent en moyenne 0,13 mm et sont souvent regroupés sur les lambourdes et les rameaux.

Œufs de tétranyque rouge du pommier – photo F. Vanoosthuyse, IRDA

L’éclosion commence au stade du pré-bouton rose. Le tétranyque rouge du pommier passe par trois stades larvaires dont le plus jeune n’a que six pattes alors que les stades subséquents en ont huit. Les jeunes larves se déplacent vers les feuilles pour se nourrir. Sous des conditions climatiques normales à cette période, elles atteindront le stade adulte environ deux semaines plus tard, pendant la floraison. Les adultes ont l’apparence de minuscules araignées rouges carmin de 0,3-0,4 mm. Le mâle est un peu plus petit. Les femelles commencent à pondre sous les feuilles à partir du stade du calice. Les œufs prennent en moyenne de 6 à 14 jours avant d’éclore, alors que par temps chaud, ce temps peut être réduit de moitié. De six à huit générations ou plus peuvent se développer au cours de la saison, selon les conditions climatiques. Par temps chaud, la multiplication sera rapide et une génération pourra être complétée en dix jours.

Adulte de tétranyque rouge de la pomme – photo J. Moisan-De Serres, MAPAQ

À la période préflorale, le tétranyque rouge (Panonychus ulmi) est le seul acarien problématique. Il se multiplie rapidement et les populations peuvent être abondantes dès juin, dans les cas où des œufs sont présents au printemps et qu’un traitement n’a pas été effectué.

À partir de la 3e et la 4e génération (au milieu de l’été), les générations se chevauchent complètement et tous les stades (œufs, larves et adultes) sont présents en même temps. Le pic des populations survient vers la fin du mois de juillet et le début du mois d’août. Les œufs d’hiver sont pondus à partir de la fin août, principalement sur le bois mais aussi sur le calice des fruits et le feuillage. Les formes mobiles ne survivent pas à l’hiver.

Des photographies des différents stades de développement se retrouvent dans le Guide d’identification des ravageurs du pommier et de leurs ennemis naturels.

Cycle de vie du tétranyque rouge de la pomme – illustration J. Veilleux / IRDA

 

Dommages

Des populations importantes causent les dommages suivants (les astérisques identifient des situations extrêmes) :

  • feuillage moucheté et/ou décoloré (bronzage)
  • réduction du taux de nouaison*
  • réduction du nombre et de la qualité des bourgeons à fruit de l’année suivante*
  • retard de croissance
  • diminution du calibre des fruits
  • diminution de la coloration des pommes*
  • chute prématurée des pommes
  • chute hâtive des feuilles*

 

Estimation du risque

Il existe deux types de dépistage pour le tétranyque rouge :

  • Le dépistage sur lambourdes et rameaux permet d’estimer les populations d’œufs d’hiver et d’évaluer si une application d’huile est nécessaire en début de saison. Il doit être effectué au stade dormant ou dès le débourrement.
  • Le dépistage sur feuillage (œufs et formes mobiles) permet quant à lui d’estimer les populations et de vérifier si les prédateurs sont en nombre suffisant pour les contrôler. Il doit être effectué dès que des œufs ou des formes mobiles apparaissent en nombre suffisant sur le feuillage.

Le dépistage sur lambourdes doit être effectué avant le stade débourrement. Observer 30 bourgeons à fruits sur le bois de deux ans ou plus, à raison de deux bourgeons par arbre selon deux orientations opposées. Effectuer les observations à environ 1,5 m de hauteur à l’aide d’une loupe 10X. Concentrer les observations sur le côté ombragé des bourgeons. Porter une attention particulière aux cultivars tels Lobo, Délicieuse et Spartan, sur lesquels les populations ont tendance à se développer plus facilement. Classifier chaque bourgeon en fonction du nombre d’œufs sains de tétranyques rouges présents sur l’équivalent de 3 cm de bois autour du bourgeon, selon le tableau ci-après. Faire la moyenne des cotes obtenues pour les 30 bourgeons. Le seuil d’intervention provisoire est de 0,2.

Nombre d’œufs par bourgeons Cote
0 0
1 à 5 1
6 à 15 2
16 à 50 3
51 et plus 4

Le dépistage sur feuillage et les seuils d’intervention sont synthétisés au tableau Dépistage par observation visuelle des fruits ou du feuillage du présent guide (fiche 65).

 

Stratégie d’intervention
Prévention

Éviter une fertilisation azotée excessive : ne pas dépasser 50 unités d’azote à l’hectare.

Favoriser le développement de la faune auxiliaire en utilisant au minimum les pesticides les plus toxiques pour les prédateurs et les parasites, comme les pyrèthrinoïdes de synthèse et le carbaryl. Cependant, il faut noter que certains acariens prédateurs peuvent être actifs dans le verger, malgré l’utilisation de ces produits, s’ils ont acquis une résistance (ce qui n’est pas très rare).

Répression en début de saison (à l’huile)

Dans la quasi-totalité des cas, il est préférable de tuer les œufs avant leur éclosion plutôt que d’attendre et traiter les formes mobiles. Ceci est valable même si le prix de l’huile supérieure augmente à un rythme impressionnant. L’huile réprime très efficacement les œufs de tétranyque rouge, mais aussi d’autres ravageurs comme les cochenilles (cochenille de San José, cochenille ostréiforme et cochenille virgule) et le puceron rose. Si vous utilisez l’huile, vous ne les connaissez peut-être pas, mais ces insectes sont en recrudescence dans les vergers qui n’en reçoivent pas.

Pour être efficace, l’huile doit être appliquée avant ou pendant l’éclosion des œufs; typiquement, l’application est effectuée entre les stades débourrement avancé et pré-bouton rose.

Il faut noter toutefois que l’huile n’affectera pas les tétranyques à deux points et les ériophyides qui pourraient être présents dans le verger sous forme adulte au moment de l’application.

Les avantages à utiliser l’huile sont nombreux. Généralement, elle réduit suffisamment les populations du tétranyque rouge pour qu’elles demeurent sous les seuils jusqu’en juillet, moment où les prédateurs peuvent prendre le relais pour effectuer un contrôle biologique. Aussi, les tétranyques rouges acquièrent rapidement de la résistance aux acaricides chimiques. L’huile est également efficace contre les cochenilles si elle est appliquée au débourrement, en plus d’être un produit privilégié en PFI, qui ne pose pas de problèmes de résistance.

Moment du traitement

Les applications doivent être faites seulement lorsque le vent est faible et la température assez élevée pour permettre à l’huile de bien couvrir le bois du pommier (idéalement, 18 °C ou plus).

Comme l’huile agit par suffocation sur les œufs, c’est-à-dire qu’elle les empêche de respirer, les points suivants sont à surveiller :

  • L’effet du traitement est maximal lorsque les œufs respirent activement. De façon générale, plus la température est élevée, plus les œufs respirent. Cependant, la période qui précède l’éclosion est celle où le besoin en oxygène est le plus important. Elle correspond environ au stade du pré-bouton rose pour le cultivar McIntosh.
  • L’huile doit recouvrir entièrement les œufs pour les tuer. Il est très important de circuler à basse vitesse pour bien couvrir les arbres. Ainsi, pour les pommiers standards, la vitesse du pulvérisateur ne dépassera pas 3 km/h et la quantité de bouillie pulvérisée sera d’au moins 1000 L/ha. Dans le cas des pommiers nains et semi-nains, la vitesse atteindra au maximum 3-5 km/h et la quantité de bouillie peut être abaissée en conséquence.
  • Si le temps le permet, l’application peut être réalisée en deux passages à demi-dose, faits en sens contraire, assurant ainsi une meilleure couverture et une efficacité supérieure. Par exemple, les rangs qui ont été faits en remontant le verger seront refaits en descendant le verger. Si vous n’avez pas de contrainte de temps, la rentabilité de cette pratique est reconnue.

Précautions à prendre
Les conditions printanières n’étant pas souvent favorables à l’application d’huile, il est important de la faire dès qu’elles se présentent, même si le stade du pré-bouton rose n’est pas atteint. Inversement, n’intervenez pas dans de mauvaises conditions : c’est du temps et de l’argent mal investis.

Toute période de gel survenant moins de 48 heures après un traitement à l’huile peut causer des dommages à l’écorce, et par la suite, de la phytotoxicité sur les cultivars sensibles à l’huile, comme Empire et Délicieuse.

Il est important de ne pas appliquer du CAPTAN, MAESTRO ou autre fongicide à base de captane dans un délai d’une dizaine de jours précédent et suivant une application d’huile.

Quelques conseils supplémentaires

  • Si les conditions favorables ne se présentent pas avant le stade pré-bouton rose, le traitement à l’huile peut quand même être appliqué par la suite si les températures sont supérieures à 10 °C. Cependant, pour éviter les risques de phytotoxicité, il est nécessaire de ne pas dépasser la moitié de la dose au pré-bouton rose (3 % ou 30 L/ha) et le quart de la dose au bouton rose (2 % ou 15-20 L/ha). L’application à dose réduite perdra par contre son efficacité contre les cochenilles.
  • Si l’éclosion des œufs du tétranyque rouge est observée au moment même où les conditions météo idéales se présentent, l’huile peut également être appliquée avec grand succès contre les très jeunes stades du tétranyque rouge. La température doit toutefois rester élevée durant quelques jours après l’application et il ne doit pas y avoir de pluie pendant cette période.
  • Si vous avez subi du déclassement de fruits par la cochenille l’an passé, une intervention à l’huile est recommandée même si le seuil du tétranyque rouge n’est pas atteint. Dans ce cas toutefois, il est souhaitable d’utiliser la pleine dose d’huile et de l’appliquer avant l’atteinte du stade débourrement avancé. L’huile doit être appliquée assez tôt pour éviter la phytotoxicité, et aussi car le bouclier des cochenilles est moins épais à la sortie de l’hiver. Par la suite, une couche de cire se forme sur leur bouclier et s’épaissit rapidement à partir du débourrement.
Répression en été

Consultez la Stratégie globale de lutte aux acariens (fiche 91).

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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Fiche 93

Yvon Morin et Gérald Chouinard

 

Description et comportement

Le tétranyque à deux points (Tetranychus urticae) est un ravageur secondaire en PFI. La femelle hiberne dans le paillis des plantes et dans les crevasses de l’écorce. Elle est de couleur orange brillant, contrairement aux tétranyques présents en été qui sont plutôt jaunâtres ou verdâtres avec une paire de taches dorsales sombres. La femelle active mesure jusqu’à 0,4 mm de longueur et le mâle, 0,3 mm. Elle reprend sa teinte orangée à la fin de l’été juste avant d’hiberner.

Œufs et formes mobiles de tétranyque à deux points
photo J. Moisan-De Serres, MAPAQ

Forme mobile de tétranyque à deux points – photo J. Moisan-De Serres, MAPAQ

Le tétranyque à deux points commence à pondre des œufs (sphériques, de couleur jaunâtre, et partiellement translucides) au stade du débourrement avancé, sous les feuilles du pommier ou sur les mauvaises herbes. Les larves envahissent les pommiers nains et semi-nains lors d’une sécheresse, à la suite du fauchage ou de la pulvérisation des mauvaises herbes avec un herbicide. Cela se produit surtout à la fin juin et au début juillet. Contrairement au tétranyque rouge, le tétranyque à deux points peut tisser de fines toiles sous les feuilles et les individus vivent habituellement en colonies.

Cinq à neuf générations de tétranyques à deux points se succèdent et les populations atteignent leur maximum entre la fin juillet et le début août. Le tétranyque à deux points envahit plus rapidement les pommiers nains que les autres pommiers.

Cycle de vie du tétranyque à deux points – illustration J. Veilleux / IRDA

 

Dommages

Les tétranyques à deux points se nourrissent de sève à même le feuillage du pommier. Ils s’attaquent d’abord habituellement aux feuilles du centre de l’arbre pour aller ensuite vers l’extérieur. Lorsque l’infestation est bénigne, on note l’apparition de taches pâles à la surface des feuilles.

Une attaque plus grave pourra entraîner l’apparition de petites toiles en dessous des feuilles, puis le bronzage du feuillage, un retard de croissance, une réduction du calibre et de la qualité du fruit, ainsi que sa chute prématurée. Une décoloration sévère du feuillage causée par les acariens, particulièrement en juin, nuit gravement à la nouaison des fruits et à la formation des bourgeons à fruits pour l’année suivante.

 

Estimation du risque

La méthode de dépistage est décrite au tableau-synthèse Dépistage par observation des fruits ou du feuillage de la fiche 65. La méthode et les seuils sont les mêmes que pour le tétranyque rouge. Fait à noter, la migration et la multiplication du tétranyque à deux points sont plus rapides que celles du tétranyque rouge.

Pour de plus amples informations, se référer à la fiche 92 dans le présent guide.

 

Stratégie d’intervention
Prévention

Les interventions préventives à privilégier sont les suivantes :

  • éviter une fertilisation azotée excessive;
  • éviter de faucher le couvre-sol durant une période de sécheresse;
  • favoriser le développement des prédateurs naturels du tétranyque par le choix judicieux des pesticides appliqués.

Consultez la fiche 91.

Répression

Consultez la fiche 91.

 

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Fiche 94

Yvon Morin et Gérald Chouinard

 

Description et comportement

L’ériophyide du pommier (Aculus schlechtendali) est un ravageur mineur en PFI. Il est allongé et de couleur brun-jaune. Cet acarien est cinq fois plus petit que les tétranyques : l’adulte mesure à peine 0,07 mm. Il n’est pas visible à l’œil nu et les jeunes stades sont difficiles à voir, même avec une loupe.

ériophyide du pommier

Ériophyides du pommier

La femelle adulte hiberne à l’intérieur des bourgeons ou dans les replis de l’écorce. L’ériophyide commence à se nourrir du feuillage au stade débourrement, mais les populations sont rarement assez fortes pour être problématiques avant la fin juin.

Le pic des populations est habituellement observé en juillet. Les populations diminuent en août lorsque les femelles se préparent à hiberner. Il y a habituellement trois générations par année et une quatrième lorsque les conditions climatiques sont favorables.

L’ériophyide a tendance à se reproduire davantage s’il n’y a pas de tétranyque. Cet acarien est souvent toléré, car il sert de nourriture aux prédateurs lorsque les tétranyques rouges et à deux points sont absents.

Cycle de vie de l’ériophyide du pommier – illustration J. Veilleux / IRDA

 

Dommages

L’ériophyide du pommier se nourrit des deux faces des feuilles, provoquant leur dessèchement et leur brunissement. Un léger enroulement des feuilles est le premier symptôme de leur présence. Dans le cas d’infestations plus graves, le feuillage prend une teinte brun-rouille, d’où son nom anglais de « rust mite ». Ce roussissement est davantage rougeâtre ou pourpré que la teinte brun-tabac provoquée par les infestations graves de tétranyques.

De plus amples informations sur ce ravageur se retrouvent dans le Guide d’identification des ravageurs du pommier et de leurs ennemis naturels.

 

Estimation du risque

La méthode de dépistage de ce ravageur est décrite au tableau-synthèse Dépistage par observation des fruits ou du feuillage de la fiche 65. Le seuil d’intervention pour les ériophyides est élevé et varie selon les cultivars.

Le contrôle de l’ériophyide n’est habituellement pas nécessaire. Par ailleurs, sa présence favorise le développement et le maintien d’un excellent prédateur de tétranyques, l’agistème (yellow mite).

 

Stratégie d’intervention
Répression en été

Au besoin, l’ériophyide peut être contrôlé en même temps que les tétranyques par l’utilisation d’un acaricide en saison (sauf APOLLO, KANEMITE et ACRAMITE). Consultez la fiche 91 pour les détails.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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