Fiche 29

Isabelle Turcotte, Sara-Jeanne B.Croteau, Robert Maheux, Yvon Morin et Gérald Chouinard

 

Il est de la responsabilité de l’employeur de s’assurer que ses employés exécutent sans risque les tâches qui leur sont confiées. Si vous êtes exploitant de verger, vous devez faire en sorte de donner des consignes de sécurité claires à vos employés et vous assurer qu’elles soient respectées.

 

Sources d’information disponibles sur les règles de sécurité

Le site internet SAgE (http://www.sagepesticides.qc.ca) renferme une foule d’informations à jour sur les pesticides : toxicité, persistance, entreposage, délai de réentrée, délai avant récolte, risques pour la santé et l’environnement, etc. Consultez-le afin de trouver rapidement l’information dont vous avez besoin.

Plusieurs fiches d’information ont également été produites par la CSST pour aider les producteurs à assurer leur sécurité et celle de leurs employés à la ferme, en voici quelques-unes :

Plusieurs autres documents de la CSST sont offerts en ligne à http://www.csst.qc.ca/publications/Pages/ListePublications.aspx.

 

Formation et certification requises pour l’utilisation des pesticides

Toute personne qui applique des pesticides de classe 1, 2 et 3 (usage commercial, agricole ou industriel) doit détenir un certificat d’utilisation. Il faut avoir réussi un examen portant sur l’utilisation sécuritaire des pesticides pour se procurer les certificats et les permis nécessaires auprès du ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MDDELCC). La Société de formation à distance des commissions scolaires du Québec (SOFAD) est mandatée par le MDDELCC pour offrir la formation et l’examen s’y rattachant. La formation n’est pas obligatoire, mais elle permet d’acquérir les connaissances nécessaires à la réussite de l’examen de certification. Le Règlement sur les permis et les certificats pour la vente et l’utilisation de pesticides est traité en détail à la fiche 12.

Modes de formation offerts :
  • Formation à distance auprès de la SOFAD, incluant les guides d’apprentissage, les devoirs, l’assistance d’un tuteur et les examens. Pour information ou inscription, consultez le site de la SOFAD : www.sofad.qc.ca/ssm.
  • Formation en classe donnée par des institutions d’enseignement publiques et privées ainsi que par des formateurs privés : www.sofad.qc.ca/ssm ou www.formationagricole.com.
  • Les agriculteurs peuvent aussi joindre les répondants régionaux de la formation agricole. Pour obtenir les coordonnées des répondants des collectifs régionaux en formation agricole, consultez le www.formationagricole.com.

Pour obtenir plus d’informations sur la certification, vous pouvez également contacter la direction régionale du MDDEFP au info@mddefp.gouv.qc.ca ou encore par téléphone au 1-800-561-1616.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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Fiche 31

Isabelle Turcotte, Sara-Jeanne B.Croteau, Robert Maheux, Yvon Morin et Gérald Chouinard

 

Le risque associé à l’utilisation d’un pesticide dépend de sa toxicité et de la probabilité d’y être exposé. L’exposition aux pesticides lors de la préparation des mélanges ou pendant et après l’application peut survenir par :

  • inhalation de vapeurs, de poudres ou de brouillards;
  • contact dermique avec des résidus;
  • contact oculaire avec des vapeurs, des poudres ou des brouillards;
  • contact oculaire par frottement des yeux avec la main, un gant ou un vêtement contaminé par des résidus de pesticide;
  • ingestion (manger, boire ou fumer sans se laver les mains auparavant ou manger des aliments contaminés).

Les précautions suivantes vous permettront de diminuer votre exposition et de protéger votre santé.

 

Délai de réentrée sécuritaire

Le délai de réentrée sécuritaire désigne la période minimale devant s’écouler entre l’application d’un pesticide sur un site et le moment où il est permis d’y reprendre les activités sans équipement de protection individuelle. Cette information figure sur l’étiquette de chaque produit. Pour une recherche rapide ou une comparaison des délais de réentrée parmi tous les pesticides homologués au Québec, vous pouvez également consulter SAgE à www.sagepesticides.qc.ca. Voir aussi le tableau sommaire des produits homologués dans la pomme plus loin sur cette fiche.

clipart de bonhomme qui plante un panneau

Pour la sécurité des travailleurs et de toute autre personne ayant accès au verger, un système d’affichage doit être installé afin de signaler l’application de pesticides dans toute zone de verger ainsi que le délai de sécurité à respecter avant la réentrée.

 

Équipement de protection individuelle

Lors de la préparation des pesticides, il est essentiel de porter des équipements de protection individuelle (EPI) appropriés. Le port de ces équipements est également nécessaire lors de pulvérisations (sauf si l’applicateur est situé dans une cabine étanche et dotée de filtres conformes) ou pour effectuer des travaux dans le verger avant la fin du délai de réentrée sécuritaire.

Reportez-vous aux informations figurant sur l’étiquette de chaque produit pour connaître de façon précise l’EPI à porter lors de l’utilisation d’un pesticide (voir le tableau ci-après pour des exemples). Selon le type de pesticide utilisé et le genre d’activités effectuées, différents équipements parmi les suivants seront recommandés :

Chemise à manches longues et pantalons longs. On conseille de porter des vêtements longs sous la combinaison de protection afin d’éviter tout contact direct du pesticide avec la peau en cas de perte d’efficacité de la combinaison. Selon la combinaison utilisée et la qualité de ses coutures, il est possible que certains pesticides (formulés avec solvant) traversent certains matériaux plus rapidement que d’autres.

symbole de sécurité: combinaison

Gants non doublés assez longs pour recouvrir une partie de l’avant-bras et résistants aux produits chimiques. Évitez les gants de coton, de laine, de cuir ou de latex; optez pour ceux fabriqués en nitrile ou en fluoroélastomère. De plus, les gants doivent toujours être portés sur des mains propres. Ceci permet de garder l’intérieur des gants propres et efficaces (sans résidus de contaminant).

symbole de sécurité: gants

Bottes résistantes aux produits chimiques ou bottes de travail recouvertes d’une membrane protectrice imperméable (couvre-chaussures). Attention : évitez le cuir, il absorbe les produits chimiques et il est impossible à décontaminer.

symbole de sécurité: bottes

Lunettes de protection ou visière complète.

symbole de sécurité: lunettessymbole de sécurité: visière complète

Chapeau à large rebord et imperméable.

chapeau à large rebordimperméable

Combinaison de protection, combinaison réutilisable en polyester munie d’une cagoule, combinaison jetable (ex. : combinaison en Tychem®) ou imperméable deux pièces. À noter : utiliser une combinaison contaminée par des pesticides est déjà un facteur de contamination donc, on doit toujours débuter une pulvérisation avec des combinaisons neuves (si à usage unique) ou propres et fonctionnelles (si elles sont réutilisables).

combinaison de protection

Masque respiratoire bien scellé avec filtres à cartouche approuvés par le NIOSH ou un casque à ventilation assistée pour l’application des pesticides (de type KASCO). Utilisez un masque adapté à votre visage et rappelez-vous qu’un masque ne protège pas efficacement lorsqu’il est porté sur une barbe.

symbole de sécurité: masque respiratoiresymbole de sécurité: masque respiratoiresymbole de sécurité: casque à ventilation assistée

Tablier de protection conçu spécialement pour la préparation de la bouillie : ceci permet d’éviter de souiller la combinaison de protection lors de la préparation de la bouillie, la même qui servira lors de la pulvérisation.

symbole de sécurité: tablier

Voici à titre d’exemple les équipements de protection individuelle (EPI) requis lors de l’utilisation de certains pesticides homologués en pomiculture

Produit DRT EPI applicateur EPI travailleur
MAESTRO 80 DF 2 à 24 j1 A, C, D, E, F, H, K A, C, D, E, F, H
DITHANE DG 75 12 h à 35 j1 A, C, D, E, F, H, K A, C, D, E, F
CALYPSO 480 SC 12 h A, C, D, E, F, H, J A, C, D, E, F
IMIDAN 50 W 7 j2 A, C, D, E, F, K A, C, E
MATADOR 120 EC 24 h A, C, D, E, F, H, J A, C, D, E, F
GRAMOXONE 24 h – 4 h3 A, C, D, E, F, H, K A, E
TOUCHDOWN TOTAL 24 h A, C, H A, E

Légende :
A : chemise à manches longues + pantalons longs
B : souliers de travail ou bottes de travail
C : gants résistants aux pesticides (nitriles)
D : combinaison avec capuchon résistante aux pesticides
E : bottes résistantes aux pesticides
F : chapeau résistant aux pesticides
G : chapeau de travail
H : lunette protectrice ou visière
I : simple masque respiratoire pour poussière et particules
J : masque respiratoire avec cartouches approuvées pour pesticides (NIOSH) avec préfiltre approuvé pour les pesticides (TC-3)
K : masque respiratoire avec filtre à poussière (N, R, P ou HE) approuvé NIOSH
DRT : délai de réentrée pour les travailleurs
EPI applicateur : EPI requis lors de la pulvérisation avec un tracteur sans cabine
EPI travailleur : EPI requis pour effectuer des travaux dans le verger avant la fin du DRT
1 : le délai varie selon l’activité qui doit être faire suite à l’application
2 : certaines activités sont interdites pour toute la saison après l’application

3 : attendre minimum 4 h après le traitement

 

Entretien et entreposage appropriés de l’équipement de protection

Les EPI offrent une protection efficace contre les pesticides mais il faut être conscient des limites de protection qu’ils peuvent nous offrir en fonction de leur entretien et du type utilisé (usage unique ou réutilisable).

Conseils généraux :
  • Une source d’eau propre et du savon doivent être présents sur les lieux où s’effectuent les manipulations de pesticides. Une douche devrait également se trouver à proximité. Ces équipements sont essentiels, non seulement en cas d’accident (voir la fiche 32), mais aussi pour bien se laver après chaque application de pesticides.
  • Les vêtements et équipements de protection doivent être placés à l’abri de tout risque de contamination dans un endroit séparé du lieu d’entreposage des pesticides.
  • Pour éviter les risques de contamination, retirez et rangez les vêtements de protection hors des aires de repos des employés et des aires d’habitation.
Vêtements :
  • Traitez tous les vêtements que vous avez portés pendant l’utilisation d’un pesticide comme s’ils étaient contaminés et manipulez les avec des gants résistants aux produits chimiques.
  • Si les vêtements ont été complètement saturés avec des pesticides en concentré (peu importe leur toxicité), ne les lavez pas, débarrassez-vous-en de façon sécuritaire.
  • Si possible et si vous désirez enlever le plus gros des contaminants, vous pouvez faire un pré-trempage dans une cuve extérieure avec de l’eau chaude et du savon.
  • Lavez les vêtements après chaque utilisation de pesticide séparément de toute autre lessive familiale et si possible dans une laveuse non utilisée pour la lessive familiale.
  • Utilisez de l’eau chaude et du détergent liquide pour grosse lessive, réglez la laveuse au niveau d’eau le plus élevé et au cycle de lavage le plus long incluant un cycle de pré-rinçage. N’utilisez pas d’eau de javel car elle est inefficace pour enlever les résidus de pesticides.
  • Si les vêtements sont très sales, lavez-les deux ou trois fois.
  • Une fois que le lavage est terminé, procédez à un cycle à vide avec du détergent pour enlever tout résidu de contaminants dans la laveuse.
  • Si possible, faites sécher les vêtements sur une corde à l’extérieur et non à la sécheuse. L’air extérieur aide à la décontamination des vêtements.
Cartouches et filtres :
  • Les filtres à cartouche de la cabine du tracteur ainsi que ceux des masques respiratoires ont une durée limitée. Pour prolonger leur durée de vie, rangez les cartouches dans un sac hermétique (de type Ziploc) après chaque utilisation, sinon ils continueront de réagir aux contaminants contenus dans l’air ambiant. Entre les traitements, remplacez les cartouches de la cabine du tracteur par des filtres à poussière, mais assurez-vous que les cartouches soient remises en place lorsqu’il y a risque d’exposition!
  • Remplacez régulièrement les cartouches et n’utilisez jamais une cartouche déjà déballée dont vous ne connaissez pas la date de début d’utilisation. Si vous notez une odeur, un goût suspect ou un symptôme d’irritation, remplacez les cartouches, peu importe leur âge.
Autres pièces de l’équipement de protection (casque, bottes, gants, etc.) :
  • Si votre équipement de protection est réutilisable, nettoyez-le après chaque utilisation avec de l’eau propre et du savon et laissez-le sécher avant de le remiser.
  • Inspectez régulièrement votre équipement et remplacez obligatoirement les pièces déchirées ou endommagées. Testez l’étanchéité des gants en les remplissant d’eau propre et en vérifiant s’il y a des fuites au bout des doigts ou ailleurs.

 

Pour plus d’informations

Fiche DS-1000 – Pesticides – Pratiques sécuritaires et équipements de protection individuelle (EPI) produite par l’IRSST. Disponible à http://www.irsst.qc.ca/media/documents/PubIRSST/DS-1000.pdf 

Fiche H114-19/4-2009F – Équipement de protection individuelle produite par Santé Canada, disponible à http://www.hc-sc.gc.ca/cps-spc/alt_formats/pdf/pubs/pest/_fact-fiche/protective-equipment-protection-fra.pdf.

Service d’informations sur la lutte antiparasitaire : posez vos questions, Santé Canada y répondra:

Consultez également la fiche 29.

 

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Fiche 32

Isabelle Turcotte, Sara-Jeanne B.Croteau, Robert Maheux, Yvon Morin et Gérald Chouinard

 

Un bon plan d’urgence permet de gagner un temps extrêmement précieux lorsqu’un accident survient. Le plan d’urgence comprend, entre autre, une description de chacune des procédures à suivre lors d’une situation d’urgence, la liste de l’équipement disponible pour intervenir ainsi que le lieu où il se trouve. Prenez le temps de réfléchir à ce que vous devez y ajouter en tenant compte de votre situation. Ces renseignements doivent se trouver sur des affiches apposées entre autres dans l’entrepôt des pesticides et au site de chargement du pulvérisateur. N’oubliez pas de mentionner à toutes les personnes concernées l’endroit où les affiches ont été posées et de leur faire connaître les directives à suivre pour intervenir adéquatement en cas d’urgence. Les mesures qui suivent sont générales et sont adaptées du guide Pesticides et agriculture : bon sens, bonnes pratiques produit aux Publications du Québec. Elles pourront vous guider dans l’élaboration de votre propre plan d’urgence.

 

Trousses de premiers soins

Le Règlement sur les normes minimales de premiers secours et de premiers soins (découlant de la Loi sur les accidents du travail et de la Loi sur la santé et la sécurité du travail) établit les obligations de l’employeur concernant les trousses de premiers soins.

  • Les employeurs sont tenus de munir leurs établissements et tous les véhicules qui sont destinés au transport ou à l’usage des travailleurs d’un nombre adéquat de trousses de premiers soins.
  • Les trousses doivent être situées dans un endroit facile d’accès, le plus près possible des lieux de travail et accessibles en tout temps.
  • Il ne suffit pas de mettre des trousses à la disponibilité des travailleurs, l’employeur doit s’assurer que celles-ci sont propres, complètes et en bon état.
Contenu minimal obligatoire de la trousse :
  • Un manuel de secourisme approuvé par la Commission de la santé et de la sécurité au travail (CSST)
  • 1 paire de ciseaux à bandage
  • 1 pince à écharde
  • 12 épingles de sûreté (grandeurs assorties)
  • 25 pansements adhésifs (environ 25 mm × 75 mm) stériles enveloppés séparément
  • 25 compresses de gaze (environ 10 cm × 10 cm) stériles enveloppées séparément
  • 4 rouleaux de bandage de gaze stérile (environ 5 cm × 9 m) enveloppés séparément
  • 4 rouleaux de bandage de gaze stérile (environ 10 cm × 9 m) enveloppés séparément
  • 6 bandages triangulaires
  • 4 pansements compressifs (environ 10 cm × 10 cm) stériles enveloppés séparément
  • 1 rouleau de diachylon (environ 25 mm × 9 m)
  • 25 tampons antiseptiques enveloppés séparément
Autres items minimalement recommandés :
  • solution isotonique (1 L)
  • 1 masque avec valve antiretour pour la respiration artificielle
  • 1 paire de gants de nitrile
Pour obtenir plus d’information sur le Règlement sur les normes minimales de premiers secours et de premiers soins :

http://www2.publicationsduquebec.gouv.qc.ca/dynamicSearch/telecharge.php?type=2&file=//A_3_001/A3_001R10.htm

 

Comment intervenir en cas de déversement ou autre accident
Premiers soins :
  • Protégez-vous d’abord, puis mettez les personnes intoxiquées en sécurité et prodiguez-leur les premiers soins (voir plus bas).
  • Éloignez les personnes qui se trouvent à proximité du site de déversement.
  • Appelez ou faites appeler de l’aide.
  • Portez l’équipement de protection requis et faites le nécessaire pour circonscrire le déversement, en élevant un remblai, par exemple.
  • En cas de déversement important, appliquez les mesures qui précèdent et contactez immédiatement les autorités locales (service de police ou des incendies) ou communiquez avec le système canadien ou québécois de signalement des urgences environnementales :URGENCE-ENVIRONNEMENT (24 heures par jour)
    1-866-694-5454
    Pendant les heures ouvrables (8h30 – 12h et 13h – 16h30), appelez également la direction régionale concernée du MDDELCC (liste au http://www.mddelcc.gouv.qc.ca/ministere/rejoindr/adr_reg.htm).CENTRE NATIONAL DES URGENCES ENVIRONNEMENTALES
    514-283-2333 ou 1-866-283-2333
Nettoyage des surfaces contaminées :

Matériel nécessaire à prévoir à l’avance :

  • 4 sacs de 25 kg de sable ou de tout autre produit absorbant (de la vermiculite, sinon de la terre, de la litière à chat ou de la tourbe)
  • des pelles à bout carré
  • des balais-brosses
  • un grand baril à déchets (205 L ou 45 gal) ou des sacs de plastique résistants

Pour le déversement de granules, de poudres et de poussières : humectez le plus tôt possible le produit s’il y a risque de dispersion par le vent mais évitez de saturer d’eau. Balayez ou pelletez le pesticide et mettez-le dans un baril ou dans des sacs de plastique.

Pour le déversement de liquide : recouvrez le produit déversé d’une couche suffisamment épaisse de matériaux absorbant et attendez que celui-ci s’imprègne de pesticide. N’utilisez pas d’eau. Balayez ou pelletez le pesticide et mettez-le dans un baril ou dans des sacs de plastique résistants.

Si le déversement s’est produit directement sur le sol : enlevez la terre contaminée jusqu’à une profondeur d’au moins 5 cm au-dessous de la limite de pénétration du pesticide. Mettez la terre dans des barils ou des sacs de plastique résistants.

Quel que soit le cas :

  • Travaillez autant que possible le dos au vent.
  • Assurez-vous que tous les récipients contenant de la terre ou des matériaux absorbants imprégnés de pesticides soient scellés et étiquetés, puis confiés à une entreprise spécialisée, désignée par la Direction régionale du MDDELCC.
  • Après avoir récupéré le pesticide, le lieu de déversement doit être décontaminé avec un solvant approprié. Consultez le service d’information du gouvernement fédéral pour connaître le solvant le plus approprié :CANUTEC (24 heures par jour)
    Information : 613-992-4624 (appels à frais virés acceptés)
    Urgence : 613-996-6666(appels à frais virés acceptés)
    Cellulaire : *666

 

Comment intervenir en cas d’incendie

Les incendies dans les dépôts de pesticides sont très dangereux, car plusieurs pesticides dégagent des vapeurs toxiques en brûlant. Pour réduire les risques :

  • Équipez votre entrepôt d’un extincteur de type « ABC » de 5 kg au minimum, pour pouvoir éteindre rapidement un début d’incendie.
  • Si le feu venait à prendre le dessus, alertez le service d’incendie et précisez qu’il s’agit de pesticides.
  • Évitez d’utiliser de l’eau pour combattre l’incendie, car le ruissellement de l’eau contaminée pourrait être difficile à maîtriser.

 

Comment intervenir en cas d’intoxication à un pesticide

Apprendre à reconnaître les signes et les symptômes d’une exposition à un pesticide est essentiel, car le traitement immédiat d’une personne intoxiquée par un pesticide peut faire la différence en ce qui concerne son rétablissement.

Voici quelques exemples de symptômes pouvant apparaître suite à une exposition à divers groupes de pesticides :

Insecticides organophosphorés et carbamates (ex. : SEVIN, IMIDAN) :

  • Maux de tête, étourdissements, transpiration, larmoiement, salivation excessive, vision trouble, serrements de poitrine.
  • Douleurs abdominales, nausées, vomissements, diarrhée, hypersécrétions bronchiques, troubles du rythme cardiaque, tremblements, faiblesse et fatigue.
  • Rétrécissement de la pupille, incontinence, confusion, œdème pulmonaire, respiration difficile, coloration bleutée, défaillance cardio-respiratoire, convulsions, perte de conscience et coma.

Insecticides pyréthrinoïdes (ex. : DECIS, RIPCORD, AMBUSH, POUNCE, MATADOR) :

  • Contact cutané ou oculaire : irritations et sensations de brûlures.
  • Ingestion d’une forte dose : salivation, douleur à l’estomac, nausées, vomissements, maux de tête, étourdissements, fatigue, convulsions, perte de conscience.

Herbicide GRAMOXONE :

  • L’inhalation du produit et l’exposition par voie cutanée ou oculaire résultent généralement en des irritations importantes.
  • Ulcère de la langue, de la gorge et de l’œsophage accompagné de saignements, douleurs musculaires généralisées, nausées, vomissements, diarrhée, atteintes rénales et hépatiques, dommages pulmonaires (fibrose) et insuffisance respiratoire.

Herbicides 2,4-D et SIMAZINE :

  • Gastroentérite, nausées, vomissements, diarrhée, étourdissement, faiblesse, anorexie, léthargie, raideurs ainsi que faiblesses et fibrillations musculaires, pouls irrégulier et complications respiratoires.

Herbicides ROUND-UP et DUAL :

  • Irritation de la peau, des yeux et parfois des voies respiratoires.

Fongicides dithiocarbamates (ex. : DITHANE, MANZATE) :

  • Irritant pour la peau, les yeux et les voies respiratoires.
  • Ingestion d’une forte dose : nausée, vomissements et diarrhée.
  • Combinée à une consommation d’alcool : rougeur de la figure, transpiration, troubles respiratoires, douleurs à la poitrine, vomissements et chute de tension artérielle.

Fongicides CAPTAN et MAESTRO :

  • Irritant pour la peau, les yeux et pour le système respiratoire.
  • Ingestion d’une forte dose : nausée, vomissements et diarrhée.

Composés de cuivre (ex. : sulfate de cuivre tribasique et bouillie bordelaise) :

  • Irritant pour la peau, les yeux et les voies respiratoires.
  • Peut causer la nausée, des vomissements et des douleurs intestinales.

Soufre :

  • Irritant pour la peau, les yeux et les voies respiratoires. Peut causer de la diarrhée.

Si vous avez besoin d’une aide médicale immédiate, appelez le 911.

Pour toute autre aide médicale ou si vous soupçonnez une intoxication par des pesticides, même mineure, contactez le Centre antipoison du Québec :

CENTRE ANTIPOISON (24 heures par jour) :
1-800-463-5060

Afin de pouvoir fournir l’information, ayez en main l’étiquette du produit ayant causé l’intoxication (le registre de traitements, s’il a été partiellement rempli au préalable, peut vous aider à déterminer quel produit peut être en cause si l’intoxication survient en cours d’application).

Si vous devez laisser seule une personne inconsciente pour un moment (pour appeler de l’aide) :

  • Placez la personne en position latérale de sécurité tel qu’illustré ci-après, étendue sur le côté avec le genou du dessus replié vers l’avant.

personne inconsciente en position latérale

En cas d’intoxication par contact cutané (par la peau) :

  • Enlevez rapidement les vêtements souillés en prenant des précautions, notamment en portant des gants.
  • Lavez abondamment la peau à l’eau et au savon.

En cas d’intoxication par inhalation :

  • Sortez la personne incommodée des lieux contaminés en prenant les précautions d’usage et en portant, si nécessaire, un masque respiratoire.
  • Pratiquez la respiration artificielle (bouche à bouche) si la personne présente des problèmes respiratoires (coloration bleutée des lèvres) en attendant l’arrivée d’un médecin ou le transport à l’urgence. Il peut être préférable d’utiliser un masque de poche muni d’une valve antiretour ou un ballon-masque de façon à éviter d’entrer en contact avec les substances chimiques ayant intoxiqué la victime dans le cas de pesticides très toxiques.

En cas d’intoxication par contact oculaire :

  • Dans le cas d’éclaboussures dans les yeux, laver abondamment avec de l’eau tiède (idéalement une solution isotonique) pendant au moins 15 minutes, en gardant les paupières ouvertes.
  • À cet effet, les travailleurs devraient avoir un accès rapide à une douche oculaire sur les lieux de travail.

En cas d’intoxication par ingestion :

  • Le Centre antipoison vous donnera les indications à suivre.
  • À moins que les professionnels du Centre antipoison ne vous l’indiquent, évitez de faire vomir la personne intoxiquée surtout si :
    • elle est somnolente, inconsciente ou en convulsions;
    • elle a absorbé une formulation de pesticide contenant des hydrocarbures (huile, solvant, etc.);
    • elle a absorbé un pesticide corrosif (squelette de la main sur l’étiquette du produit) ou un agent moussant (surfactant, savon, détergent, etc.)

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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Auteur de la première édition : Paul-Émile Yelle
Auteure de la mise à jour 2023 : Monique Audette
Dernière mise à jour par l’auteure : 10 janvier 2023

Jeune implantation (source : Monique Audette).

L’implantation de nouvelles parcelles de verger, que ce soit dans de nouveaux sites ou en remplacement de parcelles arrachées, demande une excellente planification dont il ne faut négliger aucune étape. Les investissements sont importants, autant bien le faire! Comme la pomiculture est une production pérenne, les conséquences négatives de mauvaises décisions pourront hanter le pomiculteur durant des dizaines d’années. En contrepartie, la mise en place des meilleures pratiques permet des bénéfices qui se répètent année après année. En ce sens, les considérations reliées au site sont essentielles à la production fruitière intégrée, où la durabilité économique est indissociable de la durabilité environnementale.

Un sol bien drainé

Préparation du sol (source : Monique Audette).

Le choix d’un site propice est le point de départ de la réussite. Il faut déterminer les bons sites notamment en fonction d’un bon égouttement. Les types de sol les plus propices aux pommiers, assez légers, doivent bien s’égoutter naturellement. Des sols plus lourds, loameux ou argileux, de même que certains sites à topographie irrégulière, pourront nécessiter un drainage supplémentaire. Pour en apprendre davantage, consultez le guide du CRAAQ L’implantation d’un verger de pommiers, 2ième édition, fascicule 1, « Planification, choix du site et mise en marché ».

Des portes-greffes adaptés

L’utilisation de porte-greffes appropriés, c’est-à-dire adaptés au sol et au climat du site et au système de conduite envisagé (densité, système) est primordiale. La majorité des porte-greffes nains et semi-nains sont précoces, productifs et bien adaptés à notre climat; toutefois, certaines combinaisons porte-greffe/cultivar sont à éviter. De plus, la sensibilité, la tolérance ou la résistance des porte-greffes aux maladies telles que la pourriture du collet ou la brûlure bactérienne doivent être considérées. À ce sujet, voir le guide L’implantation d’un verger de pommiers, 2ième édition, fascicule 3, « Cultivars et porte-greffes ».

Il est aussi conseillé d’utiliser les techniques de plantation appropriées, comme la profondeur de plantation relativement au point de greffe : celui-ci doit être à 10-15 cm au-dessus du sol pour assurer une meilleure uniformité du gabarit des arbres.

profondeur de plantation

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Profondeur de la plantation (source : Nathalie Tanguay).

Pour plus de précision selon le type de plantation, voir le fascicule 4 « Modes de conduite et plantation » du guide L’implantation d’un verger de pommiers, 2ième édition.

Une densité appropriée

densité de plantation

Jeune implantation (source : Paul Émile Yelle).

Établir la densité optimale d’une nouvelle plantation est une décision complexe. De plus, le choix final entraînera des conséquences importantes sur l’équilibre entre la croissance végétative et la production de fruits des arbres, ainsi que sur la durabilité et la rentabilité de la parcelle. Plusieurs facteurs sont à considérer, incluant la fertilité, la profondeur du sol et le climat. La vigueur varie d’un cultivar à l’autre et les plus vigoureux nécessitent plus d’espace. Il en va de même pour les porte-greffes.

L’expérience ainsi qu’une bonne connaissance des différents secteurs de son verger, incluant les résultats obtenus avec des plantations antérieures, donnent une très bonne indication des distances à prévoir. Les nouveaux systèmes de conduite, favorisant une précocité accrue et permettant des densités plus élevées, remettent en question des pratiques acquises dans des plantations âgées d’à peine plus de dix ans. Le but visé est d’obtenir des rendements supérieurs grâce à une utilisation optimale de la lumière. Cela est possible si les pommiers occupent rapidement l’espace prévu et produisent assez de fruits pour éviter une croissance excessive.

Les situations à éviter sont :

  • une densité trop faible sur le rang où des espaces vides demeurent entre les arbres, amenant un gaspillage de main d’œuvre et d’intrants et une perte de rendement.
  • une distance trop grande entre les rangs, qui ne permet pas la mécanisation des opérations et réduit les rendements.
  • une densité trop élevée non adaptée au mode de conduite qui nécessitera une taille excessive et répétée quand les arbres seront à maturité, réduisant la productivité et la qualité des fruits.

Un outil d’aide à la décision pour la densité se retrouvent dans le guide L’implantation d’un verger de pommiers, 2ième édition, chapitre 6 « Porte-greffes » et à la page 10 du chapitre 7 « Modes de conduite ».

De jeunes arbres de qualité

Jeune pommier (source : Monique Audette).

Une attention particulière à la qualité agronomique et sanitaire des jeunes arbres à planter est de mise. Les critères pertinents au choix d’un arbre de qualité, notamment l’absence de maladie et la certification, sont décrits au chapitre 8 « La plantation » et au chapitre 10 « Formation du pommier » du guide L’implantation d’un verger de pommiers, 2ième édition. Des informations pertinentes à l’impact et à la prévention des maladies racinaires et virales se retrouvent dans la fiche sur Les phytoplasmes et la fiche sur Les maladies secondaires du pommier.

La sensibilité à la tavelure

Il est conseillé d’éviter de planter une proportion importante de cultivars très sensibles à la tavelure, tels McIntosh, Lobo, Vista Bella ou Jersey Mac, dans le but de réduire le nombre de traitements fongicides. Des cultivars moins sensibles tel Honeycrisp, entre autres, nécessitent moins de traitements. Pour plus d’informations pertinentes sur ce sujet, consultez la fiche sur La tavelure : stratégies générales de lutte et le chapitre 5 « Cultivars » du guide L’implantation d’un verger de pommiers, 2ième édition.

La localisation des cultivars d’été

Les cultivars d’été seront plantés en bordure du verger pour faciliter le contrôle de certains ravageurs, tel le charançon de la prune ou la mouche de la pomme, ce qui permettra de réduire la pression des ravageurs dans le centre et de recevoir moins d’insecticides et acaricides. Des informations plus détaillées à ce sujet se retrouvent dans les fiches suivantes :  Les types de traitements particuliers, Le charançon de la prune et Description et efficacité des parasitoïdes.

La préparation du site

Les pommiers plantés dans un sol bien préparé sont généralement plus précoces et productifs. Il est recommandé de préparer les sites au moins un an à l’avance pour en améliorer entre autres la fertilité, le drainage (surface et souterrain), la topographie (nivellement), le contrôle des mauvaises herbes et la qualité microbiologique (ex. absence de nématodes et de pathogènes). Il est recommandé de consulter et de suivre les démarches recommandées au début au chapitre 4 « Préparation du terrain » du guide L’implantation d’un verger de pommiers, 2ième édition. Toutes les normes en vigueur pour les épandages telles que décrites dans la fiche sur La protection de l’environnement et la loi doivent être respectées lors de la préparation du site.

Préparation de l’implantation : l’année engrais vert (source : Monique Audette).

L’écoulement de l’air froid

Sous notre climat, le froid est un facteur contraignant. Il peut se manifester entre autres par un gel tardif au printemps, avant ou pendant la floraison, ou par un gel hivernal des tissus, qui entraîne le dépérissement des arbres. L’écoulement de l’air froid devra être favorisé dans les nouveaux sites pour diminuer les risques de gel des parties aériennes. Pour obtenir plus d’informations à ce sujet, il est recommandé de consulter le chapitre 2 « Choix du site » du guide L’implantation d’un verger de pommiers, 2ième édition.

L’évaluation des risques environnementaux

La fragilité environnementale de certains milieux ou de certains sites doit être prise en compte en évitant de planter dans des emplacements présentant des risques. Par exemple, même si ce n’est pas toujours spécifiquement interdit par une loi ou un règlement, il n’est pas recommandé de planter des pommiers près d’un milieu humide, d’un cours d’eau ou d’une nappe phréatique, car il y a un risque de contamination lors des traitements et des épandages. Il en va de même pour l’environnement humain en milieux habités.

L’étape de la plantation n’est pas la seule présentant un impact sur le milieu environnant. Lors d’un défrichage (là où c’est permis) ou d’arrachage de vergers existants dans le but d’une replantation, une évaluation des risques d’érosion ainsi que l’analyse de nouvelles limitations (nouvelle zone résidentielle ou établissement d’une garderie à proximité du verger) doit se faire préalablement. Plusieurs aspects environnementaux sont réglementés et il faut se conformer à ces exigences qui sont décrites dans la fiche sur L’utilisation des pesticides (homologation, vente, entreposage et application) et la loi et la fiche sur La protection de l’environnement et la loi.

La proximité et la disponibilité des marchés

Les choix des cultivars et de la localisation des vergers doivent prendre en compte cette composante essentielle au succès d’une plantation. La rentabilité n’est pas seulement fonction de la productivité. Les fruits produits doivent posséder les qualités requises par les marchés actuels. De plus, les superficies envisagées pour différents cultivars et les volumes produits qui en découlent doivent tenir compte des excédents potentiels par rapport à la demande.

Par exemple, une bonne stratégie est de privilégier les cultivars pour lesquels une demande à la hausse est anticipée à moyen terme, et de favoriser les porte-greffes précoces pour combler rapidement ces besoins. Pour la production destinée à l’emballage ou aux réseaux de grande distribution, des localisations trop périphériques sont à éviter pour épargner les frais de transport prohibitifs. Les considérations quant au marketing sont décrites au chapitre 1« La planification de la plantation » du guide L’implantation d’un verger de pommiers, 2ième édition.

Ce contexte commercial est essentiel pour les ventes en vrac, mais il est tout aussi important pour la vente directe; pour de tels projets il faut anticiper de façon réaliste la période de vente et l’achalandage potentiel. Beaucoup de documents sont disponibles pour mieux orienter la planification de la vente directe. À signaler en particulier, le Pense-bête de l’agrotourisme du MAPAQ.

Pense-bête de l'agrotourisme

Photo de couverture du Pense-bête de l’agrotourisme (source : MAPAQ).

Plusieurs références, textes et présentations sont aussi accessibles sur le site d’Agri-Réseau sous le sujet « Vente en circuits courts » dans « Commercialisation et marketing » du domaine Marketing agroalimentaire.

Faune

Les jeunes plantations de pommiers peuvent être vulnérables aux dommages causés par les cerfs de virginie ou par des rongeurs tels que les campagnols. Consultez la fiche sur Le cerf de virginie pour le choix de la stratégie de lutte et la fiche sur Le campagnol des champs pour la protection du tronc.

La prise en compte du climat et la gestion des vents

Le climat des différentes régions ou localités est le principal facteur à considérer pour la localisation de nouveaux vergers. L’absence de vergers dans certaines régions reflète souvent des contraintes climatiques importantes. Le choix des cultivars et porte-greffes se fera lui aussi à la lumière des contraintes climatiques. Les chapitres 5 et 6 dans le guide L’implantation d’un verger de pommiers, 2ième édition caractérisent la rusticité des différentes variétés et porte-greffes.

Lors de la planification d’une nouvelle plantation, il faut prévoir l’espace nécessaire à l’implantation d’une haie brise-vent. De plus, il est idéal de planter cette haie avant de planter les pommiers, afin que sa hauteur soit au moins égale à celle de la plantation. Un brise-vent en bordure du verger favorise notamment l’activité des insectes pollinisateurs et réduit la dérive des bouillies de pulvérisation. Les nombreux bénéfices des brise-vents bien positionnés incluent :

  • une diminution de la chute prématurée des pommes due à la diminution des vents;
  • une meilleure pollinisation permettant aussi une meilleure conservation des fruits;
  • une protection contre le gel hivernal qui cause un dessèchement des tissus végétaux par le vent ;
  • surtout, une efficacité accrue des applications de pesticides.

Le guide des Producteurs de pommes du Québec, Des haies brise-vent pour réduire la dérive des pesticides en verger, présente des recommandations sur la planification des installations des haies en verger. Celui-ci propose aussi des modèles ainsi que des exemples d’aménagement des haies et termine par quelques méthodes simples d’entretien pour une haie efficace.

Plusieurs conditions à respecter lors de l’implantation d’un brise-vent sont décrites au chapitre 4 « Préparation du terrain » du guide L’implantation d’un verger de pommiers, 2ième édition. Parmi les contraintes à considérer, il faut choisir une orientation et une distance qui éviteront de porter ombrage aux pommiers. Le brise-vent devra également être assez poreux et planté à une bonne distance des pommiers pour éviter les accumulations excessives de neige.

Il faut éviter de localiser les brise-vents en bas des pentes, mêmes légères, où ils empêcheraient l’écoulement de l’air froid. La présence de boisés à proximité de la plantation peut aussi assurer un contrôle naturel du vent. Dans de telles situations, il faut toutefois faire l’éradication des arbres fruitiers sauvages présents (se référer à la fiche sur les Grilles de dépistage pour les vergers).

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

Auteurs de la première édition : Paul-Émile Yelle et Gérald Chouinard
Auteure de la mise à jour 2023 : Monique Audette
Dernière mise à jour par l’auteure : 10 janvier 2023

 

Renouvellement continu des pommiers

Des pommiers bien entretenus et adaptés au climat peuvent demeurer productifs durant des décennies. Toutefois, le renouvellement des parcelles de verger va s’imposer pour d’autres raisons que leur âge.

Honeycrisp (source : Monique Audette).

Les variétés plantées depuis un certain temps peuvent devenir obsolètes et perdre la faveur des consommateurs. D’autres, très populaires et faciles à produire, peuvent présenter un excès de production. Une offre excessive d’un produit sur le marché entraîne à long terme une situation de bas prix récurrents. Souvent, ce sont les systèmes de production qui deviendront périmés. Par exemple, il sera de plus en plus difficile de répondre aux critères de couleur et de calibre avec des arbres trop vigoureux et mal adaptés à une disponibilité réduite de main-d’œuvre. Enfin, plus les années s’accumulent, plus les arbres auront enduré différents sévices hivernaux et attaques de maladies et autres ravageurs, réduisant ainsi leur productivité et accentuant leur mortalité.

Afin de ne pas se retrouver avec un trop grand nombre de parcelles en voie de désuétude, il faut prévoir un renouvellement régulier de celles-ci. Il est recommandé de viser un taux annuel moyen de 4 %. Idéalement, de 4 à 12 % des plantations doivent être renouvelées sur un cycle d’un à trois ans. Les pomiculteurs qui demeurent à jour dans leurs plantations sont souvent ceux qui réussissent mieux dans un contexte difficile. Quelques références à ce sujet se retrouvent dans le chapitre 1 « Planification de la plantation » du guide L’implantation d’un verger de pommiers, 2ième édition.

Éradication des foyers potentiels de contamination phytosanitaire

Lors de l’implantation d’un nouveau site ou du renouvellement d’une parcelle, ou même pour des sites déjà en place, il est fortement recommandé d’éliminer les arbres et arbustes favorisant la présence de ravageurs. Il s’agit d’une mesure élémentaire de contrôle de plusieurs espèces d’insectes et de maladies. Par exemple, plusieurs espèces peuvent être atteintes par la brûlure bactérienne et, en l’absence de soins ou de traitements, celles-ci contribuent à la propagation de cette redoutable maladie. Diverses espèces exotiques envahissantes peuvent également se retrouver au pourtour des vergers. Il est important de les éliminer, afin d’empêcher leur propagation à l’intérieur ceux-ci. Plus d’informations à ce sujet sont disponibles dans la fiche sur Les mauvaises herbes.

Il faut donc s’assurer de l’absence ou de l’élimination (avec les autorisations appropriées) des espèces susceptibles. Il est préférable de limiter la présence de pommiers, pruniers, cerisiers, aubépines, sorbiers, amélanchiers ou des pommetiers non traités, idéalement sur une distance de 60 à 100 m autour du verger (ou tout au moins de 40 à 60 m dans une première approche avec votre voisin s’il y a lieu). Des précisions additionnelles à ce sujet se retrouvent dans les fiches suivantes : Grilles de dépistage pour les vergers, La tavelure : stratégies générales de lutte et Le feu bactérien : stratégies de lutte.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

Fiche 35

Paul Émile Yelle

 

Prévention de la compaction

Une des importantes composantes de la qualité d’un sol est sa structure. Une structure adéquate du sol comporte une bonne agrégation des particules qui le composent et favorise l’aération et l’égouttement du sol. Les autres bénéfices d’une bonne structure sont de faciliter le développement du système racinaire et de permettre un meilleur mouvement capillaire de l’eau vers la surface et les racines. L’apport et le maintien de la matière organique contribuent de manière importante à une bonne structure de sol. Pour de plus amples informations, se référer à la rubrique « Les amendements organiques » du chapitre « Préparation du terrain » dans le guide L’implantation d’un verger de pommiers.

Le maintien d’un couvert végétal favorise la conservation de cette matière organique et favorise aussi directement la structure du sol, par son système racinaire. Toutefois, l’absence de travail du sol une fois le verger implanté peut jouer dans les deux sens. D’une part, le risque de détériorer la structure du sol est limité; par contre, il devient difficile d’améliorer un sol dégradé en utilisant des pratiques d’aération par le travail du sol.

La compaction, définie comme le tassement des particules de sol au détriment de la présence de l’air, est le phénomène qui menace le plus la bonne structure des sols dans un verger. La circulation dans le verger avec des équipements relativement lourds à des moments où le sol est humide favorise cette détérioration. Les types de sols plus lourds, c’est-à-dire les sols argileux et loameux, y sont plus vulnérables que les sols graveleux et sableux.

Les risques de compaction peuvent être réduits en utilisant les chemins de ferme au lieu des allées du verger pour le déplacement des machineries lourdes. Aussi, lorsque le sol du verger est imbibé d’eau, il n’est pas recommandé de remplir le réservoir du pulvérisateur à plus de la moitié de sa capacité. Enfin, lors d’une replantation, le passage d’une sous-soleuse pour aérer ou décompacter le sol, particulièrement sous les allées, est recommandé. Pour plus d’informations à ce sujet, consultez le chapitre « Préparation du terrain » du guide L’implantation d’un verger de pommiers.

 

Réduction de l’érosion

L’érosion se produit lorsque les couches superficielles du sol, les plus riches en matière organique et les plus fertiles, sont perdues soit sous l’effet du ruissellement ou sous l’effet du vent.

Différentes méthodes peuvent être utilisées pour réduire l’érosion du sol. Les méthodes suivantes sont détaillées dans la fiche 33 :

  • dans les zones exposées aux vents dominants : implanter un brise-vent;
  • dans les blocs en préparation : éviter de laisser les sols en jachère à nu pendant l’hiver;
  • dans les zones de forte pente : laisser s’établir un couvert végétal sous les pommiers avant l’arrivée de l’hiver, en limitant les traitements herbicides sur le rang à partir de la mi-saison.

Toutefois, une des principales façons de contrôler l’érosion est d’implanter et de maintenir des allées engazonnées. Établir un couvert végétal dans les entre-rangs facilite également les passages avec la machinerie, contrôle l’humidité et la température du sol et réduit la présence de mauvaises herbes comme le plantain et le trèfle (qui sont des foyers de propagation pour les tétranyques à deux points), le pissenlit (qui attire les abeilles au détriment des fleurs du pommier) et plusieurs espèces envahissantes qui peuvent ensuite coloniser l’espace sous le rang et y soutirer l’eau et les éléments nutritifs du sol.

allée engazonnée

Les mélanges de graminées sont particulièrement recommandés. Des mélanges à croissance limitée (50 % de ray-grass vivace, 30 % de fétuque dressée et 20 % de fétuque rouge) peuvent être favorisés pour réduire les besoins de fauchage. Il importe de respecter certaines conditions afin de permettre l’implantation du couvre-sol :

  • La germination des semences à gazon est meilleure en sol humide et sous des températures fraîches.
  • Les périodes idéales pour semer sont donc de la fin avril à la mi-mai et de la fin août à la mi-septembre.
  • L’avoine peut être utilisée comme plante-abri lors du semis afin de limiter l’établissement de mauvaises herbes indésirables et difficiles à réprimer, tels le chiendent et le jargeau.
  • Il est recommandé d’éviter la présence de légumineuses (trèfles, luzerne) dans le mélange de semences. Quoique leur capacité à fixer l’azote présente un attrait, elles sont susceptibles de favoriser la présence de certains ravageurs, comme la cicadelle de la pomme de terre et la cérèse buffle.

Plus d’informations sur l’engazonnement sont disponibles au chapitre « La plantation » du guide L’implantation d’un verger de pommiers.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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Auteur de la première édition : Paul Émile Yelle
Auteur de la mise à jour 2023 : Marc-André Chaurette
Dernière mise à jour par l’auteur : 24 janvier 2023

 

Les besoins en irrigation des pommiers

Le choix des porte-greffes et la densité de plantation auront une incidence sur les besoins en irrigation. Par exemple, des porte-greffes nanifiant en haute densité auront un système racinaire plus superficiel qu’un mode de conduite extensif avec des arbres semi-nains ou standards. La vigueur des porte-greffes ainsi que la densité de plantation sont donc deux facteurs déterminants qui peuvent amener des besoins en irrigation.

Au niveau phénologique, les pommiers ont des besoins en eau qui évoluent au fil de la saison : certaines périodes, comme la nouaison, correspondent à des moments critiques ; la répartition inégale de la pluviométrie en saison ne permet pas toujours de répondre aux besoins des pommiers à des moments précis ; enfin, le manque d’eau peut, entre autres, affecter la charge, le calibre des fruits et le retour à fleur pour la saison suivante.

Plusieurs autres facteurs peuvent influencer les besoins en irrigation comme :

  • La texture du sol (Fiche sur l’Implantation de nouvelles parcelles de verger) : un sol léger aura une rétention d’eau plus faible.
  • L’âge des arbres (parcelle en implantation) : l’irrigation va favoriser un enracinement plus rapide.
  • La présence de variétés susceptibles à la tache amère : un manque d’humidité au niveau du sol peut nuire à l’accumulation du calcium dans l’arbre et provoquer des désordres physiologiques comme la tache amère.
  • Le taux de matière organique : plus le taux de matière organique est bas, plus les besoins en eau seront grands.

Planification d’un système d’irrigation

La mise en place d’un système d’irrigation permet un meilleur développement des jeunes arbres et un meilleur calibre des fruits. Les systèmes d’irrigation du type goutte-à-goutte utilisent l’eau de façon plus efficace que les systèmes par aspersion et sont donc recommandés en PFI dans les nouvelles parcelles de pommiers nains ou semi-nains. Ces systèmes assureront une croissance régulière des arbres et des fruits durant toute la saison, indépendamment des épisodes de sécheresse.

La planification d’un système d’irrigation peut être relativement complexe. Il faut penser aux besoins en eau en fonction des réserves disponibles à la ferme. Aussi, plusieurs composantes sont impliquées. Pour en nommer quelques-unes :

  • Sources en eau présentes ou à aménager (étang, puits, etc.) ;
  • Filtre : en amont du système, il sert à éviter les problèmes de colmatage ;
  • Pompe : doit produire une pression suffisante ;
  • Conduites primaires, secondaires et tubulures ;
  • Injecteur d’engrais : si on veut effectuer de la fertigation ;
  • Valves : permettent d’irriguer un verger par sections ;
  • Compensateur de pression : ajuste la pression et évite des bris.

irrigation

Système goutte-à-goutte sur un nouveau rang de pommier (Source : Paul-Émile Yelle).

Outils d’aide à la décision

Les besoins réels en eau d’irrigation peuvent être déterminés par deux méthodes différentes, qui doivent idéalement être utilisées ensemble :

  • Le maintien d’un taux d’humidité minimal dans le sol, mesuré à l’aide de différents types d’appareils, tels les tensiomètres et autres sondes électriques
  • Le calcul du bilan hydrique, qui comptabilise les précipitations et l’évapotranspiration

tensiomètre

Tensiomètre de sol (Source : Paul-Émile Yelle).

Le « chapitre 11. Irrigation » du guide L’implantation d’un verger de pommiers (2ième édition) présente des informations complètes sur l’irrigation, la conception et la mise en place des systèmes de même que sur leur conduite. De plus, le Guide technique – Gestion raisonnée de l’irrigation consacre un chapitre au secteur pomicole (références complètes à la fin de la présente fiche).

Réaliser un diagnostic du système d’irrigation

Pour les systèmes d’irrigation déjà existant, il est possible d’effectuer un diagnostic d’irrigation. Ce diagnostic peut permettre d’identifier des irrégularités au niveau de la pression, des problèmes de colmatage et ultimement de vérifier l’uniformité de la distribution de l’eau dans les zones irriguées.

Ce diagnostic d’irrigation est accessible à la ferme et consiste en deux étapes :

  • Vérification de la pression à différents endroits sur le circuit. Pour la prise de pression sur les tubulures, on aura besoin d’un manomètre, un tube de Pitot, de téflon, un poinçon éjecteur et des bouchons réparateurs.
  • Vérification du débit à différents endroits sur le circuit au niveau des tubulures. On utilisera des pots pour recueillir l’eau et un cylindre gradué pour mesurer l’eau prélevée.

L’IRDA a produit un feuillet technique sur la performance d’un système d’irrigation. Pour une version exhaustive du protocole de diagnostic d’irrigation, cliquez ici.

Vous pouvez vérifier auprès de votre bureau régional du MAPAQ si l’aide financière est disponible pour un diagnostic d’irrigation.

Équipements pour la mesure de la pression (tube de Pitot) (Source : Agropomme).

Réglementation

L’aménagement de plan d’eau ou de puits et les prélèvements d’eau peuvent être assujettis à la réglementation et possiblement à des demandes d’autorisation, des attestations de conformité et/ou des permis. La législation est principalement de juridiction provinciale mais des permis peuvent être exigés au niveau municipal. Aussi, si les prélèvements sont faits dans le fleuve St-Laurent, certaines exigences fédérales doivent être respectées.

Au niveau provincial, l’encadrement des pratiques de gestion de l’eau est effectué essentiellement par le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP). Les principaux règlements qui encadrent la gestion de l’eau en milieu agricole sont :

Le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ) synthétise la réglementation en vigueur par rapport à l’eau. Pour consulter cette synthèse, vous pouvez cliquer ici.  La fiche sur La protection de l’environnement et la loi aborde aussi en partie cette réglementation. Enfin, vous trouverez de l’information et des capsules explicatives sur le site du MELCCFP pour le RPEP et le REAFIE. Dans le doute, contactez votre direction régionale du MELCCFP.

Références

  1. Sansavini, S., Costa, G., Gucci, R., Inglese, P., Ramina, A., Xiloyannis, C., & Desjardins, Y. Principles of Modern Fruit Science. (2019).
  2. Boivin, C., Bergeron, D., Bonin, S., Côté, C., Couture, I. Généreux, M., Lamontagne, A., Landry, C., Marchand-Roy, M. & Vallée, J. Gestion raisonnée de l’irrigation. Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec. (2018).
  3. Deschênes, P. Taillon, P.-A., & Tellier, S. Chapitre 11. Irrigation. Guide technique : L’implantation d’un verger de pommiers. 2e éd. Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec. (2023).
  4. Boivin, C., Vallée,J., Deschênes, P., Guillou, M. & Bergeron, D. Caractérisation de l’usage de l’eau en irrigation. Rapport final. Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. (2016).
  5. Généreux, M., Belzile, L., & Côté, C. Utilisation de l’eau du fleuve pour l’irrigation des cultures horticoles de l’Île d’Orléans. Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. (2015).

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

Auteur de la première édition : Paul-Émile Yelle
Auteure de la mise à jour 2023 : Evelyne Barriault
Dernière mise à jour par l’auteure : 27 mars 2023

 

La production de pommes de qualité est incontournable pour assurer la rentabilité de son verger. Les pommes de belle apparence, au bon goût et avec une bonne fermeté attirent le consommateur et par le fait même les acheteurs. Non seulement un meilleur prix est assigné aux pommes de qualité, mais cela est devenu une nécessité pour être en mesure de les vendre. Plusieurs facteurs entrent en jeu pour réussir à produire des pommes de qualité, incluant la formation et l’entretien des pommiers, une charge de fruits adéquate, sans parler de la prévention des dégâts causés par les maladies et les ravageurs. Toutefois il faut commencer par la base, un sol en santé, bien fertilisé et amendé. Les bénéfices s’appliqueront non seulement à la production, mais également à la santé des arbres et à leur pérennité.

Les analyses de sol en surface (0-20 cm) et en profondeur (20-40 cm) des parcelles du verger sont des outils indispensables pour bien orienter les pratiques de fertilisation. Ces analyses devraient être prises tous les 5 ans dans les sols à texture moyenne tels que les loam, les loam sablo-argileux ou argileux. Les sols à texture grossière tels que les sables ou loam sableux ont une moins grande capacité à fixer les éléments et sont donc plus sujets au lessivage et à l’acidification. C’est pourquoi, il est recommandé d’y appliquer de plus petites doses de chaux et d’éléments nutritifs mais plus souvent et de les analyser plus fréquemment, soit aux 2 à 3 ans. Les analyses foliaires et les observations en verger permettent de valider et d’ajuster ces pratiques en plus d’orienter la fertilisation foliaire. Les analyses foliaires devraient être prises environ 60 à 70 jours après la chute des pétales, soit de la mi-juillet à la fin juillet, sauf pour la variété Honeycrisp pour laquelle de récentes études réalisées à l’université Cornell ont démontré qu’il était préférable de prélever les échantillons 1 mois avant, soit de la mi à la fin juin. En effet, la croissance annuelle des pousses de la variété Honeycrisp s’arrête plus tôt que les autres variétés et la chlorose internervaire, caractéristique des feuilles de cette variété, affecte leur teneur en éléments minéraux, particulièrement l’azote. Le choix du porte-greffe a aussi un impact sur l’assimilation des nutriments dans l’arbre, voir le fascicule 3 du guide d’implantation d’un verger de pommier; cultivars et porte-greffes.

La fertilisation du verger n’est pas une simple pratique répétitive applicable annuellement ou aux deux ans pour s’assurer que tout se développe correctement. Son utilisation doit être justifiée et déterminée par différents repères et son but est d’assurer un apport adéquat au pommier pour un bon développement des jeunes arbres, le maintien de leur santé ainsi que des récoltes optimales en termes de quantité et de qualité.

Certains aspects reliés au sol ont déjà été discutés dans la fiche sur la Gestion du sol et du sous-sol et ont une influence directe sur la fertilisation. Par exemple, la structure du sol et la compaction, tout comme la texture du sol et son contenu en matière organique. L’apport en eau revêt également une importance considérable dans l’alimentation des pommiers en maintenant le sol humide, ce qui favorise le transport des éléments nutritifs et leur maintien près de la zone racinaire1,2. Les aspects reliés directement à la nutrition minérale du pommier sont abordés dans cette fiche. Les rôles que sont appelés à jouer les principaux éléments dans la croissance des arbres et la production des fruits sont détaillés.

Azote (N)

L’azote est une composante essentielle des enzymes et des protéines, les blocs de constructions reliés à la croissance. Cet élément, comme le magnésium, se retrouve au centre même de la chlorophylle. Dans les jeunes plantations, la croissance est essentielle au bon développement des jeunes arbres et à leur atteinte rapide du gabarit souhaité. Le tout pour obtenir de bons rendements de façon précoce et rentabiliser les parcelles. Une fois en production, l’azote est un élément important pour tous les organes de l’arbre. Toutefois, les excès comme les carences peuvent être très nuisibles.

Un manque d’azote peut mener à un feuillage vert pâle ou même jaunâtre, qui apparaît d’abord sur les feuilles plus vieilles, puisque l’azote est mobile et se déplace vers les points de croissance. À l’automne, les feuilles peuvent tomber plus rapidement. La grosseur des fleurs ainsi que leur période de pollinisation est réduite, de même que la nouaison. La tendance à l’alternance de la production une année sur deux peut augmenter, de même que la chute physiologique des fruits (chute de juin). Une croissance annuelle limitée est aussi observable lorsqu’il y a carence en azote. Les fruits demeurent petits et sont plus colorés. À l’opposé, un excès peut mener à un feuillage très dense et foncé ainsi qu’à de gros fruits peu colorés qui se conservent mal. De surcroît, des apports excessifs favorisent la croissance végétative au détriment de la production de fruits et compliquent la gestion des maladies, tel qu’expliqué dans la fiche sur La fertilisation sans nuire à la phytoprotection.

Au tout début de la saison, les arbres comptent sur leurs réserves accumulées dans les bois et les racines pour initier leur croissance. Les apports d’azote doivent toutefois être effectués tôt en saison pour favoriser la croissance en mai et juin. Les apports trop tardifs encouragent une croissance tardive, nuisant à un bon aoûtement. Le moment exact de l’application sera déterminé en fonction de la source d’azote employée, puisque les différentes formes utilisées requièrent des transformations chimiques et microbiennes dans le sol afin d’être assimilables plus ou moins rapidement par les racines :

  • L’urée (46-0-0) est plus lente à agir et peu recommandée pour utilisation au sol en pomiculture, sauf pour la réduction de l’inoculum de tavelure (voir la fiche sur La tavelure : stratégies générales de lutte). Elle est toutefois bien assimilée au niveau foliaire et son usage en pulvérisation nutritive est recommandé en début de saison pour stimuler une vigueur hâtive et une meilleure nouaison.
  • Les phosphates d’ammonium tel que le MAP, phosphate mono-ammoniacal (11-52-0) et le DAP, phosphate bi-ammoniacal (18-46-0), fournissent de l’azote et une quantité considérable de phosphore, qui n’est souvent pas nécessaire. Ils nécessitent moins de transformations dans le sol et sont donc assez rapidement disponibles pour les plantes, mais doivent être appliqués tôt en saison (au débourrement ou un peu avant) pour être assimilés au bon moment par les racines. À court terme, le MAP produit une réaction acide dans le sol tandis que le DAP produit une réaction alcaline. Toutefois, à long terme ces deux types d’engrais sont acidifiants pour le sol3.
  • Le nitrate de calcium (15,5-0-0) est une source plus coûteuse, très soluble et rapidement assimilable qui peut être appliquée jusqu’au stade calice.
  • Les engrais organiques tels que les fumiers et les composts peuvent fournir une source d’azote et autres minéraux en verger sous régie conventionnelle ou biologique. Toutefois, il est important de les analyser afin de comptabiliser leurs apports. Le moment d’application, tôt au printemps pour les composts et après la récolte à l’automne pour les fumiers, est également important afin d’éviter les inconvénients liés à leur minéralisation (voir la fiche sur la Gestion du sol et du sous-sol pour d’information). Il est souvent difficile d’appliquer les fumiers en automne avant la date limite des épandages soit le 1er octobre (article 31 du REA) car la récolte est souvent en cours. Le fumier est donc généralement appliqué au printemps au Québec. Des préparations commerciales de fumiers de poulet, rapidement assimilables par les plantes tel que l’ACTI-SOL, sont également disponibles et peuvent être appliquées entre le débourrement et le stade pré-bouton rose. Attention : la certification CanadaGAP stipule l’application de fumier 120 jours avant la récolte.

Le dosage de l’azote mérite une attention particulière. En plus des résultats d’analyse foliaire et du pourcentage de matière organique indiqué par l’analyse de sol, d’autres critères doivent être considérés, incluant le cultivar, le porte-greffe, l’état général de l’arbre, son âge, la longueur de la pousse annuelle, la productivité, la grosseur et la coloration du fruit et sa conservation.

Phosphore (P)

Le phosphore est essentiel à l’activité du pommier par son rôle dans le transport des hydrates de carbone (énergie) produits par la photosynthèse. Il est associé au bon développement racinaire, à la formation des pépins, à la fructification et à la coloration des fruits. La quantité de phosphore prélevée directement par le pommier est faible comparativement au potassium et à l’azote (voir le tableau à la fin de cette fiche). Cet élément est peu mobile dans le sol. Une fois les pommiers implantés, les applications en surface sont peu efficaces car elles pénètrent lentement dans le sol et ne rejoignent que partiellement les racines situées dans les premiers centimètres du sol.

De plus, une fertilisation abusive en phosphore présente des risques environnementaux, notamment une croissance excessive d’algues et l’eutrophisation des plans d’eau. C’est pourquoi le phosphore est visé au premier plan dans la réglementation agroenvironnementale. Comme cet élément est peu mobile dans le sol, la pollution des eaux peut être engendrée par l’érosion de sol fertile ou le ruissellement à la suite de pluies importantes. La présence d’un couvert végétal dans les vergers et le fait que la pomme ne soit pas une culture sarclée réduisent ces risques pour cette production. Toutefois, certaines situations de déséquilibre anionique peuvent rendre le phosphore lessivable dans le sol et c’est pourquoi il faut tenir compte de l’indice de saturation en phosphore (ISP), qui est exprimé par un rapport entre le phosphore et l’aluminium ainsi que des valeurs critiques en fonction des textures de sol. Pour plus d’informations, se référer à la page 177 du Guide de référence en fertilisation.

Il est aussi important de noter que des taux élevés de phosphate peuvent augmenter les carences en zinc et en cuivre.

Il faut donc incorporer le phosphore au sol, là où se développera la zone racinaire et ce, avant la plantation. L’incorporation de taux appropriés de phosphate, représentant parfois un apport important durant la préparation du sol en pré-plantation, devrait donc fournir le phosphore suffisant pour la durée de vie du verger, si le pH du sol est maintenu entre 6,0 à 6,5 dans toute la zone racinaire. Le chaulage des sols acides pourra donc être recommandé pour améliorer la disponibilité du phosphore. Pour de plus amples informations à ce sujet, se référer à la fiche sur l’Apport de chaux.

La présence de mycorhizes sur les racines de pommier peut aussi favoriser une meilleure absorption du phosphore par les racines. En effet, ces champignons bénéfiques vivent en symbiose avec les racines. Ces dernières fournissent des sucres issus de la photosynthèse aux champignons qui, en retour, leur fournissent de l’eau et des éléments minéraux tel que le phosphore. Certaines pratiques ont pour effet de favoriser la présence de mycorhizes dans les vergers. Par exemple, des préparations commerciales de mycorhizes peuvent être ajoutées avant ou au moment de la plantation. L’ajout dans le couvre-sol de plantes qui favorisent leur présence, telles que les légumineuses, la phacélie et le tournesol, sont également de bonnes pratiques. Pour plus d’informations à ce sujet, se référer à la section « Les mycorhizes » au chapitre « La préparation du terrain » du guide L’implantation d’un verger de pommiers, 2e édition.

mycorhizes

Mycorhizes (source : Mykorrhiza.eu).

L’apport de phosphate pour l’entretien des parcelles déjà en place se limite, quant à lui, aux cas où les analyses du sol ou de feuillage révèlent des niveaux trop faibles. Pour maximiser une absorption racinaire éventuelle, les applications se font en bandes vis-à-vis la limite extérieure de la ramure, là où se trouve la zone plus importante de jeunes racines.

Pour terminer, les applications foliaires de cet élément ne sont pas recommandées. Même sous ses formes les plus sophistiquées, il n’y a pas de résultats de recherches scientifiques qui démontrent une absorption foliaire appréciable de cet élément. Les sources de phosphore à privilégier dans les nouvelles plantations sont les fumiers et composts, le super phosphate triple (0-46-0) et le super phosphate (0-20-0).

Potassium (K)

Le potassium est un constituant important des cellules végétales et est impliqué dans la synthèse des enzymes et le métabolisme des hydrates de carbone. Par son importance pour l’ouverture des stomates, il influence l’assimilation de l’eau par les racines et joue un rôle dans la respiration et la photosynthèse. Le potassium, comme l’azote, aide les fruits à atteindre un bon calibre. En plus, il contribue à l’atteinte d’une belle coloration des fruits.

carence en potassium

Carence de potassium sur feuilles (source : N. Tanguay).

La carence en potassium s’observe d’abord sur les vieilles feuilles. Elle se caractérise par une nécrose marginale de la feuille et soit un jaunissement ou un brunissement de son pourtour. Une ligne pourpre démarque la limite entre les tissus morts et les tissus verts et normaux du reste de la feuille. Les arbres qui sont faibles ou déficients en potassium sont plus vulnérables aux dommages causés par le froid hivernal, et leurs bourgeons et fleurs sont plus sensibles aux gels printaniers.

Même s’il ne s’agit pas d’un élément fortement impliqué dans les cycles physiologiques du pommier, des quantités importantes de potassium sont prélevées par les pommes à la récolte. Une bonne récolte de 40 t/ha représente une exportation de 60 kg/ha de K2O (voir le tableau à la fin de cette fiche). Pour pallier cette perte, il faut faire des applications d’entretien de façon régulière. De cette façon, les exportations sont compensées et le niveau de potassium dans le sol est maintenu à un niveau adéquat. Les principales sources de potassium à utiliser sont le chlorure de potassium, aussi appelé muriate de potassium (0-0-60), et le sulfate de potassium et magnésium lorsque des besoins en magnésium sont également à combler. À l’implantation, lorsque des quantités importantes de potassium sont nécessaires (plus de 300 kg/ha), il est préférable d’utiliser le sulfate de potassium afin d’éviter d’endommager les racines avec le chlore. Malgré le fait que le potassium soit plus mobile dans le sol que le phosphore, il est quand même souhaitable de l’appliquer en bandes vis-à-vis la zone de concentration racinaire. Les apports importants de potassium doivent habituellement s’accompagner d’une certaine quantité de magnésium pour ne pas créer un déséquilibre entre ces deux éléments (consultez le paragraphe suivant pour la recommandation). Le potassium est très peu absorbé par le feuillage et n’est pas appliqué en pulvérisation, même pour corriger des carences.

Magnésium (Mg)

Le magnésium est un constituant clé de la chlorophylle qui capte l’énergie solaire et donne la coloration verte des feuilles saines. Il est aussi impliqué dans l’activité enzymatique. La carence en magnésium entraîne une chlorose interveinale caractérisée par la perte de chlorophylle, le brunissement et la désagrégation des tissus entre les nervures. C’est une des carences le plus communément observées en verger. Les symptômes commencent à apparaître généralement à la fin juillet ou au début août. Comme cet élément est mobile dans la plante, ce sont les premières feuilles (les plus vieilles) de la pousse de l’année qui sont d’abord affectées. Celles-ci se dégarnissent plus ou moins selon l’intensité de la carence. Dans les cas graves, les fruits restent petits et tombent prématurément. Le manque de bourgeons et d’anticipées sur le bois des jeunes arbres (blind wood) ainsi que les brindilles faibles sont souvent associées à des carences en magnésium4.

carence en magnésium

Carence de magnésium sur feuilles (source : International plant institute).

Les corrections possibles sont variées et se font à la lumière des résultats d’analyses ou des symptômes observés :

  • Lors de la préparation des sols : un sol à pH acide sera amendé en magnésium par l’incorporation de chaux dolomitique (au moins 20 % de carbonate de magnésium) ou magnésienne (au moins 5 % de carbonate de magnésium) dans le sol. La chaux est la meilleure source de magnésium et aussi la moins coûteuse.
  • En fertilisation d’entretien : utilisez un sulfate double (magnésium et potassium), aussi connu sous le nom de K-Mag (SulpoMag), lorsqu’il y a des apports de potassium à faire. En effet, à chaque application de 100 kg de potasse (K2O) avec ce produit, 50 kg de magnésium sont ajoutés.

Le magnésium, contrairement au phosphore et au potassium, est bien absorbé par le feuillage et les pulvérisations nutritives sont une pratique d’entretien régulier recommandée. C’est aussi la façon idéale de corriger rapidement les carences.

Calcium (Ca)

Le calcium est essentiel à la division cellulaire. C’est aussi un constituant important des parois cellulaires sous forme de pectate de calcium, qui contribue au maintien de la structure des tissus végétaux et aide à prévenir leur affaissement en entreposage. Étant peu mobile dans la plante, cet élément tend à manquer dans les tissus les plus jeunes.

absorption du calcium

Absorption du calcium par les racines du pommier.

Le calcium est assimilable sous la forme de Ca++ dans la plante. Son seul point d’entrée est l’extrémité des racines et il se déplace dans la plante grâce au phénomène de la transpiration, semblable à une pompe à eau. Les pousses vigoureuses tirant plus d’eau que les pommes, elles sont donc en forte compétition avec celles-ci. Ce phénomène est particulièrement important dans des conditions de sécheresse. Si les niveaux de calcium dans la pomme sont trop faibles, il y aura carence liée à l’apparition de symptômes de point amer ou de brunissement de sénescence pouvant s’aggraver en entrepôt5.

point amer

Point amer sur Honeycrisp. Voir aussi la photo de la « tache amère » dans la fiche sur les Désordres physiologiques et maladies d’entrepôt (source : Paul Emile Yelle).

À des niveaux évitant la carence, mais inférieurs à l’idéal, une moins bonne aptitude à l’entreposage peut être observée. Il faut noter toutefois que les résultats de recherche à l’égard du gain de fermeté des fruits apportés par le calcium ne sont pas toujours concluants.

Des études récentes réalisées à l’Université Cornell ont démontré que le ratio K/Ca des fruits, trois semaines avant la récolte6 et celui des pelures de pommes tôt en juillet, permettait de prédire les risques de développement de la tache amère7.

Les corrections de base sont faites au sol afin de s’assurer d’avoir un niveau adéquat. Le chaulage destiné à corriger le pH du sol est la principale source de calcium et aussi la plus économique, compte tenu des apports importants de calcium par la chaux. De plus, tel qu’illustré dans la figure ci-haut, les racines du pommier absorbent par le même mécanisme le calcium et d’autres éléments chargés positivement, tels le potassium (K) et le magnésium (Mg). Ces éléments peuvent entrer en compétition avec l’absorption du calcium et il faut donc éviter les excès de fertilisation en K et en Mg si les niveaux de ces derniers sont déjà adéquats.

Néanmoins, les applications foliaires sont importantes pour prévenir les carences auxquelles certains cultivars (Honeycrisp, Cortland, Belmac, Primevère) sont particulièrement sensibles. Pour plus d’informations sur les formes de calcium foliaire et leur impact en phytoprotection, consultez la fiche sur La fertilisation sans nuire à la phytoprotection.

Oligo-éléments

Bore (B). Le bore tient un rôle important dans la physiologie du pommier où il participe à plusieurs processus, dont la multiplication cellulaire, de même que la translocation des sucres et du calcium. Les symptômes de carence au niveau du fruit peuvent inclure les gerçures sur jeunes fruits, le cœur liégeux et le brunissement interne. Sur les pousses, un dépérissement du point de croissance (bourgeon terminal) peut être observé. Le bore est un élément peu mobile dans la plante.

carence en bore

 

 

 

 

 

 

 

Effet de carence en Bore sur fruits (source : Paul Emile Yelle).

Les corrections au sol sont essentielles, principalement en pré-plantation et particulièrement si le pH est élevé. Toutefois, l’application d’apports foliaires doit compléter cette correction, car même si le sol est bien pourvu en bore, cet élément est mal assimilé lors de conditions sèches, surtout dans les sols légers. Voir le calendrier de fertilisation foliaire dans la fiche sur La fertilisation sans nuire à la phytoprotection

Zinc (Zn). Le zinc est principalement impliqué dans l’activation des enzymes. De plus, il contribue à la résistance des pommiers au froid. Peu mobile dans la plante, il tend à demeurer dans les tissus plus âgés. Les symptômes de carence sont une chlorose interveinale (jaunissement) des jeunes feuilles et des feuilles plus petites, de même qu’une croissance réduite et atrophiée en forme de rosette. La disponibilité du zinc est affectée négativement par des pH trop alcalins ou par des niveaux de phosphore et de matière organique élevés.

Il est rare que le zinc soit incorporé à la formule d’engrais et des applications préventives ou correctives sont principalement appliquées au feuillage. L’analyse foliaire permet d’ajuster le nombre de traitements foliaires sans avoir à attendre la manifestation de carences.

Fer (Fe), cuivre (Cu), manganèse (Mn). Les autres éléments mineurs, tels le fer, le cuivre et le manganèse, sont rarement problématiques et ne doivent être corrigés par des applications foliaires qu’au besoin. À noter que certaines applications de fongicide à base de mancozèbe, tels que le dithane et le manzate, apportent une source de manganèse non négligeable.

Besoins nets annuels des pommiers en azote, en phosphate, en potasse, en oxyde de calcium et en magnésie.

PRÉLÈVEMENT (kg/ha) : N P2O5 K2O CaO MgO
Transport dans les fruits (40 t/ha) 20,0 13,0 60,0 5,0 3,0
Immobilisation dans la charpente 15,5 8,5 15,0 52,0 3,5
Retour au sol dans le bois de taille 10,0 4,4 4,0 32,0 2,5
Retour au sol dans les feuilles 43,0 6,5 54,5 98,0 27,0
Prélèvements totaux annuels 88,5 32,4 133,5 187,0 36,0
Besoins réels annuels (fruits et charpente) 35,5 21,5 75,0 57,0 6,5
Besoins/tonne de fruits (kg/t) 0,89 0,53 1,86 1,42 0,16

Ce tableau est à la p.17 du chapitre 2 dans la nouvelle édition du guide d’implantation d’un verger de pommier.

 

Références

  1. Dominguez, L. I. & Robinson, T. L. Strategies to improve early growth and yield of tall spindle apple plantings. The Transformation of the NY Apple Industry, 518, 5 (2015).
  2. Neilsen, D. & Neilsen, G.H. Optimizing precision in irrigation and nutrient management. Achieving Sustainable Cultivation of Temperate Zone Tree Fruits and Berries. (2019).
  3. Guide de référence en fertilisation du CRAAQ, 2e édition, 473p. (2010).
  4. Stiles W.C. & Reed W.S. Orchard nutrition management. Cornell Univ. Ext. Info. Bul. (1991).
  5. La lutte contre la tache amère des pommes. (2022).
  6. Cheng, L. & Sazo, M. M. Why Is Honeycrisp So susceptible to bitter pit? Y. Fruit Q. 26, 19-23 (2018).
  7. Miranda Sazo, M. Growing the Honeycrisp Tree and the best management practices to mitigate bitter pit. Conférence présentée aux journées horticole de St-Rémi. (2022).

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

Auteur de la première édition : Paul-Émile Yelle
Auteure de la mise à jour 2023 : Evelyne Barriault
Dernière mise à jour par l’auteure : 3 octobre 2023

 

Analyses de sol

Pour l’implantation de parcelles, sur de nouveaux sites ou en replantation, il faut échantillonner le sol deux ans à l’avance pour permettre de fractionner les apports de chaux et d’engrais s’ils doivent être particulièrement importants. Pour chaque parcelle, on prélève deux échantillons de 300 à 500 g (environ 1 tasse), à deux profondeurs:

  • Prélevez d’abord un échantillon du sol en surface (0-20 cm), en excluant les deux premiers centimètres s’il y a un couvert végétal au moment de l’échantillonnage. Il faut notamment s’assurer de ne pas avoir de matière végétale telle que des radicelles dans l’échantillon, afin de ne pas donner un résultat exagéré du pourcentage de matière organique.
  • Prélevez aussi un échantillon en profondeur (20-40 cm). L’analyse du sous-sol permet d’apprécier les réserves en profondeur et la tendance naturelle du sol à être plus ou moins acide et cela, sans les influences subies en surface par les pratiques culturales (s’il y a lieu) ou de fertilisation.

Lorsqu’on échantillonne le sol d’une parcelle pour la première fois, il est utile de prélever le double de la quantité afin de s’assurer d’avoir assez de sol pour permettre une analyse granulométrique. Cette dernière indiquera la texture du sol de façon plus précise que l’estimation tactile ou que les seules indications des cartes pédologiques.

Pour la fertilisation d’entretien des parcelles déjà en place, l’analyse du sol de surface peut suffire.

La procédure d’échantillonnage générale est décrite de façon détaillée dans le Guide de référence en fertilisation. 2e édition aux pages 39 à 45, disponible auprès du CRAAQ. Voici quelques informations additionnelles pertinentes à l’échantillonnage des sols de vergers.

Période de prélèvement, fréquence et nombre d’échantillons

L’échantillonnage devrait se faire tous les 5 ans pour les sols des classes texturales G1 et G2 (loams et argiles) tandis que les sols de la classe G3 (loam sableux, sables loameux et sables) auraient avantage à être échantillonnés tous les 2-3 ans. La période optimale pour échantillonner est au printemps, lorsque le sol est asséché, jusqu’au début juin. Toutefois, étant donné que cette période est particulièrement occupée dans les vergers, l’automne constitue la seconde meilleure option. L’été est à éviter puisque plus la température du sol est élevée, plus le pH est bas (acide) et par conséquent, plus le phosphore est élevé. De plus, l’échantillonnage à l’automne permet l’apport de chaux après la récolte et d’engrais tôt au printemps suivant. L’application de chaux et d’engrais minéraux phosphatés ou de fumier ne doivent pas coïncider pour éviter de fixer le phosphore, ce qui le rend non disponible pour les plantes.

La méthode de prélèvement d’un échantillon de sol doit tenir compte des différentes textures du sol sur l’ensemble de la superficie du verger. Ainsi, pour être valable, un échantillon de sol doit être représentatif d’une zone de verger homogène qui inclut les critères suivants :

  • Texture (sable, loam, argile) et égouttement
  • La densité de plantation (nains, semi-nains, standards), cultivar/porte-greffe qui peuvent varier les besoins en fertilisation
  • Gestion de culture (fertilisation, cultures précédentes, système d’irrigation (fertigation) )
  • La date de l’implantation de la parcelle peut nécessiter un découpage supplémentaire de parcelles à échantillonner

Il s’agit donc de diviser le verger en une ou plusieurs parcelles en respectant les critères d’homogénéité. Un échantillon sera prélevé dans chacune des parcelles. Selon le guide du CRAAQ (2010), la superficie pour un échantillon de sol représentatif d’une zone homogène peut aller jusqu’à 10 hectares. Il est plutôt rare que l’ensemble des critères d’homogénéité soit rencontré dans les vergers au Québec pour une telle superficie, ainsi il est suggéré de se limiter à une superficie maximale de 4 ha pour un échantillon de sol. Il est pertinent de conserver les mêmes plans de parcelles pour les échantillonnages du sol que pour l’échantillonnage foliaire des pommiers, qui se fait plus tôt durant l’été (voir section des analyses foliaires plus loin dans le texte).

Identification des pommiers dans les parcelles

Pour chacune des parcelles, une description des pommiers est souhaitable pour que le conseiller puisse bien interpréter l’analyse de sol et faire la recommandation de fertilisation. Cette description peut comporter les éléments suivants :

  • La superficie des parcelles et la texture du sol rattachées à leur échantillon.
  • La nature des porte-greffes, des cultivars de même que l’âge moyen des pommiers.
  • La vigueur des arbres indiquée par la longueur des pousses annuelles.
  • La qualité des fruits : calibre, coloration et fermeté.
  • L’existence ou non d’un système d’irrigation et les applications antérieures de fertilisant.
  • Le rendement obtenu et le degré de sévérité de la taille printanière.

Si vous ne connaissez pas bien la texture de votre sol, les laboratoires peuvent faire une analyse de granulométrie (texture). Il ne vous en coûtera que quelques dollars et cette information vous sera toujours utile.

Prélèvement des échantillons du sol

La majorité des racines nourricières des pommiers sont situées dans les premiers 30 cm du sol. L’analyse du sol de surface est donc la plus importante pour établir la formule et les doses d’application des engrais minéraux pour la fertilisation des pommiers. L’analyse du sous-sol s’avère toutefois complémentaire.

Dans l’aire de verger prévue pour chaque échantillon, effectuez environ dix prélèvements de sol en zigzag pour une superficie d’environ 4 ha. Dans le cas d’un verger déjà établi, faites les prélèvements sur la bande désherbée du rang si l’application d’engrais est localisée sur la bande, ou sur toute la surface si l’application se fait à la volée.

Pour effectuer chaque prélèvement, utilisez de préférence une sonde à tube creux ou une pelle étroite et creusez un trou de 20 cm de profond. Une tranche de sol sur la hauteur, en bordure de ce trou, d’une épaisseur de 1,5 cm environ, dont on ne garde que 3 cm de largeur constitue le prélèvement ponctuel de sol de surface. Prélevez toujours le même volume de sol à chaque endroit. N’incluez pas le gazon ni le chaume dans votre prélèvement. Mélangez bien ensemble les différents prélèvements dans une chaudière en enlevant les cailloux s’il y a lieu, pour chacune des parcelles. Environ 300 à 500 g de ce mélange de sol constitue votre échantillon pour une parcelle homogène. Placez par la suite ce sol dans un contenant d’échantillonnage bien identifié. Les laboratoires d’analyse peuvent vous fournir des contenants d’échantillonnage conçus à cet effet.

Pour l’échantillonnage de sol plus en profondeur (sous-sol), procédez de la même manière que pour le sol de surface mais en prélevant du sol entre 20 et 40 cm, en utilisant les mêmes trous de prélèvement de sol.

Identification des échantillons

En se servant du plan du verger, il est très important de bien numéroter les différents échantillons prélevés. La localisation des échantillons sera nécessaire pour établir le programme de fertilisation. En plus, un numéro d’échantillon doit apparaître clairement sur chacun des contenants d’échantillonnage ainsi que le nom et l’adresse de l’entreprise. Bien indiquer, s’il y a lieu, par la lettre A ou B si l’échantillon provient du sol de surface ou du sous-sol. Acheminez les échantillons à un laboratoire accrédité.

Les résultats d’analyses permettent d’obtenir des recommandations de fertilisation et d’amendements, normalement fournies par des agronomes, conseillers en pomiculture. Il est toutefois possible de consulter des recommandations générales pour les pommiers dans le Guide de référence en fertilisation. 2e édition aux pages 432 à 436 pour l’implantation et en page 438 pour l’entretien. Ce guide comporte aussi des informations détaillées, précises et précieuses sur plusieurs sujets afférents, telles que les caractéristiques chimiques et physiques des différents types de sol (texture, structure, matière organique, CEC) et le maintien de leur santé (pages 1 à 54).

Analyses foliaires

Les analyses foliaires sont de bons outils pour mesurer l’effet de la fertilisation appliquée (sol ou foliaire) et anticiper et prévenir les carences. Les échantillons doivent être prélevés à la fin de la période de croissance,en juillet, lorsque le bourgeon terminal commence à se former, soit 50 à 60 jours après la chute des pétales. La variété Honeycrisp fait toutefois exception. En effet, des récentes études réalisées à l’université Cornell ont démontré qu’il était préférable de prélever les échantillons de cette variété de la mi à la fin juin. En effet, la croissance annuelle des pousses de la variété Honeycrisp s’arrête plus tôt que les autres variétés et la chlorose internervaire, caractéristique des feuilles de cette variété, affecte leur teneur en éléments minéraux, particulièrement l’azote.

Un échantillon comporte de 75 à 100 feuilles prélevées dans un même bloc d’un même cultivar. Il faut prélever les feuilles au centre de la pousse annuelle de prolongation sur le pourtour et à la mi-hauteur de l’arbre (voir figure), pas plus de deux feuilles par arbre. L’échantillon doit être mis dans un sac de papier de manière à pouvoir sécher librement. Un prélèvement trop hâtif donnera des niveaux d’azote plus élevés que la normale alors que trop tardivement, les résultats en calcium seront plus élevés.

Illustration et photo montrant les feuilles à prélever pour des analyses foliaires (source : Evelyne Barriault).

De la même façon que les analyses de sol donnent un aperçu de potentiel et des éléments manquants au départ, les analyses foliaires donnent un portrait de ce qui s’est effectivement rendu dans le pommier. Les analyses peuvent être comparées à des grilles de références telles que celle-ci :

Grille d’interprétation des analyses foliaires

ÉLÉMENT OU RAPPORT ÉCART DE VALEURS RECHERCHÉ
Azote jeunes arbres 2,5 % 3,0 %
Azote jeunes arbres en production 2,2 % 2,4 %
Azote arbres matures cultivars type McIntosh 1,8 % 2,2 %
Azote arbres matures cultivars type Gala 2,2 % 2,4 %
Potassium jeunes arbres 1,5 % 2,0 %
Potassium arbres matures 1,2 % 1,8 %
Rapport azote/potassium 1,00 1,50
Phosphore jeunes arbres 0,20 % 0,25 %
Phosphore arbres matures 0,18 % 0,22 %
Calcium 0,8 % 1,6 %
Magnésium 0,25 % 0,40 %
Bore 20 ppm 40 ppm
Zinc 35 ppm 50 ppm
Fer 50 ppm 400 ppm
Manganèse 30 ppm 200 ppm
Cuivre 7 ppm 20 ppm

Les résultats sont interprétés en fonction des niveaux de concentration foliaire compris dans l’intervalle cité au tableau ci-haut. Ces niveaux indiquent généralement une alimentation adéquate dans l’arbre. Les corrections sont apportées en fonction des critères déjà discutés, notamment en tenant compte de l’efficacité éventuelle des traitements foliaires, de la correction du pH ou des niveaux de l’élément au sol. Ainsi, pour une correction en phosphore, les traitements foliaires ne sont pas privilégiés et la correction d’un pH trop bas est à considérer avant de procéder à une correction au sol de l’élément lui-même.

Analyses de sève et de fruits

De prime abord, les analyses de fruits peuvent sembler une technique appropriée pour vérifier la teneur en éléments, comme le calcium et le bore, qui sont susceptibles d’influencer la qualité et la conservation des fruits.  Depuis quelques années, l’analyse de sève gagne en popularité et pourrait devenir un nouvel outil pour la gestion de la fertilisation des pommiers1. Par ailleurs, des études récentes réalisées à l’université Cornell ont démontré que le ratio K/Ca des fruits, trois semaines avant la récolte2 et celui des pelures de pommes tôt en juillet, permettaient de prédire les risques de développement de la tache amère3.

Laboratoires

Une liste des laboratoires accrédités pour les analyses agricoles (domaines 1001 à 1050) est publiée sur le site web du ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques de la Faune et Parcs

Pour en savoir davantage

Orchard Nutrition Management

 

 

Références

  1. Almeida, da Costa P., C. Oliveira C., Mota, M. & Ribeiro, H. Rapid Sap Nutrient Analysis Methods in Malus Domestica Borkh Cv. ‘Gala. Comm. Soil Sci. Plant Analys. 51 (12), 1693–1706 (2020).
  2. Cheng, L., & Sazo, M.M. Why Is Honeycrisp So susceptible to bitter pit? Y. Fruit Q. 26 (1), 19-23 (2018).
  3. Miranda Sazo, M. Growing the Honeycrisp Tree and the best management practices to mitigate bitter pit. Conférence présentée aux journées horticole de St-Rémi. (2022).

 

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

Auteur de la première édition : Paul-Émile Yelle
Auteure de la mise à jour 2023 : Evelyne Barriault
Dernière mise à jour par l’auteure : 29 janvier 2024

Épandage de la chaux dans un verger (source : Vicky Filion).

Les analyses de sol décrites dans la fiche sur les Analyses requises pour une bonne fertilisation sont notamment essentielles pour en connaître le pH, c’est-à-dire son acidité (potentiel d’hydrogène). Sur les rapports d’analyse, on retrouve le pH eau et le pH tampon. Le pH eau mesure l’acidité active du sol qui influence les échanges d’éléments minéraux entre la solution du sol et les racines des plantes. Le pH tampon représente pour sa part l’acidité de réserve c’est-à-dire la quantité d’ions hydrogène attachés au complexe argilo-humique. Cette réserve est particulièrement abondante dans les sols riches en matière organique et les sols argileux qui ont une grosse capacité d’échange cationique (C.E.C.).

Les valeurs de pH se situent entre 0 et 14, un pH 7 représentant la neutralité. Les pH inférieurs à 7 sont dits acides tandis que les pH supérieurs à 7 sont alcalins. Pour le pommier on vise un pH-eau légèrement acide c’est à dire de 6,5. Il est bon de rappeler que le pH est exprimé sur une base logarithmique. Ainsi un pH de 6 est dix fois plus acide qu’un pH de 7 et un sol à pH de 5 est 100 fois plus acide qu’un sol à pH 7. De plus, l’excès d’acidité du sol ralentit l’activité microbienne, diminue l’assimilation du phosphore et du potassium et nuit à la croissance des arbres. Il nécessite d’être corrigé en apportant de la chaux. Par contre, l’excès d’alcalinité pouvant être causé par un apport excessif de chaux peut entraîner des carences nutritives, particulièrement en magnésium, en potassium et en oligo-éléments comme le bore, le cuivre, le fer, le manganèse et le zinc.

Comment et quand corriger le pH: :

  • par un apport de chaux limité à 7 tonnes par hectare par année pour les incorporations en préparation de nouvelles parcelles;
  • par un apport de chaux limité à 3 tonnes par hectare par année pour les applications d’entretien, faites en surface (non enfouies) et agissant graduellement sur plusieurs années.

Lorsque les besoins en chaux sont supérieurs à ces quantités, il est préférable de faire plusieurs applications fractionnées afin d’éviter les carences temporaires qui pourraient survenir suite à un apport trop important en calcium. Ceci est particulièrement important pour les sols sablonneux puisqu’ils ont généralement une plus faible capacité d’échange cationique (CEC).  Il existe plusieurs types de chaux qui sont bien décrits dans le guide référence en fertilisation du CRAAQ (2010). Un tableau indiquant la quantité de chaux à appliquer selon le pH cible et le pH tampon est également présenté. La chaux magnésienne, ou dolomitique, est souvent utilisée dans les vergers puisqu’il s’agit également d’une excellente source de magnésium, naturelle et moins coûteuse que les engrais magnésiens (lorsqu’un apport en cet élément est nécessaire).  La chaux est préférablement appliquée sur la pleine surface, plutôt qu’en bande. Elle peut être appliquée à n’importe quel moment de l’année, sauf si le sol est enneigé (CRAAQ-Chaulage de sols). Les meilleurs moments sont ceux où les sols sont asséchés et où la portance du sol permet de réduire les risques de compaction.  Les applications de chaux ne doivent pas coïncider avec celles d’engrais minéraux phosphatés ou de fumier pour éviter de fixer le phosphore. Pour de plus amples informations à ce sujet, référez-vous à la section sur les amendements calcaires et magnésiens du chapitre « Préparation du terrain » du guide L’implantation d’un verger de pommiers, 2e édition

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.