Fiche 32

Isabelle Turcotte, Sara-Jeanne B.Croteau, Robert Maheux, Yvon Morin et Gérald Chouinard

 

Un bon plan d’urgence permet de gagner un temps extrêmement précieux lorsqu’un accident survient. Le plan d’urgence comprend, entre autre, une description de chacune des procédures à suivre lors d’une situation d’urgence, la liste de l’équipement disponible pour intervenir ainsi que le lieu où il se trouve. Prenez le temps de réfléchir à ce que vous devez y ajouter en tenant compte de votre situation. Ces renseignements doivent se trouver sur des affiches apposées entre autres dans l’entrepôt des pesticides et au site de chargement du pulvérisateur. N’oubliez pas de mentionner à toutes les personnes concernées l’endroit où les affiches ont été posées et de leur faire connaître les directives à suivre pour intervenir adéquatement en cas d’urgence. Les mesures qui suivent sont générales et sont adaptées du guide Pesticides et agriculture : bon sens, bonnes pratiques produit aux Publications du Québec. Elles pourront vous guider dans l’élaboration de votre propre plan d’urgence.

 

Trousses de premiers soins

Le Règlement sur les normes minimales de premiers secours et de premiers soins (découlant de la Loi sur les accidents du travail et de la Loi sur la santé et la sécurité du travail) établit les obligations de l’employeur concernant les trousses de premiers soins.

  • Les employeurs sont tenus de munir leurs établissements et tous les véhicules qui sont destinés au transport ou à l’usage des travailleurs d’un nombre adéquat de trousses de premiers soins.
  • Les trousses doivent être situées dans un endroit facile d’accès, le plus près possible des lieux de travail et accessibles en tout temps.
  • Il ne suffit pas de mettre des trousses à la disponibilité des travailleurs, l’employeur doit s’assurer que celles-ci sont propres, complètes et en bon état.
Contenu minimal obligatoire de la trousse :
  • Un manuel de secourisme approuvé par la Commission de la santé et de la sécurité au travail (CSST)
  • 1 paire de ciseaux à bandage
  • 1 pince à écharde
  • 12 épingles de sûreté (grandeurs assorties)
  • 25 pansements adhésifs (environ 25 mm × 75 mm) stériles enveloppés séparément
  • 25 compresses de gaze (environ 10 cm × 10 cm) stériles enveloppées séparément
  • 4 rouleaux de bandage de gaze stérile (environ 5 cm × 9 m) enveloppés séparément
  • 4 rouleaux de bandage de gaze stérile (environ 10 cm × 9 m) enveloppés séparément
  • 6 bandages triangulaires
  • 4 pansements compressifs (environ 10 cm × 10 cm) stériles enveloppés séparément
  • 1 rouleau de diachylon (environ 25 mm × 9 m)
  • 25 tampons antiseptiques enveloppés séparément
Autres items minimalement recommandés :
  • solution isotonique (1 L)
  • 1 masque avec valve antiretour pour la respiration artificielle
  • 1 paire de gants de nitrile
Pour obtenir plus d’information sur le Règlement sur les normes minimales de premiers secours et de premiers soins :

http://www2.publicationsduquebec.gouv.qc.ca/dynamicSearch/telecharge.php?type=2&file=//A_3_001/A3_001R10.htm

 

Comment intervenir en cas de déversement ou autre accident
Premiers soins :
  • Protégez-vous d’abord, puis mettez les personnes intoxiquées en sécurité et prodiguez-leur les premiers soins (voir plus bas).
  • Éloignez les personnes qui se trouvent à proximité du site de déversement.
  • Appelez ou faites appeler de l’aide.
  • Portez l’équipement de protection requis et faites le nécessaire pour circonscrire le déversement, en élevant un remblai, par exemple.
  • En cas de déversement important, appliquez les mesures qui précèdent et contactez immédiatement les autorités locales (service de police ou des incendies) ou communiquez avec le système canadien ou québécois de signalement des urgences environnementales :URGENCE-ENVIRONNEMENT (24 heures par jour)
    1-866-694-5454
    Pendant les heures ouvrables (8h30 – 12h et 13h – 16h30), appelez également la direction régionale concernée du MDDELCC (liste au http://www.mddelcc.gouv.qc.ca/ministere/rejoindr/adr_reg.htm).CENTRE NATIONAL DES URGENCES ENVIRONNEMENTALES
    514-283-2333 ou 1-866-283-2333
Nettoyage des surfaces contaminées :

Matériel nécessaire à prévoir à l’avance :

  • 4 sacs de 25 kg de sable ou de tout autre produit absorbant (de la vermiculite, sinon de la terre, de la litière à chat ou de la tourbe)
  • des pelles à bout carré
  • des balais-brosses
  • un grand baril à déchets (205 L ou 45 gal) ou des sacs de plastique résistants

Pour le déversement de granules, de poudres et de poussières : humectez le plus tôt possible le produit s’il y a risque de dispersion par le vent mais évitez de saturer d’eau. Balayez ou pelletez le pesticide et mettez-le dans un baril ou dans des sacs de plastique.

Pour le déversement de liquide : recouvrez le produit déversé d’une couche suffisamment épaisse de matériaux absorbant et attendez que celui-ci s’imprègne de pesticide. N’utilisez pas d’eau. Balayez ou pelletez le pesticide et mettez-le dans un baril ou dans des sacs de plastique résistants.

Si le déversement s’est produit directement sur le sol : enlevez la terre contaminée jusqu’à une profondeur d’au moins 5 cm au-dessous de la limite de pénétration du pesticide. Mettez la terre dans des barils ou des sacs de plastique résistants.

Quel que soit le cas :

  • Travaillez autant que possible le dos au vent.
  • Assurez-vous que tous les récipients contenant de la terre ou des matériaux absorbants imprégnés de pesticides soient scellés et étiquetés, puis confiés à une entreprise spécialisée, désignée par la Direction régionale du MDDELCC.
  • Après avoir récupéré le pesticide, le lieu de déversement doit être décontaminé avec un solvant approprié. Consultez le service d’information du gouvernement fédéral pour connaître le solvant le plus approprié :CANUTEC (24 heures par jour)
    Information : 613-992-4624 (appels à frais virés acceptés)
    Urgence : 613-996-6666(appels à frais virés acceptés)
    Cellulaire : *666

 

Comment intervenir en cas d’incendie

Les incendies dans les dépôts de pesticides sont très dangereux, car plusieurs pesticides dégagent des vapeurs toxiques en brûlant. Pour réduire les risques :

  • Équipez votre entrepôt d’un extincteur de type « ABC » de 5 kg au minimum, pour pouvoir éteindre rapidement un début d’incendie.
  • Si le feu venait à prendre le dessus, alertez le service d’incendie et précisez qu’il s’agit de pesticides.
  • Évitez d’utiliser de l’eau pour combattre l’incendie, car le ruissellement de l’eau contaminée pourrait être difficile à maîtriser.

 

Comment intervenir en cas d’intoxication à un pesticide

Apprendre à reconnaître les signes et les symptômes d’une exposition à un pesticide est essentiel, car le traitement immédiat d’une personne intoxiquée par un pesticide peut faire la différence en ce qui concerne son rétablissement.

Voici quelques exemples de symptômes pouvant apparaître suite à une exposition à divers groupes de pesticides :

Insecticides organophosphorés et carbamates (ex. : SEVIN, IMIDAN) :

  • Maux de tête, étourdissements, transpiration, larmoiement, salivation excessive, vision trouble, serrements de poitrine.
  • Douleurs abdominales, nausées, vomissements, diarrhée, hypersécrétions bronchiques, troubles du rythme cardiaque, tremblements, faiblesse et fatigue.
  • Rétrécissement de la pupille, incontinence, confusion, œdème pulmonaire, respiration difficile, coloration bleutée, défaillance cardio-respiratoire, convulsions, perte de conscience et coma.

Insecticides pyréthrinoïdes (ex. : DECIS, RIPCORD, AMBUSH, POUNCE, MATADOR) :

  • Contact cutané ou oculaire : irritations et sensations de brûlures.
  • Ingestion d’une forte dose : salivation, douleur à l’estomac, nausées, vomissements, maux de tête, étourdissements, fatigue, convulsions, perte de conscience.

Herbicide GRAMOXONE :

  • L’inhalation du produit et l’exposition par voie cutanée ou oculaire résultent généralement en des irritations importantes.
  • Ulcère de la langue, de la gorge et de l’œsophage accompagné de saignements, douleurs musculaires généralisées, nausées, vomissements, diarrhée, atteintes rénales et hépatiques, dommages pulmonaires (fibrose) et insuffisance respiratoire.

Herbicides 2,4-D et SIMAZINE :

  • Gastroentérite, nausées, vomissements, diarrhée, étourdissement, faiblesse, anorexie, léthargie, raideurs ainsi que faiblesses et fibrillations musculaires, pouls irrégulier et complications respiratoires.

Herbicides ROUND-UP et DUAL :

  • Irritation de la peau, des yeux et parfois des voies respiratoires.

Fongicides dithiocarbamates (ex. : DITHANE, MANZATE) :

  • Irritant pour la peau, les yeux et les voies respiratoires.
  • Ingestion d’une forte dose : nausée, vomissements et diarrhée.
  • Combinée à une consommation d’alcool : rougeur de la figure, transpiration, troubles respiratoires, douleurs à la poitrine, vomissements et chute de tension artérielle.

Fongicides CAPTAN et MAESTRO :

  • Irritant pour la peau, les yeux et pour le système respiratoire.
  • Ingestion d’une forte dose : nausée, vomissements et diarrhée.

Composés de cuivre (ex. : sulfate de cuivre tribasique et bouillie bordelaise) :

  • Irritant pour la peau, les yeux et les voies respiratoires.
  • Peut causer la nausée, des vomissements et des douleurs intestinales.

Soufre :

  • Irritant pour la peau, les yeux et les voies respiratoires. Peut causer de la diarrhée.

Si vous avez besoin d’une aide médicale immédiate, appelez le 911.

Pour toute autre aide médicale ou si vous soupçonnez une intoxication par des pesticides, même mineure, contactez le Centre antipoison du Québec :

CENTRE ANTIPOISON (24 heures par jour) :
1-800-463-5060

Afin de pouvoir fournir l’information, ayez en main l’étiquette du produit ayant causé l’intoxication (le registre de traitements, s’il a été partiellement rempli au préalable, peut vous aider à déterminer quel produit peut être en cause si l’intoxication survient en cours d’application).

Si vous devez laisser seule une personne inconsciente pour un moment (pour appeler de l’aide) :

  • Placez la personne en position latérale de sécurité tel qu’illustré ci-après, étendue sur le côté avec le genou du dessus replié vers l’avant.

personne inconsciente en position latérale

En cas d’intoxication par contact cutané (par la peau) :

  • Enlevez rapidement les vêtements souillés en prenant des précautions, notamment en portant des gants.
  • Lavez abondamment la peau à l’eau et au savon.

En cas d’intoxication par inhalation :

  • Sortez la personne incommodée des lieux contaminés en prenant les précautions d’usage et en portant, si nécessaire, un masque respiratoire.
  • Pratiquez la respiration artificielle (bouche à bouche) si la personne présente des problèmes respiratoires (coloration bleutée des lèvres) en attendant l’arrivée d’un médecin ou le transport à l’urgence. Il peut être préférable d’utiliser un masque de poche muni d’une valve antiretour ou un ballon-masque de façon à éviter d’entrer en contact avec les substances chimiques ayant intoxiqué la victime dans le cas de pesticides très toxiques.

En cas d’intoxication par contact oculaire :

  • Dans le cas d’éclaboussures dans les yeux, laver abondamment avec de l’eau tiède (idéalement une solution isotonique) pendant au moins 15 minutes, en gardant les paupières ouvertes.
  • À cet effet, les travailleurs devraient avoir un accès rapide à une douche oculaire sur les lieux de travail.

En cas d’intoxication par ingestion :

  • Le Centre antipoison vous donnera les indications à suivre.
  • À moins que les professionnels du Centre antipoison ne vous l’indiquent, évitez de faire vomir la personne intoxiquée surtout si :
    • elle est somnolente, inconsciente ou en convulsions;
    • elle a absorbé une formulation de pesticide contenant des hydrocarbures (huile, solvant, etc.);
    • elle a absorbé un pesticide corrosif (squelette de la main sur l’étiquette du produit) ou un agent moussant (surfactant, savon, détergent, etc.)

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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Fiche 33

Paul-Émile Yelle

 

nouvelle parcelle

L’implantation de nouvelles parcelles de verger, que ce soit dans de nouveaux sites ou en remplacement de parcelles arrachées, demande une excellente planification dont il ne faut négliger aucune étape. Les investissements sont importants, autant bien le faire! Comme la pomiculture est une production pérenne, les conséquences négatives de mauvaises décisions pourront hanter le pomiculteur durant des dizaines d’années. En contrepartie, la mise en place des meilleures pratiques permettra des bénéfices qui se répéteront année après année. En ce sens, les considérations reliées au site sont essentielles à la production fruitière intégrée, où la durabilité économique est indissociable de la durabilité environnementale.

 

Un sol bien drainé

sol bien drainé

Le choix d’un site propice est le point de départ de la réussite. Il faut déterminer les bons sites notamment en fonction d’un bon égouttement. Les types de sols les plus propices aux pommiers, assez grossiers, ont tendance à bien s’égoutter naturellement. Des sols plus loameux, qui sont plus lourds, de même que certains sites à topographie irrégulière, pourront nécessiter un drainage supplémentaire. Pour en apprendre davantage, consultez le guide du CRAAQ L’implantation d’un verger de pommiers, aux sections « Le sol » et « Le drainage » dans les chapitres « Choix du site » et « La préparation du terrain », respectivement.

 

Des portes-greffes adaptés

L’utilisation de porte-greffes appropriés, c’est-à-dire adaptés au sol et au climat du site et au système de conduite envisagé (densité, système) est primordiale. La majorité des porte-greffes nains et semi-nains sont précoces, productifs et bien adaptés à notre climat; toutefois, certaines combinaisons porte-greffe/cultivar sont à éviter. De plus, la sensibilité, la tolérance ou la résistance des porte-greffes aux maladies telles la pourriture du collet ou la brûlure bactérienne doivent être considérées.Un chapitre complet du guide L’implantation d’un verger de pommiers est consacré aux porte-greffes; consultez-le pour des choix éclairés.

Il est aussi conseillé d’utiliser les techniques de plantation appropriées, comme la profondeur de plantation relativement au point de greffe : celui-ci doit être à 10-15 cm au-dessus du sol pour assurer une meilleure uniformité du gabarit des arbres.

profondeur de plantation

Pour plus de précision selon le type de plantation, voir le feuillet « La profondeur de plantation » du chapitre « La plantation » du guide L’implantation d’un verger de pommiers.

 

Une densité appropriée

densité de plantation

Établir la densité optimale d’une nouvelle plantation est une décision complexe. De plus, le choix final aura des conséquences importantes sur l’équilibre entre la croissance végétative et la production de fruits des arbres, ainsi que sur la durabilité et la rentabilité de la parcelle. Plusieurs facteurs sont à considérer, incluant la fertilité, la profondeur du sol et le climat. La vigueur varie d’un cultivar à l’autre et les plus vigoureux nécessitent plus d’espace. Il en va de même pour les porte-greffes.

L’expérience ainsi qu’une bonne connaissance des différents secteurs de son verger, incluant les résultats obtenus avec des plantations antérieures, donnent une très bonne indication des distances à prévoir. Les nouveaux systèmes de conduite, favorisant une précocité accrue et permettant des densités plus élevées, remettent en question des pratiques acquises dans des plantations âgées d’à peine plus de dix ans. Le but visé est d’obtenir des rendements supérieurs grâce à une utilisation optimale de la lumière. Cela est possible si les pommiers occupent rapidement l’espace prévu et produisent assez de fruits pour éviter une croissance excessive.

Les situations à éviter sont :

  • une densité trop faible où des espaces vides demeurent entre les arbres, amenant un gaspillage de main d’œuvre et d’intrants;
  • une distance insuffisante entre les pommiers, qui se traduira par une croissance excessive dans la tête des arbres ce qui réduira la pénétration de la lumière;
  • une densité trop élevée, qui nécessitera une taille excessive et répétée quand les arbres seront à maturité, réduisant la productivité et la qualité des fruits.

Des outils d’aide à la décision pour la densité se retrouvent dans le guide L’implantation d’un verger de pommiers :

  • les figures 4 et 5 et le tableau 1 du chapitre « Porte-greffes »;
  • la section « L’espacement » du chapitre « Les modes de conduite et l’espacement ».

 

De jeunes arbres de qualité

rangs de jeunes pommiers

Une attention particulière à la qualité agronomique et sanitaire des jeunes arbres à planter est de mise. Les critères pertinents au choix d’un arbre de qualité, notamment l’absence de maladie et la certification, sont décrits en page 3 du chapitre « La plantation » du guide L’implantation d’un verger de pommiers. Des informations pertinentes à l’impact et à la prévention des maladies racinaires et virales se retrouvent aux fiches 107 et 110.

 

La sensibilité à la tavelure

Il est conseillé d’éviter de planter une proportion importante de cultivars très sensibles à la tavelure, tels McIntosh, Lobo, Vista Bella ou Jersey Mac, dans le but de réduire le nombre de traitements fongicides. Des cultivars moins sensibles tels Spartan ou Honeycrisp, entre autres, nécessiteront moins de traitements. Pour plus d’informations pertinentes sur ce sujet, consultez la fiche 101.

 

La localisation des cultivars d’été

Les cultivars d’été seront plantés en bordure du verger pour faciliter le contrôle de certains ravageurs, tels le charançon de la prune ou la mouche de la pomme, ce qui permettra de réduire la pression des ravageurs dans le centre et de recevoir moins d’insecticides et acaricides. Des informations plus détaillées à ce sujet se retrouvent dans les fiches 63, 72 et 98.

 

La préparation du site

Les pommiers plantés dans un sol bien préparé sont généralement plus précoces et productifs. Il est recommandé de préparer les sites au moins un an à l’avance pour en améliorer entre autres la fertilité et la qualité microbiologique (ex. absence de nématodes et de pathogènes). Il est recommandé de consulter et de suivre les démarches recommandées au début du chapitre sur « La planification de la plantation », ainsi que dans le chapitre sur « La préparation de terrain » dans le guide L’implantation d’un verger de pommiers. Toutes les normes en vigueur pour les épandages telles que décrites dans la fiche 16 doivent être respectées lors de la préparation du site.

terrain en friche

 

L’écoulement de l’air froid

Sous notre climat, le froid est un facteur contraignant. Il peut se manifester entre autres par un gel tardif au printemps, avant ou pendant la floraison, ou par un gel hivernal des tissus, qui entraînent le dépérissement des arbres. L’écoulement de l’air froid devra être favorisé dans les nouveaux sites pour diminuer les risques de gel des parties aériennes. Pour obtenir plus d’informations à ce sujet, il est recommandé de voir le feuillet intitulée « La pente » ainsi que la figure 3 dans le chapitre sur « Le choix du site » du guide L’implantation d’un verger de pommiers.

 

L’évaluation des risques environnementaux

La fragilité environnementale de certains milieux ou de certains sites doit être prise en compte en évitant de planter dans des emplacements présentant des risques. Par exemple, même si ce n’est pas toujours spécifiquement interdit par une loi ou un règlement, il n’est pas recommandé de planter des pommiers près d’un milieu humide, d’un cours d’eau ou d’une nappe phréatique, car il y a un risque potentiel de contamination lors des traitements et des épandages. Il en va de même pour l’environnement humain en milieux habités.

L’étape de la plantation n’est pas la seule présentant un impact sur le milieu environnant. Lors d’un défrichage (là où c’est permis) ou d’arrachage de vergers existants dans le but d’une replantation, une évaluation des risques d’érosion doit se faire préalablement. Plusieurs aspects environnementaux sont réglementés et il faut se conformer à ces exigences qui sont décrites dans les fiches 12 et 16.

 

La proximité et la disponibilité des marchés

Les choix des cultivars et de la localisation des vergers doivent prendre en compte cette composante essentielle au succès d’une plantation. La rentabilité n’est pas seulement fonction de la productivité. Les fruits produits doivent posséder les qualités requises par les marchés actuels. De plus, les superficies envisagées pour différents cultivars et les volumes produits qui en découlent doivent tenir compte des excédents potentiels par rapport à la demande.

Par exemple une bonne stratégie est de privilégier les cultivars pour lesquels une demande à la hausse est anticipée à moyen terme, et de favoriser les porte-greffes précoces pour combler rapidement ces besoins. Pour la production destinée à l’emballage ou aux réseaux de grande distribution, des localisations trop périphériques sont à éviter pour épargner les frais de transport prohibitifs. Les considérations quant au marketing sont décrites au chapitre « La planification de la plantation » du guide L’implantation d’un verger de pommiers.

Ce contexte commercial est essentiel pour les ventes en vrac, mais il est tout aussi important pour la vente directe; pour de tels projets il faut anticiper de façon réaliste la période de vente et l’achalandage potentiel. Beaucoup de documents sont disponibles pour mieux orienter la planification de la vente directe. À signaler en particulier, le Pense-bête de l’agrotourisme à l’adresse : http://www.mapaq.gouv.qc.ca/fr/Productions/agrotourisme/Pages/pense_bete.aspx.

Pense-bête de l'agrotourisme

Plusieurs références, textes et présentations sont aussi accessibles sur le site d’Agri-Réseau sous le sujet « Vente en circuits courts » dans « Commercialisation et marketing » du domaine Marketing agroalimentaire, répertoriés à l’adresse suivante : http://www.agrireseau.qc.ca/Marketing-Agroalimentaire/navigation.aspx?sid=1847&pid=0&r&p=1.

 

La prise en compte du climat et la gestion des vents

Le climat des différentes régions ou localités est le principal facteur à considérer pour la localisation de nouveaux vergers. L’absence de vergers dans certaines régions reflète souvent des contraintes climatiques importantes. Le choix des cultivars et porte-greffes se fera lui aussi à la lumière des contraintes climatiques. Les chapitres sur « Les cultivars » et « Les porte-greffes » dans le guide L’implantation d’un verger de pommiers caractérisent la rusticité des différentes variétés et porte-greffes.

Lors de la planification d’une nouvelle plantation, il faut prévoir l’espace nécessaire à l’implantation d’une haie brise-vent. De plus, il est idéal de planter cette haie avant de planter les pommiers, afin que sa hauteur soit au moins égale à celle de la plantation. Un brise-vent en bordure du verger favorisera notamment l’activité des insectes pollinisateurs et réduira la dérive des bouillies de pulvérisation. Les nombreux bénéfices des brise-vents bien positionnés incluent :

  • une diminution de la chute prématurée des pommes, due à la diminution des vents;
  • une meilleure pollinisation, permettant aussi une meilleure conservation des fruits;
  • une protection contre le gel hivernal;
  • surtout, une efficacité accrue des applications de pesticides.

Le guide de la Fédération Des haies brise-vent pour réduire la dérive des pesticides en verger présente des recommandations sur la planification des installations des haies en verger. Celui-ci propose aussi des modèles ainsi que des exemples d’aménagement des haies et termine par quelques méthodes simples d’entretien pour une haie efficace.

Plusieurs conditions à respecter lors de l’implantation d’un brise-vent sont décrites au chapitre sur la « Préparation du terrain » du guide L’implantation d’un verger de pommiers. Parmi les contraintes à considérer, il faut choisir une orientation et une distance qui éviteront de porter ombrage aux pommiers. Le brise-vent devra également être assez poreux et planté à une bonne distance des pommiers pour éviter les accumulations excessives de neige.

Il faut éviter de localiser les brise-vents en bas des pentes, mêmes légères, où ils empêcheraient l’écoulement de l’air froid. La présence de boisés à proximité de la plantation peut aussi assurer un contrôle naturel du vent. Dans de telles situations, il faut toutefois faire l’éradication des arbres fruitiers sauvages présents (se référer à la fiche 65).

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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Fiche 34

Paul Émile Yelle et Gérald Chouinard

 

Renouvellement continu des pommiers

Des pommiers bien entretenus et adaptés au climat peuvent demeurer productifs durant des décennies. Toutefois, le renouvellement des parcelles de verger va s’imposer pour d’autres raisons que leur âge.

pomme

Les variétés plantées depuis un certain temps peuvent devenir obsolètes et perdre la faveur des consommateurs. D’autres, très populaires et faciles à produire, peuvent présenter un excès de production. Une offre excessive d’un produit sur le marché entraîne à long terme une situation de bas prix récurrents. Souvent, ce sont les systèmes de production qui deviendront périmés. Par exemple, il sera de plus en plus difficile de répondre aux critères de couleur et de calibre avec des arbres trop vigoureux et mal adaptés à une disponibilité réduite de main-d’œuvre. Enfin, plus les années s’accumulent, plus les arbres auront enduré différents sévices hivernaux et attaques de maladies et autres ravageurs, réduisant ainsi leur productivité et accentuant leur mortalité.

Afin de ne pas se retrouver avec un trop grand nombre de parcelles en voie de désuétude, il faut prévoir un renouvellement régulier de celles-ci. Il est recommandé de viser un taux annuel moyen de 4 %. Idéalement, de 4 à 12 % des plantations doivent être renouvelées sur un cycle de un à trois ans. Les pomiculteurs qui demeurent à jour dans leurs plantations sont souvent ceux qui réussissent mieux dans un contexte difficile. Quelques références à ce sujet se retrouvent dans le chapitre « La planification de la plantation » du guide L’implantation d’un verger de pommiers.

 

Éradication des foyers potentiels de contamination phytosanitaire

Lors de l’implantation d’un nouveau site ou du renouvellement d’une parcelle, ou même pour des sites déjà en place, il est fortement recommandé d’éliminer les arbres et arbustes favorisant la présence de ravageurs. Il s’agit d’une mesure élémentaire de contrôle de plusieurs espèces d’insectes et de maladies. Par exemple, plusieurs espèces peuvent être atteintes par la brûlure bactérienne et, en l’absence de soins ou de traitements, celles-ci contribuent à la propagation de cette redoutable maladie.

Il faut donc s’assurer de l’absence ou de l’élimination (avec les autorisations appropriées) des espèces susceptibles. Il est préférable de limiter la présence de pommiers, pruniers, cerisiers, aubépines, sorbiers, amélanchiers ou des pommetiers non traités, idéalement sur une distance de 60 à 100 m autour du verger (ou tout au moins de 40 à 60 m dans une première approche avec votre voisin s’il y a lieu!) Des précisions additionnelles à ce sujet se retrouvent dans les fiches 65, 101 et 106.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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Fiche 35

Paul Émile Yelle

 

Prévention de la compaction

Une des importantes composantes de la qualité d’un sol est sa structure. Une structure adéquate du sol comporte une bonne agrégation des particules qui le composent et favorise l’aération et l’égouttement du sol. Les autres bénéfices d’une bonne structure sont de faciliter le développement du système racinaire et de permettre un meilleur mouvement capillaire de l’eau vers la surface et les racines. L’apport et le maintien de la matière organique contribuent de manière importante à une bonne structure de sol. Pour de plus amples informations, se référer à la rubrique « Les amendements organiques » du chapitre « Préparation du terrain » dans le guide L’implantation d’un verger de pommiers.

Le maintien d’un couvert végétal favorise la conservation de cette matière organique et favorise aussi directement la structure du sol, par son système racinaire. Toutefois, l’absence de travail du sol une fois le verger implanté peut jouer dans les deux sens. D’une part, le risque de détériorer la structure du sol est limité; par contre, il devient difficile d’améliorer un sol dégradé en utilisant des pratiques d’aération par le travail du sol.

La compaction, définie comme le tassement des particules de sol au détriment de la présence de l’air, est le phénomène qui menace le plus la bonne structure des sols dans un verger. La circulation dans le verger avec des équipements relativement lourds à des moments où le sol est humide favorise cette détérioration. Les types de sols plus lourds, c’est-à-dire les sols argileux et loameux, y sont plus vulnérables que les sols graveleux et sableux.

Les risques de compaction peuvent être réduits en utilisant les chemins de ferme au lieu des allées du verger pour le déplacement des machineries lourdes. Aussi, lorsque le sol du verger est imbibé d’eau, il n’est pas recommandé de remplir le réservoir du pulvérisateur à plus de la moitié de sa capacité. Enfin, lors d’une replantation, le passage d’une sous-soleuse pour aérer ou décompacter le sol, particulièrement sous les allées, est recommandé. Pour plus d’informations à ce sujet, consultez le chapitre « Préparation du terrain » du guide L’implantation d’un verger de pommiers.

 

Réduction de l’érosion

L’érosion se produit lorsque les couches superficielles du sol, les plus riches en matière organique et les plus fertiles, sont perdues soit sous l’effet du ruissellement ou sous l’effet du vent.

Différentes méthodes peuvent être utilisées pour réduire l’érosion du sol. Les méthodes suivantes sont détaillées dans la fiche 33 :

  • dans les zones exposées aux vents dominants : implanter un brise-vent;
  • dans les blocs en préparation : éviter de laisser les sols en jachère à nu pendant l’hiver;
  • dans les zones de forte pente : laisser s’établir un couvert végétal sous les pommiers avant l’arrivée de l’hiver, en limitant les traitements herbicides sur le rang à partir de la mi-saison.

Toutefois, une des principales façons de contrôler l’érosion est d’implanter et de maintenir des allées engazonnées. Établir un couvert végétal dans les entre-rangs facilite également les passages avec la machinerie, contrôle l’humidité et la température du sol et réduit la présence de mauvaises herbes comme le plantain et le trèfle (qui sont des foyers de propagation pour les tétranyques à deux points), le pissenlit (qui attire les abeilles au détriment des fleurs du pommier) et plusieurs espèces envahissantes qui peuvent ensuite coloniser l’espace sous le rang et y soutirer l’eau et les éléments nutritifs du sol.

allée engazonnée

Les mélanges de graminées sont particulièrement recommandés. Des mélanges à croissance limitée (50 % de ray-grass vivace, 30 % de fétuque dressée et 20 % de fétuque rouge) peuvent être favorisés pour réduire les besoins de fauchage. Il importe de respecter certaines conditions afin de permettre l’implantation du couvre-sol :

  • La germination des semences à gazon est meilleure en sol humide et sous des températures fraîches.
  • Les périodes idéales pour semer sont donc de la fin avril à la mi-mai et de la fin août à la mi-septembre.
  • L’avoine peut être utilisée comme plante-abri lors du semis afin de limiter l’établissement de mauvaises herbes indésirables et difficiles à réprimer, tels le chiendent et le jargeau.
  • Il est recommandé d’éviter la présence de légumineuses (trèfles, luzerne) dans le mélange de semences. Quoique leur capacité à fixer l’azote présente un attrait, elles sont susceptibles de favoriser la présence de certains ravageurs, comme la cicadelle de la pomme de terre et la cérèse buffle.

Plus d’informations sur l’engazonnement sont disponibles au chapitre « La plantation » du guide L’implantation d’un verger de pommiers.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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Fiche 36

Paul Émile Yelle

 

Système d’irrigation

L’enracinement de faible profondeur des porte-greffes nanisants utilisés dans les plantations à moyenne ou haute densité limite la réserve d’eau à laquelle ils ont accès dans le sol. De surcroît, les sols légers recherchés pour les vergers (voir la fiche 33) ont une capacité de rétention d’eau limitée.

Compte tenu de ces contraintes, la mise en place d’un système d’irrigation permet un meilleur développement des jeunes arbres et un meilleur calibre des fruits. Les systèmes d’irrigation positionnés au sol utilisent l’eau de façon plus efficace que les systèmes par aspersion et sont donc ceux recommandés en PFI dans les nouvelles parcelles de pommiers nains ou semi-nains. Ces systèmes assureront une croissance régulière des arbres et des fruits durant toute la saison, indépendamment des épisodes de sécheresse.

irrigation

 

Appareils de mesure et détermination des besoins en eau

Les besoins réels en eau d’irrigation peuvent être déterminés par deux méthodes différentes, qui doivent idéalement être utilisées toutes les deux :

  • le maintien d’un taux d’humidité minimal dans le sol, mesuré à l’aide de différents types d’appareils, tels les tensiomètres et autres sondes électriques;
  • le calcul du bilan hydrique, qui comptabilise les précipitations et l’évapotranspiration.

tensiomètre

Tensiomètre

 

Prévention de contamination de la source d’eau

Les systèmes d’irrigation peuvent être utilisés pour acheminer des engrais dans la zone racinaire. Dans ce cas, il faudra que le système d’irrigation soit doté d’un dispositif anti-refoulement pour prévenir la contamination de la source d’eau par les engrais (voir le règlement sur les exploitations agricoles dans la fiche 16).

Le chapitre « L’irrigation » du guide L’implantation d’un verger de pommiers présente des informations complètes sur l’irrigation, la conception et la mise en place des systèmes de même que sur leur conduite.

 

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Fiche 37

Paul Émile Yelle

 

La production de pommes de qualité est incontournable pour assurer la rentabilité de son verger. Les pommes de belle apparence, au bon goût et avec une bonne fermeté attirent le consommateur et par le fait même les acheteurs. Non seulement un meilleur prix est assigné aux pommes de qualité, mais cela est devenu une nécessité pour être en mesure de les vendre. Même les cueilleurs sont plus faciles à trouver si les pommes ont atteint un bon calibre. Plusieurs facteurs entrent en jeu pour réussir à produire des pommes de qualité, incluant la formation et l’entretien des pommiers, une charge de fruits adéquate, sans parler de la prévention des dégâts causés par les maladies et les ravageurs. Toutefois il faut commencer par la base, soit le sol et comment, en appliquant une fertilisation adéquate, tout l’arbre en bénéficiera.

Les analyses de sol en surface (0-20 cm) et en profondeur (20-40 cm) des parcelles du verger sont des outils indispensables pour bien orienter les pratiques de fertilisation. Les analyses foliaires et les observations en verger permettent de valider et d’ajuster ces pratiques en plus d’orienter la fertilisation foliaire.

La fertilisation du verger n’est pas une simple pratique répétitive applicable annuellement ou aux deux ans pour s’assurer que tout se développe correctement. Son utilisation doit être justifiée et déterminée par différents repères et son but est d’assurer un apport adéquat au pommier pour un bon développement des jeunes arbres, le maintien de leur santé ainsi que des récoltes optimales en termes de quantité et de qualité.

Certains aspects reliés au sol ont déjà été discutés dans la fiche 35 et ont une influence directe sur la fertilisation. Par exemple, la texture du sol et son contenu en matière organique. Les aspects reliés directement à la nutrition minérale du pommier sont abordés dans cette fiche. D’abord les rôles que sont appelés à jouer les principaux éléments dans la croissance des arbres et la production des fruits sont détaillés.

 

Azote (N)

L’azote est une composante essentielle des enzymes et des protéines, les blocs de constructions reliés à la croissance. Cet élément, comme le magnésium, se retrouve au centre même de la chlorophylle. En termes pratiques, l’azote favorise le développement du feuillage et du bois. Notamment, il est essentiel au bon développement des jeunes arbres, et à leur atteinte rapide du gabarit souhaité. Le tout pour obtenir de bons rendements de façon précoce et rentabiliser les parcelles.

Un manque d’azote peut mener à un feuillage vert pâle, particulièrement dans le cas des feuilles plus vieilles, puisque l’azote est mobile et se déplace vers les points de croissance. Une croissance annuelle limitée est aussi observable lorsqu’il y a carence en azote. Les fruits demeurent petits et sont plus colorés. À l’opposé, un excès peut mener à un feuillage très dense et foncé ainsi que de gros fruits peu colorés qui se conservent mal. De surcroît, des apports excessifs favorisent trop la croissance végétative au détriment de la production de fruits.

Les apports d’azote doivent être effectués tôt en saison pour favoriser la croissance en mai et juin. Les apports trop tardifs encouragent une croissance tardive, nuisant à un bon aoûtement. Le moment exact de l’application sera déterminé en fonction de la source d’azote employée, puisque les différentes formes utilisées requièrent des transformations chimiques et microbiennes dans le sol afin d’être assimilables plus ou moins rapidement par les racines :

  • L’urée (46-0-0) est plus lente à agir et peu recommandée pour utilisation au sol en pomiculture, sauf à l’automne pour la réduction de l’inoculum de tavelure (voir la fiche 101). Elle est toutefois bien assimilée au niveau foliaire et son usage en pulvérisation nutritive est recommandé en début de saison pour stimuler une vigueur hâtive et une meilleure nouaison.
  • La forme ammoniacale nécessite moins de transformations, mais doit être appliquée tôt en saison (au débourrement ou peu avant) pour être assimilée au bon moment par les racines. Cette forme se retrouve dans le phosphate mono-ammoniacal (11-52-0) et bi-ammoniacal (18-46-0) ou le nitrate d’ammonium calcique (27-0-0). Ce dernier est une source qui comporte aussi du nitrate, une forme d’azote directement assimilable par les racines et, par conséquent, devrait être appliqué plus tardivement (vers le stade du bouton rose).
  • Les engrais qui ne contiennent que du nitrate, comme le nitrate de calcium (15,5-0-0) peuvent être appliqués jusqu’au stade calice.

Le dosage de l’azote mérite une attention particulière. En plus des résultats d’analyse foliaire et du pourcentage de matière organique indiqué par l’analyse de sol, d’autres critères doivent être considérés, incluant le cultivar, l’état général de l’arbre, son âge, la pousse annuelle, la productivité, la grosseur et la coloration du fruit et sa conservation.

 

Phosphore (P)

Le phosphore est essentiel au fonctionnement du pommier par son rôle dans le transport des hydrates de carbone (énergie) produits par la photosynthèse. Il est associé au bon développement racinaire, à la formation des pépins, à la fructification et à la coloration des fruits. La quantité de phosphore prélevée directement par le pommier est faible comparativement au potassium et à l’azote (voir le tableau à la fin de cette fiche). Cet élément est peu mobile dans le sol. Une fois les pommiers implantés, les applications en surface sont peu efficaces car elles pénètrent lentement dans le sol et ne rejoignent que partiellement les racines situées dans les premiers centimètres du sol.

De plus, une fertilisation abusive en phosphore présente des risques environnementaux, notamment une croissance excessive d’algues et l’eutrophisation des plans d’eau. C’est pourquoi le phosphore est visé au premier plan dans la réglementation agroenvironnementale. Comme cet élément est peu mobile dans le sol, la pollution des eaux peut être engendrée par l’érosion de sol fertile ou le ruissellement à la suite de pluies importantes. Le couvert végétal et le fait que la pomme ne soit pas une culture sarclée réduisent ces risques pour cette production. Toutefois, certaines situations de déséquilibre anionique peuvent rendre le phosphore lessivable dans le sol et c’est pourquoi il faut tenir compte de l’indice de saturation en phosphore (ISP), qui est exprimé par un rapport entre le phosphore et l’aluminium ainsi que des valeurs critiques en fonction des textures de sol. Pour plus d’informations, se référer à la page 177 du Guide de référence en fertilisation.

Il est aussi important de noter que des taux élevés d’application de phosphate peuvent augmenter les carences en zinc et en cuivre.

Il faut donc incorporer le phosphore au sol, là où se développera la zone racinaire et ce avant la plantation. L’incorporation de taux appropriés de phosphate, représentant parfois un apport important, durant la préparation du sol en pré-plantation devrait donc fournir le phosphore suffisant pour la durée de vie du verger, si le pH du sol est maintenu entre 6,0 à 6,5 dans toute la zone racinaire. Le chaulage des sols acides pourra donc être recommandé pour améliorer la disponibilité du phosphore. Pour de plus amples informations à ce sujet, se référer à la fiche 39.

Des mycorhizes ajoutées avant ou au moment de la plantation peuvent aussi favoriser une meilleure absorption du phosphore par les racines. Pour plus d’informations à ce sujet, se référer à la section « Les mycorhizes » au chapitre « La préparation du terrain » du guide L’implantation d’un verger de pommiers.

mycorhizes

L’apport de phosphate pour l’entretien des parcelles déjà en place se limite quant à lui aux cas où les analyses du sol ou de feuillage révèlent des niveaux trop faibles. Pour maximiser une absorption racinaire éventuelle, les applications se font en bandes vis-à-vis la limite extérieure de la ramure, là où se retrouve la zone plus importante de jeunes racines.

Pour terminer, les applications foliaires de cet élément ne sont pas recommandées. Même sous ses formes les plus sophistiquées, il n’y a pas de résultats de recherches scientifiques qui démontrent une absorption foliaire appréciable de cet élément.

 

Potassium (K)

Le potassium est un constituant important des cellules végétales et est impliqué dans la synthèse des enzymes et le métabolisme des hydrates de carbone. Par son importance pour l’ouverture des stomates, il influence l’assimilation de l’eau par les racines et joue un rôle dans la respiration et la photosynthèse. Le potassium, comme l’azote, aide les fruits à atteindre un bon calibre. En plus, il contribue à l’atteinte d’une belle coloration des fruits.

carence en potassium

La carence en potassium s’observe d’abord sur les vieilles feuilles. Elle se caractérise par une nécrose marginale de la feuille et soit un jaunissement ou un brunissement de son pourtour. Une ligne pourpre démarque la limite entre les tissus morts et les tissus verts et normaux du reste de la feuille. Les arbres qui sont faibles ou déficients en potassium sont plus vulnérables aux dommages par le froid hivernal, et leurs bourgeons et fleurs sont plus sensibles aux gels printaniers.

Même s’il ne s’agit pas d’un élément fortement impliqué dans les cycles physiologiques du pommier, des quantités importantes de potassium sont prélevées par les pommes à la récolte. Une bonne récolte de 40 t/ha représente une exportation de 60 kg/ha de K2O (voir le tableau à la fin de cette fiche). Pour remédier à ce problème, il faut faire des applications d’entretien de façon régulière. De cette façon, les exportations sont compensées et le niveau de potassium dans le sol est maintenu à un niveau adéquat. Malgré le fait que le potassium soit plus mobile dans le sol que le phosphore, il est quand même souhaitable de l’appliquer en bandes vis-à-vis la zone de concentration racinaire. Les apports importants de potassium doivent habituellement s’accompagner d’une certaine quantité de magnésium pour ne pas créer un déséquilibre entre ces deux éléments (consultez le paragraphe suivant pour la recommandation). Le potassium est très peu absorbé par le feuillage et n’est pas appliqué en pulvérisation, même pour corriger des carences.

 

Magnésium (Mg)

Le magnésium est un constituant clé de la chlorophylle qui capte l’énergie solaire et donne la coloration verte des feuilles saines. Il est aussi impliqué dans l’activité enzymatique. La carence en magnésium entraîne une chlorose interveinale caractérisée par la perte de chlorophylle, le brunissement et la désagrégation des tissus entre les nervures. C’est une des carences le plus communément observées en verger. Les symptômes commencent à apparaître généralement à la fin de juillet ou au début d’août. Comme cet élément est mobile dans la plante, ce sont les premières feuilles de la pousse de l’année qui sont d’abord affectées. Celles-ci se dégarnissent plus ou moins selon l’intensité de la carence. Dans les cas graves, les fruits restent petits et tombent prématurément.

carence en magnésium

Les corrections possibles sont variées et se font à la lumière des résultats d’analyses ou des symptômes observés :

  • Lors de la préparation des sols : un sol à pH acide sera amendé en magnésium par l’incorporation de chaux dolomitique (au moins 20 % de carbonate de magnésium) ou magnésienne (au moins 5 % de carbonate de magnésium) dans le sol.
  • En fertilisation d’entretien : utiliser un sulfate double (magnésium et potassium), aussi connu sous le nom de Sulpomag, lorsqu’il y a des apports de potassium à faire. En effet, à chaque application de 100 kg de potasse (K2O) avec ce produit, 50 kg de magnésium sont ajoutés.

Le magnésium, contrairement au phosphore et au potassium, est bien absorbé par le feuillage et les pulvérisations nutritives sont une pratique d’entretien régulier recommandée. C’est aussi la façon idéale de corriger rapidement les carences.

 

Calcium (Ca)

Le calcium est essentiel à la division cellulaire. C’est aussi un constituant important des parois cellulaires sous forme de pectate de calcium, contribuant au maintien de la structure des tissus végétaux et aidant à prévenir leur affaissement en entreposage. Étant peu mobile dans la plante, cet élément tend à manquer dans les tissus les plus jeunes.

absorption du calcium

Absorption du calcium par les racines du pommier.

Le calcium est assimilable sous la forme de Ca++ dans la plante. Son seul point d’entrée est l’extrémité des racines et il se déplace dans la plante grâce au phénomène de la transpiration semblable à une pompe à eau. Les pousses vigoureuses, tirant plus d’eau que les pommes, sont donc en forte compétition avec celles-ci. Si les niveaux de calcium dans la pomme sont trop faibles, il y aura carence liée à l’apparition de symptômes de point amer ou de brunissement de sénescence pouvant s’aggraver en entrepôt.

point amer

Point amer sur Honeycrisp. Voir aussi la photo de la « tache amère » à la fiche 119.

À des niveaux évitant la carence, mais inférieurs à l’idéal, une moins bonne aptitude à l’entreposage peut être observée. Il faut noter toutefois que les résultats de recherches à l’égard du gain de fermeté des fruits apportés par le calcium ne sont pas toujours concluants.

Les corrections de base sont faites au sol afin de s’assurer d’avoir un niveau adéquat. Le chaulage lors de la correction des sols trop acides est la principale méthode utilisée pour atteindre ce but, compte tenu des apports importants de calcium par la chaux. De plus, tel qu’illustré dans la figure ci-haut, les racines du pommier absorbent par le même mécanisme le calcium et d’autres éléments chargés positivement tels le potassium (K) et le magnésium (Mg). Ces éléments peuvent entrer en compétition avec l’absorption du calcium et il faut donc éviter les excès de fertilisation en K et en Mg si les niveaux de ces derniers sont déjà adéquats.

Néanmoins en pratique ce sont les applications foliaires qui permettent de prévenir les carences auxquelles certains cultivars (Honeycrisp, Cortland, Belmac, Primevère) sont particulièrement sensibles. Pour plus d’informations sur les formes de calcium foliaires et leur impact en phytoprotection, consultez le bulletin suivant.

Oligo-éléments

Bore (B). Le bore tient un rôle important dans la physiologie du pommier où il participe à plusieurs processus, dont la multiplication cellulaire, de même que la translocation des sucres et du calcium. Les symptômes de carence au niveau du fruit peuvent inclure les gerçures sur jeunes fruits, le cœur liégeux et le brunissement interne. Sur les pousses, un dépérissement du point de croissance (bourgeon terminal) peut être observé. Le bore est un élément peu mobile dans la plante.

carence en bore

Les corrections au sol sont essentielles, principalement en pré-plantation et particulièrement si le pH est élevé. Toutefois, l’application d’apports foliaires doit compléter cette correction, car même si le sol est bien pourvu en bore, cet élément est mal assimilé lors de conditions sèches, surtout dans les sols légers.

Zinc (Zn). Le zinc est principalement impliqué dans l’activation des enzymes. De plus, il contribue à la résistance des pommiers au froid. Peu mobile dans la plante, il tend à demeurer dans les tissus plus âgés. Les symptômes de carence sont une chlorose interveinale (jaunissement) des jeunes feuilles et des feuilles plus petites, de même qu’une croissance réduite et atrophiée en forme de rosettes. La disponibilité du zinc est affectée négativement par des pH trop alcalins ou par des niveaux de phosphore trop élevés.

Il est rare que le zinc soit incorporé à la formule d’engrais et des applications préventives ou correctives sont principalement appliquées au feuillage. L’analyse foliaire permet d’ajuster le nombre de traitements foliaires sans avoir à attendre la manifestation de carences.

Fer (Fe), cuivre (Cu), manganèse (Mn). Les autres éléments mineurs, tels le fer, le cuivre et le manganèse, sont rarement problématiques et doivent être corrigés par des applications foliaires au besoin seulement.

Besoins nets annuels des pommiers en azote, en phosphate, en potasse, en oxyde de calcium et en magnésie.

Prélèvement (kg/ha) : N P2O5 K2O CaO MgO
Transport dans les fruits (40 t/ha) 20,0 13,0 60,0 5,0 3,0
Immobilisation dans la charpente 15,5 8,5 15,0 52,0 3,5
Retour au sol dans le bois de taille 10,0 4,4 4,0 32,0 2,5
Retour au sol dans les feuilles 43,0 6,5 54,5 98,0 27,0
Prélèvements totaux annuels 88,5 32,4 133,5 187,0 36,0
Besoins réels annuels (fruits et charpente) 35,5 21,5 75,0 57,0 6,5
Besoins/tonne de fruits (kg/t) 0,89 0,53 1,86 1,42 0,16

Repris de L’implantation d’un verger de pommiers, p.11.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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Fiche 38

Paul Émile Yelle

 

Analyses de sol

Pour l’implantation de parcelles, sur de nouveaux sites ou en replantation, il faut échantillonner deux ans à l’avance pour permettre de fractionner les apports de chaux et d’engrais s’ils doivent être particulièrement importants.

  • Prélever d’abord un échantillon du sol en surface (0-20 cm), en excluant les deux premiers centimètres s’il y a un couvert végétal au moment de l’échantillonnage. Il faut notamment s’assurer de ne pas avoir de matière végétale telle que des radicelles dans l’échantillon, afin de ne pas donner un aperçu exagéré du pourcentage de matière organique.
  • Prélever aussi un échantillon en profondeur (20-40 cm) et enfin, s’assurer d’avoir assez de sol pour permettre une analyse granulométrique qui sera plus précise que les seules indications des cartes pédologiques. L’analyse du sous-sol permet d’apprécier les réserves en profondeur et la tendance naturelle du sol à être plus ou moins acide, et cela, sans les influences subies en surface par les pratiques culturales (s’il y a lieu) ou de fertilisation.

Pour la fertilisation d’entretien de parcelles déjà en place, l’analyse de surface aux quatre ou cinq ans peut suffire.

La procédure d’échantillonnage générale est décrite de façon détaillée dans le Guide de référence en fertilisation. 2e édition aux pages 39 à 45, disponible auprès du CRAAQ. Voici quelques informations additionnelles pertinentes à l’échantillonnage des sols de vergers.

Période de prélèvement et nombre d’échantillons

L’échantillonnage peut se faire en tout temps. Toutefois, il est préférable de l’effectuer à l’automne ou à la fin de l’été, puisqu’il permet l’apport de chaux à l’automne et d’engrais tôt au printemps suivant. L’application de chaux et d’engrais minéraux ne doivent pas coïncider pour éviter de fixer le phosphore, ce qui le rend non disponible pour les plantes.

La méthode de prélèvement d’un échantillon de sol doit tenir compte des différentes textures du sol sur l’ensemble de la superficie du verger. Un échantillon de sol peut être valable pour une superficie de 4 ha, en autant que le sol soit homogène au niveau de sa texture (sable, loam, argile), de son égouttement et de sa gestion (fertilisation, cultures précédentes, etc.) Il s’agit donc de diviser le verger en une ou plusieurs parcelles en respectant les critères d’homogénéité. Un échantillon sera prélevé dans chacune des parcelles. Il est important de conserver les mêmes plans de parcelles pour les échantillonnages du sol que pour l’échantillonnage foliaire des pommiers en juillet-août.

Identification des pommiers des parcelles

Pour chacune des parcelles, une description des pommiers est souhaitable pour que le conseiller puisse bien interpréter l’analyse de sol et faire la recommandation de fertilisation. Cette description peut comporter les éléments suivants :

  • La superficie des parcelles et la texture du sol rattachée à leur échantillon.
  • La nature des porte-greffes, des cultivars de même que l’âge moyen des pommiers.
  • La vigueur des arbres indiquée par la longueur des pousses annuelles.
  • La qualité des fruits : calibre, coloration et fermeté.
  • L’existence ou non d’un système d’irrigation et les applications antérieures de fertilisant.
  • Le rendement obtenu et le degré de sévérité de la taille printanière.

Si vous ne connaissez pas bien la texture de votre sol, les laboratoires peuvent faire une analyse de granulométrie (texture). Il ne vous en coûtera que quelques dollars et cette information vous sera toujours utile.

Prélèvement des échantillons du sol

La majorité des racines nourricières des pommiers sont situées dans les premiers 30 cm du sol. L’analyse du sol de surface se trouve la plus importante pour établir la formule et les doses d’application des engrais minéraux pour la fertilisation des pommiers. L’analyse du sous-sol s’avère toutefois complémentaire.

Dans l’aire de verger prévue pour chaque échantillon, effectuer environ dix prélèvements de sol en zigzag, dans la parcelle de terrain. Dans le cas d’un verger déjà établi, faire les prélèvements sur la bande désherbée du rang si l’application d’engrais est localisée sur la bande ou sur toute la surface si l’application se fait à la volée.

Pour effectuer chaque prélèvement, utiliser de préférence une pelle étroite et creuser un trou de 20 cm de profond. Une tranche de sol sur la hauteur, en bordure de ce trou, d’une épaisseur de 1,5 cm environ, dont on ne garde que 3 cm de largeur de la tranche de sol constitue le prélèvement ponctuel de sol de surface. Prélever toujours le même volume de sol à chaque endroit. Ne pas inclure le gazon ni le chaume dans votre prélèvement. Bien mélanger ensemble les différents prélèvements dans une chaudière en enlevant les cailloux s’il y a lieu, pour chacune des parcelles. Environ 500 g de ce mélange de sol constitue votre échantillon pour une parcelle homogène. Placer par la suite ce sol dans un contenant d’échantillonnage bien identifié. Les laboratoires d’analyses peuvent vous fournir des contenants d’échantillonnage conçus à cet effet.

Pour l’échantillonnage de sol plus en profondeur (sous-sol) procéder de la même manière que pour le sol de surface mais en prélevant du sol entre 20 et 40 cm en utilisant les mêmes trous de prélèvement de sol.

Identification des échantillons

En se servant du plan du verger, il est très important de bien numéroter les différents échantillons prélevés. La localisation des échantillons sera nécessaire pour établir le programme de fertilisation. En plus, un numéro d’échantillon doit apparaître clairement sur chacun des contenants d’échantillonnage ainsi que le nom et l’adresse de l’entreprise. Bien établir s’il y a lieu, par la lettre A ou B si l’échantillon provient du sol de surface ou du sous-sol. Acheminer les échantillons à un laboratoire reconnu.

Les résultats d’analyses permettent d’obtenir des recommandations, normalement fournies par des conseillers. Il est toutefois possible de consulter des recommandations générales pour les pommiers dans le Guide de référence en fertilisation. 2e édition aux pages 432 à 436 pour l’implantation et en page 438 pour l’entretien. Ce guide comporte aussi des informations détaillées, précises et précieuses sur plusieurs sujets afférents, telles les caractéristiques chimiques et physiques des différents types de sol (texture, structure, matière organique, CEC) et le maintien de leur santé (pages 1 à 54).

 

Analyses foliaires

Les analyses foliaires servent à mesurer l’effet de la fertilisation appliquée (sol ou foliaire) et à anticiper et prévenir les carences. Les échantillons doivent être prélevés à la fin de la période de croissance (en juillet) lorsque le bourgeon terminal commence à se former. Un échantillon comporte de 75 à 100 feuilles prélevées dans un même bloc d’un même cultivar, pas plus de deux par arbre et il faut les prélever au centre de la pousse annuelle de prolongation sur le pourtour et à la mi-hauteur de l’arbre. L’échantillon doit être mis dans un sac de papier de manière à pouvoir sécher. Un prélèvement trop hâtif donnera des niveaux d’azote plus élevés que la normale alors que trop tardivement, les résultats en calcium seront plus élevés.

De la même façon que les analyses de sol donnent un aperçu de potentiel et des éléments manquants au départ, les analyses foliaires donnent un portrait de ce qui s’est effectivement rendu dans le pommier.

Grille d’interprétation des analyses foliaires

Élément ou rapport Écart de valeurs recherché
Azote jeunes arbres 2,5 % 3,0 %
Azote jeunes arbres en production 2,2 % 2,4 %
Azote arbres matures cultivars type McIntosh 1,8 % 2,2 %
Azote arbres matures cultivars type Gala 2,2 % 2,4 %
Potassium jeunes arbres 1,5 % 2,0 %
Potassium arbres matures 1,2 % 1,8 %
Rapport azote/potassium 1,00 1,50
Phosphore jeunes arbres 0,20 % 0,25 %
Phosphore arbres matures 0,18 % 0,22 %
Calcium 0,8 % 1,6 %
Magnésium 0,25 % 0,40 %
Bore 20 ppm 40 ppm
Zinc 35 ppm 50 ppm
Fer 50 ppm 400 ppm
Manganèse 30 ppm 200 ppm
Cuivre 7 ppm 20 ppm

Les résultats sont interprétés en fonction des niveaux de concentration foliaire compris dans l’intervalle cité au tableau ci-haut. Ces niveaux indiquent généralement une alimentation adéquate dans l’arbre. Les corrections sont apportées en fonction des critères déjà discutés, notamment en tenant compte de l’efficacité éventuelle de traitements foliaires, de la correction du pH ou des niveaux de l’élément au sol. Ainsi, pour une correction en phosphore, les traitements foliaires ne sont pas privilégiés et la correction d’un pH trop bas est à considérer avant de procéder à une correction au sol de l’élément lui-même.

Analyses de fruits

De prime abord, les analyses de fruits peuvent sembler une technique appropriée pour vérifier la teneur en éléments, comme le calcium et le bore, qui sont susceptibles d’influencer la qualité et la conservation des fruits. Toutefois, les essais réalisés jusqu’à présent sur des jeunes fruits auxquels il serait encore possible d’apporter des correctifs par des pulvérisations nutritives ne donnent pas de résultats très probants. Les résultats sur des fruits près d’être récoltés sont plus significatifs, mais permettent peu d’interventions sinon une limitation de la période d’entreposage pour les lots déficients en calcium par exemple.

 

Laboratoires

Une liste des laboratoires accrédités pour les analyses agricoles (domaines 1001 à 1050) est publiée sur le site web du ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques

Pour en savoir plus

Warren C. Stiles and W. Shaw Reid. 1991. Orchard Nutrition Management. Cornell Cooperative Extension Information Bulletin 219.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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Fiche 39

Paul Émile Yelle

 

épandage de chaux

Les analyses de sol décrites à la fiche 38 sont notamment essentielles pour en connaître le pH (potentiel d’hydrogène). Le pH mesure l’acidité (valeurs de pH inférieures à 7, les plus faibles étant les plus acides) ou l’alcalinité (valeurs de pH supérieures à 7, les plus élevées étant les plus alcalines) du sol. Le pH réel du sol est souvent appelé « pH eau » dans les rapports d’analyses, alors que le « pH tampon » donne une indication du niveau de difficulté pour corriger l’acidité. Pour le pommier on vise un pH du sol de 6,5. L’excès d’acidité du sol ralentit l’activité microbienne, diminue l’assimilation du phosphore et du potassium et nuit à la croissance des arbres. Il nécessite d’être corrigé en apportant de la chaux. Par contre, l’excès d’alcalinité pouvant être causée par un apport excessif de chaux peut entrainer des carences nutritives, particulièrement en magnésium, en potassium et en oligo-éléments comme le bore, le cuivre, le fer, le manganèse et le zinc.

Un pH du sol inférieur à 6,0 doit être systématiquement corrigé :

  • par un apport de chaux limité à dix tonnes par année pour les incorporations en préparation de nouvelles parcelles;
  • par un apport de chaux limité à trois tonnes par année pour les applications d’entretien, faites en surface et agissant graduellement sur plusieurs années.

Pour de plus amples informations à ce sujet, se référer à la section sur les amendements calcaires et magnésiens du chapitre « Préparation du terrain » du guide L’implantation d’un verger de pommiers.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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Fiche 40

Paul Émile Yelle

 

Fertilisation en implantation

Des explications complètes de la fertilisation en implantation sont disponibles au chapitre « La préparation du terrain » du guide L’implantation d’un verger de pommiers.

 

Calibration des épandeurs

Les meilleures analyses et les meilleures recommandations ne permettent une fertilisation satisfaisante que si ce sont effectivement les doses prévues qui sont appliquées. À cette fin, il faut s’assurer que l’équipement d’épandage est bien entretenu (nettoyage après usage, prévention de la corrosion et vérification des éléments mécaniques), qu’il est ajusté pour obtenir le taux voulu et que le tout est contrôlé par une calibration. Il est donc recommandé de vérifier et de calibrer les épandeurs d’engrais à tous les ans.

Les recommandations en fumure de fond doivent être appliquées soit sur la surface entière, soit sur une bande vis-à-vis les rangs à planter. Pour ces recommandations, la dose doit correspondre à la superficie réelle traitée. Ainsi, pour une application visant 1000 kg/ha, si une largeur de 2 m où sera le rang est traitée et que les rangs sont espacés de 4 m, alors la quantité d’engrais requise pour un hectare de ce verger ne sera que de 500 kg, puisque c’est la moitié de la surface de verger qui est effectivement traitée.

Les recommandations pour les applications en entretien, par contre, sont habituellement formulées par hectare en pommiers et bien qu’une application d’engrais sur une bande la plus étroite possible soit souhaitable pour une pénétration efficace, la dose ne sera pas réduite pour autant.

Pour l’application d’engrais en utilisant un épandeur rotatif muni d’un réservoir à fond triangulaire, tels que fournis par les centres d’engrais, se référer aux pages 269 à 272 du Guide de référence en fertilisation, 2e édition du CRAAQ. C’est une pratique utilisée par exemple en pré-plantation pour l’épandage à la volée sur l’ensemble de la surface (la dose à l’hectare doit alors être effectivement appliquée sur un plein hectare).

Pour les épandages avec l’équipement du verger, il faut s’assurer d’appliquer le taux recommandé en se référant au manuel de l’utilisateur de l’épandeur. Des informations sont aussi disponibles sur les sites Internet de la plupart des manufacturiers quant aux modes d’ajustement et aux réglages pour obtenir les taux d’application recherchés.

Les épandeurs à cônes inversés (type Vicon et plusieurs autres marques) ou à boites à chute (type Gandy et plusieurs autres marques) ont différents types d’ajustements. Le débit peut être réglé par le degré d’ouverture de la porte ou de la trappe, un cadran d’ajustement, des engrenages, etc. Le réglage de la largeur d’épandage peut être fait en ajustant l’angle des déflecteurs, la hauteur d’opération et l’inclinaison, s’il y a lieu (pour application au demi-rang).

Les méthodes décrites ci-après sont seulement des guides; d’autres facteurs influencent le taux d’application, comme le type d’engrais (densité et finesse), la vitesse de la prise de force (PTO) et la vitesse d’avancement.

Première méthode : calibration par calcul et mesure
  1. Déterminer la distance D en mètres à parcourir pour traiter un hectare en fonction du mode d’épandage :
    d = 10 000 ÷ espacement entre les rangs en mètres
    D = d si le traitement est fait sur un rang complet ou deux demi-rangs (de part et d’autre) par passage
    D = d ÷ 2 si le traitement est fait sur deux rangs complets par passage
    D = 2d si le traitement est fait sur un demi-rang par passage (application de la moitié de la dose sur chaque côté de la rangée)
  2. Vérifier précisément la vitesse d’avancement V en mètres par heure. L’indicateur de vitesse du tracteur est bien sûr une référence (en multipliant les km/h par 1000), mais il faut le vérifier, en chronométrant le temps nécessaire, en mouvement au régime d’opération, pour parcourir une distance mesurée en mètres.calcul de la vitesse d'avancement (formule)
  3. Recueillir et peser en kg la quantité d’engrais Q débité durant une minute en opérant de façon stationnaire au régime qui sera employé lors de l’épandage.
  4. Calculer le taux d’application en kg/ha :calcul du taux d'application (formule)

Exemple : Un traitement se fait sur deux rangs complets par passage. Les rangs sont espacés de 4 m, le temps pour parcourir 50 m est de 30 secondes et la quantité d’engrais recueillie en une minute est de 20 kg. Dans ce cas :

  1. d= 10 000 m2/ha ÷ 4 m = 2500 m/ha
  2. D = d ÷ 2 = 1250 m/ha
  3. V = 50 m × 3600 s/h ÷ 30 s = 6000 m/hcalcul du taux d'application (exemple)
Deuxième méthode : calibration empirique

Cette calibration est utilisée par exemple pour les épandeurs à entraînement par roue pour lesquels il n’est pas possible de procéder à une calibration de façon stationnaire :

  1. Marquer la hauteur de départ de l’engrais dans la boite lors de l’application avec l’épandeur, en s’assurant que la surface d’engrais est à niveau.
  2. Parcourir une distance de référence fixe Dr en mètres.
  3. Peser en kg la quantité d’engrais Q nécessaire pour remettre au niveau initial.
  4. Le taux d’application égale alors :calcul du taux d'application (formule)

Exemple : Le traitement se fait sur deux demi-rangs complets par passage. Les rangs sont espacés de 4 m, la distance de référence parcourue est de deux rangs de 250 m de long et la quantité d’engrais Q pour remettre l’épandeur à niveau est de 100 kg. Dans ce cas :

  1. D = d = 10 000 m2/ha ÷ 4 m = 2500 m/ha
  2. Dr = 2 × 250 m = 500 m
  3. Taux = 100 kg × 2500 m/ha ÷ 500 m = 500 kg/ha

L’ultime vérification est de contrôler au fur et à mesure la quantité réelle utilisée sur une surface connue.

 

Plan agroenvironnemental de fertilisation

Le Plan AgroEnvironnemental de Fertilisation (PAEF) est une exigence réglementaire dans les cas où les superficies cultivées en pommes et autres productions horticoles excèdent cinq hectares. Pour de plus amples informations, se référer au texte sur le Règlement sur les exploitations agricoles (REA) à la fiche 16 du présent guide. Par contre, dans le cadre de la production fruitière intégrée, il faut détenir un tel plan même dans les cas où la superficie est moindre et que le règlement ne s’applique pas. En effet l’application raisonnée des engrais dans une perspective d’ensemble telle que caractérisée par le PAEF permet de minimiser les risques environnementaux reliés à l’application d’engrais. Notamment, il faut s’assurer de respecter un bilan entre les apports et les exportations par les récoltes ou les fixations dans le bois de l’arbre. En plus, il faut considérer le risque potentiel de lessivage du phosphore (se référer à l’indice de saturation en phosphore (ISP) mentionné à la fiche 37). En somme, fertiliser en fonction d’un PAEF est garant de respect de l’environnement.

 

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Fiche 41

Paul Émile Yelle

 

Les techniques suivantes peuvent favoriser le développement optimal du pommier ainsi que sa mise à fruit : le tuteurage, le positionnement des branches, une taille d’hiver minimale, la taille d’été et l’enlèvement des fruits l’année de la plantation.

 

Tuteurage

Le tuteurage facilite une croissance verticale de l’axe principal, en réduisant le stress dû à l’exposition au vent. L’arbre atteint ainsi plus rapidement la hauteur nécessaire pour optimiser les rendements. Le tuteurage favorise l’équilibre entre la mise à fruit et la croissance végétative en maintenant plus facilement une hiérarchie structurale et hormonale dans l’arbre. Enfin, le tuteurage fournit un support physique indispensable aux pommiers nains et semi-nains, qui ne pourraient soutenir le poids d’une pleine récolte. Pour de plus amples informations, se référer à la section « Le tuteurage » dans le guide L’implantation d’un verger de pommiers.

 

Positionnement des branches

Des branches dont l’angle avec l’axe principal est trop fermé (plutôt à la verticale) tendent à pousser vigoureusement, impliquant plusieurs conséquences négatives. De telles branches ont tendance à supplanter l’axe principal et à empêcher l’arbre d’atteindre la hauteur souhaitée pour des rendements optimaux. Elles sont aussi moins fructifères et présentent un plus grand risque de cassure. De plus, ces rameaux vigoureux causent des étranglements sur le tronc à cause de leur grosseur excessive et ils limitent le développement de ramifications plus intéressantes.

Le positionnement consiste donc à attacher ou à écarter ces branches dont l’angle est inadéquat et de les ramener plus à l’horizontale. En effet, ce positionnement favorise la précocité de la mise à fruit, composante essentielle de la rentabilité des jeunes parcelles. Différents matériaux peuvent être utilisés à cette fin. Certains matériaux d’usage commun (élastiques, cordes, broches rigides, bâtons, poids) peuvent suffire. Par contre, des produits spécialisés sont aussi disponibles auprès des fournisseurs. Certains ont l’avantage de se dégrader d’eux-mêmes avec le temps, éliminant l’étape de repasser pour les enlever afin d’empêcher leur incrustation dans l’écorce et possiblement un étranglement de la branche.

Cependant, l’arcure, soit la pratique consistant à attacher les branches alors qu’elles sont encore jeunes est nettement préférable à une tentative de correction en forçant un écartement de branches devenues plus grosses. Il est possible ainsi de prévenir plus tôt les conséquences négatives déjà mentionnées, en plus d’économiser de la main d’œuvre et de diminuer les risques de bris.

positionnement des branches: arcure

Quelles branches faut-il positionner? Il est possible d’y aller de façon systématique en attachant toutes les jeunes branches qui ont poussé l’année de la plantation. C’est un procédé inutilement laborieux. Les branches beaucoup plus grosses que les autres et avec le pire angle doivent être enlevées tout simplement et celles qui sont près de l’angle visé ne doivent pas être touchées.

Quel angle viser? De manière générale il suffit de ramener les branches un peu sous l’horizontale, avec un angle d’environ 110°, en courbant le bout davantage au besoin. Cependant, des ajustements sont nécessaires selon le type d’arbre des différents cultivars. Certaines variétés au port plus retombant (par exemple, la « Cortland ») ont moins besoin de positionnement, alors que la pomme « Empire », au port plus dressé, présentera normalement plus de branches problématiques. Les arbres tronqués, produits en pépinière de manière à favoriser le développement de branches bien positionnées et propices à la précocité, nécessitent moins d’interventions.

Quand faire le positionnement? Normalement en juillet, une fois que la période de croissance plus rapide est terminée. Ceci permet d’éviter que la nouvelle croissance au bout des branches positionnées cherche à se dresser vers le haut. En plus, cela laisse suffisamment de temps d’exposition à la lumière de fin d’été pour encourager la formation de bourgeons à fruit.

Une fois en production, le poids des fruits suffit à positionner les branches. Il s’agit donc d’une opération particulièrement opportune sur les arbres plus jeunes encore en développement. Il faut la répéter tout de même les deux ou trois années suivant l’implantation sur la prolongation du tronc.

 

Enlèvement des fruits l’année de la plantation

Une saison de croissance plutôt courte comme celle présente au Québec oblige les pomiculteurs à favoriser au maximum le développement des jeunes arbres l’année de la plantation. Certains porte-greffes ou certains traitements en pépinière peuvent favoriser la présence de fleurs. Le fait de les laisser produire des fruits entraîne une réduction de la croissance. Tel que déjà mentionné, il est essentiel d’amener rapidement les jeunes arbres à la hauteur et au gabarit voulu afin de rentabiliser les nouvelles parcelles. Il est donc nécessaire d’enlever tous les fruits la première année. En plus, tant que l’arbre n’a pas atteint sa hauteur cible, il est souhaitable d’enlever les fruits sur la partie supérieure de la tige principale.

taille d'hiver

Taille d’hiver.

La taille d’hiver, qui est pratiquée de la fin janvier à la fin avril, peut aller à l’encontre du but visé si celui-ci est de réduire l’envergure de l’arbre et qu’une forte taille est pratiquée. La taille provoque alors un regain de vigueur et entame un cercle vicieux, favorable à la végétation plutôt qu’à la production de fruits. En ayant plutôt comme objectif principal la pénétration de la lumière, il sera possible grâce à la taille d’hiver de favoriser une meilleure production d’une plus grande qualité.

Il est possible d’atteindre ce but :

  • En éliminant ou en réduisant les branches plus hautes qui surplombent et ombragent de bonnes branches plus basses dans l’arbre.
  • En coupant au tronc les branches trop dressées et vigoureuses, telles que décrites à la section « Positionnement des branches » plus haut et qui par indécision, ont été laissées en place et ont pris de l’envergure.
  • En enlevant les branches peu productives, qui s’éloignent peu du tronc et qui entravent la pénétration de la lumière vers le centre de l’arbre (effet cheminée).
  • En enlevant les ramifications qui partent vers le bas ou l’intérieur et se retrouvent sous une branche productive.

taille d'hiver (avant)

Avant la taille d’hiver.

Notez toutefois que l’élimination des gourmands qui réduisent la pénétration de la lumière devrait se pratiquer à l’été afin de réduire le potentiel et la vigueur de leur repousse (voir la section « Taille d’été » ci-après).

Pour ce qui est de la distribution de la vigueur sur l’axe, tant que l’arbre est jeune et encore en développement, le maintien d’une bonne vigueur à la tête est prioritaire. Il faut aussi s’assurer de respecter une hiérarchie où les branches plus basses sont plus vigoureuses que celles situées plus haut. La vigueur des branches est déterminée selon leur diamètre et leur angle. De manière générale, il faut se méfier des branches dont le diamètre atteint la moitié du diamètre du tronc à leur point d’attache.

 

Favoriser l’équilibre entre mise à fruit et vigueur

L’équilibre entre la mise à fruit et la vigueur de l’arbre assure que les arbres qui atteignent le gabarit propice à un plein rendement ou presque possèdent une végétation assez vigoureuse pour favoriser le développement des fruits et la formation de bourgeons floraux. En maintenant cet équilibre, ceci se produit sans avoir une vigueur excessive qui favorise la production de bois et de pousses au détriment de la production fruitière. Outre les recommandations décrites à la fiche 43, d’autres pratiques peuvent contribuer à un bon équilibre de l’arbre, telles que la taille, le positionnement, l’extinction et le pliage de l’axe principal.

Taille en été. De fait, une certaine taille peut s’exercer durant presque toute l’année à l’exclusion des mois d’automne et du début janvier. La taille à ces périodes peut accroître le risque de dommages par le froid durant l’hiver au niveau des coupes. La taille dite « d’hiver » peut se poursuivre après le débourrement sur les variétés particulièrement vigoureuses comme « Spartan », car une taille tardive aura un effet stimulant le regain de croissance bien moins fort que si cela est fait plus tôt. Les seules restrictions à ce type de taille sont les dégâts potentiels aux bourgeons, aux fleurs ou aux fruits causés par l’enlèvement de branches coupées. Il faut aussi tenir compte du potentiel réduit pour la cicatrisation des coupes et restreindre le diamètre des branches coupées.

verger

Taille d’été. Ce que l’on entend normalement par la taille d’été se fait surtout en juillet et en août et vise principalement à favoriser une bonne coloration des pommes et à éliminer les pousses résultant d’un excès de vigueur. Ce type de taille ne vise évidemment pas les arbres qui manquent de vigueur. Les principales coupes pratiquées lors de la taille d’été sont :

  • les gourmands
  • les prolongations excédentaires sur les branches fruitières
  • les prolongations dressées au bout des branches fruitières
  • toute nouvelle croissance sur ramifications dressées portant des fruits

taille d'été (avant)

Avant la taille d’été.

taille d'été (avant)

Toutefois il faut éviter d’enlever les nouvelles pousses issues de bouquets floraux portant des fruits, car elles sont la source directe d’énergie pour un bon développement de ces fruits.

NOTE : les traitements avec le régulateur de croissance APOGEE, sans se substituer complètement à la taille d’été, peuvent en réduire le besoin.

Positionnement. Se référer à la section « Positionnement des branches » ci-haut.

Extinction. Cette technique consiste à réduire le nombre de coursonnes pour réduire l’excès potentiel de charge, telle que démontré dans la figure ci-après. À son minimum, elle consiste à éliminer toutes les bourses qui sont à la face inférieure des branches ou des rameaux fruitiers et qui ne peuvent pas produire de fruits de couleur ni de calibre adéquats. Sur les cultivars où les bourses forment annuellement de nouveaux bourgeons il est toutefois possible de pousser plus loin et d’en enlever davantage.

taille des pommiers: extinction

L’extinction; une technique de taille des pommiers – Source : Le pommier – taille et conduite.

Pliage de l’axe principal. Quand tout se déroule bien et que porte-greffe, densité, système de conduite et précocité « collaborent » comme planifié, la tête devrait commencer à manquer de vigueur et à porter des fruits un peu plus haut que le tuteur ou le fil de fer, vers 3,5 m selon les systèmes. Dans ces conditions elle se courbe naturellement et il n’en ressort que des réitérations peu vigoureuses. Sinon, il est possible de la recourber et de l’attacher au tuteur ou au fil de fer supérieur afin de ralentir la croissance végétative et de favoriser la mise à fruit.

 

Désinfection des outils de taille

Faut-il désinfecter les outils afin d’éviter de propager des maladies lors de la taille? Ce n’est généralement pas nécessaire, sauf dans certaines situations. Lisez la réponse détaillée à la fiche 106 sur la lutte au feu bactérien

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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