Fiche 48

Vincent Philion, Yvon Morin, Robert Maheux et Gérald Chouinard

 

NOTE : Les produits homologués au Canada ne le sont pas nécessairement aux États-Unis ou ailleurs dans le monde. Avant d’en faire l’utilisation, il importe donc de vérifier les conséquences possibles si la récolte doit être exportée.

En 2023, un article paru dans l’American Phytopathological Society (APS) par Vincent Philion, Valentin Joubert et Marc Tramanet Arne Stensvand a étudié l’efficacité de fongicides utilisés fréquemment par les pomiculteurs québécois. De cette étude est né un tableau résumant les caractéristiques agronomiques principales des fongicides testés pour lutter contre la tavelure du pommier. 

Caractéristiques agronomiques principales des fongicides testés pour lutter contre la tavelure du pommier

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Les produits commercialisés pour la répression des maladies sont pour la plupart des pesticides de synthèse « classiques » qui s’attaquent directement à l’agent pathogène par différents modes d’action. Pour les bactéries, on parle communément des antibiotiques alors que pour les champignons, ce sont les produits fongicides. Comme la plupart des maladies sont d’origine fongique, une gamme variée de matières fongicides existent et agissent avec différents modes d’action. Outre les pesticides classiques, des pesticides d’origine biologique (vivants) qui sont antagonistes des maladies sont aussi homologués. Finalement, certains produits ne s’attaquent pas aux organismes pathogènes, mais activent plutôt des mécanismes de défense de la plantes (éliciteurs).

Les produits utilisés pour réprimer les maladies peuvent être classés de différentes façons selon les caractéristiques chimiques, leurs propriétés physiques sur la plante, les maladies réprimées, la résistance des agents pathogènes, etc. Dans ce guide, les produits ont été regroupés avec une stratégie mixte qui sépare au mieux les produits efficaces contre les différentes maladies fongiques et le feu bactérien, et ensuite selon leur mode d’action et leur chimie en lien avec les risques de résistance (voir tableaux ci-après). Le texte de description suit le même ordre avec une description générale de chaque groupe et quand c’est nécessaire, une précision pour les produits du groupe. Cette classification a pour but de lier rapidement sur un tableau les maladies visées aux options disponibles, afin de faciliter le choix des produits dans un contexte de résistance de plus en plus fréquente. Cette classification n’est pas parfaite puisque certains produits sont efficaces contre plusieurs maladies et chevauchent certains autres critères de classification.

Les fiches 49, 50, 51 et 52 ont été produites en lien avec ce tableau.

Efficacité potentielle des produits utilisés contre les maladies les plus souvent rencontrées en pomiculture au Québec

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Cette fiche présente également une description sommaire et une liste non exhaustive des fongicides et bactéricides homologués pour les vergers de pommiers au Canada pour l’année 2024. À chaque début de saison, le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) du pommier effectue une mise à jour de cette liste et diffuse les ajouts et retraits par le biais de communiqués. Consultez la fiche 9 pour en savoir plus sur le RAP.

NOTE : Pour une information complète et à jour sur les pesticides, visitez le service en ligne d’information sur les pesticides du gouvernement du Québec (http://www.sagepesticides.qc.ca) et du Canada (http://pr-rp.hc-sc.gc.ca/ls-re/index-fra.php).

ATTENTION : Bien qu’homologués au Canada, les produits mentionnés ne sont pas nécessairement disponibles partout au pays, et ils ne sont pas nécessairement permis aux États-Unis ou ailleurs dans le monde. Avant d’en faire l’utilisation, il importe donc de vérifier les conséquences possibles de leur utilisation si la récolte doit être exportée.

 

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  1. Les groupes chimiques indiqués correspondent à la classification retenue par l’Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire (ARLA) ainsi que par les comités suivants : Fungicide Resistance Action Committee (FRAC), Insecticide Resistance Action Committee (IRAC) et Herbicide Resistance Action Committee (HRAC). Ils sont basés sur les sites ou les principaux modes d’action des différentes matières actives.
  2. Familles chimiques : AMI : amides; ANT : antibiotiques; AP : anilino pyrimidines; BEN : benzimidazoles; CARBO : carboxamides ; DNA : dinitroanilines; EBDC : dithiocarbamates; GUA : guanidines; HC : hydrocarbures; HUI : huiles ; IBS : inhibiteurs de stérols : INO : substances inorganiques; MIC : pesticides microbiens; PHT : phtalimides; PIP : pipérazines; PO : polyoxin; PP : phénylpyrroles; PPH : phosphonates ; PYR : pyridines; PYRA : pyrazoles; QoI : strobirulines ; SDHI : inhibiteurs de la succinate-déshydrogenase; TRO : triazoles.
  3. Types de pesticide : A : acaricide; B : bactéricide, F : fongicide, IN : insecticide.
  4. Bien qu’homologués au Canada, ces produits ne sont pas tous nécessairement disponibles au Québec. * En fin d’homologation
  5. La limite maximale de résidus (LMR) permise sur les pommes récoltées est définie par chaque pays : celle indiquée ici n’est valable qu’au Canada et est fixée par Santé Canada en vertu de la Loi sur les produits antiparasitaires. *En l’absence de LMR spécifiques pour un produit antiparasitaire, on utilise le seuil de 0,1 ppm.
  6.  Délais d’attente avant récolte : S/O : sans objet. 1 : ce produit ne peut être appliqué sur des arbres en production; 2 : Homologué avant le débourrement ou après la récolte seulement.
  7.  Les délais de réentrée présentés proviennent des étiquettes lorsque disponibles ou des recommandations utilisées dans SAgE pesticicides (INSPQ). Ils peuvent varier selon la culture et la tâche à accomplir. 1 Éclaircissage manuel; 2 Irrigation manuelle; 3 Dépendemmant de l’équipement de protection; 4 Taille/ palissage; 5 Récolte à la main
    * Ne pas réentrer au champ avant que les résidus du produit ne soient secs. Délai provisoire établi par l’INSPQ.
    **Délai provisoire établi par l’INSPQ sur la base des caractéristiques toxicologiques du produit.
  8.  Les zones tampons indiquées correspondent aux distances d’éloignement à respecter, telles que spécifiées sur l’étiquette, pour protéger les habitats aquatiques d’eau douce (lacs, rivières, bourbiers, étangs, ruisseaux, marais, réservoirs et autres milieux humides). Elles peuvent varier selon la culture, la profondeur de l’habitat aquatique et le stade de développement de la culture. Si non spécifié sur l’étiquette, les distances minimales de tous plans d’eau ou cours d’eau à respecter en vertu du Code de gestion des pesticides sont : 1 m (aire totale d’écoulement ≤ 2 m2) ou 3 m (aire totale d’écoulement > 2 m2.
  9. Les indices de risques ont été calculés en considérant la dose maximale permise par l’étiquette (une valeur élevée indique un risque élevé) :
    IRE : Indice de risque pour l’environnement calculé par l’indicateur de risque des pesticides du Québec (IRPeQ) accessible à www.irpeqexpress.qc.ca.
    IRS : Indice de risque pour la santé calculé par l’IRPeQ accessible à www.irpeqexpress.qc.ca.
    IRB : Indice de risque pour les insectes bénéfiques du verger calculé à partir d’une base de données maintenue à jour par le Réseau-pommier du Québec.
    Cette base de données intègre des informations provenant d’organisations gouvernementales canadiennes et américaines de R&D en pomiculture, de l’Organisation Internationale de Lutte Biologique ainsi que les observations des membres du Réseau-pommier.
  10. Le nombre maximum d’application par saison peut varier selon le ravageur visé, la densité de plantation ou s’il s’agit d’un mélange.

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

bannière des principaux partenaires de réalisation et commanditaires du Guide de PFI

Fiche 49

Vincent Philion

 

Cette fiche regroupe la plupart des produits dont l’utilité pour la gestion des maladies est centrée sur la répression du feu bactérien. Le cuivre et la bouillie soufrée, qui sont aussi utilisés pour lutter contre le feu bactérien, sont décrits dans la fiche 50.

Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) du pommier effectue une mise à jour régulière de cette liste et diffuse les ajouts et retraits par le biais de communiqués. Consultez la fiche 9 pour en savoir plus sur le RAP.

NOTE : Pour une information complète et à jour sur les pesticides, visitez le service en ligne d’information sur les pesticides du gouvernement du Québec (http://www.sagepesticides.qc.ca) et du Canada (http://pr-rp.hc-sc.gc.ca/ls-re/index-fra.php).

 

Bactéricides

Dans la plupart des pays, l’utilisation des antibiotiques en pomiculture n’est pas permise. Au Canada, deux antibiotiques sont homologués pour lutter contre le feu bactérien. Dans les régions où leur usage est restreint à la période florale les problèmes de résistance sont à peu près inexistants. Comme aucune résistance aux antibiotiques n’a été rapportée au Québec, les deux antibiotiques homologués pourraient être utilisés en rotation pour prévenir la résistance. Cette rotation n’est pas nécessaire si les traitements antibiotiques sont parcimonieux. Le mélange des antibiotiques n’apporte pas de gain particulier et n’est pas suggéré. Consulter la fiche 106.

STREPTOMYCIN 17WP (sulfate de streptomycine) : La streptomycine est l’antibiotique le plus utilisé pour réprimer le feu bactérien. Dans plusieurs états américains, une utilisation abusive (notamment en été) a conduit à une perte d’efficacité complète. L’étiquette canadienne de ce produit ne prévoit pas de dose officielle par hectare. La dose « traditionnelle » de streptomycine (100 ppm d’ingrédients actifs) est de 1,8 kg/ha dans 2800 L/ha sur des pommiers standards. Cette approche n’est pas préconisée dans les vergers commerciaux où les traitements sont réalisés avec un pulvérisateur à jet porté usuel. Un volume d’eau élevé n’est pas nécessaire pour obtenir une bonne couverture. La dose peut être ajustée à la dimension des arbres (ex. : 1 kg/ha) et être appliquée dans un petit volume d’eau. Des tests réalisés à l’IRDA ont démontré que les traitements avec de petites gouttelettes à volume réduit (225 L/ha) étaient plus efficaces que les traitements à volume élevé (450 L/ha) pour une même dose à l’hectare1.

Selon les cultivars, la streptomycine peut être légèrement phytotoxique et provoquer un jaunissement (chlorose) si la concentration dans le réservoir est plus grande que 1 kg dans 250 L d’eau (voir photo). Cette phytotoxicité bénigne n’a pas de conséquences2. La dose appliquée ne devrait jamais être moindre que 600 g/ha. À la dose minimale, l’efficacité peut être insuffisante, notamment quand le risque est élevé ou lors de traitements dans les heures suivants l’infection. La dose de 600 g/ha est en usage dans certains pays (Kunz, Triloff comm. pers.), mais seulement pour des applications avant l’infection. À la dose correctement ajustée, la streptomycine est efficace au moins 24 h en post infection même quand la température extérieure est élevée2,3.

phytotoxicité de streptomycine sur Cortland

Phytotoxicité marginale suite à une application de streptomycine sur le cv Cortland.

Le produit est stable pendant plusieurs années à la température pièce4 s’il est conservé à l’abri de la lumière. Le contenant original (opaque) est adéquat pour la conservation. Le produit peut tolérer une exposition temporaire à une température plus élevée, mais l’efficacité pourrait être réduite.

Les applications en mélange avec un surfactant (Regulaid) sont largement recommandées aux États-Unis, mais ce produit n’est pas disponible au Canada et substituer l’adjuvant peut nuire à l’efficacité. Les applications de streptomycine en mélange avec d’autres pesticides (ex. : fongicides) sont fréquentes aux États-Unis, malgré une étude qui démontre une absorption moindre notamment pour des mélanges avec le Captan, la dodine et le soufre5. Comme les tests sur fleurs détachées réalisés à l’IRDA ont montré une bonne efficacité des mélanges, cette baisse d’absorption potentielle ne semble pas assez importante pour justifier des traitements séparés. En fait, le mélange de Captan et de streptomycine en parcelles de verger s’est avéré plus efficace que la streptomycine appliquée seule (2019). Cependant, la streptomycine demeure incompatible avec les produits très alcalins6 (ex. : bicarbonate, cuivre fixe) et très acides.

KASUMIN 2L (2 % kasugamycin) : La kasumine a été homologuée comme alternative à la streptomycine dans les états où la résistance était présente. En absence de résistance, ce produit n’a pas beaucoup d’intérêt. Le délai avant récolte de 90 jours empêche son utilisation dans les cultivars hâtifs (ex. : Paulared). À dose équivalente, cet antibiotique est aussi efficace que la streptomycine. Cependant, contrairement à l’étiquette américaine, le taux d’application au Canada est limité à 5 L/ha, ce qui correspond à la moitié de la dose de Streptomycine. Dans des tests à l’IRDA, une dose de 10 L/ha de Kasumin (40 $/L, 400 $/ha)) était nécessaire pour obtenir une efficacité similaire à la pleine dose de streptomycine (1,8 kg/ha, 167 $/kg = 300 $/ha). Un plus grand nombre de foyers de feu a été observé dans les parcelles traitées à la dose réduite de Kasumine7. Cependant, dans d’autres tests la Kasumine à 5 L/ha était aussi efficace que la streptomycine au moins 24 h en post infection même quand la température extérieure était élevée3.

 

Lutte biologique et extraits de plantes

Les produits de lutte biologique homologués pour lutter contre les maladies du pommier sont principalement utilisés pour réprimer le feu bactérien, mais certains sont également homologués contre la tavelure. Ils comprennent des bactéries (Pantoea, Pseudomonas, Bacillus), une levure (champignon) antagoniste et des extraits de plantes comme l’ail et la Renouée de Sakhaline. D’autres produits à l’étude (ex. : les virus bactériophages) mais non homologués sont inclus. La plupart des produits homologués portent une mention « d’efficacité moindre », mais le vocabulaire porte à confusion.

Par exemple, l’étiquette française du « Serenade MAXa » précise que c’est un produit « préventif à large spectre pour la suppression de plusieurs maladies des plantes ». Le mot « suppression » est une traduction erronée. En anglais, le mot « suppression » est défini par l’ARLA comme : « consistent control at a level which is not optimal but is still of commercial benefit », autrement dit d’une efficacité restreinte mais tout de même utile. Selon les normes linguistiques de l’ARLA, le terme « répression » aurait dû être utiliséb, mais ce terme ne reflète pas non plus la nuance d’efficacité partielle. En français, on devrait plutôt privilégier « atténuation » ou « réduction » significative de la maladie.

Dans certaines circonstances, ils peuvent néanmoins rivaliser d’efficacité avec leurs homologues classiques et leur utilité en PFI est indiquée. Aucun de ces produits n’est considéré à risque pour le développement de résistance. Ils sont tous admissibles en production biologique.

  1. http://www.agrireseau.qc.ca/legumeschamp/documents/SerenadeMA.pdf
  2. Lignes directrices concernant l’efficacité des produits phytosanitaires, DIR2003-04
Bactéries antagonistes

Au Canada, trois bactéries antagonistes (Bacillus amyloliquefaciensPseudomonas fluorescens et Pantoea agglomerans) ont été homologuées exclusivement pour la lutte contre le feu bactérien (Erwinia amylovora). Une quatrième bactérie (Bacillus subtilis) est homologuée pour réprimer différentes maladies dont le feu bactérien. D’autres bactéries (ex. : Bacillus mycoides) sont en cours d’homologation. Ces bactéries ont différents modes d’action qui incluent l’activation des mécanismes de défense de la plante, la production de composés antibiotiques et la compétition pour occuper la fleur. Ces produits ne sont pas aussi efficaces qu’un simple traitement antibiotique bien ciblé. Il est possible d’augmenter l’efficacité des bactéries antagonistes dans une stratégie combinée avec la streptomycine.

BLIGHTBAN et BLOOMTIME : Pour des raisons commerciales, aucun de ces produits homologués n’est facilement disponible. Sauf exception (voir BLIGHTBAN A506), les produits à base de Pantoea et Pseudomonas doivent être maintenus congelés jusqu’à leur utilisation et ne peuvent être congelés plus d’une année. Ils ne doivent pas être utilisés à proximité de nouvelles plantations de conifères. L’utilisation combinée de Pantoea et Pseudomonas n’est pas recommandée. À l’exception des traitements avec BLIGHTBAN C9-1, aucun traitement de cuivre ne peut précéder ou suivre un traitement avec ces organismes puisque ces bactéries sont sensibles au cuivre. L’eau chlorée des municipalités n’affecte pas la viabilité des bactéries.

BLIGHTBAN A506 (Pseudomonas fluorescens, souche A506) : En plus de son efficacité pour réprimer le feu bactérien, P. fluorescens est un antagoniste des bactéries qui provoque la nucléation de la glace et peut parfois contribuer à diminuer les dommages de gel lorsque les traitements sont débutés avant le bouton rose. La souche A506 peut également réprimer certaines bactéries responsables du roussissement. Ces deux usages sont homologués aux USA. La souche A506 peut tolérer un mois à 4 °C ou une semaine à la température pièce avant l’application.

BLIGHTBAN C9-1 (Nufarm, Pantoea agglomerans, souche C9-1) : Dans les tests, le C9-1 était toujours plus efficace que la souche E325.

BLOOMTIME BIOLOGICAL FD (NAP, Pantoea agglomerans, souche E325) : Incompatible avec les produits à base de cuivre. Dans certains tests américains, le produit n’a aucune efficacité8.

DOUBLE NICKEL LC (Bacillus amyloliquefaciens, souche D747, Certis) : Ce produit contient la bactérie ainsi que des produits de fermentation. Comme le Serenade, Double Nickel (DN) a un spectre d’usage large, mais d’efficacité limitée. En pomiculture, il est seulement homologué pour la lutte contre le feu bactérien. Il n’est pas efficace contre la tavelure. Compatible en mélange avec le cuivre (ex. : Cueva, oxychlorure). Le mélange avec le cuivre atténue la roussissure liée au cuivre9–11. Cependant, dans le cas des infections sur fleurs, l’effet du Double Nickel seul est variable3,8,12 et le mélange avec le cuivre n’augmente pas toujours l’efficacité du cuivre3,10,12. Des traitements réguliers du mélange Double Nickel et de cuivre (ex. : Cueva, 5 L/ha) à partir du stade chute des pétales atténue partiellement la propagation du feu9,13 en protégeant les pousses en croissance. Cependant, cet effet du mélange n’est pas confirmé dans tous les tests. Le consensus des chercheurs impliqués (réunion de 2019 à Traverse, Michigan) est que le produit n’est pas assez efficace pour être recommandé.

STARGUS (Marrone) (Bacillus amyloliquefaciens) : Très peu efficace contre la tavelure (Cornell 2020).

LIFEGARD (Bacillus mycoides, Certis) : Homologation prévue en 2019. Efficacité contre la suie/moucheture et la pourriture amère. L’efficacité contre le feu bactérien est variable. Le produit n’a montré aucune efficacité dans les tests de l’IRDA en 2018.

SERENADE MAX, ASO, ou OPTIMUM (Bacillus subtilis, Bayer) : Tous ces produits contiennent la souche QST 713 de la bactérie Bacillus subtilis, ainsi que ses produits de fermentation (lipopeptides), mais la concentration de la version « optimum » est plus élevée14. En plus de l’efficacité comme antagoniste du feu, Serenade Optimum a une certaine efficacité contre la tavelure14 et le blanc. Par contre, la tavelure n’apparaît pas sur l’étiquette de SERENADE ASO. Serenade n’est pas efficace contre les pourritures de fruit (ex. : pourriture amère), ou la suie-moucheture14. Vu l’efficacité limitée des produits à base de Bacillus, les formulations de SERENADE devraient être utilisées seulement en prévention, sous des pressions de maladie faibles et en rotation avec d’autres produits. Les formulations de SERENADE ne sont pas actuellement considérées utiles en PFI mais peuvent avoir une utilité dans un contexte de production biologique.

Levure antagoniste

La levure noire Aureobasidium pullulans est un champignon ubiquiste, c’est à dire qu’elle est présente partout et dans différents environnements (sol, air, eau). On la retrouve souvent sur la surface de différentes plantes, dont le pommier où elle survit comme épiphyte, sans affecter son hôte. Elle est néanmoins associée à certains problèmes de roussissure des fruits. Certaines souches de cette levure ont été sélectionnées pour leur efficacité contre différentes maladies du pommier, notamment contre le feu bactérien et les pourritures d’entrepôts. Le mode d’action de la levure pour réprimer le feu bactérien est complexe. La levure a peu d’effet sur la multiplication bactérienne. Cependant, une fois appliquée la levure colonise la corolle de la fleur et empêche l’entrée des bactéries dans la plante (infection). La levure acidifie la fleur naturellement à pH = 6, et l’abaisse à 5 ce qui inhibe le mouvement bactérien (chimiotaxie) qui n’est actif que lorsque le pH est entre 5 et 8. Le tampon (acide citrique et tampon phosphate) (pH = 4) en mélange avec la levure aide à abaisser le pH et agit en synergie. L’acide citrique (citrate15) a une efficacité réduite quand il est appliqué seul.

BLOSSOM PROTECT (Aureobasidium pullulans) : Ce produit a été homologué au Canada en 2013 comme alternative à l’utilisation des antibiotiques pendant la floraison pour réprimer le feu bactérien. Ce produit est incompatible en mélange avec la plupart des fongicides usuels16 et les traitements contre la tavelure doivent être faits en tenant compte de cette contrainte.

Contrairement à la mention de l’étiquette du produit, le mélange de Blossom Protect est néanmoins possible16 avec les fongicides suivants : le soufre (ex. : KUMULUS) (mais pas la bouillie soufrée), les AP (ex. : SCALA, VANGARD) et certains SDHI (ex. : LUNA TRANQUILITY et FONTELIS, mais pas APROVIA) et certains IBS moins puissants (ex. : KENJA). Les fongicides « incompatibles » (ex. : Bicarbonate, Captan, cuivre, folpan, fluazinam, etc.) peuvent néanmoins être utilisés un jour avant ou deux jours après un traitement avec BLOSSOM PROTECT sans nuire à l’efficacité. En gros, le tampon inclus avec le Blossom Protect peut « neutraliser » un fongicide appliqué la veille et permettre à la levure de s’installer. Cependant, une fois le Blossom Protect en place il faut laisser au moins 36 h pour permettre à la levure de s’installer avant d’appliquer un fongicide incompatible.

La streptomycine, Apogee, le chlorure de calcium, l’urée et la plupart des adjuvants peuvent être mélangés sans problème au Blossom Protect.

Les applications de Blossom Protect devraient être faites le soir pour éviter les périodes de température très élevées parce que la chaleur ralentie la levure (Kunz, comm. pers.). Comme le feu bactérien est également fortement ralenti par la chaleur (> 28 °C), le temps additionnel requis par la levure pour s’installer n’a pas de conséquence sur son efficacité.

  • Dose : Le texte de l’étiquette est tiré d’un modèle européen de dosimétrie (dose par hauteur de canopée) qui est différent du système américain. La dose suggérée par l’étiquette pour le mélange des deux composants (6 kg/ha de Buffer Protect NT + 1,5 kg/ha de Blossom Protect) est une recette qui peut être modifiée selon la taille des arbres. Pour des arbres de dimension « usuelle » (ex. : 60 % à 75 % de TRV), la dose suggérée par l’étiquette est appropriée. Pour des arbres plus gros (ex. : TRV de 100 %) il faudrait jusqu’à 15,75 kg/ha du tampon et 2,25 kg/ha de la levure. Pour des arbres plus petits, ajustez les quantités en maintenant la proportion entre le tampon et la levure. La nouvelle formulation (Buffer Protect NT, 2021) requière moins de tampon, soit 6 kg/ha. Avec la nouvelle étiquette, la cuve doit toujours contenir 4x plus de tampon que de levure.Une fois la dose fixée, le volume d’eau par hectare n’est pas un facteur déterminant. Contrairement à la mention de l’étiquette, il n’est pas nécessaire d’appliquer 500 ou 1000 L/ha de bouillie. Les applications peuvent être faites « en concentré » dans aussi peu que 180 L/ha (ou même moins) comme tous les traitements à bas volume; dans la mesure où la bouillie est agitée en permanence et que l’équipement le permet.Le tampon doit être ajouté à la cuve avant la levure.

Quand les applications sont limitées à deux par année, cette levure n’engendre habituellement pas de roussissure sur pommes. Des applications additionnelles en fin de floraison peuvent être problématiques17. Les poires à peau lisse sont plus sujettes à des problèmes de roussissure. Comme le mélange de Blossom Protect est acide (tampon), il ne doit pas être utilisé dans les blocs où du cuivre a été traité dans la semaine précédente par risque d’augmenter la phytotoxicité du cuivre. De plus, comme Blossom Protect limite l’utilisation des fongicides durant la période florale, un traitement fongicide efficace contre la roussissure pourrait être requis dans les blocs sensibles où la levure est appliquée. Contrairement aux données publiées sur l’étiquette, le produit peut être conservé à moins de 8 °C (réfrigérateur) et être utilisé jusqu’à 30 mois après fabrication. Le produit peut également être congelé lors de l’achat (congélateur domestique) et il gardera son efficacité pendant plusieurs années, à condition qu’il ne subisse pas de cycle de gel/dégel (S. Kunz, comm. pers.).

Maximum deux traitements sur : Golden, Jonagold, Idared. Sécuritaire jusqu’à quatre traitements sur la plupart des variétés tolérantes à la roussissure, incluant Gala.

Extraits de plantes

On trouve dans la littérature des références à différents extraits de plantes pour lutter contre les maladies du pommier. Certains de ces extraits sont homologués aux USA comme par exemple des extraits d’huiles essentielles (thym, etc.) Aucun de ces produits n’est très efficace et leur coût est la plupart du temps prohibitif. Cependant, il est possible qu’avec un tensioactif approprié, certains deviennent utiles (ex. : Thyme guard + Cohere3 ou Top film18). Ces extraits ne sont pas homologués au Canada. Seulement deux extraits de plantes sont homologués en pomiculture au Canada : l’ail et la renouée de Sakhaline.

BURAN (poudre d’ail) : L’ail a des propriétés qui peuvent s’avérer utiles pour réprimer certaines maladies comme le blanc, la suie-moucheture et la tavelure. Par contre, dans les tests comparatifs rendus publics, l’efficacité du fongicide BURAN était assez faible19,20. L’activité contre le blanc serait favorisée par l’ajout d’un surfactant non ionique (0,1 % v/v). Compte tenu de l’efficacité assez faible et du coût, le BURAN n’est pas actuellement considéré utile en PFI.

Regalia® Maxx (Reynoutria sachalinensis, 20 %) : La renouée de Sakhaline est un éliciteur des mécanismes de défense des plantes (voir cette section). Le Regalia n’a donc pas d’effet direct sur les agents pathogènes. Au Canada, le Regalia est homologué pour la répression partielle du blanc, des pourritures de fruits dues à Alternaria, du complexe suie-moucheture, de la pourriture blanche (Botryosphaeria dothidea) et de la pourriture amère (Colletotrichum). Ce produit n’a pas été testé sous nos conditions et les résultats d’efficacité publiés ailleurs ne permettent pas de conclure que ce produit est utile en PFI.

Vacciplant (Laminarin) : Effet marginal ou nul contre la tavelure et le feu bactérien (IRDA et Cornell 2020).

Virus bactériophages

Les virus de bactéries ne sont pas homologués au Canada mais sont à l’étude. Par exemple, le produit américain Fire Quencher est testé, mais n’est pas fiable en verger8.

 

Éliciteurs des mécanismes de défense et régulateurs de croissance

Certains produits agissent un peu comme des vaccins et activent les mécanismes de défense naturels du pommier. Cette activation n’est pas instantanée et il peut s’écouler jusqu’à deux semaines avant qu’un effet soit mesurable. De plus, leur efficacité qui est toujours partielle dépend de bonnes conditions d’absorption. Utilisés seuls, ces produits sont parfois assez efficaces pour réprimer le feu bactérien ou la tavelure quand la pression de la maladie est assez faible. Lorsqu’utilisés en mélange, ou dans le cadre d’un programme de traitements, ils peuvent augmenter l’efficacité quand la pression des maladies est élevée. Les produits dans cette catégorie comprennent actuellement des dérivés de la chimie des phosphonates (ex. : ALIETTE, PHOSTROL) qui ne sont pas nécessairement homologués pour réprimer les maladies, mais qui sont vendus comme engrais foliaire. Ils comprennent aussi le prohexadione-Ca (APOGEE), utilisé comme régulateur de croissance et pour lutter contre le feu bactérien et réprimer en partie la tavelure en été. D’autres éliciteurs sont homologués sur la pomme aux USA (ex. : ACTIGARD (BION)). Ce dernier présente souvent une bonne efficacité contre le feu bactérien, mais les résultats contre la tavelure sont variables (essais PEPS, France).

Phosphonates

Les phosphonates sont des produits dérivés de l’acide phosphoreux (HPO(OH)2). Ils sont aussi connus sous le nom de phosphites ou alors d’acide phosphonique. Ils sont habituellement vendus sous forme de sels de sodium, potassium et ammonium, mais d’autres formes existent, notamment le phosphonate de calcium, zinc, silicium et cuivre21. Bien qu’ils contiennent du phosphore, ils ne doivent pas être confondus avec les engrais à base de phosphates. Les ions phosphites sont absorbés dans les plantes, mais ne sont pas impliqués directement dans la nutrition. Ils sont néanmoins éventuellement convertis en phosphates par certaines bactéries du sol. Cette forme particulière de phosphore a un effet direct sur certains agents pathogènes, mais également un effet éliciteur sur les mécanismes de défense des plantes. À cause de ces effets variés, ils ont un spectre d’efficacité vaste mais inégal. Leur action dans la pomme comprend une efficacité directe bien documentée sur la pourriture du collet, mais pas contre les spores de la tavelure22. Par contre, les phosphonates ont une efficacité partielle comme éliciteurs contre la tavelure21,22, le feu bactérien et la pourriture du cœur. En été, les phosphonates sont partiellement efficaces contre le complexe suie-moucheture et peuvent contribuer à diminuer la progression du feu bactérien, mais ne sont pas efficaces contre les pourritures estivales.

Les phosphonates les plus efficaces contre la tavelure (cuivre, silice, zinc et calcium)21 ne sont pas en usage commercial contre ces maladies.

Même s’ils sont classés par le FRAC (groupe 33), ces produits présentent un faible risque de résistance. Une fois absorbés par les racines ou les feuilles, ils sont véhiculés partout dans la plante. Ce sont les seuls produits avec à la fois une activité systémique acropétale (qui monte dans la plante) et basipétale (qui descend vers les racines). L’utilisation des phosphonates avec des surfactants (tensioactifs), des engrais foliaires ou des adjuvants qui augmentent l’absorption peut conduire à des réactions phytotoxiques. De même, les phosphonates utilisés de concert avec certains ions métalliques comme les fongicides à base de cuivre peuvent provoquer une trop grande absorption de ces métaux et conduire à une phytotoxicité. En été, les traitements avec des phosphonates peuvent provoquer une chlorose (jaunissement) foliaire. Les applications par temps très chaud (> 32 °C) peut causer des brûlures des fruits. Finalement, lorsque le pH de la bouillie appliquée est faible (pH < 5,5), les traitements en concentrés (< 500 L/ha) peuvent être phytotoxiques23.

Les phosphonates sont très persistants et des résidus peuvent être détectés dans les fruits plusieurs années après la dernière application sur l’arbre24. De plus, certaines formulations contiennent de l’azote qui n’est pas recommandé en été25. Pour ces raisons, leur utilisation en PFI est sujette à controverse. Les phosphonates sont interdits en production biologique26.

ALIETTE WDG (fosétyl-aluminium) : Fongicide de la compagnie Bayer. Ce produit est le premier homologué de la famille des phosphonates. C’est le seul produit de cette catégorie qui soit actuellement homologué au Canada comme fongicide sur le pommier. Il est homologué contre la pourriture du collet et la tache vésiculeuse de la pomme, mais cette maladie qui est surtout restreinte à quelques cultivars dont Mutsu, Jonagold et Golden, est absente au Québec et n’est pas décrite dans ce guide.

PHOSTROL (Phosphites monobasique et dibasique de sodium, de potassium et d’ammonium. 53,6 %) : Homologué contre la suie-moucheture.

Différents produits comme WINFIELD PHOSPHITE, RAMPART, PROPHYT, et AGRI-FOS qui sont homologués sur d’autres cultures au Canada et dans certains cas sur le pommier aux États-Unis contiennent du phosphonate de potassium, mais d’autres produits contiennent différents phosphonates (calcium : Sysstem-Cal, cuivre, etc.)

Régulateurs de croissance

Le prohexadione de calcium est un régulateur de croissance qui inhibe la synthèse des gibbérellines. Il était à l’origine surtout utilisé pour son efficacité à ralentir la croissance végétative, ce qui réduit les besoins de taille et favorise la coloration et la qualité des fruits. Par ailleurs, cette molécule a aussi un effet éliciteur qui a pour effet de réduire la sévérité du feu bactérien sur pousse, l’incidence de la tavelure du pommier27 et également la roussissure sur fruits. Les produits à base de prohexadione-Ca doivent être appliqués sur des pousses en croissance et doivent être bien absorbés pour agir. Les traitements sont généralement recommandés à la floraison, mais peuvent cependant commencer plus tôt, au bouton rose ou même après la floraison selon l’objectif visé.

Sur les jeunes arbres en croissance, une seule application au stade bouton rose peut réduire les risques de feu bactérien et de point amer, sans compromettre la croissance qui reprendra en cours d’été28,29. Les applications après la fleur peuvent cependant augmenter les risques de point amer.

La dose d’emploi est très variable selon la vigueur et la dimension des arbres. L’effet sur le feu bactérien commence à des doses faibles alors que le contrôle de vigueur requière des doses plus élevées. Il est donc possible de tirer bénéfice du régulateur de croissance pour lutter partiellement contre le feu bactérien sur des jeunes arbres (deux à cinq ans)31 sans nuire à la croissance.

Dose par application du régulateur de croissance Apogee ou Kudos.
Dimension Vigueur faible* Vigueur moyenne Vigueur élevée
Gros arbres (100 % TRV) 625 g/ha 810 g/ha 1350 g/ha
Arbres nains (67 % TRV) 420 g/ha 540 g/ha 900 g/ha

*Effet partiel contre le feu bactérien sans effet notable sur la croissance31 ou pour les traitements débutant au bouton rose28.

Comme pour la plupart des produits phytosanitaires, le volume d’application n’est pas déterminant. Le prohexadione-Ca est efficace même lorsque le volume de bouillie appliqué à l’hectare est faible (traitements en concentré)28.

Le pH optimal de l’eau de pulvérisation doit être entre 4 et 5,532. L’eau alcaline et/ou à forte teneur en calcium nuisent à l’absorption du produit. Le produit sera absorbé par la plante en deux heures quand l’eau est acidifiée, mais peut prendre jusqu’à huit heures quand l’eau est alcaline32.

En présence de calcium dans l’eau, l’ajout de sulfate d’ammonium (ratio 1:1, ex. : 1 kg sulfate d’ammonium pour 1 kg de Apogee) restaure l’activité33. Les étiquettes précisent que l’ajout d’Agral 90 (0,5 mL/L) peut améliorer l’efficacité lorsque les conditions ne sont pas propices à l’absorption. Les applications de calcium (ex. : chlorure de calcium) devraient être décalées quelques jours après l’application du prohexadione-Ca.

Ce régulateur rend l’éclaircissage plus difficile et il faut en tenir compte pour le contrôle de charge. Finalement, l’étiquette recommande de ne pas appliquer APOGEE sur le cultivar Empire34, parce qu’il pourrait provoquer la formation de liège ou le fendillement des fruits. Il y est également mentionné que le produit peut réduire le rendement et la qualité du cultivar Cortland. Les essais réalisés au Québec et en Ontario n’ont pas permis d’observer de problèmes, mais les traitements effectués sur ces cultivars devraient être faits avec précaution sur des surfaces limitées.

Traitement d’urgence : Dans les blocs où des symptômes de feu bactérien sur fleurs viennent d’apparaitre (symptômes frais, avant qu’ils virent bruns), il est possible de limiter la propagation du feu30, en débutant dès que possible un programme de deux traitements à la dose maximale homologuée.

Produits commerciaux : Deux formulations commerciales sont disponibles. À peu près rien ne distingue les formulations. Cependant, des différences mineures d’efficacité sont possibles.

  • APOGEE : (BASF). Prohexadione de calcium (27,5 %).
  • KUDOS : (Bartlett). Prohexadione de calcium (27,5 %).

 

Stérilisation de surface

Les produits générateurs de peroxydes peuvent tuer rapidement les bactéries et les spores de champignons à la surface des feuilles, mais offrent peu de rémanence et leur efficacité est donc restreinte dans le temps. Cette approche est efficace, mais les feuilles/fleurs traitées peuvent être rapidement colonisées à nouveau.

OXIDATE : Admissible en production biologique. Partiellement efficace contre le feu bactérien et contre le blanc. Compatible en mélange avec le soufre.

 

Références
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Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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Fiche 50

Vincent Philion

 

Les matières fongicides qui altèrent plusieurs mécanismes dans la biochimie des champignons permettent rarement la sélection d’individus tolérants (résistants) au sein des populations. On retrouve dans ce regroupement toutes les matières actives plus anciennes et dont la toxicité environnementale et humaine est élevée, mais aussi les sels comme le bicarbonate qui ne laissent présager aucun risque de résistance et dont la toxicité est faible.

 

Minéraux et dérivés

Les fongicides minéraux sont les plus anciens en usage. Ils sont utilisés principalement en production biologique. Ils agissent surtout par contact, mais les sels sont également absorbés par des pores moléculaires de la cuticule des feuilles et des fruits1,2, ce qui ouvre la possibilité d’une efficacité restreinte en post infection. Ces produits comprennent le cuivre (depuis 1760), incluant la bouillie bordelaise (1885), le soufre (1824) et la bouillie soufrée (1833). Plus récemment, des essais ont démontré que les sels (ex. : le chlorure de calcium, CaCl2) incluant les carbonates (ex. : bicarbonate de potassium) et la chaux hydratée pouvaient aussi réprimer les maladies. Les minéraux comme le silicium sous forme soluble (silicate de potassium) ont aussi des effets connus contre plusieurs maladies3. Des mélanges de ces produits sont aussi possibles.

Produits à base de cuivre

Le cuivre est un métal lourd qui s’accumule de façon permanente dans les sols et qui est toxique pour les vers de terre, les poissons, etc. Dans plusieurs pays d’Europe, son usage est désormais interdit, ou alors la dose permise à l’hectare est fortement limitée d’ici au bannissement complet. Néanmoins, l’efficacité du cuivre pour combattre à la fois le feu bactérien, la tavelure du pommier et plusieurs maladies secondaires en PFI pousse les producteurs à intégrer annuellement au moins un traitement de cuivre. Au Canada, un assouplissement des étiquettes des produits est prévu pour permettre un usage moins restrictif du cuivre contre la tavelure et le feu en cours de saison.

Efficacité vs phytotoxicité : Les traitements au cuivre ont démontré depuis plus de 200 ans leur efficacité contre un bon nombre de maladies, mais ils peuvent également être phytotoxiques. Ainsi, les ions de cuivre qui sont toxiques aux bactéries et aux champignons peuvent également causer des dommages aux feuilles et aux fruits. Au moins quatre facteurs importants jouent sur l’efficacité et la phytotoxicité du cuivre : la formulation, la dose, la disponibilité (pH) et le volume d’application.

Formulation : Le cuivre en solution (sulfate de cuivre pentahydraté) est immédiatement disponible et a le plus gros potentiel de phytotoxicité. Différents mélanges et différentes formulations de cuivre le rendent moins immédiatement disponible. Ralentir ou « fixer » le cuivre diminue (mais n’élimine pas) la phytotoxicité. Le cuivre « fixe » (peu importe sa formulation) est conçu pour laisser un résidu peu soluble à la surface des feuilles. Lorsque le feuillage est mouillé, les ions cuivre s’échappent lentement de ces dépôts et s’attaquent aux bactéries et champignons. Cette libération graduelle du cuivre maintient une efficacité pendant une plus longue période et évite que la concentration d’ions devienne trop grande et provoque l’effet phytotoxique redouté. En pomiculture, on utilise seulement des formulations de cuivre « fixe ». Au Canada, il existe cinq possibilités : hydroxyde, oxychlorure, octanoate, sulfate tribasique et bouillie bordelaise maison. Nos voisins américains ont accès à plusieurs autres formulations (ex. : oxyde de cuivre4) et des mélanges (ex. : C-O-C-S, oxychlorure + sulfate), avec des adjuvants comme le gypse et d’autres éléments qui ont pour fonction de « fixer » le cuivre à des degrés divers. En Europe, l’éventail des possibilités est encore plus grand. Toutes les formulations de cuivre sont homologuées en production biologique, mais certains producteurs continuent de privilégier la bouillie bordelaise. La bouillie bordelaise n’est pas recommandée en PFI puisque les autres produits plus simples à manipuler existent.

L’efficacité des produits cuivrés est surtout liée à la quantité de cuivre traitée et à la finesse des particules en suspension4 et moins à leur forme chimique. Dans ce contexte, il peut être approprié de considérer seulement le coût par kilogramme d’ingrédients actifs pour guider son choix. Cette règle est applicable même pour les produits plus récents comme l’octanoate, puisque les données disponibles ne permettent pas de garantir que ce produit a une efficacité égale avec moins de cuivre métal.

Dose : La quantité de cuivre requise par application dépend du type de traitement et a un impact direct sur la phytotoxicité. Selon l’usage, la dose peut être optimisée. Les doses homologuées (ex. : 3,2 kg/ha pour l’oxychlorure) sont souvent conçues pour laisser un dépôt important sur le bois en début de saison et maintenir une efficacité à long terme (pendant quelques semaines). Le cuivre est alors libéré et lessivé graduellement. Pour des traitements réguliers contre la tavelure ou le feu, la dose requise est moindre et l’effet recherché est immédiat. Le mélange de cuivre et de soufre est souvent privilégié pour bénéficier de l’efficacité du cuivre et éviter la phytotoxicité. Sans soufre, la dose de 0,4 kg/ha de formulation (50 % cuivre sous forme d’oxychlorure) donne environ 200 g de métal par hectare, une dose plancher pour combattre la tavelure lorsque les applications sont ciblées et que le risque n’est pas trop élevé.

Effet du pH : La vitesse de libération des ions cuivre est fonction de l’acidité de la bouillie de pulvérisation. Plus l’eau est acide (pH faible), plus les résidus libèrent d’ions cuivre. Inversement, lorsque le pH est alcalin, la toxicité du cuivre envers les bactéries et les champignons diminue parce que moins d’ions sont libérés. Comme chaque application peut réactiver le cuivre en place, la sensibilité au pH continue après le traitement initial. Dans les blocs traités au cuivre au printemps (usage unique), il faut éviter les traitements « acidifiants » avec des produits comme le phosphonate, le LI700 et les bouillies acides en général, parce que la libération de cuivre serait accélérée.

Volume d’eau : Réduire le volume de bouillie à l’hectare (ex. : 300 L/ha8) lors des applications et viser des périodes de séchage rapide peut grandement diminuer les risques de phytotoxicité du cuivre lors des applications régulières. Pour éviter la phytotoxicité, le cuivre n’est pas recommandé sur feuillage humide (rosée) ou pendant la pluie. Ce produit n’est donc pas recommandé pendant la fenêtre de germination de la tavelure. Cependant, avant la floraison certains auteurs recommandent malgré tout le cuivre à dose faible en mélange avec du soufre pendant la période de germination des spores8,9. Selon la sensibilité du cultivar et le moment de l’application, cette approche peut être risquée.

Autres contraintes : Le cuivre appliqué juste avant des périodes de froid pourrait accentuer les dégâts de gel4,10. Les programmes d’applications à base de cuivre pour lutter contre la tavelure peuvent affecter la coloration de certains cultivars7 en comparaison aux programmes de lutte plus conventionnels.

Recommandations d’usage pour les produits commerciaux à base de cuivre :

  • Traitement de début de saison : Pour augmenter l’efficacité fongicide et bactéricide du cuivre et économiser un passage au verger, il est possible de combiner le cuivre fixe et l’huile de dormance dans un même traitement. Ce mélange est préconisé depuis très longtemps11. La fenêtre d’application du cuivre est un peu trop hâtive pour que le mélange réprime entièrement les acariens rouges, mais ce traitement peut réprimer les cochenilles et les pucerons roses (voir la fiche 78). Il faut profiter des conditions favorables pour l’application d’huile quand elles se présentent. Le mélange peut causer une légère phytotoxicité sur feuillage. Comme les traitements à l’huile sont souvent réalisés à basse vitesse ou avec deux passages, la couverture antibactérienne et fongicide n’en sera que meilleure. L’huile est compatible avec toutes les formulations de cuivre fixe, incluant la bouillie bordelaise.

    Plus le cuivre à haute dose est appliqué tardivement (ex. : pré bouton rose), plus il risque par la suite d’être « éclaboussé » sur les fleurs et causer une roussissure (rugosité) inacceptable sur les fruits des cultivars Empire, Idared, Jonagold, McIntosh, Spartan (entre autres) et une baisse de la nouaison. À l’inverse, le cuivre n’occasionne aucun problème sur Gala ou sur les poires qui tolèrent bien le cuivre.

  • Pour le feu bactérien pendant la floraison : Là où c’est légal, le cuivre (ex. : hydroxyde), est efficace à des doses assez faibles (400 g/ha en équivalent métal) pour réprimer partiellement le feu pendant la floraison12. Cependant, cette fenêtre d’application est la plus à risque pour la phytotoxicité. Le mélange de cuivre avec l’agent de lutte biologique Double Nickel pourrait atténuer cette phytotoxicité12,13, mais cette approche n’est pas constante et n’est pas préconisée14.

Pour la tavelure du pommier : Là où c’est légal, l’oxychlorure (50 %) est souvent privilégié par les producteurs parce que plus abordable que le CUEVA pour une efficacité jugée similaire. Le mélange de cuivre et soufre en protection est plus efficace que chacune des molécules utilisées seules7, probablement parce que le lessivage du cuivre est moindre que pour le soufre et que le soufre a un meilleur effet en post infection. Le ratio 1:10, (exemple 200 g/ha de cuivre métal et 2 kg/ha de soufre) est souvent utilisé. Avec ce mélange, les producteurs bio en Nouvelle-Zélande5 réussissent à réprimer la tavelure aussi bien qu’avec un programme conventionnel en utilisant de 1,2 à 1,5 kg de cuivre métallique par hectare pendant toute la saison (sur environ huit traitements), soit 200 à 300 g/ha de cuivre par traitement bien ciblé; les autres traitements étant à base de soufre ou de bouillie soufrée. Des doses plus élevées (ex. : 800 g/ha de formulation) sont rapportées pour des applications non ciblées (de type calendrier)6. Même avec une dose faible, toutes les formulations peuvent provoquer une rugosité commercialement inacceptable dans les traitements à fort volume (ex. : 1000 L/ha)7.

Exemples de doses en usage :

4 kg/ha soufre (ex. : 5 kg/ha de KUMULUS) + 450 g/ha de cuivre métal (ex. : 900 g/ha de cuivre fixe formulé à 50 %)15.

2,9 kg/ha soufre (ex. : 3,6 kg/ha de KUMULUS) + 250 g/ha de cuivre métal (ex. : 640 g/ha de cuivre fixe formulé à 40 %)7.

Mélange de cuivre et soufre pendant la période de germination8,9,16 :

4,8 kg/ha soufre (ex. : 6 kg/ha de KUMULUS) + 480 g/ha de cuivre métal (ex. : 960 g/ha de cuivre fixe formulé à 50 %)16.

Produits commerciaux :

  • CUIVRE FIXE / FIXED COPPER SPRAY (50 % de cuivre sous forme d’oxychlorure de cuivre) : N’ajoutez pas de chaux hydratée au cuivre fixe.
  • COPPER 53W (sulfate de cuivre tribasique) : Le cuivre « 53W » est un autre cuivre fixe homologué sur le pommier. Comme l’étiquette du « 53W » stipule qu’il faut néanmoins ajouter de la chaux pour usage sur la pomme, il est rarement utilisé et ne présente pas d’avantage particulier.
  • CUEVA (10 % octanoate de cuivre, 63,6 g/mol (Cu)/350 g/mol (octanoate) soit 1,8 % de cuivre métallique) : Homologué au Canada depuis 2016. La dose homologuée selon la façon de lire l’étiquette canadienne va de 2,5 L dans 500 L (0,5 %) à 20 L dans 1000 L (2 %) par hectare. La quantité de cuivre homologuée varie donc d’environ 45 g à 360 g/ha, soit un facteur 8x. L’étiquette très vague (#31825, 2015) ne permet donc pas de recommandations précises actuellement. La dose américaine (1 % v/v en dilué) correspond à un maximum de 28-30 L/ha dans une parcelle avec un TRV de 100 %, soit environ 0,54 kg de cuivre métallique par hectare. Une dose similaire est homologuée en Europe. Dans la plupart des vergers, la dose correspondante est donc de l’ordre de 15 à 20 L/ha (TRV entre 50 % et 66 %).

    Cependant, la dose efficace la plus faible obtenue dans les tests pour réprimer le feu bactérien pendant la floraison est d’environ 5 L/ha 17–19 de formulation soit environ 90 g de cuivre élémentaire par hectare. Une dose similaire est requise pour réprimer les maladies d’été (suie, moucheture, pourriture amère)17. La dose testée pour limiter la propagation du feu en été est aussi d’environ 5 L/ha20,21 et est celle recommandée14. Il est donc possible de réduire la dose par rapport à celle préconisée sur l’étiquette.

  • PARASOL (liquide, 24,4 % de cuivre métallique sous forme d’hydroxyde de cuivre) (Nufarm) : Homologué à la dose de 4,7 L/ha, soit environ 1,15 kg de cuivre par hectare. La formulation granulaire ou en poudre n’est cependant pas homologuée sur la pomme et l’étiquette ne mentionne pas la tavelure. Similaire à KOCIDE ou NU-COP aux USA).
  • Bouillie bordelaise : Le botaniste français Millardet a découvert que l’effet phytotoxique du sulfate de cuivre soluble pouvait être grandement atténué en le mélangeant avec de la chaux hydratée. Ce mélange a pour effet de « fixer » le cuivre, soit neutraliser l’acidité du cuivre mis en solution. Cette « bouillie bordelaise » reste donc une option en agriculture biologique, à condition de vouloir faire ce mélange soi-même. Même si la bouillie bordelaise est plus efficace que l’oxychlorure de cuivre, elle est aussi potentiellement plus phytotoxique et peu compatible avec les autres traitements.MillardetIl existe plusieurs recettes de bouillie bordelaise et une notation un peu particulière. Par exemple, la formule courante à 1 % consiste à mélanger 1 kg de chaux par kilogramme de sulfate de cuivre dans 100 L d’eau, ce qui donne la formulation 1-1-100, soit la même chose que la formulation 10-10-1000 qui est souvent citée sur Internet. Notez que le pH élevé des résidus de la bouillie bordelaise peut inactiver complètement d’autres molécules, notamment la streptomycine22. Il n’est donc pas possible d’appliquer la streptomycine rapidement après un traitement à la bouillie bordelaise, à moins que la pluie ne délave complètement les résidus du traitement avant la fleur.
Produits à base de soufre

Le soufre (toutes les formulations) est un fongicide à action multisites ayant aussi des propriétés acaricides, surtout (et malheureusement) contre les acariens prédateurs. L’utilisation régulière de soufre à dose élevée entraîne souvent des problèmes d’acariens23, le soufre est cependant utilisé pour réprimer le « rust mite » (ériophyides) (Triloff, comm. pers.) L’effet sur les prédateurs n’est pas rapporté aux doses faibles recommandées en PFI8.

Tous les produits à base de soufre sont efficaces contre plusieurs maladies fongiques. Par contre, le soufre est peu résiduel et généralement moins efficace que les fongicides de synthèse à moins que les traitements soient réalisés au moment optimum (ex. : traitement de germination).

Phytotoxicité liée à la chaleur : L’utilisation de toutes les formulations de soufre comporte un risque élevé de phytotoxicité (brûlure, roussissure sur les fruits) si utilisées par temps chaud. Le soufre élémentaire cause des problèmes à partir de 30 °C25, la bouillie soufrée est problématique dès 26 °C24. Les brûlures apparaissent surtout sur les fruits orientés vers le sud-ouest, où la surface des fruits est la plus exposée (Triloff). Le soufre ne devrait jamais être appliqué si des températures très élevées sont prévues au cours des prochains jours. En absence de pluie pour lessiver le soufre en place, la phytotoxicité due à la chaleur peut survenir lors d’une canicule, lorsque le temps est « lourd » (humide, sans vent) et ce, plusieurs semaines après l’application (Trapman, comm. pers.) L’ouverture des stomates par temps très humide est possiblement le point d’entrée pour la sublimation gazeuse de soufre à la surface des fruits (Triloff).

Cette phytotoxicité du soufre n’est pas réduite en pulvérisant avec de petites gouttelettes, n’est pas affectée par le temps de séchage et est possible même à très faible dose (Triloff, comm. pers.) Les risques diminuent très légèrement à la fin de l’été avec la baisse de l’intensité solaire (angle) (Triloff).

Pour minimiser les risques d’insolation en période de risque liés à la chaleur, les produits à base de soufre devraient être appliqués immédiatement avant une période de pluie prévue, ou pendant la pluie, mais non après les pluies.

Les produits à base de soufre sont aussi phytotoxiques lorsqu’ils sont mélangés avec de l’huile ou tout autre produit contenant des distillats de pétrole. Il faut respecter un minimum d’une semaine avant ou après une application de soufre (ou ses dérivés) pour appliquer de l’huile.

Dans le sol, le soufre est oxydé graduellement en acide sulfurique, ce qui entraîne une lente acidification du sol24.

Certains cultivars de fruits sont très sensibles au soufre, alors que d’autres bénéficient des traitements. L’utilisation répétée du soufre à la dose élevée de l’étiquette a généralement un effet cumulatif néfaste sur la physiologie des arbres. L’utilisation répétée du soufre en été peut augmenter les problèmes de pourritures estivales, probablement par un effet phytotoxique sur les lenticelles des fruits. Une partie des problèmes liés au soufre peuvent être atténués voire éliminés en diminuant la dose par rapport à celle préconisée sur l’étiquette. À dose faible (4-5 kg/ha en équivalent soufre), les problèmes associés au soufre sont assez mineurs26.

Aux doses faibles proposées en PFI, le soufre garde certains effets négatifs mineurs sur la photosynthèse7, un effet d’éclaircissage7, affecter la coloration de certains cultivars7, mais peut aussi augmenter les rendements par son action fertilisante9.

Il existe trois types de formulations de soufre : 1) le soufre élémentaire presque pur; 2) formulé avec des adjuvants; 3) en mélange avec de la chaux éteinte pour produire la chaux soufrée (voir cette section). Pour une quantité égale de soufre, la chaux soufrée est la plus efficace contre la tavelure8 mais aussi la plus toxique aux arbres. Le soufre élémentaire (et formulé) est parfois recommandé en mélange avec du cuivre8 (voir la section sur le cuivre).

Les produits à base de soufre sont tous admissibles en production biologique. Toutes les étiquettes de soufre stipulent un maximum de huit applications par année.

Soufre élémentaire et formulé : Le soufre élémentaire à 92 % est une poudre mouillable qui peut être appliquée avec un pulvérisateur conventionnel mais qui était aussi traditionnellement poudrée sans eau sur les cultures, notamment pour le blanc. Le soufre à 80 % est vendu sous différentes formulations granulaires qui permettent de faciliter la dispersion du soufre dans l’eau et de créer une suspension uniforme.

Outre son effet sur le blanc et la tavelure, le soufre élémentaire (et formulé) en mélange à l’argile (Kaolin) peut réduire la roussissure pendant la période post florale.

  • Pour la tavelure du pommier : Le soufre utilisé seul est relativement peu efficace en protection. Les traitements en protection peuvent difficilement arrêter une épidémie de tavelure, à moins que le niveau de tavelure de départ soit très faible. La pleine dose homologuée pour le soufre élémentaire ou formulé (>18 kg/ha) n’est pas nécessaire pour être utile, mais à la dose de 4 kg/ha, le soufre laisse passer plus de taches que les traitements conventionnels à faible dose appliqués aux mêmes dates26,27. La meilleure fenêtre d’utilisation du soufre est en lien avec les traitements durant la fenêtre de germination (pendant la pluie), autant au printemps qu’en été. En fait, le soufre fonctionne jusqu’à quelques heures après le début de l’infection9,28. Le soufre est aussi préconisé en mélange avec le bicarbonate de potassium, la chaux hydratée et le cuivre (voir la fiche sur les mélanges).
  • Produits commerciaux :

    • SOUFRE MICROFIN : Poudre mouillable (plusieurs manufacturiers : ex. : Bartlett, UAP).
    • KUMULUS, MICROTHIOL DISPERSS, COSAVET DF EDGE : Formulation granulaire des compagnies BASF, United Phosphorus et Engage Agro respectivement.

Bouillie ou chaux soufrée : Ce produit est aussi connu sous le nom de bouillie nantaise, bouillie versaillaise23, eau de Grison23, bouillie sulfo-calcique, polysulfure de calcium, sulfure de calcium (en anglais, calcium polysulfide, lime sulfur ou LLS pour Liquid Lime Sulfur). Ce produit est obtenu par la réaction de l’hydroxyde de calcium en solution dans l’eau avec du soufre et un surfactant. La molécule obtenue de dimension variable est une association entre un atome de calcium et plusieurs atomes de souffre (CaSx où x est variable entre 2 et 7). D’autres sous-produits sont présents dans les mélanges. La bouillie était traditionnellement fabriquée à la ferme, mais les formulations commerciales standardisées sont préférables.

La bouillie soufrée (1851, Versailles, France) est le tout premier pesticide synthétique (fabriqué par l’homme), mais est néanmoins admissible en production biologique. Il est utilisé à la fois comme traitement insecticide au stade dormant (psylle du poirier, pucerons, cochenille), comme acaricide, bactéricide, agent éclaircissant et comme fongicide. Son utilité comme fongicide est connue depuis plus d’un siècle29. Jusqu’à l’arrivée du bicarbonate de potassium, la bouillie soufrée était le seul fongicide approuvé en agriculture biologique qui pouvait être appliqué pour réprimer la tavelure comme traitement en post infection. Pour la tavelure, la bouillie soufrée serait moins efficace pour protéger les fruits que les feuilles (Karl Schloffer, comm. pers.) La chaux soufrée est très efficace contre le complexe suie-moucheture30 et le blanc. Cependant, la bouillie n’est pas efficace contre la rouille et peut aggraver les pourritures de fruits (ex. : pourriture amère)30. La bouillie est alcaline (pH > 11) et est donc incompatible en mélange avec la plupart des pesticides.

La bouillie soufrée est beaucoup plus efficace comme fongicide que le soufre élémentaire, mais est aussi beaucoup plus phytotoxique24.

L’utilisation régulière de la bouillie soufrée diminue les rendements en comparaison au soufre élémentaire. L’utilisation répétée de la bouillie soufrée à la dose homologuée est phytotoxique sur feuillage et peut causer une roussissure inacceptable sur certains cultivars (ex. : Gala, Jonagold, Golden23). Une partie des problèmes de phytotoxicité disparaît dans les traitements à volume faible24. De plus, la bouillie soufrée est efficace à partir de 5 L/ha et n’est pas phytotoxique à cette dose réduite. Contrairement aux indications de l’étiquette, la bouillie soufrée peut être utilisée sur feuillage humide, sauf pendant la période critique pour le roussissement (fiche 108). Le cultivar Red Delicious serait sensible à la bouillie soufrée, même en été.

  • Pour la tavelure du pommier : Pour une même quantité de souffre, la bouillie soufrée est plus efficace que le soufre seul16. De plus, la bouillie soufrée est plus versatile que le soufre. La bouillie soufrée est efficace en protection26, pendant la période de germination et en post infection. Cependant, ce produit même à forte dose (15 L/ha) laisse passer plus de taches que les traitements conventionnels à faible dose appliqués aux mêmes dates26. À faible dose (5 L/ha), il est préférable de l’utiliser sur feuillage mouillée pendant la fenêtre de germination des spores. La bouillie soufrée est efficace jusqu’à 300 DH après le début de l’infection, mais la dose doit être augmentée à 14 L/ha. Son effet en post infection est aussi moindre que celui obtenu par les traitements conventionnels de post infection26. Le mélange de bicarbonate de potassium et de soufre est aussi efficace que la bouillie soufrée en post infection27,31.
  • Pour l’éclaircissage et le feu bactérien : La « phytotoxicité » de la bouillie soufrée peut être utilisée avantageusement lors de l’éclaircissage pour brûler les fleurs après pollinisation et réduire les risques de feu bactérien. La dose d’éclaircissage est de 20 L/ha ou plus. L’ajout d’huile de poisson à la bouillie soufrée augmente l’effet d’éclaircissage (voir la fiche sur l’éclaircissage). L’huile de poisson peut être substituée par de l’huile minérale d’été. La bouillie soufrée est cependant incompatible avec le Blossom Protect et la séquence des traitements doit en tenir compte. Les traitements de bouillie soufrée sont habituellement appliqués avant le BLOSSOM PROTECT (fiche 49).

En été, la bouillie soufrée est efficace contre la suie-moucheture à une dose faible (7 L/ha) mais pas contre la pourriture noire32.

Note : Un dérivé de la bouillie soufrée appelé « soufre colloïdal » peut être fabriqué à la ferme en ajoutant simplement du sulfate de fer (500 g/ha) au réservoir contenant la bouillie soufrée commerciale. Cette variation crée par Tafradzhijski est très prisée en Europe de l’Est, mais n’a pas été retenue par la littérature américaine29. Le soufre colloïdal serait moins phytotoxique que la bouillie soufrée standard. Ce mélange serait légal dans la mesure où le fer est appliqué comme engrais foliaire.

  • Produits commerciaux :

    • CHAUX SOUFRÉE (polysulfure de calcium 22 % à 30 % selon la formulation) : La concentration en polysulfure varie selon les manufacturiers et la dose doit être ajustée en conséquence. Contrairement à tous les pesticides liquides dont la densité est proche de celle de l’eau, la densité de la chaux (bouillie) soufrée peut atteindre 1,27 kg/L selon les formulations. Il faut donc en tenir compte dans les calculs de conversion entre les recommandations en poids ou en volume.
Sels et autres molécules inorganiques simples

Plusieurs sels sont efficaces pour réprimer différentes maladies. Les sels peuvent agir par contact avec les agents pathogènes à la surface des plantes, mais aussi dans la plante. La cuticule des plantes est une barrière généralement efficace pour l’eau et prévient la déshydratation. Cependant, cette barrière n’est pas parfaite et les sels appliqués en solution sur les surfaces aériennes des plantes peuvent être absorbés (ex. : l’urée comme engrais foliaire). Le principe s’applique pour le calcium et d’autres éléments. Cette pénétration des sels est passive et résulte d’un processus physique simple. Les sels et l’eau passent lentement la barrière cuticulaire cireuse par des pores aqueux de dimension moléculaire1. Tant que la plante demeure mouillée ou que l’humidité relative de l’air reste au-dessus du point de déliquescence du sel (hygroscopicité), les sels continuent d’entrer dans la plante par cette voie. Il est possible de prédire la vitesse de pénétration du sel dans la plante par sa constante de déliquescence. Cependant, comme la pluie lessive également les sels, la quantité réellement absorbée par la plante est limitée par l’intensité de la pluie après le traitement. Des tensioactifs (surfactants) sont nécessaires pour maximiser le contact entre les sels et la cuticule et ainsi maximiser leur pénétration dans la plante.

Carbonates : Les carbonates (carbonate et bicarbonate (monohydrogéno)) sont des sels basiques très solubles qui n’ont aucune rémanence sur le feuillage dès qu’il pleut. De plus, les carbonates ont une efficacité généralement assez faible contre les champignons. Par exemple, les carbonates peuvent inhiber partiellement la germination des spores de la tavelure, mais seulement à des doses très élevées (ex. : K2CO3 (9 g/L)33). Cependant, les carbonates sont en partie absorbés par la cuticule2 et ont donc une efficacité en post infection. Quand les carbonates sont bien synchronisés en post infection et qu’ils peuvent agir sans être lessivés, ils sont efficaces contre la tavelure du pommier. Ils sont aussi connus pour leur efficacité à réprimer le blanc dans plusieurs cultures. Le carbonate de calcium (CaCO3, calcaire, ou craie non soluble) n’a pas d’effet utile contre la tavelure34.

Selon la fréquence d’utilisation et à dose élevée (ex. : 10 kg/ha), les carbonates peuvent provoquer une chlorose (jaunissement) du feuillage. Les nombreuses formulations commerciales de carbonates dans le monde (ARMICARB, ASTRAL, BI-CARB, KALIGREEN, OMNI PROTECT, TUI ECO-FUNGICIDE, VITISAN) sont souvent plus efficaces que le bicarbonate pur contre la tavelure28, mais peuvent être plus phytotoxiques que la matière active utilisée seule35.

  • Bicarbonate de potassium : De tous les carbonates (calcium, sodium9, ammonium9, K2CO3, etc.), le bicarbonate de potassium (KHCO3) a été identifié comme le plus efficace28 et le plus utile en pomiculture. En plus de l’effet fongicide du bicarbonate, l’apport de potassium contribue aussi à la répression de plusieurs maladies.

    Ne confondez pas le carbonate (potasse, pearl ash, potash, K2CO3) et le bicarbonate (KHCO3) de potassium. Le carbonate de potassium (potasse) est un engrais fréquemment appliqué au sol où il est sans effet sur la tavelure36. Pour des traitements foliaires, le carbonate est efficace37, mais les quantités requises le rendent inabordable et l’apport de potassium serait excessif. La conversion du carbonate (pH = 11,433) en bicarbonate (pH = 8,4) est facile en acidifiant la solution, mais seul le bicarbonate avec une étiquette réglementaire est homologué contre la tavelure.

    Le bicarbonate de potassium est souvent vendu comme engrais foliaire avec la formulation 0-0-47 et comme ingrédient dans l’industrie alimentaire. Le 0-0-47 et le bicarbonate de potassium alimentaire sont identiques au produit homologué, mais ne sont pas permis pour lutter contre la tavelure sans l’étiquette réglementaire de l’ARLA.

    Le bicarbonate de potassium est utilisé en Europe en pomiculture depuis plus de dix ans pour réprimer la tavelure et d’autres maladies. Le bicarbonate est largement utilisé en production biologique puisque ce produit est non toxique, peu coûteux et efficace pour les traitements en post infection. En plus de la tavelure, le bicarbonate est efficace pour réprimer le blanc et le complexe suie-moucheture en été. À dose élevée (> 15 kg/ha) et avec des applications répétées, le bicarbonate peut aussi aider au contrôle de la charge fruitière38. Son action hygroscopique assècherait les stigmates et empêcherait la germination du pollen.

    Pour la tavelure du pommier : Au laboratoire, les applications à n’importe quel moment du bicarbonate de potassium sont efficaces contre la tavelure28. En pratique, la pluie lessive rapidement le bicarbonate et il doit donc être appliqué après l’arrivée des spores pour être utile. Le bicarbonate peut être utilisé seul pendant la germination des spores ou en post infection autant sur feuillage sec9,39 que sur feuillage mouillé. Cependant, la couverture peut être améliorée lors des applications sur feuillage mouillé. Comme le bicarbonate de potassium est hygroscopique40 (déliquescent), son absorption par la feuille continue après le séchage. Pour pallier la tendance au lessivage et augmenter l’efficacité, le bicarbonate de potassium est souvent appliqué en mélange avec du soufre élémentaire (fiche 52) ou vendu formulé pour améliorer sa rémanence et son efficacité. D’autres mélanges sont possibles9,41, mais doivent être validés avant l’emploi à grande échelle. Par exemple, le mélange (1:1, ex. : 4 kg/ha + 4 L/ha) bicarbonate et d’huile minérale horticole d’été est intéressant (mais sans ajouter de soufre). Lorsque la dose de bicarbonate est plus élevée, l’huile en mélange réduit les risques de phytotoxicité9. Cependant, l’utilisation d’huile peut interférer avec vos autres traitements. L’huile végétale n’améliore pas l’efficacité du bicarbonate28.

    Une fiche (Le bicarbonate et RIMpro) a été publiée pour aider à bien cibler les traitements.

    Restrictions : Ne pas mélanger le bicarbonate avec des agents mouillants non testés ou homologués, des produits ayant des formulations EC ou des produits à base de cuivre liquide. Quand les conditions sont propices à la roussissure des fruits, le bicarbonate peut augmenter les symptômes, notamment en présence de résidus de cuivre. Le mélange de bicarbonate et de cuivre réduit l’adhérence du cuivre42.

    Ne pas modifier le pH de la solution. Une partie de l’efficacité du bicarbonate provient de son pH élevé (pH > 8,4)43. L’acidification de la solution entraîne automatiquement une diminution de l’efficacité. Le bicarbonate de potassium est incompatible en mélange avec le chlorure de calcium (voir la fiche sur la fertilisation). La recommandation actuelle est de laisser un délai de cinq jours entre les applications de bicarbonate de potassium et de chlorure de calcium.

    Le bicarbonate de potassium est stable et peut être stocké pendant plusieurs années dans un contenant fermé. Cependant, l’exposition prolongée à une température supérieure à 25 °C et à une humidité relative élevée pourrait dégrader le produit et conduire à une libération graduelle de CO2 et la formation de carbonate, comme c’est le cas pour le bicarbonate de sodium40.

    Selon les pays, la dose usuelle de traitement pour le bicarbonate de potassium est de 3 à 9 kg/ha selon la taille des arbres et l’efficacité est fonction de la dose9. Dans la plupart des vergers, 4-5 kg/ha suffisent. Cependant, comme la dose homologuée au Canada est déjà très faible, ne coupez pas la dose. Aucun ajustement de dose (ex. : TRV) à la baisse n’est possible. Le bicarbonate a été testé avec succès dans les volumes de bouillie réduit (ex. : 300 L/ha8).

    Produits commerciaux :

    • BICARBONATE DE POTASSIUM 100 % : Une homologation de bicarbonate de potassium alimentaire « générique » a été obtenue au Québec à l’automne 2016 par Naturpac (coopérative de Deux-Montagnes). (Numéro 32451).
    • SIROCCO ou MILSTOP : Une formulation américaine de bicarbonate vendue au Canada jusqu’à 2021. Non disponible en 2022.

Autres sels :

  • Hydroxyde de calcium : La chaux hydratée (chaux éteinte, slaked lime) sous forme de suspension (lait de chaux) a un effet reconnu contre la tavelure37,42,44, mais n’a pas d’efficacité contre le blanc15. À concentration égale, l’efficacité contre la tavelure au laboratoire est supérieure aux autres fongicides alcalins (bicarbonate33, chaux soufrée). Certains producteurs commerciaux (Australie, Nouvelle-Zélande) utilisent régulièrement la chaux comme traitement fongicide foliaire contre la tavelure45. Ce choix est possible quand la pression de la maladie est faible.Pendant la période des infections primaires, la chaux est appliquée comme le bicarbonate en traitements foliaires (jusqu’à 14 kg/ha selon la dimension des arbres) pour des traitements en post infection. Une solution saturée ne suffit pas pour obtenir l’effet fongicide, il faut une suspension assez concentrée pour laisser un dépôt insoluble (lait de chaux). Une partie de l’efficacité est liée au pH élevé (pH > 12,4). La chaux est rapidement convertie en carbonate de calcium (inefficace) et ne peut donc pas être appliquée en protection33 et donc des traitements non dirigés (type calendrier) ne sont pas assez efficaces15,45, même avec un taux d’application élevé (30 kg/ha7). Contrairement à la bouillie soufrée, la chaux n’est pas phytotoxique34 et ne cause pas de roussissure15. Le dépôt blanc laissé sur les fruits n’affecte pas la coloration7,15 et peut même prévenir l’insolation7. Cependant le résidu doit parfois être lavé à la récolte. L’agitation en cuve est importante pour maintenir la chaux en suspension. Attention : La chaux est corrosive et peut abîmer certaines pompes (ex. : pompe à piston).
  • Mélanges :
    La chaux est compatible en mélange avec le cuivre15, mais ce mélange est moins efficace que d’autres combinaisons (ex. : soufre + cuivre). Le mélange de chaux et d’huile est inefficace41. Comme la chaux est un engrais son statut légal est incertain pour un usage fongicide34.La combinaison de chaux éteinte et de la bouillie soufrée aurait un effet synergique contre les maladies, notamment celles causées par Alternaria46.
  • Chlorure de calcium : Le chlorure de calcium n’a pas d’effet fongicide (du moins pour la tavelure33) ou bactéricide direct. Cependant, ce produit exerce différents effets bénéfiques pour lutter contre les maladies. Par exemple, lorsqu’il est utilisé pour l’éclaircissage47 durant la fleur, le chlorure de calcium réduit indirectement les risques d’infection du feu bactérien. Comme engrais foliaire, le chlorure de calcium réprime en partie la tavelure (feuilles et fruits)48, le blanc, la suie-moucheture et la pourriture amère. Les apports répétés de chlorure de calcium diminuent les risques de point amer (désordre physiologique), mais aussi les risques de pourritures en entrepôt (gloeosporioses). Le trempage des fruits après récolte dans le chlorure de calcium est également bénéfique. La plupart des autres formulations de calcium en été (ex. : nitrates48, chélatés), n’ont pas ces bénéfices et peuvent même empirer les problèmes de maladie (feu bactérien, pourritures d’entrepôt) et des problèmes physiologiques comme le point liégeux49. Les applications de nitrate de calcium en été peuvent aussi contribuer à l’augmentation des problèmes de cicadelles, pucerons, acariens, tordeuses, etc. Voir la fiche fertilisation pour une stratégie de fertilisation azotée efficace.Les mélanges de calcium avec les fongicides usuels (ex. : Captan, Sovran) diminuent l’absorption du calcium50 et les adjuvants compris dans ces fongicides ne corrigent pas le problème. Le chlorure de calcium est incompatible avec le bicarbonate de potassium. Le chlorure de calcium est recommandé en mélange avec le bore (Solubor) et augmente l’efficacité du bore51. (Voir la fiche fertilisation et phytoprotection.)Pour augmenter l’efficacité, le chlorure de calcium peut être mélangé à un agent mouillant pour réduire la tension de surface. La pénétration accélérée du calcium mélangé à l’agent mouillant permet notamment d’éviter le lessivage52. Cependant, évitez les conditions qui favorisent une trop grande absorption de calcium qui peuvent mener à une phytotoxicité. Les produits à base d’alkyls polyglucoside53 sont à privilégier (voir tensioactifs). Le tensioactif Silwet L77 (organosilicone) est aussi efficace48, de même que l’huile de canola54.

Autres molécules inorganiques simples :

  • Urée : L’urée inhibe la reproduction de la tavelure dans les feuilles de litière et a donc un effet « fongicide » (voir la fiche 101). L’urée appliqué comme engrais foliaire au printemps inhibe aussi la tavelure (voir la fiche fertilisation et phytoprotection).). Les traitements immédiatement avant la pluie sont les plus efficaces.
  • Silicium (K2SiO3, silicate de potassium) : Le silicium en solution est partiellement efficace contre le blanc et la tavelure du pommier55, notamment lorsque les traitements sont dirigés pendant la germination du champignon56. Le silicate n’est pas plus efficace en mélange avec le bicarbonate de potassium57 (confirmé par Fibl en 2021, comm. pers.)
    • Silicate de potassium seul (2,6 kg/ha) (efficacité moyenne), parfois inefficace<sup16,58.
    • Bicarbonate de potassium (B2K) (2,5 kg/ha + Silicate de potassium (0,5 kg/ha actif)56 (efficacité similaire au mélange B2K (5 kg/ha) + soufre (2 kg/ha ).

Le silicate en solution a un pH élevé et est incompatible avec plusieurs produits. Le silicate de potassium est utilisé dans l’industrie alimentaire comme additif (E560) pour ajuster le pH.

 

Tensioactifs et autres adjuvants (surfactants, agents mouillants) (en anglais : spreader/sticker)

Les adjuvants ont une variété d’effets, mais sont surtout utilisés pour faciliter la répartition de la bouillie de pulvérisation et contrôler la mousse (tensioactifs), « coller » le produit en place (adsorption), faciliter la pénétration dans la plante (absorption), ou simplement ajuster le pH. Ils sont souvent intégrés comme additifs aux formulations commerciales, mais il est également possible d’en ajouter lors des traitements. Certains manufacturiers en font la promotion parce qu’ils peuvent augmenter l’efficacité des traitements. Les adjuvants n’ont en général pas d’effet direct sur les maladies, mais leur effet indirect sur la répartition et l’adsorption des gouttelettes peut être appréciable dans la gestion des maladies. Certains produits ont aussi parfois un effet direct sur les spores, notamment pour lutter contre la tavelure, mais cette efficacité est relativement faible.

Les adjuvants tensioactifs (surfactants) réduisent la tension de surface, ce qui a pour effet d’écraser les gouttes et donc d’augmenter la surface qu’elles occupent. La bouillie prend plus la forme d’un film d’eau que de gouttes individuelles. C’est l’effet « mouillant ». Leur usage est plus important avec les buses à grosses gouttes. Les tensioactifs sont catégorisés selon leur charge ou polarité (ioniques, ou non). Les agents anti mousse (ex. : dimethylpolysiloxane) sont souvent intégrés aux formulations des tensioactifs.

Certains adjuvants ont aussi une propriété « collante » (sticker) qui limitent le lessivage par la pluie59, les pertes par évaporation, ou par le soleil (photodégradation). Finalement, certains adjuvants sont à la fois mouillants et collants. Cependant, les meilleurs agents collant (ex. : latex et résines) ne sont pas aussi efficaces comme agents mouillants. Même si l’idée de « coller » un fongicide peut sembler intéressante, l’utilité pour des maladies comme la tavelure et le blanc est limitée puisque la durée de protection est plus souvent limitée par la croissance des feuilles que par le lessivage par la pluie.

D’autres adjuvants sont conçus pour réduire la dérive en augmentant la viscosité et le diamètre des gouttelettes. Comme ces produits peuvent altérer la répartition des gouttelettes et nuire à l’efficacité de vos traitements, il est préférable d’adopter d’autres méthodes de réduction de la dérive.

Malgré leur potentiel, les adjuvants ne sont pas toujours utiles et peuvent même être responsables de réactions phytotoxiques. Mélanger des adjuvants avec des pesticides qui en contiennent déjà peut avoir des effets parfois imprévisibles.

Par exemple, les produits conçus pour abaisser le pH (ex. : LI-700) peuvent augmenter l’efficacité des fongicides comme le Captan lorsque l’eau est alcaline, mais neutralisent l’effet des produits comme le bicarbonate de potassium et peuvent augmenter l’effet phytotoxique des produits comme le cuivre. Certains tensioactifs non ioniques éthoxylés (ethoxylated surfactants) (ex. : Agral, Enhance, Ag-Surf) peuvent nuire à l’absorption du calcium50 ou modifier la couche cireuse et provoquer une phytotoxicité60 ou une augmentation des maladies. Finalement, les adjuvants doivent être homologués pour la culture. Le choix de l’adjuvant est donc important.

Produits commerciaux (ou ingrédient générique) :

  • Xiameter/Silwet L77 (organosilicone) (Stilwet) : Facilite la pénétration des engrais. Sécuritaire en pomiculture48. Augmente l’effet des insecticides et fongicides61, mais n’a pas d’effet direct sur la tavelure48. Fonctionne pour des solutions à pH élevé62 et serait donc optimal en mélange avec le bicarbonate de potassium (mais non testé à notre connaissance).
  • Glucopon et Plantacare33 (250 ppm) : Ils peuvent inhiber la germination des spores et la croissance du mycelium de la tavelure33. C’est probablement le cas des autres membres de cette famille de tensioactifs (polyglycoside, APG ou Alkyl polysaccharide surfactant) (APS). Ces produits (CAS 68515-73-1) sont sur la liste d’exemption de l’EPA parce que sécuritaires sur les aliments (§ 180.910). Ces produits sont sécuritaires pour la culture et pour l’environnement.
  • Nu-Film-P (0,1 %, ex. : 0,3 L/ha) : Produit à base de terpène. En mélange avec du cuivre ou des fongicides à base de soufre, peut contribuer à une réduction de la tavelure63.
  • Liberate : Tensioactif à base de lécithine de soya. Effet neutre sur le pH et n’affecte pas la cuticule.
  • LI-700 : Effet acidifiant. Augmente l’effet fongicide du Captan64 mais diminue l’efficacité de la Kasumin.
  • Pod-Stik (Max-Bond) : Agent collant à base de latex synthétique. Effet neutre sur le pH. Augmente l’effet fongicide du Captan64.
  • Huile de canola : Augmente l’étalement des gouttelettes de pulvérisation, ce qui favorise une plus grande surface de contact et une plus grande absorption du calcium54.
  • Lait écrémé en poudre : (0,05 % m/v de bouillie, ex. : 50 g par 100 L) Agent collant. Augmente considérablement la rétention de la bouillie pesticide65.
  • Regulaid : Couramment utilisé aux USA pour augmenter l’efficacité de la streptomycine, mais non homologué au Canada.

 

Fongicides de contact multisites

Les fongicides de contact homologués en pomiculture sont issus de deux grands groupes de fongicides (Dithiocarbamates et Dicarboximides) développés il y a une cinquantaine d’années et le fluazinam (Pyridinamine), breveté il y a un peu plus de vingt ans. Les quinones, qui ne sont plus homologués au Canada, sont présentés dans la liste du fait de leur importance historique et leur utilisation actuelle en pomiculture dans la plupart des pays exportateurs de pommes.

Tous les produits issus de ces familles sont des génériques qui ne sont plus protégés par brevet. Ils partagent une efficacité contre une gamme variée de maladies, incluant la tavelure et le complexe suie-moucheture, mais aucun n’est très efficace contre le blanc du pommier. Ces produits agissent surtout par contact. C’est à dire qu’ils doivent être appliqués avant l’arrivée des spores du champignon visé ou pendant leur germination puisqu’ils ont une efficacité limitée en post infection. À l’exception du fluazinam, ces produits n’adhèrent qu’assez peu à la cuticule des feuilles et ne sont pas absorbés. Ils sont donc lessivés graduellement par les pluies. Vu leurs modes d’actions complexes, ils sont rarement sujets à la résistance et la rotation entre les familles de fongicides de contact ou leur mélange n’est donc pas utile à cet égard. Malgré leurs similitudes, les différents produits ont des particularités propres dont il faut tenir compte dans le choix des produits à traiter.

Dithiocarbamates

Historiquement, les dithiocarbamates ont remplacé le soufre et le cuivre parce qu’ils étaient actifs à des doses moindres et moins phytotoxiques. En plus des maladies réprimées par tous les fongicides de contact, les dithiocarbamates sont efficaces contre la tache ocellée et d’autres maladies mineures. Aux États-Unis, les dithiocarbamates sont surtout prisés pour leur efficacité contre la rouille, une maladie quasi absente au Québec. Aucun cas de résistance n’a jamais été rapporté contre les dithiocarbamates. L’avantage majeur des dithiocarbamates est leur compatibilité en mélange avec la plupart des autres pesticides, les régulateurs de croissance et les engrais foliaires alors que les autres familles de produits ont souvent des restrictions d’usage importantes pour éviter la phytotoxicité. Par exemple, les dithiocarbamates sont compatibles en mélange avec l’huile.

Par ailleurs, les dithiocarbamates ont tous des effets toxiques à des degrés divers contre les prédateurs d’acariens dont il faut tenir compte en PFI. Aucun fongicide de cette famille n’est admis dans les cahiers de charge de PFI de nombreux pays.

Le premier dithiocarbamate à avoir été homologué est le THIRAM. Par la suite, différentes variations ont été découvertes comme le FERBAM et le ZIRAM. Plus récemment dans les années 1960, un sous-groupe (EBDC) comprenant le mancozèbe, (une combinaison de manèbe et de zineb) et le métirame ont été homologué. Chacun se distinguait par les ions (fer, zinc, etc.) coordonnés à la portion dithiocarbamate qui était commune à tous les produits. Les différents ions conféraient aux produits des propriétés particulières et servaient d’engrais foliaire. Les éléments présents dans chaque produit sont indiqués dans la liste.

Le sous groupe des EBDC partage une même toxicologie incluant leur principal produit de décomposition, l’éthylènethiourée (ETU). Conséquemment, les mêmes restrictions s’appliquent aux EBDC homologués, incluant un délai d’usage de 45 jours avant récolte. Certaines craintes quant à la toxicité du ETU font en sorte que l’homologation du métirame a été entièrement révoquée et que celle du mancozèbe est en révision.

Produits commerciaux :

  • Produits retirés :

    • THIRAM 65WP, GRANUFLO T (thirame) : Produit utilisé principalement en mélange avec une peinture au latex pour la prévention des chancres sur le tronc des pommiers. Utilisé comme répulsif contre le campagnol, le lapin et le chevreuil avec des résultats variables. Le THIRAM a été remplacé comme fongicide par d’autres dithiocarbamates parce qu’environ 25 % de la population blanche y est allergique. Le THIRAM n’est plus homologué dans la pomme (décision de l’ARLA RVD2018-38).
    • FERBAM 76WDG (76 % ferbame) : (ions fer) Le FERBAM est le premier dithiocarbamate à avoir été homologué pour réprimer la tavelure du pommier. Le fer contenu dans ce produit laissait à la récolte des traces noirâtres sur les fruits. Le FERBAM n’est plus homologué dans la pomme (décision de l’ARLA RVD2018-37).
    • ZIRAM, ZIRAM GRANUFLO (zirame) : (ions zinc) Les fongicides avec la marque commerciale ZIRAM sont à base du dithiocarbamate « zirame », qui ne doit pas être confondu avec le zinèbe. Le zinèbe n’a pas été homologué au Canada. Le ZIRAM a seulement été homologué sur la pomme en Colombie-Britannique. Le ZIRAM est très facilement lessivé par la pluie et a donc une faible capacité résiduelle par rapport aux autres EBDC. Le ZIRAM n’est plus homologué dans la pomme (décision de l’ARLA RVD2018-39).
    • POLYRAM DF (métirame) : (ions zinc). Produit banni en 2020. Cet EBDC aurait moins d’effets toxiques sur les prédateurs d’acariens. En comparaison aux autres fongicides de contact, les fruits traités au POLYRAM ont souvent moins de roussissure.
  • Produits en usage courant (2020) :

    • DITHANE, FORTUNA, KINGPIN, MANZATE, PENNCOZEB (75 % mancozèbe) : (ions zinc + manganèse) Le mancozèbe est le EBDC le plus utilisé en pomiculture. À la dose usuelle (4,5 kg/ha), il est moins efficace que le captane (3 kg/ha) pour réprimer la tavelure, mais aussi moins cher. La matière active du Captan est environ 2x plus efficace que le mancozèbe. Lorsque les doses sont ajustées de façon à rendre leur prix égal, l’efficacité des deux produits est similaire. Baisser la dose a une incidence immédiate sur le nombre de taches observée lorsque les conditions sont favorables à la maladie. Des doses plus faibles de mancozèbe (ex. : 3 kg/ha) sont parfois recommandées en mélange avec d’autres produits pour augmenter l’efficacité66. Les étiquettes mentionnent une possible phytotoxicité sur Golden.
Phthalimides

Classe de fongicides variés issus du groupe des dicarboximides. Dans cette classe, différents fongicides ont été utilisés en pomiculture, dont le DIFOLATAN (captafol) qui a été retiré en 1988. Deux molécules de ce groupe sont encore homologuées au Canada en pomiculture, soit le captane et le folpet. Le CAPTAN et le FOLPAN (folpet) sont très similaires. Le renouvellement de l’homologation du Captan (2018) et du Folpet (2020) ont restreint les possibilités d’usage pour ces deux fongicides.

Produits commerciaux :

  • CAPTAN 80WP, SUPRA CAPTAN 80 WDG, MAESTRO, SHARDA CAPTAN 48SC (captane) : Le captane est très efficace contre une gamme variée de maladies sur le pommier. Outre la tavelure, il est efficace contre le complexe suie-moucheture et la tache ocellée. Par contre, le captane est légèrement moins efficace que les EBDC pour réprimer le complexe suie-moucheture. Le captane est aussi homologué contre certaines maladies mineures rarement présentes au Québec et qui ne sont pas couvertes dans ce guide (ex. : tache de Brooks).Pour la tavelure, le Captan est utile en protection, pendant la fenêtre de germination des spores, mais peut aussi stopper la croissance du champignon sous la cuticule23 dans les heures suivants l’infection.Ce produit possède d’excellentes propriétés de redistribution sur le feuillage et protège bien les fruits. Par contre, le captane est régulièrement impliqué dans des problèmes de phytotoxicité quand les conditions climatiques et certains mélanges favorisent son absorption67. Le Captan appliqué seul n’est à peu près jamais problématique67.Le mélange d’huile et de captane est très phytotoxique et ne doit pas être utilisé. Les applications de captane sont aussi à éviter dans les sept à dix jours précédant ou suivant une application d’huile. Les agents mouillants sont à éviter en mélange avec le captane à moins de l’avoir testé. Le mélange soufre et captane ne doit pas être utilisé sur les cultivars reconnus sensibles au soufre. Le guide de traitements de l’université Cornell recommande d’éviter les mélanges avec captane dans les semaines suivant la floraison parce que les réactions phytotoxiques pour ce produit sont de plus en plus difficiles à prédire. Augmenter le nombre de produits en mélange augmente certainement la probabilité que le mélange favorisera l’absorption du captane qui mènera à une réaction phytotoxique67.Des conditions nuageuses prolongées qui nuisent à la formation de la cuticule avant une application de captane peuvent parfois suffire pour provoquer des symptômes de phytotoxicité67, notamment des taches foliaires semblables à la tache ocellée (fiche 110) (captan spot). À l’inverse, le captane peut aussi parfois provoquer des symptômes de phytotoxicité par temps chaud (> 29 °C)25. Les bouillies avec un pH élevé (ex. : bouillie soufrée, bicarbonate de potassium) peuvent réduire l’efficacité du captane.La dose homologuée en Amérique jusqu’en 2020 (3,75 kg/ha de Captan 80 %) est très élevée par rapport à la dose usuelle en Nouvelle-Zélande (1,5 kg/ha7), la dose homologuée en Europe (1,9 kg/ha en France) ou même la dose jugée « normale » en Angleterre en 1969 (2,75 kg/ha)68. Une dose élevée n’est pas nécessaire pour être efficace. La dose homologuée à partir de 2020 au Canada (3 kg/ha de Captan 80 %) est encore plus élevée que nécessaire.
  • FOLPAN (Folpet) : Ce fongicide est homologué au Canada contre les mêmes maladies que le captane et les deux produits sont très similaires. Le FOLPAN est aussi homologué contre la tache alternarienne, mais le diagnostic de cette maladie est ambigu et des traitements ne sont pas nécessairement requis. Comme le Captan, le Folpan est associé à différents problèmes de roussissure. Le folpet a été discontinué aux USA notamment à cause de ses effets sur la santé humaine69. Des données récentes70 et des modifications à la réglementation internationale sur les résidus permettent l’exportation de fruits traités au FOLPAN dans les pays où cette molécule est interdite, dans la mesure où la limite de résidus est respectée. D’un point de vue agronomique, ce produit pourrait remplacer le Captan dans les parcelles où des restrictions limitent les traitements. Par contre, il faut une dose de matière active 2,1x plus élevée de Folpan pour obtenir la même efficacité que le Captan (2,6 kg/ha de Folpan 80WDG = 1,2 kg/ha de Captan Supra 80). Un maximum de six applications de Folpan est possible par année à raison de 3 kg/ha de matière active (3,75 kg/ha de formulation).
Pyridinamines (pyridine)60,61

Classe de fongicide représentée dans la pomme avec un seul produit.

ALLEGRO 500F (40 % fluazinam) : Le fluazinam est un fongicide développé dans les années 1980. Fongicide à large spectre qui inhibe la germination et la croissance mycéliale des spores. Malgré son effet sur le mycélium, le fluazinam ne serait efficace qu’en protection71. Cependant des tests en serres ont démontré une efficacité en post infection contre la tavelure73. Contrairement aux autres fongicides de contact, le fluazinam ne serait pas lessivé par la pluie. Le renouvellement des traitements est donc en fonction de la croissance. Ce produit est homologué et efficace en prévention pour réprimer la tavelure du pommier74,75, le complexe suie-moucheture et des maladies mineures comme les rouilles, l’alternariose, la pourriture noire, les pourritures estivales (gloesporiose) et le Brooks spot (Mycosphaerella pomi). Par contre, son utilité pour les maladies mineures est limitée par le délai avant récolte de 28 jours.

Pour la tavelure, l’efficacité de la dose maximale homologuée de 1 L/ha (400 g actif par hectare) est similaire à celle obtenue avec une demi-dose de captane (1,9 kg/ha). De très bons résultats sont possibles avec 300 g ai/ha76. L’étiquette indique qu’un minimum de 1000 L/ha est requis pour la pulvérisation, mais cette recommandation n’est pas nécessaire et les traitements peuvent être faits à volume réduit comme pour les autres produits. Allegro est régulièrement utilisé à volume réduit lors des tests sur pommiers à l’IRDA. L’utilisation régulière d’ALLEGRO à la dose maximale réprime partiellement les populations d’acariens phytophages (tétranyque rouge, à deux points, ériophyide)71, mais n’aurait pas d’impact sur les prédateurs74. Le produit est incompatible avec les traitements d’huile. En PFI, le produit est classé rouge en lien avec l’indice santé alors qu’il est classé « à risques réduits » par l’ARLA.

Quinones

Cette vieille famille de fongicides comprend différents produits dont le dichlone (PHYGON) qui n’est plus homologué dans la pomme, mais qui comprend également le dithianon69 (DELAN), encore largement autorisé en Europe77 et ailleurs dans le monde mais jamais homologué en Amérique. Le DELAN est le fongicide multisite le plus utilisé en Europe. Très efficace contre la tavelure à 500 g d’ingrédients actifs par hectare76.

 

NOTE : La liste est complète en date de publication de ce document. À chaque début de saison, le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) du pommier diffuse les ajouts et retraits de pesticides par le biais de communiqués. Consultez la fiche 9 pour en savoir plus sur le RAP. Pour une information complète et à jour sur les pesticides, visitez le service en ligne d’information sur les pesticides du gouvernement du Québec (http://www.sagepesticides.qc.ca) et du Canada (http://pr-rp.hc-sc.gc.ca/ls-re/index-fra.php).

ATTENTION DOSES RÉDUITES : l’ARLA ne prend pas action contre ceux qui préconisent de telles pratiques, si elles n’entraînent pas de danger pour la santé ou la sécurité humaine ou pour l’environnement et qu’elles ne sont pas destinées à promouvoir la vente de produits antiparasitaires. Si toutefois l’utilisation de doses réduites ou adaptées devait entraîner des pertes pour les utilisateurs, les conseillers ou les organisations qui les recommandent pourraient être tenus responsables de leurs recommandations dans des actions civiles.

 

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Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

bannière des principaux partenaires de réalisation et commanditaires du Guide de PFI

Fiche 51

Vincent Philion, Yvon Morin et Robert Maheux

 

Cette fiche présente une description sommaire et une liste non exhaustive des fongicides unisites et à risque de résistance qui sont homologués pour les vergers de pommiers au Canada.

NOTE : Pour une information complète et à jour sur les pesticides, visitez le service en ligne d’information sur les pesticides du gouvernement du Québec (https://www.sagepesticides.qc.ca/) et du Canada (https://pr-rp.hc-sc.gc.ca/ls-re/index-fra.php).

En comparaison aux autres familles de produits, les produits classés comme « unisites » sont généralement plus récents et moins toxiques. Presque tous les produits jugés à « risques réduits » par l’ARLA sont dans ce groupe. En principe, trois propriétés agronomiques majeures les démarquent des autres produits : la résistance au lessivage, l’efficacité en post infection pour la tavelure et le risque de résistance.

Tous les fongicides unisites sont absorbées par la plante à des degrés divers et résident soit dans la cuticule ou sont systémiques dans la feuille. Conséquemment, tous les produits classés parmi les unisites sont en principe à l’épreuve du lessivage par la pluie et ont une certaine efficacité en post infection pour la tavelure du pommier. En pratique, la résistance au lessivage n’est pas si différente des autres produits et la redistribution au feuillage déployé après l’application est faible. Les différentes familles se distinguent par le spectre des maladies qu’elles peuvent contrôler et leur site d’action sur les champignons visés.

Comme leur nom l’indique, les produits à mode d’action unisite agissent seulement sur un aspect du métabolisme des agents pathogènes (mode d’action) et sont plus sujets au développement de la résistance. La résistance se propage parce que des individus naturellement présents dans la population ont un métabolisme différent qui contourne l’effet fongicide. À chaque mode d’action correspond un mécanisme de résistance qui est généralement indépendant des autres. Les populations devenues résistantes à une famille de produit sont sensibles aux autres familles. Par contre, les populations peuvent éventuellement devenir résistantes à plusieurs familles de produits.

Pour simplifier le choix des produits, les matières fongicides sont classées par le FRAC (Fungicide Resistance Action Committee) et c’est cette classification qui est utilisée dans le Guide. Les populations résistantes à un produit sont résistantes à tous les autres produits de la même famille.

Les problèmes de résistance ont un impact concret sur la gestion de la tavelure et le même principe s’applique au blanc du pommier et éventuellement aux autres maladies, notamment le complexe suie-moucheture. Les individus résistants peuvent soit remplacer rapidement toute la population (résistance qualitative), soit s’accumuler graduellement dans la population (résistance quantitative). En cas de résistance qualitative, la perte d’efficacité est brutale (ex. : benzimidazole, QoI) alors que la perte d’efficacité est graduelle quand la résistance est quantitative (ex. : dodine, IBS). Le type de résistance rencontré pour la tavelure est indiqué pour chaque classe de produit lorsque connu. La progression de la résistance est irréversible pour toutes les catégories de produits. Les individus résistants persistent dans la population même en absence de traitement.

Pour éviter l’accumulation des individus résistants, il est recommandé d’éviter les traitements de secours, de traiter dans les meilleures conditions en maintenant la dose recommandée, de limiter le nombre d’applications par saison pour une même famille et de faire la rotation entre les familles de produits unisites. Les mélanges de produits peuvent aussi ralentir la résistance et la fiche 52 leur est consacrée. Il est possible d’éviter d’avoir à gérer la résistance en utilisant seulement des produits multisites efficaces contre la maladie visée.

 

Traitements de secours

Les produits sujets à la résistance ne devraient jamais être appliqués dans les vergers où des symptômes de la maladie sont déjà apparents. Les traitements sur taches de tavelure déclarées, ou dans les vergers envahis de blanc dans le but de « brûler » les symptômes sont efficaces à court terme, mais accélèrent invariablement la sélection des individus tolérants ou résistants. Les traitements de secours ont conduit à la résistance de la tavelure envers la dodine (SYLLIT) et la résistance du blanc aux IBS. En présence de symptômes, il est toujours préférable de recourir à des traitements avec des produits multisites.

 

Conditions de traitement

Comme tous les produits unisites sont absorbés par la plante, leur efficacité ne dépend pas seulement de la dose appliquée, mais aussi de la dose réellement absorbée par la plante. L’absorption dépend des conditions de séchage. Pour maximiser l’efficacité des traitements, toutes les conditions doivent être réunies pour favoriser l’absorption. En outre, les traitements unisites ne doivent jamais être réalisés pendant la pluie. D’autres restrictions existent selon la catégorie de produit et leur sensibilité aux conditions d’absorption. Les traitements réalisés avec des produits unisites dans de mauvaises conditions (pluie, froid) sont généralement beaucoup moins efficaces que les traitements avec des produits multisites appliqués dans des conditions similaires. En plus des pertes directes liées à un mauvais traitement, les traitements inefficaces entraînent invariablement une pression de sélection accrue pour la résistance. Cette sélection est d’autant plus rapide quand les doses appliquées sont coupées.

 

Guanidines (FRAC U12)

La dodine est le seul fongicide de la famille des guanidines (FRAC U12) homologué dans la pomme (depuis 1957) et n’est efficace sur le pommier que pour réprimer la tavelure. Il est encore largement utilisé dans la plupart des pays européens. Initialement commercialisé sous le nom de CYPREX, c’est à la fois un fongicide de contact et un fongicide systémique local. La dodine est efficace en protection et en post infection jusqu’à 300 degrés-heures après le début de l’infection, soit environ 36 h après le début de la pluie. L’absorption de la dodine est rapide et le produit peut être appliqué sur du feuillage mouillé ou à basse température. Cependant, la dodine est parfois sujette à causer une phytotoxicité sur fruits quand le séchage est très lent ou quand la température est près du point de congélation. Comme tous les produits sujets à la phytotoxicité, il est recommandé d’éviter de l’utiliser pendant la période de sensibilité critique des fruits juste après la floraison (voir la fiche 108). Pour réduire davantage les risques, il faut le pulvériser lors de bonnes conditions de séchage assez rapide. La dodine est compatible en mélange avec l’huile.

Les guanidines modifient la perméabilité sélective des membranes cellulaires des champignons pathogènes. Malgré ce mode d’action assez complexe, un usage répété a démontré qu’elles sont sujettes à la propagation de souches résistantes de tavelure, notamment lorsqu’utilisées après l’apparition des symptômes. Pour cette raison, les guanidines sont classées dans la catégorie « à risque » parmi les autres produits unisites. La résistance à la dodine est relativement fréquente depuis plusieurs décennies1, mais comme son développement est plus lent que pour les autres produits et que la perte d’efficacité est graduelle (résistance quantitative), la dodine peut s’avérer une alternative utile à d’autres familles de produits devenus inefficaces. Même si le produit a perdu son efficacité moins de 10 ans après l’homologation dans certains vergers1, dans les vergers où l’usage a été moins intensif, le produit est resté efficace. C’est le cas dans la plupart des vergers en Europe et dans une forte proportion de vergers au Québec2.

EQUAL 65 WP, CYPREX : Produits retirés. Ces produits étaient des poudres mouillables, plus phytotoxiques que les formulations modernes. Les données d’efficacité de ces produits restent pertinentes, mais pas les rapports sur la phytotoxicité qui sont en partie liées à la formulation.

SYLLIT 400 FL (dodine) : Formulation moderne de la dodine. L’étiquette canadienne stipule une dose minimale de 700 g/ha de matière active (1,75 L/ha) alors qu’en France, la dose maximale autorisée de 680 g/ha de matière active est jugée très efficace.

 

Benzimidazoles (FRAC 1)

Cette famille de fongicides génériques a vu le jour dans les années 1960 et a été popularisée dans la pomme avec l’arrivée du benomyl (BENLATE), disparu depuis 2001. Les benzimidazoles bloquent la division cellulaire et nucléaire (mitose) des pathogènes visés. Ils sont très sujets au développement de la résistance, au point où tout le système de classification de la résistance (FRAC) débute avec eux (groupe 1). La perte d’efficacité due à la résistance est aussi soudaine que brutale pour toutes les maladies visées (résistance dite qualitative). Le thiophanate-méthyl originellement vendu sous le nom « EASOUT », TOPSIN-M aux USA et maintenant SENATOR au Canada, est le seul produit de cette famille encore homologué pour des traitements en verger. Le MERTEC (thiabendazole) est issu de la même famille et est encore homologué pour les traitements post-récolte, malgré la résistance généralisée des maladies qu’il est sensé réprimer. Les benzimidazoles sont très toxiques aux vers de terre, mais également toxiques aux abeilles, aux oiseaux et d’autres organismes3 et leur usage est parfois interdit pour cette raison. L’usage répété des benzimidazoles est aussi néfaste aux prédateurs d’acariens.

SENATOR 70WP (thiophanate-méthyl) : Le SENATOR est homologué pour la tavelure et le blanc du pommier. La résistance de la tavelure aux benzimidazoles est généralisée et son usage n’est plus recommandé pour cette maladie depuis plusieurs années. Les mélanges ne peuvent pas rétablir l’efficacité du SENATOR et reviennent à compter seulement sur le produit en mélange. Il est possible que le thiophanate-méthyl soit encore efficace pour réprimer le blanc (fiche 109), mais les risques de développement de la résistance sont élevés. Par contre, SENATOR est très efficace contre la suie-moucheture même si cette maladie n’apparait pas sur l’étiquette. Le SENATOR est incompatible avec la bouillie soufrée et toutes les bouillies alcalines. Délai d’application avant récolte de 1 jour.

 

IBS (FRAC 3)

Ces fongicides sont également appelés IBE (pour inhibiteurs de la biosynthèse des ergostérols) ou SI ou SBI (pour inhibiteurs de la biosynthèse des stérols en anglais). Ils forment un grand groupe de fongicides comprenant différentes classes et familles. Les IBS provoquent l’inhibition d’enzymes impliqués dans la synthèse des stérols, entraînant une perturbation du fonctionnement et de la formation des membranes cellulaires des champignons. En pomiculture, tous les IBS homologués se trouvent dans le groupe « G1 », DMI (SBI : classe 1, inhibiteurs de déméthylation) et sont tous sujets à une résistance croisée (code FRAC 3). Cependant, la résistance n’est pas parfaitement corrélée et des variations importantes sont observées. Différents IBS ont été homologués au cours des années. Au Canada, le fenarimol (pyrimidine, RUBIGAN ou VINTAGE aux États-Unis), le triforine (piperazines, FUNGINEX) et les triazoles, soit le bitertanol (BAYCOR), le myclobutanil (NOVA), le flusilazole (Nustar), le flutriafol (FULLBACK), le difenoconazole (INSPIRE) et finalement le mefentrifluconazole (CEVYA) ont été commercialisés. L’efficacité des IBS pour réprimer la tavelure a été augmentée avec chaque nouvelle génération de produits jusqu’au difenoconazole. Par contre, la résistance naturellement présente des champignons s’est aussi graduellement accumulée avec l’usage et l’efficacité générale de chaque IBS a diminué progressivement. Une longue période d’utilisation du myclobutanil (NOVA), souvent à des doses faibles a accéléré la perte d’efficacité des IBS. Le difenoconazole (INSPIRE) et le mefentrifluconazole (CEVYA) sont les seuls IBS encore recommandables pour réprimer la tavelure dans les vergers où le NOVA a été utilisé.

Les IBS ont une activité systémique locale translaminaire. Ils sont absorbés par la cuticule et redistribués au sein des feuilles traitées. La répartition ou redistribution du fongicide est limitée à une certaine surface autour de son point de contact. Une fois déposé sur la surface foliaire, le produit est absorbé en une heure. Les IBS sont néanmoins très sensibles aux conditions d’absorption. L’absorption des IBS est limitée à basse température et aucun traitement IBS n’est recommandé quand la température est inférieure à 12 °C.

De par leur mode d’action, les IBS sont peu efficaces en protection puisqu’ils agissent seulement après la germination du champignon4. Ils sont par contre très efficaces après la pluie en post infection et peuvent arrêter la progression du champignon sous la cuticule des feuilles plusieurs jours après la pluie. En absence de résistance, ils peuvent être utilisés jusqu’à 1000 degrés-heures après le début de l’infection, soit environ 96 h après le début d’une pluie. Passé ce délai, leur efficacité diminue, mais reste mesurable quoique insuffisante. Les IBS ne tuent pas le champignon en croissance, mais le freinent. Ils sont donc techniquement « fongistatiques » et non « fongicides ». Conséquemment, une certaine résurgence a lieu en fin de saison et le champignon peut survivre d’une année à l’autre.

En absence de résistance dans les populations de champignons, les IBS sont efficaces contre une gamme variée de champignons incluant plusieurs maladies usuelles du pommier (tavelure, blanc), mais aussi des maladies pour lesquelles des traitements ne sont habituellement pas requis en PFI (ex. : rouille). L’efficacité contre chacune des maladies est variable selon le produit. Les IBS très efficaces contre la tavelure sont généralement moins efficaces contre le blanc et réciproquement. Par ailleurs, les premiers IBS n’avaient à peu près aucune efficacité contre la suie-moucheture (SBFS) alors que le difénoconazole est très efficace contre cette maladie.

Dans les vergers où les IBS sont encore efficaces contre la tavelure, leur utilisation en mélange est à considérer pour les traitements en post infection, en tenant compte du mode d’action. Voir la fiche 52. L’utilisation du FULLBACK (ou du NOVA) pour lutter contre le blanc pourrait potentiellement accélérer la résistance de la tavelure et mettre en péril l’efficacité des IBS encore efficaces contre cette maladie. Outre leur efficacité comme fongicides, les IBS ont souvent un effet hormonal sur le pommier. Cet effet est variable selon les molécules.

CEVYA (mefentrifluconazole) : Aussi connu comme Revysol (BAS-750-07F, BAS-752). Homologué au Canada en 2019 pour la saison de croissance 2020. Efficacité contre la tavelure équivalente ou légèrement moindre que INSPIRE5,6. La compagnie allègue que le produit est efficace contre les souches tolérantes aux IBS, mais les données ne sont pas publiées.

FULLBACK (flutriafol) : Homologué au Canada en 2014, ce produit est connu aux États-Unis sous le nom TOPGUARD ou RHYME. Cet IBS est très efficace contre le blanc du pommier. Par contre, son efficacité pour réprimer la tavelure est moindre5,6, notamment dans les vergers où la tavelure est tolérante au NOVA. Le produit n’est d’ailleurs pas recommandé seul pour réprimer la tavelure.

FUNGINEX (triforine) : Homologué au Canada seulement sur les pommiers non en production. Le triforine inhibe en partie la mise à fruit7.

NOVA 40W (myclobutanil) : Ce fongicide a été initialement commercialisé par Dow Chemicals. Son efficacité pour la tavelure est compromise par la résistance et le produit n’est plus recommandé dans la plupart des vergers. Les résultats d’essais récents illustrent que ce produit est moins efficace que les nouveaux IBS pour réprimer la tavelure6. Ce fongicide doit être utilisé en mélange avec un fongicide de contact à partir de la floraison car il est peu efficace pour empêcher la tavelure sur les fruits. Il s’avère toutefois un excellent fongicide pour réprimer le blanc.

NUSTAR (flusilazole) : Fongicide jadis commercialisé par la compagnie Dupont. À la dose homologuée, le flusilazole pouvait réprimer efficacement les populations de champignons devenues tolérantes au myclobutanil. Retiré du marché après la saison 2011 même si l’homologation est restée valide jusqu’en 2018.

INSPIRE (difénoconazole) : IBS homologué par la compagnie Syngenta. Le difénoconazole est la molécule de cette famille la plus efficace contre la tavelure du pommier. Néanmoins, des souches tolérantes au difénoconazole sont fréquemment trouvées. Dans les vergers où la résistance au NOVA est bien installée, INSPIRE peut être utile si la pression de la maladie n’est pas trop forte, par exemple sur des cultivars moins sensibles que McIntosh. Par ailleurs, l’efficacité du INSPIRE est limitée pour réprimer le blanc. Efficace contre la suie-moucheture. Le INSPIRE est graduellement remplacé par le mélange INSPIRE SUPER.

INSPIRE SUPER : Voir la fiche 52.

 

AP (FRAC 9)

Les fongicides du groupe des anilinopyrimidines (AP) provoquent l’inhibition de la synthèse de la méthionine (acide aminé) chez les pathogènes visés. Dans d’autres cultures, les AP sont surtout utilisés contre les champignons apparentés au Botrytis, mais ils ont aussi une assez bonne activité contre la tavelure du pommier. Cependant, les résultats sont variables. Dans une stratégie en « protection » ils ne sont pas recommandables8. Pour la tavelure, les AP sont efficaces jusqu’à 750 degrés-heures après le début de l’infection, soit environ 76 h après le début de la pluie. Les AP ne sont pas efficaces contre le blanc.

Pour être efficaces, les traitements avec AP doivent être absorbés par le feuillage. Leur systémie est locale (translaminaire). Les AP sont notamment bien absorbés à basse température et sont préconisés en début de saison. Par contre, la période de séchage est critique pour assurer l’efficacité des produits de cette famille. Il faut compter deux heures de séchage pour garantir l’efficacité. Les AP ne répriment pas la tavelure sur fruits et ne sont donc pas recommandés après la floraison. Les lacunes des AP en été sont bien documentées9. Bien que la résistance croisée entre les AP (groupe 9) et les IBS (groupe 3) ne soit pas démontrée, leur efficacité pourrait être réduite dans les vergers où il y résistance aux fongicides de la famille des IBS. Les deux molécules homologuées dans ce groupe sont d’efficacité équivalente lorsqu’utilisées à la dose homologuée.

VANGARD 75WG (cyprodinile) : Premier fongicide de la famille des AP homologué au Canada (1998). Le produit existe aussi dans d’autres pays, notamment en Europe sous le nom de CHORUS.

SCALA (pyriméthanil) : Outre son homologation préflorale, le SCALA peut être utilisé avant la récolte pour réprimer les maladies comme le Botrytis et le Penicillium.

INSPIRE SUPER : Voir la fiche 52.

 

QoI (FRAC 11)

Ce groupe de fongicides est le résultat d’une fusion des strobilurines et d’autres produits fongicides. Les QoI sont des produits relativement récents (1996) qui sont des dérivés d’un extrait de champignon naturellement fongicide. Ils agissent en causant l’inhibition de la respiration mitochondriale des cellules et sont efficaces contre une gamme variée de champignons. Les QoI sont très sujets à la résistance et cette résistance peut prendre différentes formes. Dans certains cas, la première résistance aux QoI qui apparaît est graduelle mais par la suite dans tous les cas une résistance très brutale (résistance qualitative) s’installe et les traitements peuvent soudainement perdre toute efficacité. Dans certains pays, la résistance est apparue après seulement quelques années d’usage modéré9.

En absence de résistance, leur spectre d’activité comprend toutes les maladies usuelles en pomiculture, incluant la tavelure, le blanc et le complexe suie-moucheture.

Ces produits ont une forte affinité pour la cuticule des plantes. Les QoI homologués dans la pomme ne sont pas considérés systémiques, ne sont pas stables dans la feuille et n’ont à peu près pas de mouvement translaminaire4. Ils seraient néanmoins redistribués localement à la surface des feuilles par diffusion dans la cuticule. En principe, les QoI peuvent aussi s’évaporer et protéger des feuilles non touchées par la bouillie pesticide. Cependant, ils sont peu volatiles4 et l’effet est négligeable en conditions normales.

Comme ils inhibent la germination des spores4, ils ont d’excellentes propriétés de protection. Pour la tavelure ils ne sont pas recommandés pour les traitements de germination puisqu’ils doivent être appliqués sur feuillage sec. Leur efficacité en post infection est limitée à 450 degrés-heures, soit environ 48 h depuis le début de la pluie. Cette valeur ne fait pas l’unanimité. Même si ils ont un effet reconnu en post-infection4, les QoI ne sont pas recommandés en post-infection en Europe.

Les QoI ont tendance à provoquer une phytotoxicité soit sur pommiers ou sur vigne. Les produits homologués sur la pomme sont donc souvent phytotoxiques sur la vigne et inversement. En pomiculture, il faut donc user de prudence extrême dans les sites à proximité des vignobles et des autres cultures où des fongicides de type QoI sont utilisés. Une dérive très faible du fongicide azoxystrobine (Quadris, Abound) utilisé dans plusieurs cultures peut provoquer des symptômes graves10 sur pommiers. Le partage d’équipement entre les cultures est impossible puisque même un nettoyage approfondi du pulvérisateur n’est pas suffisant pour éviter la phytotoxicité.

Les dommages varient selon le cultivar touché, et sont importants notamment sur McIntosh, Gala, Spartan et Cortland, mais pas sur la délicieuse rouge. La sévérité des dommages dépend du stade phénologique.

SOVRAN (krésoxim-méthyl) : Commercialisé par BASF, premier QoI homologué dans la pomme au Canada (2000). Selon la dose utilisée, ce produit est moins efficace que FLINT. Il faut au moins 280 g/ha de SOVRAN pour obtenir une efficacité comparable à FLINT à 140 g/ha. De plus, le SOVRAN est plus sujet à la résistance graduelle que le FLINT. Phytotoxique sur cerises.

FLINT (trifloxystrobine) : Commercialisé au Canada par Bayer depuis 2004. La résistance aux QoI est responsable de pertes d’efficacité en Ontario depuis 2011. Homologué jusqu’à 175 g/ha.

MERIVON de BASF (pyraclostrobine + fluxapyroxad) : Voir la fiche 52.

PRISTINE : Voir la fiche 52.

 

SDHI (FRAC 7)

Les SDHI (succinate dehydrogenase inhibitors) du groupe des carboxamides constituent la dernière famille de produits unisites homologués dans la pomme. Différents produits contenant un SDHI sont homologués au Canada. Les SDHI ont une forte affinité pour la cuticule des feuilles et sont en partie absorbés. La portion absorbée est supposée systémique localement (translaminaire). Le premier SDHI (boscalide, contenu dans PRISTINE) n’avait pas d’efficacité reconnue contre la tavelure, mais les SDHI homologués par la suite incluent la tavelure dans leur spectre d’efficacité. Pour la tavelure, les nouveaux SDHI sont efficaces en protection et ont une efficacité en post infection d’environ 450 degrés-heures, soit environ 48 h depuis le début de la pluie. Certaines étiquettes (ex. : Luna Tranquility) qui incluent un SDHI en mélange peuvent indiquer une plus longue période d’activité en post infection, mais l’effet est obtenu par le partenaire de mélange et non le SDHI. Les fongicides SDHI sont également efficaces contre le blanc et d’autres maladies mineures comme la suie-moucheture.

Comme tous les SDHI sont à risque élevé de résistance (FRAC 7), il est important d’adopter une stratégie de gestion de la résistance avant leur utilisation généralisée.

APROVIA (benzovindiflupyr) : Produit homologué par Syngenta et commercialisé à partir de 2016. Cette molécule est la plus efficace du groupe pour réprimer la tavelure du pommier.

APROVIA TOP (benzovindiflupyr + difenoconazole) : Voir la fiche 52.

EXCALIA (Inpyrfluxam (31,25 %)) : Produit homologué (2020) par Valent/Nufarm, la molécule est aussi connue sous le nom de « indiflin ». Le traitement doit être complété au moins une heure avant la pluie, deux heures selon la documentation technique de Valent. La dose prescrite varie entre 146 et 219 mL/ha selon la pression de la maladie. Le produit est efficace en protection, mais également jusqu’à 4 jours en post infection. L’intervalle minimal entre les applications est 10 jours et seulement deux applications sont permises par année. De plus, le délai avant récolte empêche tout usage après la chute des pétales. L’étiquette précise qu’un minimum de 500 L/ha est requis lors de l’application, mais les applications à volume réduit fonctionnent. Un adjuvant (ex. : Xiameter, Silwet) est requis contre le blanc, mais les tensioactifs comme Liberate ou LI-700 peuvent nuire à l’efficacité.

FONTELIS (penthiopyrad) : Le premier « SDHI » à voir le jour au Canada (2012) pour réprimer la tavelure. La formulation de FONTELIS (Dupont) contient de l’huile qui peut engendrer des problèmes lors de l’utlisation conjointe avec le CAPTAN11-13. Le Fontelis ne doit pas être mélangé avec les produits d’éclaircissage13.

KENJA (isofetamid) : Peu de données comparatives. Homologué en 2018. Molécule de ISK. Homologué pour la tavelure à la dose de 0,913 L/ha. Pas homologué contre le blanc.

LUNA PRIVILEGE (fluopyram) : La gamme Luna (Bayer) a d’abord été homologuée en mélange (voir Luna Tranquility). En 2016, la molécule active a été homologuée seule. Dans plusieurs tests, cette molécule s’est avérée la moins efficace du groupe, notamment lors d’un sondage sur la résistance au Canada.

LUNA TRANQUILITY (fluopyram + pyrimethanil) : Mélange d’un SDHI avec un AP. Voir la fiche 52.

MERIVON de BASF (pyraclostrobine + fluxapyroxad) : Voir la fiche 52.

MIRAVIS DUO (pydiflumetofen + difenoconazole) : Aussi connu sous le nom de technologie « Adepidyn » Homologation Syngenta. Mélange d’un fongicide du groupe 7 avec un groupe 3. Peu efficace contre le blanc, mais homologué contre la suie-moucheture. Maximum de 2,34 L/ha par saison. Pour une dose non optimisée de 0,585 L/ha, 4 applications sont permises (voir résistance). Délai avant récolte d’un mois. Similaire à Aprovia Top. Voir la fiche 52.

PRISTINE : Voir la fiche 52.

SERCADIS (fluxapyroxad) : Molécule de BASF, aussi connu sous le nom de XEMIUM selon les pays et marchés. Cette molécule est vendue en mélange aux USA sous le nom MERIVON (voir la fiche sur les mélanges). Le mélange n’est pas plus efficace que Sercadis14. L’étiquette mentionne que l’utilisation d’un surfactant non-ionique (0,125 % v/v) est recommandée.

 

Polyoxins (FRAC 19)

Les polyoxins (polyoxorim) tuent les champignons en inhibant la formation de la chitine (chitine synthase) qui est une composante essentielle des parois cellulaires des champignons pathogènes. Cette molécule fongicide d’origine naturelle est fabriquée par une bactérie actinomycète (Streptomyces cacaoi var asoensis). Cependant, la molécule est modifiée pour la rendre moins soluble. Les produits homologués (ex. : Oso (Certis), PH-D (Arysta)) ne sont pas automatiquement admissibles en production biologique (OMRI)15. Vérifiez avec votre organisme de certification. Les polyoxins ont une efficacité limitée contre la tavelure du pommier et ne sont pas utiles contre cette maladie. Un seul produit de ce groupe est homologué au Canada pour la répression partielle du blanc. Cependant, le polyoxin D serait efficace contre la suie-moucheture en été et est homologué aux États-Unis contre une gamme variée de maladies secondaires (ex. : rouille, alternariose, pourriture du cœur, pourriture du calice, pourriture noire, Marssonina).

Le OSO (5 % actif, comme Diplomat) est recommandé aux USA en été à la dose de 19,5 oz/A, soit 1,4 L/ha).

DIPLOMAT 5SC (polyoxin D zinc salt 5 %) : La dose homologuée est comprise entre 259-926 mL/ha. Ajustez la dose selon la dimension des arbres, mais tenez compte que la dose homologuée au Canada est plus faible que celle utilisée dans les essais américains. Compte tenu de son efficacité limitée, ce produit n’est pas jugé utile en PFI pour réprimer le blanc mais son efficacité contre la suie-moucheture est notable même si cette maladie n’apparait pas sur l’étiquette au Canada.

 

QUINOLINES (FRAC 13)

Nouvelle homologation en 2022. Aucune résistance croisée avec les autres familles FRAC.

KINOPROL 20SC (ipflufenoquin 20 %)16 : Données disponibles limitées, mais serait efficace contre la tavelure et le blanc. 355 mL/ha 3 applications maximum par année. Délai de récolte de 14 jours.

 

Références
  1. Szkolnik, M. & Gilpatrick, J. D. Apparent resistance of Venturia inaequalis to dodine in New York apple orchards. Plant Dis. Report. 53, 861–864 (1969).
  2. Philion, V. & Joubert, V. Portrait de la résistance aux fongicides utilisés pour lutter contre la tavelure du pommier. 22 Disponible sur : https://www.mapaq.gouv.qc.ca/SiteCollectionDocuments/Agroenvironnement/1590_Rapport.pdf (2014).
  3. Pest Management Regulatory Agency. Re-evaluation Decision RVD2020-13, Thiophanate-methyl and Its Associated End-use Products. Pest Control Products Act vols RVD2020-13 ISSN: 1925-1025 (2020).
  4. Bartlett, D. W. et al. The strobilurin fungicides. Pest Manag. Sci. Former. Pestic. Sci. 58, 649–662 (2002).
  5. Aćimović, S. G., Meredith, C. L. & Woelfersheim, N. Evaluation of BAS-750-07F (Revysol), DMI and SDHI fungicides with LI 700 for control of apple scab in 2018. Plant Dis. Manag. Rep. 13, PF040 (2019).
  6. Aćimović, S. G. & Meredith, C. L. Evaluation of SDHI and DMI fungicides in mix with surfactants and of new DMI revysol® for control of apple scab in the Hudson valley. N. Y. Fruit Q. 27, (2019).
  7. Latham, A. J., Dozier Jr, W. A., Knowles, J. W. & Hollingsworth, M. H. Suppression of apple bloom by fungicides that inhibit sterol synthesis. Plant Dis. (1985).
  8. Bugiani, R., Franceschelli, F., Bevilacqua, T., Antoniacci, L. & Rossi, R. Efficacy evaluation of some fungicides for the control of apple scab [Malus pumila Mill.; Emilia-Romagna]. Atti Delle Giornate Fitopatol. Italy (2006).
  9. Eihe, M., Rancane, R. & Vilka, L. Different fungicide combinations against apple scab helping to avoid fungus resistance. Sodinink. Ir Daržinink. 28, 57–67 (2009).
  10. Cowgill Jr, W. P., Oudamans, P., Ward, D. & Rosenberger, D. Not understanding phytotoxicity can damage your bottom line. Fruit Notes 78, 15–23 (2013).
  11. Dupont Fontelis fungicide technical information. (2012).
  12. Rosenberger, D. The captan conundrum: scab control vs. phytotoxicity. Scaffolds fruits journal vol. 22 6–8 (2013).
  13. Dupont Fontelis® fungicide. EPA registration vol. No. 352-834 NY-130003 (2014).
  14. Sundin, G. W. & Outwater, C. A. Evaluation of fungicide programs for apple scab control on McIntosh apple, 2016. Plant Dis. Manag. Rep. 11, PF001 (2017).
  15. Polyoxin D Zinc Salt. OMRI Disponible sur : https://www.omri.org/generic-material/polyoxin-d-zinc-salt.
  16. Jeanmart, S., Edmunds, A. J., Lamberth, C., Pouliot, M. & Morris, J. A. Synthetic approaches to the 2015–2018 new agrochemicals. Bioorg. Med. Chem. 116162 (2021).

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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Fiche 53

Danielle Bernier, Karine Toulouse, Gérald Chouinard et Francine Pelletier

 

Cette fiche présente une description sommaire et une liste non exhaustive des herbicides homologués pour les vergers de pommiers au Canada pour l’année 2024. À chaque début de saison, le Réseau d’Avertissements Phytosanitaires (RAP) du pommier effectue une mise à jour de cette liste et diffuse les ajouts et retraits par le biais de communiqués. Consultez la fiche 9 pour en savoir plus sur le RAP.

NOTE : Pour une information complète et à jour sur les pesticides, visitez le service en ligne d’information sur les pesticides du gouvernement du Québec (http://www.sagepesticides.qc.ca) et du Canada (http://pr-rp.hc-sc/ls-re/index-fra.php).

ATTENTION : Bien qu’homologués au Canada, les produits mentionnés ne sont pas nécessairement disponibles partout au pays, et ils ne sont pas nécessairement permis aux États-Unis ou ailleurs dans le monde. Avant d’en faire l’utilisation, il importe donc de vérifier les conséquences possibles de leur utilisation si la récolte doit être exportée.

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  1. Les groupes chimiques indiqués correspondent à la classification retenue par l’Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire (ARLA) ainsi que par les comités suivants : Fungicide Resistance Action Committee (FRAC), Insecticide Resistance Action Committee (IRAC) et Herbicide Resistance Action Committee (HRAC). Ils sont basés sur les sites ou les principaux modes d’action des différentes matières actives.
  2. Familles chimiques : Herbicides : AC : acides carboxyliques; ACP : acides phosphiniques; AG : acides gras; AP : amino-phosphonates; APP : aryloxyphénoxy-propionates; BP : bipyridylium; BT : benzothiadiazoles; CD : cyclohexanediones; CHL : chloroacétamides; DC : dicarboximides; DG : Dérivés de glycine; DNA : dinitroanilines; INO : substances inorganiques; NI : nitriles; PC : pyridine-carboxylates; PH : phénoxy; SU : sulfonylurées; TRI : triazines; TRIAZO : triazolinones; TRIAZI : triazinones; UR : uraciles; U : urées.
    Autres produits : AA : amines aromatiques; AE : Alcools éthoxylés; AUX : auxines; CT : Cyclohexanetriones; CYT : cytokinines; DTC : dithiocarbamates: EBDC : dithiocarbamates; GIB : gibbérellines; HAL : halogènes; IND : indanediones; NA : naphtalène; NC : non classés; OC : organochlorés; OP : organophosphorés; PM : phosphures métalliques; V : origine végétale
  3. Types de pesticide : H : herbicide; AT : agent tensioactif ou surfactant; P : phytohormone (régulateur de croissance); R : répulsif (chevreuil); RO : rodenticides; FU : fumigant.
  4. Bien qu’homologués au Canada, ces produits ne sont pas tous nécessairement disponibles au Québec. * En fin d’homologation
  5. La limite maximale de résidus (LMR) permise sur les pommes récoltées est définie par chaque pays : celle indiquée ici n’est valable qu’au Canada et est fixée par Santé Canada en vertu de la Loi sur les produits antiparasitaires. *En l’absence de LMR spécifiques pour un produit antiparasitaire, on utilise le seuil de 0,1 ppm.
  6. Délais d’attente avant récolte : S/O : sans objet.
    S/O1 : Ce produit ne peut être appliqué sur des arbres en production.
    S/O2 : Homologué avant le débourrement ou après la récolte seulement.
    S/O3 : Homologué en entrepôt seulement.
  7. Les délais de réentrée présentés proviennent des étiquettes lorsque disponibles. Dans le cas contraire, les délais de réentrée présentés proviennent des recommandations utilisées dans SAgE pesticides (INSPQ) ou aux États-Unis (EPA). Ils peuvent varier selon la culture et la tâche à accomplir.
    * Ne pas réentrer au champ avant que les résidus du produit ne soient secs. Délai provisoire établi par l’INSPQ.
    **Délai provisoire établi par l’INSPQ sur la base des caractéristiques toxicologiques du produit.
    Dans le cas des fumigants, il n’existe pas de délai de réentrée prédéterminé comme c’est le cas pour les autres pesticides. Pour ces produits, il faut respecter les concentrations résiduelles maximales recommandées par le fabricant ou par le Code de gestion des pesticides du Québec. Dans certains cas, il faut respecter le délai après aération prescrit par le fabricant. Il ne faut jamais accéder à un site traité avec des fumigants tant qu’une ventilation adéquate n’a pas été effectuée au préalable.
  8. Les zones tampons indiquées correspondent aux distances d’éloignement à respecter, telles que spécifiées sur l’étiquette, pour protéger les habitats aquatiques d’eau douce (lacs, rivières, bourbiers, étangs, ruisseaux, marais, réservoirs et autres milieux humides). Elles peuvent varier selon la culture, la profondeur de l’habitat aquatique et le stade de développement de la culture. Si non spécifié sur l’étiquette, les distances minimales de tous plans d’eau ou cours d’eau à respecter en vertu du Code de gestion des pesticides sont : 1 m (si aire totale d’écoulement ≤ 2 m2) ou 3 m (aire totale d’écoulement > 2 m2).
  9. Les indices de risques suivants ont été calculés en considérant la dose maximale permise par l’étiquette (une valeur élevée indique un risque élevé) :
  10. IRE : Indice de risque pour l’environnement calculé par le calculateur d’indices de risque de SAgE Pesticides accessible à www.sagepesticides.qc.ca.
  11. IRS : Indice de risque pour la santé calculé par le calculateur d’indices de risque de SAgE Pesticides accessible à www.sagepesticides.qc.ca.
  12. IRB : Indice de risque pour les insectes bénéfiques du verger calculé à partir d’une base de données maintenue à jour par le Réseau-pommier du Québec. Cette base de données intègre des informations provenant d’organisations gouvernementales canadiennes et américaines de R&D en pomiculture, de l’Organisation Internationale de Lutte Biologique ainsi que les observations des membres du Réseau-pommier.
Efficacité potentielle des herbicides

Les cotes présentées ci-dessous sont tirées de SAgE pesticides (http://www.sagepesticides.qc.ca/ )– . Selon les critères de la Directive d’homologation DIR2003-04 de l’ARLA, le traitement (1) supprime, (2) réprime ou (3) arrête la croissance des parties aériennes des mauvaises herbes. Les renseignements présentés dans ce tableau ne remplacent en aucun temps l’étiquette du fabricant. Toujours lire l’étiquette avant de recommander ou d’utiliser un produit.

Pour des détails additionnels sur les stratégies de lutte aux mauvaises herbes, consultez la fiche 111. Une grille d’évaluation  des herbicides est également disponible dans le Guide de lutte contre les mauvaises herbes Cultures horticoles 2021, publication 75B-F du ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et des Affaires rurales de l’Ontario.

Dans le cas des traitements herbicides de post-levée, il y a un délai à respecter avant le début d’une pluie afin d’assurer une pleine efficacité de l’herbicide utilisé. Consultez l’étiquette des produits ou contactez votre représentant de pesticides.

 

(Cliquez ici pour télécharger le tableau complet)

Tiré de SAgE pesticides – Pomme 2021. Selon les critères de la Directive d’homologation DIR2003-04 de l’ARLA, le traitement (1) supprime, (2) réprime ou (3) arrête la croissance des parties aériennes des mauvaises herbes. Les renseignements présentés dans ce tableau ne remplacent en aucun temps l’étiquette du fabricant. Toujours lire l’étiquette avant de recommander ou d’utiliser un produit.
*Un astérisque à côté d’une cote (ex. : 1*) signifie que le traitement est homologué pour au moins une des espèces de mauvaises herbes inclus dans ce groupe.
Amaranthe (Amaranthus spp.) = Amarante à racine rouge (A. retroflexus); Amarante hybride (A. hybridus); Amarante épineuse (A. spinosus); Amarante fausse-blite (A. blitoides); Amarante tuberculée (A. tuberculatus); Amarante de Powell (A. powellii); Amarante blanche (A. albus); Amarante de Palmer (A. palmeri) / Bromes (Bromus spp.) = Brome des toits (B. tectorum); Brome inerme (B. inermis); Brome des seigles (B. secalinus); Brome à deux étamines (B. diandrus); Brome dressé (B. erectus) / Chénopodes (Chenopodium spp.) = Chénopode blanc (Chenopodium album); Chénopode simple (Chenopodiastrum simplex); Chénopode glauque (Oxybasis glauca) / Digitaires (Digitaria spp.) = Digitaire astringente (Digitaria ischaemum); Digitaire sanguine (Digitaria sanguinalis) / Laiterons (Sonchus spp.) = Laiteron des champs (Sonchus arvensis); Laiteron potager (Sonchus oleraceus) / Liserons (Convolvulus spp.) = Liseron des champs (Convolvulus arvensis); Liseron des haies (Calystegia sepium) / Moutardes (Moutardes) = Moutarde de l’Inde (Brassica juncea); Moutarde des champs (Sinapis arvensis); Moutarde des chiens (Erucastrum gallicum); Moutarde des oiseaux (Brassica rapa); Moutarde noire (Brassica nigra) / Prêles (Equisetum spp.) = Prêle des champs (Equisetum arvense) / Renouées (Polygonum spp. et Persicaria spp.) = Renouée de Pennsylvanie (Persicaria pensylvanica); Renouée du Japon (Reynoutria japonica); Renouée liseron (Fallopia convolvulus); Renouée persicaire (Persicaria maculosa); Renouée scabre (Polygonum scabrum) / Sétaires (Setaria spp.) = Sétaire géante (Setaria faberi); Sétaire glauque (Setaria pumila subsp. pumila); Sétaire verte (Setaria viridis) / Vesces (Vicia spp.) = Vesce jargeau (Vicia cracca); Vesce noire (Vicia sativa var. angustifolia)

Mode d’action

  1. Inhibiteur de la glutamine synthétase.
  2. Inhibiteur de la 5-énolpyruvylshikimate-3-phosphate synthase.
  3. Inhibiteur de la photosynthèse au photosystème II – liants D1 sérine 264
  4. Inhibiteur de la photosynthèse au photosystème II – liants D1 histidine 215
  5. Inhibiteur de la synthèse de la cellulose
  6. Inhibiteur de la protoporphyrinogène oxydase (PPO).
  7. Inhibiteur de l’assemblage des microtubules. Inhibition de la division cellulaire (mitose).
  8. Dérivation des électrons au niveau du photosystème I
  9. Auxine de synthèse. Phytohormone qui dérègle la croissance des plantes.
  10. Inhibiteur de l’acétyl CoA carboxylase (ACCase).
  11. Perturbateur de la matrice lipoprotéique des membranes cellulaires.
  12. Inhibiteur des acides gras à très longue chaîne.
  13. Agit par contact. Détériore la couche cireuse qui recouvre les feuilles des végétaux et qui les protège contre la dessiccation.
  14. Inhibiteur de l’acétolactate synthase (ALS), aussi appelée acétohydroxyacide synthase (AHAS). Inhibiteur de la biosynthèse des acides aminés ramifiés.
    x. Inconnu

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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Fiche 54

Gérald Chouinard, Robert Maheux, Yvon Morin, Francine Pelletier et Maude Lachapelle

 

Visionnez la série de vidéos sur la calibration des pulvérisateurs à https://reseaupommier.irda.qc.ca/?p=11952
Les cinq capsules d’environ 6 minutes chacune passent une à une les étapes nécessaires, de la préparation du pulvérisateur jusqu’au réglage lui-même.  Vous ne verrez plus votre pulvérisateur de la même façon!

La dérive est le transport par voie aérienne de gouttelettes ou de vapeurs de pesticides hors de la zone ciblée par le traitement. La fiche suivante contient des extraits du guide La dérive des pesticides : prudence et solutions, publié par le Centre de référence en agriculture et agro-alimentaire du Québec et disponible gratuitement à l’adresse suivante : http://www.agrireseau.qc.ca/agroenvironnement/documents/Liste_strategie3.pdf.

La dérive des pesticides : prudence et solution

 

Pourquoi réduire la dérive?
  • Pour réduire les pertes (donc les coûts) et s’assurer ainsi d’appliquer la quantité prévue de pesticide sur la zone à traiter et d’obtenir une meilleure efficacité des traitements;
  • Pour éviter que les pesticides emportés par le vent n’endommagent ou ne contaminent les cultures avoisinantes;
  • Pour éviter que des résidus de pesticides ne portent préjudice aux êtres humains et aux organismes aquatiques et terrestres qui vivent dans l’environnement immédiat du verger;
  • Pour permettre de réduire la largeur de la zone tampon à respecter près des milieux à protéger en vertu des réglementations provinciale et fédérale (si l’étiquette en fait mention ou si la loi le prévoit).

 

Comment réduire la dérive?

1. Effectuer annuellement le réglage et l’étalonnage du pulvérisateur (se référer à la fiche 61). Ceci consiste entre autres à :

  • Positionner et orienter les buses de façon à maintenir le plus possible le jet de gouttelettes à l’intérieur du feuillage;
  • Ajuster le débit d’air en fonction de la densité du couvert végétal (moins il y a de feuillage, moins il devrait y avoir d’air). Vous pouvez réduire votre débit d’air en diminuant la vitesse de rotation de la prise de force du tracteur (PTO) ce qui vous fera également économiser du carburant.

2. Ajouter au pulvérisateur de petits équipements permettant d’améliorer la technique de pulvérisation :

  • Buses antidérive : Aussi appelées buses à faible dérive, buses à réduction de dérive ou buses à induction d’air, ces buses produisent des gouttelettes de tailles plus homogènes et moins de très petites gouttelettes (sensibles à la dérive) que les buses conventionnelles à jet plat ou à jet conique comparables. Elles s’intègrent facilement sur un système conventionnel sans nécessiter d’investissement important. Elles peuvent être utilisées aux mêmes débits et pressions d’application que les buses conventionnelles et permettent une réduction de la dérive de 50 à 85 %.buse antidérive

    ATTENTION : Pour s’assurer d’un bon fonctionnement, ces buses doivent être nettoyées efficacement après chaque pulvérisation, comparativement aux buses conventionnelles. Assurez-vous que les deux orifices par lesquels l’air est aspiré restent toujours ouverts et ne se bouchent pas. Pour plus d’information sur la performance et l’utilisation des buses antidérive, une fiche technique de l’IRDA résume une récente étude sur le sujet.

  • Réducteur de débit d’air : Un simple anneau de contreplaqué appliqué sur la grille au dos du pulvérisateur permet de réduire le débit d’air lors d’applications effectuées dans des vergers à haute densité. La vitesse des gouttelettes est ainsi ralentie et la dérive peut être réduite de 75 à 95 % sur pommiers nains.réducteur de débit d'air
  • Détecteur optique de végétation : Cet appareil, qui utilise le plus souvent la technologie LIDAR, permet la fermeture automatique du jet des buses en l’absence de végétation, par exemple lorsqu’un arbre est manquant sur un rang. En verger, la réduction de la dérive varie de 20 % en début de saison à 50 % lorsque le feuillage est pleinement développé. Ce système permet de réduire les quantités de pesticides utilisées et leur dérive hors de la zone visée.détecteur optique de végétation
  • Déflecteurs : De dimensions variables, les déflecteurs ressemblent à des palettes de tôle. Ils sont placés de chaque côté du pulvérisateur axial, en haut de la fente de sortie d’air de chaque buse. Ils permettent d’orienter le jet d’air horizontalement et de mieux cibler le feuillage. Ils font habituellement partie intégrante du pulvérisateur au moment de l’achat mais peuvent être ajoutés facilement.

3. Utiliser un pulvérisateur à dérive réduite. Il en existe plusieurs types :

  • Pulvérisateur tour avec flux latéral d’air : Ce type de pulvérisateur (aussi appelé pulvérisateur tangentiel) entraîne les gouttelettes très près du feuillage en produisant un jet horizontal. Un bon ajustement du pulvérisateur et la fermeture des buses dont le jet pourrait passer au-dessus de la végétation permettent de contenir les gouttelettes dans la végétation. Certains modèles permettent d’incliner la section supérieure de la tour vers le bas et de maintenir ainsi la pulvérisation dans le couvert végétal. L’utilisation d’un tel pulvérisateur permet une réduction de la dérive d’environ 50 %.pulvérisateur tour avec flux latéral d’air
  • Pulvérisateur tunnel : Cette technologie utilisée en Europe est la technique la plus sûre pour l’environnement. Elle permet de réduire la dérive d’environ 90 %. Le pulvérisateur de type tunnel produit un jet horizontal, enrobe le pommier des deux côtés et récupère le produit de façon à le faire circuler de nouveau, diminuant ainsi de 30 % la quantité de pesticide utilisée. Au Québec, la présence de pommiers de grosseurs différentes (standards, nains, semi-nains) au sein de la plupart des vergers limite l’utilisation de cette technologie.pulvérisateur tunnel
  • Pulvérisateur avec sac(s) de pulvérisation : Ce genre d’appareil peut, en fonction du nombre de sacs de pulvérisation présents, traiter plusieurs rangs à la fois (jusqu’à trois rangs à la fois avec une rampe comportant trois sacs). Ce genre de pulvérisateur a été utilisé en 2011 dans un verger commercial au Québec. Voici quelques avantages et inconvénients observés :pulvérisateur avec sacs de pulvérisation
    Avantages :
    • Réduction de 50 à 66 % du temps alloué à la pulvérisation. Ceci permet de terminer les arrosages dans de bonnes conditions climatiques, par exemple, avant l’arrivée de la pluie ou de forts vents.
    • Grande réduction du niveau sonore comparativement à un pulvérisateur conventionnel.
    • Un opérateur seul peut traiter une plus grande surface de verger.
    Inconvénients :
    • Ce type de machine doit opérer sur une grande surface de verger pour être rentable, dû à son coût élevé d’acquisition (environ 75 000 $).
    • Il n’a été utilisé que dans des blocs homogènes contenant des arbres de 12 pieds (3,65 m) de hauteur maximum.
    • Les rangs où le tracteur circule ne doivent pas comporter de trous ou de bosses afin d’éviter le mouvement de la rampe principale, ce qui occasionnerait le déplacement des sacs lors de la pulvérisation. Dans de bonnes conditions, il peut être opéré à une vitesse de 5,5 km/h dans une plantation 1,8 m par 3,6 m.

4. Établir des haies brise-vent autour du verger.
Des haies brise-vent adéquates (ex. : épinettes, peupliers, saules) auront des répercussions positives sur la dérive (une réduction de 20 à 40 %), mais aussi sur la pollinisation, la chute de pommes et l’accumulation de neige en hiver. Pour plus de détails et des exemples d’aménagements, consultez la publication Des haies brise-vent pour réduire la dérive de pesticides en verger (voir la fiche 9).

5. Effectuer les vérifications suivantes avant toute pulvérisation :

  • Consulter les tableaux des fiches 45, 46 et 53 pour vérifier s’il n’y a pas de restriction d’application à proximité de zones sensibles et s’il ne vaut pas mieux utiliser un produit moins toxique.
  • Consulter l’étiquette du pesticide utilisé pour vous renseigner sur les zones tampons. Lorsque la pulvérisation aérienne est permise sur l’étiquette du produit, la bande de protection minimale peut atteindre 350 m (!) et pour plusieurs insecticides, elle dépasse les exigences du Code de gestion des pesticides (fiche 12).
  • S’assurer de fermer les buses qui ne seront pas dirigées vers les pommiers.
  • Vérifier si les conditions météo sont favorables à la dérive de gouttelettes ou de vapeurs de pesticide en fonction du pesticide utilisé :traiter ou ne pas traiter (tableau)

La vitesse du vent est le facteur le plus important en ce qui concerne la dérive des gouttelettes de pesticides. Il faut également se méfier lors de pulvérisations par temps chaud et sec (plus de 25 °C avec un taux d’humidité inférieur à 50 %). Ces conditions favorisent la réduction du diamètre des gouttelettes par évaporation de l’eau dans celles-ci et ces particules alors plus fines sont plus sensibles à la dérive.

L’ajout de certains adjuvants aux bouillies (comme la lécithine de soya) modifie la viscosité du mélange et peut en principe aider à réduire la dérive. Toutefois, des problèmes de compatibilité avec les buses à induction d’air, de perte d’efficacité et de baisse de qualité de la couverture peuvent survenir, ce qui rend cette méthode encore difficile à recommander.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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Fiche 55

Gérald Chouinard, Yvon Morin, Robert Maheux, Francine Pelletier et Maude Lachapelle

 

Pourquoi la qualité de l’eau est-elle importante?
  • La matière organique présente dans l’eau peut nuire à l’efficacité de la plupart des pesticides de contact. Les herbicides y sont particulièrement sensibles.
  • Un pH de la bouillie supérieur à 8 (alcalin) peut initier une réaction chimique appelée hydrolyse alcaline, qui dégrade certains pesticides. Plus le pH ou la température sont élevés, plus la réaction est rapide. La plupart des nouveaux pesticides ne sont toutefois pas sujets à cette forme de dégradation, il faut donc bien lire l’étiquette.
  • Des contaminants d’origine chimique ou biologique peuvent être présents dans une source d’eau de mauvaise qualité et être transférés à la culture lors des pulvérisations ou de l’irrigation.

 

Comment s’assurer de la qualité de l’eau utilisée?
  • En général, l’eau souterraine est de meilleure qualité : elle est plus froide et plus claire. Si l’eau de surface est utilisée, par exemple celle d’un étang, la prise d’eau ne doit pas être située trop profondément, afin de ne pas pomper de sédiments. Toutefois, elle ne doit pas non plus être prise trop en surface, là où il y a plus de matière organique sous forme d’algues et où l’eau est plus chaude et risque d’accélérer les réactions chimiques aptes à inactiver les pesticides.
  • Au moins une fois par an, vérifiez le pH de la source d’eau, de même que le taux de matières organiques. Dans ce but, faites fonctionner la pompe pendant quelques minutes avant de prélever l’échantillon d’eau. Pour déterminer le pH, un ensemble pour piscine peut être utilisé. Celui-ci est peu cher et suffisamment précis pour cet usage. Si vous avez besoin d’une analyse plus précise, il est recommandé de faire affaire avec un service d’analyse de l’eau. Le Centre d’expertise en analyse environnementale du Québec publie une liste de laboratoires accrédités pour ce genre d’analyses.
  • Si l’eau n’est pas claire, un filtre au sable peut être utilisé pour éliminer les matières organiques en suspension.
  • Si le pH de votre eau (avant l’ajout des pesticides et engrais) est supérieur à 8 et que vous projetez d’utiliser un pesticide sensible à l’hydrolyse alcaline, il est recommandé d’ajouter un agent acidifiant afin d’abaisser le pH de la bouillie avant l’ajout du pesticide. Pour plus d’informations, consultez l’article Effect of Water pH on the Stability of Pesticides de la Michigan State University (en anglais seulement).

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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Fiche 56

Gérald Chouinard, Yvon Morin, Robert Maheux, Francine Pelletier et Maude Lachapelle

 

Note : la résistance s’exprime différemment chez les macro-organismes (insectes et acariens) et chez les micro-organismes (champignons et bactéries), et les mécanismes de lutte contre la résistance diffèrent donc en ce qui concerne les maladies; consultez à cet effet les informations complémentaires aux fiches 51, 52, 101 et 106.

 

1. Identifier la résistance

La résistance d’un ravageur (insecte, acarien, maladie) à un pesticide réfère au changement de sensibilité d’une population de ce ravageur au pesticide en question. La résistance se manifeste sur le terrain par les échecs successifs des applications du pesticide, lorsque celui-ci est utilisé tel qu’indiqué sur l’étiquette. La résistance à un groupe chimique confère parfois de la résistance à un autre groupe chimique : ce phénomène est la résistance croisée.

La résistance se développe souvent lorsqu’un pesticide est utilisé de façon continue sur des générations successives du même ravageur. Quand ce phénomène se produit il peut être tentant d’augmenter la dose et/ou de réduire les intervalles entre les applications. Si cela peut fonctionner en apparence, en réalité ce geste permet à la résistance de progresser jusqu’à ce que l’efficacité du produit soit complètement perdue.

Une baisse d’efficacité des pesticides peut toutefois être causée par plusieurs choses et non pas uniquement par la résistance. Avant de conclure trop rapidement qu’il est question d’un cas de résistance, il importe de se poser les cinq questions suivantes :

  • Est-ce que la pulvérisation a été effectuée sous des conditions météo favorables à son efficacité?
  • Est-ce que le pulvérisateur était bien calibré et a-t-il fonctionné sans problème durant la pulvérisation?
  • Est-ce que l’eau d’arrosage utilisée est de qualité suffisante?
  • Est-ce que le traitement a été appliqué en présence du stade ciblé (par exemple au pic de population ou au stade vulnérable de l’insecte)?
  • Est-ce que le produit utilisé est efficace contre l’ennemi visé?

Si vous pouvez répondre « oui » à ces cinq questions, alors la résistance pourrait effectivement être responsable de l’échec observé d’un pesticide.

 

2. Gérer la résistance

Comme on l’a vu plus haut, la solution aux problèmes de résistance n’est pas d’utiliser de plus fortes doses. L’homologation d’un agent de lutte antiparasitaire est un processus long et coûteux pour la plupart des compagnies et de nouveaux produits ne sont pas disponibles à chaque année.

 

Première ligne de défense : la rotation

La principale manière de ralentir, voire d’éviter, le développement de résistance est de faire une rotation de produits ayant des modes d’action différents. Ceci peut être fait à l’intérieur d’une même génération ou d’une génération à l’autre du ravageur. Par exemple, dans le cas du carpocapse, si de deux à trois traitements sont nécessaires pour lutter contre la première génération, une alternance devrait se faire entre chaque traitement et entre chaque génération. Toutefois, il est possible qu’un manque de choix de produits de différents modes d’actions impose une limite à cette pratique de rotation. Pour connaître les groupes chimiques des insecticides homologués en pomiculture, consultez les tableaux des fiches 45, 46 et 53.

En pratique ceci signifie également :

  • En cas d’échec d’un traitement insecticide, de ne pas ré-appliquer le même produit de nouveau. Utiliser un insecticide avec un mode d’action différent.
  • Dans le cas de mélanges d’insecticides, d’acaricides, de fongicides ou d’herbicides dans le même réservoir, d’utiliser des produits avec des modes d’action différents et à la dose prescrite par l’étiquette.
  • D’éviter la rotation avec des groupes chimiques pour lesquels de la résistance croisée est connue.

Le tableau suivant, adapté de la Resistance Management Insecticide Compatibility Chart de la Michigan State University résume de façon schématique les rotations recommandées pour ralentir le développement de la résistance chez les lépidoptères (tordeuses et carpocapse). Si par exemple vous souhaitez utiliser IMIDAN pour la 1ère génération du carpocapse et un autre insecticide pour la 2e génération, descendez la colonne IMIDAN jusqu’au croisement avec l’insecticide que vous voulez utiliser pour la 2e génération. Si la case est vide, vous pouvez l’utiliser, et si elle est rouge ou jaune ceci indique que ce n’est pas un bon partenaire de rotation.

Resistance Management Insecticide Compatibility (tableau)

Remarques importantes : La rotation n’est évidemment recommandée que parmi les produits homologués contre le ravageur visé et suggérés en PFI. Il serait, par exemple, tout à fait insensé de faire des rotations avec des pyréthrinoïdes après la floraison. Il est aussi préférable de s’en tenir aux produits ayant le moins d’effets sur les organismes utiles (consultez la fiche 9).

 

Deuxième ligne de défense : la diversion

De nombreuses autres pratiques peuvent aussi vous aider à ralentir le développement de la résistance :

  • Lors de la plantation de nouveaux blocs dans le verger, miser sur des cultivars ou porte-greffes qui démontrent de la résistance aux maladies ou aux insectes. Par exemple, tous les porte-greffes de la série Malling-Merton (MM) 106 et 111 résistent bien au puceron lanigère. Les porte-greffes B9, MM 111 et plusieurs de la série Geneva (dont G41, G11, et G16) résistent également bien à la brûlure bactérienne, même s’ils peuvent quand même être atteints.
  • Intégrer de nouvelles méthodes à votre programme de lutte, par exemple, l’utilisation de la confusion sexuelle dans le cas du carpocapse de la pomme, l’utilisation du GF-120 dans le cas de la mouche de la pomme ou l’utilisation de BLOSSOM PROTECT dans le cas du feu bactérien.
  • Avant d’effectuer une pulvérisation, assurez-vous que la population du ravageur visé a atteint le seuil économique pour un traitement (seuil d’intervention).
  • Viser le stade le plus vulnérable du ravageur à réprimer. En connaissant bien la biologie, le cycle du ravageur et les données du dépistage, la lutte est plus facile à réaliser. Cibler par exemple les plus jeunes larves de cicadelles, qui sont plus faciles à réprimer que les stades plus avancés.
  • Dans une situation où cela est possible, sélectionner des pesticides qui préservent les prédateurs et autres ennemis naturels. En protégeant ces alliés il est possible de bénéficier de leur travail, c’est-à-dire un répression naturelle des ravageurs (consultez la fiche 95).
  • Utiliser toujours un pulvérisateur en ordre et bien étalonné (consultez la fiche 61).
  • Consulter l’étiquette des produits utilisés pour connaître les conditions d’application afin d’obtenir de bons résultats; respecter les intervalles d’applications mentionnés sur les étiquettes.
  • Rester à jour au niveau de ses connaissances sur la résistance des ravageurs en assistant à des journées d’information comme la journée pomicole et en lisant les communiqués du RAP (consultez la fiche 9).
  • Si vous avez un doute sur la résistance possible d’un ravageur à un pesticide, consultez votre conseiller ou le représentant commercial du pesticide en question.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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Fiche 57

Robert Maheux, Yvon Morin, Gérald Chouinard, Francine Pelletier et Maude Lachapelle

 

Pourquoi faire des mélanges en cuve?

Mélanger des produits dans le réservoir du pulvérisateur est une pratique utile afin de réduire le nombre de passages dans le verger. En visant plus d’un ennemi à la fois, ceci permet de réduire le nombre d’applications, tout en réalisant une économie de temps et d’argent.

 

Les conditions des mélanges en cuve

Depuis 2009, les mélanges de pesticides, même ceux non affichés sur l’étiquette des produits antiparasitaires, sont utilisables légalement aux conditions suivantes :

  • Il doit s’agir de produits homologués pour l’usage visé;
  • Toutes les conditions d’application mentionnées sur l’étiquette des produits doivent être respectées (mode d’emploi, mises en garde, zones tampons, etc.). Dans les cas où les renseignements inscrits sur les étiquettes des substances mélangées divergent, les directives les plus restrictives doivent être suivies;
  • Le mélange ne doit pas être contre-indiqué sur l’étiquette des produits concernés.

L’ARLA indique toutefois que quiconque recommande ou applique un mélange en cuve qui n’est pas sur l’étiquette le fait à ses propres risques et responsabilités, puisque le mélange n’a pas été examiné par l’ARLA. De plus, les mélanges doivent apporter une valeur ajoutée à l’utilisateur, par exemple, une augmentation du nombre d’organismes nuisibles ciblés, une contribution à la gestion de la résistance ou la lutte intégrée et des économies de coût et de temps.

 

Comment éviter les problèmes?

Il a y trois types d’incompatibilité possibles lors du mélange de pesticides :

  • Incompatibilité physique : Dans ce cas, les éléments sont immiscibles, coagulent ou précipitent. C’est souvent le cas de mélanges qui comportent une poudre mouillable (WP) et un concentré en solution (EC).mélange de pesticides : incompatibilité physique
  • Incompatibilité chimique : Dans un tel cas, les éléments du mélange se dénaturent entre eux, se neutralisent ou décuplent leurs effets. Cette incompatibilité est sournoise, car il n’y a pas nécessairement de signes (tels que l’apparition de grumeaux), comme dans le cas d’une incompatibilité physique. L’efficacité du traitement pouvant être fortement altérée voire annulée, on doit toujours consulter l’étiquette pour s’assurer de la compatibilité chimique et en cas de doute, contacter les fabricants des produits.
  • Incompatibilité agronomique : Même si deux produits peuvent se mélanger sans réaction physique ou chimique, leur utilisation combinée n’est pas nécessairement une bonne idée. Le mélange de deux insecticides de la même catégorie chimique en est un bon exemple. En cas de doute sur la compatibilité agronomique, consultez un conseiller en pomiculture.

Le tableau suivant donne la compatibilité de plusieurs mélanges. La compatibilité peut cependant varier lors de l’utilisation d’un adjuvant, de différentes formulations de produits, lors du mélange de plus de deux produits et selon les facteurs climatiques comme la température et l’humidité. Consultez l’étiquette pour vous assurer de la compatibilité des mélanges. En cas de doute, vous pouvez faire vous-mêmes un test de compatibilité dans un petit contenant (voir à la fin de cette fiche).

compatibilité des pesticides (tableau)

 

Test de compatibilité physique

Plusieurs étiquettes indiquent les incompatibilités avec d’autres pesticides, cependant tous les mélanges ne peuvent être testés par les compagnies. Il faut rester à l’affût des mauvaises expériences dans ce domaine ou mieux encore, faire son propre test de compatibilité physique, surtout si on effectue ce mélange pour la première fois. Voici comment :

  • Remplir un pot de verre de 1,5 L (ex. : un pot Masson) avec 1 L d’eau. Peser les produits à la dose donnée sur l’étiquette en convertissant la dose pour se retrouver dans une solution de 1 L. Ajouter les produits dans l’ordre recommandé, en agitant vigoureusement 10 secondes après chaque ajout. Laisser reposer ensuite pendant 20-30 minutes.
  • S’il y a formation de couches dans la solution (mélange non homogène à l’œil) ou présence de grumeaux (cristaux) ou de matière solide dans le fond du bocal, le mélange est incompatible.
  • S’il y a formation d’un léger dépôt qui se remet facilement en suspension lors de l’agitation du bocal, le mélange pourrait peut-être être utilisé s’il y a agitation constante de la bouillie dans le pulvérisateur (consulter l’étiquette).
  • S’il y a présence de mousse abondante, le mélange peut être utilisé en combinaison avec un agent anti-moussant.

Ce test ne garantit aucunement la compatibilité chimique ou agronomique. Si après ces étapes vous êtes encore incertain de la compatibilité du mélange, contactez votre fournisseur de pesticides.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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Fiche 58

Robert Maheux, Yvon Morin, Vincent Philion, Gérald Chouinard, Francine Pelletier et Maude Lachapelle

 

ATTENTION DOSES RÉDUITES : l’ARLA ne prend pas action contre ceux qui préconisent de telles pratiques, si elles n’entraînent pas de danger pour la santé ou la sécurité humaine ou pour l’environnement et qu’elles ne sont pas destinées à promouvoir la vente de produits antiparasitaires. Si toutefois l’utilisation de doses réduites ou adaptées devait entraîner des pertes pour les utilisateurs, les conseillers ou les organisations qui les recommandent pourraient être tenus responsables de leurs recommandations dans des actions civiles.

Certains pesticides peuvent causer de la roussissure sur les fruits ou « brûler » plus ou moins les feuilles et les fruits sous certaines conditions (température, humidité, vents et pluie). Tout mélange de pesticides comporte également des risques d’effets toxiques sur les pommiers. Voici quelques conseils afin de prévenir la phytotoxicité de certains pesticides.

Bouillie bordelaise, cuivre fixe : ne pas l’appliquer passé le stade du débourrement avancé. Il est aussi recommandé de l’appliquer dans des conditions de séchage rapide.

Soufre : ne pas l’appliquer par température élevée (> 30 °C). Il faut aussi éviter de l’utiliser de la floraison jusqu’à 10 jours après le stade du calice.

Huile supérieure : à partir du stade de pré-bouton rose, réduire la dose d’application de moitié. Ne pas l’appliquer à une concentration supérieure à 0,8 % après le stade bouton rose. Aussi, ne pas l’utiliser en mélange avec du captane, du soufre ou de l’urée. Il n’est pas recommandé d’appliquer ce produit lorsqu’il y a un risque de gel dans les 24 heures suivant l’application (48 heures pour les cultivars sensibles comme Empire, Gala et Délicieuse).

Dodine : éviter l’application de ce produit entre le stade du calice et les 10 jours suivants. Son application doit se faire lors de conditions de séchage rapide.

Captane : ne pas utiliser ce produit dans les 10 à 14 jours avant ou après un traitement à l’huile supérieure. Il faut aussi éviter d’utiliser de fortes doses par temps chaud et humide sur certains cultivars, dont Spartan. Il est aussi recommandé de ne pas appliquer ce produit en mélange avec le soufre. Pour les cultivars sensibles, tel que Spartan, il est recommandé de ne pas utiliser de captane pour une courte période suivant la floraison, surtout s’il y a un faible ensoleillement et que la formation de cuticule est faible. Durant cette période, les cellules des jeunes fruits peuvent être particulièrement sensibles à la phytotoxicité s’ils possèdent une mince cuticule. Noter que l’utilisation d’un adjuvant peut augmenter le mouvement transcuticulaire du captane, et donc favoriser la phytotoxicité.

Carbaryl : il est recommandé d’éviter d’utiliser ce produit à forte dose sur les cultivars sensibles (ex. : McIntosh), sauf dans des conditions de séchage rapide.

Chlorure de calcium : il est recommandé d’éviter d’appliquer ce produit en condition d’accumulation, puisque celui-ci peut provoquer de la phytotoxicité. Ce phénomène peut aussi être une conséquence d’un mélange avec du cuivre ou du zinc.

De plus, pour prévenir la phytotoxicité assurez-vous de lire la fiche 57.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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