Fiche 53

Danielle Bernier, Karine Toulouse, Gérald Chouinard et Francine Pelletier

 

Cette fiche présente une description sommaire et une liste non exhaustive des herbicides homologués pour les vergers de pommiers au Canada pour l’année 2024. À chaque début de saison, le Réseau d’Avertissements Phytosanitaires (RAP) du pommier effectue une mise à jour de cette liste et diffuse les ajouts et retraits par le biais de communiqués. Consultez la fiche 9 pour en savoir plus sur le RAP.

NOTE : Pour une information complète et à jour sur les pesticides, visitez le service en ligne d’information sur les pesticides du gouvernement du Québec (http://www.sagepesticides.qc.ca) et du Canada (http://pr-rp.hc-sc/ls-re/index-fra.php).

ATTENTION : Bien qu’homologués au Canada, les produits mentionnés ne sont pas nécessairement disponibles partout au pays, et ils ne sont pas nécessairement permis aux États-Unis ou ailleurs dans le monde. Avant d’en faire l’utilisation, il importe donc de vérifier les conséquences possibles de leur utilisation si la récolte doit être exportée.

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(version pdf disponible ici)

  1. Les groupes chimiques indiqués correspondent à la classification retenue par l’Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire (ARLA) ainsi que par les comités suivants : Fungicide Resistance Action Committee (FRAC), Insecticide Resistance Action Committee (IRAC) et Herbicide Resistance Action Committee (HRAC). Ils sont basés sur les sites ou les principaux modes d’action des différentes matières actives.
  2. Familles chimiques : Herbicides : AC : acides carboxyliques; ACP : acides phosphiniques; AG : acides gras; AP : amino-phosphonates; APP : aryloxyphénoxy-propionates; BP : bipyridylium; BT : benzothiadiazoles; CD : cyclohexanediones; CHL : chloroacétamides; DC : dicarboximides; DG : Dérivés de glycine; DNA : dinitroanilines; INO : substances inorganiques; NI : nitriles; PC : pyridine-carboxylates; PH : phénoxy; SU : sulfonylurées; TRI : triazines; TRIAZO : triazolinones; TRIAZI : triazinones; UR : uraciles; U : urées.
    Autres produits : AA : amines aromatiques; AE : Alcools éthoxylés; AUX : auxines; CT : Cyclohexanetriones; CYT : cytokinines; DTC : dithiocarbamates: EBDC : dithiocarbamates; GIB : gibbérellines; HAL : halogènes; IND : indanediones; NA : naphtalène; NC : non classés; OC : organochlorés; OP : organophosphorés; PM : phosphures métalliques; V : origine végétale
  3. Types de pesticide : H : herbicide; AT : agent tensioactif ou surfactant; P : phytohormone (régulateur de croissance); R : répulsif (chevreuil); RO : rodenticides; FU : fumigant.
  4. Bien qu’homologués au Canada, ces produits ne sont pas tous nécessairement disponibles au Québec. * En fin d’homologation
  5. La limite maximale de résidus (LMR) permise sur les pommes récoltées est définie par chaque pays : celle indiquée ici n’est valable qu’au Canada et est fixée par Santé Canada en vertu de la Loi sur les produits antiparasitaires. *En l’absence de LMR spécifiques pour un produit antiparasitaire, on utilise le seuil de 0,1 ppm.
  6. Délais d’attente avant récolte : S/O : sans objet.
    S/O1 : Ce produit ne peut être appliqué sur des arbres en production.
    S/O2 : Homologué avant le débourrement ou après la récolte seulement.
    S/O3 : Homologué en entrepôt seulement.
  7. Les délais de réentrée présentés proviennent des étiquettes lorsque disponibles. Dans le cas contraire, les délais de réentrée présentés proviennent des recommandations utilisées dans SAgE pesticides (INSPQ) ou aux États-Unis (EPA). Ils peuvent varier selon la culture et la tâche à accomplir.
    * Ne pas réentrer au champ avant que les résidus du produit ne soient secs. Délai provisoire établi par l’INSPQ.
    **Délai provisoire établi par l’INSPQ sur la base des caractéristiques toxicologiques du produit.
    Dans le cas des fumigants, il n’existe pas de délai de réentrée prédéterminé comme c’est le cas pour les autres pesticides. Pour ces produits, il faut respecter les concentrations résiduelles maximales recommandées par le fabricant ou par le Code de gestion des pesticides du Québec. Dans certains cas, il faut respecter le délai après aération prescrit par le fabricant. Il ne faut jamais accéder à un site traité avec des fumigants tant qu’une ventilation adéquate n’a pas été effectuée au préalable.
  8. Les zones tampons indiquées correspondent aux distances d’éloignement à respecter, telles que spécifiées sur l’étiquette, pour protéger les habitats aquatiques d’eau douce (lacs, rivières, bourbiers, étangs, ruisseaux, marais, réservoirs et autres milieux humides). Elles peuvent varier selon la culture, la profondeur de l’habitat aquatique et le stade de développement de la culture. Si non spécifié sur l’étiquette, les distances minimales de tous plans d’eau ou cours d’eau à respecter en vertu du Code de gestion des pesticides sont : 1 m (si aire totale d’écoulement ≤ 2 m2) ou 3 m (aire totale d’écoulement > 2 m2).
  9. Les indices de risques suivants ont été calculés en considérant la dose maximale permise par l’étiquette (une valeur élevée indique un risque élevé) :
  10. IRE : Indice de risque pour l’environnement calculé par le calculateur d’indices de risque de SAgE Pesticides accessible à www.sagepesticides.qc.ca.
  11. IRS : Indice de risque pour la santé calculé par le calculateur d’indices de risque de SAgE Pesticides accessible à www.sagepesticides.qc.ca.
  12. IRB : Indice de risque pour les insectes bénéfiques du verger calculé à partir d’une base de données maintenue à jour par le Réseau-pommier du Québec. Cette base de données intègre des informations provenant d’organisations gouvernementales canadiennes et américaines de R&D en pomiculture, de l’Organisation Internationale de Lutte Biologique ainsi que les observations des membres du Réseau-pommier.
Efficacité potentielle des herbicides

Les cotes présentées ci-dessous sont tirées de SAgE pesticides (http://www.sagepesticides.qc.ca/ )– . Selon les critères de la Directive d’homologation DIR2003-04 de l’ARLA, le traitement (1) supprime, (2) réprime ou (3) arrête la croissance des parties aériennes des mauvaises herbes. Les renseignements présentés dans ce tableau ne remplacent en aucun temps l’étiquette du fabricant. Toujours lire l’étiquette avant de recommander ou d’utiliser un produit.

Pour des détails additionnels sur les stratégies de lutte aux mauvaises herbes, consultez la fiche 111. Une grille d’évaluation  des herbicides est également disponible dans le Guide de lutte contre les mauvaises herbes Cultures horticoles 2021, publication 75B-F du ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et des Affaires rurales de l’Ontario.

Dans le cas des traitements herbicides de post-levée, il y a un délai à respecter avant le début d’une pluie afin d’assurer une pleine efficacité de l’herbicide utilisé. Consultez l’étiquette des produits ou contactez votre représentant de pesticides.

 

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Tiré de SAgE pesticides – Pomme 2021. Selon les critères de la Directive d’homologation DIR2003-04 de l’ARLA, le traitement (1) supprime, (2) réprime ou (3) arrête la croissance des parties aériennes des mauvaises herbes. Les renseignements présentés dans ce tableau ne remplacent en aucun temps l’étiquette du fabricant. Toujours lire l’étiquette avant de recommander ou d’utiliser un produit.
*Un astérisque à côté d’une cote (ex. : 1*) signifie que le traitement est homologué pour au moins une des espèces de mauvaises herbes inclus dans ce groupe.
Amaranthe (Amaranthus spp.) = Amarante à racine rouge (A. retroflexus); Amarante hybride (A. hybridus); Amarante épineuse (A. spinosus); Amarante fausse-blite (A. blitoides); Amarante tuberculée (A. tuberculatus); Amarante de Powell (A. powellii); Amarante blanche (A. albus); Amarante de Palmer (A. palmeri) / Bromes (Bromus spp.) = Brome des toits (B. tectorum); Brome inerme (B. inermis); Brome des seigles (B. secalinus); Brome à deux étamines (B. diandrus); Brome dressé (B. erectus) / Chénopodes (Chenopodium spp.) = Chénopode blanc (Chenopodium album); Chénopode simple (Chenopodiastrum simplex); Chénopode glauque (Oxybasis glauca) / Digitaires (Digitaria spp.) = Digitaire astringente (Digitaria ischaemum); Digitaire sanguine (Digitaria sanguinalis) / Laiterons (Sonchus spp.) = Laiteron des champs (Sonchus arvensis); Laiteron potager (Sonchus oleraceus) / Liserons (Convolvulus spp.) = Liseron des champs (Convolvulus arvensis); Liseron des haies (Calystegia sepium) / Moutardes (Moutardes) = Moutarde de l’Inde (Brassica juncea); Moutarde des champs (Sinapis arvensis); Moutarde des chiens (Erucastrum gallicum); Moutarde des oiseaux (Brassica rapa); Moutarde noire (Brassica nigra) / Prêles (Equisetum spp.) = Prêle des champs (Equisetum arvense) / Renouées (Polygonum spp. et Persicaria spp.) = Renouée de Pennsylvanie (Persicaria pensylvanica); Renouée du Japon (Reynoutria japonica); Renouée liseron (Fallopia convolvulus); Renouée persicaire (Persicaria maculosa); Renouée scabre (Polygonum scabrum) / Sétaires (Setaria spp.) = Sétaire géante (Setaria faberi); Sétaire glauque (Setaria pumila subsp. pumila); Sétaire verte (Setaria viridis) / Vesces (Vicia spp.) = Vesce jargeau (Vicia cracca); Vesce noire (Vicia sativa var. angustifolia)

Mode d’action

  1. Inhibiteur de la glutamine synthétase.
  2. Inhibiteur de la 5-énolpyruvylshikimate-3-phosphate synthase.
  3. Inhibiteur de la photosynthèse au photosystème II – liants D1 sérine 264
  4. Inhibiteur de la photosynthèse au photosystème II – liants D1 histidine 215
  5. Inhibiteur de la synthèse de la cellulose
  6. Inhibiteur de la protoporphyrinogène oxydase (PPO).
  7. Inhibiteur de l’assemblage des microtubules. Inhibition de la division cellulaire (mitose).
  8. Dérivation des électrons au niveau du photosystème I
  9. Auxine de synthèse. Phytohormone qui dérègle la croissance des plantes.
  10. Inhibiteur de l’acétyl CoA carboxylase (ACCase).
  11. Perturbateur de la matrice lipoprotéique des membranes cellulaires.
  12. Inhibiteur des acides gras à très longue chaîne.
  13. Agit par contact. Détériore la couche cireuse qui recouvre les feuilles des végétaux et qui les protège contre la dessiccation.
  14. Inhibiteur de l’acétolactate synthase (ALS), aussi appelée acétohydroxyacide synthase (AHAS). Inhibiteur de la biosynthèse des acides aminés ramifiés.
    x. Inconnu

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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Fiche 54

Gérald Chouinard, Robert Maheux, Yvon Morin, Francine Pelletier et Maude Lachapelle

 

Visionnez la série de vidéos sur la calibration des pulvérisateurs à https://reseaupommier.irda.qc.ca/?p=11952
Les cinq capsules d’environ 6 minutes chacune passent une à une les étapes nécessaires, de la préparation du pulvérisateur jusqu’au réglage lui-même.  Vous ne verrez plus votre pulvérisateur de la même façon!

La dérive est le transport par voie aérienne de gouttelettes ou de vapeurs de pesticides hors de la zone ciblée par le traitement. La fiche suivante contient des extraits du guide La dérive des pesticides : prudence et solutions, publié par le Centre de référence en agriculture et agro-alimentaire du Québec et disponible gratuitement à l’adresse suivante : http://www.agrireseau.qc.ca/agroenvironnement/documents/Liste_strategie3.pdf.

La dérive des pesticides : prudence et solution

 

Pourquoi réduire la dérive?
  • Pour réduire les pertes (donc les coûts) et s’assurer ainsi d’appliquer la quantité prévue de pesticide sur la zone à traiter et d’obtenir une meilleure efficacité des traitements;
  • Pour éviter que les pesticides emportés par le vent n’endommagent ou ne contaminent les cultures avoisinantes;
  • Pour éviter que des résidus de pesticides ne portent préjudice aux êtres humains et aux organismes aquatiques et terrestres qui vivent dans l’environnement immédiat du verger;
  • Pour permettre de réduire la largeur de la zone tampon à respecter près des milieux à protéger en vertu des réglementations provinciale et fédérale (si l’étiquette en fait mention ou si la loi le prévoit).

 

Comment réduire la dérive?

1. Effectuer annuellement le réglage et l’étalonnage du pulvérisateur (se référer à la fiche 61). Ceci consiste entre autres à :

  • Positionner et orienter les buses de façon à maintenir le plus possible le jet de gouttelettes à l’intérieur du feuillage;
  • Ajuster le débit d’air en fonction de la densité du couvert végétal (moins il y a de feuillage, moins il devrait y avoir d’air). Vous pouvez réduire votre débit d’air en diminuant la vitesse de rotation de la prise de force du tracteur (PTO) ce qui vous fera également économiser du carburant.

2. Ajouter au pulvérisateur de petits équipements permettant d’améliorer la technique de pulvérisation :

  • Buses antidérive : Aussi appelées buses à faible dérive, buses à réduction de dérive ou buses à induction d’air, ces buses produisent des gouttelettes de tailles plus homogènes et moins de très petites gouttelettes (sensibles à la dérive) que les buses conventionnelles à jet plat ou à jet conique comparables. Elles s’intègrent facilement sur un système conventionnel sans nécessiter d’investissement important. Elles peuvent être utilisées aux mêmes débits et pressions d’application que les buses conventionnelles et permettent une réduction de la dérive de 50 à 85 %.buse antidérive

    ATTENTION : Pour s’assurer d’un bon fonctionnement, ces buses doivent être nettoyées efficacement après chaque pulvérisation, comparativement aux buses conventionnelles. Assurez-vous que les deux orifices par lesquels l’air est aspiré restent toujours ouverts et ne se bouchent pas. Pour plus d’information sur la performance et l’utilisation des buses antidérive, une fiche technique de l’IRDA résume une récente étude sur le sujet.

  • Réducteur de débit d’air : Un simple anneau de contreplaqué appliqué sur la grille au dos du pulvérisateur permet de réduire le débit d’air lors d’applications effectuées dans des vergers à haute densité. La vitesse des gouttelettes est ainsi ralentie et la dérive peut être réduite de 75 à 95 % sur pommiers nains.réducteur de débit d'air
  • Détecteur optique de végétation : Cet appareil, qui utilise le plus souvent la technologie LIDAR, permet la fermeture automatique du jet des buses en l’absence de végétation, par exemple lorsqu’un arbre est manquant sur un rang. En verger, la réduction de la dérive varie de 20 % en début de saison à 50 % lorsque le feuillage est pleinement développé. Ce système permet de réduire les quantités de pesticides utilisées et leur dérive hors de la zone visée.détecteur optique de végétation
  • Déflecteurs : De dimensions variables, les déflecteurs ressemblent à des palettes de tôle. Ils sont placés de chaque côté du pulvérisateur axial, en haut de la fente de sortie d’air de chaque buse. Ils permettent d’orienter le jet d’air horizontalement et de mieux cibler le feuillage. Ils font habituellement partie intégrante du pulvérisateur au moment de l’achat mais peuvent être ajoutés facilement.

3. Utiliser un pulvérisateur à dérive réduite. Il en existe plusieurs types :

  • Pulvérisateur tour avec flux latéral d’air : Ce type de pulvérisateur (aussi appelé pulvérisateur tangentiel) entraîne les gouttelettes très près du feuillage en produisant un jet horizontal. Un bon ajustement du pulvérisateur et la fermeture des buses dont le jet pourrait passer au-dessus de la végétation permettent de contenir les gouttelettes dans la végétation. Certains modèles permettent d’incliner la section supérieure de la tour vers le bas et de maintenir ainsi la pulvérisation dans le couvert végétal. L’utilisation d’un tel pulvérisateur permet une réduction de la dérive d’environ 50 %.pulvérisateur tour avec flux latéral d’air
  • Pulvérisateur tunnel : Cette technologie utilisée en Europe est la technique la plus sûre pour l’environnement. Elle permet de réduire la dérive d’environ 90 %. Le pulvérisateur de type tunnel produit un jet horizontal, enrobe le pommier des deux côtés et récupère le produit de façon à le faire circuler de nouveau, diminuant ainsi de 30 % la quantité de pesticide utilisée. Au Québec, la présence de pommiers de grosseurs différentes (standards, nains, semi-nains) au sein de la plupart des vergers limite l’utilisation de cette technologie.pulvérisateur tunnel
  • Pulvérisateur avec sac(s) de pulvérisation : Ce genre d’appareil peut, en fonction du nombre de sacs de pulvérisation présents, traiter plusieurs rangs à la fois (jusqu’à trois rangs à la fois avec une rampe comportant trois sacs). Ce genre de pulvérisateur a été utilisé en 2011 dans un verger commercial au Québec. Voici quelques avantages et inconvénients observés :pulvérisateur avec sacs de pulvérisation
    Avantages :
    • Réduction de 50 à 66 % du temps alloué à la pulvérisation. Ceci permet de terminer les arrosages dans de bonnes conditions climatiques, par exemple, avant l’arrivée de la pluie ou de forts vents.
    • Grande réduction du niveau sonore comparativement à un pulvérisateur conventionnel.
    • Un opérateur seul peut traiter une plus grande surface de verger.
    Inconvénients :
    • Ce type de machine doit opérer sur une grande surface de verger pour être rentable, dû à son coût élevé d’acquisition (environ 75 000 $).
    • Il n’a été utilisé que dans des blocs homogènes contenant des arbres de 12 pieds (3,65 m) de hauteur maximum.
    • Les rangs où le tracteur circule ne doivent pas comporter de trous ou de bosses afin d’éviter le mouvement de la rampe principale, ce qui occasionnerait le déplacement des sacs lors de la pulvérisation. Dans de bonnes conditions, il peut être opéré à une vitesse de 5,5 km/h dans une plantation 1,8 m par 3,6 m.

4. Établir des haies brise-vent autour du verger.
Des haies brise-vent adéquates (ex. : épinettes, peupliers, saules) auront des répercussions positives sur la dérive (une réduction de 20 à 40 %), mais aussi sur la pollinisation, la chute de pommes et l’accumulation de neige en hiver. Pour plus de détails et des exemples d’aménagements, consultez la publication Des haies brise-vent pour réduire la dérive de pesticides en verger (voir la fiche 9).

5. Effectuer les vérifications suivantes avant toute pulvérisation :

  • Consulter les tableaux des fiches 45, 46 et 53 pour vérifier s’il n’y a pas de restriction d’application à proximité de zones sensibles et s’il ne vaut pas mieux utiliser un produit moins toxique.
  • Consulter l’étiquette du pesticide utilisé pour vous renseigner sur les zones tampons. Lorsque la pulvérisation aérienne est permise sur l’étiquette du produit, la bande de protection minimale peut atteindre 350 m (!) et pour plusieurs insecticides, elle dépasse les exigences du Code de gestion des pesticides (fiche 12).
  • S’assurer de fermer les buses qui ne seront pas dirigées vers les pommiers.
  • Vérifier si les conditions météo sont favorables à la dérive de gouttelettes ou de vapeurs de pesticide en fonction du pesticide utilisé :traiter ou ne pas traiter (tableau)

La vitesse du vent est le facteur le plus important en ce qui concerne la dérive des gouttelettes de pesticides. Il faut également se méfier lors de pulvérisations par temps chaud et sec (plus de 25 °C avec un taux d’humidité inférieur à 50 %). Ces conditions favorisent la réduction du diamètre des gouttelettes par évaporation de l’eau dans celles-ci et ces particules alors plus fines sont plus sensibles à la dérive.

L’ajout de certains adjuvants aux bouillies (comme la lécithine de soya) modifie la viscosité du mélange et peut en principe aider à réduire la dérive. Toutefois, des problèmes de compatibilité avec les buses à induction d’air, de perte d’efficacité et de baisse de qualité de la couverture peuvent survenir, ce qui rend cette méthode encore difficile à recommander.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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Fiche 55

Gérald Chouinard, Yvon Morin, Robert Maheux, Francine Pelletier et Maude Lachapelle

 

Pourquoi la qualité de l’eau est-elle importante?
  • La matière organique présente dans l’eau peut nuire à l’efficacité de la plupart des pesticides de contact. Les herbicides y sont particulièrement sensibles.
  • Un pH de la bouillie supérieur à 8 (alcalin) peut initier une réaction chimique appelée hydrolyse alcaline, qui dégrade certains pesticides. Plus le pH ou la température sont élevés, plus la réaction est rapide. La plupart des nouveaux pesticides ne sont toutefois pas sujets à cette forme de dégradation, il faut donc bien lire l’étiquette.
  • Des contaminants d’origine chimique ou biologique peuvent être présents dans une source d’eau de mauvaise qualité et être transférés à la culture lors des pulvérisations ou de l’irrigation.

 

Comment s’assurer de la qualité de l’eau utilisée?
  • En général, l’eau souterraine est de meilleure qualité : elle est plus froide et plus claire. Si l’eau de surface est utilisée, par exemple celle d’un étang, la prise d’eau ne doit pas être située trop profondément, afin de ne pas pomper de sédiments. Toutefois, elle ne doit pas non plus être prise trop en surface, là où il y a plus de matière organique sous forme d’algues et où l’eau est plus chaude et risque d’accélérer les réactions chimiques aptes à inactiver les pesticides.
  • Au moins une fois par an, vérifiez le pH de la source d’eau, de même que le taux de matières organiques. Dans ce but, faites fonctionner la pompe pendant quelques minutes avant de prélever l’échantillon d’eau. Pour déterminer le pH, un ensemble pour piscine peut être utilisé. Celui-ci est peu cher et suffisamment précis pour cet usage. Si vous avez besoin d’une analyse plus précise, il est recommandé de faire affaire avec un service d’analyse de l’eau. Le Centre d’expertise en analyse environnementale du Québec publie une liste de laboratoires accrédités pour ce genre d’analyses.
  • Si l’eau n’est pas claire, un filtre au sable peut être utilisé pour éliminer les matières organiques en suspension.
  • Si le pH de votre eau (avant l’ajout des pesticides et engrais) est supérieur à 8 et que vous projetez d’utiliser un pesticide sensible à l’hydrolyse alcaline, il est recommandé d’ajouter un agent acidifiant afin d’abaisser le pH de la bouillie avant l’ajout du pesticide. Pour plus d’informations, consultez l’article Effect of Water pH on the Stability of Pesticides de la Michigan State University (en anglais seulement).

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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Fiche 56

Gérald Chouinard, Yvon Morin, Robert Maheux, Francine Pelletier et Maude Lachapelle

 

Note : la résistance s’exprime différemment chez les macro-organismes (insectes et acariens) et chez les micro-organismes (champignons et bactéries), et les mécanismes de lutte contre la résistance diffèrent donc en ce qui concerne les maladies; consultez à cet effet les informations complémentaires aux fiches 51, 52, 101 et 106.

 

1. Identifier la résistance

La résistance d’un ravageur (insecte, acarien, maladie) à un pesticide réfère au changement de sensibilité d’une population de ce ravageur au pesticide en question. La résistance se manifeste sur le terrain par les échecs successifs des applications du pesticide, lorsque celui-ci est utilisé tel qu’indiqué sur l’étiquette. La résistance à un groupe chimique confère parfois de la résistance à un autre groupe chimique : ce phénomène est la résistance croisée.

La résistance se développe souvent lorsqu’un pesticide est utilisé de façon continue sur des générations successives du même ravageur. Quand ce phénomène se produit il peut être tentant d’augmenter la dose et/ou de réduire les intervalles entre les applications. Si cela peut fonctionner en apparence, en réalité ce geste permet à la résistance de progresser jusqu’à ce que l’efficacité du produit soit complètement perdue.

Une baisse d’efficacité des pesticides peut toutefois être causée par plusieurs choses et non pas uniquement par la résistance. Avant de conclure trop rapidement qu’il est question d’un cas de résistance, il importe de se poser les cinq questions suivantes :

  • Est-ce que la pulvérisation a été effectuée sous des conditions météo favorables à son efficacité?
  • Est-ce que le pulvérisateur était bien calibré et a-t-il fonctionné sans problème durant la pulvérisation?
  • Est-ce que l’eau d’arrosage utilisée est de qualité suffisante?
  • Est-ce que le traitement a été appliqué en présence du stade ciblé (par exemple au pic de population ou au stade vulnérable de l’insecte)?
  • Est-ce que le produit utilisé est efficace contre l’ennemi visé?

Si vous pouvez répondre « oui » à ces cinq questions, alors la résistance pourrait effectivement être responsable de l’échec observé d’un pesticide.

 

2. Gérer la résistance

Comme on l’a vu plus haut, la solution aux problèmes de résistance n’est pas d’utiliser de plus fortes doses. L’homologation d’un agent de lutte antiparasitaire est un processus long et coûteux pour la plupart des compagnies et de nouveaux produits ne sont pas disponibles à chaque année.

 

Première ligne de défense : la rotation

La principale manière de ralentir, voire d’éviter, le développement de résistance est de faire une rotation de produits ayant des modes d’action différents. Ceci peut être fait à l’intérieur d’une même génération ou d’une génération à l’autre du ravageur. Par exemple, dans le cas du carpocapse, si de deux à trois traitements sont nécessaires pour lutter contre la première génération, une alternance devrait se faire entre chaque traitement et entre chaque génération. Toutefois, il est possible qu’un manque de choix de produits de différents modes d’actions impose une limite à cette pratique de rotation. Pour connaître les groupes chimiques des insecticides homologués en pomiculture, consultez les tableaux des fiches 45, 46 et 53.

En pratique ceci signifie également :

  • En cas d’échec d’un traitement insecticide, de ne pas ré-appliquer le même produit de nouveau. Utiliser un insecticide avec un mode d’action différent.
  • Dans le cas de mélanges d’insecticides, d’acaricides, de fongicides ou d’herbicides dans le même réservoir, d’utiliser des produits avec des modes d’action différents et à la dose prescrite par l’étiquette.
  • D’éviter la rotation avec des groupes chimiques pour lesquels de la résistance croisée est connue.

Le tableau suivant, adapté de la Resistance Management Insecticide Compatibility Chart de la Michigan State University résume de façon schématique les rotations recommandées pour ralentir le développement de la résistance chez les lépidoptères (tordeuses et carpocapse). Si par exemple vous souhaitez utiliser IMIDAN pour la 1ère génération du carpocapse et un autre insecticide pour la 2e génération, descendez la colonne IMIDAN jusqu’au croisement avec l’insecticide que vous voulez utiliser pour la 2e génération. Si la case est vide, vous pouvez l’utiliser, et si elle est rouge ou jaune ceci indique que ce n’est pas un bon partenaire de rotation.

Resistance Management Insecticide Compatibility (tableau)

Remarques importantes : La rotation n’est évidemment recommandée que parmi les produits homologués contre le ravageur visé et suggérés en PFI. Il serait, par exemple, tout à fait insensé de faire des rotations avec des pyréthrinoïdes après la floraison. Il est aussi préférable de s’en tenir aux produits ayant le moins d’effets sur les organismes utiles (consultez la fiche 9).

 

Deuxième ligne de défense : la diversion

De nombreuses autres pratiques peuvent aussi vous aider à ralentir le développement de la résistance :

  • Lors de la plantation de nouveaux blocs dans le verger, miser sur des cultivars ou porte-greffes qui démontrent de la résistance aux maladies ou aux insectes. Par exemple, tous les porte-greffes de la série Malling-Merton (MM) 106 et 111 résistent bien au puceron lanigère. Les porte-greffes B9, MM 111 et plusieurs de la série Geneva (dont G41, G11, et G16) résistent également bien à la brûlure bactérienne, même s’ils peuvent quand même être atteints.
  • Intégrer de nouvelles méthodes à votre programme de lutte, par exemple, l’utilisation de la confusion sexuelle dans le cas du carpocapse de la pomme, l’utilisation du GF-120 dans le cas de la mouche de la pomme ou l’utilisation de BLOSSOM PROTECT dans le cas du feu bactérien.
  • Avant d’effectuer une pulvérisation, assurez-vous que la population du ravageur visé a atteint le seuil économique pour un traitement (seuil d’intervention).
  • Viser le stade le plus vulnérable du ravageur à réprimer. En connaissant bien la biologie, le cycle du ravageur et les données du dépistage, la lutte est plus facile à réaliser. Cibler par exemple les plus jeunes larves de cicadelles, qui sont plus faciles à réprimer que les stades plus avancés.
  • Dans une situation où cela est possible, sélectionner des pesticides qui préservent les prédateurs et autres ennemis naturels. En protégeant ces alliés il est possible de bénéficier de leur travail, c’est-à-dire un répression naturelle des ravageurs (consultez la fiche 95).
  • Utiliser toujours un pulvérisateur en ordre et bien étalonné (consultez la fiche 61).
  • Consulter l’étiquette des produits utilisés pour connaître les conditions d’application afin d’obtenir de bons résultats; respecter les intervalles d’applications mentionnés sur les étiquettes.
  • Rester à jour au niveau de ses connaissances sur la résistance des ravageurs en assistant à des journées d’information comme la journée pomicole et en lisant les communiqués du RAP (consultez la fiche 9).
  • Si vous avez un doute sur la résistance possible d’un ravageur à un pesticide, consultez votre conseiller ou le représentant commercial du pesticide en question.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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Fiche 57

Robert Maheux, Yvon Morin, Gérald Chouinard, Francine Pelletier et Maude Lachapelle

 

Pourquoi faire des mélanges en cuve?

Mélanger des produits dans le réservoir du pulvérisateur est une pratique utile afin de réduire le nombre de passages dans le verger. En visant plus d’un ennemi à la fois, ceci permet de réduire le nombre d’applications, tout en réalisant une économie de temps et d’argent.

 

Les conditions des mélanges en cuve

Depuis 2009, les mélanges de pesticides, même ceux non affichés sur l’étiquette des produits antiparasitaires, sont utilisables légalement aux conditions suivantes :

  • Il doit s’agir de produits homologués pour l’usage visé;
  • Toutes les conditions d’application mentionnées sur l’étiquette des produits doivent être respectées (mode d’emploi, mises en garde, zones tampons, etc.). Dans les cas où les renseignements inscrits sur les étiquettes des substances mélangées divergent, les directives les plus restrictives doivent être suivies;
  • Le mélange ne doit pas être contre-indiqué sur l’étiquette des produits concernés.

L’ARLA indique toutefois que quiconque recommande ou applique un mélange en cuve qui n’est pas sur l’étiquette le fait à ses propres risques et responsabilités, puisque le mélange n’a pas été examiné par l’ARLA. De plus, les mélanges doivent apporter une valeur ajoutée à l’utilisateur, par exemple, une augmentation du nombre d’organismes nuisibles ciblés, une contribution à la gestion de la résistance ou la lutte intégrée et des économies de coût et de temps.

 

Comment éviter les problèmes?

Il a y trois types d’incompatibilité possibles lors du mélange de pesticides :

  • Incompatibilité physique : Dans ce cas, les éléments sont immiscibles, coagulent ou précipitent. C’est souvent le cas de mélanges qui comportent une poudre mouillable (WP) et un concentré en solution (EC).mélange de pesticides : incompatibilité physique
  • Incompatibilité chimique : Dans un tel cas, les éléments du mélange se dénaturent entre eux, se neutralisent ou décuplent leurs effets. Cette incompatibilité est sournoise, car il n’y a pas nécessairement de signes (tels que l’apparition de grumeaux), comme dans le cas d’une incompatibilité physique. L’efficacité du traitement pouvant être fortement altérée voire annulée, on doit toujours consulter l’étiquette pour s’assurer de la compatibilité chimique et en cas de doute, contacter les fabricants des produits.
  • Incompatibilité agronomique : Même si deux produits peuvent se mélanger sans réaction physique ou chimique, leur utilisation combinée n’est pas nécessairement une bonne idée. Le mélange de deux insecticides de la même catégorie chimique en est un bon exemple. En cas de doute sur la compatibilité agronomique, consultez un conseiller en pomiculture.

Le tableau suivant donne la compatibilité de plusieurs mélanges. La compatibilité peut cependant varier lors de l’utilisation d’un adjuvant, de différentes formulations de produits, lors du mélange de plus de deux produits et selon les facteurs climatiques comme la température et l’humidité. Consultez l’étiquette pour vous assurer de la compatibilité des mélanges. En cas de doute, vous pouvez faire vous-mêmes un test de compatibilité dans un petit contenant (voir à la fin de cette fiche).

compatibilité des pesticides (tableau)

 

Test de compatibilité physique

Plusieurs étiquettes indiquent les incompatibilités avec d’autres pesticides, cependant tous les mélanges ne peuvent être testés par les compagnies. Il faut rester à l’affût des mauvaises expériences dans ce domaine ou mieux encore, faire son propre test de compatibilité physique, surtout si on effectue ce mélange pour la première fois. Voici comment :

  • Remplir un pot de verre de 1,5 L (ex. : un pot Masson) avec 1 L d’eau. Peser les produits à la dose donnée sur l’étiquette en convertissant la dose pour se retrouver dans une solution de 1 L. Ajouter les produits dans l’ordre recommandé, en agitant vigoureusement 10 secondes après chaque ajout. Laisser reposer ensuite pendant 20-30 minutes.
  • S’il y a formation de couches dans la solution (mélange non homogène à l’œil) ou présence de grumeaux (cristaux) ou de matière solide dans le fond du bocal, le mélange est incompatible.
  • S’il y a formation d’un léger dépôt qui se remet facilement en suspension lors de l’agitation du bocal, le mélange pourrait peut-être être utilisé s’il y a agitation constante de la bouillie dans le pulvérisateur (consulter l’étiquette).
  • S’il y a présence de mousse abondante, le mélange peut être utilisé en combinaison avec un agent anti-moussant.

Ce test ne garantit aucunement la compatibilité chimique ou agronomique. Si après ces étapes vous êtes encore incertain de la compatibilité du mélange, contactez votre fournisseur de pesticides.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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Fiche 58

Robert Maheux, Yvon Morin, Vincent Philion, Gérald Chouinard, Francine Pelletier et Maude Lachapelle

 

ATTENTION DOSES RÉDUITES : l’ARLA ne prend pas action contre ceux qui préconisent de telles pratiques, si elles n’entraînent pas de danger pour la santé ou la sécurité humaine ou pour l’environnement et qu’elles ne sont pas destinées à promouvoir la vente de produits antiparasitaires. Si toutefois l’utilisation de doses réduites ou adaptées devait entraîner des pertes pour les utilisateurs, les conseillers ou les organisations qui les recommandent pourraient être tenus responsables de leurs recommandations dans des actions civiles.

Certains pesticides peuvent causer de la roussissure sur les fruits ou « brûler » plus ou moins les feuilles et les fruits sous certaines conditions (température, humidité, vents et pluie). Tout mélange de pesticides comporte également des risques d’effets toxiques sur les pommiers. Voici quelques conseils afin de prévenir la phytotoxicité de certains pesticides.

Bouillie bordelaise, cuivre fixe : ne pas l’appliquer passé le stade du débourrement avancé. Il est aussi recommandé de l’appliquer dans des conditions de séchage rapide.

Soufre : ne pas l’appliquer par température élevée (> 30 °C). Il faut aussi éviter de l’utiliser de la floraison jusqu’à 10 jours après le stade du calice.

Huile supérieure : à partir du stade de pré-bouton rose, réduire la dose d’application de moitié. Ne pas l’appliquer à une concentration supérieure à 0,8 % après le stade bouton rose. Aussi, ne pas l’utiliser en mélange avec du captane, du soufre ou de l’urée. Il n’est pas recommandé d’appliquer ce produit lorsqu’il y a un risque de gel dans les 24 heures suivant l’application (48 heures pour les cultivars sensibles comme Empire, Gala et Délicieuse).

Dodine : éviter l’application de ce produit entre le stade du calice et les 10 jours suivants. Son application doit se faire lors de conditions de séchage rapide.

Captane : ne pas utiliser ce produit dans les 10 à 14 jours avant ou après un traitement à l’huile supérieure. Il faut aussi éviter d’utiliser de fortes doses par temps chaud et humide sur certains cultivars, dont Spartan. Il est aussi recommandé de ne pas appliquer ce produit en mélange avec le soufre. Pour les cultivars sensibles, tel que Spartan, il est recommandé de ne pas utiliser de captane pour une courte période suivant la floraison, surtout s’il y a un faible ensoleillement et que la formation de cuticule est faible. Durant cette période, les cellules des jeunes fruits peuvent être particulièrement sensibles à la phytotoxicité s’ils possèdent une mince cuticule. Noter que l’utilisation d’un adjuvant peut augmenter le mouvement transcuticulaire du captane, et donc favoriser la phytotoxicité.

Carbaryl : il est recommandé d’éviter d’utiliser ce produit à forte dose sur les cultivars sensibles (ex. : McIntosh), sauf dans des conditions de séchage rapide.

Chlorure de calcium : il est recommandé d’éviter d’appliquer ce produit en condition d’accumulation, puisque celui-ci peut provoquer de la phytotoxicité. Ce phénomène peut aussi être une conséquence d’un mélange avec du cuivre ou du zinc.

De plus, pour prévenir la phytotoxicité assurez-vous de lire la fiche 57.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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Fiche 59

Robert Maheux, Gérald Chouinard, Yvon Morin, Sylvie Bellerose, Francine Pelletier et Maude Lachapelle

 

Sécurité avant tout
  • Informez quelqu’un de votre entourage que vous préparez une pulvérisation et demandez-lui d’être disponible en cas d’urgence.
  • Lisez les étiquettes des produits qui seront utilisés.
  • Enfilez votre équipement de protection (voir la fiche 31).
  • Assurez-vous qu’un équipement de protection de rechange, de même que de l’eau propre et du savon, se trouvent sur les lieux où s’effectuent les manipulations de pesticides. Une douche de secours devrait également se trouver à proximité.
  • Une cuve lave-mains d’une capacité de 15 L devrait également être présente sur le pulvérisateur. Elle est disponible sur les nouveaux modèles et elle est facile à installer sur les pulvérisateurs qui n’en possèdent pas.
  • Assurez-vous qu’il n’y aura pas de lien physique direct entre la source d’eau et le réservoir du pulvérisateur, afin de ne pas contaminer la source d’eau en cas de déversement accidentel ou lors du retour d’eau à la pompe. Pour éviter ce problème, utilisez une valve anti-retour ou emmagasinez l’eau dans un réservoir que vous situerez tout juste à côté de l’entrepôt à pesticide.
  • Remplissez le réservoir à moitié avec de l’eau. Utilisez un simple tuyau sans embout pour réduire les éclaboussures lors du remplissage. Si vous utilisez des produits qui ont tendance à mousser, vous pouvez le remplir au ¾ avec une légère agitation et/ou ajouter un agent anti-moussant.
  • Actionnez l’agitateur du pulvérisateur.

 

Réduire votre exposition

Par définition, la grande majorité des pesticides sont des produits dangereux. Consultez les fiches 31 (Utilisation sécuritaire des pesticides) et 32 (Mesures d’urgence) : vous y trouverez de l’information pour vous aider à vous protéger et aussi à reconnaître rapidement les signes et symptômes d’une exposition à divers groupe de pesticides, pour savoir comment intervenir en cas d’intoxication.

exposition cutanée aux pesticides

exposition orale aux pesticides

N’attendez pas de ressentir ces symptômes avant de vous protéger; ceux-ci peuvent apparaître après quelques minutes d’exposition ou après quelques heures.

Le port d’équipement de protection approprié est essentiel pour diminuer votre exposition aux pesticides et protéger votre santé. De plus votre équipement doit être en bon état et bien ajusté! Si vous utilisez un masque par exemple, il doit être parfaitement ajusté au niveau du nez et des yeux afin de ne pas laisser entrer les vapeurs de pesticide. Un simple test peut être réalisé avec de l’huile de banane ou un autre produit sécuritaire qui vous permettra de vérifier l’étanchéité de votre masque. Pour plus d’informations consultez le site web de la CNESST ou le Guide d’élaboration d’un programme de protection respiratoire.

 

La pesée des produits
  • Installez-vous sur une surface plane, non poreuse et imperméable, facilement nettoyable.
  • Mesurez précisément les quantités nécessaires en utilisant une tasse à mesurer ou une balance. Servez-vous de plus d’un contenant s’il y a plus d’un produit.
  • Rincez les contenants trois fois et versez l’eau de rinçage dans le tamis du pulvérisateur.
  • Les autres objets ayant servi à la manipulation de pesticides doivent aussi être nettoyés après chaque utilisation afin d’éviter de laisser des concentrés de pesticides dans votre environnement de travail.

 

Le mélange des produits
  • Si vous utilisez plus d’un produit, ne les mélangez JAMAIS sous leurs formes pures et ne les versez jamais directement dans la cuve du pulvérisateur. Versez-les plutôt l’un après l’autre, dans le tamis du pulvérisateur. Sur les modèles plus récents de pulvérisateurs, le tamis peut être équipé en option d’un mélangeur qui servira à pré-mélanger les produits avant qu’ils ne se retrouvent dans le réservoir. Vous pouvez également vous servir de la sonde d’aspiration, dont sont munis certains nouveaux modèles de pulvérisateurs, qui aspirera les produits granulaires ou en poudre directement de leur contenant d’origine pour les diriger directement dans le tamis.
  • Assurez-vous de travailler dos au vent, dans un environnement ouvert et bien éclairé.
  • Respectez méticuleusement l’ordre suivant :
    1. Ajoutez les sachets solubles* en premier et laissez-les se dissoudre complètement (environ deux minutes) avant d’ajouter tout autre produit;
    2. Si vous utilisez la totalité d’un contenant de pesticides, effectuez un triple rinçage du contenant et versez la solution de rinçage dans le réservoir;
    3. Ajoutez les poudres mouillables (WP);
    4. Ajoutez les produits en granules dispersibles (DG, DF, WDG);
    5. Ajoutez les produits liquides (FL ou « Flowable ») et les pâtes fluides;
    6. Attendez cinq à dix minutes pour vous assurer que les produits sont complètement dissous;
    7. Ajoutez les produits liquides à base d’huiles et les émulsions concentrées (EC, SC);
    8. Ajoutez les adjuvants suivis des engrais solubles (bore, urée, magnésium, par exemple);
    9. Complétez le remplissage du réservoir.

* Le plastique des sachets solubles réagit avec le bore (B) et certains autres engrais foliaires s’ils n’ont pas été dissous au préalable. L’huile imperméabilise les sachets hydrosolubles s’ils n’ont pas été dissous au préalable. Si un réservoir est mal lavé ou contient des résidus d’huile ou de bore provenant de l’arrosage précédent, il sera important de dissoudre les sachets solubles dans une chaudière avant de les mettre dans le réservoir, afin d’éviter toute formation de gel ou de particules susceptibles d’obstruer les filtres et les buses. N’oubliez pas qu’on doit quand même porter des gants pour manipuler ces sachets et que ces gants doivent être secs afin de ne pas dissoudre et percer les sachets lors des manipulations! Ces sachets sont fragilisés par un hiver passé en entrepôt non chauffé, il faut donc faire attention en les manipulant

 

Application sécuritaire
Si votre tracteur est équipé d’une cabine avec un système de filtration de l’air :
  • Enlevez l’équipement de protection utilisé lors de la préparation de la bouillie avant d’entrer dans la cabine. La cabine est un lieu d’habitation qui ne doit jamais être contaminé par les pesticides.
  • Installez et activez le filtre à air au charbon présent sur la cabine.
  • Vérifiez qu’une trousse de sécurité contenant des équipements de protection individuelle propres et fonctionnels (masque, lunettes, gants, etc.) est présente dans la cabine. En cas de contamination de la cabine (odeur ou premiers symptômes d’intoxication) ou lors d’un bris qui nécessiterait que vous quittiez la cabine, utilisez cet équipement pour circuler dans la zone traitée.
  • En cas de fuite mineure dans le système de pulvérisation, il est préférable d’attendre que le réservoir du pulvérisateur soit vidé de ses pesticides avant d’effectuer les réparations.
Si votre tracteur n’a pas de cabine :
  • Après avoir préparé la bouillie, vous pouvez enlever votre tablier de protection qui a été utilisé. Si vous aviez enfilé une combinaison de protection sous votre tablier, il est important de vérifier si elle a été souillée lors de la préparation de la bouillie. Si c’est le cas, nettoyez-la avec de l’eau claire ou si la contamination est plus que légère, changez-la pour une neuve. Si vous ne portiez pas de combinaison sous votre tablier, vérifiez s’il y a eu contamination de vos vêtements et changez-les au besoin.
  • Vérifiez et enfilez l’équipement de protection; s’il s’agit d’un équipement réutilisable, veillez à ce qu’il soit fonctionnel et propre, sinon, enfilez un nouvel équipement.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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Fiche 60

Robert Maheux, Gérald Chouinard, Yvon Morin, Francine Pelletier et Maude Lachapelle

 

Les trois types de pulvérisateurs à verger
  • Pulvérisateur « classique » : Il s’agit d’un pulvérisateur à jets portés équipé de buses disposées en éventail autour d’une hélice, laquelle génère un courant d’air qui propulse les gouttelettes vers les pommiers. Il est possible d’équiper ce pulvérisateur avec des buses classiques ou à dérive réduite.
  • Pulvérisateur pneumatique : Ce pulvérisateur est semblable au pulvérisateur à jets portés. Par contre, le courant d’air qu’il produit est formé par une turbine plutôt qu’une hélice, et des éclateurs remplacent les buses. Par conséquent, c’est un jet d’air qui forme les gouttelettes et non la pression du liquide. Ces pulvérisateurs ne sont pas conçus pour appliquer de grandes quantités de bouillie par hectare et ils fonctionnent mieux en concentré. Ils génèrent un plus faible débit d’air et produisent des gouttelettes plus fines, donc plus sensibles à la dérive.
  • Pulvérisateur antidérive avec flux d’air latéral : Il s’agit d’un pulvérisateur à jets portés spécialement conçu pour réduire la dérive des pesticides. De types variés, ils sont souvent munis de tours tangentielles de différentes hauteurs sur lesquelles sont fixées des buses à dérive réduite (souvent appelées « antidérive »). Ces pulvérisateurs peuvent être utilisés pour effectuer des applications de pesticides à proximité de zones à risque ou ailleurs dans le verger. Cependant, la distance entre les rangs et la hauteur des arbres ne doit pas dépasser les spécifications de l’appareil utilisé. L’application dans des parcelles homogènes (c’est-à-dire ayant le même porte-greffe, la même densité de plantation et la même hauteur des arbres) facilite grandement le travail de ce pulvérisateur, étant donné sa faiblesse à combattre le vent et son plus faible volume d’air produit, comparativement à un pulvérisateur classique.

Peu importe le type de pulvérisateur choisi, la garantie d’une bonne pulvérisation efficace repose sur les points suivants :

  • Le bon choix de pulvérisateur en fonction des types de parcelles.
  • La calibration adéquate de celui-ci en fonction des parcelles et du produit utilisé.
  • Un personnel formé et compétent pour effectuer la pulvérisation.
  • La qualité de la taille dans les parcelles à traiter (hauteur des arbres, largeur des arbres et densité du feuillage).
  • Les conditions météorologiques lors de la pulvérisation (vitesse et direction des vents).

Le tableau suivant compare les principales caractéristiques des trois types de pulvérisateurs :

Paramètre Classique Pneumatique Antidérive (avec flux d’air latéral)
Pression d’opération 10-20 bars 1,5 bars 8-20 bars
Bouillie/ha 200-1000 L 100-750 L 500-750 L
Vitesse maximale 7 km/h 5 km/h 5-7 km/h*
Sensibilité au vent Moyenne Forte Moyenne-forte
Utilisation Tous pommiers Nains et semi-nains** Nains et semi-nains**
Réglage Plus difficile Plus facile Plus difficile

* Selon la densité de plantation, la vitesse des vents et le produit utilisé pour obtenir une couverture efficace.
** Certains de ces appareils peuvent être utilisés pour des pommiers de type standard lorsqu’il n’y a pas de vent et que la largeur des rangs ainsi que la hauteur des arbres ne sont pas excessifs. Pour connaître les limitations de chaque appareil, consultez leur guide d’utilisation. De plus, avant de vous procurer un appareil plus puissant, assurez-vous de posséder un tracteur pouvant fournir la force nécessaire pour le faire fonctionner adéquatement.

 

Quantité de bouillie par hectare

Afin d’éviter les surplus de bouillie inutilisée, il est important d’évaluer le plus exactement possible les quantités de bouillie à épandre selon l’étendue à traiter, le type de pesticide, la dose recommandée ainsi que le ravageur visé. En général, les interventions qui requièrent une meilleure couverture, comme c’est le cas des applications d’acaricides ou de fongicides appliqués en éradication, nécessitent davantage de bouillie que les applications d’insecticides de contact ou de fongicides en protection. Le tableau suivant suggère des taux d’application (en L/ha) pour différents types de pesticides et de pulvérisateurs utilisés pour des pommiers de dimension standard  :

Pulvérisateur À jets portés Pneumatique
Fongicide appliqué en protection 400a-600 250-400
Fongicide appliqué en éradication 750-1000 500-750
Insecticide de contact 400a-600 250-400
Insecticide systémique 750-1000 500-750
Acaricide (incluant l’huile) 750-1000 500-750
Agent d’éclaircissage 750-1000 500-750
Engrais foliaire 400a-1000b 250-750b
  1. Compte tenu du faible diamètre des pastilles utilisées lors de pulvérisations en concentré, il est nécessaire d’avoir une eau très propre pour ne pas qu’elles s’obstruent.
  2. Certains engrais foliaires peuvent causer de la phytotoxicité (brûlure des feuilles et des fruits) s’ils sont pulvérisés en concentré.

Il est important d’effectuer la pulvérisation immédiatement après avoir fait le mélange et de ne pas laisser reposer les produits dans le réservoir. Veuillez consulter les étiquettes pour chaque produit utilisé.

Le taux d’application suggéré est un compromis permettant d’obtenir une couverture acceptable pour une durée raisonnable d’application. Ces suggestions sont basées sur la pratique actuelle en verger de pommiers standard. Pour des pommiers nains et semi-nains, la quantité de bouillie à appliquer peut être ajustée en fonction du gabarit des arbres (voir la fiche 61).

 

Inspection et entretien du pulvérisateur

L’inspection visuelle du pulvérisateur est essentielle avant tout réglage et ce pour deux raisons :

  • une fuite non diagnostiquée faussera l’évaluation du débit total réel, car une partie de la bouillie se retrouvera au sol plutôt que sur les arbres.
  • un problème de fuite ou de pulvérisation peut entraîner un manque d’efficacité des traitements et un danger pour l’opérateur et pour l’environnement.

Une inspection en profondeur devrait être effectuée avant chaque début de saison et une inspection rapide devrait également être réalisée avant chaque pulvérisation. L’inspection est une partie essentielle d’un bon entretien!

À l’automne, lors du remisage :

  • Nettoyez bien la cuve, les buses et les filtres.
  • Remplissez la pompe d’antigel si le pulvérisateur passe l’hiver dans un local non chauffé.
  • Commandez les pièces qui devront être remplacées.

Au printemps (* et avant chaque pulvérisation) :

  • * Vérifiez la présence de fuites : avant tout, assurez-vous que le pulvérisateur est propre! Remplissez ensuite le pulvérisateur à moitié et faites fonctionner la pompe. Inspectez la cuve, les canalisations, les porte-buses, les buses et tous les endroits où de la bouillie pourrait s’échapper.
  • Vérifiez le fonctionnement du pulvérisateur : regardez à l’intérieur de la cuve et vérifiez si le système d’agitation fonctionne bien. Vérifiez les valves, le manomètre, le régulateur de pression et le ventilateur. Si les pales du ventilateur sont ajustables, assurez-vous qu’elles sont bien positionnées. Inspectez et lubrifiez au besoin les pièces mobiles, tel les cardans de l’arbre de prise de force et les essieux de roues.
  • * Vérifiez le fonctionnement des buses : avec le ventilateur fermé, placez-vous derrière le pulvérisateur, dos au vent, dans un endroit qui permet l’observation des jets. Ouvrez les valves de pulvérisation et observez si le croisement des jets est adéquat. Si le croisement se fait trop près du pulvérisateur, cela peut entraîner un ruissellement sur le réservoir, alors que s’il se fait trop loin, il peut y avoir des trous dans la couverture si les rangs sont proches du pulvérisateur. L’angle d’ouverture des jets peut être réglé en modifiant la combinaison pastille-hélice (plus l’ouverture de la pastille est grande, plus l’angle de pulvérisation est grand et inversement avec les hélices) et/ou en modifiant la pression (normalement plus la pression augmente, plus l’angle d’ouverture des jets augmente). Vérifiez également l’uniformité de la pulvérisation de chaque buse. Les buses ayant une pulvérisation inégale devront être vérifiées et remplacées au besoin.
  • Vérifiez le positionnement des buses : en observant les jets, il est possible de voir s’il y en a qui pulvérisent directement au sol ou au-dessus de vos pommiers.
  • Vérifiez la couronne de ventilation : assurez-vous que le ventilateur et son coffrage sont propres. Fermez les valves de pulvérisation et faites fonctionner le ventilateur. Vérifiez le débit d’air tout autour de la couronne ou de la tour avec votre main pour évaluer l’uniformité de la ventilation. Au besoin, ajustez les déflecteurs qui sont localisés tout autour de la couronne.
  • Faites une dernière vérification avec le ventilateur et les buses ouvertes.
  • * Vérifiez l’usure et la pression des pneus.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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Fiche 61

Yvon Morin, Gérald Chouinard, Robert Maheux, Marlène Piché, Francine Pelletier et Vincent Philion

 

Visionnez la série de vidéos sur la calibration des pulvérisateurs à https://reseaupommier.irda.qc.ca/?p=11952 
Les cinq capsules d’environ 6 minutes chacune passent une à une les étapes nécessaires, de la préparation du pulvérisateur jusqu’au réglage lui-même.  Vous ne verrez plus votre pulvérisateur de la même façon!

Pour effectuer cette opération la première fois, des valeurs théoriques de vitesse du tracteur et de débit du pulvérisateur sont utilisées en fonction du nombre de buses, du type de buse et de la pression d’opération. Il est important de vérifier en conditions réelles si cela produit la bonne vitesse et le bon débit.

 

Pulvérisateur classique à jets portés (buses régulières)

Vérification de la vitesse. Il s’agit de compléter un tableau des différentes vitesses (variant entre 3 et 7 km/h) pour chaque combinaison tracteur/pulvérisateur de la ferme. Le tableau présenté à la fiche 60 pourra vous guider dans le choix des vitesses en fonction du type de pulvérisateur et du genre de traitement choisi.

Les étapes suivantes permettent de vérifier la vitesse de travail :

  • Attacher le pulvérisateur choisi au tracteur choisi;
  • Remplir d’eau propre la moitié du réservoir du pulvérisateur;
  • Mesurer une distance de 50 à 100 m sur un rang de pommiers. Si le verger est en pente, choisir un rang ayant une pente comparable à celle des autres rangs du verger;
  • Mesurer à l’aide d’un chronomètre ou d’une montre le temps que prend le tracteur pour parcourir la distance choisie (en secondes). Si le verger est en pente, prendre au moins deux lectures en montant et deux lectures en descendant et calculer la moyenne des quatre. Lors du test, faire fonctionner le pulvérisateur en simulant un traitement.
  • Pour obtenir la vitesse en km/h, diviser la distance parcourue (m) par le temps moyen requis en secondes (s), puis multiplier par 3,6.

    Exemple pour une distance mesurée de 60 m :
    Essai fait avec le tracteur A et le levier de vitesse en position 1

    • Aller 1 : 45 s
    • Retour 1 : 42 s
    • Aller 2 : 44 s
    • Retour 2 : 43 s
    • Moyenne = (45 + 42 + 44 + 43) / 4 = 43,5 s pour parcourir 60 m
    • Vitesse = 60 ÷ 43,5 × 3,6 = 4,97 km/h ou, en arrondissant, 5 km/h

Choix et arrangement des buses. Cette étape vise à faire le bon choix de buses à chaque position sur la rampe, afin que 66 % de la bouillie soit fournie par la moitié supérieure du pulvérisateur et 33 % par la moitié inférieure. Cette répartition ne correspond pas à la répartition que donneraient des buses identiques; pour cette raison il est recommandé d’utiliser des buses à débit plus élevé dans le haut et des buses à débit plus faible dans le bas de la rampe.

répartition de la bouillie pulvérisée en fonction de la position des buses

Vérification du débit global. Pour cette opération il faut d’abord installer le pulvérisateur sur une surface plane, puis :

  • Faire fonctionner le pulvérisateur avec tous les jets grand ouverts (selon l’ajustement voulu des buses);
  • Ajuster la pression sur le régulateur avec les jets ouverts;
  • Ajouter de l’eau jusqu’à la pleine capacité du réservoir;
  • Faire fonctionner le pulvérisateur durant 3 min;
  • Remplir à nouveau le réservoir jusqu’au bord à l’aide d’un contenant gradué;
  • Calculer la quantité d’eau ajoutée, puis diviser par 3 pour obtenir le débit en L/min.

 

Pulvérisateur pneumatique

Pour le pulvérisateur pneumatique, la vérification du débit global s’effectue après avoir débranché les tuyaux des éclateurs et les avoir placés dans un contenant. Il est important de vérifier le débit pour chaque robinet (généralement un ou deux de chaque côté du pulvérisateur) et pour tous les débits utilisés (les débits en L/h inscrits sur les plaques des robinets sont très souvent imprécis).

 

Pulvérisateur antidérive avec flux latéral d’air

Le réglage et l’étalonnage des pulvérisateurs antidérive avec flux latéral d’air s’effectuent de la même façon que pour les pulvérisateurs à jets portés munis de buses conventionnelles. Toutefois 55 % de la bouillie doit être fournie par la moitié supérieure de la tour et 45 % par la moitié inférieure. Ces proportions générales peuvent toutefois varier selon la hauteur de la tour ainsi que la hauteur des arbres dans lesquels s’effectue la pulvérisation.

répartition de la bouillie pulvérisée en fonction de la position des buses

Débit d’air produit et volume de bouillie utilisé

Une grande importance doit être accordée à l’obtention d’un bon débit d’air et d’une bonne répartition de cet air. Le diamètre du ventilateur et l’angle des pales ont des répercussions sur ces paramètres. Il faut donc s’assurer d’obtenir un jet d’air horizontal efficace afin de transporter les gouttelettes sur la cible (le feuillage et les fruits) et ce sur toute la hauteur de l’arbre. Une augmentation au besoin du volume d’air de la soufflerie et du taux d’application de la bouillie (L/ha) permettront de couvrir plus efficacement des arbres ayant un feuillage plus dense ou plus volumineux. Veuillez consulter le manuel d’instructions de votre pulvérisateur pour plus de précisions.

Buses antidérive

Il existe deux grandes catégories de buses antidérive : les buses à préorifice et les buses à induction d’air. La dernière technologie est la plus intéressante pour deux raisons :

  • Utilisées à la pression recommandée, les buses à induction d’air peuvent incorporer des bulles d’air dans les gouttes de liquide. Au contact avec la feuille, ces gouttes éclatent en petites gouttelettes pour permettre une redistribution locale de la bouillie dans le feuillage.
  • Ces buses peuvent réduire davantage la dérive que les buses à préorifice (dans presque toutes les situations).

Dans chaque catégorie, il existe des buses à jet plat et des buses à jet conique. Pour une buse à induction d’air, la buse à jet plat (photo c de la figure suivante) permet une pulvérisation plus fine comparativement à la buse à jet conique (photo b) pour un même calibre de buse et une même pression d’utilisation, sans avoir la partie de gouttelettes très fines de la buse conventionnelle (photo a).

buses antidérive

Peu importe la pression utilisée avec une buse antidérive, elle produira environ cinq fois moins de fines gouttes (< 150 µm), qui sont davantage sujettes à la dérive, comparativement à une buse conventionnelle à jet conique utilisée avec une pression de dix bars. Cependant, les plus grosses gouttes produites par les buses antidérive sont plus lourdes; ce poids, combiné avec un moindre débit d’air produit, fait que ces gouttes ont plus de difficulté à atteindre le haut et le centre des arbres dans des plantations espacées de plus de 20 pieds entre les rangs. Dans ce type de plantation peu dense, il est important d’utiliser un pulvérisateur procurant un bon débit d’air et de réduire la vitesse de pulvérisation. Lorsqu’employées correctement, les buses antidérive peuvent être utilisées au même débit (L/min), à la même vitesse d’avancement et avec une pression d’opération comparable aux buses conventionnelles pour une efficacité semblable, tout en diminuant la dérive.

La distance de croisement des jets varie selon la grosseur de l’orifice de la pastille et de l’hélice sous jacente, ainsi que de la distance entre chaque porte-buse. Généralement, afin de conserver une distance de 50 cm entre le feuillage et les buses de pulvérisation, les jets de pulvérisation doivent se croiser à environ 50 cm des buses. Pour les pommiers standards plantés serrés, la limitation de hauteur de ces appareils peut parfois être compensée par l’ajout de buses supplémentaires dans le haut de la tour. Attention : malgré leur nom, certains pulvérisateurs antidérive viennent avec des portes-buses permettant d’utiliser au besoin des buses conventionnelles au lieu de buses antidérive (à jets plats ou coniques). Est-il nécessaire de préciser que de placer des buses conventionnelles dans le haut de votre pulvérisateur annulera ses propriétés antidérive?

 

Vérification de la distribution de la bouillie

Lorsqu’il y a assez de feuillage il est possible de vérifier la répartition des gouttelettes dans les arbres en utilisant du kaolin (SURROUND), sinon il est également possible d’utiliser du papier hydrosensible.

distribution de la bouillie dans les arbres

 

Ajustement en fonction du gabarit des arbres

Pour cette étape, il est nécessaire d’avoir un plan du verger avec la surface et la distance entre les rangs de chaque bloc. Idéalement, il faut également connaître le TRV (Tree Row Volume) de chacun de ces blocs de manière à calculer la quantité de bouillie associée à chacun de ces blocs. Le TRV est une mesure du volume qu’occupent les pommiers dans une parcelle, qui est ensuite comparé avec un volume de référence. La quantité de bouillie à appliquer dans chaque bloc peut ensuite être ajustée en fonction du rapport entre le TRV du bloc et le TRV de référence.

Le TRV de chaque bloc (en m3/ha) est calculé simplement comme suit :
(hauteur moyenne (m) × largeur moyenne des rangs (m) × 10 000) / distance entre les rangs (m)

Le TRV de référence est celui d’un bloc de pommiers standards de 5 m de haut et 7 m de large avec une distance de 10 m entre les rangées, et donc correspond à 35 000 m3 :
(5 × 7 × 10 000) / 10 = 35 000

En appliquant la même formule à un bloc imaginaire dont les arbres ont une hauteur de 4 m et une largeur de 3 m avec une distance de 5 m entre les rangs, un TRV de 24 000 m3/ha est calculé, soit 69 % (24 000 / 35 000) du TRV de référence. Cela signifie que, dans le cas d’une application en dilué nécessitant 1000 L/ha dans le bloc de référence, cette parcelle peut recevoir 690 L/ha.

 

Plan de pulvérisation

Une fois la quantité de bouillie par hectare calculée pour des traitements en dilué et en concentré pour chaque parcelle, les paramètres de pulvérisation tels la vitesse de pulvérisation et le débit du pulvérisateur doivent leur être associés. L’ensemble de ces informations constitue le plan de pulvérisation. Les indications suivantes doivent s’y retrouver pour chaque parcelle :

  • Surface (ha)
  • TRV (m3/ha)
  • Bouillie à appliquer en dilué et en concentré (L/ha)
  • Vitesse de pulvérisation (engrenage)
  • Arrangement et type de buses (pastilles et hélices)
  • Pression d’opération
  • Débit du pulvérisateur (L/min)

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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Fiche 62

Robert Maheux, Gérald Chouinard, Yvon Morin, Monique Audette, Francine Pelletier et Maude Lachapelle

 

Pourquoi rincer et nettoyer le réservoir et le pulvérisateur?
  • Les résidus de pesticides présents sur la machinerie peuvent contaminer les personnes qui entreraient en contact avec cette dernière lorsqu’elle est remisée et/ou lors de la préparation de la bouillie de la prochaine pulvérisation.
  • Les surplus de bouillie à l’intérieur du pulvérisateur (plomberie et réservoir) peuvent contaminer l’utilisateur et causer de la phytotoxicité lors du prochain traitement.
  • Dépendamment de sa composition, la bouillie peut aussi corroder ou abîmer certaines pièces d’équipement.
  • Le rinçage du circuit complet de pulvérisation après chaque utilisation est l’une des opérations les plus importantes pour obtenir et maintenir des performances optimales de la machinerie

 

Comment procéder?

Premièrement, le port d’un équipement de protection est essentiel pour effectuer cette opération. Consultez les fiches 31 et 59.

Il importe de vérifier si votre pulvérisateur est équipé d’un dispositif qui permet de récupérer les restes de bouillie au fond du réservoir. Si ce n’est pas le cas, en fonction de la grosseur et du type de pulvérisateur ainsi que de l’angle d’inclinaison de la cuve, il peut rester de 6 à 30 L de bouillie dans le système de pulvérisation (tuyauterie et réservoir), lorsque la pompe commence à aspirer de l’air. Pour éliminer cette bouillie efficacement et selon des normes environnementales acceptables, les solutions suivantes sont généralement utilisées :

  • Rincer l’intérieur du réservoir une à trois fois avec un volume d’eau propre de 100 L (votre nouveau pulvérisateur peut être équipé d’une cuve de rinçage de cette capacité, qui facilite cette opération dès que la pulvérisation est terminée).
  • Les pièces importantes du pulvérisateur, telles que les filtres et les buses, doivent être nettoyées soigneusement en suivant les recommandations du manufacturier. Il faut vérifier également l’étiquette des produits utilisés pour connaître les restrictions et recommandations spéciales. Utiliser un détergent recommandé – jamais d’eau de javel – pour cette opération.
  • L’extérieur du pulvérisateur peut être nettoyé à l’eau et au savon avec une laveuse à pression, dans une zone réservée à cette fin. Attention aux éclaboussures!

 

Que faire des eaux de rinçage?

Les eaux de rinçage produites lors du rinçage final de la cuve à la fin de la pulvérisation peuvent représenter une quantité importante de liquides contenant de faibles concentrations de pesticides. Il est interdit de jeter les eaux de rinçage dans l’égout pluvial ou sanitaire ou encore dans un équipement qui s’y déverse. Choisissez plutôt une des options suivantes, acceptées par le ministère du Développement durable, de l’Environnement et la Lutte contre les changements climatiques du Québec :

  • Les épandre sur la superficie déjà traitée lorsque cette opération ne nuit pas à l’efficacité du traitement.
  • Si ce type d’élimination ne convient pas, les épandre dans une zone peu à risque, loin des cours d’eau, des lacs et des puits (50 m ou plus).
  • Récupérer les eaux dans un réservoir étanche et les confier au besoin à un service de décontamination.

Lorsque le rinçage et le nettoyage s’effectuent sur un site sensible, celui-ci doit reposer sur une matière imperméable (par exemple, sur l’asphalte) munie d’un drain collecteur qui amènera les eaux contaminées dans un récipient fermé. Après, il est possible de disposer de ce liquide sur un amas de terre aménagé à cette fin.

Les entreprises agricoles qui utilisent des pesticides doivent en tout temps le faire de façon sécuritaire et conforme à la réglementation en vigueur. Les recommandations ci-haut visent à assurer la sécurité des opérations de nettoyage et ces recommandations peuvent être plus exigeantes que la réglementation. Consultez la fiche 12 pour les exigences légales.

 

N’oubliez pas!
  • Après la pulvérisation, prenez une bonne douche en prenant soin de bien savonner et de rincer à fond toutes les parties de votre corps pouvant avoir été exposées aux pesticides. Après la douche, enfilez des vêtements propres.
  • Remplissez par la suite votre registre de pesticides en fonction des exigences du «registre des intrants de production» du Guide de salubrité pour les fruits de verger (registre H1 de CanadaGAP). En procédant ainsi, vous rencontrez cette obligation du programme, maintenant exigé par certains emballeurs pour la vente des pommes.

    Indiquez les informations suivantes dans le registre :

    • Date et heure de début et de fin de la pulvérisation et les conditions météo (température, direction et vitesse des vents)
    • Produit et formulation utilisés, no. d’homologation, dose à l’hectare
    • Respect de l’étiquette
    • Date la plus hâtive pour la récolte et délai avant récolte
    • Quantité par réservoir et quantité totale de pesticides
    • Nombre de réservoirs
    • Pulvérisateur utilisé (rampe, jet porté, etc.)
    • Bloc traité et superficie
    • Stade phénologique et ravageurs visés
    • Signature de l’opérateur ou facture du forfaitaire

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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