Auteurs de la première édition : Gérald Chouinard et Yvon Morin
Auteures de la mise à jour 2023 : Ly-Anne Hamel et Francine Pelletier
Dernière mise à jour par les auteures : 2 février 2023

Les tordeuses constituent une importante famille d’insectes comptant plusieurs espèces pouvant s’attaquer au pommier. Selon l’espèce, elles peuvent s’alimenter sur les bourgeons, le feuillage, les fruits ou à l’intérieur des pousses. La présente fiche décrit celles pouvant être rencontrées sur le feuillage et s’alimenter occasionnellement sur les pommes. Dépendamment de leur préférence alimentaire et de leur phénologie, elles n’ont pas toutes le même potentiel de causer des dommages aux fruits. Au Québec, la tordeuse à bandes obliques (Choristoneura rosaceana) (TBO) est la principale espèce de tordeuse communément présente en verger et causant des dommages économiques (voir . Parmi les autres espèces, le type de dommage causé sera influencé, entre autres, par le nombre de générations qu’elles complètent par année ainsi que par le stade de développement sous lequel elles passent l’hiver, qui déterminent à quelles périodes les stades les plus nuisibles (larves matures) sont présents. Un tableau récapitulatif listant certaines caractéristiques des différentes espèces décrites ci-dessous est présenté à la fin. La fiche actuelle décrit les principales espèces associées au pommier (hôte primaire) mais d’autres tordeuses ayant une vaste gamme d’hôtes peuvent occasionnellement utiliser le pommier comme hôte secondaire. Les tordeuses qui s’attaquent aux pommes en creusant des galeries internes plutôt qu’en s’alimentant à la surface du fruit sont décrites dans la fiche sur Le carpocapse de la pomme et la fiche sur Les vers occasionnels du fruit.

Tordeuse à bandes rouges

Description et comportement

La tordeuse à bandes rouges (Argyrotaenia velutinana) est un ravageur mineur en PFI. Elle hiberne dans le sol à l’état de chrysalide dans la litière sous les pommiers. Peu après le débourrement, les adultes émergent sous forme de papillons gris-brun (8 mm). Leurs ailes antérieures sont ornées d’une bande  dont l’envergure atteint 12-16 mm. Il peut exister une certaine variation d’un individu à l’autre au niveau du patron et de l’intensité de coloration des ailes. Généralement,une marque foncée en forme de diamant est visible dorsalement lorsque les ailes sont repliées.

Adultes de tordeuse à bandes rouges (source : Laboratoire d’expertise et de diagnostic en phytoprotection, MAPAQ et IRDA).

Au stade bouton rose, les femelles déposent leurs œufs, en masses aplaties d’environ 50, en dessous des branches ou directement sur les troncs. Ces œufs (1 mm) sont jaune pâle et éclosent habituellement au stade calice Les larves sont des chenilles vert pâle ayant la tête jaune ou brun clair, atteignant jusqu’à 17 mm de longueur chez les derniers stades. On peut donc facilement les distinguer des larves de tordeuses à bandes obliques (TBO) dont la tête est brun-noir et qui peuvent faire jusqu’à 25 mm de longueur. Outre par leur apparence, les deux espèces peuvent également être différenciées par le fait qu’on ne retrouve généralement pas les mêmes stades aux mêmes périodes. Les premières larves de tordeuses à bandes rouges ne sont pas présentes avant la fin mai et seuls de très jeunes   sont observés à cette période.

Les jeunes larves se déplacent généralement vers les pousses de l’année et se nourrissent sous une toile blanchâtre à la face inférieure de la feuille, près de la nervure principale. Outre par leur apparence, elles peuvent également être différenciées des chenilles de TBO par le fait qu’on ne retrouve généralement pas les mêmes stades aux mêmes périodes. Elles forment leur chrysalide vers la fin du mois de juin dans une feuille enroulée avant de ressortir sous forme adulte au début du mois de juillet. Les femelles accouplées pondent alors directement sur le feuillage. Les chenilles de la deuxième génération apparaissent en août et accolent habituellement une feuille au fruit afin de grignoter la pelure de celui-ci. Certains individus peuvent initier une 3e génération dépendamment de la photopériode. Elles se transforment en chrysalides brun foncé en octobre ou en novembre.

Larves de tordeuse à bandes rouges (source : Laboratoire d’expertise et de diagnostic en phytoprotection, MAPAQ).    

Cycle de vie de la tordeuse à bandes rouges (source : Jonathan Veilleux).

Dommages

La chenille de la tordeuse à bandes rouges se nourrit des feuilles du pommier et de la surface des fruits. La première génération de larves se nourrit principalement de feuillage. Les dommages sur fruit sont surtout occasionnés par la deuxième génération puisque les fruits sont alors plus développés, donc plus vulnérables.  Le dommage causé à la surface des pommes apparaît d’abord sous forme de petits trous, mais progresse jusqu’à constituer une galerie irrégulière, souvent située près du pédoncule. Il est couramment caché sous une feuille collée par de la soie ou entre deux pommes d’un même bouquet. Ce dommage est moins étendu et plus superficiel (en dentelle) que celui de la tordeuse à bandes obliques. Il peut tout de même être difficile de différencier les dégâts de tordeuse à bandes rouges de ceux des autres tordeuses lorsque la chenille n’est pas présente.

dégât de tordeuse à bandes rouges

Dommage de tordeuse à bandes rouges (source : IRDA).

Estimation du risque

La méthode de dépistage de ce ravageur est décrite aux tableaux-synthèses Dépistage par pièges à phéromone et Dépistage par observation des fruits ou du feuillage de la fiche Grilles de dépistage pour les vergers.

Stratégie d’intervention

Les stratégies d’intervention préventives contre La tordeuse à bandes obliques  contribuent généralement à limiter aussi la présence des autres tordeuses.

Concernant la lutte chimique, la TBR est généralement réprimée en même temps que le charançon de la prune par le traitement insecticide effectué au stade calice. Un contrôle adéquat de la première génération permet de limiter la population de la deuxième génération dont les dommages sont plus critiques. Au besoin, les insecticides à base de Bacillus thuringiensis constituent une bonne option contre les jeunes larves, étant plus sélectifs et moins toxiques sur la faune auxiliaire. L’insecticide ALTACOR (chlorantraniliprole) peut également être une alternative efficace.

Si la deuxième génération apparaît problématique, un traitement contre les jeunes larves peut être effectué en été (habituellement au début d’août) avec un insecticide organophosphoré ou à base de Bacillus thuringiensis. À noter qu’il existe un parasitoïde naturel de la TBR, soit la guêpe Trichogramma minutum. Si vous voulez favoriser sa présence, portez une attention particulière aux produits phytosanitaires utilisés afin de ne pas nuire à son activité.

Pique-bouton du pommier

Description et comportement

Le pique-bouton (Spilonota ocellana) est un ravageur mineur en PFI. Cette espèce produit une génération par année. Les larves sont de petites chenilles (11-13 mm) brun chocolat dont la tête est noire et lustrée. Elles passent l’hiver au 3e stade larvaire (comme la TBO) dans leur cocon de soie, à la base d’un dard ou d’un rameau, et reprennent leur activité au stade débourrement avancé. Elles perforent alors les bourgeons fruitiers à l’intérieur desquels elles se dissimulent pour s’alimenter. Lorsque le développement du feuillage est plus avancé, les larves se construisent un abri en rassemblant du feuillage partiellement grignoté, des bourgeons floraux ou des fleurs. Ces nids sont souvent composés d’une ou de quelques feuilles mortes, puisque les larves du pique-bouton ont tendance à sectionner le pétiole des feuilles formant l’abri.

Larve du pique-bouton du pommier (source : Laboratoire d’expertise et de diagnostic en phytoprotection, MAPAQ et IRDA).

Les chrysalides sont formées à l’intérieur des abris ayant servis de site d’alimentation dans le feuillage. Le vol des adultes débute à la mi-juin. Ces derniers sont de petits papillons grisâtres (6-8 mm) aux ailes antérieures ornées d’une large bande blanche qui couvre la partie centrale des ailes. Une forme claire et une forme plus foncée peuvent être observées. La présence d’une marque noire distinctive sur le dos dans la partie distale de l’aile aide à reconnaître l’espèce parmi les différents patrons de coloration.

Adulte du pique-bouton du pommier forme grise (gauche) et forme claire (droite) (source : Laboratoire d’expertise et de diagnostic en phytoprotection, MAPAQ).

Les femelles déposent les œufs individuellement sur le feuillage. Les nouvelles larves seront actives à partir de la mi-juillet. À cette période, les sites d’alimentation privilégiés des larves sont à la face inférieure des feuilles dans un abri formé de soie, à l’intersection de deux feuilles ou à la jonction d’une feuille et d’un fruit. Lorsqu’elles atteignent le 3e stade larvaire, elles quittent leur site d’alimentation et forment un cocon dans lequel elles passeront l’hiver.

Abri formé par les nouvelles larves du pique-bouton du pommier en août lorsqu’elles se nourrissent à la face inférieure des feuilles (source : Francine Pelletier, IRDA).    

Dommages

Au printemps, les chenilles peuvent se nourrir des bourgeons floraux. Toutefois, à moins d’une population très importante, ces dommages ne sont pas problématiques puisque le nombre de fleurs est souvent excessif par rapport aux besoins. Les larves printanières peuvent aussi parfois s’attaquer aux jeunes fruits. La majorité des fruits attaqués tomberont et ceux encore présents à la récolte porteront un dommage similaire à ceux causés par les tordeuses et autres chenilles actives dans les premières semaines suivant la floraison (profondes déformations liégeuses).

En août, les nouvelles chenilles peuvent s’attaquer aux fruits en pratiquant plusieurs petits trous assez  rapprochés. Toutefois, comme ces chenilles cesseront leur activité d’alimentation au 3e stade larvaire, à partir de la mi-août environ, les dommages causés aux fruits en été sont généralement peu intenses mais suffisant pour déclasser les fruits endommagés.

pique-bouton du pommier (larve et dégâts)

Dommages occasionnés aux fruits en été par les larves du pique-bouton du pommier (source : Geneviève Legault).

Une autre chenille (Famille : Géléchidés) qui n’est pas une tordeuse mais d’apparence très similaire, ressemble beaucoup au pique-bouton et peut occasionnellement être observée en grand nombre sur le pommier où peu de traitements insecticides sont appliqués. Il s’agit de la fausse-teigne des bourgeons. Son cycle de développement est semblable à celui du pique-bouton et elle se nourrit de façon similaire sur le feuillage au printemps. Comme le pique-bouton, la larve est brunâtre mais un peu plus petite (6 mm en fin de développement) et un peu plus pâle (légèrement violacée/rosée). Le dernier stade peut même ressembler à une TBO car elle prend une coloration verte. Son hôte préféré est le pommier mais elle n’attaque pas les fruits.

Larves de la fausse-teigne des bourgeons (source : Francine Pelletier, IRDA).

 

Stratégie d’intervention

Des interventions chimiques visant le pique-bouton sont rarement nécessaires, mais des applications localisées peuvent occasionnellement être recommandées contre les chenilles printanières si la population est importante. Le dépistage peut être réalisé entre les stades pré-bouton rose et calice, en même temps que celui de la noctuelle du fruit vert (voir la fiche Grilles de dépistage pour les vergers).  Si une intervention est nécessaire, privilégiez les insecticides sélectifs à base de Bacillus thuringiensis, qui sont moins toxiques pour la faune auxiliaire et peuvent être appliqués pendant la floraison. Autrement, les pyrèthres pré-floraux sont l’alternative la plus efficace, justifiant pourquoi l’insecte est généralement contrôlé par les interventions ciblant d’autres ravageurs du verger. Son incidence peut toutefois être plus élevée dans les vergers biologiques, ces derniers n’utilisant pas de produits de synthèse.

Enrouleuse trilignée

Description et comportement

L’enrouleuse trilignée (Pandemis limitata) est un ravageur mineur en PFI. Elle cohabite de façon minoritaire avec la tordeuse à bandes obliques (TBO) dans plusieurs vergers du Québec. Les deux espèces sont d’ailleurs très similaires, autant dans leur apparence que leur biologie, leur phénologie, leurs dommages et les stratégies d’intervention à leur égard. Une autre espèce appartenant au même genre que l’enrouleuse trilignée, Pandemis lamprosana, peut également être observée en verger. Cette dernière est toutefois univoltine et a donc peu de potentiel de causer des dommages aux fruits contrairement à l’enrouleuse trilignée qui, comme la TBO, produit deux générations par année. Les papillons Pandemis sp (9-12 mm) portent trois bandes obliques sur les ailes antérieures comme la TBO mais leur bordure est plus nettement définie par des lignes claires. Les mâles de TBO ont également un repli en bordure de l’aile (« costal fold ») qui n’est pas présent chez les papillons Pandemis sp.

Adultes de l’enrouleuse trilignée, Pandemis limitata (gauche), de Pandemis lamprosana (centre) et de tordeuse à bandes obliques (droite). Des individus Pandemis sp peuvent occasionnellement être rencontrés. Sur la photo de droite, la flèche montre le « costal fold » présent chez le mâle de TBO (source : Francine Pelletier, IRDA).

Les larves Pandemis sp hivernent dans des cocons de soie sur le pommier dissimulés sous l’écorce. Ce sont des chenilles au corps vert et à la tête brun clair. Il est difficile de différencier les larves de l’espèce P. limitata de celles de P. lamprosana. On peut toutefois facilement les distinguer des larves de TBO qui ont la tête brune ou noire. Au printemps, les larves Pandemis sp. peuvent se nourrir des bourgeons à fruit, puis éventuellement des fleurs, des feuilles et des jeunes fruits. Elles forment leur chrysalide à l’intérieur d’une feuille enroulée. Le vol des adultes se produit environ à la même période que celui de la TBO, en juin et juillet.

Larves de l’enrouleuse trilignée, Pandemis limitata (gauche) et de Pandemis lamprosana (centre) (source : Francine Pelletier, IRDA).

Dommages

Les dégâts causés par les larves de la génération printanière sont semblables à ceux de la tordeuse à bandes obliques, alors que les dégâts de la génération estivale de l’enrouleuse trilignée sont semblables à ceux de la tordeuse à bandes rouges. Bien que certains attaquent le fruit, la majorité des individus semble préférer se nourrir sur les pousses terminales en croissance.

Stratégie d’intervention

Cet insecte cause généralement peu de problèmes. Les interventions contre la TBO (voir la fiche sur La tordeuse à bandes obliques)  contribuent à lemaintenir en échec.

Tordeuse pâle du pommier

Description et comportement

La tordeuse pâle du pommier (Pseudexentera mali), aussi appelée enrouleuse du pommier, est un ravageur mineur en PFI. Les larves de cette tordeuse sont des chenilles blanc crème mesurant 10 mm en fin de développement. Chez les jeunes larves, la tête est noire alors que chez les larves plus âgées, la tête est brun clair. L’espèce est univoltine et passe l’hiver dans le sol sous forme de chrysalide. Les adultes émergent au tout début de la saison, dès que la température atteint 10 oC. Ce sont des papillons gris terne de forme allongée mesurant 6-8 mm. Les œufs rosés sont pondus individuellement sur l’écorce des lambourdes et les brindilles. La ponte est généralement pratiquement complétée avant même le débourrement avancé.

Adulte de la tordeuse pâle du pommier (source : Leo-Guy Simard, AAC).

Tordeuses occasionnelles du fruit (source : IRDA).

 

Les jeunes chenilles font leur apparition autour du stade bouton rose. Elles se nourrissent bien dissimulées dans le feuillage des bourgeons floraux et des pousses terminales. Elles poursuivent leur activité d’alimentation jusqu’à ce qu’elles aient complété leur développement larvaire, environ deux à trois semaines après la floraison. C’est donc vers la mi-juin qu’elles se déplacent au sol où elles construisent un cocon sous la surface du sol, à 2,5 cm de profondeur. Elles se transforment en chrysalides à la fin de la saison et passent l’hiver sous cette forme. À noter que la tordeuse pâle du pommier se nourrit exclusivement du pommier; à ne pas confondre avec la tordeuse du pommier (décrite ci-dessous), qui peut se développer sur plusieurs espèces d’arbres.

Dommages

Les jeunes chenilles de la tordeuse pâle du pommier peuvent se nourrir de l’intérieur des bourgeons en tout début de saison. Les chenilles plus âgées s’attaquent principalement aux jeunes feuilles des pousses terminales. Durant leur alimentation, les larves sont complètement dissimulées dans un abri compact de feuilles recroquevillées. Dans de rares cas, la tordeuse pâle se nourrit de jeunes fruits. Lorsque cela se produit, le dommage se distingue généralement de ceux causés par les autres espèces de tordeuses s’attaquant plus communément aux fruits, tels que la tordeuse du pommier, par le fait qu’elle creuse habituellement ses galeries parallèlement au cœur plutôt qu’en direction de celui-ci.

Dommages sur feuilles  de la tordeuse pâle du pommier (source : Leo-Guy Simard, AAC).

Stratégie d’intervention

Cet insecte cause cause généralement peu de problèmes. En cas d’infestation majeure, voir la stratégie d’intervention contre le pique-bouton du pommier.

Tordeuse du pommier

Description et comportement

La tordeuse du pommier (Archips argyrospilus) est un ravageur mineur en PFI. Elle n’a qu’une seule génération par année et passe l’hiver et une grande partie de la saison au stade d’œuf. Les masses d’œufs sont pondues sur l’écorce et recouvertes d’une substance gélatineuse qui sèche pour former une matière lisse et dure. Elles sont de couleur brune durant la saison et deviennent plus pâles au cours de l’hiver de sorte qu’au printemps, les masses d’œufs grisâtres sont facilement visibles sur l’écorce plus foncée. L’éclosion débute au débourrement avancé et peut s’étaler sur 10 à 14 jours. Les larves sont des chenilles vert jaunâtre à tête brun-noir. Elles sont difficiles à différencier des larves de tordeuses à bandes obliques (TBO), qui sont également vertes avec une tête foncée. Elles sont toutefois plus petites (19 mm en fin de développement) et les chenilles observées au printemps sont à un stade de développement un peu moins avancé que la TBO qui, quant à elle, passe l’hiver au 2e ou 3e stade larvaire. Comme la plupart des tordeuses, elles enroulent les feuilles pour s’y alimenter. Elles se nourrissent de feuilles, de bourgeons et de fruits jusqu’à la fin juin. Contrairement à la TBO, leur présence est limitée aux premiers mois de la saison chaude. Le vol des papillons est observé à partir de la fin juin et en juillet. À la sortie de la chrysalide, l’adulte (8-12 mm) est de couleur fauve ou rouille avec un patron tacheté. La majorité des individus ont deux taches pâles contrastantes sur le bord antérieur (costa) de chaque aile. Au début du siècle passé, cette espèce était la plus connue pour son potentiel important de dégâts dans les vergers. Depuis l’utilisation plus intensive des pesticides, elle est aujourd’hui d’importance mineure mais des populations appréciables peuvent se développer en quelques rares occasions. Une autre espèce appartenant au même genre, la tordeuse européenne (Archips rosana) peut également être présente en verger au Québec. Elle a un cycle de développement très semblable et les larves ont aussi une apparence similaire.

Adulte de la tordeuse du pommier (source : Lina Breton ).

Dommages

Une toile soyeuse réunit habituellement les feuilles et les jeunes fruits dont elle se nourrit.  complètent leur développement avant que le fruit n’ait atteint 25 mm de diamètre, c’est donc exclusivement sur les jeunes fruits que cette espèce peut occasionner des dommages. La majorité des fruits endommagés tombent prématurément. Les fruits moins sévèrement atteints demeurent sur l’arbre, mais sont alors fortement déformés par l’activité printanière de cette tordeuse. Ces dommages ressemblent aux dommages printaniers pouvant être occasionnés par les autres espèces de tordeuses présentes en début de saison.  En cas d’infestations importantes (ce qui est rare), elles peuvent aussi affecter sévèrement le feuillage.

Stratégie d’intervention

Les larves de la tordeuse du pommier sont normalement tenues en échec par les traitements insecticides à large spectre effectués au stade calice. Les interventions contre la TBO et la TBR permettent également de limiter son action (ex. : taille des gourmands). En cas de forte présence au printemps, une intervention à base de Bacillus thuringiensis peut être efficace si les chenilles sont encore petites (moins de 13 mm). Le dépistage des amas d’œufs dans les sites avec historique permet de faire un suivi de l’éclosion et d’intervenir au moment approprié. L’insecte n’ayant qu’une seule génération par année, intervenir après une défoliation importante est généralement inutile puisque les chenilles se transformeront sous peu en chrysalides.

Tordeuse du bouton du pommier

Description et comportement

La tordeuse du bouton du pommier (Platynota idaeusalis) est un ravageur mineur en PFI.  ions par année dans le sud de son aire de répartition (Pennsylvanie) mais elle est possiblement univoltine dans les conditions du Québec. Elle hiverne dans la litière du sol au stade larvaire. Les adultes sont des papillons d’apparence mouchetée (12,5 mm) dont le rostre est allongé. La base des ailes est généralement grisâtre alors que leur extrémité est plutôt brune, parfois accompagnée de quelques touffes d’écailles à la surface. Les larves (13-18 mm en fin de développement) sont des chenilles au corps brun clair ou brun grisâtre et à la tête marron. Des rayures longitudinales peuvent être présentes dorsalement chez les derniers stades larvaires.

Les informations sur son cycle de développement sous nos conditions sont fragmentaires. Les larves hibernantes complètent leur développement en début de saison sur les drageons et les herbes au sol puis se transforment en chrysalides. Les papillons qui en émergent pondent sur le feuillage du pommier des masses d’œufs de couleur vert pomme contenant plus d’une centaine d’œufs. Les nouvelles larves se développent et s’alimentent sur le pommier jusqu’à ce qu’elles atteignent le 2e ou 4e stade de développement,  puis tombent au sol pour y passer l’hiver.

Dommages

Lorsqu’elles se nourrissent sur le pommier en été, les jeunes chenilles s’enroulent dans une toile sur la nervure centrale des feuilles et se nourrissent de leur surface inférieure. Les chenilles matures ont la particularité de sectionner partiellement le pétiole de la feuille, laissant pendre celle-ci d’une façon caractéristique. Elles peuvent également choisir de détacher complètement la feuille pour la fixer à un fruit dont elles se nourrissent. Le dommage causé s’apparente alors à celui du pique-bouton du pommier (S. ocellanea), soit la présence de petits trous ou de galeries irrégulières à la surface du fruit. Enfin, les larves peuvent occasionnellement s’attaquer au calice et pénétrer jusqu’à la loge carpellaire.

Stratégie d’intervention

Cet insecte cause rarement des problèmes sous nos latitudes. L’espèce était un ravageur d’importance économique principalement dans le sud de son aire de répartition mais avec l’introduction de nouveaux insecticides au début des années 2000, il est maintenant plus rare qu’elle y cause des niveaux importants de dommage.

Au besoin, voir la stratégie d’intervention contre le pique-bouton du pommier. Outre la lutte chimique, il est également avantageux de tailler les drageons au printemps, ainsi que d’éliminer les gourmands et les mauvaises herbes à feuilles larges sous la canopée qui peuvent servir de niches.

Pique-bouton bigarré

Description et comportement

Le pique-bouton bigarré (Hedya nubiferana) est un ravageur mineur en PFI. Le papillon ressemble un peu au pique-bouton mais est de taille légèrement plus grande (9-10 mm). Ses ailes sont brun noirâtre avec une large bande blanche dans la partie postérieure. Différents motifs plus foncés peuvent être présents à l’extrémité des ailes. La larve mature (15-16 mm) est vert grisâtre avec une série de points noirs bien visibles et a la tête noir brillant. Les stades moins âgés peuvent ressembler à la TBO car les points noirs y sont moins apparents et la chenille a une coloration beaucoup moins sombre.

Adulte et larve du pique-bouton bigarré (source : Francine Pelletier, IRDA).

L’espèce complète une génération par année et passe l’hiver au 3e stade larvaire. Les principaux dommages se font au printemps par l’alimentation des larves sur les bourgeons floraux. Il est toutefois peu commun que les populations soient suffisamment importantes pour que cela occasionne des dommages économiques. Le vol des papillons débute à la fin mai, soit un peu avant celui de la TBO. Les œufs sont pondus de façon isolée, généralement à la face inférieure des feuilles. Les larves de la nouvelle génération se nourrissent principalement à la face inférieure des feuilles, à l’abri, sous la soie qu’elles produisent.

Dommages

Comme les autres espèces univoltines qui passent l’hiver sous forme de larve immature, elle cause généralement peu de dommage sur les fruits d’autant plus que, dans le cas du pique-bouton bigarré, la période d’alimentation des nouvelles larves (avant qu’elles n’entrent en diapause) est très courte.

Une seconde espèce,   chionosoma, appartenant au même genre que le pique-bouton bigarré et ayant un cycle de développement similaire peut également être présente occasionnellement dans les vergers du Québec. L’espèce n’est toutefois pas connue pour se nourrir des fruits. Le papillon est facilement reconnaissable grâce à la marque blanche à la marge de ses ailes. La larve (10-12 mm) est une petite chenille vert clair ayant la tête brun clair.

Adulte et larve de l’espèce Hedya chionosoma (source : Laboratoire d’expertise et de diagnostic en phytoprotection, MAPAQ).

Tordeuse à bandes grises

Description et comportement

La tordeuse à bandes grises (Argyrotaenia mariana) est un ravageur mineur en PFI. Elle appartient au même genre que la tordeuse à bandes rouges (TBR). Comme cette dernière, elle hiberne au stade de chrysalide mais ne produit qu’une seule génération par année. Les larves ressemblent à celles de la TBR mais sont légèrement plus grosses (17-23 mm en fin de développement). Elles ont le corps vert clair et la tête jaune verdâtre. Le papillon (8-10 mm) est principalement blanc ou gris pâle avec différentes marques brun-noir.

Adulte et larve de tordeuse à bandes grises (source : Laboratoire d’expertise et de diagnostic en phytoprotection, MAPAQ).

Les papillons émergent des chrysalides au printemps. Le vol des adultes se produit en mai et en juin. Les femelles pondent des masses d’œufs à la face supérieure des feuilles et sur l’écorce lisse des branches. Le développement des larves est relativement lent et les larves peuvent être observées sur le feuillage de juin à septembre. Elles forment leurs chrysalides à la fin de la saison.

Dommages

Les jeunes larves s’alimentent à la face inférieure des feuilles, généralement près de la nervure centrale, et «squelettisent» le dessous de la feuille. Les larves plus âgées enroulent les feuilles et peuvent s’alimenter sur les fruits, abritées sous une feuille accolée à un fruit. Le dommage causé ressemble à celui causé par la seconde génération de tordeuse à bandes rouges.

Abondance et potentiel de dommages sur fruits des principales espèces de tordeuses présentes sur le feuillage dans les vergers au Québec :

ESPÈCE NOM COMMUN NOMBRE DE GÉNÉRATIONS STADE (HIVER) SITE D’HIBERNATION DOMMAGE SUR FRUIT ABONDANCE
Choristoneura rosaceana Tord. à bandes obliques 2 Larve Pommier ++++ ++++
Argyrotaenia velutinana Tord. à bandes rouges 2 + Chrysalide Sol +++ +++
Argyrotaenia mariana Tord. à bandes grises 1 Chrysalide Sol ++ +
Pandemis limitata Enrouleuse trilignée 2 Larve Pommier +++ ++
Pandemis lamprosana 1 Larve Pommier + ++
Archips argyrospila Tord. du pommier 1 Œufs Pommier + < 25mm* +
Archips rosana Tord. européenne 1 Œufs Pommier + < 25mm* +
Pseudoxentera mali Tord. pâle du pommier 1 Chrysalide Sol + < 15mm* ++
Platynota idaeusalis Tord. bouton du pommier 1 Larve Sol ++ +
Spilonota ocellana Pique-bouton 1 Larve Pommier ++ +++
Hedya nubiferana Pique-bouton bigarré 1 Larve Pommier + ++
Hedya chionosema 1 Larve Pommier +
Recurvaria  nanella** Teigne des bourgeons 1 Larve Pommier +

Potentiel de dommage sur fruit / Abondance au Québec:

 + = faible ; ++++ = élevé

* Calibre maximum des fruits attaqués

**  Famille des Géléchidés

 

Pour en savoir plus

Tortricids of Agricultural Importance

IRIIS phytoprotection – Fiche technique, Tordeuse à bandes rouges

Redbanded Leafroller [fact sheet] | Extension

Redbanded leafroller – Integrated Pest Management

Leafrollers | WSU Tree Fruit | Washington State University

Fruittree leafroller – Integrated Pest Management

Leafrollers on Ornamental and Fruit Trees Management Guidelines–UC IPM

Eyespotted Bud Moth – Ministry of Agriculture – British Columbia

IRIIS phytoprotection – Fiche technique, Pique-bouton du pommier

Eyespotted Budmoth | WSU Tree Fruit | Washington State University

Eyespotted Bud Moth / Apple / Agriculture: Pest Management Guidelines / UC Statewide IPM Program (UC IPM)

Tufted Apple Bud Moth | NC State Extension Publications

Tree Fruit Insect Pest -Tufted Apple Bud Moth

Tufted Apple Bud Moth

Tufted apple bud moth – Integrated Pest Management

Pests | BC Tree Fruit Production Guide

 

Références

Chapman, P. J. & Lienk, S. E. Totricid Fauna of Apple in New York. N. Y. State Ag. Exp. Station. 122. (1971).

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

Auteurs de la première édition : Gérald Chouinard et Yvon Morin
Auteure de la mise à jour 2023 : Ly-Anne Hamel
Dernière mise à jour par l’auteure : 2 février 2023

 

Description de comportement

La noctuelle du fruit vert (Orthosia hibisci) est un ravageur mineur en PFI. Elle hiverne dans le sol sous forme de chrysalide et l’adulte émerge avant le débourrement du pommier. L’adulte est un papillon gris-brun de bonne dimension (25-40 mm), de couleur assez terne et d’apparence pelucheuse. Chacune de ses ailes porte deux taches gris-pourpre.

Adulte de noctuelle du fruit vert (source : Joseph Moisan-De Serres, MAPAQ).

À la suite de l’accouplement, la femelle pond ses œufs un par un sur les branches jusqu’à concurrence de quelques centaines d’œufs par individu. De couleur gris-blanchâtre, les œufs ont des nervures distinctives visibles au microscope. Ils éclosent à partir du stade du pré-bouton rose jusqu’à la chute des pétales. Les chenilles sont généralement vert pâle, marquées de trois lignes blanches ou jaunâtres longitudinales et parsemées de minuscules points blancs. Sa tête est verte comme le reste de son corps. À noter qu’il existe également des formes plus foncées de la larve de noctuelle.

Chaque chenille traverse six stades larvaires et sa taille à maturité peut atteindre 40 mm; c’est la plus grosse chenille parmi celles qui affectent habituellement le pommier. Les premiers stades larvaires enroulent quelque peu les feuilles à l’éclosion pour s’y alimenter. Leur nuisibilité se fait davantage remarquer à partir du stade bouton rose, période propice pour une intervention lorsque nécessaire (voir la section Stratégie d’intervention ci-bas). Les chenilles se développent graduellement en s’attaquant successivement aux feuilles, aux bourgeons, aux fleurs et finalement aux petites pommes. Elles se trouvent souvent dissimulées sous une feuille.

Larve de noctuelle du fruit vert (Joseph Moisan-De Serres, MAPAQ).

Vers la fin de juin, les larves descendent au sol et s’enfouissent à une profondeur d’environ 5 cm pour se transformer en chrysalide et passer l’hiver. Il n’y a qu’une génération par année.

Cycle de vie de la noctuelle du fruit vert (source : Jonathan Veilleux, IRDA).

Dommages

Les dommages d’alimentation causés par les larves de noctuelle du fruit vert sont généralement bénins jusqu’à la floraison, puisqu’elles causent alors des dommages superficiels au feuillage et éclaircissent les fleurs. Or, lorsque les larves deviennent matures, elles creusent de gros trous ronds et symétriques traversant parfois presque toute la pomme et pouvant causer sa chute lorsque le cœur est affecté. D’ailleurs, près de 70% des fruits endommagés se retrouveront au sol après la chute physiologique de juin. Ces dégâts sont faciles à identifier au printemps, mais il est plus difficile de distinguer, sur un fruit mature, si les profondes lésions galeuses ont été causées par la noctuelle ou par les tordeuses actives à ce moment. Les larves de noctuelles s’attaquent généralement à un seul fruit, mais leur appétit peut s’étendre à plus d’une douzaine de pommes.

Dommage de larve de noctuelle sur pommette (source : IRDA).

dégât de noctuelle du fruit vert

Dommage sur fruit mature pouvant être causé par une larve de noctuelle (source : B. Drouin).

Estimation du risque

Les noctuelles sont habituellement dépistées en fonction de leurs dégâts sur fruit. La méthode de dépistage des chenilles externes est décrite au tableau-synthèse Dépistage par observation des fruits ou du feuillage de la fiche Grilles de dépistage pour les vergers.  Toutefois, puisque les noctuelles débutent leur activité avant la formation des fruits, leur présence dans le verger peut également être confirmée par le dépistage des symptômes d’alimentation entre les stades pré-bouton rose et calice. Examinez 5 pousses terminales et 5 bouquets floraux sur 10 pommiers éparpillés dans la parcelle pour un total de 50 boutons et 50 bouquets floraux. Le seuil d’intervention est alors de 12 à 15 larves sur les 100 sites d’observation.

Stratégie d’intervention

Bien que fort nuisible, cet insecte est peu fréquent dans les vergers commerciaux et ses populations sont normalement tenues en échec par les interventions pré-florales effectuées avec des insecticides à large spectre. La décision de traiter doit tenir compte de l’historique des dégâts à la récolte et de la présence de l’insecte lors du dépistage au printemps. Si votre choix est de traiter contre cette espèce en particulier, il faut agir contre les jeunes larves, soit environ cinq à dix jours après le maximum des captures (normalement observé autour du stade bouton rose). L’application d’un pyréthrinoïde avant la floraison constitue un traitement des plus efficaces, mais plusieurs autres produits sont utilisables (Bt, ALTACOR, ASSAIL, etc.) À noter que les dommages surviennent parfois tout juste après la formation du fruit, avant la chute des pétales. Puisque l’utilisation de la majorité des insecticides est interdite pendant la fleur, les produits à base de Bacillus thuringiensis sont alors particulièrement intéressants (BIOPROTEC PLUS), étant inoffensifs pour les abeilles. Enfin, les interventions effectuées au stade calice avec des organophosphorés (ex. : IMIDAN) sont peu efficaces en raison de la résistance/tolérance de la noctuelle à ces produits.

Pour en savoir plus

Green Fruitworm | NC State Extension Publications

Speckled green fruitworm : New England Tree Fruit Management Guide : UMass Amherst

Pest alert: green fruitworm, rosy apple aphid – Fruit Growers News

Green Fruitworms | Entomology

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

Auteurs de la première édition : Gérald Chouinard et Yvon Morin
Auteures de la mise à jour 2023: Francine Pelletier et Stéphanie Gervais
Dernière mise à jour par les auteures : 29 février 2024

 

Les mirides forment la plus grande famille de punaises. On y retrouve des espèces phytophages qui s’alimentent en aspirant la sève des tissus végétaux et aussi des espèces prédatrices qui s’alimentent de pucerons, d’acariens et d’autres proies de petite taille. Certaines dites « zoophytophages » jouent les deux rôles, comme la punaise de la molène : elles peuvent causer des dommages aux fruits mais, en revanche, elles sont également d’utiles prédatricess. Parmi les espèces de mirides présentes en verger au Québec, seule la punaise terne est considérée comme un ravageur prépondérant du pommier. Les populations des autres espèces sont généralement maintenues à des niveaux assez bas par les applications visant les autres ravageurs présents en période pré ou post-florale.

Punaise de la molène

Description et comportement

La punaise de la molène (Campylomma verbasci) est un ravageur mineur en PFI. Deux fois plus petite (3 mm) que la punaise terne, cette punaise vert grisâtre ou brun se distingue des autres punaises phytophages par la présence de points noirs sur ses pattes, observables sur les derniers de ses cinq stades larvaires ainsi qu’au stade adulte. Les larves de la punaise de la molène ressemblent un peu à des pucerons, mais elles sont beaucoup plus mobiles et ne possèdent pas de cornicules (appendices présents au bout de l’abdomen des pucerons).

L’adulte et la larve sont principalement des prédateurs de pucerons et d’acariens. Pendant une courte période suivant la floraison (principalement au stade calice), les jeunes larves de la première génération peuvent aussi se nourrir de la sève des fruits en formation, principalement sur les cultivars d’été (Melba, Lodi), ainsi que sur les cultivars Délicieuse, Spartan et, selon les conseillers du réseau pommier, Gala. Les stades larvaires subséquents n’endommagent pas les pommes.

Elle passe l’hiver à l’état d’œufs insérés dans l’écorce des jeunes tiges de pommier et produit deux générations par année. L’éclosion a lieu durant la floraison. Les larves de la première génération sont présentes sur le pommier tout au long du mois de juin et les premiers adultes apparaissent environ à la mi-juin. Durant l’été, la majorité des adultes se déplacent sur les plantes du couvre-sol, particulièrement sur la molène (Verbascum sp.), pour y compléter la seconde génération de larves. Certains peuvent aussi être observés en cours de saison sur les pommiers où ils se nourrissent de pucerons et d’acariens. Les adultes retournent en verger à la fin août pour s’accoupler et, à l’automne, les femelles déposent leurs œufs sur le pommier, principalement sur les arbres où il y a abondance de tétranyques rouges, desquels la punaise se nourrit.

Consultez la fiche sur la Description et efficacité des prédateurs d’acariens pour une description de l’activité utile de la punaise de la molène en tant que prédateur d’acariens.

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Larve (gauche) et adulte (droite) de punaise de la molène (source : Joseph Moisan-De Serres, MAPAQ).

Cycle de vie de la punaise de la molène (source :  Jonathan Veilleux, IRDA).

Dommages

La punaise de la molène est un insecte utile puisqu’elle se nourrit de tétranyques, de pucerons et de cicadelles, mais lorsque les populations sont élevées et que les proies sont rares, elle peut se nourrir de la sève et piquer les jeunes pommes en formation, notamment lors de conditions chaudes et sèches. De petites bosses de la taille d’une tête d’épingle, principalement sur les pommes situées dans le centre des arbres, sont caractéristiques du dégât de la punaise de la molène. Toutefois, dépendamment du cultivar, une partie des dommages disparaîtra pendant la croissance du fruit et ne sera plus apparent à la récolte. D’autre part, la plupart des fruits ayant subi des attaques sévères (nombreuses piqûres) vont chuter prématurément en juin. Parmi celles qui resteront dans l’arbre, certaines présenteront à la récolte de petites cicatrices liégeuses surélevées parfois accompagnées de malformations. Cet insecte apprécie également la sève des tissus à croissance rapide, un flétrissement de l’apex est parfois observé sur certaines pousses terminales lors d’attaques sur des jeunes pommiers à forte croissance végétative.

dégât de punaise de la molène

Apparence initiale des dommages sur pommettes causés par la punaise de la molène (source : omafra).

Dommages sur pommette causés par la punaise de la molène (source : Olivier Aubry).    

Malformations résultant de piqûrespiqres causées par la punaise de la molène en début de saison (source : Olivier Aubry).

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Petites cicatrices liégeuses résultant de piqûres causées par la punaise de la molène en début de saison (source : Olivier Aubry).

Estimation du risque

Une méthode de dépistage par observation des bouquets floraux et des fruits est disponible pour estimer le risque économique posé par la punaise de la molène. Cette méthode figure au tableau de la fiche Grilles de dépistage pour les vergers.

Stratégie d’intervention

Répression

Les blocs à risque face à la punaise de la molène sont ceux qui :

  • comportaient de fortes populations de tétranyques rouges à la fin de l’été précédent;
  • comprennent des cultivars sensibles (Melba, Délicieuse, Spartan, Gala); il arrive toutefois que d’autres cultivars soient aussi affectés;
  • ont obtenu une excellente répression du tétranyque rouge avec de l’huile ou un autre traitement effectué avant la floraison;
  • ont subi des températures chaudes et sèches entre les stades calice et nouaison;
  • n’ont pas reçu de traitement avec un pyréthrinoïde au stade bouton rose.

Les néonicotinoïdes sont les produits recommandés en cas d’attaque sévère et ils doivent être appliqués peu après la floraison sur les premiers stades larvaires. Les dégâts les plus importants sont produits entre les stades calice et nouaison (10 mm), après quoi il est préférable de ne pas appliquer de produits toxiques pour cette punaise afin qu’elle puisse exercer son action prédatrice (pour plus de détails, voir la fiche sur la Description et efficacité des prédateurs d’acariens).

Punaise de la pomme

Description et comportement

La punaise de la pomme (Lygocoris communis) est un ravageur mineur en PFI. L’adulte (6 mm) est jaune brunâtre avec deux bandes foncées sur le thorax (derrière la tête); il ressemble à la punaise terne mais n’est pas présent en début de saison lorsque les adultes hivernants de celle-ci sont présents sur le pommier. Les larves sont de couleur jaune à vert pâle avec un point jaune sur le 3e segment de l’abdomen.

La punaise de la pomme passe l’hiver à l’état d’œufs insérés dans l’écorce des jeunes tiges du pommier et ne produit qu’une seule génération par année. Les larves éclosent quelques jours avant la floraison et sont actives durant un mois. Ce sont principalement les jeunes stades qui occasionnent les dommages aux fruits. Les adultes apparaissent à la mi-juin en même temps que ceux de la lygide et sont présents jusqu’à la fin du mois de juillet. Ils ne causent pas de dommages aux pommes.

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Adulte (gauche) et larve (droite) de la punaise de la pomme (source : B. Drouin et Francine Pelletier, IRDA).    

Cycle de vie de la punaise de la pomme (source : Jonathan Veilleux, IRDA).

Dommages

Lorsque le dommage est récent, des gouttes de sève qui perlent peuvent être observées sur les jeunes fruits piqués. Une partie de ces fruits subira une chute prématurée, mais ceux demeurant jusqu’à la récolte développeront des cicatrices rugueuses et surélevées de dimensions plus grandes que celles causées par la punaise de la molène. La punaise de la pomme peut également causer une dépression circulaire similaire à celle associée aux autres espèces de mirides phytophages.

Exsudations résultant de piqûres d’une larve de punaise de la pomme (source : Francine Pelletier, IRDA).

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Dommages de larve de punaise de la pomme (source : B. Drouin et C. Fecteau).

Stratégie d’intervention

La période optimale pour une intervention se situe au stade calice. Ces insectes ne causent pas de dommages dans les vergers où une intervention insecticide est effectuée en période préflorale ou postflorale avec un insecticide à large spectre.

Lygide du pommier

Description et comportement

La lygide du pommier (Lygidea mendax) est un ravageur mineur en PFI. La larve de cette punaise phytophage est rouge rubis et de forme allongée. L’adulte (7 mm), est pubescent et de couleur rouge-orangé alors que la bordure postérieure de son thorax ainsi que le centre de son corps sont plus foncés.

Cette punaise passe l’hiver à l’état d’œufs insérés dans l’écorce des jeunes tiges du pommier et ne produit qu’une génération par année. L’éclosion a lieu quelques jours avant la floraison.  Les larves piquent le feuillage et les jeunes fruits en formation pour se nourrir de sève. Les adultes apparaissent aux mêmes périodes que la punaise de la pomme (mi-juin) et n’endommagent pas les fruits.

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Adulte (gauche) et larve (droite) de lygide du pommier (source : B. Drouin).    

Cycle de vie de la lygide du pommier (source : Jonathan Veilleux, IRDA).

Dommages

Comme avec la punaise de la pomme, de la sève perle des fruits piqués par les larves. Une partie des fruits piqués par la lygide subira une chute prématurée, mais les fruits demeurant jusqu’à la récolte développeront habituellement des cicatrices rugueuses et plates (non surélevées), parfois allongées. La lygide peut également causer une dépression circulaire similaire à celle associée aux autres espèces de mirides phytophages.

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Dommages de larve de lygide du pommier (source : B. Drouin).

Punaise de l’aubépine

Description et comportement

La punaise de l’aubépine (Heterocordylus malinus) est un ravageur mineur en PFI. Le jeune adulte (7 mm) est noir avec des marques rouge vif sur le thorax et le dos mais ces dernières disparaissent après quelques jours et  l’insecte prend une couleur noire uniforme. Les premiers stades larvaires de cette punaise sont entièrement rouges alors que chez les stades suivants, le thorax est presque noir et l’abdomen est rouge striée de bandes plus foncées.

Sa biologie est très semblable à celle de la punaise de la pomme et de la lygide. Elle passe l’hiver à l’état d’œufs. Il n’y a qu’une génération par année.  Les larves apparaissent quelques jours après la floraison et peuvent piquer les feuilles et les fruits pour s’en nourrir. Les adultes sont présents à partir de la mi-juin et n’endommagent pas les pommes.

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Jeune adulte (à gauche) et adulte de quelques jours (à droite) de punaise de l’aubépine (source : AAC et B. Drouin).    

Larve de derniers stades de punaise de l’aubépine (source : AAC).    

Cycle de vie de la punaise de l’aubépine (Jonathan Veilleux, IRDA).

Dommages

Cette espèce cause peu de dommage aux pommes. Les piqûres sur le fruit provoquent de légères dépressions qui disparaissent habituellement pendant la croissance du fruit. Une partie des fruits piqués subira une chute prématurée.

Punaise brune du pommier

Description et comportement

La présence de la punaise brune du pommier (Atractotomus mali) au Québec a été rapportée pour la première fois en 2014. À l’instar de la punaise de la molène, il s’agit d’une espèce zoophytophage originaire d’Europe qui peut se nourrir des boutons floraux et des jeunes fruits mais qui peut également s’attaquer à de petites proies tels que les pucerons et les acariens.

L’adulte (3-4 mm) est brun noir avec une pubescence blanchâtre alors que la larve est rouge foncé. Tous deux ont un des segments à la base de leur antenne qui est hypertrophié ce qui permet de les reconnaître facilement. Au Québec, cette punaise produit une génération par année. Elle passe l’hiver au stade d’œufs et l’éclosion a lieu à la fin du mois de mai. Les adultes sont présents de la mi-juin au début août.

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Adulte (gauche) et larve (droite) de punaise brune du pommier (source : Laboratoire d’expertise et de diagnostic en phytoprotection, IRIIS phytoprotection).

Dommages

Aucun dommage attribuable à cette espèce n’a encore été rapporté au Québec mais dans certaines régions productrices de pommes, notamment en Nouvelle-Écosse, des dommages sur fruits semblables à ceux causés par la punaise de la molène ont été observés certaines années. Les dommages seraient occasionnés par les jeunes larves durant la courte période où les pommettes sont sensibles. Après cette période, la présence de cette punaise ne peut qu’être utile par sa prédation sur les œufs d’acariens et les pucerons.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

Auteurs de la première édition : Gérald Chouinard, Yvon Morin et Franz Vanoosthuyse
Auteur de la mise à jour 2023 : Marc-André Chaurette
Dernière mise à jour par l’auteur : 24 janvier 2023

 

La saperde du pommier et la sésie du cornouiller sont réglementés en vertu de la Loi sur la protection sanitaire des cultures (voir la fiche sur Le « droit de produire » et la Loi et les mesures nécessaires doivent être prises pour éviter la propagation aux cultures avoisinantes.

Sésie du cornouiller

Description et comportement    

La sésie du cornouiller (Synanthedon scitula) est un ravageur mineur en PFI. Les larves de la sésie sont des chenilles blanchâtres (15 mm) à tête brun-rougeâtre et ronde qui passent par six stades larvaires. La sésie hiberne à l’état de chenille dans une galerie d’alimentation qu’elle creuse sous l’écorce du tronc et des branches charpentières, au niveau des tissus conducteurs de la sève. Elle se transforme en nymphe entre la fin du mois de mai et le début du mois de juin. L’adulte est un papillon (longueur de 10 à 12 mm; envergure 18 à 22 mm). Ses ailes translucides et son corps noir marqué de bandes jaunes lui donnent un peu l’apparence d’une guêpe. L’émergence des adultes s’étend de la mi-juin à la mi-août, avec une intensité maximale vers le milieu de juillet. Les femelles déposent leurs œufs individuellement sur la surface d’écorces rugueuses, sur les plaies de chancre européen, sur les faux-broussins (« burr-knot », en anglais) ou sur d’autres blessures ou tissus mous de l’écorce.

Les jeunes chenilles se nourrissent peu avant d’entrer en hibernation. L’activité reprend au printemps suivant, et la majorité des chenilles complètent leur développement à la fin du mois de juin. Une partie de la population reste cependant sous forme larvaire une année additionnelle. Il y a une génération par année.

Larve (gauche) et adulte (droite) de sésie du cornouiller (source : Joseph Moisan-De Serres, MAPAQ).

Cycle de vie de la sésie du cornouiller (Jonathan Veilleux, IRDA).

Dommages

Lorsqu’elle se nourrit, la chenille rejette à la sortie de ses galeries des amas de sciure rougeâtre ayant une apparence vermoulue. La sésie affecte principalement les arbres au niveau du bourrelet de greffe, particulièrement dans les plantations de pommiers nains sur porte-greffe M.26 et M9. D’autres porte-greffes nanifiants peuvent aussi s’avérer susceptibles comme le B.9. Au Québec, des données sur des porte-greffes sont désormais disponibles en ligne via la base de données du réseau d’essais de cultivars et porte-greffes de pommiers (RECUPOM). On peut consulter, entre autres, l’évaluation de l’incidence des faux-broussins selon différents porte-greffes. La base de données peut être consultée en ligne ici.

Les galeries de la sésie constituent une porte d’entrée pour les maladies, comme les chancres. De plus, dans le cas d’infestations prolongées, l’arbre perd de sa vigueur et son rendement diminue. Les impacts peuvent être d’autant plus importants pendant les cinq premières années de vie d’une plantation. Le contrôle de ce ravageur est nécessaire afin de ne pas nuire au plein potentiel de développement des arbres. Les pommiers standards et semi-nains établis peuvent aussi être attaqués par ce ravageur, sans toutefois en être affectés de façon importante.

dégât de sésie du cornouiller

Dommages de sésie du cornouiller (source : IRDA).

Estimation du risque

La phéromone utilisée pour dépister la sésie du cornouiller n’étant pas très sélective, il n’est pas rare de capturer des adultes d’autres espèces de sésies qui ne s’attaquent pas aux pommiers. Des inventaires réalisés à l’aide de cette phéromone dans les vergers de pommiers du Québec ont révélé qu’au moins 9 espèces différentes peuvent parfois être capturées en grand nombre dans les pièges à sésie du cornouiller:

NOM SCIENTIFIQUE NOM COMMUN
Synanthedon scitula Sésie du cornouiller
Synanthedon pyri Sésie du pommier
Synanthedon acerni Sésie de l’érable
Synanthedon exitiosa  Perceur du pêcher
Synanthedon pictipes Petit perceur du pêcher
Synanthedon acerrubri
Synanthedon fulvipes
Sesia tibialis
Podosesia syringae Sésie du frène/ sésie du lilas
Comment distinguer la sésie du cornouiller de ces autres espèces de sésie?

Silhouettes de trois espèces de sésies capturées dans les pièges de sésie du cornouiller (source : Franz Vanoosthuyse, IRDA).

  1. la sésie du cornouiller ne dépasse pas 22 mm d’envergure;
  2. le bout de ses ailes antérieures n’est pastransparent;
  3. son abdomen se termine par une touffe anale de poils au lieu d’une pointe;
  4. si cette touffe anale porte des poils jaunes ou oranges, cette couleur est présente seulement sur les côtés de la touffe.

Stratégie d’intervention

Prévention

La chenille de la sésie du cornouiller a besoin d’une porte d’entrée. Elle peut difficilement attaquer un tronc lisse et sain, mais la présence de chancres, de faux broussins ou de blessures lui facilitera la tâche. Un bon entretien du couvert végétal près du tronc, pour ralentir le développement de faux-broussins et pour encourager la prédation des chenilles par les oiseaux, aide à prévenir des dommages de l’insecte. Dans une jeune pommeraie (dès la 3e ou 4e feuillaison des pommiers nains), de bons résultats peuvent aussi être obtenus en grattant à l’aide d’un canif les zones attaquées par la sésie. On préfère gratter habituellement à partir du mois d’août jusqu’en post-récolte, la raison étant qu’une intervention trop tôt en saison peut engendrer des risques de feu bactérien étant donné les lésions causées par cette méthode. Si les arbres sont affectés sévèrement par les faux-broussins (on en retrouve par exemple tout le tour), on va intervenir uniquement sur une partie du tronc pour ne pas affecter négativement la montée de la sève. Le reste sera gratté l’année suivante. Afin de trouver des moyens de lutte préventive à adopter contre la sésie dans les vergers qui ne sont pas en production, veuillez consulter la fiche sur Les méthodes alternatives à la PFI.

Les protecteurs à rongeur pleins, comme les spirales blanches, ont tendance à favoriser la présence de l’insecte comparativement aux treillis métalliques. Les spirales blanches procurent un abri pour ce ravageur et peuvent limiter l’aération. Cette mauvaise aération peut engendrer la formation de faux-broussins et maintenir une écorce molle. Certains intervenants vont donc recommander l’utilisation du treillis métallique. Cependant, si vous laissez votre treillis métallique se remplir de mauvaises herbes entre le pommier et le treillis, l’aération du point de greffe se fera difficilement.

Une couche de peinture d’intérieur au latex sur la base du pommier peut aider à prévenir des dommages. Si l’arbre est déjà infesté, la peinture rendra plus difficile l’émergence des nouveaux adultes. Lors de la plantation de jeunes pommiers, une application rapide de latex pâle (en mélange avec de l’eau dans une proportion de 50:50) peut être effectuée. À noter que la peinture de latex n’est pas autorisée en régie biologique. Des peintures de sources végétales ou à base de lait sont permises dans les normes biologiques canadiennes.Des mélanges à base de chaux et de bentonite peuvent aussi être autorisés (à valider avec votre organisme de certification). Cependant, les peintures peuvent être sensibles au lessivage, plus particulièrement les peintures biologiques, et des renouvellements fréquents peuvent être nécessaires.

Confusion sexuelle

La confusion sexuelle, une méthode de lutte très utilisée contre le carpocapse de la pomme (voir la fiche sur Le carpocapse de la pomme), est aussi disponible commercialement pour la sésie (ISOMATE® DWB). Des essais menés au Québec ont récemment permis de valider son efficacité. Cette méthode de lutte, en complément des stratégies de lutte en prévention, permet d’obtenir un bon contrôle de la sésie. Elle sera mise en place uniquement dans les parcelles problématiques, et non à la grandeur du verger. De plus, cette méthode est autorisée en régie biologique.

Afin de tirer profit au maximum de cette méthode de lutte, suivez les recommandations suivantes :

  • La période d’installation est habituellement de début juin à maximum mi-juin, soit avant le vol des adultes*.
  • La dose recommandée est de 375 diffuseurs par hectare.
  • Prévoyez une bordure de 30 m (100 pieds) où la dose sera augmentée à 500 diffuseurs par hectare. Les bordures servent à atténuer certains facteurs, comme l’effet des vents dominants qui peuvent déplacer les phéromones à l’extérieur de la zone qu’on souhaite traiter.
  • Contrairement à ceux pour le carpocapse, les diffuseurs s’installent à la hauteur des épaules. Ils se présentent sous forme d’attaches « twist » (comme une attache à pain). On les installe sur une branche en faisant attention de ne pas trop serrer pour éviter l’étranglement de celle-ci lorsqu’elle va grossir. Il est aussi possible de les installer sur les broches ou le bambou servant au tuteurage, tout en restant proche de l’arbre et de son feuillage.

Les diffuseurs seront bons pour toute la saison et il n’est pas nécessaire de les retirer en fin de saison. Cependant l’année suivante, les diffuseurs devront être installés de nouveau sans tenir compte des précédents. Idéalement, appliquez cette méthode de lutte pendant trois années consécutives. Ensuite, évaluez la population de l’insecte présente dans la parcelle afin de décider si la poursuite de la confusion est nécessaire ou non.

* Selon les données de CBC America, le taux de diffusion durant la saison est plutôt constant et un diffuseur installé à la mi-mai offre une protection jusqu’à la mi-septembre.

Répression

Dans le cas de vergers sévèrement atteints, les mesures préventives peuvent être accompagnées d’un traitement insecticide effectué lors du pic de captures des papillons (entre la fin juin et la mi-juillet) et répété au besoin 14 jours plus tard. Utilisez un insecticide résiduel et mouillez bien le tronc et les branches charpentières des arbres infestés à l’aide d’un pulvérisateur muni d’un fusil d’arrosage.

Des insecticides admissibles en PFI sont disponibles pour lutter contre cet insecte :

Ces produits doivent être appliqués en dirigeant le jet de façon à couvrir la base du tronc de l’arbre, particulièrement le point de greffe et les points d’émondage. Effectuez une à deux applications à intervalle de 14 jours, visant le premier stade larvaire (débutant autour de la mi-juillet dans le sud-ouest du Québec).

Saperde du pommier 

Description et comportement

La saperde du pommier (Saperda candida) est un ravageur mineur en PFI. La présence de l’insecte peut par contre augmenter dans un contexte de pommiers abandonnés à proximité du verger, dans de jeunes plantations recevant peu de traitements ou en régie biologique.

La saperde du pommier est un coléoptère qui a un cycle d’activité de 2 à 3 ans. L’adulte, qui peut atteindre plus de 2 cm, est caractérisé par un corps dur et brun, deux bandes blanches longitudinales et de longues antennes. La première année du cycle, la femelle va déposer ses œufs dans l’écorce à la base du tronc des pommiers, principalement du mois de juin au milieu d’août.

La larve (2,5 cm en fin de développement), parfois appelée « ver tarière à tête ronde », est blanc crème; elle possède une grosse tête noire et a la forme d’une massue. Pendant ses deux à trois années de vie sous cette forme, la larve creuse des galeries dans le bois des pommiers, mais contrairement à la sésie, elle s’attaque aux tissus sains des jeunes arbres en santé.

Larve (gauche) et adulte (droite) saperde du pommier (source : AAC et MAPAQ).

Dommages

Les galeries sont localisées surtout dans les premiers 45 cm du tronc à partir du niveau du sol. À défaut d’intervention, ces galeries affaiblissent les jeunes pommiers des pépinières ou des vergers et les font souvent périr.

Au début, le développement larvaire s’effectue essentiellement au niveau de l’écorce et du cambium. Des zones noircies, affaissées, humides et pourries vont être observées. Par la suite, à l’année 2 et 3, la larve va s’enfoncer dans le bois du pommier pour former une galerie. On pourra observer des déjections rougeâtres au sol et/ou à l’entrée de la galerie.

Dommages causés par la saperde du pommier (source : Agropomme).

Stratégie d’intervention

Comme il n’existe pas de produit spécifiquement homologué contre cet insecte, les moyens culturaux et physiques de lutte sont fortement recommandés :

  • maintenir la base des troncs exempte de mauvaises herbes;
  • éviter l’utilisation de protecteurs en plastique blanc, qui procurent un abri idéal pour la ponte;
  • détruire les plantes hôtes autour du verger (pommiers négligés, cormiers ou sorbiers, cenelliers ou aubépines) dans un rayon de 300 m, si possible;
  • dès début juin, avant l’arrivée des adultes, encercler lâchement (sans serrer) les troncs avec de la moustiquaire ou du jute sur une hauteur de 60 cm (2 pieds) en partant du sol. Retenir le haut avec une corde et le bas en rechaussant avec de la terre. Retirer à la fin août, quand la période de ponte est terminée (cette méthode est proposée par les chercheurs de l’Université Cornell, dans l’État de New York).
  • dès début juin, peinturer la base des arbres sur une hauteur de 60 cm (2 pieds) avec un mélange de peinture de latex et d’eau (50 :50). Comme mentionné précédemment pour la sésie du cornouiller, selon la pluviométrie, des renouvellements sont à prévoir afin de maintenir l’efficacité du traitement.
  • insérer un fil métallique flexible (environ 15 cm) dans l’entrée de la galerie afin d’aller tuer les larves. Méthode qui doit être répétée de 2 à 3 reprises par saison. On peut utiliser cette méthode si les populations sont de faible densité. Sinon, on doit idéalement la conjuguer avec une autre méthode comme les moustiquaires ou la peinture.

Les pulvérisations de phosmet (IMIDAN) effectuées contre d’autres ravageurs (comme la mouche de la pomme, le carpocapse de la pomme ou les tordeuses) entre la mi-juin et la fin de juillet seront efficaces contre les adultes de la saperde. Jusqu’à trois applications peuvent cependant être nécessaires dans les vergers sérieusement affectés.

Cérèse buffle

Description et comportement

La cérèse buffle (Stictocephala bisonia) est un ravageur mineur en PFI. Cet insecte suceur vert pâle, de moins de 1 cm, porte sur le dos une protubérance pyramidale caractéristique qui lui donne l’apparence d’un buffle miniature. Au début du mois d’août, les femelles adultes délaissent les plantes herbacées pour pondre leurs œufs dans l’écorce des jeunes pommiers. Les œufs hibernants déposés dans le bois de l’été précédent éclosent durant la première moitié de juin. Les stades immatures ne vivent pas sur le pommier, ils se déplacent sur les plantes de la famille des légumineuses (luzerne, trèfle, vesce jargeau, etc.) Par conséquent, ils sont favorisés par la présence de ces mauvaises herbes dans le verger nouvellement planté. Il n’y a qu’une génération par année.

Adulte de cérèse buffle de face (gauche) et de profil (droite) (source : Joseph Moisan-De Serres, MAPAQ).

Œufs (gauche) et larve (droite) de cérèse buffle (source : AAC et Joseph Moisan-De Serres, MAPAQ).

Cycle de vie de la cérèse buffle (source : Jonathan Veilleux, IRDA).

Dommages

Les femelles adultes pratiquent des incisions sur l’écorce des jeunes pommiers pour y déposer leurs œufs. Ces incisions font lever l’écorce et la rendent très rugueuse. Lorsqu’elles sont nombreuses, ces blessures entravent la circulation de la sève et affaiblissent les jeunes pousses, qui peuvent en mourir.

cérèse buffle dégâts

Dommage de ponte du cérèse buffle (source : AAC).    

Estimation du risque

Les observations des adultes et des dégâts s’effectuent sur le jeune bois des nouvelles plantations au début du mois d’août. Il n’y a pas de seuil d’intervention disponible pour cet insecte.

Stratégie d’intervention

Prévention

Éliminer les plantes hôtes : les légumineuses recouvrant le sol à proximité des jeunes plantations.
Couper et brûler les branches renfermant des œufs durant l’hiver.

Répression

Aucun produit n’est actuellement homologué contre cet insecte.

Scolytes

Description et comportement

Les scolytes (Scolytus rugulosus) sont des ravageurs mineurs en PFI. Ces petits insectes (2 mm) noirs ont un corps dur. Au stade larvaire, ils se nourrissent en creusant des galeries sous l’écorce des branches d’arbres nains ou dépérissants.

Dommages

Les branches attaquées se dessèchent et peuvent laisser voir une série de petits trous rapprochés par lesquels ont émergé les adultes. En soulevant l’écorce, il est possible d’apercevoir les nombreuses galeries rayonnant d’une galerie centrale.

Dommages de scolyte (source : IRDA et Agropomme).

Stratégie d’intervention

Pour prévenir les attaques, éliminez le bois mort ou mourant et ne laissez pas le bois de taille traîner près du verger!

 

Pour en savoir plus

Base de données RECUPOM

Options pour la gestion estivale de la sésie du cornouiller | ontario.ca

Dogwood borer – Integrated Pest Management

Dogwood Borer and Apple Trees – Apples

MAPAQ – Saperde du pommier

Borers : New England Tree Fruit Management Guide : UMass Amherst

Roundheaded Apple Tree Borer – Cooperative Extension in Piscataquis County – University of Maine Cooperative Extension

Borers in New Hampshire Apple Trees [fact sheet] | Extension

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

Auteurs de la première édition : Yvon Morin et Gérald Chouinard
Auteure de la mise à jour 2023 : Stéphanie Gervais
Dernière mise à jour par l’auteure : 27 février 2023

 

Petit carpocapse de la pomme

Le petit carpocapse de la pomme (Grapholita prunivora) est un ravageur mineur en PFI. Ses œufs blancs sont déposés isolément sur les fruits ou le feuillage non loin d’un fruit. Les larves (6-8 mm en fin de développement), à tête brune et au corps rosé, ressemblent à s’y méprendre aux jeunes chenilles du carpocapse de la pomme, mais sont de plus petite taille (8 mm en fin de développement). Outre la taille, le critère permettant de les différencier est la présence, chez le petit carpocapse, d’un peigne anal à l’extrémité de l’abdomen. Cet appendice dur en forme de peigne est absent chez le carpocapse. Il est plus facilement visible à la loupe binoculaire et sur les larves en fin de développement. L’adulte est un petit papillon foncé (6 mm) portant quelques écailles dorées ou orangées sur les ailes antérieures ainsi que trois lignes bleutées.

Larve (gauche) et adulte (droite) du petit carpocapse de la pomme (source : Laboratoire d’expertise et de diagnostic en phytoprotection, MAPAQ).

Face ventrale de l’extrémité de l’abdomen avec présence du peigne anal permettant de distinguer les larves de petit carpocapse (gauche) de celles du carpopase de la pomme (droite)(source : Francine Pelletier, IRDA).

Dégâts observables

Galeries superficielles (jusqu’à 6 mm de profondeur) sous la pelure du fruit, dans lesquelles s’accumulent des excréments semblables à ceux du carpocapse. Situés surtout près du calice ou du pédoncule du fruit, ces dégâts ont une étendue similaire à ceux causés par la tordeuse à bandes rouges. Le cultivar Cortland est particulièrement sensible au petit carpocapse. À la différence de la larve du carpocapse, celle du petit carpocapse gruge directement sous la pelure et forme un dégât faisant penser à une mine sur le fruit.

dégât de petit carpocapse de la pomme

Dommage du petit carpocapse (source: IRDA).

Stratégie de lutte 

La méthode de dépistage de ce ravageur est décrite au tableau-synthèse Dépistage par pièges à phéromone de la fiche Grilles de dépistage pour les vergers.

L’utilisation de la confusion sexuelle contre le carpocapse de la pomme et les insecticides efficaces contre le carpocapse répriment également le petit carpocapse. Le synchronisme est légèrement différent car la première génération de chenilles du petit carpocapse est un peu plus hâtive que celle du carpocapse, alors que la seconde génération est un peu plus tardive (voir la fiche sur Le carpocapse de la pomme).

Tordeuse orientale du pêcher

La tordeuse orientale du pêcher (Grapholita molesta) est nouvellement arrivée dans les vergers du Québec et est un ravageur mineur en PFI. Elle a été observée pour la première fois en verger au Québec en 2003 près de la frontière. Elle a par la suite été capturée entre 2003 et 2011 en quantités variables dans plusieurs sites en Montérégie-Ouest et Montérégie-Est, mais au cours des dernières années seulement deux spécimens ont été capturés dans les vergers pilotes du Réseau-pommier où elle est suivie.

D’apparence semblable au carpocapse, l’adulte peut être distingué de ce dernier par sa taille légèrement plus petite (6-7 mm) et l’absence de taches dorées sur les ailes antérieures. Les larves sont également semblables à celles du carpocapse, mais légèrement plus petites (11 mm en fin de développement). Elles peuvent être distinguées des larves de carpocapse car elles sont pourvues, tout comme le petit carpocapse, d’un peigne anal, mais encore une fois, l’utilisation d’une loupe binoculare est recommandée.

Adulte de tordeuse orientale du pêcher (Franz Vanoosthuyse, IRDA).

Dégâts observables 

Les larves de tordeuse orientale peuvent causer des dégâts aux fruits qui ressemblent à ceux du carpocapse, c’est-à-dire des tunnels dans la chair, mais elles se déplacent généralement de manière aléatoire sans nécessairement atteindre les pépins. En début de saison, elles peuvent aussi se loger dans les pousses terminales, ce qui entraîne le flétrissement des pousses infestées. Ces dommages aux pousses peuvent être confondus avec ceux causés par la mineuse des bourgeons du pommier (voir la fiche sur Les ravageurs sporadiques ou nouvellement observés ).

Stratégie de lutte

Cet insecte étant encore très peu présent et sa biologie étant assez proche de celle du carpocapse, une stratégie de lutte spécifique à la tordeuse orientale n’est pas encore nécessaire (voir la fiche sur Le carpocapse de la pomme).

Des photographies additionnelles des dommages causés par le petit carpocapse et la tordeuse orientale du pêcher se trouvent dans le Guide d’identification des ravageurs du pommier et de leurs ennemis naturels.

À noter que, étant donné leur similarité, les phéromones utilisées pour dépister le petit carpocapse peuvent capturer aussi un certain nombre de tordeuses orientales du pêcher et inversement. Un autre papillon étroitement apparenté, la noctuelle des cerisiers (Grapholita packardi), peut également être capturés dans les pièges.

Adultes de tordeuse orientale du pêcher (à gauche), du petit carpocapse de la pomme (au centre) et de la noctuelle du cerisier (à droite) – 3 espèces de tordeuses du genre Grapholita (Franz Vanoosthuyse, IRDA).

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

Auteurs de la première édition : Yvon Morin et Gérald Chouinard
Auteure de la mise à jour 2023 : Stéphanie Gervais
Dernière mise à jour par l’auteure : 15 novembre 2024

 

Le scarabée japonais (Popillia japonica) et le scarabée du rosier (Macrodactylus subspinosus) sont des ravageurs mineurs en PFI. Les adultes de ce groupe sont facilement reconnaissables à leur gros corps (10-12 mm) portant des ailes durcies à la façon d’une carapace. Celles du scarabée du rosier sont gris-brun avec des teintes jaunâtres, alors que celles du scarabée japonais, brunes et vertes, présentent des reflets métalliques. Les larves ont l’apparence de gros vers blancs et vivent dans le sol, se nourrissant de racines de graminées. Ces scarabées peuvent s’attaquer à une grande diversité de plantes, dont ils grignotent les feuilles et occasionnellement les fruits. Le scarabée japonais affectionne particulièrement la variété Honeycrisp.

Scarabée du rosier (à gauche) et scarabée japonais (à droite) (source : MAPAQ & Francine Pelletier, IRDA).

Dégâts observables

Défoliation des tissus tendres de la feuille. Les très rares cas de dommages observés sur des pommiers proviennent de populations exceptionnellement élevées (dans certains cas, les adultes attaquent également des fruits des cultivars tels qu’Honeycrisp, Gingergold, Sunrise, cultivar d’été et Cortland).

Exemple de défoliation et de dommage sur fruit causés par le scarabée japonais (source : IRDA).

Stratégie de lutte 

Il est difficile de prévoir l’apparition des dommages et il n’existe pas de seuil d’intervention.

L’utilisation des pièges contre le scarabée japonais

Les pièges peuvent être utilisés comme outil de détection en notant l’émergence des premiers adultes dans le verger, comme piégeage de masse en diminuant la population d’adultes ou pour une évaluation du taux de parasitisme1,2.

Il n’existe pas de consensus dans la littérature scientifique et au sein des conseillers membres du réseau pommier entre l’efficacité du piégeage de masse et la diminution des dommages sur les végétaux3,4,5. Il a été observé que les adultes sont attirés vers les pièges sans toutefois être capturés, ce qui augmente les dégâts à proximité des pièges4.

Le piège le plus courant sur le marché est le piège jaune et vert utilisé avec un appât double composé d’un attractif floral et d’une phéromone sexuelle synthétique1. Exemple :  piège à phéromone de type Expando (Distribution Solida) ou Unitrap (Bioprotec).

Exemple de piège (type Expando) pouvant être utilisé pour capturer le scarabée japonais (source : IRDA).

Lutte biologique et chimique

Depuis quelques années, un important parasitoïde du scarabée japonais s’implante au Québec, avec des taux de parasitisme pouvant atteindre en moyenne 3 à 27%6. La mouche du scarabée (Istocheta aldrichi) pond ses œufs derrière la tête, au niveau du thorax, principalement sur les femelles scarabées au moment de l’accouplement: ces œufs blancs de bonne dimension sont très faciles à observer. À défaut de l’action de ce parasitoïde, des interventions chimiques locales peuvent être possibles avec ALTACOR, EXIREL, CALYPSO/THEME et IMIDAN, si les dommages sont importants. D’autres espèces endémiques présentes au verger sont des ennemis des scarabées japonais, dont les punaises prédatrices, mais leur contrôle du scarabée japonais dans les vergers est peu documenté.

D’autres agents de lutte biologiques tels que des champignons entomopathogènes (Metarhizium anisopliae, Beauveria bassiana), des nématodes entomopathogènes (Heterorhabditis bacteriophora, Steinernema scarabaei) ainsi que des bactéries (Paenibacillus popilliae, Bacillus thuringiensis) sont étudiés dans le cadre d’un traitement visant l’insecte7. Peu de ces produits sont actuellement homologués contre le scarabée japonais pour les vergers de pommiers (en 2024). La concurrence commerciale avec les pesticides de synthèse moins couteux et les conditions d’application plus complexes, telles que la température et l’humidité du sol, sont les principaux freins à l’adoption de ces agents de lutte8,9.

Parasitisme d’un scarabée adulte par la mouche du scarabée Istocheta aldrich (gauche) et attaque d’un scarabée adulte par une punaise pentatomide (source : IRDA).

Références

  1. Ebbenga, D., Burkness E. C. & Hutchison, W.D. Optimizing the Use of Semiochemical-Based Traps for Efficient Monitoring of Popillia japonica (Coleoptera: Scarabaeidae): Validation of a Volumetric Approach. J. Econ. Entom. 115(3), 3869–3876 (2022).
  2. Legault, S., Doyon, J. & Brodeur, J. Reliability of a commercial trap to estimate population parameters of Japanese beetles, Popillia japonica, and parasitism by Istocheta aldrichi. J. Pest Sci. 97(2), 575-583 (2024).
  3. Gordon, C. F. & Potter, D. A. Efficiency of Japanese beetle (Coleoptera: Scarabaeidae) traps in reducing defoliation of plants in the urban landscape and effect on larval density in turf. J. Econ. Entom. 78, 774-778 (1985).
  4. Switzer, P. V., Enstrom, P. C. & Schoenick, C. A. Behavioral explanations underlying the lack of trap effectiveness for small-scale management of Japanese beetles (Coleoptera: Scarabaeidae). J. Econ. Entom. 102(3), 934-940 (2009).
  5. Piñero, J. C. & Dudenhoeffer, A. P. Mass trapping designs for organic control of the Japanese beetle, Popillia japonica(Coleoptera: Scarabaeidae). Pest Mngmt. Sci. 74, 1687-1693 (2018).
  6. Gagnon, M. E., Doyon, J., Legault, S. & Brodeur, J. The establishment of the association between the Japanese beetle (Coleoptera: Scarabaeidae) and the parasitoid Istocheta aldrichi (Diptera: Tachinidae) in Québec, Canada. Can. Entom. 155, e32 (2023).
  7. Brodeur, J., Doyon, J., Abram, P. K. & Parent, J. P.  Popillia japonica Newman, Japanese Beetle/Scarabée japonais (Coleoptera: Scarabaeidae). Bio. cont. prog. Can., 2013-2023. 37, 343-350 (2024).
  8. Potter, D. A. & Held, D. W. Biology and management of the Japanese beetle. Ann. review entom. 47(1), 175-205 (2002).
  9. Graf, T., Scheibler, F., Niklaus, P. A., & Grabenweger, G. From lab to field: biological control of the Japanese beetle with entomopathogenic fungi. Front. Insect Sci. 3 (2023).

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

Auteurs de la première édition : Yvon Morin et Gérald Chouinard
Auteure de la mise à jour 2023 : Stéphanie Gervais
Dernière mise à jour par l’auteure : 27 février 2023

 

Les chenilles de ce groupe sont des ravageurs mineurs en PFI. Elles se rencontrent dans les vergers qui avoisinent des boisés et leur présence est le plus souvent limitée aux pommiers situés en périphérie des vergers. Pour connaître les noms latins des principales espèces rencontrées en vergers, consultez la fiche Répertoire des principaux organismes nuisibles des vergers.

Arpenteuses du printemps

Les œufs vert jaunâtre et ovales de ces arpenteuses (Paleacrita sp.) sont déposés pêle-mêle par groupe d’environ 50 dans les crevasses ou sous les vieilles écorces. Les larves qui en sortent sont des chenilles (2,5 cm en fin de développement) vert pâle à brun foncé, pourvues de bandes jaunes longitudinales sur les flancs; elles ont souvent l’apparence d’une brindille. Elles possèdent à leur extrémité postérieure deux paires de fausses pattes, dont elles se servent pour se déplacer typiquement en faisant un U renversé, ou pour se redresser le long d’une branche. Les adultes sont des papillons d’apparence très différente selon leur sexe : le mâle (3 cm) est gris avec des lignes sinueuses sur les ailes antérieures alors que la femelle (1 cm) ne possède que des moignons d’ailes gris-brun.

Arpenteuses du printemps larve (gauche) et adulte mâle (droite)(source : IRDA).

Dégâts observables 

Les chenilles dévorent les feuilles ne laissant que les nervures et le pétiole. Elles peuvent aussi ravager quantité de bourgeons à fruits. Parfois, il y a confusion entre ce genre de dégâts et ceux du pique-bouton.

arpenteuse du printemps (larve et dégâts)

Dégâts sur feuilles causés par une arpenteuse du printemps (source : M. Mailloux).

Stratégie de lutte 

Des interventions chimiques sont rarement nécessaires contre les arpenteuses, mais des applications localisées peuvent occasionnellement être recommandées jusqu’à la mi-juin. (Produit homologué : Bt Xentari WG).

Chenille à bosse rouge

Cette chenille (Schizura concinna) de bonne taille, soit 25 mm en fin de développement, est ornée de rayures jaunes, blanches et noires. Le quatrième segment porte une grosse protubérance caractéristique qui, avec la tête, est rouge corail. Cette chenille se retrouve en colonies de plusieurs dizaines d’individus, de la mi-août à la mi-septembre, sur de nombreuses espèces d’arbres forestiers, ornementaux et fruitiers.

chenille à bosse rouge (larve)

Dégâts observables

Défoliation à la manière des  . Cependant, le dommage peut être beaucoup plus extensif en raison du grand nombre de chenilles pouvant être présentes simultanément sur un seul arbre. Les dégâts sont habituellement limités à quelques arbres en bordure des boisés.

Livrée d’Amérique et livrée des forêts

Les masses d’œufs de ces papillons (Malacosoma americanum et Malacosoma disstria) prennent la forme d’anneaux noirs et lustrés fixés aux brindilles. Les larves sont des chenilles noires (5 cm en fin de développement), souvent appelées « chenilles à tente », munies de bandes étroites ou encore de taches blanches ou jaunes alignées sur les flancs. Seules les chenilles de la livrée d’Amérique tissent des tentes de soie, lesquelles leur servent d’abri pendant la nuit et lors de périodes de pluie. Ces tentes sont construites aux fourches des branches par les jeunes chenilles qui apparaissent avec l’ouverture des bourgeons. Les chenilles des deux espèces atteignent leur maturité à la fin juin. Les adultes sont des papillons rouge-brun (25mm) portant en travers des ailes deux bandes parallèles, blanches chez la livrée d’Amérique et brunes chez la livrée des forêts.

Livrée d’Amérique adulte (gauche) et larve (droite) (source : Léo-Guy Simard, CRDH et MAPAQ).

Tente tissée par les larves de la livrée d’Amérique (source : Lina Breton, MRN).

Livrée des forêts larve (gauche) et adulte (droite) (source : MAPAQ).

Dégâts observables 

Lorsque de nombreuses masses d’œufs sont pondues sur un même arbre, les fortes populations qui en résultent (jusqu’à 5000 chenilles par pommier) peuvent défolier complètement un arbre en quelques jours. Heureusement, les épidémies sont peu fréquentes. De plus, les dégâts sont rarement d’importance économique; les fruits ne sont pas affectés.

Stratégie de lutte 

Des interventions chimiques avec des insecticides à large spectre sont rarement nécessaires et sont peu efficaces car les chenilles sont protégées à l’intérieur de la toile. Une meilleure stratégie consiste à couper les branches affectées, au besoin, au stade débourrement, et à les brûler.

Spongieuse

L’adulte de spongieuse (Lymantria dispar) est un papillon de bonne taille et d’apparence assez différente selon qu’il s’agit d’un mâle ou d’une femelle. Le mâle (25 mm) porte des ailes de couleur brun foncé, ornées de lignes ondulées et de mouchetures noires. Il est agile au vol. La femelle, qui est plus grosse (30 mm), ne vole pas mais possède quand même des ailes blanchâtres, ornées de façon semblable à celles du mâle, dans des teintes plus pâles. Les larves (50 mm) sont de jeunes chenilles noirâtres à tête jaune et dont le corps est orné de nombreuses verrues et de longs poils noirs. Elles apparaissent autour du stade pré-bouton rose. Elles se nourrissent surtout la nuit, s’attaquant de préférence à la face supérieure des feuilles, et sont actives jusqu’à la mi-juin. Les amas d’œufs sont caractéristiques : de forme ovale et couverts de poils beige provenant du corps de la femelle, ils sont habituellement déposés sur les troncs. Ils peuvent contenir jusqu’à 1500 œufs chacun.

Mâle spongieuse (gauche) et femelle et mâle spongieuse (droite)(source : IRDA).

Chenille spongieuse (gauche) et femelle spongieuse en train de pondre (droite)(source : IRDA).

Dégâts observables

Les chenilles de la spongieuse se nourrissent de plus de 300 espèces d’arbres et d’arbustes. Lors d’épidémies, tous les arbres et arbrisseaux de la région envahie sont défoliés. Cependant, les pommiers sont rarement atteints, leur prolifération dans les vergers étant rarissime.

Chenille de spongieuse en train de causer des dégâts (source : IRDA).

Stratégie de lutte

Brossez les amas d’œufs afin de les déloger ou retirez les branches infestées. Des interventions chimiques sont rarement nécessaires, mais des interventions localisées peuvent parfois être recommandées au stade bouton rose sur les arbres très sévèrement affectés.

Squeletteuses

La squeletteuse du pommier et la squeletteuse du cenellier (Psorosina sp. et Choreutis sp.) sont des ravageurs mineurs en PFI. Ces insectes sont aussi appelés teignes des feuilles du pommier. Leurs œufs vert pâle sont difficilement observables. La chenille (14 mm en fin de développement) jaune ou vert pâle possède des pattes relativement longues et très mobiles, ainsi que de nombreuses verrues noires sur chaque segment du corps. Le papillon (12-13 mm) est trapu, brun rougeâtre avec deux lignes noires transversales sur chaque aile antérieure. Les chenilles confectionnent un fourreau blanc en repliant le bord de la feuille avec des fils de soie. Plusieurs générations se développent durant l’été.

Chenille de squeletteuse (source : IRDA).

Dégâts observables 

Les chenilles dévorent la partie supérieure du limbe de la feuille ne laissant que les nervures et l’épiderme inférieur. L’apparence de ce squelette de feuille de couleur rouille est très caractéristique. Si les populations sont très fortes, les chenilles peuvent s’aventurer à grignoter l’épiderme des fruits, causant de la roussissure. Les dégâts apparaissent principalement en juillet.

dégât de squeletteuse

Dommage de squeletteuses (source : IRDA).

Stratégie de lutte générale contre les chenilles forestières

Retirez les branches infestées ou intervenez au besoin sur les arbres affectés.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

Auteurs de la première édition : Yvon Morin et Gérald Chouinard
Auteure de la mise à jour 2023 : Stéphanie Gervais
Dernière mise à jour par l’auteure : 27 février 2023

 

Charançon de la pomme

Cet ennemi du pommier est réglementé en vertu des Exigences de certification pour les exportations de pommes vers l’Union européenne et le Royaume-Uni.

Les producteurs enregistrés sont tenus de mettre en œuvre un programme obligatoire de surveillance et de contrôle des ravageurs tout au long de la saison de croissance.

Les mesures de surveillance et de contrôle du charançon de la prune, Conotrachelus nenuphar (voir la fiche sur Le charançon de la prune) sont suffisantes pour contrôler le charançon de la pomme.

Bien que de la même famille que le charançon de la prune, le charançon de la pomme (Anthonomus quadrigibbus ou Tachypterellus quadrigibbus) est un ravageur mineur en PFI. Il est plus petit (4-5 mm) et brun rougeâtre uniforme. Son bec est plus allongé et fin. Sa période d’activité coïncide toutefois avec celle du charançon de la prune. Dans certains vergers, des conseillers au Québec rapportent une présence plus tardive que le charançon de la prune et une activité qui s’étire plus longtemps au cours de la saison.

Charançon de la pomme adulte (source: Franz Vanoosthuyse).

Dommage sur fruit du charançon de la pomme (gauche) et dommage ouvertsur fruit du charançon de la pomme (droite)(source : IRDA).

Dégâts observables 

Petits trous pratiqués par les adultes pour se nourrir et pondre leurs œufs. La croissance du fruit est arrêtée à proximité de ces trous, produisant des cavités au centre desquelles se trouvent de petites masses dures et vertes. La majorité des fruits atteints tombent prématurément. Le charançon de la pomme est peu abondant au Québec dans une régie PFI, mais plus fréquent sous une régie biologique; ses dommages sont très rarement d’importance économique.

Phyllobes

Ces charançons (5-7 mm) aux reflets métalliques bruns ou verts appartiennent aux genres Polydrusus et Phyllobius. Ils se nourrissent principalement du feuillage d’arbres forestiers. Ils sont parfois présents en grand nombre sur le feuillage des pommiers de la mi-juin au début août. Ce sont des ravageurs mineurs en PFI.

Charançon vert soyeux Polydrusus sercieus (source : MAPAQ).

Dégâts observables

Occasionnellement sur des pommiers situés près de boisés, le feuillage peut apparaître comme découpé ou parsemé de trous de nutrition pouvant atteindre quelques centimètres. Le pommier peut supporter de fortes populations sans qu’il y ait de pertes économiques.

Orcheste du pommier

Consultez la fiche sur Les ravageurs sporadiques ou nouvellement observés.

 

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

Auteurs de la première édition : Yvon Morin et Gérald Chouinard
Auteure de la mise à jour 2023 : Stéphanie Gervais
Dernière mise à jour par l’auteure : 27 février 2023

 

Ces ravageurs ne sont présents que certaines années. Ce sont des ravageurs mineurs en PFI.

Des photographies des différents stades de développement et des dommages causés par plusieurs des ravageurs listés dans cette fiche sont aussi disponibles dans le Guide d’identification des ravageurs du pommier et de leurs ennemis naturels.

Chalcis du pommier

Cette petite guêpe (Torymus varians) de 4 mm est vert brillant avec des reflets métalliques cuivrés ou bronzés. La femelle insère ses œufs dans la chair du jeune fruit en formation jusqu’à trois semaines suivant la nouaison. Les œufs donnent naissance à de petits asticots se nourrissant des pépins de la pomme.

Pupe et adulte de chalcis du pommier (source : AAC).

Dégâts observables 

À la surface des fruits, les piqûres ressemblent à celles de la mouche de la pomme, mais elles sont localisées principalement dans la région du calice. À l’intérieur de la pomme attaquée, les traces de l’ovipositeur se traduisent par des lignes liégeuses brunâtres se dirigeant vers le centre du fruit. Il faut trancher les pépins pour découvrir les larves qui s’y cachent. La pomme légèrement attaquée continue à grossir et parvient à maturité. Par contre, lors d’une infestation abondante, les piqûres répétées à proximité d’un même point peuvent laisser toute une série de raies liégeuses et causer une malformation du fruit.

Phytopte du poirier

L’adulte de cet acarien de la famille des ériophyides (Eriophyes pyri) est blanc ou rouge pâle (0,16-0,25 mm). Son corps allongé s’amincit à l’extrémité et porte de longues soies. L’activité du phytopte débute lors de l’ouverture des bourgeons et s’arrête pendant les mois de juin à août.

phytopte du poirier

Adultes de phytotope du pommier (source : inra.fr).

Dégâts observables

Tôt au printemps (stades pré-bouton rose à bouton rose), ce ravageur cause des cloques aux feuilles affectées et, un peu plus tard, des taches du même genre sur les fruits. En plus d’être rarement rencontré sur le pommier, le phytopte n’est présent qu’occasionnellement sur le poirier.

Dommages sur feuilles de poirier : face supérieure (à gauche), face inférieure (au centre) et branche complète (à droite)(source: Stéphanie Gervais).

Stratégie de lutte

En vergers commerciaux, les traitements appliqués contre les principaux ravageurs du pommier répriment adéquatement ce ravageur.  Cependant, en l’absence de traitement, des applications localisées peuvent être recommandées au besoin au stade débourrement avancé.

Tenthrède de l’oseille

La tenthrède (Ametastegia glabrata) s’apparente à l’hoplocampe des pommes. L’adulte (6-8 mm) est noir bleuté avec les pattes rouges, alors que la chenille (15-16 mm en fin de développement) est verte avec les pattes blanches et la tête brun pâle. Celle-ci se nourrit presque exclusivement de plantes herbacées comme l’oseille, la renouée, le rumex et le sarrasin. À la fin de l’été, les chenilles partent à la recherche de sites protégés pour passer l’hiver et explorent parfois les arbres fruitiers dans ce but.

tenthrède de l'oseille (larve et dégât)

Larve de tenthrède de l’oseille sur pomme endommagée (source: AAC).

Dégâts observables

Uniquement lorsque des plantes hôtes sont présentes dans le verger ou en bordure et lorsque les fruits arrivent à maturité (septembre-octobre). La chenille creuse dans le fruit de petits trous ronds autour desquels se développe en quelques jours un halo brunâtre.

dégât de tenthrède de l'oseille

Dommages causés par la tenthrède de l’oseille (source: omafra).

Elle creuse une galerie en direction du cœur pour hiberner et est facilement retrouvée si l’on effectue une coupe du fruit. Plusieurs galeries peuvent être creusées par la larve avant qu’elle ne trouve satisfaction. La luzerne, les tiges de maïs et les brindilles d’arbres fruitiers sont aussi utilisées comme sites d’hibernation.

Stratégie de lutte

Cet insecte cause peu de problèmes. Un désherbage visant particulièrement les plantes de la famille des polygonacées (rumex, oseille, etc.) constitue une bonne mesure de prévention.

Thrips du poirier

Le thrips du poirier (Taeniothrips inconsequens) est un insecte suceur, aux ailes frangées et au corps en forme de cigare. Les jeunes stades sont blancs aux yeux rouges, alors que l’adulte est noir. Il mesure un peu moins de 2 mm à maturité.

Dégâts observables

Les adultes entrent dans les bourgeons à fruits au stade bouton rose avancé et s’en nourrissent, causant leur rabougrissement, leur brunissement et parfois même leur chute. Lors d’attaques sévères, les thrips se nourrissent aussi des feuilles, lesquelles se recroquevillent alors et deviennent brunâtres. La couronne de l’arbre peut s’en trouver clairsemée et le pommier peut souffrir de stress et perdre ses feuilles prématurément. Les attaques sont presque uniquement limitées aux vergers situés près d’érablières.

Larve et adulte de thrips du poirier (source : ravageursexotiques.qc.ca).

Porte-cases

Le porte-case du cerisier, le porte-case fuselé du pommier et le porte-case virgule du pommier (Coleophora sp.) sont de petits papillons (environ 1 cm) aux ailes frangées. Les larves sont des chenilles (9 mm) ayant comme particularité de passer une grande période de leur vie à l’intérieur d’une case, genre d’enveloppe en forme de pistolet (porte-case virgule) ou de cigare, leur servant d’abri et étant attachée aux feuilles ou aux branches de pommier. Ces chenilles sont le plus souvent jaunâtres.

Adulte (gauche), tête de larve sortant de sa case (centre) et larve dans sa case (droite) (source: IRDA, AAC).

Dégâts observables

Les chenilles hivernantes se nourrissent des jeunes feuilles entourant les bourgeons. Plus tard, les jeunes chenilles s’attaquent plutôt aux tissus tendres ou à l’épiderme des feuilles, provoquant ainsi le roussissement du feuillage. D’autres espèces découpent des morceaux de tissus sur les feuilles ou peuvent y percer de petits trous à la fin de l’été. Les porte-cases sont peu fréquents dans les vergers commerciaux du Québec et leurs dommages sont très rarement d’importance économique. Les populations se développent surtout dans les vergers négligés ou abandonnés.

Mineuse du pommier

Les adultes de cette mineuse (Lyonetia speculella) sont de taille semblable à ceux de la mineuse marbrée, mais la couleur prédominante est le gris argenté. Les larves sont des chenilles creusant des mines dans les feuilles en croissance, particulièrement celles des gourmands.

Dégâts observables

La mine prend d’abord la forme d’un serpentin puis évolue en une tache brune. La même chenille peut creuser plusieurs mines sur une même feuille. Jusqu’à maintenant, les densités de population enregistrées au Québec ont toujours été insuffisantes pour causer des pertes économiques.

Mineuse des bourgeons du pommier (apple pith moth)

Ce papillon (Blastodacna atra) d’environ 10 mm est de couleur noire ou brun foncé avec des taches blanches. La chenille est le stade nuisible : à son plein développement, elle est de couleur brun-rose avec une tête brun foncé. Elle peut atteindre 8 mm de longueur et est recouverte de centaines de petits poils.

Adulte et larve de mineuse des bourgeons du pommier (source: IRDA).

La larve se développe à l’intérieur des pousses en croissance, pouvant provoquer la mort du bourgeon terminal. Les dommages sont visibles surtout au printemps et peuvent être confondus avec les dommages aux pousses causés par le feu bactérien (voir la fiche sur Le feu bactérien : dépistage)  ou la tordeuse orientale du pêcher (voir la fiche sur Les vers occasionnels du fruit).  La croissance du pommier peut être sévèrement affectée dans les jeunes plantations, qui sont les plus affectées par cet insecte. Pour l’instant, on la retrouve uniquement en Montérégie et dans les Laurentides.

Dommage sur pousse causé par la mineuse des bourgeons du pommier (source : Francine Pelletier, IRDA).

Orcheste du pommier

Ce charançon (Rhynchaenus pallicornis) de toute petite taille (2 à 3 mm) est présent depuis quelques années dans certains vergers à régie biologique ou utilisant un programme de lutte minimal. Les adultes débutent leur activité extrêmement tôt au printemps, dès le débourrement, causant dans un premier temps des dégâts aux bourgeons qui ressemblent à des dégâts de gel ou de phytotoxicité, mais situés principalement au centre de l’arbre. À mesure que le feuillage se développe, celui-ci est également attaqué d’une part par les larves qui provoquent l’apparition de cloques de couleur brun foncé à la marge des feuilles (ressemblant à de la phytoxicité), et d’autre part par les adultes qui le criblent de petits trous un peu comme le font les chrysomèles dans les cultures maraichères. L’insecte cesse toute activité au plus tard à la mi-juillet, pour ne reprendre qu’au printemps suivant.

Adultes et dommage d’orcheste du pommier (source: Anne Nielsen, Michigan State University).

De fortes populations sont nécessaires pour causer un dommage économique, mais à défaut d’interventions les populations présentes peuvent augmenter graduellement d’année en année pour atteindre des seuils dommageables (au Michigan, plus de 1000 individus par arbre ou plus de 20 % de la surface foliaire dévorée sont des nombres fréquemment rencontrés dans les vergers bio affectés). À noter que les interventions insecticides effectuées contre d’autres ravageurs, tels la punaise terne et le charançon de la prune, maintiennent l’orcheste en échec (sans tambour ni trompette !) dans la plupart des situations.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

Auteurs de la première édition : Yvon Morin et Gérald Chouinard
Auteure de la mise à jour 2023 : Stéphanie Gervais
Dernière mise à jour par l’auteure : 27 février 2023

 

Aussi appelé forficule (Forficula auricularia), cet insecte brun foncé de forme allongée est muni d’une sorte de pinces, appelées cerques, situées tout au bout de son long corps articulé (16 mm). Il peut être particulièrement abondant vers la fin de la saison dans certaines régions.

perce-oreille

Adulte de perce-oreille européen (source: IRDA).

Dégâts observables

Cet insecte se nourrit généralement d’autres insectes, dont le puceron lanigère, mais peut également affecter le fruit si celui-ci est déjà endommagé (parfois des taches de tavelure mangées par cet insecte sont observables). Il ne cause pas de dégâts aux fruits intacts, sauf à ceux du cultivar Golden Russet qui peut parfois être affecté.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.