Fiche 83
Gérald Chouinard et Yvon Morin
Punaise de la molène
Description et comportement
La punaise de la molène (Campylomma verbasci) est un ravageur mineur en PFI. Elle passe l’hiver à l’état d’œufs insérés dans l’écorce des jeunes tiges de pommier. L’éclosion a lieu durant la floraison. Deux fois plus petite (l’adulte mesure 3 mm) que la punaise terne, cette punaise vert grisâtre se distingue des autres punaises phytophages par la présence de points noirs sur ses pattes, observables sur les derniers de ses cinq stades larvaires ainsi qu’au stade adulte. Les larves de la punaise de la molène ressemblent un peu à des pucerons, mais elles sont beaucoup plus mobiles et ne possèdent pas de cornicules (présentes au bout de l’abdomen des pucerons). L’adulte et la larve sont principalement des prédateurs de pucerons et d’acariens. Pendant une courte période suivant la floraison (principalement au stade calice), les jeunes de la première génération peuvent aussi se nourrir de la sève des fruits en formation, principalement sur les cultivars d’été (Melba, Lodi), ainsi que sur les cultivars Délicieuse et Spartan. Les stades larvaires subséquents n’endommagent pas les pommes.
Les larves de la première génération sont présentes sur le pommier tout au long du mois de juin et celles de la seconde génération, de la mi-juillet à la mi-août. Durant l’été, on retrouve aussi les adultes de la punaise de la molène sur les plantes du couvre-sol, particulièrement sur la molène (Verbascum sp.). Les adultes présents dans le verger vont s’accoupler à la fin août, et les œufs passeront l’hiver sur le pommier. La ponte est plus fréquente dans les arbres où il y a abondance de tétranyques rouges, desquels la punaise se nourrit.
Consulter la fiche 96 pour une description de l’activité utile de la punaise de la molène en tant que prédateur d’acariens.
Larve de punaise de la molène – photo J. Moisan-De Serres, MAPAQ
Adulte de punaise de la molène – photo J. Moisan-De Serres, MAPAQ
Cycle de vie de la punaise de la molène – illustration J. Veilleux / IRDA
Dommages
La punaise de la molène est un insecte utile, puisqu’elle se nourrit de tétranyques, de pucerons et de cicadelles, mais lorsque les populations sont élevées et que les proies sont rares elle peut se nourrir de la sève et piquer les jeunes pommes en formation. De petites bosses de la taille d’une tête d’épingle, principalement sur les pommes situées dans le centre des arbres, sont caractéristiques du dégât de la punaise de la molène. Toutefois, une partie des dommages disparaîtra pendant la croissance du fruit et ne sera plus apparent à la récolte. Pour leur part, les pommes subissant des attaques sévères vont chuter prématurément ou développer des malformations au voisinage des piqûres. Cet insecte apprécie également la sève des tissus à croissance rapide; un flétrissement de l’apex est parfois observé sur certaines pousses terminales lors d’attaques sur des jeunes pommiers à forte croissance végétative.
Dommages sur pommettes causés par la punaise de la molène
Estimation du risque
Une méthode de dépistage par observation des fruits est disponible pour estimer le risque économique posé par la punaise de la molène. Cette méthode figure au tableau de la fiche 65.
Stratégie d’intervention
Répression
Les blocs à risque face à la punaise de la molène sont ceux qui :
- comportaient de fortes populations de tétranyques rouges à la fin de l’été précédent;
- comprennent des cultivars sensibles (Melba, Délicieuse, Spartan); il arrive toutefois que d’autres cultivars soient aussi affectés;
- ont obtenu une excellente répression du tétranyque rouge avec de l’huile ou un autre traitement effectué avant la floraison;
- ont subi des températures chaudes et sèches entre les stades calice et nouaison;
- n’ont pas reçu de traitement avec un pyréthrinoïde au stade bouton rose.
Les néonicotinoïdes sont les produits recommandés en cas d’attaque sévère et ils doivent être appliqués peu après la floraison sur les premiers stades larvaires. Les dégâts les plus importants sont produits entre les stades calice et nouaison (10 mm), après quoi il est préférable de ne pas appliquer de produits toxiques pour cette punaise, afin qu’elle puisse exercer son action prédatrice (pour plus de détails, voir la fiche 96).
Punaises pentatomides
Voir la Fiche 83 a
Punaise de la pomme
Description et comportement
La punaise de la pomme (Lygocoris communis) est un ravageur mineur en PFI. Elle passe l’hiver à l’état d’œufs insérés dans l’écorce des jeunes tiges du pommier. Les jeunes stades larvaires de cet insecte, de couleur jaune à vert pâle, éclosent quelques jours avant la floraison et sont actives durant un mois. Ils extraient la sève des feuilles et des jeunes fruits en formation au cours de leur développement larvaire qui comprend cinq stades. L’adulte, mesurant 6 mm, est jaune brunâtre avec des lignes transversales et deux bandes foncées sur le thorax; il n’endommage pas les pommes. Les adultes apparaissent en même temps que ceux de la lygide (mi-juin) et sont présents jusqu’à la fin du mois de juillet. Ils ressemblent aux adultes de la punaise terne. Il n’y a qu’une génération par année.
Cycle de vie de la punaise de la pomme – illustration J. Veilleux / IRDA
Dommages
Des gouttes de sève qui perlent peuvent être observées sur les fruits piqués. Une partie des fruits piqués subira une chute prématurée, mais ceux demeurant jusqu’à la récolte auront développé des cicatrices rugueuses surélevées de dimensions plus grandes que celles causées par la punaise de la molène et qui ne s’accompagnent pas de dépressions.
Dommage de larve de punaise de la pomme
Stratégie d’intervention
La période optimale pour une intervention se situe au stade calice. Ces insectes ne causent pas de dommages dans les vergers où une intervention insecticide est effectuée en période préflorale ou postflorale avec un insecticide à large spectre.
Lygide du pommier
Description et comportement
La lygide du pommier (Lygidea mendax) est un ravageur mineur en PFI. Elle passe l’hiver à l’état d’œufs insérés dans l’écorce des jeunes tiges du pommier. La larve de cette punaise phytophage est allongée et rouge rubis; elle suce la sève des feuilles et des jeunes fruits en formation. L’adulte (7 mm), est poilu, rouge-orangé et la bordure postérieure de son thorax ainsi que le centre de son corps sont plus foncé; il n’endommage pas les pommes (contrairement aux larves). Les stades immatures et les adultes apparaissent aux mêmes périodes que la punaise de la pomme.
Cycle de vie de la lygide du pommier – illustration J. Veilleux / IRDA
Dommages
Comme avec la punaise de la pomme, de la sève perle des fruits piqués par les larves. Une partie des fruits piqués subira une chute prématurée, mais les fruits demeurant jusqu’à la récolte auront développé des cicatrices rugueuses et plates (non surélevées), semblablement aux dégâts causés par de la grêle survenue tôt en saison.
Dommage de larve de lygide du pommier
Punaise de l’aubépine
Description et comportement
La punaise de l’aubépine (Heterocordylus malinus) est un ravageur mineur en PFI. Le jeune adulte, noir et orné de marques rouge vif, est très semblable à celui de la lygide du pommier, mais il prend une couleur noire uniforme quelques jours après sa métamorphose en adulte. Les jeunes stades larvaires de cette punaise sont entièrement rouges et commencent à apparaissent au début de la floraison; ils se nourrissent de sève. Pendant les stades suivants, le thorax devient presque noir et l’abdomen prend une coloration rouge striée de bandes plus foncées. Les adultes (7 mm) n’endommagent pas les pommes. Sa biologie est très semblable à celle de la punaise de la pomme.
Cycle de vie de la punaise de l’aubépine – illustration J. Veilleux / IRDA
Dommages
Les piqûres sur le fruit provoquent des dépressions, à la manière de celles causées par la punaise terne, mais plus légères et disparaissant habituellement en cours de saison. Une partie des fruits piqués subira une chute prématurée.
Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.