Fiche 83

Gérald Chouinard et Yvon Morin

 

Punaise de la molène
Description et comportement

La punaise de la molène (Campylomma verbasci) est un ravageur mineur en PFI. Elle passe l’hiver à l’état d’œufs insérés dans l’écorce des jeunes tiges de pommier. L’éclosion a lieu durant la floraison. Deux fois plus petite (l’adulte mesure 3 mm) que la punaise terne, cette punaise vert grisâtre se distingue des autres punaises phytophages par la présence de points noirs sur ses pattes, observables sur les derniers de ses cinq stades larvaires ainsi qu’au stade adulte. Les larves de la punaise de la molène ressemblent un peu à des pucerons, mais elles sont beaucoup plus mobiles et ne possèdent pas de cornicules (présentes au bout de l’abdomen des pucerons). L’adulte et la larve sont principalement des prédateurs de pucerons et d’acariens. Pendant une courte période suivant la floraison (principalement au stade calice), les jeunes de la première génération peuvent aussi se nourrir de la sève des fruits en formation, principalement sur les cultivars d’été (Melba, Lodi), ainsi que sur les cultivars Délicieuse et Spartan. Les stades larvaires subséquents n’endommagent pas les pommes.

Les larves de la première génération sont présentes sur le pommier tout au long du mois de juin et celles de la seconde génération, de la mi-juillet à la mi-août. Durant l’été, on retrouve aussi les adultes de la punaise de la molène sur les plantes du couvre-sol, particulièrement sur la molène (Verbascum sp.). Les adultes présents dans le verger vont s’accoupler à la fin août, et les œufs passeront l’hiver sur le pommier. La ponte est plus fréquente dans les arbres où il y a abondance de tétranyques rouges, desquels la punaise se nourrit.

Consulter la fiche 96 pour une description de l’activité utile de la punaise de la molène en tant que prédateur d’acariens.

Larve de punaise de la molène – photo J. Moisan-De Serres, MAPAQ

Adulte de punaise de la molène – photo J. Moisan-De Serres, MAPAQ

Cycle de vie de la punaise de la molène – illustration J. Veilleux / IRDA

Dommages

La punaise de la molène est un insecte utile, puisqu’elle se nourrit de tétranyques, de pucerons et de cicadelles, mais lorsque les populations sont élevées et que les proies sont rares elle peut se nourrir de la sève et piquer les jeunes pommes en formation. De petites bosses de la taille d’une tête d’épingle, principalement sur les pommes situées dans le centre des arbres, sont caractéristiques du dégât de la punaise de la molène. Toutefois, une partie des dommages disparaîtra pendant la croissance du fruit et ne sera plus apparent à la récolte. Pour leur part, les pommes subissant des attaques sévères vont chuter prématurément ou développer des malformations au voisinage des piqûres. Cet insecte apprécie également la sève des tissus à croissance rapide; un flétrissement de l’apex est parfois observé sur certaines pousses terminales lors d’attaques sur des jeunes pommiers à forte croissance végétative.

dégât de punaise de la molène

Dommages sur pommettes causés par la punaise de la molène

Estimation du risque

Une méthode de dépistage par observation des fruits est disponible pour estimer le risque économique posé par la punaise de la molène. Cette méthode figure au tableau de la fiche 65.

Stratégie d’intervention
Répression

Les blocs à risque face à la punaise de la molène sont ceux qui :

  • comportaient de fortes populations de tétranyques rouges à la fin de l’été précédent;
  • comprennent des cultivars sensibles (Melba, Délicieuse, Spartan); il arrive toutefois que d’autres cultivars soient aussi affectés;
  • ont obtenu une excellente répression du tétranyque rouge avec de l’huile ou un autre traitement effectué avant la floraison;
  • ont subi des températures chaudes et sèches entre les stades calice et nouaison;
  • n’ont pas reçu de traitement avec un pyréthrinoïde au stade bouton rose.

Les néonicotinoïdes sont les produits recommandés en cas d’attaque sévère et ils doivent être appliqués peu après la floraison sur les premiers stades larvaires. Les dégâts les plus importants sont produits entre les stades calice et nouaison (10 mm), après quoi il est préférable de ne pas appliquer de produits toxiques pour cette punaise, afin qu’elle puisse exercer son action prédatrice (pour plus de détails, voir la fiche 96).

 

Punaises pentatomides

Voir la Fiche 83 a

 

Punaise de la pomme
Description et comportement

La punaise de la pomme (Lygocoris communis) est un ravageur mineur en PFI. Elle passe l’hiver à l’état d’œufs insérés dans l’écorce des jeunes tiges du pommier. Les jeunes stades larvaires de cet insecte, de couleur jaune à vert pâle, éclosent quelques jours avant la floraison et sont actives durant un mois. Ils extraient la sève des feuilles et des jeunes fruits en formation au cours de leur développement larvaire qui comprend cinq stades. L’adulte, mesurant 6 mm, est jaune brunâtre avec des lignes transversales et deux bandes foncées sur le thorax; il n’endommage pas les pommes. Les adultes apparaissent en même temps que ceux de la lygide (mi-juin) et sont présents jusqu’à la fin du mois de juillet. Ils ressemblent aux adultes de la punaise terne. Il n’y a qu’une génération par année.

punaise de la pomme (adulte)

Adulte de la punaise de la pomme

Cycle de vie de la punaise de la pomme – illustration J. Veilleux / IRDA

Dommages

Des gouttes de sève qui perlent peuvent être observées sur les fruits piqués. Une partie des fruits piqués subira une chute prématurée, mais ceux demeurant jusqu’à la récolte auront développé des cicatrices rugueuses surélevées de dimensions plus grandes que celles causées par la punaise de la molène et qui ne s’accompagnent pas de dépressions.
dégât de punaise de la pomme

Dommage de larve de punaise de la pomme

Stratégie d’intervention

La période optimale pour une intervention se situe au stade calice. Ces insectes ne causent pas de dommages dans les vergers où une intervention insecticide est effectuée en période préflorale ou postflorale avec un insecticide à large spectre.

 

Lygide du pommier
Description et comportement

La lygide du pommier (Lygidea mendax) est un ravageur mineur en PFI. Elle passe l’hiver à l’état d’œufs insérés dans l’écorce des jeunes tiges du pommier. La larve de cette punaise phytophage est allongée et rouge rubis; elle suce la sève des feuilles et des jeunes fruits en formation. L’adulte (7 mm), est poilu, rouge-orangé et la bordure postérieure de son thorax ainsi que le centre de son corps sont plus foncé; il n’endommage pas les pommes (contrairement aux larves). Les stades immatures et les adultes apparaissent aux mêmes périodes que la punaise de la pomme.

lygide du pommier (adulte)

Adulte de lygide du pommier

Cycle de vie de la lygide du pommier – illustration J. Veilleux / IRDA

Dommages

Comme avec la punaise de la pomme, de la sève perle des fruits piqués par les larves. Une partie des fruits piqués subira une chute prématurée, mais les fruits demeurant jusqu’à la récolte auront développé des cicatrices rugueuses et plates (non surélevées), semblablement aux dégâts causés par de la grêle survenue tôt en saison.
dégât de lygide du pommier

Dommage de larve de lygide du pommier

 

Punaise de l’aubépine
Description et comportement

La punaise de l’aubépine (Heterocordylus malinus) est un ravageur mineur en PFI. Le jeune adulte, noir et orné de marques rouge vif, est très semblable à celui de la lygide du pommier, mais il prend une couleur noire uniforme quelques jours après sa métamorphose en adulte. Les jeunes stades larvaires de cette punaise sont entièrement rouges et commencent à apparaissent au début de la floraison; ils se nourrissent de sève. Pendant les stades suivants, le thorax devient presque noir et l’abdomen prend une coloration rouge striée de bandes plus foncées. Les adultes (7 mm) n’endommagent pas les pommes. Sa biologie est très semblable à celle de la punaise de la pomme.

punaise de l'aubépine (jeune adulte)

Jeune adulte de punaise de l’aubépine

punaise de l'aubépine (adulte)

Adulte de punaise de l’aubépine

Cycle de vie de la punaise de l’aubépine – illustration J. Veilleux / IRDA

Dommages

Les piqûres sur le fruit provoquent des dépressions, à la manière de celles causées par la punaise terne, mais plus légères et disparaissant habituellement en cours de saison. Une partie des fruits piqués subira une chute prématurée.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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Fiche 84

Auteurs de la première édition: Gérald Chouinard, Yvon Morin et Franz Vanoosthuyse

Auteur de la mise à jour 2023: Marc-André Chaurette

Dernière mise à jour par l’auteur le 24 janvier 2023

 

La saperde du pommier et la sésie du cornouiller sont réglementés en vertu de la Loi sur la protection sanitaire des cultures (Fiche 15) et les mesures nécessaires doivent être prises pour éviter la propagation aux cultures avoisinantes.

 

Sésie du cornouiller
Description et comportement

La sésie du cornouiller (Synanthedon scitula) est un ravageur mineur en PFI. Les larves de la sésie sont des chenilles blanchâtres (15 mm) à tête brun-rougeâtre et ronde qui passent par six stades larvaires. La sésie hiberne à l’état de chenille dans une galerie d’alimentation qu’elle creuse sous l’écorce du tronc et des branches charpentières, au niveau des tissus conducteurs de la sève. Elle se transforme en nymphe entre la fin du mois de mai et le début du mois de juin. L’adulte est un papillon (longueur de 10 à 12 mm; envergure 18 à 22 mm). Ses ailes translucides et son corps noir marqué de bandes jaunes lui donnent un peu l’apparence d’une guêpe. L’émergence des adultes s’étend de la mi-juin à la mi-août, avec une intensité maximale vers le milieu de juillet. Les femelles déposent leurs œufs individuellement sur les surfaces d’écorce rugueuses, sur les plaies de chancre européen, sur les faux-broussains (« burr-knot », en anglais) ou sur d’autres blessures ou tissus mous de l’écorce.

Les jeunes chenilles se nourrissent peu avant d’entrer en hibernation. L’activité reprend au printemps suivant, et la majorité des chenilles complètent leur développement à la fin du mois de juin. Une partie de la population reste cependant sous forme larvaire une année additionnelle. Il y a une génération par année.

 

Larve de sésie du cornouiller – photo J. Moisan-De Serres, MAPAQ

 

Adulte de sésie du cornouiller – photo J. Moisan-De Serres, MAPAQ

Cycle de vie de la sésie du cornouiller – illustration J. Veilleux / IRDA

 

Dommages

Lorsqu’elle se nourrit, la chenille rejette à la sortie de ses galeries des amas de sciure rougeâtre ayant une apparence vermoulue. La sésie affecte principalement les arbres au niveau du bourrelet de greffe, particulièrement dans les plantations de pommiers nains sur porte-greffe M.26 et M9.D’autres porte-greffes nanifiant peuvent aussi s’avérer susceptibles comme le B.9. Au Québec, des données sur des portes-greffes sont désormais disponibles en ligne via la base de données du réseau d’essais de cultivars et porte-greffes de pommiers (RECUPOM). On peut consulter, entre autres, l’évaluation de l’incidence des faux-broussins selon différents porte-greffes. La base de données peut être consultée en ligne ici.

Les galeries de la sésie constituent une porte d’entrée pour les maladies, comme les chancres. De plus, dans le cas d’infestations prolongées, l’arbre perd de sa vigueur et son rendement diminue. Les impacts peuvent être d’autant plus importants pendant les cinq premières années de vie d’une plantation. Le contrôle de ce ravageur est nécessaire afin de ne pas nuire au plein potentiel de développement des arbres. Les pommiers standards et semi-nains établis peuvent aussi être attaqués par ce ravageur, sans toutefois en être affectés de façon importante.

dégât de sésie du cornouiller

Dommages de sésie du cornouiller

 

Estimation du risque

La phéromone utilisée pour dépister la sésie du cornouiller n’étant pas très sélective, il n’est pas rare de capturer des adultes d’autres espèces de sésies qui ne s’attaquent pas aux pommiers. Des inventaires réalisés à l’aide de cette phéromone dans les vergers de pommiers du Québec ont révélé qu’au moins 9 espèces différentes peuvent parfois être capturées en grand nombre dans les pièges à sésie du cornouiller:

Nom scientifique Nom commun
Synanthedon scitula Sésie du cornouiller
Synanthedon pyri Sésie du pommier
Synanthedon acerni Sésie de l’érable
Synanthedon exitiosa  Perceur du pêcher
Synanthedon pictipes Petit perceur du pêcher
Synanthedon acerrubri
Synanthedon fulvipes
Sesia tibialis
Podosesia syringae Sésie du frène/ sésie du lilas
Comment distinguer la sésie du cornouiller de ces autres espèces de sésie?

Silhouettes de trois espèces de sésies capturées dans les pièges de sésie du cornouiller – illustration F. Vanoosthuyse, IRDA

  1. La sésie du cornouiller ne dépasse pas 22 mm d’envergure
  2. Le bout de ses ailes antérieures n’est pas transparent
  3. Son abdomen se termine par une touffe anale de poils au lieu d’une pointe
  4. Si cette touffe anale porte des poils jaunes ou oranges, cette couleur est présente seulement sur les côtés de la touffe

 

Stratégie d’intervention
Prévention

La chenille de la sésie du cornouiller a besoin d’une porte d’entrée. Elle peut difficilement attaquer un tronc lisse et sain, mais la présence de chancres, de faux broussins ou de blessures lui facilitera la tâche. Un bon entretien du couvert végétal près du tronc (pour ralentir le développement de faux-broussins et pour encourager la prédation des chenilles par les oiseaux) aide à prévenir des dommages de l’insecte. Dans une jeune pommeraie (dès la 3e ou 4e feuillaison des pommiers nains), de bons résultats peuvent aussi être obtenus en grattant à l’aide d’un canif les zones attaquées par la sésie. On préfère gratter habituellement à partir du mois d’août jusqu’en post-récolte. La raison étant qu’une intervention trop tôt en saison peut engendrer des risques de feu bactérien étant donné les lésions qui sont causées par cette méthode. Si les arbres sont affectés sévèrement par les faux-broussins (on en retrouve par exemple tout le tour), on va intervenir uniquement sur une partie du tronc pour ne pas affecter négativement la montée de la sève. Le reste sera gratté l’année suivante. Afin de trouver des moyens de lutte préventive à adopter contre la sésie dans les vergers qui ne sont pas en production, veuillez consulter la fiche 8.

 

Les protecteurs à rongeur pleins comme les spirales blanches ont tendance à favoriser la présence de l’insecte comparativement aux treillis métalliques. Les spirales blanches procurent un abri pour le ravageur et peuvent limiter l’aération. Cette mauvaise aération peut engendrer la formation de faux-broussins et maintenir une écorce molle. Certains intervenants vont donc recommander l’utilisation du treillis métallique. Cependant si vous laissez votre treillis métallique se remplir de mauvaises herbes entre le pommier et le treillis, l’aération du point de greffe se fera difficilement.

 

Une couche de peinture d’intérieur au latex sur la base du pommier peut aider à prévenir des dommages. Si l’arbre est déjà infesté, la peinture rendra plus difficile l’émergence des nouveaux adultes. Lors de la plantation de jeunes pommiers, une application rapide de latex pâle (en mélange avec de l’eau dans une proportion de 50:50) peut être effectuée. À noter que la peinture de latex n’est pas autorisée en régie biologique. Des peintures de sources végétales ou à base de lait sont permises dans les normes biologiques canadiennes. Des mélanges à base de chaux et de bentonite peuvent aussi être autorisés (à valider avec votre organisme de certification). Cependant, les peintures peuvent être sensibles au lessivage (plus particulièrement les peintures biologiques) et des renouvellements fréquents peuvent être nécessaires.

 

 

Confusion sexuelle

La confusion sexuelle, une méthode de lutte très utilisée contre le carpocapse de la pomme (est aussi disponible commercialement pour la sésie (ISOMATE® DWB). Des essais menés au Québec ont récemment permis de valider son efficacité. Cette méthode de lutte, en complément des stratégies de lutte en prévention, permet d’obtenir un bon contrôle de la sésie. Elle sera mise en place uniquement dans les parcelles problématiques, et non à grandeur du verger. De plus cette méthode est autorisée en régie biologique.

Afin de tirer profit au maximum de cette méthode de lutte, suivre les recommandations suivantes :

  • La période d’installation est habituellement de début juin à maximum mi-juin, soit avant le vol des adultes.
  • La dose recommandée est de 375 diffuseurs par hectare.
  • Prévoir une bordure de 30m (100 pieds) où la dose sera augmentée à 500 diffuseurs par hectare. Les bordures servent à atténuer certains facteurs, comme l’effet des vents dominants qui peuvent déplacer les phéromones à l’extérieur de la zone qu’on souhaite traiter.
  • Contrairement à ceux pour le carpocapse, les diffuseurs s’installent à la hauteur des épaules. Ils se présentent sous forme d’attaches « twist » (comme une attache à pain). On les installe sur une branche en faisant attention de ne pas trop serrer pour éviter l’étranglement de celle-ci lorsqu’elle va grossir. Il est aussi possible de les installer sur les broches ou le bambou servant au tuteurage, tout en restant proche de l’arbre et de son feuillage.

Les diffuseurs seront bons pour toute la saison et il n’est pas nécessaire de les retirer en fin de saison. Cependant l’année suivante, les diffuseurs devront être installés de nouveau sans tenir compte des précédents. Idéalement, appliquer cette méthode de lutte pendant trois années consécutives. Ensuite, évaluer la population de l’insecte présente dans la parcelle afin de décider si la poursuite de la confusion est nécessaire ou non.

* Selon les données de CBC America, le taux de diffusion durant la saison est plutôt constant et un diffuseur installé à la mi-mai offre une protection jusqu’à la mi-septembre.

Répression

Dans le cas de vergers sévèrement atteints, les mesures préventives peuvent être accompagnées d’un traitement insecticide effectué lors du pic de captures des papillons (entre la fin juin et la mi-juillet) et répété au besoin 14 jours plus tard. Utiliser un insecticide résiduel et bien mouiller le tronc et les branches charpentières des arbres infestés à l’aide d’un pulvérisateur muni d’un fusil d’arrosage.

Des insecticides admissibles en PFI sont maintenant disponibles pour lutter contre cet insecte :

  • DELEGATE (spinétorame)
  • ALTACOR (chloratraniliprole)
  • RIMON (novaluron)
  • TROUNCE (pyréthrines/sel de potassium d’acide gras) : homologué en régie biologique

Ces produits doivent être appliqués en dirigeant le jet de façon à couvrir la base du tronc de l’arbre, particulièrement le point de greffe et les points d’émondage. Effectuer une à deux applications à intervalle de 14 jours, visant le premier stade larvaire (débutant autour de la mi-juillet dans le sud-ouest du Québec).

 

Saperde du pommier
Description et comportement

La saperde du pommier (Saperda candida) est un ravageur mineur en PFI. La larve (2,5 cm en fin de développement), parfois appelée « ver tarière à tête ronde », est blanc crème; elle possède une grosse tête noire et a la forme d’une massue. Pendant ses deux années de vie sous cette forme, la larve creuse des galeries dans le bois des pommiers, mais contrairement à la sésie, elle s’attaque aux tissus sains des jeunes arbres en santé.

saperde du pommier (adulte)

L’adulte, un insecte allongé (20 mm) portant de longues antennes, a un corps dur, rayé d’élégantes bandes blanches et brunes. La femelle dépose ses œufs dans l’écorce à la base du tronc des pommiers, principalement de la fin du mois de juin au milieu d’août.

 

Dommages

Les galeries sont localisées surtout dans les premiers 45 cm du tronc à partir du niveau du sol. Des amas de sciures rougeâtres sont alors visibles à l’entrée des galeries. À défaut d’intervention, ces galeries affaiblissent les jeunes pommiers des pépinières ou des vergers et les font souvent périr.

Stratégie d’intervention

Des interventions spécifiques sont rarement nécessaires dans les vergers commerciaux, mais des interventions localisées peuvent parfois l’être dans les vergers qui ne sont pas en production. Comme il n’existe pas de produits spécifiquement homologués contre cet insecte, les moyens culturaux et physiques de lutte sont fortement recommandés :

  • maintenir la base des troncs exempte de mauvaises herbes;
  • éviter l’utilisation de protecteurs en plastique blanc, qui procurent un abri idéal pour la ponte;
  • détruire les plantes hôtes autour du verger (pommiers négligés, cormiers ou sorbiers, cenelliers ou aubépines) dans un rayon de 300 m, si possible;
  • à la mi-juin, avant l’arrivée des adultes, encercler lâchement (sans serrer) les troncs avec de la moustiquaire ou de la jute sur une longueur de 30-60 cm (1-2 pieds) en partant du sol. Retenir le haut avec une corde et le bas en rechaussant avec de la terre. Retirer à la fin août, quand la période de ponte est terminée (cette méthode est proposée par les chercheurs de l’Université Cornell, dans l’état de New York).

Les pulvérisations de phosmet (IMIDAN) effectuées contre d’autres ravageurs (comme la mouche de la pomme, le carpocapse de la pomme ou les tordeuses) entre la mi-juin et la fin de juillet seront efficaces contre les adultes de la saperde. Jusqu’à trois applications peuvent cependant être nécessaires dans les vergers sérieusement affectés. Si les populations sont de faible densité, il est possible de détruire les larves à l’intérieur des galeries en y insérant un poinçon fin ou le bout d’un fil métallique. Faire deux ou trois inspections entre le début juillet et la mi-septembre.

 

Cérèse buffle
Description et comportement

La cérèse buffle (Stictocephala bisonia) est un ravageur mineur en PFI. Cet insecte suceur vert pâle, de moins de 1 cm, porte sur le dos une protubérance pyramidale caractéristique qui lui donne l’apparence d’un buffle miniature. Au début du mois d’août, les femelles adultes délaissent les plantes herbacées pour pondre leurs œufs dans l’écorce des jeunes pommiers. Les œufs hibernants déposés dans le bois de l’été précédent éclosent durant la première moitié de juin. Les stades immatures ne vivent pas sur le pommier; ils se déplacent sur les plantes de la famille des légumineuses (luzerne, trèfle, vesce jargeau, etc.) Par conséquent, ils sont favorisés par la présence de ces mauvaises herbes dans le verger nouvellement planté. Il n’y a qu’une génération par année.

Adulte de cérèse buffle de face – photo J. Moisan-De Serres, MAPAQ

 

Adulte de cérèse buffle de profil – photo J. Moisan-De Serres, MAPAQ

Œufs de cérèse buffle – photo AAC

Larve de cérèse buffle – photo J. Moisan-De Serres, MAPAQ

Cycle de vie de la cérèse buffle – illustration J. Veilleux / IRDA

Dommages

Les femelles adultes pratiquent des incisions sur l’écorce des jeunes pommiers pour y déposer leurs œufs. Ces incisions font lever l’écorce et la rendent très rugueuse. Lorsqu’elles sont nombreuses, ces blessures entravent la circulation de la sève et affaiblissent les jeunes pousses, qui peuvent en mourir.

cérèse buffle dégâts

Dommage de ponte du cérèse buffle – photo AAC

Estimation du risque

Les observations des adultes et des dégâts s’effectuent sur le jeune bois des nouvelles plantations au début du mois d’août. Il n’y a pas de seuil d’intervention disponible pour cet insecte.

Stratégie d’intervention
Prévention

Éliminer les plantes hôtes : les légumineuses recouvrant le sol à proximité des jeunes plantations.
Couper et brûler les branches renfermant des œufs durant l’hiver.

Répression

Aucun produit n’est actuellement homologué contre cet insecte.

 

Scolytes
Description et comportement

Les scolytes (Scolytus rugulosus) sont des ravageurs mineurs en PFI. Ces petits insectes (2 mm) noirs ont un corps dur. Au stade larvaire, ils se nourrissent en creusant des galeries sous l’écorce des branches d’arbres nains ou dépérissants.

Dommages

Les branches attaquées se dessèchent et peuvent laisser voir une série de petits trous rapprochés par lesquels ont émergé les adultes. En soulevant l’écorce, il est possible d’apercevoir les nombreuses galeries rayonnant d’une galerie centrale.

dégât de scolyte

Stratégie d’intervention

Pour prévenir les attaques, ne laissez pas le bois de taille traîner près du verger!

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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Fiche 85

Yvon Morin, Gérald Chouinard et Stéphanie Gervais

 

Petit carpocapse de la pomme

Le petit carpocapse de la pomme (Grapholita prunivora) est un ravageur mineur en PFI. Ses œufs blancs sont déposés à l’unité. Les larves (6-8 mm en fin de développement), à tête brune et au corps rosé, ressemblent à s’y méprendre aux jeunes chenilles du carpocapse. L’adulte est un petit papillon foncé (6 mm) portant quelques écailles dorées sur les ailes antérieures.

Dégâts observables : Galeries superficielles (jusqu’à 6 mm de profondeur) sous la pelure du fruit, dans lesquelles s’accumulent des excréments semblables à ceux du carpocapse. Situés surtout près du calice ou du pédoncule du fruit, ces dégâts ont une étendue similaire à ceux causés par la tordeuse à bandes rouges. Le cultivar Cortland est particulièrement sensible au petit carpocapse. À la différence de la larve du carpocapse, celle du petit carpocapse gruge directement sous la pelure et forme un dégât faisant penser à une mine sur le fruit.

dégât de petit carpocapse de la pomme

Stratégie de lutte : La méthode de dépistage de ce ravageur est décrite au tableau-synthèse Dépistage par pièges à phéromone de la fiche 65.

Les insecticides efficaces contre le carpocapse répriment également le petit carpocapse. Le synchronisme est légèrement différent car la première génération de chenilles du petit carpocapse est un peu plus hâtive que celle du carpocapse, alors que la seconde génération est un peu plus tardive (voir la fiche 76).

 

Tordeuse orientale du pêcher

La tordeuse orientale du pêcher (Grapholita molesta) est nouvellement arrivée dans les vergers du Québec et un ravageur mineur en PFI. D’apparence semblable au carpocapse, l’adulte peut être distingué de ce dernier par sa taille légèrement plus petite et l’absence de taches dorées sur les ailes antérieures. Les larves sont également semblables à celles du carpocapse, mais légèrement plus petites. Elles peuvent être distinguées des larves de carpocapse, mais encore une fois, l’aide d’un entomologiste et d’un microscope est recommandée.

tordeuse orientale du pêcher (adulte)

tordeuse orientale du pêcher (larve)

Dégâts observables : Les larves de tordeuse orientale peuvent causer des dégâts aux fruits qui ressemblent à ceux du carpocapse, c’est-à-dire des tunnels dans la chair, mais sans atteindre le cœur. Elle peuvent aussi se loger dans les pousses terminales.

Stratégie de lutte : Cet insecte étant encore très peu présent et sa biologie étant assez proche de celle du carpocapse, une stratégie de lutte spécifique à la tordeuse orientale n’est pas encore nécessaire (voir la fiche 76).

 

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Fiche 86

Yvon Morin, Gérald Chouinard et Stéphanie Gervais

 

Le scarabée japonais (Popillia japonica) et le scarabée du rosier (Macrodactylus subspinosus) sont des ravageurs mineurs en PFI. Les adultes de ce groupe sont facilement reconnaissables à leur gros corps (10-12 mm) portant des ailes durcies à la façon d’une carapace. Celles du scarabée du rosier sont gris-brun avec des teintes jaunâtres, alors que celles du scarabée japonais, brunes et vertes, présentent des reflets métalliques. Les larves ont l’apparence de gros vers blancs et vivent dans le sol, se nourrissant de racines de graminées. Ces insectes commencent à apparaître à la mi-juin et leur activité se poursuit jusqu’à la fin juillet – début août. Ils peuvent s’attaquer à une grande diversité de plantes, dont ils grignotent les feuilles et occasionnellement les fruits. Le scarabée japonais affectionne particulièrement la variété Honeycrisp.

scarabée du rosier (adulte)

Dégâts observables : Défoliation des tissus tendres de la feuille. Les très rares cas de dommages observés sur des pommiers proviennent de populations exceptionnellement élevées (dans certains cas, les adultes attaquent également des fruits des cultivars Honeycrisp et Cortland) se développant en certaines situations difficiles à prévoir.

Stratégie de lutte : depuis quelques années, un important parasitoïde du scarabée s’implante au Québec, avec des taux de parasitisme pouvant atteindre 60%. La mouche du scarabée (Istocheta aldrichi) pond ses œufs derrière la tête, au niveau du thorax, principalement sur les femelles scarabées au moment de l’accouplement: ces oeufs blancs de bonne dimension sont très faciles à observer. À défaut de l’action de ce parasitoïde, des interventions chimiques locales peuvent être possibles avec ALTACOR, EXIREL, CALYPSO et IMIDAN si les dommages sont importants.

scarabée japonais (adulte)

 

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Fiche 87

Yvon Morin, Gérald Chouinard et Stéphanie Gervais

 

Les chenilles de ce groupe sont des ravageurs mineurs en PFI. Elles se rencontrent dans les vergers qui avoisinent des boisés et leur présence est le plus souvent limitée aux pommiers situés en périphérie des vergers. Pour connaître les noms latins des principales espèces rencontrées en vergers, consultez la fiche 10.

 

Arpenteuses du printemps

Les œufs vert jaunâtre et ovales de ces arpenteuses (Paleacrita sp.) sont déposés pêle-mêle par groupe d’environ 50 dans les crevasses ou sous les vieilles écorces. Les larves qui en sortent sont des chenilles (2,5 cm en fin de développement) vert pâle à brun foncé, pourvues de bandes jaunes longitudinales sur les flancs; elles ont souvent l’apparence d’une brindille. Elles possèdent à leur extrémité postérieure deux paires de fausses pattes, dont elles se servent pour se déplacer typiquement en faisant un U renversé, ou pour se redresser le long d’une branche. Les adultes sont des papillons d’apparence très différente selon leur sexe : le mâle (3 cm) est gris avec des lignes sinueuses sur les ailes antérieures alors que la femelle (1 cm) ne possède que des moignons d’ailes gris-brun.

arpenteuse du printemps (larve)

Dégâts observables : Les chenilles dévorent les feuilles, ne laissant que les nervures et le pétiole. Elles peuvent aussi ravager quantité de bourgeons à fruits. Parfois, il y a confusion entre ce genre de dégâts et ceux du pique-bouton.

arpenteuse du printemps (larve et dégâts)

Stratégie de lutte : Des interventions chimiques sont rarement nécessaires contre les arpenteuses, mais des applications localisées peuvent occasionnellement être recommandées jusqu’à la mi-juin. Produit homologué : IMIDAN).

 

Chenille à bosse rouge

Cette chenille (Schizura concinna) de bonne taille, soit 25 mm en fin de développement, est ornée de rayures jaunes, blanches et noires. Le quatrième segment porte une grosse protubérance caractéristique qui, avec la tête, est rouge corail. Cette chenille se retrouve en colonies de plusieurs dizaines d’individus de la mi-août à la mi-septembre sur de nombreuses espèces d’arbres forestiers, ornementaux et fruitiers.

chenille à bosse rouge (larve)

Dégâts observables : Défoliation à la manière des squeletteuses. Cependant, le dommage peut être beaucoup plus extensif en raison du grand nombre de chenilles pouvant être présentes simultanément sur un seul arbre. Les dégâts sont habituellement limités à quelques arbres en bordure des boisés.

 

Livrée d’Amérique et livrée des forêts

Les masses d’œufs de ces papillons (Malacosoma americanum et Malacosoma disstria) prennent la forme d’anneaux noirs et lustrés fixés aux brindilles. Les larves sont des chenilles noires (5 cm en fin de développement), souvent appelées « chenilles à tente », munies de bandes étroites ou encore de taches blanches ou jaunes alignées sur les flancs. Seules les chenilles de la livrée d’Amérique tissent des tentes de soie, lesquelles leur servent d’abri pendant la nuit et lors de périodes de pluie. Ces tentes sont construites aux fourches des arbres par les jeunes chenilles qui apparaissent avec l’ouverture des bourgeons. Les chenilles des deux espèces atteignent leur maturité à la fin juin. Les adultes sont des papillons rouge-brun (25 mm) portant en travers des ailes deux bandes parallèles, blanches chez la livrée d’Amérique et brunes chez la livrée des forêts.

livrée d'Amérique (adulte)

livrée d'Amérique (larve)

livrée des forêts (adulte)

Dégâts observables : Lorsque de nombreuses masses d’œufs sont pondues sur un même arbre, les fortes populations qui en résultent (jusqu’à 5000 chenilles par pommier) peuvent défolier complètement un arbre en quelques jours. Heureusement, les épidémies sont peu fréquentes. De plus, les dégâts sont rarement d’importance économique; les fruits ne sont pas affectés.

Stratégie de lutte : Des interventions chimiques avec des insecticides à large spectre (ex. : IMIDAN) sont rarement nécessaires et sont peu efficaces car les chenilles sont protégées à l’intérieur de la toile. Une meilleure stratégie consiste à couper les branches affectées, au besoin, au stade débourrement, et à les brûler.

 

Spongieuse

L’adulte de spongieuse (Lymantria dispar) est un papillon de bonne taille et d’apparence assez différente selon qu’il s’agit d’un mâle ou d’une femelle. Le mâle (25 mm) porte des ailes de couleur brun foncé, ornées de lignes ondulées et de mouchetures noires. Il est agile au vol. La femelle, qui est plus grosse (30 mm), ne vole pas mais possède quand même des ailes blanchâtres, ornées de façon semblable à celles du mâle, dans des teintes plus pâles. Les larves (50 mm) sont de jeunes chenilles noirâtres à tête jaune et dont le corps est orné de nombreuses verrues et de longs poils noirs. Elles apparaissent autour du stade pré-bouton rose. Elles se nourrissent surtout la nuit, s’attaquant de préférence à la face supérieure des feuilles et sont actives jusqu’à la mi-juin. Les amas d’œufs sont caractéristiques : de forme ovale et couverts de poils beiges provenant du corps de la femelle, ils sont habituellement déposés sur les troncs. Ils peuvent contenir jusqu’à 1500 œufs chacun.

spongieuse (adulte)

Dégâts observables : Les chenilles de la spongieuse se nourrissent de plus de 300 espèces d’arbres et d’arbustes. Lors d’épidémies, tous les arbres et arbrisseaux de la région envahie sont défoliés. Cependant, les pommiers sont rarement atteints, leur prolifération dans les vergers étant rarissime.

spongieuse (larve et dégâts)

Stratégie de lutte : Brosser les amas d’œufs afin de les déloger ou retirer les branches infestées. Des interventions chimiques à la phosmet (IMIDAN) sont rarement nécessaires, mais des interventions localisées peuvent parfois être recommandées au stade bouton rose sur les arbres très sévèrement affectés.

 

Squeletteuses

La squeletteuse du pommier et la squeletteuse du cenellier (Psorosina sp. et Choreutis sp.) sont des ravageurs mineurs en PFI. Ces insectes sont aussi appelés teignes des feuilles du pommier. Leurs œufs vert pâle sont difficilement perceptibles. La chenille (14 mm en fin de développement) jaune ou vert pâle possède des pattes relativement longues et très mobiles, ainsi que de nombreuses verrues noires sur chaque segment du corps. Le papillon (12-13 mm) est trapu, brun rougeâtre avec deux lignes noires transversales sur chaque aile antérieure. Les chenilles confectionnent un fourreau blanc en repliant le bord de la feuille avec des fils de soie. Plusieurs générations se développent durant l’été.

squeletteuse (larve)

Dégâts observables : Les chenilles dévorent la partie supérieure du limbe de la feuille, ne laissant que les nervures et l’épiderme inférieur. L’apparence de ce squelette de feuille de couleur rouille est très caractéristique. Si les populations sont très fortes, les chenilles peuvent s’aventurer à grignoter l’épiderme des fruits, causant de la roussissure. Les dégâts apparaissent principalement en juillet.

dégât de squeletteuse

 

Stratégie de lutte contre les chenilles forestières

Retirer les branches infestées ou intervenir au besoin sur les arbres affectés.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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Fiche 88

Yvon Morin, Gérald Chouinard et Stéphanie Gervais

 

Charançon de la pomme

Bien que de la même famille que le charançon de la prune, le charançon de la pomme (Anthonomus quadrigibbus) est un ravageur mineur en PFI. Il est plus petit (4-5 mm) et brun rougeâtre uniforme. Son bec est plus allongé et fin. Sa période d’activité coïncide toutefois avec celle du charançon de la prune.

Dégâts observables : Petits trous pratiqués par les adultes pour se nourrir et pondre leurs œufs. La croissance du fruit est arrêtée à proximité de ces trous, produisant des cavités au centre desquelles se trouvent de petites masses dures et vertes. La majorité des fruits atteints tombent prématurément. Le charançon de la pomme est peu abondant au Québec; ses dommages sont très rarement d’importance économique.

 

Phyllobes

Ces charançons (5-7 mm) aux reflets métalliques bruns ou verts appartiennent aux genres Polydrusus et Phyllobius. Ils se nourrissent principalement du feuillage d’arbres forestiers. Ils sont parfois présents en grand nombre sur le feuillage des pommiers de la mi-juin au début août. Ce sont des ravageurs mineurs en PFI.

phyllobe (adulte)

Dégâts observables : Occasionnellement sur des pommiers situés près de boisés, le feuillage peut apparaître comme découpé ou parsemé de trous de nutrition pouvant atteindre quelques centimètres. Le pommier peut supporter de fortes populations sans qu’il y ait de pertes économiques.

 

Orcheste du pommier

Consultez la fiche 89, Les ravageurs sporadiques ou nouvellement observés.

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Fiche 89

Yvon Morin, Gérald Chouinard et Stéphanie Gervais

 

Ces ravageurs sont présents certaines années. Ce sont des ravageurs mineurs en PFI.

 

Chalcis du pommier

Cette petite guêpe (Torymus varians) de 4 mm est vert brillant avec des reflets métalliques cuivrés ou bronzés. La femelle insère ses œufs dans la chair du jeune fruit en formation jusqu’à trois semaines suivant la nouaison. Les œufs donnent naissance à de petits asticots se nourrissant des pépins de la pomme.

chalcis du pommier (adulte)

chalcis du pommier (larve et dégât)

Dégâts observables : À la surface des fruits, les piqûres ressemblent à celles de la mouche de la pomme, mais elles sont localisées principalement dans la région du calice. À l’intérieur de la pomme attaquée, les traces de l’ovipositeur se traduisent par des lignes liégeuses brunâtres se dirigeant vers le centre du fruit. Il faut trancher les pépins pour découvrir les larves qui s’y cachent. La pomme légèrement attaquée continue à grossir et parvient à maturité. Par contre, lors d’une infestation abondante, les piqûres répétées à proximité d’un même point peuvent laisser toute une série de raies liégeuses et causer une malformation du fruit.

 

Phytopte du poirier

L’adulte de cet acarien de la famille des ériophyides (Eriophyes pyri) est blanc ou rouge pâle (0,16-0,25 mm). Son corps allongé, s’amincissant à l’extrémité, porte de longues soies. L’activité du phytopte débute lors de l’ouverture des bourgeons, mais s’arrête pendant les mois de juin à août.

phytopte du poirier

Dégâts observables : Tôt au printemps (stades pré-bouton rose à bouton rose), ce ravageur cause des cloques aux feuilles affectées et, un peu plus tard, des taches du même genre sur les fruits. En plus d’être rarement rencontré sur le pommier, le phytopte n’est présent qu’occasionnellement sur le poirier.

dégât de phytopte du poirier

Stratégie de lutte : En vergers commerciaux, les traitements appliqués contre les principaux ravageurs du pommiers répriment adéquatement ce ravageur.  Cependant, en l’absence de traitement, des applications localisées peuvent être recommandées au besoin au stade débourrement avancé.

 

Tenthrède de l’oseille

La tenthrède (Ametastegia glabrata) s’apparente à l’hoplocampe des pommes. L’adulte (6-8 mm) est noir bleuté avec des pattes rouges, alors que la chenille (15-16 mm en fin de développement) est verte avec les pattes blanches et la tête brun pâle. Celle-ci se nourrit presque exclusivement de plantes herbacées comme l’oseille, la renouée, le rumex et le sarrasin. À la fin de l’été, les chenilles partent à la recherche de sites protégés pour passer l’hiver et explorent parfois les arbres fruitiers dans ce but.

tenthrède de l'oseille (larve et dégât)

Dégâts observables : Uniquement lorsque des plantes hôtes sont présentes dans le verger ou en bordure et lorsque les fruits arrivent à maturité (septembre-octobre). La chenille creuse dans le fruit de petits trous ronds, autour desquels se développe en quelques jours un halo brunâtre.

dégât de tenthrède de l'oseille

Elle creuse une galerie en direction du cœur pour hiberner et est facilement retrouvée si l’on effectue une coupe du fruit. Plusieurs galeries peuvent être creusées par la larve avant qu’elle ne trouve satisfaction. La luzerne, les tiges de maïs et les brindilles d’arbres fruitiers sont aussi utilisées comme sites d’hibernation.

Stratégie de lutte : Cet insecte cause peu de problèmes. Un désherbage visant particulièrement les plantes de la famille des polygonacées (rumex, oseille, etc.) constitue une bonne mesure de prévention.

 

Thrips du poirier

Le thrips du poirier (Taeniothrips inconsequens) est un insecte suceur, aux ailes frangées et au corps en forme de cigare. Les jeunes stades sont blancs aux yeux rouges, alors que les adultes sont noirs. Il mesure un peu moins de 2 mm à maturité.

Dégâts observables : Les adultes entrent dans les bourgeons à fruits au stade bouton rose avancé et s’en nourrissent, causant leur rabougrissement, leur brunissement et parfois même leur chute. Lors d’attaques sévères, les thrips se nourrissent aussi des feuilles, lesquelles se recroquevillent alors et deviennent brunâtres. La couronne de l’arbre peut s’en trouver clairsemée et le pommier peut souffrir de stress et perdre ses feuilles prématurément. Les attaques sont presque uniquement limitées aux vergers situés près d’érablières.

thrips du poirier (larve)

thrips du poirier (adulte)

 

Porte-cases

Le porte-case du cerisier, le porte-case fuselé du pommier et le porte-case virgule du pommier (Coleophora sp.) sont de petits papillons (environ 1 cm) aux ailes frangées. Les larves sont des chenilles (9 mm) ayant comme particularité de passer une grande période de leur vie à l’intérieur d’une case, genre d’enveloppe en forme de pistolet (porte-case virgule) ou de cigare leur servant d’abri et étant attachée aux feuilles ou aux branches de pommier. Ces chenilles sont le plus souvent jaunâtres.

porte-case (adulte)

Dégâts observables : Les chenilles hivernantes se nourrissent des jeunes feuilles entourant les bourgeons. Plus tard, les jeunes chenilles s’attaquent plutôt aux tissus tendres ou à l’épiderme des feuilles, provoquant ainsi le roussissement du feuillage. D’autres espèces découpent des morceaux de tissus sur les feuilles ou peuvent y percer de petits trous à la fin de l’été. Les porte-cases sont peu fréquents dans les vergers commerciaux du Québec et leurs dommages sont très rarement d’importance économique. Les populations se développent surtout dans les vergers négligés ou abandonnés.

 

Mineuse du pommier

Les adultes de cette mineuse (Lyonetia speculella) sont de taille semblable à ceux de la mineuse marbrée, mais la couleur prédominante est le gris argenté. Les larves sont des chenilles creusant des mines dans les feuilles en croissance, particulièrement celles des gourmands.

Dégâts observables : La mine prend d’abord la forme d’un serpentin puis évolue en une tache brune. La même chenille peut creuser plusieurs mines sur une même feuille. Jusqu’à maintenant, les densités de populations enregistrées au Québec ont toujours été insuffisantes pour causer des pertes économiques.

 

Mineuse des bourgeons du pommier (apple pith moth)

Ce papillon (Blastodacna atra) d’environ 10 mm est de couleur noire ou brun foncé avec des taches blanches. La chenille est le stade nuisible : à son plein développement, elle est de couleur brun-rose avec une tête brun foncé. Elle peut atteindre 8 mm de longueur, et est recouverte de centaines de petits poils.

Elle se développe à l’intérieur des pousses en croissance, pouvant provoquer la mort du bourgeon terminal. Les dommages sont visibles surtout au printemps, et peuvent être confondus avec les dommages aux pousses causés par le feu bactérien (fiche 105) ou la tordeuse orientale du pêcher (fiche 85). La croissance du pommier peut être sévèrement affectée dans les jeunes plantations, qui sont les plus affectées par cet insecte. Pour l’instant, on la retrouve uniquement en Montérégie et dans les Laurentides.

 

Orcheste du pommier

Ce charançon (Rhynchaenus pallicornis) de toute petite taille (2 à 3 mm) est présent depuis quelques années dans certains vergers (à régie biologique ou utilisant un programme de lutte minimal). Les adultes débutent leur activité extrêmement tôt au printemps (dès le débourrement), causant dans un premier temps des dégâts aux bourgeons qui ressemblent à des dégâts de gel ou de phytotoxicité, mais situés principalement au centre de l’arbre. À mesure que le feuillage se développe, celui-ci est également attaqué d’une part par les larves, qui provoquent l’apparition de cloques de couleur brun foncé à la marge des feuilles (ressemblant à de la phytoxicité), et d’autre part par les adultes, qui le criblent de petits trous un peu comme le font les chrysomèles dans les cultures maraichères. L’insecte cesse toute activité au plus tard à la mi-juillet, pour ne reprendre qu’au printemps suivant.

De fortes populations sont nécessaires pour causer un dommage économique, mais à défaut d’interventions, les populations présentes peuvent augmenter graduellement d’année en année pour atteindre des seuils dommageables (au Michigan, plus de 1000 individus par arbre ou plus de 20% de la surface foliaire dévorée sont des nombres fréquemment rencontrés dans les vergers bio affectés). À noter que les interventions insecticides effectuées contre d’autres ravageurs, tels la punaise terne et le charançon de la prune, maintiennent l’orcheste en échec (sans tambour ni trompette) dans la plupart des situations.

 

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Fiche 90

Yvon Morin, Gérald Chouinard et Stéphanie Gervais

 

Aussi appelé forficule (Forficula auricularia), cet insecte brun foncé, de forme allongée, est muni d’une sorte de pinces, appelées cerques, situées tout au bout de son long corps articulé (16 mm). Il peut être particulièrement abondant vers la fin de la saison dans certaines régions.

perce-oreille

Dégâts observables : Cet insecte se nourrit généralement d’autres insectes (dont le puceron lanigère), mais peut également affecter le fruit si celui-ci est déjà endommagé (parfois des taches de tavelure mangées par cet insecte sont observables). Il ne cause pas de dégâts aux fruits intacts, sauf à ceux du cultivar Golden Russet qui peut parfois être affecté.

 

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Fiche 91

Yvon Morin, Gérald Chouinard et Stéphanie Gervais

 

Le tétranyque rouge, le tétranyque à deux points et l’ériophyide sont les principaux acariens ravageurs des vergers. Depuis quelques années, un autre tétranyque qui ressemble au tétranyque à deux points, le tétranyque de McDaniel, est également présent dans plusieurs vergers. Par temps chaud, les acariens se multiplient rapidement et peuvent endommager sévèrement le feuillage des pommiers. Le stress causé par ces ravageurs peut réduire le rendement de plusieurs façons :

  • en réduisant le calibre des fruits;
  • en causant la chute prématurée des pommes;
  • en réduisant le nombre de bourgeons à fruits viables pour la prochaine récolte.

 

Dépistage

Même si ce n’est pas à ce moment que les symptômes de leur présence sont les plus frappants, c’est durant les mois de mai et de juin que les pommiers sont les plus sensibles aux infestations par les acariens. Comme les acariens peuvent avoir un impact économique important, en PFI, une bonne gestion passe obligatoirement par le dépistage des œufs et des formes mobiles. Cette technique consiste à l’observation d’un minimum de 25 feuilles par bloc (2 à 5 feuilles par arbre), en examinant à l’aide d’une loupe (10X ou 15X) la face inférieure des feuilles. Le tableau Dépistage par observation des fruits ou du feuillage de la fiche 65 présente les détails et les seuils d’intervention.

 

Première étape: intervention à l’huile supérieure

La première intervention sera le plus souvent une application d’huile supérieure contre les œufs d’hiver du tétranyque rouge (si le dépistage révèle des populations supérieures au seuil d’intervention). Si cette intervention n’est pas faite ou n’est pas efficace, il est alors possible d’appliquer un acaricide chimique tel que décrit ci-après.

Des interventions estivales pourront par la suite être effectuées, toujours en fonction du dépistage et des seuils d’intervention. Le nombre d’interventions acaricides requises variera énormément selon les situations : la saison, la qualité de l’application, le produit utilisé, la pluie, les espèces en cause, les populations de prédateurs, etc.

Protection des prédateurs

Les acariens prédateurs (décrits à la fiche 96) jouent un rôle important dans cette panoplie d’acteurs : si vous leur permettez de se développer dans un environnement favorable, ils pourraient vous permettre de vous passer d’acaricides pendant tout l’été! Il en résulte une économie d’argent, à court et à long terme. La conservation des prédateurs entraîne la réduction des pesticides pour la saison présente et pour les saisons subséquentes. Les pratiques suivantes permettent de les protéger :

  • Appliquer des insecticides et des acaricides seulement lorsque les seuils d’intervention sont atteints ou qu’il y a un historique important de dommages;
  • Réserver l’usage du carbaryl (SEVIN) pour éclaircir seulement les variétés qui ne peuvent être éclaircies autrement; n’utilisez jamais le SEVIN en été (ce n’est plus permis!);
  • Choisir les fongicides les moins toxiques pour eux;
  • Intervenir uniquement s’il est évident qu’ils ne contrôlent pas les populations d’acariens ravageurs;
  • Pendant l’été, éviter autant que possible d’utiliser des insecticides toxiques aux prédateurs d’acariens. Les insecticides qui détruisent plusieurs espèces de prédateurs sont à proscrire : une pyréthrinoïde de synthèse par exemple, appliquée l’été même à faible dose, entraîne à coup sûr une augmentation des acariens phytophages.
  • Si le seuil d’intervention est atteint malgré la présence de prédateurs, cela peut signifier qu’ils ne sont pas assez nombreux pour réaliser un contrôle biologique. Si un acaricide doit être appliqué, il vaut mieux choisir un produit qui n’est pas toxique pour les prédateurs présents.
  • Lorsque possible, il vaut mieux chercher à réduire la population des acariens plutôt que de les éliminer, pour laisser une source de nourriture à vos prédateurs. Pour ce faire, vous pouvez traiter localement, ou même traiter aux deux rangs dans le but de laisser des proies pour les prédateurs et soulager immédiatement les arbres.
  • Il vaut mieux cesser toute intervention chimique contre les acariens à partir de la fin août. Il est alors trop tard pour intervenir. De plus, une forte baisse des populations en automne pourrait forcer certains prédateurs à aller pondre ailleurs, et à vous priver de leur utilité l’année suivante.

 

Deuxième étape: lutte à l’aide d’acaricides

Plusieurs acaricides sont disponibles pour contrôler les tétranyques. L’important est de n’intervenir que lorsque le dépistage le justifie, et à l’exception de l’huile, de ne jamais utiliser le même produit deux fois consécutives, car la résistance aux acaricides se développe rapidement.

Traitement en début de saison

Les acaricides utilisables en début de saison (jusqu’à la nouaison) sont l’APOLLO et l’AGRI-MEK. Bien qu’encore homologué, APOLLO n’est malheureusement pas disponible sur le marché depuis plusieurs années.

L’AGRI-MEK est efficace sur les formes mobiles des tétranyques et de l’ériophyide et possède une excellente activité résiduelle. Appliqué entre les stades calice et nouaison en mélange avec de l’huile (concentration de 0,8 %), il permet habituellement un contrôle durant toute la saison. Si l’huile est utilisée en mélange, consultez les étiquettes des deux produits pour la gestion des risques de phytotoxicité et des précautions à prendre avec les fongicides à base de soufre, de captane et de folpet.

Des applications de ces deux produits peuvent aussi être recommandées même si le seuil n’est pas atteint, mais uniquement dans le but d’éviter l’utilisation répétée d’un même acaricide d’été (décrits ci-après).

Traitement en période estivale

Les acaricides à utiliser en période estivale sont les suivants : KANEMITE (acéquinocyl), NEXTER (pyridabène), ACRAMITE (bifénazate), NEALTA (cyflumetofen) et ENVIDOR (spirodiclofène). Ces acaricides ont des spectres d’activité différents, par exemple :

  • ACRAMITE est surtout efficace contre le tétranyque à deux points.
  • NEALTA est surtout efficace contre le tétranyque rouge.
  • NEXTER est efficace à la fois contre le tétranyque rouge et l’ériophyide.
  • ENVIDOR est plus efficace contre les œufs que les adultes.
  • KANEMITE a une efficacité à la fois contre les œufs et les formes mobiles de tétranyques, mais aucune efficacité contre l’ériophyide.

Pour vous permettre de choisir l’acaricide qui vous convient le mieux il est donc très important de vérifier la composition des acariens présents dans votre verger à l’aide d’un bon dépistage. Une fois ce travail fait, vérifiez les caractéristiques des différents acaricides présentés dans la fiche 47 pour faire le meilleur choix. Par exemple, dans le cas d’un problème important de tétranyque rouge en juillet et en l’absence d’acariens prédateurs, NEXTER pourrait être un bon choix, mais, s’il y a présence de nombreux tétranyques à deux points avec de l’ériophyide, ENVIDOR serait plus approprié.

Huiles d’été. Une autre approche est également possible, soit l’utilisation de l’huile d’été (par exemple l’huile minérale ultra raffinée ou l’huile de canola ) sur pommiers. La stratégie habituelle pour l’huile d’été consiste à l’ajouter à la bouillie chaque fois que le pulvérisateur est utilisé, si c’est nécessaire (une application tous les 10 à 14 jours est suffisante). Cette huile peut en effet s’appliquer durant toute la saison sauf durant la floraison. Par contre, comme c’est le cas de toutes les huiles, ces produits ne doivent pas être utilisés dans les 14 jours précédant ou suivant une application de captane ni dans les 30 jours précédant ou suivant une application de soufre. D’autres incompatibilités existent selon la formulation utilisée, il faut donc lire l’étiquette avant de faire son choix. La dose maximale homologuée est de 10 L/ha, sans dépasser une concentration de 1 %. En raison de ces contraintes, cette huile est malheureusement difficile à intégrer dans un programme de traitement, mais  lorsque c’est possible, cela représente néanmoins une approche très intéressante.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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Fiche 92

Yvon Morin et Gérald Chouinard

 

ATTENTION DOSES RÉDUITES : l’ARLA ne prend pas action contre ceux qui préconisent de telles pratiques, si elles n’entraînent pas de danger pour la santé ou la sécurité humaine ou pour l’environnement et qu’elles ne sont pas destinées à promouvoir la vente de produits antiparasitaires. Si toutefois l’utilisation de doses réduites ou adaptées devait entraîner des pertes pour les utilisateurs, les conseillers ou les organisations qui les recommandent pourraient être tenus responsables de leurs recommandations dans des actions civiles.

 

Voyez le tétranyque sur Youtube à https://www.youtube.com/watch?v=4kk7HjBtLkc
La capsule vidéo de 10 minutes dresse un portrait du ravageur, montre ses caractères distinctifs, identifie les conditions qui influencent son développement, et vous plonge dans l’action du dépistage et des méthodes d’intervention recommandées en production fruitière intégrée.

 

Description et comportement

Le tétranyque rouge du pommier (Panonychus ulmi) est un ravageur primaire en PFI. Il hiberne au stade d’œuf sur l’écorce des branches ou du tronc. Ces œufs sont rouges et sphériques. Ils mesurent en moyenne 0,13 mm et sont souvent regroupés sur les lambourdes et les rameaux.

Œufs de tétranyque rouge du pommier – photo F. Vanoosthuyse, IRDA

L’éclosion commence au stade du pré-bouton rose. Le tétranyque rouge du pommier passe par trois stades larvaires dont le plus jeune n’a que six pattes alors que les stades subséquents en ont huit. Les jeunes larves se déplacent vers les feuilles pour se nourrir. Sous des conditions climatiques normales à cette période, elles atteindront le stade adulte environ deux semaines plus tard, pendant la floraison. Les adultes ont l’apparence de minuscules araignées rouges carmin de 0,3-0,4 mm. Le mâle est un peu plus petit. Les femelles commencent à pondre sous les feuilles à partir du stade du calice. Les œufs prennent en moyenne de 6 à 14 jours avant d’éclore, alors que par temps chaud, ce temps peut être réduit de moitié. De six à huit générations ou plus peuvent se développer au cours de la saison, selon les conditions climatiques. Par temps chaud, la multiplication sera rapide et une génération pourra être complétée en dix jours.

Adulte de tétranyque rouge de la pomme – photo J. Moisan-De Serres, MAPAQ

À la période préflorale, le tétranyque rouge (Panonychus ulmi) est le seul acarien problématique. Il se multiplie rapidement et les populations peuvent être abondantes dès juin, dans les cas où des œufs sont présents au printemps et qu’un traitement n’a pas été effectué.

À partir de la 3e et la 4e génération (au milieu de l’été), les générations se chevauchent complètement et tous les stades (œufs, larves et adultes) sont présents en même temps. Le pic des populations survient vers la fin du mois de juillet et le début du mois d’août. Les œufs d’hiver sont pondus à partir de la fin août, principalement sur le bois mais aussi sur le calice des fruits et le feuillage. Les formes mobiles ne survivent pas à l’hiver.

Des photographies des différents stades de développement se retrouvent dans le Guide d’identification des ravageurs du pommier et de leurs ennemis naturels.

Cycle de vie du tétranyque rouge de la pomme – illustration J. Veilleux / IRDA

 

Dommages

Des populations importantes causent les dommages suivants (les astérisques identifient des situations extrêmes) :

  • feuillage moucheté et/ou décoloré (bronzage)
  • réduction du taux de nouaison*
  • réduction du nombre et de la qualité des bourgeons à fruit de l’année suivante*
  • retard de croissance
  • diminution du calibre des fruits
  • diminution de la coloration des pommes*
  • chute prématurée des pommes
  • chute hâtive des feuilles*

 

Estimation du risque

Il existe deux types de dépistage pour le tétranyque rouge :

  • Le dépistage sur lambourdes et rameaux permet d’estimer les populations d’œufs d’hiver et d’évaluer si une application d’huile est nécessaire en début de saison. Il doit être effectué au stade dormant ou dès le débourrement.
  • Le dépistage sur feuillage (œufs et formes mobiles) permet quant à lui d’estimer les populations et de vérifier si les prédateurs sont en nombre suffisant pour les contrôler. Il doit être effectué dès que des œufs ou des formes mobiles apparaissent en nombre suffisant sur le feuillage.

Le dépistage sur lambourdes doit être effectué avant le stade débourrement. Observer 30 bourgeons à fruits sur le bois de deux ans ou plus, à raison de deux bourgeons par arbre selon deux orientations opposées. Effectuer les observations à environ 1,5 m de hauteur à l’aide d’une loupe 10X. Concentrer les observations sur le côté ombragé des bourgeons. Porter une attention particulière aux cultivars tels Lobo, Délicieuse et Spartan, sur lesquels les populations ont tendance à se développer plus facilement. Classifier chaque bourgeon en fonction du nombre d’œufs sains de tétranyques rouges présents sur l’équivalent de 3 cm de bois autour du bourgeon, selon le tableau ci-après. Faire la moyenne des cotes obtenues pour les 30 bourgeons. Le seuil d’intervention provisoire est de 0,2.

Nombre d’œufs par bourgeons Cote
0 0
1 à 5 1
6 à 15 2
16 à 50 3
51 et plus 4

Le dépistage sur feuillage et les seuils d’intervention sont synthétisés au tableau Dépistage par observation visuelle des fruits ou du feuillage du présent guide (fiche 65).

 

Stratégie d’intervention
Prévention

Éviter une fertilisation azotée excessive : ne pas dépasser 50 unités d’azote à l’hectare.

Favoriser le développement de la faune auxiliaire en utilisant au minimum les pesticides les plus toxiques pour les prédateurs et les parasites, comme les pyrèthrinoïdes de synthèse et le carbaryl. Cependant, il faut noter que certains acariens prédateurs peuvent être actifs dans le verger, malgré l’utilisation de ces produits, s’ils ont acquis une résistance (ce qui n’est pas très rare).

Répression en début de saison (à l’huile)

Dans la quasi-totalité des cas, il est préférable de tuer les œufs avant leur éclosion plutôt que d’attendre et traiter les formes mobiles. Ceci est valable même si le prix de l’huile supérieure augmente à un rythme impressionnant. L’huile réprime très efficacement les œufs de tétranyque rouge, mais aussi d’autres ravageurs comme les cochenilles (cochenille de San José, cochenille ostréiforme et cochenille virgule) et le puceron rose. Si vous utilisez l’huile, vous ne les connaissez peut-être pas, mais ces insectes sont en recrudescence dans les vergers qui n’en reçoivent pas.

Pour être efficace, l’huile doit être appliquée avant ou pendant l’éclosion des œufs; typiquement, l’application est effectuée entre les stades débourrement avancé et pré-bouton rose.

Il faut noter toutefois que l’huile n’affectera pas les tétranyques à deux points et les ériophyides qui pourraient être présents dans le verger sous forme adulte au moment de l’application.

Les avantages à utiliser l’huile sont nombreux. Généralement, elle réduit suffisamment les populations du tétranyque rouge pour qu’elles demeurent sous les seuils jusqu’en juillet, moment où les prédateurs peuvent prendre le relais pour effectuer un contrôle biologique. Aussi, les tétranyques rouges acquièrent rapidement de la résistance aux acaricides chimiques. L’huile est également efficace contre les cochenilles si elle est appliquée au débourrement, en plus d’être un produit privilégié en PFI, qui ne pose pas de problèmes de résistance.

Moment du traitement

Les applications doivent être faites seulement lorsque le vent est faible et la température assez élevée pour permettre à l’huile de bien couvrir le bois du pommier (idéalement, 18 °C ou plus).

Comme l’huile agit par suffocation sur les œufs, c’est-à-dire qu’elle les empêche de respirer, les points suivants sont à surveiller :

  • L’effet du traitement est maximal lorsque les œufs respirent activement. De façon générale, plus la température est élevée, plus les œufs respirent. Cependant, la période qui précède l’éclosion est celle où le besoin en oxygène est le plus important. Elle correspond environ au stade du pré-bouton rose pour le cultivar McIntosh.
  • L’huile doit recouvrir entièrement les œufs pour les tuer. Il est très important de circuler à basse vitesse pour bien couvrir les arbres. Ainsi, pour les pommiers standards, la vitesse du pulvérisateur ne dépassera pas 3 km/h et la quantité de bouillie pulvérisée sera d’au moins 1000 L/ha. Dans le cas des pommiers nains et semi-nains, la vitesse atteindra au maximum 3-5 km/h et la quantité de bouillie peut être abaissée en conséquence.
  • Si le temps le permet, l’application peut être réalisée en deux passages à demi-dose, faits en sens contraire, assurant ainsi une meilleure couverture et une efficacité supérieure. Par exemple, les rangs qui ont été faits en remontant le verger seront refaits en descendant le verger. Si vous n’avez pas de contrainte de temps, la rentabilité de cette pratique est reconnue.

Précautions à prendre
Les conditions printanières n’étant pas souvent favorables à l’application d’huile, il est important de la faire dès qu’elles se présentent, même si le stade du pré-bouton rose n’est pas atteint. Inversement, n’intervenez pas dans de mauvaises conditions : c’est du temps et de l’argent mal investis.

Toute période de gel survenant moins de 48 heures après un traitement à l’huile peut causer des dommages à l’écorce, et par la suite, de la phytotoxicité sur les cultivars sensibles à l’huile, comme Empire et Délicieuse.

Il est important de ne pas appliquer du CAPTAN, MAESTRO ou autre fongicide à base de captane dans un délai d’une dizaine de jours précédent et suivant une application d’huile.

Quelques conseils supplémentaires

  • Si les conditions favorables ne se présentent pas avant le stade pré-bouton rose, le traitement à l’huile peut quand même être appliqué par la suite si les températures sont supérieures à 10 °C. Cependant, pour éviter les risques de phytotoxicité, il est nécessaire de ne pas dépasser la moitié de la dose au pré-bouton rose (3 % ou 30 L/ha) et le quart de la dose au bouton rose (2 % ou 15-20 L/ha). L’application à dose réduite perdra par contre son efficacité contre les cochenilles.
  • Si l’éclosion des œufs du tétranyque rouge est observée au moment même où les conditions météo idéales se présentent, l’huile peut également être appliquée avec grand succès contre les très jeunes stades du tétranyque rouge. La température doit toutefois rester élevée durant quelques jours après l’application et il ne doit pas y avoir de pluie pendant cette période.
  • Si vous avez subi du déclassement de fruits par la cochenille l’an passé, une intervention à l’huile est recommandée même si le seuil du tétranyque rouge n’est pas atteint. Dans ce cas toutefois, il est souhaitable d’utiliser la pleine dose d’huile et de l’appliquer avant l’atteinte du stade débourrement avancé. L’huile doit être appliquée assez tôt pour éviter la phytotoxicité, et aussi car le bouclier des cochenilles est moins épais à la sortie de l’hiver. Par la suite, une couche de cire se forme sur leur bouclier et s’épaissit rapidement à partir du débourrement.
Répression en été

Consultez la Stratégie globale de lutte aux acariens (fiche 91).

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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