Fiche 69

Yvon Morin, Gérald Chouinard et Stéphanie Gervais

 

En gestion intégrée, l’objectif est de ne traiter que lorsque nécessaire. Cette approche permet de réduire l’impact négatif des pesticides sur l’environnement (ce qui vous inclut ne l’oubliez pas!) tout en préservant les insectes et acariens utiles. Votre stratégie globale de lutte aux insectes et acariens devra s’appuyer sur les trois principes suivants :

  • Bien identifier les principaux ravageurs de votre verger en utilisant vos données de dépistage, votre historique de dommages à la récolte et vos registres d’utilisation de pesticides.
  • Établir une stratégie de lutte pour ces ravageurs identifiés, basée sur les recommandations du présent guide.
  • Dans la mesure du possible, ne pas effectuer plus d’une application par saison d’insecticides avec le même mode d’action sur deux générations successives d’un même ravageur. Ceci dans le but de réduire les risques que ces ravageurs développent de la résistance aux produits utilisés. Cette précaution est particulièrement importante dans le cas des acariens et des lépidoptères, tels que la tordeuse à bandes obliques et le carpocapse, qui sont beaucoup plus à risque de développer de la résistance que la mouche de la pomme ou le charançon de la prune.

 

En période préflorale

Plusieurs ravageurs sont présents à cette période : la punaise terne, la mineuse marbrée, l’hoplocampe, la noctuelle du fruit vert, les cochenilles (virgule et ostréiforme), les pucerons (vert, rose, lanigère), ainsi que plusieurs autres espèces de punaises et de tordeuses.

Malgré que cette liste puisse impressionner, l’utilisation d’un insecticide préfloral est malgré tout beaucoup moins nécessaire aujourd’hui que par le passé, les outils actuels de lutte permettant de contrôler après la floraison la plupart des ravageurs mentionnés ci-haut. Par exemple :

  • La tordeuse à bandes obliques, la noctuelle du fruit vert, la mineuse marbrée et les autres chenilles peuvent être efficacement réprimées au stade calice ou nouaison avec des produits comme SUCCESS ou DELEGATE.
  • L’hoplocampe et la mineuse marbrée peuvent également être contrôlés par des applications postflorales de CALYPSO effectuées contre des ravageurs comme le charançon de la prune, la punaise de la molène et la cicadelle blanche du pommier.

Le seul ravageur d’importance qu’un traitement insecticide postfloral ne peut contrôler, et donc à cibler en période préflorale, est la punaise terne.

 

Omission du traitement préfloral

Il arrive fréquemment qu’aucun traitement insecticide préfloral ne soit nécessaire. L’une des deux conditions suivantes doit être satisfaite pour justifier l’omission de cette intervention.

Première condition (tous ces critères doivent être vériiés) :
  • La population de punaise terne est sous le seuil d’intervention.
  • Les populations de la mineuse marbrée et de l’hoplocampe sont inférieures aux seuils d’intervention ou, seront contrôlées par un traitement insecticide postfloral.
  • L’hoplocampe ne doit pas avoir causé de dommages importants la saison précédente, sauf si ces dommages résultent de l’absence du traitement insecticide au stade calice (voir la fiche 71).
  • Les populations de ravageurs occasionnels (noctuelle du fruit vert, puceron rose, punaise de la pomme, etc.) sont peu importantes ou seront contrôlées par le traitement postfloral.
Seconde condition (météo défavorable) :
  • Il n’y a pas de belles conditions climatiques pendant toute cette période et les températures ne sont pas suffisamment élevées pour favoriser l’activité du ravageur. Le traitement n’est alors probablement pas nécessaire, ces conditions défavorisant aussi l’activité des ravageurs. Cependant, il vaut quand même mieux suivre leur activité afin d’intervenir rapidement si les conditions climatiques s’améliorent.

L’omission du traitement préfloral a des avantages évidents (+), mais comporte aussi des risques (-) :

  • Une économie en temps et en coût est reliée aux applications d’insecticides. (+)
  • Une conservation des prédateurs particulièrement sensibles aux pyréthrinoïdes (ou autres insecticides utilisés) peut améliorer le contrôle naturel des tétranyques. (+)
  • Une bonne conservation des insectes pollinisateurs. (+)
  • Un risque d’activité et de dommages de punaise terne pendant la floraison si les conditions n’ont pas été propices plus tôt ou, s’il n’y a pas d’autres sources de nourriture. (-)
  • À la période postflorale, les populations du charançon de la prune, de l’hoplocampe et de la tordeuse à bandes obliques risquent d’être plus importantes, et la surveillance devra être plus serrée. (-)

 

En période postflorale

La période postflorale comprend deux stades de développement du pommier, soit le calice et la nouaison. Cependant, puisque la floraison débute plus tôt chez certains cultivars (Ginger Gold, Jersey Mac, etc.) et plus tard pour d’autres (Spartan, Gala, etc.), il est possible d’observer des bourgeons au stade de floraison, calice et nouaison en même temps dans le verger.

À la période postflorale, plusieurs ravageurs sont à un stade de développement sensible aux insecticides et n’ont pas encore commencé à endommager les fruits. Un traitement insecticide à ce stade :

Afin de ne pas atteindre les abeilles, les ruches doivent être retirées du verger avant de traiter.

À la période postflorale, l’intention est de traiter une seule fois. Comment y parvenir?
  • En général, un traitement au stade calice permet d’atteindre simultanément l’hoplocampe des pommes, le charançon de la prune et la tordeuse à bandes obliques. Les larves de mineuse marbrée pourront aussi être ciblées si les adultes de la première génération n’ont pas été contrôlés en période préflorale.
  • Le choix du produit à utiliser est crucial. Le tableau d’efficacité des insecticides contre les ravageurs (fiche 47) est conçu pour vous aider à faire un choix éclairé.
  • Pour limiter le nombre de passages et réussir l’intervention postflorale, il est parfois nécessaire d’utiliser un mélange d’insecticides. Ainsi, avec un problème de tordeuse à bandes obliques et d’hoplocampe, l’application au stade calice d’un mélange de spinosad (SUCCESS) ou de spinétoram (DELEGATE) avec un organophosphoré (IMIDAN) est possible.

 

Période estivale

La stratégie en période estivale est déterminée d’abord et avant tout par les interventions requises pour protéger le fruit des attaques du carpocapse et de la mouche de la pomme.

La lutte au carpocapse requiert habituellement deux à trois interventions, soit dans l’ordre :

  • un ovicide (RIMON, INTREPID) ou un larvicide (CALYPSO, ASSAIL);
  • un ovicide-larvicide (ALTACOR);
  • un organophosphoré (IMIDAN), s’il y a un problème de mouche de la pomme, ou une spinosyne (DELEGATE) si la mouche n’est pas problématique.

Cette stratégie générale ne s’applique pas dans toutes les situations et elle peut changer en fonction de la venue de nouvelles matières actives ou en fonction de nouvelles découvertes sur le contrôle de ce ravageur. C’est pourquoi il est très important de se tenir à jour par le biais des avertissements phytosanitaires, des conseils professionnels, etc. Pour de plus amples informations, veuillez consulter la fiche 9.

La lutte à la mouche de la pomme doit être entièrement basée sur le dépistage : le nombre d’interventions requises varie habituellement de zéro à trois par saison.

 

Programme de traitement minimal pour un verger typique

À titre d’exemple seulement, voici ce que pourrait minimalement constituer un programme de protection contre les insectes ravageurs dans un verger représentatif des conditions moyennes rencontrées au Québec (sans problème particulier de résistance, de proximité avec des vergers mal entretenus, et gérés selon les principes de la PFI).

Traitement préfloral : aucun, sauf si la punaise terne excède le seuil maximal de 10 % (au stade pré-bouton rose et bouton rose seulement). À ce moment :

  • néonicotinoïde (au choix).

Traitement postfloral : de deux à trois traitements ciblant prioritairement le charançon, l’hoplocampe et le carpocapse, soit :

  • néonicotinoïde (CALYPSO) ou organophosphoré (IMIDAN), en mélange avec DELEGATE ou RIMON si la tordeuse à bandes obliques est aussi à contrôler.
  • DELEGATE, RIMON, ALTACOR ou INTREPID pour contrer spécifiquement le carpocapse, en une ou deux applications d’un seul produit, en rotation.

Traitement estival : un programme traitement contre la mouche de la pomme si le dépistage est positif :

  • organophosphoré (IMIDAN).

Bien sûr, ce programme ne peut aucunement être utilisé comme tel dans votre verger sans autre forme de suivi. Consultez les différentes fiches du présent guide pour développer votre propre programme.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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Fiche 70

Yvon Morin et Gérald Chouinard

 

Voyez la punaise sur Youtube à https://www.youtube.com/watch?v=GI1ocRtkjKA
La capsule vidéo de 6 minutes dresse un portrait du ravageur, montre ses caractères distinctifs, identifie les conditions qui influencent son développement, et vous plonge dans l’action du dépistage et des méthodes d’intervention recommandées en production fruitière intégrée.
Description et comportement

La punaise terne (Lygus lineolaris) est un ravageur primaire en PFI. C’est un insecte brun, de 6 mm de longueur, au vol relativement rapide et facile à observer. Dès le débourrement, elle se trouve sur les jeunes bourgeons, dont elle extrait la sève. Elle est particulièrement active par temps chaud et calme. Des photographies de l’adulte et des dommages sont présentées dans le Guide d’identification des ravageurs du pommier et de leurs ennemis naturels.

Adulte de punaise terne – photo J. Moisan-De Serres, MAPAQ

Elle hiberne sous forme d’adulte sous la litière des feuilles en bordure du verger, dans les boisés ou sous la paille dans les champs de fraises.

La punaise terne se nourrit sur plusieurs espèces de plantes, par contre, à l’ouverture des bourgeons du pommier, elle s’en alimente presqu’exclusivement. Sa période d’activité sur pommier s’étend jusqu’au stade du calice. À partir de ce moment, elle se déplace sur d’autres sources de nourriture plus attrayantes, et pond ses œufs sur les mauvaises herbes ou sur d’autres plantes cultivées comme le fraisier. Son pic d’activité sur pommier se situe généralement entre les stades débourrement et bouton rose.

Œuf de punaise terne – photo J. Moisan-De Serres, MAPAQ

La larve, de couleur vert jaunâtre, a cinq points noirs sur le dos à partir du troisième stade larvaire. Les larves et les adultes des deux générations subséquentes ne se nourrissent pas sur les pommiers.

Larve de punaise terne – photo J. Moisan-De Serres, MAPAQ

Cycle de vie de la punaise terne – illustration J. Veilleux / IRDA

 

Dommages

La piqûre de nutrition de l’insecte sur le bourgeon en croissance provoque l’apparition d’une goutte de sève appelée exsudat. Cette goutte est transparente si le dommage est frais et brunit lorsqu’il est plus vieux. Cette prise de nourriture cause deux types de dommages, selon le stade de développement du pommier.

Les piqûres faites entre les stades de débourrement et de pré-bouton rose entraînent majoritairement l’avortement en partie ou en totalité des boutons floraux, qui s’apparente à un « éclaircissage naturel ». Dans le cas des piqûres faites à partir du stade bouton rose, elles provoquent soit la chute du bouton, soit l’apparition sur le fruit d’une dépression en forme d’entonnoir, parfois accompagnée de cicatrices liégeuses pouvant déclasser le fruit.

Dommage de nutrition sur pommette – photo IRDA

dégât de punaise terne

Dommage de nutrition sur pomme à la récolte

 

Estimation du risque

La méthode de dépistage de ce ravageur est décrite au tableau-synthèse Dépistage par pièges visuels de la fiche 65.

Pour estimer le risque que représente ce ravageur, il faut tenir compte de l’historique de la parcelle, du niveau de population, des variétés présentes, des conditions climatiques, et du type de mise en marché.

  • Historique de la parcelle : Si cette parcelle est régulièrement affectée par ce ravageur (plus de 2 % de dommage sur fruit à la récolte) en l’absence de traitement, une intervention peut être envisagée (utiliser les seuils mentionnés à la grille Dépistage par observation des fruits ou du feuillage de la fiche 65).
  • Niveau de population : Le dépistage se fait à l’aide de cartons blanc englués, utilisé conjointement avec l’observation des adultes et des dégâts, permettant d’avoir une bonne idée de l’état de la population.
  • Variétés susceptibles (dommage sur fruits) : Les variétés Cortland et Paulared sont généralement plus affectées, suivi par Spartan et Gala.
  • Conditions climatiques : Les conditions favorables à un traitement (peu ou pas de vent, température au-dessus de 15 °C, pas de pluie) sont généralement favorables à l’activité de la punaise. Des dégâts plus importants que prévu peuvent survenir si ces conditions sont présentes seulement durant la floraison.
  • Mise en marché : La punaise terne n’affecte pas suffisamment la productivité d’une parcelle pour justifier d’intervenir dans un verger qui ne produit que de la pomme de transformation.

Les pommiers situés près des boisés et autres sites d’hibernation ainsi que les pommiers nains sont également plus exposés aux attaques de la punaise terne.

 

Stratégie d’intervention
Répression

L’intervention à l’aide d’insecticide la plus efficace pour réprimer la punaise terne se situe généralement entre le stade du débourrement avancé et le pré-bouton rose. Les pyréthrinoïdes de synthèse et certains néonicotinoïdes (ex. :  RIPCORD, POUNCE, DECIS, UP-CYDE, MATADOR) sont les insecticides les plus efficaces pour contrôler ce ravageur. Contrairement à d’autres types d’insecticides, les pyréthrinoïdes fonctionnent mieux à une température qui ne dépasse pas 25 °C. Un traitement localisé sur les rangs avoisinant les boisés ou sur les variétés les plus sensibles peut être suffisant.

Même si les pyréthrinoïdes sont les insecticides les plus efficaces contre la punaise terne et les adultes de mineuse marbrée, ils sont malheureusement aussi les plus toxiques aux insectes et acariens utiles. C’est pourquoi en PFI ils ne doivent jamais être utilisés plus d’une fois par saison et jamais après la floraison.

Ces insecticides agissent par contact, c’est-à-dire qu’ils tuent les insectes lorsqu’une gouttelette de bouillie les touche. Ils sont aussi résiduels, alors les insectes qui ne sont pas dans le verger lors de l’application peuvent quand même être atteints par les résidus sur les feuilles. Cependant, s’il pleut ou s’il fait froid pendant ou après le traitement, cette activité résiduelle sera réduite. En fait, le produit est moins efficace car l’insecte ne se trouve pas sur le pommier dans ces conditions.

Moment du traitement

Puisque la période préflorale peut s’étaler sur plus d’un mois, les avantages du traitement vont différer en fonction du moment précis choisi pour l’intervention :

Si le traitement est appliqué tôt, au stade pré-bouton rose ou avant :

  • Il aura une meilleure efficacité contre la punaise terne.
  • Il pourra être combiné avec l’application d’huile supérieure nécessaire contre le tétranyque rouge.
  • Étant donné qu’il y a moins de feuillage, il y a moins de résidus toxiques de pyréthrinoïdes de synthèse sur le feuillage présent en été. Cela permet de conserver une plus grande population de prédateurs des tétranyques.
  • Le traitement aura un impact négatif plus faible sur les insectes pollinisateurs naturels du verger.

Si le traitement est appliqué plus tard, au bouton rose ou au bouton rose avancé :

  • Il aura une meilleure efficacité contre la plupart des ravageurs préfloraux mis à part la punaise terne : mineuse marbrée, hoplocampe, noctuelle du fruit vert et tordeuse à bandes obliques.
  • Il aura une efficacité non négligeable contre certains ravageurs postfloraux, comme le charançon de la prune.
  • Il pourra être combiné avec l’application d’urée et/ou bore nécessaire avant la floraison pour aider au développement des fleurs ainsi qu’à la nouaison des fruits.
  • Il pourra être combiné avec un des traitements fongicides nécessaires contre la tavelure du pommier.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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Fiche 71

Yvon Morin et Gérald Chouinard

 

Cet ennemi du pommier est réglementé en vertu de la Loi sur la protection sanitaire des cultures (Fiche 15) et les mesures nécessaires doivent être prises pour éviter la propagation aux cultures avoisinantes.

 

Voyez l’hoplocampe sur Youtube à https://www.youtube.com/watch?v=ZRkutDXUkPo
La capsule vidéo de 6 minutes dresse un portrait du ravageur, montre ses caractères distinctifs, identifie les conditions qui influencent son développement, et vous plonge dans l’action du dépistage et des méthodes d’intervention recommandées en production fruitière intégrée.
Description et comportement

L’hoplocampe (Hoplocampa testudinea) est un ravageur secondaire en PFI. Cet insecte, apparenté aux abeilles et aux guêpes, possède un corps noir, mais la face ventrale de son abdomen ainsi que ses pattes sont jaune orange. Sa tête est jaunâtre avec un point noir et ses quatre ailes sont transparentes.

hoplocampe de la pomme (adulte)

Adulte d’hoplocampe des pommes

L’insecte hiberne dans le sol sous forme de nymphe. Les premiers adultes apparaissent un peu avant le stade du bouton rose et la population atteint son pic à la floraison. Les œufs blancs et brillants sont insérés individuellement à la base du réceptacle des fleurs et éclosent au stade calice, en moyenne 10 à 12 jours après la ponte. La larve, de couleur jaunâtre avec une tête brun foncé, possède trois paires de pattes à l’avant du corps et sept paires de fausses pattes sur l’abdomen, ce qui la distingue des principales autres larves pouvant être retrouvées dans le fruit. Elle se nourrit du fruit pendant quelques semaines pour ensuite former une pupe dans le sol, d’où les adultes ressortiront au printemps suivant.

Des photographies de l’adulte, de la larve et des dommages sont présentées dans le Guide d’identification des ravageurs du pommier et de leurs ennemis naturels.

Larve d’hoplocampe des pommes – photo J. Moisan-De Serres, MAPAQ

Cycle de vie de l’hoplocampe des pommes – illustration J. Veilleux / IRDA

 

Dommages

Les femelles volent d’une fleur à l’autre pour se nourrir et pondre leurs œufs, qu’elles insèrent à la base du réceptacle. Elles provoquent ainsi la légère dépression qui apparaît près du calice du fruit. Ce dommage ne déclasse toutefois que rarement le fruit.

dégât d'hoplocampe de la pomme

Dommage de ponte d’hoplocampe des pommes

Les larves provoquent toutefois des dommages caractéristiques et facilement identifiables, appelés dommage primaire et dommage secondaire.

Dommage primaire

Le dommage primaire apparaît lorsque les larves nouvellement sorties de l’œuf mangent le dessous de la pelure, provoquant une cicatrice brune qui ressemble à un ruban liégeux. Ce ruban part près du calice du fruit et tourne autour du fruit. Les pommes qui ne portent qu’un dégât primaire restent le plus souvent dans l’arbre jusqu’à la récolte.

dégât d'hoplocampe de la pomme

Dommage primaire de larve d’hoplocampe des pommes

Dommage secondaire

Après avoir mangé le dessous de la pelure, la larve pénètre le fruit en creusant un tunnel pouvant atteindre 3 mm de diamètre. De ce tunnel s’écoulent des déjections et un liquide brun rouille qui dégage une odeur forte. La larve peut occasionnellement se déplacer sur une pomme voisine et y creuser un autre tunnel : il y aura alors seulement un trou avec des excréments et du liquide. Tous les fruits qui portent un dégât secondaire d’hoplocampe tombent avant la récolte.

Dommage secondaire de larve d’hoplocampe des pommes
photo J. Moisan-De Serres, MAPAQ

Ces dommages secondaires ressemblent à ceux du carpocapse. Cependant, les pommes attaquées par le carpocapse sont plus grosses, puisque le dommage se fait en juillet plutôt qu’en juin, comme c’est le cas pour l’hoplocampe.

 

Estimation du risque

La méthode de dépistage de ce ravageur est décrite au tableau-synthèse Dépistage par pièges visuels de la fiche 65.

 

Stratégie d’intervention
Répression

Pour contrôler des populations élevées de ce ravageur, un traitement est réalisé au stade calice. Cependant, il arrive souvent que les populations soient faibles et ne nécessitent pas d’intervention à ce stade.

Il est fréquent que le seuil d’intervention soit atteint pendant la floraison, alors que les interventions insecticides contre cet insecte sont interdites. Il faut à ce moment viser les larves, et chercher à les atteindre avant qu’elles ne commencent à manger la pelure des pommes, c’est-à-dire dès leur sortie des œufs. Pour un maximum d’efficacité, le traitement doit donc être réalisé au stade calice, dès que 90 % des pétales sont tombés.

Cependant, il peut arriver que l’hoplocampe émerge plus rapidement ou encore que la population soit tellement élevée que le traitement du calice soit insuffisant (historique de dommages récurrent). Dans ces cas, un traitement insecticide au bouton rose avancé avec une pyréthrinoïde de synthèse peut être justifié pour baisser la population d’adultes. Malheureusement, cette application va également affecter gravement les insectes pollinisateurs naturels.

Les insecticides les plus efficaces pour contrôler ce ravageur au stade du calice sont les organophosphorés et le CALYPSO. Aucun organophosphoré n’est actuellement homologué contre l’hoplocampe, mais les applications effectuées tôt au calice contre le charançon de la prune seront aussi efficaces contre l’hoplocampe. Puisqu’il est nécessaire de rejoindre les œufs pour un traitement efficace, il faut s’assurer de faire une application adéquate, c’est-à-dire appliquer le bon produit, à la bonne dose et pendant la période d’éclosion des œufs.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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Fiche 72

Yvon Morin, Gérald Chouinard et Daniel Cormier

 

Cet ennemi du pommier est réglementé en vertu de la Loi sur la protection sanitaire des cultures (Fiche 15) et les mesures nécessaires doivent être prises pour éviter la propagation aux cultures avoisinantes.

 

Voyez le charançon sur Youtube à https://www.youtube.com/watch?v=PUzZJXeNmEQ
La capsule vidéo de 6 minutes dresse un portrait du ravageur, montre ses caractères distinctifs, identifie les conditions qui influencent son développement, et vous plonge dans l’action du dépistage et des méthodes d’intervention recommandées en production fruitière intégrée.
Description et comportement

Le charançon de la prune (Conotrachelus nenuphar) est un ravageur primaire en PFI, présent dans la grande majorité des vergers du Québec (pommes, poires et prunes). L’adulte mesure 5 mm de longueur. Il est de couleur noire, brune ou grisâtre avec un dos (élytres) bossu et rugueux, et un bec (rostre) recourbé qui mesure le tiers de sa longueur. Puisqu’il est actif surtout en soirée et durant la nuit, il est rarement visible lors des dépistages.

Les adultes hibernent principalement dans la litière des boisés et des forêts d’arbres feuillus qui avoisinent les vergers, ou sous des amas de branches ou des bâtiments. La plupart de ceux qui restent dans le verger pendant l’hiver ne survivent pas, sauf si le temps reste doux et/ou que la neige est abondante tout l’hiver.

Adulte du charançon de la prune – photo J. Moisan-De Serres, MAPAQ

À la faveur de journées chaudes et calmes du printemps, les charançons se déplacent vers le verger. L’accouplement débute habituellement durant la floraison, et la ponte dès la nouaison des fruits. Une seule femelle peut pondre jusqu’à 200 œufs en quelques semaines. Les œufs sont pondus individuellement sous la pelure des jeunes fruits et l’éclosion survient de 3 à 12 jours après la ponte. La larve pénètre la pomme et s’en nourrit pendant 2 à 3 semaines. De couleur blanc-jaune avec une petite tête brune, elle atteint une longueur de 5 à 7 mm. Elle se dirige ensuite vers le sol pour se transformer en nymphe.

Œuf de charançon de la prune (la pelure a été abaissée afin de le rendre visible)
photo IRDA

Larve du charançon de la prune – photo J. Moisan-De Serres, MAPAQ

Nymphe du charançon de la prune – photo IRDA

Au début du mois d’août, les nouveaux adultes commencent à émerger et à se nourrir de pommes. Ces adultes sont toutefois incapables de se reproduire et de pondre des œufs avant d’avoir complété leur développement, pendant l’hiver. Il n’y a donc qu’une seule génération par année.

Des photographies des différents stades de développement et des dommages que cause le charançon se trouvent dans le Guide d’identification des ravageurs du pommier et de leurs ennemis naturels.

Cycle de vie du charançon de la prune – illustration J. Veilleux / IRDA

 

Dommages

Il existe trois types de dommages sur les fruits : le dommage de ponte, le dommage de nutrition des larves et le dommage de nutrition des adultes.

Dommage de ponte

Ce dommage apparaît lorsque la femelle insère son œuf sous la pelure de la pomme et qu’elle mange ensuite la pelure autour de l’œuf. Cette opération forme une cicatrice caractéristique en forme de croissant de lune, qui permet à l’œuf de ne pas être écrasé lorsque le fruit grossit.

Dommage de ponte du charançon de la prune en forme de croissant de lune
photo F. Vanoosthuyse, IRDA

 

Dommage de ponte du charançon de la prune cicatrisé – photo F. Pelletier, IRDA

Dommage de nutrition des larves

Les larves qui éclosent des œufs se nourrissent de la chair du fruit, ce qui provoque habituellement sa chute avant la récolte.

Pour plusieurs raisons (défense physiologique, insecticides), une grande quantité d’œufs et de larves vont toutefois mourir avant de compléter leur développement, et des pommes avec des dommages de ponte resteront dans l’arbre jusqu’à la récolte.

Dommage de nutrition des adultes

Ces dommages de forme circulaire sont causés par les adultes qui se nourrissent des fruits en enfonçant leur rostre dans la chair. Les adultes qui émergent au mois d’août font seulement ce type de dommage (principalement près de la queue de la pomme), tandis que les adultes du printemps font surtout des dommages de ponte.

 

Estimation du risque

La méthode de dépistage de ce ravageur est décrite au tableau-synthèse Dépistage par observation visuelle des fruits ou du feuillage de la fiche 65.

Le potentiel de dommage de cet insecte est très élevé et son dépistage reste encore laborieux. Pour ces raisons, un traitement préventif postfloral à effet résiduel est souvent recommandé comme principal moyen de lutte, mais des traitements de bordure (rangées périphériques) sont aussi recommandables selon la pression de la population et l’historique de dommages.

 

stratégie d’intervention
Prévention

Éviter l’implantation de nouveaux vergers trop près de boisés de feuillus qui augmentent la survie du charançon à l’hiver. Placer les cultivars les plus attrayants pour le charançon (comme les cultivars d’été) dans les rangées de bordure. Ces arbres serviront d’indicateur de la présence de l’insecte.

Créer une bordure défavorable à la survie du charançon durant l’hiver en plantant autour du verger une ceinture d’arbres de type résineux.

Éliminer les foyers d’infestation à proximité du verger (moins de 200 m), particulièrement les pommiers, les pommettiers, les cerisiers, sauvages ou abandonnés et tous les arbres de la famille des rosacées.

Ramasser les fruits affectés.

Répression

Si une intervention contre le charançon est nécessaire, le choix de la stratégie à utiliser (traitement complet ou traitement de bordure) dépendra de la situation.

Un traitement complet est requis dès qu’une des situations suivantes est rencontrée :

  • le verger possède un historique de dommages importants du charançon;
  • le verger a subi des dommages de charançon l’année précédente;
  • le verger est adjacent à un verger à risque;
  • les captures d’hoplocampes (ou d’un autre insecte) dépassent le seuil d’intervention;
  • le verger n’a pas reçu de traitement insecticide préfloral.

Un traitement de bordure est recommandé dans les autres cas. Le traitement en bordure permet l’établissement des insectes et acariens utiles au centre du verger tout en réduisant les coûts reliés à l’achat de pesticides. Il doit être appliqué dans les 20 à 30 mètres ceinturant le verger, soit 3 rangs de pommiers standards ou 5 rangs de pommiers nains ou semi-nains. Il doit également inclure les cultivars hâtifs.

Le traitement de bordure est efficace et rentable pour des blocs de grandes surfaces. Il est aussi plus efficace lorsque quelques journées consécutives de temps très chaud ont été rencontrées avant ou pendant la floraison. Il est cependant moins efficace si le verger est de forme irrégulière, étroit ou s’il y a une forte proportion de cultivars hâtifs, de petits pommiers ou un historique de dommages au centre du verger.

Cette pratique donne de bons résultats et peut être utilisée à condition que le verger soit inspecté de façon régulière (2 à 3 fois par semaine) à partir du stade calice et durant le mois de juin. Elle peut occasionner une augmentation de la population l’année suivante. Tous les deux ou trois ans, il est préférable de traiter l’ensemble du verger, selon l’historique des dommages.

Moment du traitement

Si l’ensemble du verger est traité, le traitement doit avoir lieu entre les stades calice et nouaison. Le traitement en bordure doit avoir lieu au stade calice, avant que le charançon pénètre à l’intérieur du verger.

Le traitement doit être fait lors d’une soirée chaude, humide et sans vent, entre 18 h et minuit. C’est à ce moment que le charançon s’active dans les pommiers. À cette période de l’année, le charançon se tient généralement immobile au sol durant le jour.

Les insecticides recommandés sont les mêmes que ceux qui sont utilisés pour lutter contre les populations de l’hoplocampe, soit le phosmet (IMIDAN) et le thiaclopride (CALYPSO). Ces produits sont moins résiduels, mais moins toxiques pour les insectes et les acariens utiles, que les autres produits homologués contre le charançon (fiche 46).

Il est important de souligner que le carbaryl (SEVIN) utilisé pour l’éclaircissage est peu efficace pour le charançon, même à dose élevée.

Lorsque les interventions de la période postflorale ne sont pas efficaces, des dommages peuvent être causés par la nouvelle génération d’adultes en août. Toutefois, les traitements appliqués pour lutter contre d’autres ravageurs comme la mouche de la pomme seront efficaces si le charançon est présent. Voir la fiche 77.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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Fiche 73

Yvon Morin et Gérald Chouinard

 

Voyez la mineuse sur Youtube à https://www.youtube.com/watch?v=z01ETEHaIjI
La capsule vidéo de 6 minutes dresse un portrait du ravageur, montre ses caractères distinctifs, identifie les conditions qui influencent son développement, et vous plonge dans l’action du dépistage et des méthodes d’intervention recommandées en production fruitière intégrée.
Description et comportement

La mineuse marbrée (Phyllonorycter blancardella) est un ravageur secondaire en PFI. Elle hiberne dans les feuilles tombées à l’automne au stade nymphale à l’intérieur de la mine dans laquelle elle s’est nourrie au stade larvaire. Elle en émerge au stade du débourrement avancé, sous forme d’un petit papillon (4-5 mm), orné de rayures blanches et dorées.

Adulte de la mineuse marbrée – photo J. Moisan-De Serres, MAPAQ

Il y a trois générations de mineuses marbrées par an. Au stade pré-bouton rose, la femelle de la première génération pond ses œufs un à un sous les jeunes feuilles du bouquet floral. Elle est particulièrement active lors des soirées chaudes et calmes. Les œufs sont translucides et visibles à l’aide d’une loupe de grossissement 10X. L’éclosion survient de 9 à 14 jours plus tard et la chenille s’enfouit alors entre les deux épidermes de la feuille. La larve mesurant 1 à 4 mm est aplatie et de couleur blanc crème à jaunâtre. Ce sont ces larves qui causent les dommages en se nourrissant de la sève et des tissus à l’intérieur des feuilles. Vers la fin du mois de juin, elles se transforment en nymphe à l’intérieur de la feuille et l’émergence des adultes se produit 8 à 12 jours plus tard. La nymphe est brun foncé et mesure 7 mm de longueur.

Larve de mineuse marbrée
photo J. Moisan-De Serres, MAPAQ

La deuxième génération de chenille apparaît en juillet et la troisième, principalement de la mi-août à la mi-septembre.

Cycle de vie de la mineuse marbrée – illustration J. Veilleux / IRDA

 

Dommages

La mine est d’abord visible seulement sur la face inférieure de la feuille : il est possible d’y apercevoir une tache vert pâle qui trahit la présence d’air sous la cuticule de la feuille. Les larves présentes dans ces jeunes mines se nourrissent uniquement de sève. Toutefois, lorsqu’elles atteignent le 4e stade larvaire, elles commencent à se nourrir de tissus végétaux, créant des taches décolorées visibles sur la surface supérieure de la feuille. Les mines apparaissent alors tachetées de blanc.

dégât de mineuse marbrée

Dommage sur la face supérieure
de la feuille (=type âgé)

Lorsque les mines sont très abondantes (entre cinq et dix par feuille en troisième génération), il y a un risque de chute prématurée des feuilles et des fruits, ainsi que de mûrissement prématuré. La chute des fruits et des feuilles peut s’aggraver si les arbres subissent d’autres stress, comme une infestation d’acariens ou une sécheresse.

Estimation du risque

Le suivi des captures des papillons permet de déterminer si le seuil d’intervention est atteint. La méthode de dépistage est décrite au tableau-synthèse Dépistage par pièges à phéromones de la fiche 65.

 

Stratégie d’intervention
Prévention

La mineuse marbrée peut être contrôlée de façon naturelle par le parasitoïde Pholetesor ornigis qui est cependant très sensible aux insecticides (néonicotinoïdes, pyréthrinoïdes, carbamates et plusieurs organophosphorés). L’approche privilégiée en PFI est donc de ne pas intervenir spécifiquement contre la mineuse marbrée avant la floraison et d’éviter autant que possible l’utilisation de produits néfastes aux parasitoïdes (voir la fiche 98).

Répression
  • Les adultes de mineuse marbrée peuvent être contrôlés par une application de pyréthrinoïde de synthèse avant la floraison.
  • Les larves de stades un à trois peuvent être contrôlées par des insecticides systémiques appliqués au stade calice ou nouaison.
  • Il est presqu’impossible d’atteindre les larves plus âgées avec des insecticides.

Si une intervention postflorale est prévue contre d’autres insectes et que les populations de mineuses marbrées dépassent le seuil d’intervention, il faut chercher à atteindre le maximum de femelles adultes et de jeunes larves tout juste sorties de l’œuf, avant qu’elles ne pénètrent la feuille et se retrouvent hors d’atteinte. Selon les conditions météorologiques, ce moment survient quelques jours après le « pic de captures », c’est-à-dire le moment où le maximum de papillons est capturé entre deux dépistages réguliers.

Les insecticides suivants appliqués contre d’autres ravageurs en traitement postfloral, vont également contrôler les larves de mineuse marbrée :

  • SUCCESS (spinosad) ou DELEGATE (spinétoram) utilisés contre la tordeuse à bandes obliques. Ces insecticides seront plus efficaces contre les larves de mineuse marbrée si 0,8 % d’huile supérieure est ajoutée lors de l’application. Il faut cependant faire très attention à la phytotoxicité qui peut survenir si du captane est utilisé jusqu’à dix jours avant ou après ce traitement;
  • AGRI-MEK (abamectine) utilisé contre les tétranyques;
  • CALYPSO (thiaclopride) utilisé contre le charançon de la prune et l’hoplocampe.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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Fiche 74

Yvon Morin, Gérald Chouinard et Daniel Cormier

 

Cet ennemi du pommier est règlementé en vertu de la Loi sur la protection sanitaire des cultures (Fiche 15) et les mesures nécessaires doivent être prises pour éviter la propagation aux cultures avoisinantes.

ATTENTION DOSES RÉDUITES : l’ARLA ne prend pas action contre ceux qui préconisent de telles pratiques, si elles n’entraînent pas de danger pour la santé ou la sécurité humaine ou pour l’environnement et qu’elles ne sont pas destinées à promouvoir la vente de produits antiparasitaires. Si toutefois l’utilisation de doses réduites ou adaptées devait entraîner des pertes pour les utilisateurs, les conseillers ou les organisations qui les recommandent pourraient être tenus responsables de leurs recommandations dans des actions civiles.

 

Voyez la TBO sur Youtube à https://www.youtube.com/watch?v=BEqAKSeOGJU
La capsule vidéo de 7 minutes dresse un portrait du ravageur, montre ses caractères distinctifs, identifie les conditions qui influencent son développement, et vous plonge dans l’action du dépistage et des méthodes d’intervention recommandées en production fruitière intégrée.

 

Description et comportement

La tordeuse à bandes obliques (Choristoneura rosaceana) (TBO) est un ravageur primaire en PFI. Elle est présente dans la majorité des vergers au Québec. C’est un ravageur qui a développé de la résistance aux insecticides de la famille des organophosphorés et des pyréthrinoïdes dans plusieurs régions pomicoles.

Il y a deux générations de tordeuse à bandes obliques par an : la génération hibernante et la génération d’été. Ce sont les larves de la génération d’été qui endommagent le plus la récolte.

Génération hibernante (larves du printemps)

Les premières larves du printemps sont visibles à partir du stade débourrement. La majorité des larves apparaît cependant entre le bouton rose et la nouaison et les plus tardives, après la nouaison. Elles sortent d’hibernation sous forme de 2e ou 3e stade larvaire et mesurent environ 4 mm de long. Elles sont distinguables des autres chenilles présentes à cette période par leur tête brun-noir et leur corps verdâtre. De plus, contrairement aux noctuelles présentes aussi à cette période, les tordeuses à bandes obliques s’enroulent dans les feuilles.

Ces larves du printemps se nourrissent de feuilles, de bourgeons et de fleurs de pommiers, mais aussi de petites pommes, avant de se transformer en nymphes, puis en adultes de la génération d’été. Des photographies du papillon, de la larve et des dommages sont présentées dans le Guide d’identification des ravageurs du pommier et de leurs ennemis naturels.

Larve de tordeuse à bandes obliques enroulée dans une feuille– photo IRDA

Larve de tordeuse à bandes obliques enroulée dans une feuille (la feuille a été déroulée afin de rendre la larve visible) – photo IRDA

 

 

Larve de tordeuse à bandes obliques – photo J. Moisan-De Serres, MAPAQ

Nymphe de tordeuse à bandes obliques – photo J. Moisan-De Serres, MAPAQ

Génération d’été

L’adulte (14 mm) est un papillon de nuit brun pâle avec trois bandes obliques foncées sur les ailes antérieures. Il émerge et s’accouple au mois de juin. La femelle pond ses œufs par masse de 50 à 600 individus sur les feuilles. La ponte commence quelques jours après l’accouplement et se termine vers la fin juillet. Sur une période de sept à huit jours, elle peut pondre jusqu’à 900 œufs.

Adulte de tordeuse à bandes obliques – photo J. Moisan-De Serres, MAPAQ

tordeuse à bandes obliques (masse d'oeufs)

Masse d’œufs de tordeuse à bandes obliques

La taille de la masse d’œufs diminue à chaque ponte. Fraîchement pondue, la masse est de couleur vert pâle. À l’occasion, elle peut devenir jaune, jusqu’au moment où il est possible d’apercevoir un petit point noir dans chaque œuf. Ce point noir est la tête de la future larve à naître.

L’éclosion survient généralement de 7 à 15 jours après la ponte. Le corps de la jeune chenille est vert pâle et mesure 2 mm de long. Sa tête noire ou brune la différencie de la tordeuse à bandes rouges, qui a la tête verte comme le reste de son corps. Les dernières feuilles de la pousse annuelle encore enroulées sont un abri idéal pour les premiers stades, qui se nourrissent de jeunes feuilles ou de pommes. Lorsqu’elles sont nombreuses, il est possible de les observer aussi sous les feuilles attachées par des fils qu’elles tissent à la nervure centrale.

Lorsqu’elle atteint des stades plus avancés, la chenille laisse son premier abri pour en trouver un deuxième et continue à se développer. Grâce à des fils de soie, elle enroule les feuilles autour d’elle pour fabriquer cet abri. Elle peut aussi s’abriter entre des pommes et s’en nourrir.

Larve de tordeuse à bandes obliques abritée entre une feuille et une pomme
photo A. Charbonneau, IRDA

Les larves se développent normalement pendant tout le mois de juillet. À leur sixième et dernier stade de développement, elles peuvent mesurer jusqu’à 25 mm de long. Il arrive parfois que de jeunes larves cessent leur développement au troisième stade larvaire (juillet-août) et entrent en diapause (hibernation) jusqu’au printemps prochain.

Génération hibernante (larves d’automne)

Les adultes qui donneront naissance aux larves de la génération hibernante apparaissent graduellement entre la mi-août et le mois d’octobre. Les larves se nourrissent principalement de feuilles, mais peuvent également se nourrir de fruits. Lorsqu’elles atteignent le 3e stade larvaire, elles s’abritent sous l’écorce du pommier ou dans les bourgeons pour hiberner.

Comportement

Lorsqu’elle sort de l’œuf, la larve tisse un fil de soie au bout duquel elle se laisse emporter par le vent, parfois plusieurs dizaines de mètres plus loin, afin de se disperser. Le même phénomène est observable lorsqu’elle est dérangée; il faut être rapide pour l’apercevoir, car aussitôt que l’on déroule les feuilles, elle se laisse rapidement tomber vers le sol.

Survie des larves

Il n’y a qu’un certain pourcentage de larves qui survivent à leur sortie des œufs. Plusieurs tombent au sol ou ne se trouvent pas d’abri ou de nourriture. Cela dépend des conditions climatiques lors de l’éclosion. De fortes pluies durant cette période – particulièrement durant le pic d’éclosion – entraînent une proportion plus importante de jeunes larves vers le sol, ce qui compromet leur survie.

Cycle de vie de la tordeuse à bandes obliques – illustration J. Veilleux / IRDA

 

Dommages

Les larves printanières de la génération hibernante endommagent peu la récolte. La majorité des pommes attaquées tombent lors de la chute physiologique de juin. Les quelques dommages qui peuvent être visibles au moment de la récolte sont liégeux et profonds et ressemblent à ceux qui sont faits par la noctuelle du fruit vert.

Les larves de la génération d’été endommagent considérablement la récolte. Lorsqu’elles sont petites, leurs pièces buccales leur permettent de faire seulement des petits trous dans la pelure. Plus grosses, leurs grandes bouchées forment des sillons larges et peu profonds sur la pelure et dans la chair des fruits, mais sans les déformer.

Dans des régions où les populations sont abondantes et lorsque l’été est long, les larves de la génération hibernante peuvent aussi endommager les fruits à l’automne. Les dommages se trouvent souvent entre deux pommes ou sous une feuille attachée à une pomme par des fils de soie.

tordeuse à bandes obliques (larve et dégâts)

Dommage de tordeuse à bandes obliques à la récolte

 

Estimation du risque

La méthode de dépistage de ce ravageur est décrite au tableau-synthèse Dépistage par observation des fruits ou du feuillage de la fiche 65. Il est très difficile de prévoir avec précision la quantité de dommage que la tordeuse à bandes obliques peut infliger à une récolte à partir des observations de larves au printemps. C’est la raison pour laquelle le seuil d’intervention varie de 0,5 à 3 %. Si l’été est chaud et sec, il y aura une forte augmentation de la population et donc des dommages. Si généralement vous traitez contre le carpocapse et faites des applications de RIMON, ALTACOR ou DELEGATE en été, vous allez réduire la population de TBO et vous pouvez alors tolérer plus de larves au printemps.

Dans les vergers qui ont eu peu ou pas de dommages la saison précédente, seul le dépistage des larves permet de savoir s’il est nécessaire de traiter. Dans les vergers qui possèdent un historique de dommages, un traitement préventif au stade calice ou nouaison est généralement requis au moins une année sur deux pour lutter contre les populations de larves du printemps. Ce traitement aura aussi un impact sur les populations de la génération estivale qui seront plus faibles qu’en absence de traitement. Même s’il est prévu de traiter, il est préférable de dépister les larves pour évaluer leur population avant.

En juillet, on retrouve les chenilles à la fois sur les pousses en croissance et sur les bouquets de fruits. Lorsque le nombre de pousses en croissance diminue, vers la deuxième semaine de juillet, on doit observer uniquement les bouquets de fruits. Il faut porter une attention particulière aux pommiers hâtifs et à ceux au feuillage abondant. De plus, les tordeuses se retrouvent souvent sur les pommes du cultivar Cortland, abritées entre deux fruits.

 

Stratégie d’intervention
Prévention

La TBO est un insecte difficile à combattre par des pulvérisations; il faut appliquer une régie qui réduit la capacité des larves à faire des dommages. Les pratiques suivantes permettent l’exposition des pommes au vent et au soleil et diminuent le nombre d’endroits où peuvent s’abriter les larves :

  • Une taille d’hiver et une taille d’été appropriées (voir la fiche 41);
  • L’enlèvement des gourmands en été;
  • L’éclaircissage (chimique et/ou manuel) de tous les cultivars;
  • Une fertilisation adéquate (limitée) en azote.

Ces pratiques ont deux autres énormes avantages en PFI :

  • Les pesticides utilisés lorsque requis atteindront mieux la cible.
  • Les fruits seront de meilleure qualité (grosseur et couleur).
Lutte naturelle

Il existe des prédateurs et parasitoïdes qui s’attaquent aux œufs ou aux larves de tordeuses à bandes obliques. Les trichogrammes sont des petites guêpes qui pondent dans les œufs et les tuent. Il existe aussi une guêpe du nom de Macrocentrus iridescens et des mouches tachinides, qui sont des parasitoïdes des larves.

Comme ces insectes utiles sont sensibles aux insecticides, ils se retrouvent seulement dans les vergers où des insecticides peu toxiques sont utilisés. Cette lutte biologique n’est pas parfaite, mais elle est naturelle et gratuite, alors pourquoi s’en priver?

Répression

Si vous devez intervenir contre la TBO, retenez les conseils suivants :

  • Limitez le recours aux insecticides. Les niveaux de résistance aux pesticides cessent d’augmenter et même chutent naturellement lorsque ces pesticides ne sont pas appliqués pendant quelques années. Afin de limiter l’utilisation des pesticides, effectuez le dépistage des adultes et des chenilles et n’intervenez que si les seuils sont atteints.
  • N’intervenez pas si de nombreuses chenilles se sont déjà transformées en chrysalides (ce qui est normalement le cas à la nouaison), car les interventions à ce stade sont inefficaces. Vous aurez l’opportunité d’intervenir à nouveau en juillet, si les populations de la prochaine génération dépassent les seuils.
  • Si des pulvérisations sont nécessaires, faites une rotation des produits suggérés, en utilisant une famille chimique différente lors de chaque intervention.
  • Lors de l’application d’un produit, utilisez la dose minimale efficace. Toute application inutile de pesticides augmente vos coûts et la pression de sélection. Toute application d’une dose insuffisante pourra vous forcer à intervenir une seconde fois, ce qui revient un peu au même! Ceci signifie aussi d’éviter les produits qui ne sont pas efficaces à la dose homologuée.
  • Si les conditions météorologiques ne se prêtent pas à une intervention chimique pendant la période idéale, il n’y a pas de solution magique. Cependant, rappelez-vous que les méthodes physiques de lutte (taille et éclaircissement manuel) pourront être utilisées en cours de saison, peu importe la température.

Plusieurs insecticides sont homologués contre la tordeuse à bandes obliques. Les plus efficaces et plus souvent recommandés en PFI sont le SUCCESS et le DELEGATE qui font partie de la même famille d’insecticides, les spinosynes. Les insecticides suivants ont également une bonne efficacité : novaluron (RIMON), chlorantraniliprole (ALTACOR), Bacillus thuringiensis (BIOPROTEC, DIPEL, FORAY) et méthoxyfénozide (INTREPID).

Comme pour la plupart des traitements insecticides, l’application doit être faite à des températures au-dessus de 15 °C (de préférence 20 °C).

Il est primordial d’utiliser une grande quantité de bouillie à l’hectare, comme pour les traitements à l’huile. Il faut aussi diminuer la vitesse d’avancement pour que la bouillie pénètre bien les pommiers. Les applications concentrées sont moins efficaces.

Utilisation du Bt. La bouillie à base de Bacillus thuringiensis (Bt) devrait idéalement ne pas contenir d’autres produits chimiques, car elle contient un mélange de cristaux et de spores de la bactérie, qui est un organisme vivant. Il faut rincer adéquatement le pulvérisateur avant d’y verser le mélange préalablement dilué. L’ajout de lait en poudre à la bouillie augmentera la rémanence du produit en protégeant les bactéries des rayons solaires et en améliorant son adhérence aux feuilles. Un phagostimulant (ex. : PHEAST) peut aussi être ajouté pour augmenter l’appétit des larves. À noter que les plus récentes formulations de Bt (ex BIOPROTEC) sont compatibles avec une grande diversité de produits, la seule limitation connue étant les produits alcalins (pH supérieur à 9) et ne bénéficient pas, du moins clairement,  de l’ajout de produits comme PHEAST.

Moment du traitement

En l’absence de résistance, les traitements faits aux périodes préflorale et postflorale sont suffisants pour bien contrôler la TBO, mais malheureusement, ce n’est souvent plus le cas. Le meilleur moment pour intervenir se situe entre les stades calice et nouaison.

Les traitements au RIMON, INTREPID et au Bt agissent plus lentement que les autres et ils doivent être appliqués plus tôt, soit au plus tard au stade calice

Les traitements au SUCCESS, DELEGATE, ALTACOR ou INTREPID peuvent être appliqués jusqu’au stade de nouaison. Passé ce stade, trop de larves de TBO ont commencé leur transformation en chrysalide.

Des interventions insecticides spécifiques contre la génération estivale de TBO ne sont pas recommandées en PFI, car elles sont peu efficaces.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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Fiche 75

Yvon Morin et Gérald Chouinard

 

Description et comportement

La cicadelle blanche du pommier (Typhlocyba pomaria) est un ravageur secondaire en PFI. De couleur blanc crème, elle mesure de 1 à 3 mm de longueur, et son corps allongé est effilé aux deux extrémités. Elle est généralement observée sur la face inférieure des feuilles.

Cet insecte hiberne au stade d’œufs sous l’écorce de jeunes branches de pommier. Le début de l’éclosion a lieu un peu avant la floraison et se termine à la chute des pétales. Les larves sont de couleur blanche ou jaunâtre et complètent cinq stades de développement. Les deux premiers stades sont petits (1 mm), n’ont pas d’ailes et ont les yeux rouges. C’est durant ces deux premiers stades que l’insecte est le plus sensible aux insecticides. Les stades larvaires 3 à 5 possèdent une ébauche d’ailes et prennent graduellement une teinte beige pâle en se développant. Les adultes mesurent environ 3 mm et apparaissent à la fin juin. Ils sont ailés, très mobiles et peu sensibles aux insecticides. Chaque femelle pond de 50 à 60 œufs sur les pétioles et les nervures inférieures des feuilles. Ces œufs donnent naissance aux larves de la deuxième génération vers la fin juillet, puis aux adultes vers la mi-août. Les femelles déposent leurs œufs sous l’écorce des jeunes branches et l’activité des adultes se poursuit jusqu’aux premiers gel de l’automne.

La cicadelle de la pomme de terre (Empoasca fabae) peut aussi être présente dans les vergers. Elle se distingue de la cicadelle blanche par sa couleur plutôt verdâtre, par ses déplacements latéraux et par l’absence de stades larvaires avant le mois de juillet.

Larve de cicadelle blanche du pommier – photo J. Moisan-De Serres, MAPAQ

Adulte de cicadelle blanche du pommier – photo J. Moisan-De Serres, MAPAQ

Cycle de vie de la cicadelle blanche du pommier – illustration J. Veilleux / IRDA

 

Dommages

Les dommages sont causés par les adultes et les larves qui se nourrissent du contenu des cellules des feuilles (contrairement à la cicadelle de la pomme de terre qui, elle, se nourrit de la sève des pommiers).

Le feuillage infesté pâlit et une tache pâle se développe au site de chaque piqûre, ce qui donne aux feuilles une apparence mouchetée. Lors de fortes infestations, non seulement l’arbre perd de la vigueur, mais la qualité des fruits et l’aoûtement des pommiers peuvent être affectés.

dégât de cicadelle blanche

Dommages de nutrition

Cependant, les excréments laissés sur les pommes au mois d’août peuvent être la cause principale de pertes, car les fruits affectés peuvent être déclassés s’ils ne sont pas bien brossés.

Lorsqu’ils sont présents en grand nombre à la récolte, les adultes peuvent aussi déranger les cueilleurs.

 

Estimation du risque

La cicadelle blanche est présente dans tous les vergers, mais elle n’est généralement pas un problème en raison des applications de SEVIN lors des traitements d’éclaircissage. Cependant, le SEVIN est très toxique à plusieurs espèces d’acariens prédateurs et son utilisation n’est pas toujours nécessaire.

La méthode de dépistage de ce ravageur est décrite au tableau-synthèse Dépistage par observation des fruits ou du feuillage de la fiche 65.

Au stade du calice

Lors de la première génération, il y a de fortes probabilités d’obtenir le seuil d’intervention dans les vergers avec un historique de dommages, si aucun traitement n’a été fait contre cet insecte.

Un traitement est recommandé, lorsque le seuil d’intervention de 0,5 individu par feuille est atteint. Il vise les jeunes larves de la première génération.

En août

Il peut arriver également qu’un traitement soit nécessaire à cette période contre la deuxième génération, lorsqu’aucun traitement n’a été appliqué au stade calice, ou qu’il n’a pas été efficace. Le seuil d’intervention proposé est d’un individu par feuille, en combinaison avec au moins un des facteurs de stress suivants :

  • une quantité importante de mines (plus de une à deux mines par feuille) provoquées par la mineuse marbrée du pommier;
  • une décoloration importante du feuillage en raison de la présence d’acariens;
  • de la grêle importante qui a endommagé les feuilles;
  • des pommiers chétifs dus à la sécheresse ou à un gel.

 

Stratégie d’intervention
Répression

Le traitement de la première génération de larves est toujours plus efficace, car mieux synchronisé avec les premiers stades larvaires. La période se situant entre les stades calice et nouaison est le meilleur moment pour intervenir.

Le carbaryl (SEVIN), qui est utilisé lors de l’éclaircissage chimique des pommes, est très efficace pour contrôler ce ravageur. S’il n’est pas utilisé, les autres insecticides efficaces sont principalement les néonicotinoïdes, le thiaclopride (CALYPSO), l’acétamipride (ASSAIL), l’imidaclopride (ADMIRE), le clothianidine (CLUTCH), et le thiaméthoxane (ACTARA). L’abamectine (AGRI-MEK) est également efficace dans une moindre mesure.

Pour les interventions en août, certains insecticides, par exemple les néonicotinoïdes, utilisés à cette époque pour contrôler d’autres ravageurs, contribuent à diminuer suffisamment les populations de cicadelles.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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Fiche 76

Yvon Morin, Daniel Cormier et Gérald Chouinard

 

Voyez le carpocapse sur YouTube à https://www.youtube.com/watch?v=4kk7HjBtLkc
La capsule vidéo de sept minutes dresse un portrait du ravageur, montre ses caractères distinctifs, identifie les conditions qui influencent son développement, et vous plonge dans l’action du dépistage et des méthodes d’intervention recommandées en production fruitière intégrée.
Description et comportement

Le carpocapse (Cydia pomonella) est non seulement un ravageur primaire en PFI, c’est présentement l’insecte ravageur numéro 1 des vergers de pommiers. En vergers commerciaux, des adultes de carpocapse peuvent être trouvés à partir de la floraison jusqu’à la fin septembre, mais l’activité la plus intense est observée entre la mi-juin et la fin juillet.

Le carpocapse complète une génération par année et certains individus complètent une deuxième génération lors de saisons ou en des lieux plus chauds. Cet insecte passe l’hiver au dernier stade larvaire dans un cocon logé sous l’écorce du tronc. C’est entre 30 et 60 cm du sol que se trouve le plus grand nombre. Les larves se transforment en chrysalides entre la mi-avril et la fin mai, et les premiers adultes émergent durant la floraison. En verger commercial, la majorité des adultes de première génération émerge entre la mi-juin et la mi-juillet, alors que les adultes de deuxième génération sont principalement observés en août.

Ce sont des papillons faciles à reconnaître. Ils mesurent 12 mm et sont de couleur grise et brune. Les ailes antérieures portent d’étroites lignes transversales et sont marquées à leur extrémité d’une tache brune entourée de deux raies bronzées à reflet métallique (voir les photographies dans le Guide d’identification des ravageurs du pommier et de leurs ennemis naturels).

carpocapse de la pomme (adulte)

Adulte du carpocapse de la pomme – photo F. Vanoosthuyse, IRDA

Quelques jours après leur émergence, les adultes sont prêts à s’accoupler, ce qu’ils feront si la température est ≥ 12 °C durant l’heure qui précède et qui suit le coucher du soleil. La femelle est prête à pondre environ deux jours après l’accouplement, ce qu’elle fera si la température est ≥ 14 °C durant la période crépusculaire (quelques heures avant et après le coucher du soleil). La ponte sera accentuée si la température est plus chaude (optimum autour de 25 °C) et si les conditions sont peu ou pas venteuses durant cette période.

Chaque femelle, dont la durée de vie est d’environ deux semaines, peut pondre une centaine d’œufs localisés principalement sur la face supérieure des feuilles et sur les fruits s’ils sont présents. Ces œufs, d’environ 1 mm de diamètre, blancs et aplatis, vont éclore après une période de 9 jours (à une température moyenne de 20 °C) à 18 jours (à une température moyenne de 15 °C), soit après accumulation de 88 degrés-jours base 10 °C (DJ10).

larve émergeant d'un oeuf carpo_2016

Larve émergeant d’un œuf – photo IRDA

Aux premiers stades larvaires, les larves sont blanches avec une tête noire. Elles prennent graduellement une couleur rose au fur et à mesure qu’elles se développent et mesurent de 13 à 19 mm à leur plein développement, au cinquième stade. Le développement complet dans le fruit nécessite une accumulation moyenne de 320 DJ10, soit environ un mois sous des températures de saison.

Les larves se laissent ensuite tomber au sol et se dirigent vers le tronc du pommier, les branches principales ou les branches charpentières. Elles s’y tissent un cocon épais et soyeux. Une proportion de ces larves entrera en diapause alors qu’une autre continuera à se développer pour former la seconde génération.

carpocapse de la pomme (larve)

Larve du carpocapse de la pomme – photo J. Moisan-De Serres, MAPAQ

La seconde génération d’adultes émerge des chrysalides en août et en septembre. Cependant, lorsqu’on a bien lutté contre la première génération, les niveaux de population de cette deuxième génération sont moins importants. Toutefois, la proportion d’adultes de deuxième génération est plus importante lors de longues saisons chaudes. De plus, il a été observé qu’une seconde génération plus élevée serait liée à une apparition plus hâtive des dégâts en saison.

Les larves de deuxième génération se nourrissent de pommes, jusqu’à ce qu’elles atteignent leur dernier stade, soit entre la fin août et le mois d’octobre. Elles quittent alors les fruits pour se cacher sous l’écorce des pommiers et s’entourer d’un cocon pour passer l’hiver. Au printemps suivant, ces larves deviennent des chrysalides, puis des adultes, qui émergeront à partir de la floraison.

Cycle de vie du carpocapse de la pomme – illustration J. Veilleux / IRDA

 

Dommages

Ce sont les larves qui endommagent les pommes et les poires en se nourrissant de la chair du fruit, creusant des tunnels souvent jusqu’au cœur. Les points d’entrée des jeunes chenilles à la surface sont marqués par des amas d’excréments secs caractéristiques brun-rougeâtres, semblables à de la sciure de bois. Parfois confondu avec le dégât secondaire de l’hoplocampe qui apparaît en juin, le dégât du carpocapse apparaît cependant plus tard (en juillet).

dommage carpo_2016

Dégât fait par une jeune larve; généralement présence d’excrément sec
photo IRDA

Dégât fait par une larve âgée; présence d’excrément sec
photo A. Charbonneau, IRDA

Capture

Dégât fait par une larve âgée – photo IRDA

 

Estimation du risque
Historique de dommages

L’historique de dommages est une donnée essentielle pour estimer le risque, pour deux raisons :

  • Premièrement, il n’existe actuellement pas de consensus parfait au Québec sur les seuils d’intervention à utiliser.
  • Deuxièmement, les seuils sont basés sur la présence de larves, d’adultes ou de dégâts, et ne permettent pas d’intervenir efficacement contre les œufs.

Si pour quelque raison vous ne pouvez vérifier l’historique de dommages du carpocapse dans votre verger, vous pouvez l’estimer à partir de la situation qui prévaut dans les vergers de votre entourage immédiat, ou de votre région.

Seuils d’intervention basés sur les captures dans les pièges à phéromones :

La méthode générale de dépistage de ce ravageur est décrite au tableau-synthèse Dépistage par piège à phéromone de la fiche 65. La méthode et le seuil d’intervention associé diffèreront toutefois si un programme de confusion sexuelle est en place contre cet insecte dans le verger, tel que décrit ci-après. Pour en savoir plus sur la confusion sexuelle, voir plus bas à la section « Stratégies d’intervention ».

Vergers n’utilisant pas la confusion sexuelle : Le piège Multi-Pher 1 appâté de la phéromone standard Trécé est utilisé pour dépister le carpocapse de la pomme. Pour les vergers avec antécédents de dégâts, placer de 1 à 3 pièges (ou paires de pièges) par section de 12 ha de verger. Si des paires sont utilisées, considérer uniquement les captures des 3 pièges ayant capturé le plus d’adultes. Pour les autres vergers, utiliser un piège par verger. Des seuils d’intervention ont été déterminés pour chacune des générations de carpocapses. À noter, qu’il n’existe pas de consensus parfait sur les seuils d’intervention pour le carpocapse. Le dépistage doit être basé sur l’observation des dégâts et l’historique des dommages est essentiel pour déterminer les besoins de traitements. Pour réduire les risques d’infestation, couper tous les pommiers abandonnés et arbres de la famille des Rosacées (ex. : pommetiers et cerisiers sauvages, aubépine, etc.) autour du verger. Les seuils d’intervention sont les suivants :

  • Si les captures de première génération (mi-mai à mi-juillet) dépassent 10 individus par piège par semaine pendant deux semaines consécutives, le risque est accru.
  • Si les captures de deuxième génération (début août à fin septembre) dépassent 15 à 20 individus par piège pour un site avec historique de dommages, et 25 à 30 captures par piège pour un verger sans historique de dommage, par semaine pendant deux semaines consécutives, le risque est accru.

Vergers sous confusion sexuelle : Pour les vergers sous confusion sexuelle, il est difficile d’utiliser les pièges à phéromone pour estimer l’activité des carpocapses dans le verger. Les pièges Multi-Pher 1 et la phéromone standard Trécé, tels qu’utilisés habituellement pour dépister le carpocapse de la pomme peuvent servir à évaluer l’efficacité de la lutte par confusion sexuelle dans le verger. Ils devront être installés dans les vergers conformément aux bonnes pratiques de PFI et relevés hebdomadairement de la floraison jusqu’à la fin août. Quant aux pièges Delta appâtés, ils permettent d’évaluer l’activité des carpocapses. L’appât (Pherocon® CM-DA COMBO™) consiste en un mélange d’une concentration élevée de la phéromone sexuelle du carpocapse et d’un ester de poires. La combinaison des deux substances attire à la fois les mâles et les femelles. Cet appât est placé dans les pièges Delta, qui sont plus efficaces que les pièges Multi-Pher pour la capture de papillons dans un verger sous confusion sexuelle. Il est préférable d’installer les pièges Delta dans les zones problématiques ou en bordure (5e ou 6e rangée). À l’aide d’une pôle, on les installe dans le tiers supérieur de l’arbre mais plus bas que les diffuseurs à phéromone et, si possible, dans un arbre qui ne contient pas de diffuseur. Placer les pièges de sorte à éviter l’obstruction (branches, feuilles) à l’entrée des carpocapses. Un seuil économique de 4 à 6 captures/piège/semaine est considéré lorsqu’on utilise le piège Delta appâté. Il est opportun de ne pas baser la décision de traiter ou non uniquement sur l’atteinte du seuil de captures. En effet, dans certaines parcelles, des dégâts sur fruits ont déjà été vus alors qu’aucune capture n’avait été enregistrée. À l’inverse, des captures peuvent être enregistrées sans qu’aucun dommage ne soit observé. L’utilisation du seuil d’intervention basé sur les captures doit aussi être appuyé par l’observation des dégâts sur fruits (voir la section plus bas). En fait, le dépistage des dégâts devrait être la principale méthode de suivi de l’efficacité de la confusion sexuelle, le piégeage pouvant venir appuyer ce dépistage.

Seuils d’intervention basés sur les dégâts sur fruits :

La méthode générale de dépistage de ce ravageur est décrite au tableau-synthèse Dépistage par observation visuelle des fruits de la fiche 65Le dépistage et le seuil d’intervention associé diffèreront toutefois si un programme de confusion sexuelle est en place contre cet insecte dans le verger, tel que décrit ci-après. Pour en savoir plus sur la confusion sexuelle, voir plus bas à la section « Stratégies d’intervention ».

Vergers n’utilisant pas la confusion sexuelle : L’observation des fruits doit débuter à la mi-juin et se poursuivre jusqu’à la récolte. Observer hebdomadairement 100 fruits par bloc (10 par arbre) en notant ceux qui portent des marques de carpocapse. Il est déconseillé d’attendre des dégâts sur fruit avant de penser à intervenir. La stratégie dépendra de l’historique des dégâts et des captures dans les pièges à phéromone. Le dépistage des dégâts servira à valider l’efficacité de votre stratégie : les seuils varieront de 0,1 à 1 % selon vos objectifs personnels.

Vergers sous confusion sexuelle : L’observation des dommages sur fruits doit être réalisée hebdomadairement pour déterminer la nécessité d’assister la lutte par confusion sexuelle avec un ou des applications d’insecticides. Examiner au minimum 200 fruits par secteur ainsi que dans les zones à risques et la bordure. Inspecter hebdomadairement les fruits et plus attentivement à partir de l’émergence des premières larves (mi-juin). On recommande une inspection d’un minimum de 1 000 fruits par verger. Le seuil d’intervention est de 0,5% de pommes fraîchement endommagées (1 pomme sur 200). Si le seuil est atteint uniquement en bordure du verger, un traitement de la bordure peut être envisagé. De même, des traitements localisés peuvent aussi être envisagés uniquement aux endroits à fortes infestations.

Stratégie d’intervention
Prévention

Semblable aux autres ravageurs, par contre à un plus haut niveau d’importance dans le cas du carpocapse, la première étape de prévention consiste à réduire les populations au sein du verger (par exemple, ramasser les fruits affectés ou utiliser des bandes-pièges pour récupérer une partie des chenilles hibernantes sur les troncs) et à éliminer les foyers d’infestation à proximité du verger, particulièrement les pommiers et les pommetiers sauvages ou abandonnés et les aubépines. S’il est possible pour le carpocapse de se développer, même autour du verger, aucune stratégie de lutte ne sera suffisamment efficace pour prévenir les dégâts de deuxième génération. Et si vous ne voulez pas retrouver des larves vivantes de carpocapse dans vos fruits à la récolte, il est essentiel de bien lutter contre la première génération!

Confusion sexuelle

Depuis quelques années de plus en plus de pomiculteurs québécois se basent sur la confusion sexuelle pour lutter contre le carpocapse de la pomme. En 2017, plus de 1 500 ha de verger étaient sous confusion sexuelle contre le carpocapse au Québec. Sa popularité provient des bons résultats enregistrés jusqu’à ce jour dans nos vergers et de l’aide financière octroyée par le programme Prime-Vert du MAPAQ. La confusion sexuelle est une méthode de lutte préventive car elle réduit les accouplements résultant en une diminution des pontes et des dégâts sur fruits. Cette méthode lutte contre le carpocapse dès l’installation des diffuseurs dans le verger et jusqu’à la fin de la saison, beau temps, mauvais temps. Une seule pose par année, faite avant la floraison, couvrira toute la saison. Ce moyen de lutte permet d’éliminer le recours aux insecticides lorsque les densités de population de carpocapses sont faibles et de réduire le nombre d’applications lorsque les densités de populations sont de modérées à élevées. Cette méthode de lutte offre l’avantage double de protéger les espèces utiles et d’être plus durable puisque les carpocapses peuvent difficilement développer de la résistance à ce produit.

Diffuseur à phéromone pour lutter contre le carpocapse de la pomme
Photo IRDA

La méthode de la confusion sexuelle contre le carpocapse de la pomme est décrite en détail dans 4 fiches synthèses (complémentaires à la présente fiche): « Principes de base et aide financière disponible », « Calcul du patron d’installation des diffuseurs », « Installation des diffuseurs (ISOMATE®-CM/OFM TT) » et « Observation hebdomadaire et traitement insecticide ». Une cinquième fiche explique Comment fabriquer soi-même les outils nécessaires à la pose des diffuseurs et des pièges Delta. Il est essentiel de lire ces fiches pour quiconque désire utiliser la méthode de la confusion sexuelle contre le carpocapse de la pomme.

Les recommandations suivantes sont importantes pour réussir à bien « confondre » le carpocapse :

  • Sauf en cas de populations faibles ou moyennes, il est recommandé de conserver son programme de traitements habituels contre ce ravageur lors de la première année sous confusion sexuelle. Durant les années subséquentes, le nombre d’applications pourra être abaissé en fonction des dégâts observés ou non sur fruits durant la saison.
  • La parcelle de pommiers sous confusion doit avoir une forme plutôt carrée avec une superficie minimum de 3 ha, des pommiers de gabarit semblable, n’excédant pas 4 m de hauteur et très peu d’arbres manquants.
  • Plus la superficie traitée sous confusion sexuelle est importante, meilleurs seront les résultats. Une approche favorisant le regroupement de producteurs partageant des vergers contigus est donc à privilégier pour donner de bons résultats au Québec.
  • Le verger sous confusion sexuelle doit être à une distance de plus de 100 m de pommiers non traités.
  • Les diffuseurs doivent être installés à chaque année dans le tiers supérieur des pommiers, avant le début de vol des papillons, soit avant la floraison, à raison de 500 diffuseurs à l’hectare pour ceux de type ISOMATE CM/OFM-TT. Lorsque les populations deviennent faibles et que peu de dégâts est observé sur les fruits, une diminution du nombre de diffuseurs à l’hectare peut être envisagée.
  • Les diffuseurs doivent être répartis uniformément dans le verger et en prenant soin de doubler la quantité sur les pommiers périphériques du verger et dans les zones à fortes infestations.
  • Accompagnement professionnel est souhaitable les premières années.
Répression

La majorité des insecticides recommandés au stade calice et/ou nouaison contre d’autres ravageurs ont une efficacité sur le carpocapse et permettent de retarder le premier traitement. Un tel insecticide appliqué lors d’une soirée chaude peut réduire la population d’adultes de carpocapse et laisser des résidus qui tueront les premiers œufs pondus ou les premières larves qui émergeront ce qui les empêchera de pénétrer le fruit.

La date d’application des traitements spécifiques contre le carpocapse dépendra des facteurs climatiques (température, pluie, vent, etc.) et du mode d’action de l’insecticide utilisé, mais aussi de l’historique de dommages et du marché visé pour votre production.

La lutte contre le carpocapse basée exclusivement sur les insecticides est difficile, car il y a beaucoup de décalage entre l’apparition des premières et des dernières larves. Ainsi, lorsque la population est élevée, des applications répétées sont nécessaires car un seul traitement ne peut en atteindre un nombre suffisant.

Les insecticides recommandés en PFI pour lutter contre cet insecte visent les œufs (ovicides) ou les larves (larvicides).

  • Les ovicides suivants sont recommandés pour application avant la ponte : novaluron (RIMON) et méthoxyfénozide (INTREPID).
  • Les ovicides suivants sont recommandés pour application après la ponte : thiaclopride (CALYPSO) et acétamipride (ASSAIL).
  • Les larvicides suivants sont recommandés pour application tout juste après l’éclosion des œufs : chlorantraniliprole (ALTACOR), spinétoram (DELEGATE), thiaclopride (CALYPSO), acétamipride (ASSAIL) et méthoxyfénozide (INTREPID).

Les organophosphorés comme le phosmet (IMIDAN) ont été utilisés contre les larves pendant plusieurs décennies, mais des études réalisées récemment au Québec ont démontré que les populations de carpocapses sont de plus en plus résistantes à cette catégorie d’insecticides. Pour ces populations résistantes, une résistance peut aussi être observée avec le méthoxyfénozide (INTREPID) car de la résistance croisée a déjà été observée. Ces insecticides pourront être utilisés uniquement sur recommandation de votre conseiller.

Dans tous les cas, l’important est d’intervenir avant que la larve ne pénètre dans le fruit car, pour être efficaces, ces produits doivent entrer en contact (par contact direct ou par ingestion) avec le carpocapse (œufs ou larves). Pour maximiser la probabilité de contact il est essentiel d’avoir une bonne couverture lors de l’application et ceci est particulièrement vrai pour les œufs, qui ne se déplacent pas! Pour obtenir une bonne couverture, il faut que les arbres soient bien taillés de manière à favoriser la pénétration de la bouillie et il est préférable de ralentir la vitesse lors de l’application (1000 L/ha sont nécessaires pour un verger de pommiers standards).

Quelques caractéristiques des insecticides recommandés en PFI contre le carpocapse

Produit Effet sur œufs Effet sur larves1
Application avant la ponte Application après la ponte
RIMON ++++ +
INTREPID +++ + +++
ALTACOR + + ++++
CALYPSO + +++ ++
ASSAIL + +++ ++
DELEGATE ++++
IMIDAN +++

1 L’efficacité des larvicides sera augmentée s’ils sont appliqués pendant la période d’éclosion des œufs
– = aucune efficacité
+ = faible efficacité
++ = efficacité moyenne
+++ = bonne efficacité
++++ = excellente efficacité

Moment du traitement

Pour permettre de mieux synchroniser les interventions, plusieurs modèles de prédiction du comportement et de l’activité du carpocapse ont été développés à travers le monde. Ces modèles basent leurs calculs principalement sur les températures enregistrées dans le verger. Aucun modèle ne peut toutefois prédire parfaitement le comportement du carpocapse dans votre verger! Les modèles de CIPRA (gratuit) et d’Agropomme (payant) basés sur des données québécoises sont les plus représentatifs de la situation dans nos vergers.

Voici quelques approches suggérées en fonction de l’historique de dommages et du marché visé pour votre production :

Verger commercial avec un historique de dommage élevé (> 3 %) : Normalement trois traitements seront nécessaires pour bien réprimer la première génération:

  • La première application peut être un ovicide (RIMON) appliqué avant la ponte habituellement vers la mi-juin (plus précisément estimé à 100 DJ10 après les premières captures ou encore 300 DJ10 après le 1er mars), suivie d’un larvicide (ALTACOR ou DELEGATE), environ 2 ½ semaines plus tard (500 DJ10).
  • Une autre approche consiste à appliquer un ovicide –larvicide sur les œufs (INTREPID, ASSAIL ou CALYPSO) après la mi-juin (350 à 400 DJ10), suivi d’un larvicide (ALTACOR ou DELEGATE), environ deux semaines plus tard (500 DJ10 pour l’ALTACOR, 550-600 DJ10 pour le DELEGATE).
  • Le dernier traitement (CALYPSO ou IMIDAN), appliqué entre deux et trois semaines plus tard, devrait être efficace également contre la mouche de la pomme, qui est souvent présente à cette période. L’ASSAIL peut également être utilisé, mais est particulièrement toxique pour les phytoséiides, des prédateurs de tétranyques, souvent présents en fin de saison.

Pour les vergers débutant la confusion sexuelle avec un historique de dommage élevé, nous recommandons de maintenir le programme habituel de traitements contre le carpocapse afin d’abaisser rapidement les populations à un faible niveau. Utiliser alors les degrés-jours accumulés durant les traitements des années passées pour cibler vos traitements pendant la première année sous confusion sexuelle. Lors de la deuxième année consécutive sous confusion sexuelle et les années suivantes, la décision de traiter ou non reposera sur l’observation hebdomadaire des dommages aux fruits accompagnée ou non des captures enregistrées dans les pièges Delta.

Verger commercial avec un historique de dommage faible à modéré: Généralement, une seule application d’un larvicide (vers le début juillet à 500 DJ10) est recommandée mais si le dépistage indique une problématique, on pourra recourir à un second traitement qui pourra également lutter contre la mouche de la pomme (CALYPSO ou IMIDAN).

Pour les vergers sous confusion sexuelle, il est possible qu’aucun traitement insecticide ne soit nécessaire dès la première année de la lutte par confusion sexuelle et les années suivantes. Cependant, il est très important d’observer hebdomadairement les dommages aux fruits pour décider de la nécessité de traiter ou non. Il est à noter que lorsque les populations de carpocapse de la pomme sont faibles à modérées, la méthode de lutte par confusion sexuelle peut réprimer seule ce ravageur sans l’assistance d’insecticides.

Verger commercial sans historique de dommage : Aucun traitement, sauf si les captures de carpocapse dépassent le seuil ou que la présence de dégâts de carpocapse est détectée durant la saison.

Verger pour la transformation avec un historique de dommage élevé : Si vous êtes dans ce cas et que votre verger est dans une région pomicole, il constitue une nuisance agricole pour vos voisins pomiculteurs. Au moins deux traitements sont alors recommandés pour lutter contre la première génération. Normalement un ovicide suivi d’un larvicide offre une suppression suffisante, mais l’option de deux larvicides appliqués un peu plus tard est également valable. Des traitements additionnels peuvent être nécessaires en fonction des captures d’adultes et du dépistage des dégâts.

Verger pour la transformation avec un historique de dommage faible ou modéré : Aucun traitement, sauf si les captures d’adultes dépassent le seuil ou que la présence de dégâts de carpocapse est détectée

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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Fiche 77

Yvon Morin et Gérald Chouinard

 

Cet ennemi du pommier est réglementé en vertu de la Loi sur la protection sanitaire des cultures (Fiche 15) et les mesures nécessaires doivent être prises pour éviter la propagation aux cultures avoisinantes.

 

Voyez la mouche sur Youtube à https://www.youtube.com/watch?v=4kk7HjBtLkc
La capsule vidéo de 5 minutes dresse un portrait du ravageur, montre ses caractères distinctifs, identifie les conditions qui influencent son développement, et vous plonge dans l’action du dépistage et des méthodes d’intervention recommandées en production fruitière intégrée.
Description et comportement

La mouche de la pomme (Rhagoletis pomonella) est un ravageur primaire en PFI, en fait le second ravageur en importance en été après le carpocapse. Ce ravageur est en augmentation ces dernières années dans les vergers québécois. Plusieurs hypothèses tentent d’expliquer cette tendance, telles que l’abandon partiel de l’utilisation des organophosphorés contre le carpocapse.

La mouche de la pomme est plus petite (5 à 6 mm) que la mouche domestique. Son corps est noir et sa tête ainsi que ses pattes sont jaunes. Un point blanc distinctif est présent sur son dos, à la pointe inférieure du thorax.

La femelle est généralement plus grosse que le mâle et possède quatre lignes blanches transversales sur l’abdomen, tandis que le mâle en a trois. Les ailes des deux sexes portent des bandes noires en forme de « F » inversé, caractéristique à l’espèce.

Adulte de la mouche de la pomme – photo J. Moisan-De Serres, MAPAQ

Deux autres mouches très semblables à la mouche de la pomme, mais non nuisibles, peuvent être observées en verger : la trypète noire des cerises (Rhagoletis fausta) et la trypète des cerises (Rhagoletis cingulata). Il est possible de les différencier grâce à leurs motifs sur les ailes (figure 1). Des photographies de ces espèces se trouvent dans le Guide d’identification des ravageurs du pommier et de leurs ennemis naturels.

 

Figure 1. Espèces de mouches semblables à Rhagoletis pomonella
illustration F. Vanoosthuyse, IRDA

Les premiers mâles émergent du sol vers la fin juin et le début juillet. Les femelles émergent quelques jours plus tard et commencent à pondre lorsqu’elles deviennent matures, soit cinq à dix jours après leur sortie du sol.

Les œufs, à peine visibles à l’œil nu, sont fusiformes et de couleur crème. Ils sont insérés, un à la fois, sous la pelure du fruit, en juillet et août. Chaque femelle peut pondre jusqu’à 300 œufs en 30 jours. Les œufs éclosent quelques jours après la ponte.

Les asticots blancs, parfois jaunâtres, sont dépourvus de pattes et d’yeux. Ils pénètrent la pomme en se nourrissant de la chair, jusqu’à ce qu’ils atteignent 7 à 8 mm de long. Ils quittent alors le fruit et s’enfoncent dans le sol, à une profondeur de 3 à 8 mm, pour y passer l’hiver sous forme de pupe. Une partie des adultes émergent de ces pupes l’été suivant, les autres restent dormantes de deux à cinq ans avant qu’un adulte en émerge. Il n’y a qu’une génération par année.

Larve de la mouche de la pomme – photo J. Moisan-De Serres, MAPAQ

Pupes de la mouche de la pomme – photo IRDA

Cycle de vie de la mouche de la pomme – illustration J. Veilleux / IRDA

 

Dommages

Le premier dommage est causé par l’introduction de l’œuf dans la pomme, qui provoque l’apparition subséquente d’un petit point rouge sur la pelure, qui peut parfois passer inaperçu. Le deuxième dommage est fait par l’asticot qui se nourrit de la chair de la pomme en y creusant des galeries à partir de la surface du fruit. Les galeries deviennent plus larges et plus visibles à mesure que la larve se développe.

 

Dommage de ponte de la mouche de la pomme – photo IRDA

 

Estimation du risque

La méthode de dépistage de ce ravageur, à l’aide de sphères rouges engluées, est décrite au tableau-synthèse Dépistage par pièges visuels de la fiche 65.

Pour que le seuil soit valide, les sphères ne doivent pas être appâtées avec les produits attractifs vendus à cette fin dans le commerce. La sphère rouge, qui imite le fruit, attire les adultes prêts pour l’accouplement et les femelles prêtes à pondre.

Ne pas tenir compte des mouches capturées pendant les 7 à 10 jours qui suivent un traitement, à moins de fortes pluies (plus de 25 mm) survenant après l’application.

sphère rouge engluée (piège)

Sphère rouge engluée

 

Stratégie d’intervention
Prévention

Pour éviter les réinfestations répétées, couper tous les pommiers abandonnés de même que les arbres de la famille des Rosacées (ex. : pommetiers et cerisiers sauvages) autour du verger (rayon de 100 m).

Ramasser régulièrement les fruits affectés afin d’éviter que les asticots ne complètent leur cycle dans le verger (au moins une fois par semaine pour la pomme d’automne).

Répression

La mouche de la pomme est très sensible aux insecticides et si des organophosphorés (IMIDAN) sont utilisés en juillet et/ou en août contre le carpocapse, celle-ci sera bien contrôlée. Parmi les autres produits recommandés en PFI à cette époque, figurent CALYPSO et ASSAIL, qui ont aussi une bonne efficacité, quoique moindre que celle des organophosphorés.

En verger écologique ou bio, le GF-120 donne également de bons résultats. Il est cependant très sensible au délavage et doit être appliqué régulièrement, ce qui en fait un choix plus dispendieux. Pour les autres insecticides, consulter les fiches 46 et 47.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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Fiche 78

Yvon Morin et Gérald Chouinard

 

Le puceron lanigère est réglementé en vertu de la Loi sur la protection sanitaire des cultures (Fiche 15) et les mesures nécessaires doivent être prises pour éviter la propagation aux cultures avoisinantes.

 

Description et comportement

Les pucerons sont des insectes piqueurs-suceurs qui se nourrissent de la sève des pommiers. Ils ont un petit corps mou en forme de poire (3 à 4 mm) et se distinguent des larves d’autres insectes de la même couleur par les deux cornicules qu’ils portent à l’arrière du corps. Ils se multiplient très rapidement et complètent plusieurs générations par année. Ils se retrouvent principalement sous les feuilles et au bout des pousses en croissance, en groupes composés souvent d’innombrables individus (colonies).

Généralement en PFI, il n’y a pas lieu de contrôler leurs populations, car de nombreux ennemis naturels s’occupent de maintenir leurs populations en échec. Des traitements peuvent cependant être nécessaires lorsque les populations explosent suite à l’utilisation d’insecticides à large spectre en période postflorale.

Il existe quatre espèces de pucerons dans les vergers : le puceron vert du pommier, le puceron de la spirée, le puceron rose et le puceron lanigère.

Pucerons verts

Il est difficile de distinguer le puceron vert du pommier (Aphis pomi) du puceron de la spirée (Aphis spiraecola). Les deux sont communément appelés « pucerons verts » (bien qu’occasionnellement les deux peuvent être jaunes!). L’adulte est généralement vert olive avec les pattes et les cornicules brun-noir. Les formes ailées ont cependant la tête et le thorax noirs. Il s’agit de ravageurs secondaires en PFI.

pucerons verts

Pucerons verts

Pucerons verts, dont un individu ailé – photo J. Moisan-De Serres, MAPAQ

Il ne faut pas confondre ces pucerons avec les pucerons des graminées (voir ci-après) qui se trouvent sur les bourgeons au débourrement des pommiers. Ces derniers migrent sur des graminées lors de l’épiaison (vers le stade calice du pommier) et ne sont pas nuisibles dans la très grande majorité des cas.

Les pucerons verts hibernent sous le stade d’œufs (0,5 mm) ovales, noirs et luisants à la base des bourgeons, des gourmands ou des cicatrices foliaires des pousses terminales. Généralement, ces œufs éclosent à partir du débourrement avancé. Les larves qui ont l’apparence d’adultes miniatures, sont vert foncé, mesurent 1,5 à 2 mm et se nourrissent de la sève des feuilles. Elles complètent quatre stades et deviennent adultes environ deux semaines plus tard. Tous ces adultes sont des femelles! Il n’y a donc ni accouplement ni ponte d’œuf, mais de 50 à 100 larves naissent de chaque femelle par le phénomène de la « parthénogénèse » (reproduction asexuée). Les larves deviennent majoritairement des femelles adultes aptères (sans ailes) en quelques jours.

Habituellement, il est possible d’apercevoir les colonies dès le mois de juin sur les jeunes pousses et les gourmands. Les populations sont à leur maximum entre la fin juillet et le début août. Les pucerons ailés se dispersent alors partout dans le verger pour former de nouvelles colonies.

À l’automne seulement apparaissent des pucerons mâles en plus des femelles. Ils s’accouplent pour que la femelle ponde des œufs qui hiberneront sur les pommiers.

Cycle de vie du puceron vert du pommier et du puceron de la spirée
illustration J. Veilleux / IRDA

Puceron lanigère

Le puceron lanigère (Eriosoma lanigerum) est un ravageur secondaire en PFI. Il a comme particularité de s’entourer de sécrétions blanches floconneuses ou laineuses. Sous cette couche, leur couleur varie du rouge brun au pourpre. Lorsqu’ils sont écrasés, leur corps mou libère un pigment caractéristique rouge sombre qui tache la peau et les vêtements.

pucerons lanigères

Pucerons lanigères

Pucerons lanigères – photo J. Moisan-De Serres, MAPAQ

Les premières colonies sont apparentes sur les racines et la base du tronc des pommiers. C’est au calice que les pucerons lanigères s’établissent sur les parties aériennes du pommier, principalement sur le tronc et les cicatrices des branches charpentières, mais aussi sur les chancres, les cicatrices de taille, à l’aisselle des feuilles, sur les pousses annuelles, dans les replis de l’écorce et occasionnellement aux extrémités du fruit. À partir de la mi-juin, ils migrent vers les branches fruitières. La reproduction se poursuit tout l’été et, si la saison est favorable, la population augmente rapidement. Du milieu à la fin de l’été, les colonies produisent quelques femelles, qui migrent vers le haut de l’arbre et y établissent d’autres colonies.

Ce ravageur est généralement contrôlé par un parasitoïde. Le perce-oreille est un excellent prédateur de puceron lanigère.

Au début de l’automne, des femelles ailées sont produites, lesquelles peuvent former de nouvelles colonies sur d’autres pommiers ou, si des ormes sont à proximité, donner naissance à des mâles et femelles sans ailes pour permettre la reproduction sexuée. Sur le pommier, une partie des femelles migre vers les racines à la fin de l’été, pour ensuite hiberner à cet endroit.

Cycle de vie du puceron lanigère – illustration J. Veilleux / IRDA

Puceron rose du pommier

pucerons roses

Pucerons roses du pommier

Le puceron rose (Dysaphis plantaginea) est un ravageur secondaire en PFI. Il est de couleur pourpre (2,5 mm), apparaît sur les bourgeons au stade débourrement avancé et se développe en colonies sur le pommier jusqu’en juillet. Il se retrouve principalement sur les pommiers en bordure des boisés et sur des cultivars tels que Cortland, ou encore dans les pommiers qui n’ont pas reçu de traitement préfloral avec un pyrèthre de synthèse. Il se développe surtout sur le plantain en fin d’été, mais revient pondre ses œufs sur le pommier à l’automne. Cet insecte est présent de façon sporadique, lors de printemps frais et pluvieux.

Puceron des graminées

pucerons des graminées

Les adultes et les stades immatures de ce puceron vert tendre portent trois bandes vert foncé sur le dos. Les œufs pondus sur le pommier éclosent au stade débourrement et les jeunes pucerons se nourrissent à même les bourgeons. Les populations sont rarement assez abondantes à cette époque pour nécessiter des traitements. Au stade calice apparaissent les formes ailées, qui migrent sur les plantes herbacées. Il ne faut pas le confondre avec le puceron vert du pommier, dont la taille est semblable mais qui est uniformément vert et qui apparaît un peu plus tard. Les bourgeons peuvent supporter de fortes populations sans qu’il y ait de pertes économiques. Les bourgeons ou les pousses sévèrement affectés peuvent prendre une apparence rabougrie.

 

Dommages

Lorsque les populations de pucerons sont importantes, du miellat sécrété par les pucerons tombe sur les pommes. Si des conditions humides s’ensuivent, un champignon noir, nommé la fumagine, se nourrit du miellat. C’est ce champignon qui affecte la récolte, car il est très difficile de nettoyer les pommes affectées.

La croissance des jeunes pommiers affectés par les pucerons est ralentie et les rameaux fortement infestés sont plus sensibles au gel hibernal.

Pucerons verts

Les pucerons verts colonisent surtout les pousses en pleine croissance et le feuillage tendre de celles-ci. Si les populations sont fortes, elles peuvent provoquer l’enroulement des jeunes feuilles et s’attaquer aux feuilles des bourgeons à fruits. Les pucerons peuvent aussi propager des maladies (virus, phytoplasmes) et contribuer à la dissémination du feu bactérien.

Puceron lanigère

Le puceron lanigère s’attaque aux parties ligneuses de l’arbre. Il provoque la formation de nodules sur les racines et les pousses sur lesquelles il se nourrit. Ces nodules sont des portes d’entrée idéales pour les chancres et d’autres maladies et entravent la circulation normale de la sève.

Puceron rose du pommier

Ce puceron s’attaque aux bourgeons à fruits et végétatifs ainsi qu’aux fruits. La toxine injectée lors des piqûres répétées de cet insecte provoque de fortes déformations des feuilles et des fruits affectés.

dégât de puceron rose

Dommage de pucerons roses du pommier sur fruit

 

Estimation du risque

Les méthodes de dépistage de ces ravageurs sont décrites au tableau-synthèse Dépistage par observation des fruits ou du feuillage de la fiche 65.

Pour les pucerons verts, les trois catégories d’infestation sont les suivantes :
Faible colonie = présence de pucerons sur les feuilles, feuillage non enroulé;
Colonie modérée = présence de pucerons sur les feuilles, feuillage enroulé et peu ou pas de pucerons sur la tige de la pousse;
Colonie dense = présence de pucerons sur les feuilles et sur la tige, feuillage enroulé.

Si différentes catégories de colonies sont observées simultanément, il faut considérer qu’une forte colonie équivaut à deux colonies modérées et qu’une colonie modérée équivaut à deux faibles colonies.

 

Stratégie d’intervention
Prévention

Les pucerons ont plusieurs prédateurs et parasitoïdes qui limitent leurs populations et des traitements insecticides sont rarement nécessaires (voir la fiche 97 et la fiche 98). Cependant, lorsque les pommiers sont trop vigoureux, ou que des insecticides toxiques aux prédateurs et parasitoïdes ont été utilisés, les pucerons peuvent se multiplier rapidement et atteindre des niveaux dommageables. Il importe donc de favoriser ce qui suit pour défavoriser le développement des pucerons :
• favoriser le développement des prédateurs de pucerons par l’utilisation d’insecticides sélectifs plutôt qu’à large spectre et par la réduction du nombre d’interventions insecticides après la floraison;
• éviter une forte fertilisation azotée;
• une taille d’été permettra d’enlever une partie des colonies de pucerons présents sur les gourmands et favorisera la pénétration des pulvérisations insecticides;
• utiliser des porte-greffes résistants au puceron lanigère lorsque pertinent;
• enlever les gourmands à la base des troncs sur lesquels les pucerons lanigères se développent avant de coloniser l’arbre;
• appliquer un enduit protecteur sur les blessures de taille afin de décourager l’installation du puceron lanigère.

Répression

À la date de publication de ce guide, il existe trois aphicides (produits s’attaquant spécialement aux pucerons) homologués en pomiculture, soit le MOVENTO, le BELEAF et le CLOSER. Les insecticides à large spectre les plus efficaces contre ces ravageurs sont des néonicotinoïdes. Les traitements devront être effectués uniquement sur les cultivars sensibles, en l’absence de prédateurs et avant que les feuilles ne s’enroulent, car celles-ci protégeront alors les colonies établies sur elles.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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