Fiche 73

Yvon Morin et Gérald Chouinard

 

Voyez la mineuse sur Youtube à https://www.youtube.com/watch?v=z01ETEHaIjI
La capsule vidéo de 6 minutes dresse un portrait du ravageur, montre ses caractères distinctifs, identifie les conditions qui influencent son développement, et vous plonge dans l’action du dépistage et des méthodes d’intervention recommandées en production fruitière intégrée.
Description et comportement

La mineuse marbrée (Phyllonorycter blancardella) est un ravageur secondaire en PFI. Elle hiberne dans les feuilles tombées à l’automne au stade nymphale à l’intérieur de la mine dans laquelle elle s’est nourrie au stade larvaire. Elle en émerge au stade du débourrement avancé, sous forme d’un petit papillon (4-5 mm), orné de rayures blanches et dorées.

Adulte de la mineuse marbrée – photo J. Moisan-De Serres, MAPAQ

Il y a trois générations de mineuses marbrées par an. Au stade pré-bouton rose, la femelle de la première génération pond ses œufs un à un sous les jeunes feuilles du bouquet floral. Elle est particulièrement active lors des soirées chaudes et calmes. Les œufs sont translucides et visibles à l’aide d’une loupe de grossissement 10X. L’éclosion survient de 9 à 14 jours plus tard et la chenille s’enfouit alors entre les deux épidermes de la feuille. La larve mesurant 1 à 4 mm est aplatie et de couleur blanc crème à jaunâtre. Ce sont ces larves qui causent les dommages en se nourrissant de la sève et des tissus à l’intérieur des feuilles. Vers la fin du mois de juin, elles se transforment en nymphe à l’intérieur de la feuille et l’émergence des adultes se produit 8 à 12 jours plus tard. La nymphe est brun foncé et mesure 7 mm de longueur.

Larve de mineuse marbrée
photo J. Moisan-De Serres, MAPAQ

La deuxième génération de chenille apparaît en juillet et la troisième, principalement de la mi-août à la mi-septembre.

Cycle de vie de la mineuse marbrée – illustration J. Veilleux / IRDA

 

Dommages

La mine est d’abord visible seulement sur la face inférieure de la feuille : il est possible d’y apercevoir une tache vert pâle qui trahit la présence d’air sous la cuticule de la feuille. Les larves présentes dans ces jeunes mines se nourrissent uniquement de sève. Toutefois, lorsqu’elles atteignent le 4e stade larvaire, elles commencent à se nourrir de tissus végétaux, créant des taches décolorées visibles sur la surface supérieure de la feuille. Les mines apparaissent alors tachetées de blanc.

dégât de mineuse marbrée

Dommage sur la face supérieure
de la feuille (=type âgé)

Lorsque les mines sont très abondantes (entre cinq et dix par feuille en troisième génération), il y a un risque de chute prématurée des feuilles et des fruits, ainsi que de mûrissement prématuré. La chute des fruits et des feuilles peut s’aggraver si les arbres subissent d’autres stress, comme une infestation d’acariens ou une sécheresse.

Estimation du risque

Le suivi des captures des papillons permet de déterminer si le seuil d’intervention est atteint. La méthode de dépistage est décrite au tableau-synthèse Dépistage par pièges à phéromones de la fiche 65.

 

Stratégie d’intervention
Prévention

La mineuse marbrée peut être contrôlée de façon naturelle par le parasitoïde Pholetesor ornigis qui est cependant très sensible aux insecticides (néonicotinoïdes, pyréthrinoïdes, carbamates et plusieurs organophosphorés). L’approche privilégiée en PFI est donc de ne pas intervenir spécifiquement contre la mineuse marbrée avant la floraison et d’éviter autant que possible l’utilisation de produits néfastes aux parasitoïdes (voir la fiche 98).

Répression
  • Les adultes de mineuse marbrée peuvent être contrôlés par une application de pyréthrinoïde de synthèse avant la floraison.
  • Les larves de stades un à trois peuvent être contrôlées par des insecticides systémiques appliqués au stade calice ou nouaison.
  • Il est presqu’impossible d’atteindre les larves plus âgées avec des insecticides.

Si une intervention postflorale est prévue contre d’autres insectes et que les populations de mineuses marbrées dépassent le seuil d’intervention, il faut chercher à atteindre le maximum de femelles adultes et de jeunes larves tout juste sorties de l’œuf, avant qu’elles ne pénètrent la feuille et se retrouvent hors d’atteinte. Selon les conditions météorologiques, ce moment survient quelques jours après le « pic de captures », c’est-à-dire le moment où le maximum de papillons est capturé entre deux dépistages réguliers.

Les insecticides suivants appliqués contre d’autres ravageurs en traitement postfloral, vont également contrôler les larves de mineuse marbrée :

  • SUCCESS (spinosad) ou DELEGATE (spinétoram) utilisés contre la tordeuse à bandes obliques. Ces insecticides seront plus efficaces contre les larves de mineuse marbrée si 0,8 % d’huile supérieure est ajoutée lors de l’application. Il faut cependant faire très attention à la phytotoxicité qui peut survenir si du captane est utilisé jusqu’à dix jours avant ou après ce traitement;
  • AGRI-MEK (abamectine) utilisé contre les tétranyques;
  • CALYPSO (thiaclopride) utilisé contre le charançon de la prune et l’hoplocampe.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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Fiche 74

Yvon Morin, Gérald Chouinard et Daniel Cormier

 

Cet ennemi du pommier est règlementé en vertu de la Loi sur la protection sanitaire des cultures (Fiche 15) et les mesures nécessaires doivent être prises pour éviter la propagation aux cultures avoisinantes.

ATTENTION DOSES RÉDUITES : l’ARLA ne prend pas action contre ceux qui préconisent de telles pratiques, si elles n’entraînent pas de danger pour la santé ou la sécurité humaine ou pour l’environnement et qu’elles ne sont pas destinées à promouvoir la vente de produits antiparasitaires. Si toutefois l’utilisation de doses réduites ou adaptées devait entraîner des pertes pour les utilisateurs, les conseillers ou les organisations qui les recommandent pourraient être tenus responsables de leurs recommandations dans des actions civiles.

 

Voyez la TBO sur Youtube à https://www.youtube.com/watch?v=BEqAKSeOGJU
La capsule vidéo de 7 minutes dresse un portrait du ravageur, montre ses caractères distinctifs, identifie les conditions qui influencent son développement, et vous plonge dans l’action du dépistage et des méthodes d’intervention recommandées en production fruitière intégrée.

 

Description et comportement

La tordeuse à bandes obliques (Choristoneura rosaceana) (TBO) est un ravageur primaire en PFI. Elle est présente dans la majorité des vergers au Québec. C’est un ravageur qui a développé de la résistance aux insecticides de la famille des organophosphorés et des pyréthrinoïdes dans plusieurs régions pomicoles.

Il y a deux générations de tordeuse à bandes obliques par an : la génération hibernante et la génération d’été. Ce sont les larves de la génération d’été qui endommagent le plus la récolte.

Génération hibernante (larves du printemps)

Les premières larves du printemps sont visibles à partir du stade débourrement. La majorité des larves apparaît cependant entre le bouton rose et la nouaison et les plus tardives, après la nouaison. Elles sortent d’hibernation sous forme de 2e ou 3e stade larvaire et mesurent environ 4 mm de long. Elles sont distinguables des autres chenilles présentes à cette période par leur tête brun-noir et leur corps verdâtre. De plus, contrairement aux noctuelles présentes aussi à cette période, les tordeuses à bandes obliques s’enroulent dans les feuilles.

Ces larves du printemps se nourrissent de feuilles, de bourgeons et de fleurs de pommiers, mais aussi de petites pommes, avant de se transformer en nymphes, puis en adultes de la génération d’été. Des photographies du papillon, de la larve et des dommages sont présentées dans le Guide d’identification des ravageurs du pommier et de leurs ennemis naturels.

Larve de tordeuse à bandes obliques enroulée dans une feuille– photo IRDA

Larve de tordeuse à bandes obliques enroulée dans une feuille (la feuille a été déroulée afin de rendre la larve visible) – photo IRDA

 

 

Larve de tordeuse à bandes obliques – photo J. Moisan-De Serres, MAPAQ

Nymphe de tordeuse à bandes obliques – photo J. Moisan-De Serres, MAPAQ

Génération d’été

L’adulte (14 mm) est un papillon de nuit brun pâle avec trois bandes obliques foncées sur les ailes antérieures. Il émerge et s’accouple au mois de juin. La femelle pond ses œufs par masse de 50 à 600 individus sur les feuilles. La ponte commence quelques jours après l’accouplement et se termine vers la fin juillet. Sur une période de sept à huit jours, elle peut pondre jusqu’à 900 œufs.

Adulte de tordeuse à bandes obliques – photo J. Moisan-De Serres, MAPAQ

tordeuse à bandes obliques (masse d'oeufs)

Masse d’œufs de tordeuse à bandes obliques

La taille de la masse d’œufs diminue à chaque ponte. Fraîchement pondue, la masse est de couleur vert pâle. À l’occasion, elle peut devenir jaune, jusqu’au moment où il est possible d’apercevoir un petit point noir dans chaque œuf. Ce point noir est la tête de la future larve à naître.

L’éclosion survient généralement de 7 à 15 jours après la ponte. Le corps de la jeune chenille est vert pâle et mesure 2 mm de long. Sa tête noire ou brune la différencie de la tordeuse à bandes rouges, qui a la tête verte comme le reste de son corps. Les dernières feuilles de la pousse annuelle encore enroulées sont un abri idéal pour les premiers stades, qui se nourrissent de jeunes feuilles ou de pommes. Lorsqu’elles sont nombreuses, il est possible de les observer aussi sous les feuilles attachées par des fils qu’elles tissent à la nervure centrale.

Lorsqu’elle atteint des stades plus avancés, la chenille laisse son premier abri pour en trouver un deuxième et continue à se développer. Grâce à des fils de soie, elle enroule les feuilles autour d’elle pour fabriquer cet abri. Elle peut aussi s’abriter entre des pommes et s’en nourrir.

Larve de tordeuse à bandes obliques abritée entre une feuille et une pomme
photo A. Charbonneau, IRDA

Les larves se développent normalement pendant tout le mois de juillet. À leur sixième et dernier stade de développement, elles peuvent mesurer jusqu’à 25 mm de long. Il arrive parfois que de jeunes larves cessent leur développement au troisième stade larvaire (juillet-août) et entrent en diapause (hibernation) jusqu’au printemps prochain.

Génération hibernante (larves d’automne)

Les adultes qui donneront naissance aux larves de la génération hibernante apparaissent graduellement entre la mi-août et le mois d’octobre. Les larves se nourrissent principalement de feuilles, mais peuvent également se nourrir de fruits. Lorsqu’elles atteignent le 3e stade larvaire, elles s’abritent sous l’écorce du pommier ou dans les bourgeons pour hiberner.

Comportement

Lorsqu’elle sort de l’œuf, la larve tisse un fil de soie au bout duquel elle se laisse emporter par le vent, parfois plusieurs dizaines de mètres plus loin, afin de se disperser. Le même phénomène est observable lorsqu’elle est dérangée; il faut être rapide pour l’apercevoir, car aussitôt que l’on déroule les feuilles, elle se laisse rapidement tomber vers le sol.

Survie des larves

Il n’y a qu’un certain pourcentage de larves qui survivent à leur sortie des œufs. Plusieurs tombent au sol ou ne se trouvent pas d’abri ou de nourriture. Cela dépend des conditions climatiques lors de l’éclosion. De fortes pluies durant cette période – particulièrement durant le pic d’éclosion – entraînent une proportion plus importante de jeunes larves vers le sol, ce qui compromet leur survie.

Cycle de vie de la tordeuse à bandes obliques – illustration J. Veilleux / IRDA

 

Dommages

Les larves printanières de la génération hibernante endommagent peu la récolte. La majorité des pommes attaquées tombent lors de la chute physiologique de juin. Les quelques dommages qui peuvent être visibles au moment de la récolte sont liégeux et profonds et ressemblent à ceux qui sont faits par la noctuelle du fruit vert.

Les larves de la génération d’été endommagent considérablement la récolte. Lorsqu’elles sont petites, leurs pièces buccales leur permettent de faire seulement des petits trous dans la pelure. Plus grosses, leurs grandes bouchées forment des sillons larges et peu profonds sur la pelure et dans la chair des fruits, mais sans les déformer.

Dans des régions où les populations sont abondantes et lorsque l’été est long, les larves de la génération hibernante peuvent aussi endommager les fruits à l’automne. Les dommages se trouvent souvent entre deux pommes ou sous une feuille attachée à une pomme par des fils de soie.

tordeuse à bandes obliques (larve et dégâts)

Dommage de tordeuse à bandes obliques à la récolte

 

Estimation du risque

La méthode de dépistage de ce ravageur est décrite au tableau-synthèse Dépistage par observation des fruits ou du feuillage de la fiche 65. Il est très difficile de prévoir avec précision la quantité de dommage que la tordeuse à bandes obliques peut infliger à une récolte à partir des observations de larves au printemps. C’est la raison pour laquelle le seuil d’intervention varie de 0,5 à 3 %. Si l’été est chaud et sec, il y aura une forte augmentation de la population et donc des dommages. Si généralement vous traitez contre le carpocapse et faites des applications de RIMON, ALTACOR ou DELEGATE en été, vous allez réduire la population de TBO et vous pouvez alors tolérer plus de larves au printemps.

Dans les vergers qui ont eu peu ou pas de dommages la saison précédente, seul le dépistage des larves permet de savoir s’il est nécessaire de traiter. Dans les vergers qui possèdent un historique de dommages, un traitement préventif au stade calice ou nouaison est généralement requis au moins une année sur deux pour lutter contre les populations de larves du printemps. Ce traitement aura aussi un impact sur les populations de la génération estivale qui seront plus faibles qu’en absence de traitement. Même s’il est prévu de traiter, il est préférable de dépister les larves pour évaluer leur population avant.

En juillet, on retrouve les chenilles à la fois sur les pousses en croissance et sur les bouquets de fruits. Lorsque le nombre de pousses en croissance diminue, vers la deuxième semaine de juillet, on doit observer uniquement les bouquets de fruits. Il faut porter une attention particulière aux pommiers hâtifs et à ceux au feuillage abondant. De plus, les tordeuses se retrouvent souvent sur les pommes du cultivar Cortland, abritées entre deux fruits.

 

Stratégie d’intervention
Prévention

La TBO est un insecte difficile à combattre par des pulvérisations; il faut appliquer une régie qui réduit la capacité des larves à faire des dommages. Les pratiques suivantes permettent l’exposition des pommes au vent et au soleil et diminuent le nombre d’endroits où peuvent s’abriter les larves :

  • Une taille d’hiver et une taille d’été appropriées (voir la fiche 41);
  • L’enlèvement des gourmands en été;
  • L’éclaircissage (chimique et/ou manuel) de tous les cultivars;
  • Une fertilisation adéquate (limitée) en azote.

Ces pratiques ont deux autres énormes avantages en PFI :

  • Les pesticides utilisés lorsque requis atteindront mieux la cible.
  • Les fruits seront de meilleure qualité (grosseur et couleur).
Lutte naturelle

Il existe des prédateurs et parasitoïdes qui s’attaquent aux œufs ou aux larves de tordeuses à bandes obliques. Les trichogrammes sont des petites guêpes qui pondent dans les œufs et les tuent. Il existe aussi une guêpe du nom de Macrocentrus iridescens et des mouches tachinides, qui sont des parasitoïdes des larves.

Comme ces insectes utiles sont sensibles aux insecticides, ils se retrouvent seulement dans les vergers où des insecticides peu toxiques sont utilisés. Cette lutte biologique n’est pas parfaite, mais elle est naturelle et gratuite, alors pourquoi s’en priver?

Répression

Si vous devez intervenir contre la TBO, retenez les conseils suivants :

  • Limitez le recours aux insecticides. Les niveaux de résistance aux pesticides cessent d’augmenter et même chutent naturellement lorsque ces pesticides ne sont pas appliqués pendant quelques années. Afin de limiter l’utilisation des pesticides, effectuez le dépistage des adultes et des chenilles et n’intervenez que si les seuils sont atteints.
  • N’intervenez pas si de nombreuses chenilles se sont déjà transformées en chrysalides (ce qui est normalement le cas à la nouaison), car les interventions à ce stade sont inefficaces. Vous aurez l’opportunité d’intervenir à nouveau en juillet, si les populations de la prochaine génération dépassent les seuils.
  • Si des pulvérisations sont nécessaires, faites une rotation des produits suggérés, en utilisant une famille chimique différente lors de chaque intervention.
  • Lors de l’application d’un produit, utilisez la dose minimale efficace. Toute application inutile de pesticides augmente vos coûts et la pression de sélection. Toute application d’une dose insuffisante pourra vous forcer à intervenir une seconde fois, ce qui revient un peu au même! Ceci signifie aussi d’éviter les produits qui ne sont pas efficaces à la dose homologuée.
  • Si les conditions météorologiques ne se prêtent pas à une intervention chimique pendant la période idéale, il n’y a pas de solution magique. Cependant, rappelez-vous que les méthodes physiques de lutte (taille et éclaircissement manuel) pourront être utilisées en cours de saison, peu importe la température.

Plusieurs insecticides sont homologués contre la tordeuse à bandes obliques. Les plus efficaces et plus souvent recommandés en PFI sont le SUCCESS et le DELEGATE qui font partie de la même famille d’insecticides, les spinosynes. Les insecticides suivants ont également une bonne efficacité : novaluron (RIMON), chlorantraniliprole (ALTACOR), Bacillus thuringiensis (BIOPROTEC, DIPEL, FORAY) et méthoxyfénozide (INTREPID).

Comme pour la plupart des traitements insecticides, l’application doit être faite à des températures au-dessus de 15 °C (de préférence 20 °C).

Il est primordial d’utiliser une grande quantité de bouillie à l’hectare, comme pour les traitements à l’huile. Il faut aussi diminuer la vitesse d’avancement pour que la bouillie pénètre bien les pommiers. Les applications concentrées sont moins efficaces.

Utilisation du Bt. La bouillie à base de Bacillus thuringiensis (Bt) devrait idéalement ne pas contenir d’autres produits chimiques, car elle contient un mélange de cristaux et de spores de la bactérie, qui est un organisme vivant. Il faut rincer adéquatement le pulvérisateur avant d’y verser le mélange préalablement dilué. L’ajout de lait en poudre à la bouillie augmentera la rémanence du produit en protégeant les bactéries des rayons solaires et en améliorant son adhérence aux feuilles. Un phagostimulant (ex. : PHEAST) peut aussi être ajouté pour augmenter l’appétit des larves. À noter que les plus récentes formulations de Bt (ex BIOPROTEC) sont compatibles avec une grande diversité de produits, la seule limitation connue étant les produits alcalins (pH supérieur à 9) et ne bénéficient pas, du moins clairement,  de l’ajout de produits comme PHEAST.

Moment du traitement

En l’absence de résistance, les traitements faits aux périodes préflorale et postflorale sont suffisants pour bien contrôler la TBO, mais malheureusement, ce n’est souvent plus le cas. Le meilleur moment pour intervenir se situe entre les stades calice et nouaison.

Les traitements au RIMON, INTREPID et au Bt agissent plus lentement que les autres et ils doivent être appliqués plus tôt, soit au plus tard au stade calice

Les traitements au SUCCESS, DELEGATE, ALTACOR ou INTREPID peuvent être appliqués jusqu’au stade de nouaison. Passé ce stade, trop de larves de TBO ont commencé leur transformation en chrysalide.

Des interventions insecticides spécifiques contre la génération estivale de TBO ne sont pas recommandées en PFI, car elles sont peu efficaces.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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Fiche 75

Yvon Morin et Gérald Chouinard

 

Description et comportement

La cicadelle blanche du pommier (Typhlocyba pomaria) est un ravageur secondaire en PFI. De couleur blanc crème, elle mesure de 1 à 3 mm de longueur, et son corps allongé est effilé aux deux extrémités. Elle est généralement observée sur la face inférieure des feuilles.

Cet insecte hiberne au stade d’œufs sous l’écorce de jeunes branches de pommier. Le début de l’éclosion a lieu un peu avant la floraison et se termine à la chute des pétales. Les larves sont de couleur blanche ou jaunâtre et complètent cinq stades de développement. Les deux premiers stades sont petits (1 mm), n’ont pas d’ailes et ont les yeux rouges. C’est durant ces deux premiers stades que l’insecte est le plus sensible aux insecticides. Les stades larvaires 3 à 5 possèdent une ébauche d’ailes et prennent graduellement une teinte beige pâle en se développant. Les adultes mesurent environ 3 mm et apparaissent à la fin juin. Ils sont ailés, très mobiles et peu sensibles aux insecticides. Chaque femelle pond de 50 à 60 œufs sur les pétioles et les nervures inférieures des feuilles. Ces œufs donnent naissance aux larves de la deuxième génération vers la fin juillet, puis aux adultes vers la mi-août. Les femelles déposent leurs œufs sous l’écorce des jeunes branches et l’activité des adultes se poursuit jusqu’aux premiers gel de l’automne.

La cicadelle de la pomme de terre (Empoasca fabae) peut aussi être présente dans les vergers. Elle se distingue de la cicadelle blanche par sa couleur plutôt verdâtre, par ses déplacements latéraux et par l’absence de stades larvaires avant le mois de juillet.

Larve de cicadelle blanche du pommier – photo J. Moisan-De Serres, MAPAQ

Adulte de cicadelle blanche du pommier – photo J. Moisan-De Serres, MAPAQ

Cycle de vie de la cicadelle blanche du pommier – illustration J. Veilleux / IRDA

 

Dommages

Les dommages sont causés par les adultes et les larves qui se nourrissent du contenu des cellules des feuilles (contrairement à la cicadelle de la pomme de terre qui, elle, se nourrit de la sève des pommiers).

Le feuillage infesté pâlit et une tache pâle se développe au site de chaque piqûre, ce qui donne aux feuilles une apparence mouchetée. Lors de fortes infestations, non seulement l’arbre perd de la vigueur, mais la qualité des fruits et l’aoûtement des pommiers peuvent être affectés.

dégât de cicadelle blanche

Dommages de nutrition

Cependant, les excréments laissés sur les pommes au mois d’août peuvent être la cause principale de pertes, car les fruits affectés peuvent être déclassés s’ils ne sont pas bien brossés.

Lorsqu’ils sont présents en grand nombre à la récolte, les adultes peuvent aussi déranger les cueilleurs.

 

Estimation du risque

La cicadelle blanche est présente dans tous les vergers, mais elle n’est généralement pas un problème en raison des applications de SEVIN lors des traitements d’éclaircissage. Cependant, le SEVIN est très toxique à plusieurs espèces d’acariens prédateurs et son utilisation n’est pas toujours nécessaire.

La méthode de dépistage de ce ravageur est décrite au tableau-synthèse Dépistage par observation des fruits ou du feuillage de la fiche 65.

Au stade du calice

Lors de la première génération, il y a de fortes probabilités d’obtenir le seuil d’intervention dans les vergers avec un historique de dommages, si aucun traitement n’a été fait contre cet insecte.

Un traitement est recommandé, lorsque le seuil d’intervention de 0,5 individu par feuille est atteint. Il vise les jeunes larves de la première génération.

En août

Il peut arriver également qu’un traitement soit nécessaire à cette période contre la deuxième génération, lorsqu’aucun traitement n’a été appliqué au stade calice, ou qu’il n’a pas été efficace. Le seuil d’intervention proposé est d’un individu par feuille, en combinaison avec au moins un des facteurs de stress suivants :

  • une quantité importante de mines (plus de une à deux mines par feuille) provoquées par la mineuse marbrée du pommier;
  • une décoloration importante du feuillage en raison de la présence d’acariens;
  • de la grêle importante qui a endommagé les feuilles;
  • des pommiers chétifs dus à la sécheresse ou à un gel.

 

Stratégie d’intervention
Répression

Le traitement de la première génération de larves est toujours plus efficace, car mieux synchronisé avec les premiers stades larvaires. La période se situant entre les stades calice et nouaison est le meilleur moment pour intervenir.

Le carbaryl (SEVIN), qui est utilisé lors de l’éclaircissage chimique des pommes, est très efficace pour contrôler ce ravageur. S’il n’est pas utilisé, les autres insecticides efficaces sont principalement les néonicotinoïdes, le thiaclopride (CALYPSO) et l’acétamipride (ASSAIL). L’abamectine (AGRI-MEK) est également efficace dans une moindre mesure.

Pour les interventions en août, certains insecticides, par exemple les néonicotinoïdes, utilisés à cette époque pour contrôler d’autres ravageurs, contribuent à diminuer suffisamment les populations de cicadelles.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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Fiche 76

Yvon Morin, Daniel Cormier et Gérald Chouinard

 

Voyez le carpocapse sur YouTube à https://www.youtube.com/watch?v=4kk7HjBtLkc
La capsule vidéo de sept minutes dresse un portrait du ravageur, montre ses caractères distinctifs, identifie les conditions qui influencent son développement, et vous plonge dans l’action du dépistage et des méthodes d’intervention recommandées en production fruitière intégrée.
Description et comportement

Le carpocapse (Cydia pomonella) est non seulement un ravageur primaire en PFI, c’est présentement l’insecte ravageur numéro 1 des vergers de pommiers. En vergers commerciaux, des adultes de carpocapse peuvent être trouvés à partir de la floraison jusqu’à la fin septembre, mais l’activité la plus intense est observée entre la mi-juin et la fin juillet.

Le carpocapse complète une génération par année et certains individus complètent une deuxième génération lors de saisons ou en des lieux plus chauds. Cet insecte passe l’hiver au dernier stade larvaire dans un cocon logé sous l’écorce du tronc. C’est entre 30 et 60 cm du sol que se trouve le plus grand nombre. Les larves se transforment en chrysalides entre la mi-avril et la fin mai, et les premiers adultes émergent durant la floraison. En verger commercial, la majorité des adultes de première génération émerge entre la mi-juin et la mi-juillet, alors que les adultes de deuxième génération sont principalement observés en août.

Ce sont des papillons faciles à reconnaître. Ils mesurent 12 mm et sont de couleur grise et brune. Les ailes antérieures portent d’étroites lignes transversales et sont marquées à leur extrémité d’une tache brune entourée de deux raies bronzées à reflet métallique (voir les photographies dans le Guide d’identification des ravageurs du pommier et de leurs ennemis naturels).

carpocapse de la pomme (adulte)

Adulte du carpocapse de la pomme – photo F. Vanoosthuyse, IRDA

Quelques jours après leur émergence, les adultes sont prêts à s’accoupler, ce qu’ils feront si la température est ≥ 12 °C durant l’heure qui précède et qui suit le coucher du soleil. La femelle est prête à pondre environ deux jours après l’accouplement, ce qu’elle fera si la température est ≥ 14 °C durant la période crépusculaire (quelques heures avant et après le coucher du soleil). La ponte sera accentuée si la température est plus chaude (optimum autour de 25 °C) et si les conditions sont peu ou pas venteuses durant cette période.

Chaque femelle, dont la durée de vie est d’environ deux semaines, peut pondre une centaine d’œufs localisés principalement sur la face supérieure des feuilles et sur les fruits s’ils sont présents. Ces œufs, d’environ 1 mm de diamètre, blancs et aplatis, vont éclore après une période de 9 jours (à une température moyenne de 20 °C) à 18 jours (à une température moyenne de 15 °C), soit après accumulation de 88 degrés-jours base 10 °C (DJ10).

larve émergeant d'un oeuf carpo_2016

Larve émergeant d’un œuf – photo IRDA

Aux premiers stades larvaires, les larves sont blanches avec une tête noire. Elles prennent graduellement une couleur rose au fur et à mesure qu’elles se développent et mesurent de 13 à 19 mm à leur plein développement, au cinquième stade. Le développement complet dans le fruit nécessite une accumulation moyenne de 320 DJ10, soit environ un mois sous des températures de saison.

Les larves se laissent ensuite tomber au sol et se dirigent vers le tronc du pommier, les branches principales ou les branches charpentières. Elles s’y tissent un cocon épais et soyeux. Une proportion de ces larves entrera en diapause alors qu’une autre continuera à se développer pour former la seconde génération.

carpocapse de la pomme (larve)

Larve du carpocapse de la pomme – photo J. Moisan-De Serres, MAPAQ

La seconde génération d’adultes émerge des chrysalides en août et en septembre. Cependant, lorsqu’on a bien lutté contre la première génération, les niveaux de population de cette deuxième génération sont moins importants. Toutefois, la proportion d’adultes de deuxième génération est plus importante lors de longues saisons chaudes. De plus, il a été observé qu’une seconde génération plus élevée serait liée à une apparition plus hâtive des dégâts en saison.

Les larves de deuxième génération se nourrissent de pommes, jusqu’à ce qu’elles atteignent leur dernier stade, soit entre la fin août et le mois d’octobre. Elles quittent alors les fruits pour se cacher sous l’écorce des pommiers et s’entourer d’un cocon pour passer l’hiver. Au printemps suivant, ces larves deviennent des chrysalides, puis des adultes, qui émergeront à partir de la floraison.

Cycle de vie du carpocapse de la pomme – illustration J. Veilleux / IRDA

 

Dommages

Ce sont les larves qui endommagent les pommes et les poires en se nourrissant de la chair du fruit, creusant des tunnels souvent jusqu’au cœur. Les points d’entrée des jeunes chenilles à la surface sont marqués par des amas d’excréments secs caractéristiques brun-rougeâtres, semblables à de la sciure de bois. Parfois confondu avec le dégât secondaire de l’hoplocampe qui apparaît en juin, le dégât du carpocapse apparaît cependant plus tard (en juillet).

dommage carpo_2016

Dégât fait par une jeune larve; généralement présence d’excrément sec
photo IRDA

Dégât fait par une larve âgée; présence d’excrément sec
photo A. Charbonneau, IRDA

Capture

Dégât fait par une larve âgée – photo IRDA

 

Estimation du risque
Historique de dommages

L’historique de dommages est une donnée essentielle pour estimer le risque, pour deux raisons :

  • Premièrement, il n’existe actuellement pas de consensus parfait au Québec sur les seuils d’intervention à utiliser.
  • Deuxièmement, les seuils sont basés sur la présence de larves, d’adultes ou de dégâts, et ne permettent pas d’intervenir efficacement contre les œufs.

Si pour quelque raison vous ne pouvez vérifier l’historique de dommages du carpocapse dans votre verger, vous pouvez l’estimer à partir de la situation qui prévaut dans les vergers de votre entourage immédiat, ou de votre région.

Seuils d’intervention basés sur les captures dans les pièges à phéromones :

La méthode générale de dépistage de ce ravageur est décrite au tableau-synthèse Dépistage par piège à phéromone de la fiche 65. La méthode et le seuil d’intervention associé diffèreront toutefois si un programme de confusion sexuelle est en place contre cet insecte dans le verger, tel que décrit ci-après. Pour en savoir plus sur la confusion sexuelle, voir plus bas à la section « Stratégies d’intervention ».

Vergers n’utilisant pas la confusion sexuelle : Le piège Multi-Pher 1 appâté de la phéromone standard Trécé est utilisé pour dépister le carpocapse de la pomme. Pour les vergers avec antécédents de dégâts, placer de 1 à 3 pièges (ou paires de pièges) par section de 12 ha de verger. Si des paires sont utilisées, considérer uniquement les captures des 3 pièges ayant capturé le plus d’adultes. Pour les autres vergers, utiliser un piège par verger. Des seuils d’intervention ont été déterminés pour chacune des générations de carpocapses. À noter, qu’il n’existe pas de consensus parfait sur les seuils d’intervention pour le carpocapse. Le dépistage doit être basé sur l’observation des dégâts et l’historique des dommages est essentiel pour déterminer les besoins de traitements. Pour réduire les risques d’infestation, couper tous les pommiers abandonnés et arbres de la famille des Rosacées (ex. : pommetiers et cerisiers sauvages, aubépine, etc.) autour du verger. Les seuils d’intervention sont les suivants :

  • Si les captures de première génération (mi-mai à mi-juillet) dépassent 10 individus par piège par semaine pendant deux semaines consécutives, le risque est accru.
  • Si les captures de deuxième génération (début août à fin septembre) dépassent 15 à 20 individus par piège pour un site avec historique de dommages, et 25 à 30 captures par piège pour un verger sans historique de dommage, par semaine pendant deux semaines consécutives, le risque est accru.

Vergers sous confusion sexuelle : Pour les vergers sous confusion sexuelle, il est difficile d’utiliser les pièges à phéromone pour estimer l’activité des carpocapses dans le verger. Les pièges Multi-Pher 1 et la phéromone standard Trécé, tels qu’utilisés habituellement pour dépister le carpocapse de la pomme peuvent servir à évaluer l’efficacité de la lutte par confusion sexuelle dans le verger. Ils devront être installés dans les vergers conformément aux bonnes pratiques de PFI et relevés hebdomadairement de la floraison jusqu’à la fin août. Quant aux pièges Delta appâtés, ils permettent d’évaluer l’activité des carpocapses. L’appât (Pherocon® CM-DA COMBO™) consiste en un mélange d’une concentration élevée de la phéromone sexuelle du carpocapse et d’un ester de poires. La combinaison des deux substances attire à la fois les mâles et les femelles. Cet appât est placé dans les pièges Delta, qui sont plus efficaces que les pièges Multi-Pher pour la capture de papillons dans un verger sous confusion sexuelle. Il est préférable d’installer les pièges Delta dans les zones problématiques ou en bordure (5e ou 6e rangée). À l’aide d’une pôle, on les installe dans le tiers supérieur de l’arbre mais plus bas que les diffuseurs à phéromone et, si possible, dans un arbre qui ne contient pas de diffuseur. Placer les pièges de sorte à éviter l’obstruction (branches, feuilles) à l’entrée des carpocapses. Un seuil économique de 4 à 6 captures/piège/semaine est considéré lorsqu’on utilise le piège Delta appâté. Il est opportun de ne pas baser la décision de traiter ou non uniquement sur l’atteinte du seuil de captures. En effet, dans certaines parcelles, des dégâts sur fruits ont déjà été vus alors qu’aucune capture n’avait été enregistrée. À l’inverse, des captures peuvent être enregistrées sans qu’aucun dommage ne soit observé. L’utilisation du seuil d’intervention basé sur les captures doit aussi être appuyé par l’observation des dégâts sur fruits (voir la section plus bas). En fait, le dépistage des dégâts devrait être la principale méthode de suivi de l’efficacité de la confusion sexuelle, le piégeage pouvant venir appuyer ce dépistage.

Seuils d’intervention basés sur les dégâts sur fruits :

La méthode générale de dépistage de ce ravageur est décrite au tableau-synthèse Dépistage par observation visuelle des fruits de la fiche 65Le dépistage et le seuil d’intervention associé diffèreront toutefois si un programme de confusion sexuelle est en place contre cet insecte dans le verger, tel que décrit ci-après. Pour en savoir plus sur la confusion sexuelle, voir plus bas à la section « Stratégies d’intervention ».

Vergers n’utilisant pas la confusion sexuelle : L’observation des fruits doit débuter à la mi-juin et se poursuivre jusqu’à la récolte. Observer hebdomadairement 100 fruits par bloc (10 par arbre) en notant ceux qui portent des marques de carpocapse. Il est déconseillé d’attendre des dégâts sur fruit avant de penser à intervenir. La stratégie dépendra de l’historique des dégâts et des captures dans les pièges à phéromone. Le dépistage des dégâts servira à valider l’efficacité de votre stratégie : les seuils varieront de 0,1 à 1 % selon vos objectifs personnels.

Vergers sous confusion sexuelle : L’observation des dommages sur fruits doit être réalisée hebdomadairement pour déterminer la nécessité d’assister la lutte par confusion sexuelle avec un ou des applications d’insecticides. Examiner au minimum 200 fruits par secteur ainsi que dans les zones à risques et la bordure. Inspecter hebdomadairement les fruits et plus attentivement à partir de l’émergence des premières larves (mi-juin). On recommande une inspection d’un minimum de 1 000 fruits par verger. Le seuil d’intervention est de 0,5% de pommes fraîchement endommagées (1 pomme sur 200). Si le seuil est atteint uniquement en bordure du verger, un traitement de la bordure peut être envisagé. De même, des traitements localisés peuvent aussi être envisagés uniquement aux endroits à fortes infestations.

Stratégie d’intervention
Prévention

Semblable aux autres ravageurs, par contre à un plus haut niveau d’importance dans le cas du carpocapse, la première étape de prévention consiste à réduire les populations au sein du verger (par exemple, ramasser les fruits affectés ou utiliser des bandes-pièges pour récupérer une partie des chenilles hibernantes sur les troncs) et à éliminer les foyers d’infestation à proximité du verger, particulièrement les pommiers et les pommetiers sauvages ou abandonnés et les aubépines. S’il est possible pour le carpocapse de se développer, même autour du verger, aucune stratégie de lutte ne sera suffisamment efficace pour prévenir les dégâts de deuxième génération. Et si vous ne voulez pas retrouver des larves vivantes de carpocapse dans vos fruits à la récolte, il est essentiel de bien lutter contre la première génération!

Confusion sexuelle

Depuis quelques années de plus en plus de pomiculteurs québécois se basent sur la confusion sexuelle pour lutter contre le carpocapse de la pomme. En 2017, plus de 1 500 ha de verger étaient sous confusion sexuelle contre le carpocapse au Québec. Sa popularité provient des bons résultats enregistrés jusqu’à ce jour dans nos vergers et de l’aide financière octroyée par le programme Prime-Vert du MAPAQ. La confusion sexuelle est une méthode de lutte préventive car elle réduit les accouplements résultant en une diminution des pontes et des dégâts sur fruits. Cette méthode lutte contre le carpocapse dès l’installation des diffuseurs dans le verger et jusqu’à la fin de la saison, beau temps, mauvais temps. Une seule pose par année, faite avant la floraison, couvrira toute la saison. Ce moyen de lutte permet d’éliminer le recours aux insecticides lorsque les densités de population de carpocapses sont faibles et de réduire le nombre d’applications lorsque les densités de populations sont de modérées à élevées. Cette méthode de lutte offre l’avantage double de protéger les espèces utiles et d’être plus durable puisque les carpocapses peuvent difficilement développer de la résistance à ce produit.

Diffuseur à phéromone pour lutter contre le carpocapse de la pomme
Photo IRDA

La méthode de la confusion sexuelle contre le carpocapse de la pomme est décrite en détail dans 4 fiches synthèses (complémentaires à la présente fiche): « Principes de base et aide financière disponible », « Calcul du patron d’installation des diffuseurs », « Installation des diffuseurs (ISOMATE®-CM/OFM TT) » et « Observation hebdomadaire et traitement insecticide ». Une cinquième fiche explique Comment fabriquer soi-même les outils nécessaires à la pose des diffuseurs et des pièges Delta. Il est essentiel de lire ces fiches pour quiconque désire utiliser la méthode de la confusion sexuelle contre le carpocapse de la pomme.

Les recommandations suivantes sont importantes pour réussir à bien « confondre » le carpocapse :

  • Sauf en cas de populations faibles ou moyennes, il est recommandé de conserver son programme de traitements habituels contre ce ravageur lors de la première année sous confusion sexuelle. Durant les années subséquentes, le nombre d’applications pourra être abaissé en fonction des dégâts observés ou non sur fruits durant la saison.
  • La parcelle de pommiers sous confusion doit avoir une forme plutôt carrée avec une superficie minimum de 3 ha, des pommiers de gabarit semblable, n’excédant pas 4 m de hauteur et très peu d’arbres manquants.
  • Plus la superficie traitée sous confusion sexuelle est importante, meilleurs seront les résultats. Une approche favorisant le regroupement de producteurs partageant des vergers contigus est donc à privilégier pour donner de bons résultats au Québec.
  • Le verger sous confusion sexuelle doit être à une distance de plus de 100 m de pommiers non traités.
  • Les diffuseurs doivent être installés à chaque année dans le tiers supérieur des pommiers, avant le début de vol des papillons, soit avant la floraison, à raison de 500 diffuseurs à l’hectare pour ceux de type ISOMATE CM/OFM-TT. Lorsque les populations deviennent faibles et que peu de dégâts est observé sur les fruits, une diminution du nombre de diffuseurs à l’hectare peut être envisagée.
  • Les diffuseurs doivent être répartis uniformément dans le verger et en prenant soin de doubler la quantité sur les pommiers périphériques du verger et dans les zones à fortes infestations.
  • Accompagnement professionnel est souhaitable les premières années.
Répression

La majorité des insecticides recommandés au stade calice et/ou nouaison contre d’autres ravageurs ont une efficacité sur le carpocapse et permettent de retarder le premier traitement. Un tel insecticide appliqué lors d’une soirée chaude peut réduire la population d’adultes de carpocapse et laisser des résidus qui tueront les premiers œufs pondus ou les premières larves qui émergeront ce qui les empêchera de pénétrer le fruit.

La date d’application des traitements spécifiques contre le carpocapse dépendra des facteurs climatiques (température, pluie, vent, etc.) et du mode d’action de l’insecticide utilisé, mais aussi de l’historique de dommages et du marché visé pour votre production.

La lutte contre le carpocapse basée exclusivement sur les insecticides est difficile, car il y a beaucoup de décalage entre l’apparition des premières et des dernières larves. Ainsi, lorsque la population est élevée, des applications répétées sont nécessaires car un seul traitement ne peut en atteindre un nombre suffisant.

Les insecticides recommandés en PFI pour lutter contre cet insecte visent les œufs (ovicides) ou les larves (larvicides).

  • Les ovicides suivants sont recommandés pour application avant la ponte : novaluron (RIMON) et méthoxyfénozide (INTREPID).
  • Les ovicides suivants sont recommandés pour application après la ponte : thiaclopride (CALYPSO) et acétamipride (ASSAIL).
  • Les larvicides suivants sont recommandés pour application tout juste après l’éclosion des œufs : chlorantraniliprole (ALTACOR), spinétoram (DELEGATE), thiaclopride (CALYPSO), acétamipride (ASSAIL) et méthoxyfénozide (INTREPID).

Les organophosphorés comme le phosmet (IMIDAN) ont été utilisés contre les larves pendant plusieurs décennies, mais des études réalisées récemment au Québec ont démontré que les populations de carpocapses sont de plus en plus résistantes à cette catégorie d’insecticides. Pour ces populations résistantes, une résistance peut aussi être observée avec le méthoxyfénozide (INTREPID) car de la résistance croisée a déjà été observée. Ces insecticides pourront être utilisés uniquement sur recommandation de votre conseiller.

Dans tous les cas, l’important est d’intervenir avant que la larve ne pénètre dans le fruit car, pour être efficaces, ces produits doivent entrer en contact (par contact direct ou par ingestion) avec le carpocapse (œufs ou larves). Pour maximiser la probabilité de contact il est essentiel d’avoir une bonne couverture lors de l’application et ceci est particulièrement vrai pour les œufs, qui ne se déplacent pas! Pour obtenir une bonne couverture, il faut que les arbres soient bien taillés de manière à favoriser la pénétration de la bouillie et il est préférable de ralentir la vitesse lors de l’application (1000 L/ha sont nécessaires pour un verger de pommiers standards).

Quelques caractéristiques des insecticides recommandés en PFI contre le carpocapse

Produit Effet sur œufs Effet sur larves1
Application avant la ponte Application après la ponte
RIMON ++++ +
INTREPID +++ + +++
ALTACOR + + ++++
CALYPSO + +++ ++
ASSAIL + +++ ++
DELEGATE ++++
IMIDAN +++

1 L’efficacité des larvicides sera augmentée s’ils sont appliqués pendant la période d’éclosion des œufs
– = aucune efficacité
+ = faible efficacité
++ = efficacité moyenne
+++ = bonne efficacité
++++ = excellente efficacité

Moment du traitement

Pour permettre de mieux synchroniser les interventions, plusieurs modèles de prédiction du comportement et de l’activité du carpocapse ont été développés à travers le monde. Ces modèles basent leurs calculs principalement sur les températures enregistrées dans le verger. Aucun modèle ne peut toutefois prédire parfaitement le comportement du carpocapse dans votre verger! Les modèles de CIPRA (gratuit) et d’Agropomme (payant) basés sur des données québécoises sont les plus représentatifs de la situation dans nos vergers.

Voici quelques approches suggérées en fonction de l’historique de dommages et du marché visé pour votre production :

Verger commercial avec un historique de dommage élevé (> 3 %) : Normalement trois traitements seront nécessaires pour bien réprimer la première génération:

  • La première application peut être un ovicide (RIMON) appliqué avant la ponte habituellement vers la mi-juin (plus précisément estimé à 100 DJ10 après les premières captures ou encore 300 DJ10 après le 1er mars), suivie d’un larvicide (ALTACOR ou DELEGATE), environ 2 ½ semaines plus tard (500 DJ10).
  • Une autre approche consiste à appliquer un ovicide –larvicide sur les œufs (INTREPID, ASSAIL ou CALYPSO) après la mi-juin (350 à 400 DJ10), suivi d’un larvicide (ALTACOR ou DELEGATE), environ deux semaines plus tard (500 DJ10 pour l’ALTACOR, 550-600 DJ10 pour le DELEGATE).
  • Le dernier traitement (CALYPSO ou IMIDAN), appliqué entre deux et trois semaines plus tard, devrait être efficace également contre la mouche de la pomme, qui est souvent présente à cette période. L’ASSAIL peut également être utilisé, mais est particulièrement toxique pour les phytoséiides, des prédateurs de tétranyques, souvent présents en fin de saison.

Pour les vergers débutant la confusion sexuelle avec un historique de dommage élevé, nous recommandons de maintenir le programme habituel de traitements contre le carpocapse afin d’abaisser rapidement les populations à un faible niveau. Utiliser alors les degrés-jours accumulés durant les traitements des années passées pour cibler vos traitements pendant la première année sous confusion sexuelle. Lors de la deuxième année consécutive sous confusion sexuelle et les années suivantes, la décision de traiter ou non reposera sur l’observation hebdomadaire des dommages aux fruits accompagnée ou non des captures enregistrées dans les pièges Delta.

Verger commercial avec un historique de dommage faible à modéré: Généralement, une seule application d’un larvicide (vers le début juillet à 500 DJ10) est recommandée mais si le dépistage indique une problématique, on pourra recourir à un second traitement qui pourra également lutter contre la mouche de la pomme (CALYPSO ou IMIDAN).

Pour les vergers sous confusion sexuelle, il est possible qu’aucun traitement insecticide ne soit nécessaire dès la première année de la lutte par confusion sexuelle et les années suivantes. Cependant, il est très important d’observer hebdomadairement les dommages aux fruits pour décider de la nécessité de traiter ou non. Il est à noter que lorsque les populations de carpocapse de la pomme sont faibles à modérées, la méthode de lutte par confusion sexuelle peut réprimer seule ce ravageur sans l’assistance d’insecticides.

Verger commercial sans historique de dommage : Aucun traitement, sauf si les captures de carpocapse dépassent le seuil ou que la présence de dégâts de carpocapse est détectée durant la saison.

Verger pour la transformation avec un historique de dommage élevé : Si vous êtes dans ce cas et que votre verger est dans une région pomicole, il constitue une nuisance agricole pour vos voisins pomiculteurs. Au moins deux traitements sont alors recommandés pour lutter contre la première génération. Normalement un ovicide suivi d’un larvicide offre une suppression suffisante, mais l’option de deux larvicides appliqués un peu plus tard est également valable. Des traitements additionnels peuvent être nécessaires en fonction des captures d’adultes et du dépistage des dégâts.

Verger pour la transformation avec un historique de dommage faible ou modéré : Aucun traitement, sauf si les captures d’adultes dépassent le seuil ou que la présence de dégâts de carpocapse est détectée

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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Fiche 77

Yvon Morin et Gérald Chouinard

 

Cet ennemi du pommier est réglementé en vertu de la Loi sur la protection sanitaire des cultures (Fiche 15) et les mesures nécessaires doivent être prises pour éviter la propagation aux cultures avoisinantes.

 

Voyez la mouche sur Youtube à https://www.youtube.com/watch?v=4kk7HjBtLkc
La capsule vidéo de 5 minutes dresse un portrait du ravageur, montre ses caractères distinctifs, identifie les conditions qui influencent son développement, et vous plonge dans l’action du dépistage et des méthodes d’intervention recommandées en production fruitière intégrée.
Description et comportement

La mouche de la pomme (Rhagoletis pomonella) est un ravageur primaire en PFI, en fait le second ravageur en importance en été après le carpocapse. Ce ravageur est en augmentation ces dernières années dans les vergers québécois. Plusieurs hypothèses tentent d’expliquer cette tendance, telles que l’abandon partiel de l’utilisation des organophosphorés contre le carpocapse.

La mouche de la pomme est plus petite (5 à 6 mm) que la mouche domestique. Son corps est noir et sa tête ainsi que ses pattes sont jaunes. Un point blanc distinctif est présent sur son dos, à la pointe inférieure du thorax.

La femelle est généralement plus grosse que le mâle et possède quatre lignes blanches transversales sur l’abdomen, tandis que le mâle en a trois. Les ailes des deux sexes portent des bandes noires en forme de « F » inversé, caractéristique à l’espèce.

Adulte de la mouche de la pomme – photo J. Moisan-De Serres, MAPAQ

Deux autres mouches très semblables à la mouche de la pomme, mais non nuisibles, peuvent être observées en verger : la trypète noire des cerises (Rhagoletis fausta) et la trypète des cerises (Rhagoletis cingulata). Il est possible de les différencier grâce à leurs motifs sur les ailes (figure 1). Des photographies de ces espèces se trouvent dans le Guide d’identification des ravageurs du pommier et de leurs ennemis naturels.

 

Figure 1. Espèces de mouches semblables à Rhagoletis pomonella
illustration F. Vanoosthuyse, IRDA

Les premiers mâles émergent du sol vers la fin juin et le début juillet. Les femelles émergent quelques jours plus tard et commencent à pondre lorsqu’elles deviennent matures, soit cinq à dix jours après leur sortie du sol.

Les œufs, à peine visibles à l’œil nu, sont fusiformes et de couleur crème. Ils sont insérés, un à la fois, sous la pelure du fruit, en juillet et août. Chaque femelle peut pondre jusqu’à 300 œufs en 30 jours. Les œufs éclosent quelques jours après la ponte.

Les asticots blancs, parfois jaunâtres, sont dépourvus de pattes et d’yeux. Ils pénètrent la pomme en se nourrissant de la chair, jusqu’à ce qu’ils atteignent 7 à 8 mm de long. Ils quittent alors le fruit et s’enfoncent dans le sol, à une profondeur de 3 à 8 mm, pour y passer l’hiver sous forme de pupe. Une partie des adultes émergent de ces pupes l’été suivant, les autres restent dormantes de deux à cinq ans avant qu’un adulte en émerge. Il n’y a qu’une génération par année.

Larve de la mouche de la pomme – photo J. Moisan-De Serres, MAPAQ

Pupes de la mouche de la pomme – photo IRDA

Cycle de vie de la mouche de la pomme – illustration J. Veilleux / IRDA

 

Dommages

Le premier dommage est causé par l’introduction de l’œuf dans la pomme, qui provoque l’apparition subséquente d’un petit point rouge sur la pelure, qui peut parfois passer inaperçu. Le deuxième dommage est fait par l’asticot qui se nourrit de la chair de la pomme en y creusant des galeries à partir de la surface du fruit. Les galeries deviennent plus larges et plus visibles à mesure que la larve se développe.

 

Dommage de ponte de la mouche de la pomme – photo IRDA

 

Estimation du risque

La méthode de dépistage de ce ravageur, à l’aide de sphères rouges engluées, est décrite au tableau-synthèse Dépistage par pièges visuels de la fiche 65.

Pour que le seuil soit valide, les sphères ne doivent pas être appâtées avec les produits attractifs vendus à cette fin dans le commerce. La sphère rouge, qui imite le fruit, attire les adultes prêts pour l’accouplement et les femelles prêtes à pondre.

Ne pas tenir compte des mouches capturées pendant les 7 à 10 jours qui suivent un traitement, à moins de fortes pluies (plus de 25 mm) survenant après l’application.

sphère rouge engluée (piège)

Sphère rouge engluée

 

Stratégie d’intervention
Prévention

Pour éviter les réinfestations répétées, couper tous les pommiers abandonnés de même que les arbres de la famille des Rosacées (ex. : pommetiers et cerisiers sauvages) autour du verger (rayon de 100 m).

Ramasser régulièrement les fruits affectés afin d’éviter que les asticots ne complètent leur cycle dans le verger (au moins une fois par semaine pour la pomme d’automne).

Répression

La mouche de la pomme est très sensible aux insecticides et si des organophosphorés (IMIDAN) sont utilisés en juillet et/ou en août contre le carpocapse, celle-ci sera bien contrôlée. Parmi les autres produits recommandés en PFI à cette époque, figurent CALYPSO et ASSAIL, qui ont aussi une bonne efficacité, quoique moindre que celle des organophosphorés.

En verger écologique ou bio, le GF-120 donne également de bons résultats. Il est cependant très sensible au délavage et doit être appliqué régulièrement, ce qui en fait un choix plus dispendieux. Pour les autres insecticides, consulter les fiches 46 et 47.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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Fiche 78

Yvon Morin et Gérald Chouinard

 

Le puceron lanigère est réglementé en vertu de la Loi sur la protection sanitaire des cultures (Fiche 15) et les mesures nécessaires doivent être prises pour éviter la propagation aux cultures avoisinantes.

 

Description et comportement

Les pucerons sont des insectes piqueurs-suceurs qui se nourrissent de la sève des pommiers. Ils ont un petit corps mou en forme de poire (3 à 4 mm) et se distinguent des larves d’autres insectes de la même couleur par les deux cornicules qu’ils portent à l’arrière du corps. Ils se multiplient très rapidement et complètent plusieurs générations par année. Ils se retrouvent principalement sous les feuilles et au bout des pousses en croissance, en groupes composés souvent d’innombrables individus (colonies).

Généralement en PFI, il n’y a pas lieu de contrôler leurs populations, car de nombreux ennemis naturels s’occupent de maintenir leurs populations en échec. Des traitements peuvent cependant être nécessaires lorsque les populations explosent suite à l’utilisation d’insecticides à large spectre en période postflorale.

Il existe quatre espèces de pucerons dans les vergers : le puceron vert du pommier, le puceron de la spirée, le puceron rose et le puceron lanigère.

Pucerons verts

Il est difficile de distinguer le puceron vert du pommier (Aphis pomi) du puceron de la spirée (Aphis spiraecola). Les deux sont communément appelés « pucerons verts » (bien qu’occasionnellement les deux peuvent être jaunes!). L’adulte est généralement vert olive avec les pattes et les cornicules brun-noir. Les formes ailées ont cependant la tête et le thorax noirs. Il s’agit de ravageurs secondaires en PFI.

pucerons verts

Pucerons verts

Pucerons verts, dont un individu ailé – photo J. Moisan-De Serres, MAPAQ

Il ne faut pas confondre ces pucerons avec les pucerons des graminées (voir ci-après) qui se trouvent sur les bourgeons au débourrement des pommiers. Ces derniers migrent sur des graminées lors de l’épiaison (vers le stade calice du pommier) et ne sont pas nuisibles dans la très grande majorité des cas.

Les pucerons verts hibernent sous le stade d’œufs (0,5 mm) ovales, noirs et luisants à la base des bourgeons, des gourmands ou des cicatrices foliaires des pousses terminales. Généralement, ces œufs éclosent à partir du débourrement avancé. Les larves qui ont l’apparence d’adultes miniatures, sont vert foncé, mesurent 1,5 à 2 mm et se nourrissent de la sève des feuilles. Elles complètent quatre stades et deviennent adultes environ deux semaines plus tard. Tous ces adultes sont des femelles! Il n’y a donc ni accouplement ni ponte d’œuf, mais de 50 à 100 larves naissent de chaque femelle par le phénomène de la « parthénogénèse » (reproduction asexuée). Les larves deviennent majoritairement des femelles adultes aptères (sans ailes) en quelques jours.

Habituellement, il est possible d’apercevoir les colonies dès le mois de juin sur les jeunes pousses et les gourmands. Les populations sont à leur maximum entre la fin juillet et le début août. Les pucerons ailés se dispersent alors partout dans le verger pour former de nouvelles colonies.

À l’automne seulement apparaissent des pucerons mâles en plus des femelles. Ils s’accouplent pour que la femelle ponde des œufs qui hiberneront sur les pommiers.

Cycle de vie du puceron vert du pommier et du puceron de la spirée
illustration J. Veilleux / IRDA

Puceron lanigère

Le puceron lanigère (Eriosoma lanigerum) est un ravageur secondaire en PFI. Il a comme particularité de s’entourer de sécrétions blanches floconneuses ou laineuses. Sous cette couche, leur couleur varie du rouge brun au pourpre. Lorsqu’ils sont écrasés, leur corps mou libère un pigment caractéristique rouge sombre qui tache la peau et les vêtements.

pucerons lanigères

Pucerons lanigères

Pucerons lanigères – photo J. Moisan-De Serres, MAPAQ

Les premières colonies sont apparentes sur les racines et la base du tronc des pommiers. C’est au calice que les pucerons lanigères s’établissent sur les parties aériennes du pommier, principalement sur le tronc et les cicatrices des branches charpentières, mais aussi sur les chancres, les cicatrices de taille, à l’aisselle des feuilles, sur les pousses annuelles, dans les replis de l’écorce et occasionnellement aux extrémités du fruit. À partir de la mi-juin, ils migrent vers les branches fruitières. La reproduction se poursuit tout l’été et, si la saison est favorable, la population augmente rapidement. Du milieu à la fin de l’été, les colonies produisent quelques femelles, qui migrent vers le haut de l’arbre et y établissent d’autres colonies.

Ce ravageur est généralement contrôlé par un parasitoïde. Le perce-oreille est un excellent prédateur de puceron lanigère.

Au début de l’automne, des femelles ailées sont produites, lesquelles peuvent former de nouvelles colonies sur d’autres pommiers ou, si des ormes sont à proximité, donner naissance à des mâles et femelles sans ailes pour permettre la reproduction sexuée. Sur le pommier, une partie des femelles migre vers les racines à la fin de l’été, pour ensuite hiberner à cet endroit.

Cycle de vie du puceron lanigère – illustration J. Veilleux / IRDA

Puceron rose du pommier

pucerons roses

Pucerons roses du pommier

Le puceron rose (Dysaphis plantaginea) est un ravageur secondaire en PFI. Il est de couleur pourpre (2,5 mm), apparaît sur les bourgeons au stade débourrement avancé et se développe en colonies sur le pommier jusqu’en juillet. Il se retrouve principalement sur les pommiers en bordure des boisés et sur des cultivars tels que Cortland, ou encore dans les pommiers qui n’ont pas reçu de traitement préfloral avec un pyrèthre de synthèse. Il se développe surtout sur le plantain en fin d’été, mais revient pondre ses œufs sur le pommier à l’automne. Cet insecte est présent de façon sporadique, lors de printemps frais et pluvieux.

Puceron des graminées

pucerons des graminées

Les adultes et les stades immatures de ce puceron vert tendre portent trois bandes vert foncé sur le dos. Les œufs pondus sur le pommier éclosent au stade débourrement et les jeunes pucerons se nourrissent à même les bourgeons. Les populations sont rarement assez abondantes à cette époque pour nécessiter des traitements. Au stade calice apparaissent les formes ailées, qui migrent sur les plantes herbacées. Il ne faut pas le confondre avec le puceron vert du pommier, dont la taille est semblable mais qui est uniformément vert et qui apparaît un peu plus tard. Les bourgeons peuvent supporter de fortes populations sans qu’il y ait de pertes économiques. Les bourgeons ou les pousses sévèrement affectés peuvent prendre une apparence rabougrie.

 

Dommages

Lorsque les populations de pucerons sont importantes, du miellat sécrété par les pucerons tombe sur les pommes. Si des conditions humides s’ensuivent, un champignon noir, nommé la fumagine, se nourrit du miellat. C’est ce champignon qui affecte la récolte, car il est très difficile de nettoyer les pommes affectées.

La croissance des jeunes pommiers affectés par les pucerons est ralentie et les rameaux fortement infestés sont plus sensibles au gel hibernal.

Pucerons verts

Les pucerons verts colonisent surtout les pousses en pleine croissance et le feuillage tendre de celles-ci. Si les populations sont fortes, elles peuvent provoquer l’enroulement des jeunes feuilles et s’attaquer aux feuilles des bourgeons à fruits. Les pucerons peuvent aussi propager des maladies (virus, phytoplasmes) et contribuer à la dissémination du feu bactérien.

Puceron lanigère

Le puceron lanigère s’attaque aux parties ligneuses de l’arbre. Il provoque la formation de nodules sur les racines et les pousses sur lesquelles il se nourrit. Ces nodules sont des portes d’entrée idéales pour les chancres et d’autres maladies et entravent la circulation normale de la sève.

Puceron rose du pommier

Ce puceron s’attaque aux bourgeons à fruits et végétatifs ainsi qu’aux fruits. La toxine injectée lors des piqûres répétées de cet insecte provoque de fortes déformations des feuilles et des fruits affectés.

dégât de puceron rose

Dommage de pucerons roses du pommier sur fruit

 

Estimation du risque

Les méthodes de dépistage de ces ravageurs sont décrites au tableau-synthèse Dépistage par observation des fruits ou du feuillage de la fiche 65.

Pour les pucerons verts, les trois catégories d’infestation sont les suivantes :
Faible colonie = présence de pucerons sur les feuilles, feuillage non enroulé;
Colonie modérée = présence de pucerons sur les feuilles, feuillage enroulé et peu ou pas de pucerons sur la tige de la pousse;
Colonie dense = présence de pucerons sur les feuilles et sur la tige, feuillage enroulé.

Si différentes catégories de colonies sont observées simultanément, il faut considérer qu’une forte colonie équivaut à deux colonies modérées et qu’une colonie modérée équivaut à deux faibles colonies.

 

Stratégie d’intervention
Prévention

Les pucerons ont plusieurs prédateurs et parasitoïdes qui limitent leurs populations et des traitements insecticides sont rarement nécessaires (voir la fiche 97 et la fiche 98). Cependant, lorsque les pommiers sont trop vigoureux, ou que des insecticides toxiques aux prédateurs et parasitoïdes ont été utilisés, les pucerons peuvent se multiplier rapidement et atteindre des niveaux dommageables. Il importe donc de favoriser ce qui suit pour défavoriser le développement des pucerons :
• favoriser le développement des prédateurs de pucerons par l’utilisation d’insecticides sélectifs plutôt qu’à large spectre et par la réduction du nombre d’interventions insecticides après la floraison;
• éviter une forte fertilisation azotée;
• une taille d’été permettra d’enlever une partie des colonies de pucerons présents sur les gourmands et favorisera la pénétration des pulvérisations insecticides;
• utiliser des porte-greffes résistants au puceron lanigère lorsque pertinent;
• enlever les gourmands à la base des troncs sur lesquels les pucerons lanigères se développent avant de coloniser l’arbre;
• appliquer un enduit protecteur sur les blessures de taille afin de décourager l’installation du puceron lanigère.

Répression

À la date de publication de ce guide, il existe trois aphicides (produits s’attaquant spécialement aux pucerons) homologués en pomiculture, soit le MOVENTO, le BELEAF et le CLOSER. Les insecticides à large spectre les plus efficaces contre ces ravageurs sont des néonicotinoïdes. Les traitements devront être effectués uniquement sur les cultivars sensibles, en l’absence de prédateurs et avant que les feuilles ne s’enroulent, car celles-ci protégeront alors les colonies établies sur elles.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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Fiche 79

Yvon Morin, Franz Vanoosthuyse, Gérald Chouinard et Stéphanie Gervais

 

La cécidomyie du pommier (Dasineura mali) est un ravageur mineur en PFI. Autrefois une rareté, elle est maintenant présente dans la plupart des vergers du sud du Québec. Les adultes de ce ravageur ressemblent à un moustique (figures 1 et 2), mais les larves, asticots blanchâtres à orangés (figure 3) attaquent les pousses en croissance, ce qui entraîne une déformation des feuilles (figure 4). Ce ravageur complète deux à trois générations par année. Le dépistage des adultes ce fait à l’aide d’un piège Delta I ou Delta Scentry® LP avec phéromone à cécidomyie du pommier, Agralan® (Solida, QC, Canada) installé entre 50 et 70 cm de hauteur au plus tard au stade débourrement avancé. Les premiers symptômes apparaissent habituellement au stade calice. Pour le moment, certains insecticides à large spectre, principalement du groupe des pyréthrinoïdes, sont homologués contre ce ravageur mais les connaissances actuelles sont à l’effet que le pommier peut supporter de hautes populations sans que la récolte soit significativement affectée. Pour ces raisons aucun traitement n’est actuellement recommandé contre ce ravageur.  Cependant, dans le cas de nouvelles plantations,  lorsque la population de ce ravageur est très élevée et que la croissance  est affectée, le MOVENTO appliqué au stade du calice s’est avéré très efficace.

Pour en savoir d’avantage, voir la fiche technique La cécidomyie du pommier, Dasineura mali (Keif.): un nouveau ravageur des pommiers au Québec.

Figure 1. Cécidomyie du pommier adulte femelle – photo F. Vanoosthuyse, IRDA

Figure 2. Cécidomyie du pommier déposant un œuf – photo F. Vanoosthuyse, IRDA

Figure 3. Cécidomyie du pommier larves – photo F. Vanoosthuyse, IRDA

Figure 4. Dommages de cécidomyie du pommier – photo F. Vanoosthuyse, IRDA

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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Fiche 80

Yvon Morin et Gérald Chouinard

 

La cochenille de San José et la cochenille virgule du pommier sont réglementées en vertu de la Loi sur la protection sanitaire des cultures (Fiche 15) et les mesures nécessaires doivent être prises pour éviter la propagation aux cultures avoisinantes.

Cochenille ostréiforme et cochenille de San José
Description et comportement

La cochenille ostréiforme (Quadraspidiotus ostreaeformis) et la cochenille de San José (Quadraspidiotus perniciosus) sont des ravageurs mineurs en PFI mais avec la réduction de l’utilisation de l’huile de dormance, elles se retrouvent plus fréquemment sur fruits à la récolte. Ces deux espèces hibernent au stade larvaire dans de petits boucliers circulaires (1-2 mm), de couleur blanc sale, visibles sur l’écorce des rameaux. La femelle est couverte d’un bouclier arrondi, de 2 mm de diamètre, de couleur grise, et surélevé au centre. Chez les mâles, le bouclier est ovale et mesure 1 mm.

Cochenilles de San José – photo J. Moisan-De Serres, MAPAQ

Le bouclier de la cochenille de San José comporte un mamelon central entouré d’anneaux circulaires tandis que pour la cochenille ostréiforme, le mamelon est décentré et on y distingue peu ou pas d’anneaux.

La cochenille de San José atteint normalement la maturité au moment de la floraison. Les mâles ailés, qui sont brun-rouge avec un abdomen effilé et de longues antennes, apparaissent et s’accouplent aux femelles qui sont aptères (sans ailes) et qui donneront naissance à de jeunes larves à la fin de juin.

Les larves des deux espèces (parfois appelées par leur nom anglais de « crawlers ») se déplacent sur l’écorce ou sur le fruit, environ un jour après leur naissance, et en sucent la sève. À ce moment, elles sont ovales et jaunâtres. Au moment de la mue, elles perdent leurs pattes ainsi que leurs antennes et elles se fixent à leur source de nourriture par les organes buccaux. Au fur et à mesure de leur croissance, les cochenilles sécrètent une substance cireuse qui durcit et forme un bouclier sous lequel elles vivront. Souvent, elles se fixent sur les fruits, de préférence dans la région du calice. Le bouclier est alors un peu plus foncé (brun grisâtre) avec un point rouge pourpre au centre.

 

Cochenilles sur pomme – photo B. Drouin, MAPAQ

Le cycle vital de la cochenille ostréiforme est semblable à celui de la cochenille de San José, toutefois la première complète une génération par année alors que la seconde en complète deux.

Cycle de vie de la cochenille de San José – illustration J. Veilleux / IRDA

Dommages

Si la cochenille virgule (décrite ci-après) cause très peu de problèmes dans les vergers commerciaux, les dégâts de la cochenille ostréiforme et de la cochenille de San José peuvent être beaucoup plus importants. Un arbre très infesté manque de vigueur et ses feuilles sont minces et tachetées de jaune. Il est aussi possible d’apercevoir de minuscules taches circulaires sur l’écorce et sur les fruits avec, au centre de chacune, une excroissance en forme de pic.

Estimation du risque

La méthode de dépistage de ce ravageur est décrite au tableau-synthèse Dépistage par observation des fruits ou du feuillage de la fiche 65.

Stratégie d’intervention
Répression

Les cochenilles sont généralement réprimées par les traitements habituels effectués dans les vergers. De fait, l’huile appliquée au printemps réprimera la majorité des œufs et le traitement insecticide au stade calice éliminera généralement les larves qui ont survécu à l’huile et qui se déplacent sur les rameaux. Des problèmes peuvent occasionnellement se présenter dans les vergers mal taillés.

 

Cochenille virgule
Description et comportement

La cochenille virgule (Lepidosaphes ulmi) est un ravageur mineur en PFI. Les œufs de cette espèce passent l’hiver protégé sous le bouclier de la femelle (2-3 mm) en forme de virgule collés à l’écorce des branches. Au printemps, chaque bouclier abrite entre 40 et 100 œufs ovales et blanchâtre qui éclosent au stade calice pour donner de petits insectes suceurs (« crawlers »).

Bouclier abritant les œufs hibernants – photo J. Moisan-De Serres, MAPAQ

Bouclier abritant les œufs hibernants (face ventrale)
photo J. Moisan-De Serres, MAPAQ

Les jeunes larves ovales et de couleur jaune clair (stade rampant) se déplacent sur le bois pendant quelques heures, puis insèrent de façon définitive leurs pièces buccales dans l’écorce ou les pommes pour se nourrir. Quelques temps après, le revêtement cireux du bouclier leur recouvre le corps.

cochenille virgule (crawlers)

Jeunes larves de cochenille virgule

cochenille virgule

Cochenilles virgules fixées sur une pomme

Mâles et femelles atteignent la maturité vers la mi juillet. La femelle adulte, sans ailes, est d’un brun luisant traversé de lignes parallèles; elle mesure 3 mm (figure 7). Le mâle adulte est beaucoup plus petit et possède des ailes.

Après l’accouplement, la femelle dépose ses œufs sous son bouclier avant de mourir. Il n’y a qu’une génération par année.

cochenille virgule

Femelle adulte de cochenille virgule

Cycle de vie de la cochenille virgule – illustration J. Veilleux / IRDA

Dommages

Sous leurs boucliers, les cochenilles se nourrissent de la sève circulant sous l’écorce ou des liquides cellulaires sous la pelure des fruits. L’arbre infesté perd de sa vitalité. Lors de fortes infestations (situation rare), son feuillage prend une apparence tachetée et restera souvent de petite taille.

Estimation du risque

La méthode de dépistage de ce ravageur est décrite au tableau-synthèse Dépistage par observation des fruits ou du feuillage de la fiche 65.

Stratégie d’intervention

Voir sous « Cochenille ostréiforme et cochenille de San José », ci-dessus.

 

Cochenille de Comstock

cochenille de Comstock

La cochenille de Comstock (Pseudococcus comstocki) est un ravageur mineur en PFI. Cet insecte suceur a un corps mou (adulte : 2,5-5 mm), de forme ovale et portant de longs filaments. Contrairement aux autres cochenilles, celle-ci ne sécrète pas un bouclier, mais se recouvre graduellement de cire, ce qui lui donne une apparence floconneuse de couleur blanchâtre. Les jeunes stades peuvent se trouver par petits groupes, principalement sur les pousses terminales en juin, et plus tard aux jonctions des branches et sur les cicatrices de taille. Ces petites masses peuvent avoir l’apparence de légères colonies de pucerons lanigères, mais une simple observation à l’œil nu permettra d’identifier la cochenille, plus grosse que le puceron, sans coloration rouge et ne se développant pas en imposantes colonies. Une deuxième génération apparaît à la fin août. À cette époque, les cochenilles se regroupent soit sur les surfaces rugueuses ou irrégulières du bois, soit au calice du fruit ou dans toute autre cavité naturelle. Les mâles ailés (1 mm) sont difficiles à observer et ne causent pas de dommage.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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Fiche 81

Gérald Chouinard et Yvon Morin

 

Tordeuse à bandes rouges
Description et comportement

La tordeuse à bandes rouges (Argyrotaenia velutinana) est un ravageur mineur en PFI. Elle hiberne dans le sol à l’état de nymphe dans la litière sous les pommiers. Peu après le débourrement, les papillons émergent. L’adulte est un papillon de couleur gris-brun (8 mm) aux ailes antérieures ornées d’une bande oblique nuancée de rouge et de brun foncé. Les femelles déposent leurs œufs, en masses aplaties d’environ 50, en-dessous des branches. Ces œufs sont jaune pâle et ont un diamètre de 1 mm. L’éclosion survient habituellement au stade calice. Les larves sont des chenilles vert pâle (2-16 mm), ayant une tête jaune pâle ou verdâtre. Elles se nourrissent sous une toile blanchâtre sur la face inférieure de la feuille, près de la nervure principale. À la fin du mois de juin, elle nymphose pour ressortir sous forme adulte au début du mois de juillet. Les chenilles de la deuxième génération apparaissent en août et accolent habituellement une feuille au fruit pour grignoter irrégulièrement la pelure de celui-ci. Elle se transforme en nymphe en octobre ou un novembre.

tordeuse à bandes rouges

Adultes de tordeuse à bandes rouges

Larve de tordeuse à bandes rouges – photo J. Moisan-De Serres, MAPAQ

Cycle de vie de la tordeuse à bandes rouges – illustration J. Veilleux / IRDA

Dommages

La chenille de la tordeuse à bandes rouges se nourrit des feuilles du pommier et de la surface des fruits. Elle enroule les feuilles en tissant une toile et se cachent à l’intérieur de l’abris ainsi formé. Le dommage qu’elle cause à la pelure des fruits est moins étendu et plus superficiel (en dentelle) que celui de la tordeuse à bandes obliques. Il peut tout de même être difficile de différencier les dégâts de tordeuse à bandes rouges de celui des autres tordeuses lorsque la chenille n’est pas présente.

dégât de tordeuse à bandes rouges

Dommage de tordeuse à bandes rouges

Estimation du risque

La méthode de dépistage de ce ravageur est décrite aux tableaux-synthèses Dépistage par pièges à phéromone et Dépistage par observation des fruits ou du feuillage de la fiche 65.

Stratégie d’intervention

Cet insecte est généralement réprimé en même temps que le charançon de la prune par le traitement insecticide effectué au stade calice. Si la deuxième génération apparaît problématique, un traitement contre les jeunes larves peut être effectué en été (habituellement au début d’août) avec un insecticide organophosphoré.

 

Tordeuse du pommier
Description et comportement

La tordeuse du pommier (Archips argyrospilus) est un ravageur mineur en PFI. Les larves de cette tordeuse sont des chenilles (2-19 mm) vert jaunâtre à tête brun-noir; elles enroulent les feuilles. Elles apparaissent au stade bouton rose et se nourrissent de feuilles, de bourgeons et de fruits jusqu’à la fin juin. Autrefois la tordeuse la plus connue pour son potentiel important de dégâts dans les vergers, elle est aujourd’hui d’importance mineure, mais des populations appréciables peuvent se développer en quelques rares occasions.

tordeuse du pommier

Dommages

Une toile soyeuse réunit habituellement feuilles et jeunes fruits (jusqu’à 25 mm de diamètre) dont elle se nourrit. La majorité des fruits atteints tombent prématurément. Les feuilles et les fruits atteints qui demeurent sur l’arbre sont fortement déformés par l’activité printanière de cette tordeuse. Ils ressemblent à ceux affectés par la tordeuse à bandes rouges ou par la tordeuse à bandes obliques.

Stratégie d’intervention

Les larves de la tordeuse du pommier sont tenues en échec par les traitements insecticides normalement effectués au calice.

 

Pique-bouton du pommier
Description et comportement

Le pique-bouton (Spilonota ocellana) est un ravageur mineur en PFI. L’adulte pique-bouton est un petit papillon grisâtre (11 mm). Ses ailes antérieures sont ornées d’une large bande blanche en partie distale. Les larves sont de petites chenilles (11-13 mm) brun chocolat reprenant leurs activités au stade débourrement avancé. Elles perforent alors les bourgeons à l’intérieur desquels elles se dissimulent.

pique-bouton du pommier (larve)

Dommages

Au printemps, les chenilles se nourrissent des boutons à fruits. Après la floraison, elles s’alimentent des jeunes feuilles et les relient ensemble pour s’en faire des abris. En août, les nouvelles chenilles se nourrissent de l’épiderme inférieur et du parenchyme des feuilles. Elles peuvent aussi attaquer les fruits en pratiquant plusieurs petits trous assez rapprochés, entraînant typiquement la décoloration d’une zone en forme de triangle.

pique-bouton du pommier (larve et dégâts)

Stratégie d’intervention

Des interventions chimiques sont rarement nécessaires, mais des applications localisées peuvent occasionnellement être recommandées au stade débourrement contre les chenilles de la première génération.

 

Tordeuse du bouton du pommier
Description et comportement

La tordeuse du bouton du pommier (Platynota idaeusalis) est un ravageur mineur en PFI. Les œufs de couleur vert pomme de cet insecte sont pondus en masses de 100 à 125. La larve est une chenille (13-18 mm en fin de développement) à tête brune et au corps brunâtre, pouvant être présente tout l’été. Le papillon est grisâtre (12-15 mm).

Dommages

Les jeunes chenilles s’enrobent dans une toile sur la nervure centrale des feuilles et se nourrissent de leur surface inférieure. Les chenilles matures mangent en partie le pétiole de la feuille, la laissant pendre d’une façon caractéristique. Assez souvent, elles vont complètement détacher une feuille pour ensuite la fixer à un fruit dont elles se nourriront en causant des dommages s’apparentant à ceux de la tordeuse à bandes rouges, mais de façon moins étendue.

 

Tordeuse pâle du pommier
Description et comportement

La tordeuse pâle du pommier (Pseudexentera mali) est un ravageur mineur en PFI. Aussi appelées enrouleuses du pommier, les larves de cette tordeuse sont des chenilles blanc crème (10 mm en fin de développement) à tête ambrée, bien dissimulées dans les pousses terminales au stade bouton rose et se nourrissant de jeunes feuilles jusqu’à la mi-juin. L’adulte est un papillon gris terne, de la taille de l’adulte de la tordeuse à bandes obliques. Les œufs rosés sont pondus individuellement sur l’écorce des lambourdes et les brindilles. La tordeuse pâle du pommier se nourrit exclusivement sur le pommier; ne pas confondre avec la tordeuse du pommier, qui peut se développer sur plusieurs espèces d’arbres.

tordeuse pâle du pommier (adulte)

Dommages

La jeune chenille de cette tordeuse peut se nourrir de l’intérieur d’un bourgeon. Les chenilles plus âgées s’attaquent principalement aux jeunes feuilles des pousses terminales. Alors qu’elles s’alimentent, les chenilles sont continuellement et complètement dissimulées dans un abri compact fait de feuilles pliées et recroquevillées. Dans de rares cas, la tordeuse pâle se nourrit de jeunes fruits, creusant parallèlement au cœur et non vers lui.

 

Enrouleuse trilignée
Description et comportement

L’enrouleuse trilignée (Pandemis limitata) est un ravageur mineur en PFI. Les larves de cet insecte sont des chenilles en apparence identiques à celles de la tordeuse à bandes obliques, qui ont une biologie tout aussi semblable et qui sont actives aux mêmes périodes. Les adultes portent trois bandes pâles sur les ailes antérieures.

Dommages

Les dégâts causés par les larves de la génération printanière sont semblables à ceux de la tordeuse à bandes obliques, alors que les dégâts de la génération estivale sont semblables à ceux de la tordeuse à bandes rouges. L’enrouleuse trilignée a été répertoriée dans les années 1990 dans la région de Deux-Montagnes, où elle cohabite de façon minoritaire avec la tordeuse à bandes obliques.

 

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Fiche 82

Gérald Chouinard et Yvon Morin

 

Description de comportement

La noctuelle du fruit vert (Orthosia hibisci) est un ravageur mineur en PFI. Elle hiberne dans le sol sous forme de nymphe et l’adulte émerge avant le débourrement du pommier. L’adulte est un papillon gris-brun de bonne dimension (20 mm), de couleur assez terne. Chacune de ses ailes porte deux taches gris-pourpre.

Adulte de noctuelle du fruit vert – photo J. Moisan-De Serres, MAPAQ

À la suite de l’accouplement, la femelle pond ses œufs un par un sur les branches. Les chenilles éclosent à partir du stade du pré-bouton-rose jusqu’à la chute des pétales. La larve est une chenille vert pâle marquée de trois lignes blanches longitudinales. Sa tête est verte comme le reste de son corps. Elle passe par six stades larvaires et sa taille à maturité peut atteindre 40 mm; c’est la plus grosse parmi celles qui affectent habituellement le pommier. Les premiers stades larvaires enroulent quelque peu les feuilles à l’éclosion. Sa présence nuisible se fait remarquer davantage à partir du stade bouton rose, période propice pour une intervention lorsque nécessaire (voir la section Stratégie d’intervention). Les chenilles se développent graduellement en s’attaquant aux feuilles et en creusant des cavités profondes dans les petites pommes. Elles se trouvent souvent dissimulées sous une feuille.

Larve de noctuelle du fruit vert – photo J. Moisan-De Serres, MAPAQ

Vers la fin de juin, les larves descendent au sol et s’enfouissent à une profondeur d’environ 5 cm pour se transformer en nymphe et passer l’hiver. Il n’y a qu’une génération par année.

Cycle de vie de la noctuelle du fruit vert – illustration J. Veilleux / IRDA

 

Dommages

La larve de noctuelle du fruit vert creuse de gros trous traversant parfois presque toute la pomme et pouvant, lorsque le cœur est affecté, causer la chute du fruit. Ces dégâts sont faciles à identifier au printemps, mais il est plus difficile de distinguer, sur un fruit mature, si les profondes lésions galeuses ont été causés par la noctuelle ou par les tordeuses actives à ce moment.

Dommage de larve de noctuelle sur pommette – photo IRDA

dégât de noctuelle du fruit vert

Dommage sur fruit mature pouvant être causé par une larve de noctuelle

 

Estimation du risque

Les noctuelles sont habituellement dépistées en fonction de leurs dégâts sur fruit. La méthode de dépistage des chenilles externes est décrite au tableau-synthèse Dépistage par observation des fruits ou du feuillage de la fiche 65.

Stratégie d’intervention

Bien que fort nuisible, cet insecte est peu fréquent dans les vergers commerciaux et ses populations sont normalement tenues en échec par les interventions préflorales effectuées avec des insecticides à large spectre. La décision de traiter doit tenir compte de l’historique des dégâts à la récolte. Si votre choix est de traiter particulièrement contre cette espèce, il faut agir contre les jeunes larves, soit environ cinq à dix jours après le maximum des captures (normalement observé autour du stade bouton rose). L’application d’un pyréthrinoïde avant la floraison constitue un traitement des plus efficaces, mais plusieurs autres produits sont utilisables (Bt, ALTACOR, DELEGATE, SUCESS, etc.) Les interventions effectuées au stade calice avec des organophosphorés (ex. : IMIDAN) sont toutefois peu efficaces en raison de la résistance/tolérance de cet insecte à ces produits.

 

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