Fiche 108

Vincent Philion

 

roussissure

Le roussissement, aussi appelé roussissure ou russeting des pommes, résulte d’une altération des cellules de l’épiderme, qui sont remplacées par une couche liégeuse terne et rugueuse de couleur brunâtre. Dans les cas graves, l’épiderme peut même être craquelé. Cette altération des cellules est en partie d’origine physiologique (ex. : gel, phytotoxicité), mais peut également être causée par certaines bactéries et levures naturellement présentes dans le verger et le roussissement peut donc aussi être considéré une maladie. Les aspects et l’intensité sont fort variables en raison des nombreux facteurs qui peuvent provoquer ce changement. Les zones affectées ont un pourtour mal défini, sont irrégulières, pointillées, linéaires, isolées ou groupées. Elles affectent, en partie ou en tout, la surface des fruits.

La période favorable au déclenchement de ce phénomène se situe durant les trois à cinq semaines qui suivent la floraison. Dans les cas où la roussissure est biotique, donc parasitaire, les applications de fongicides qui répriment la levure commune, Aureobasidium pullulans, (black yeast), pendant cette période contribuent à diminuer les symptômes. Le blanc (voir la fiche 109) provoque aussi parfois un roussissement sur fruits.

Le roussissement ne fait pas l’objet de recommandation de traitement spécifique au Québec, puisque les traitements qui répriment la tavelure répriment aussi la levure. Cependant, le choix des traitements pendant la période critique peut influencer le niveau de roussissement observé à la récolte.

Efficacité des traitements pour réprimer le roussissement (s’il est de cause biotique) :

  • Très efficace : FLINT
  • Efficace : CAPTAN, MAESTRO, DITHANE, MANZATE, PENNCOZEB
  • Peu efficace : INSPIRE SUPER, PHOSPHONATE (éliciteur)

 

Facteurs prédisposants

Plusieurs facteurs favorisent l’apparition de roussissement et une combinaison de ces facteurs peut aggraver les symptômes. Ils sont présentés ici en ordre décroissant d’importance.

La sensibilité variétale

Les cultivars comme Golden Delicious et Ginger Gold sont plus sujets à la roussissure. Il arrive fréquemment que la roussissure apparaisse seulement sur les cultivars les plus sensibles même, quand les facteurs de roussissement étaient également présents dans tout le verger.

Facteurs climatiques

Une baisse de température près du point de congélation, des périodes nuageuses prolongées, de fortes pluies ou une sécheresse prolongée pendant la période critique peuvent provoquer du roussissement à des degrés divers selon la sensibilité du cultivar. Le vent qui provoque un frottement des fruits avec les branches est aussi impliqué.

Traitements foliaires

L’emploi de produits antiparasitaires ou d’engrais foliaires plus irritants durant la période critique, notamment en lien avec des facteurs climatiques aggravants, devrait être évité. Par exemple, les applications en soirée pendant la période critique peuvent maintenir les jeunes fruits fragiles mouillés pendant une période prolongée. De même, les traitements durant des conditions très humides ou lorsque la température dépasse 30 °C devraient être évitées. Les pesticides sous forme d’émulsions (EC) sont plus fréquemment impliqués que les poudres mouillables (WP) dans les cas de roussissure.

L’état des vergers

La vigueur excessive des arbres, un déséquilibre de fertilisation, notamment les excès d’azote, peuvent entraîner un roussissement des fruits. Les sols mal aérés sont aussi un facteur aggravant.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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Fiche 109

Vincent Philion

 

Le blanc (aussi appelé oïdium) causé par le champignon Podosphaera leucotricha demeure une maladie secondaire en PFI. Néanmoins, on observe un accroissement du nombre et de la sévérité des cas, notamment sur les cultivars les plus sensibles comme Cortland, Gala, Ginger Gold, Honeycrisp, Idared et Paulared. L’abandon de plusieurs fongicides utilisés jadis pour réprimer la tavelure comme les benzimidazoles (BENLATE, SENATOR), les fongicides à base d’inhibiteurs de stérols (ex. : NOVA), la baisse d’utilisation des QoI (FLINT) et du SOUFRE, ont contribué à l’essor du blanc.

blanc du pommier

À la suite d’hivers plus doux et lors de printemps chauds, on observe des cas parfois spectaculaires de cette maladie. Les symptômes commencent à apparaitre au stade pré-bouton rose (photo) sur les bourgeons infectés l’année précédente et la propagation de la maladie vers les nouvelles pousses peut alors commencer. La propagation peut être rapide parce que chaque nouvelle pousse infectée contribue à créer d’autres foyers. Aucun traitement ne peut arrêter une progression rapide. Quand ils sont nécessaires, les traitements doivent donc commencer juste avant la propagation aux nouvelles pousses.

Débuter les traitements après la propagation et l’apparition des nouveaux symptômes de l’année n’est généralement pas utile. Il vaut mieux attendre alors la fin de la croissance qui freinera naturellement la propagation. Comme pour la tavelure, toutes les mesures qui permettent d’éviter une croissance excessive répriment le blanc1. D’ailleurs, les étés secs qui limitent la croissance des arbres ne sont pas favorables au blanc.

blanc été

Photo: Valentin Joubert

 

Stratégie d’intervention PFI combinée pour la tavelure et le blanc

Dans les blocs où le blanc a été un problème l’année précédente, les traitements dirigés contre le blanc devraient débuter vers le stade pré-bouton rose en fonction des conditions climatiques favorables à cette maladie.  Il est possible de combiner un traitement contre la tavelure et le blanc, mais si la pluie prévue n’a pas lieu il ne faut pas retarder indument le traitement pour le blanc en attendant la pluie. De plus, les choix de matières actives contre les deux maladies sont restreints :

IBS (DMI, groupe 3) : dans la plupart des vergers du Québec, la résistance de la tavelure à cette famille est fréquente. Il est donc hasardeux de recommander des produits comme le NOVA pour réprimer cette maladie. Pendant longtemps, le NOVA a aussi été très efficace contre le blanc, mais il semble maintenant que la résistance soit assez fréquente. D’autres fongicides du groupe 3 sont à considérer :

  • FULLBACK : Très efficace contre le blanc, mais peu efficace contre la tavelure.
  • CEVYA : Moyennement efficace contre la blanc2. Efficace pour la tavelure.
  • INSPIRE SUPER : La portion difenoconazole dans le mélange est encore très efficace contre la tavelure, mais est réputée peu efficace contre le blanc.

Comme la tavelure est tolérante aux IBS à des degrés divers dans la plupart des vergers, deux stratégies sont possibles :

  1. Préserver l’efficacité de CEVYA et INSPIRE SUPER pour lutter contre la tavelure, en utilisant une autre famille de produit pour réprimer le blanc. (C’est l’option privilégiée.)
  2. Utiliser d’autres produits pour réprimer la tavelure et utiliser les IBS comme le FULLBACK pour réprimer le blanc et d’autres maladies secondaires (ex. : suie-moucheture, rouille).

QoI (groupe 11) : la résistance de la tavelure aux produits de cette famille est à la hausse et peut se déclarer soudainement. En l’absence de résistance, des produits comme FLINT ou des mélanges qui contiennent un QoI (MERIVON) peuvent réprimer à la fois la tavelure et le blanc. Même si le PRISTINE contient également un fongicide de ce groupe, nous ne recommandons pas ce produit parce que ce mélange contient de la boscalide qui risque de nuire éventuellement à la gestion de la tavelure (voir SDHI).

SDHI (groupe 7) : cette famille contient des produits qui sont à la fois efficaces contre le blanc et la tavelure du pommier. Avant la période de la floraison, APPROVIA, FONTELIS et LUNA TRANQUILITY sont des avenues possibles. À la floraison et plus tard, APPROVIA, FONTELIS sont à privilégier parce que le mélange LUNA TRANQUILITY est moins efficace pour réprimer la tavelure sur fruits. Comme l’utilisation du boscalide pourrait accélérer la résistance de la tavelure à cette famille, nous recommandons d’éviter PRISTINE.

SOUFRE (groupe M2) : le soufre est peu coûteux et très efficace pour empêcher la progression du blanc, mais moins efficace que les fongicides conventionnels pour réprimer la tavelure. Le principal désavantage du soufre est qu’il ne peut être appliqué sur des arbres traités à l’huile depuis moins de 7 à 14 jours sans risquer une phytotoxicité. De même, tout traitement en mélange avec de l’huile (ex. : AGRIMEK) ou l’application d’huile en été limite la possibilité de traiter avec du soufre. Le lessivage de l’huile par la pluie ne suffit pas toujours à éliminer le risque de phytotoxicité lors de l’application subséquente du soufre. Sur du feuillage traité avec de l’huile depuis moins de 14 jours, il faut notamment éviter d’appliquer du soufre lorsque la température prévue dans les jours suivants le traitement dépasse 28 °C.

L’usage répété et intensif du soufre a aussi des effets négatifs sur les populations d’acariens prédateurs, ce qui entraîne une montée des acariens ravageurs (mite flare). Or, ces effets sont en lien avec des doses fortes de soufre (>10 kg/ha), qui ne sont pas nécessaires pour réprimer le blanc. Il est possible que cet effet négatif soit marginal à la dose préconisée (3-5 kg/ha).

Par prudence, certains conseillers préconisent de limiter les traitements de soufre aux seuls blocs à risque, de sorte que le reste du verger puisse servir de refuge aux prédateurs qui pourront ensuite recoloniser les blocs traités. Pour combiner la répression du blanc et de la tavelure, il est possible d’ajouter du soufre à raison de 3 à 5 kg/ha avec chaque traitement de CAPTAN, DITHANE, PENNCOZEB et SCALA, qui sont tous inefficaces contre le blanc3. Notez que le mélange captane et soufre est phytotoxique sur la variété Délicieuse rouge.

BICARBONATE : Le bicarbonate de potassium homologué en pomiculture pour la tavelure est également très efficace contre le blanc4,5.

Dans plusieurs essais publiés, les molécules les plus chères n’étaient pas les plus efficaces. La fréquence des traitements a souvent plus d’impact sur la répression du blanc que la chimie utilisée pour le réprimer.

 

Stratégie d’intervention PFI spécifique pour le blanc

Quand une stratégie combinée contre la tavelure et le blanc n’est pas possible ou insuffisante, il est possible d’ajouter de 3 à 5 kg/ha de soufre avec les traitements foliaires (insecticides et engrais). Comme ces traitements sont réalisés par beau temps, le soufre sera moins lessivé et risque d’être plus efficace pour réprimer le blanc.

Quand traiter : Le modèle RIMpro peut aider à cibler les traitements spécifiques en lien avec les infections de blanc.

Comme il est illusoire d’essayer de couvrir toutes les feuilles à mesure qu’elles apparaissent, la fréquence des interventions doit s’ajuster au risque.

La résistance au lessivage par la pluie (rémanence des traitements) a peu d’importance puisque seules les nouvelles feuilles peuvent être infectées et les produits ne protègent que les feuilles présentes au moment du traitement. Par ailleurs, aucun produit n’est « curatif ». C’est pourquoi il faut prévenir les infections et non tenter de les guérir.

Un peu comme la tavelure, peu importe la chimie adoptée, il faut renouveler les traitements quand les conditions météorologiques sont favorables à la maladie en fonction de l’apparition des nouvelles feuilles, jusqu’à la fin de la période de croissance.

 

Autres traitements partiellement efficaces

SILICIUM : Le Kaolin6 et le silicate de potassium (K2SiO3) 5 ont une légère efficacité contre le blanc. Le silicate n’est pas homologué comme pesticide en pomiculture mais est parfois utilisé comme engrais.

CHLORURE DE CALCIUM :Les applications régulières de calcium inhibent partiellement le blanc du pommier4.

La liste des produits homologués contre le blanc est longue et seulement les produits les plus efficaces, abordables ou considérés utiles en PFI sont mentionnés dans cette fiche.

À noter que dans les vergers sévèrement affectés, il est inutile d’essayer de reprendre le contrôle de la maladie en cours d’été et il est préférable d’attendre la saison suivante pour initier des traitements dirigés contre le blanc. Si l’hiver est assez froid, une exposition des bourgeons à des températures inférieures à -23 °C pourra tuer jusqu’à 95 % des foyers de blanc. Toutefois, si les conditions printanières qui suivent favorisent grandement la maladie, les foyers subsistants suffiront pour réinfecter les blocs affectés l’an dernier. Dans ces conditions, il est probable qu’un programme de traitement agressif soit nécessaire pour éviter une épidémie.

Pour plus d’information sur le blanc du pommier, veuillez consulter le bulletin d’information No 05 du RAP-POMMIER du 12 mai 2004 du Réseau d’avertissements phytosanitaires (http://www.agrireseau.qc.ca/rap/documents/b05pom04.pdf).

 

Références
  1. Lauri, P.-E. et al. Le pommier et ses bioagresseurs – Les composantes dynamique et structurelle de l’architecture de l’arbre modulent les dynamiques d’infestation et d’infection. Innov. Agron. 15 65-77 (2011).
  2. Strickland, David, Ayer, K. M. & Cox, K. D. PDMR Volume 16 – Evaluation of an integrated biopesticide/single-site fungicide program for control of powdery mildew on apple (cv. ‘Jonagold’), 2021. https://www.plantmanagementnetwork.org/pub/trial/pdmr/volume16/abstracts/pf019.asp.
  3. Rosenberger, D. Fungicide resistance complicates mildew control programs for apples. Scaffolds fruits journal vol. 22 1–4 (2013).
  4. Al-Rawashd, Z. Ability of Mineral Salts and Some Fungicides to Suppress Apple Powdery Mildew Caused by the Fungus Podosphaera leucotricha. Asian J. Plant Pathol. 7, 54–59 (2013).
  5. Creemers, P., Van Laer, S., Van Mechelen, A., Vorstermans, B. & Hauke, K. Evaluation of the users value of salts against apple scab and powdery mildew for fruit production. in Ecofruit 76–81 (Fördergemeinschaft Ökologischer Obstbau eV (FÖKO), 2008).
  6. Glenn, D. M., van der Zwet, T., Puterka, G., Gundrum, P. & Brown, E. Efficacy of Kaolin-Based Particle Films to Control Apple Diseases. Plant Health Prog. (2001) doi:10.1094/PHP-2001-0823-01-RS.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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Fiche 110

Vincent Philion
(adapté du Guide de gestion intégrée des ennemis du pommier)

 

Le chancre européen et la tumeur du collet sont réglementés en vertu de la Loi sur la protection sanitaire des cultures (Fiche 15) et les mesures nécessaires doivent être prises pour éviter la propagation aux cultures avoisinantes.

 

Des fiches distinctes sont maintenant disponibles sur la pourriture amère (Fiche 110a) et le complexe suie-moucheture (Fiche 110b) et devraient être lues en priorité pour des informations détaillées et à jour concernant ces maladies.

Le complexe moucheture et tache de suie (voir aussi la fiche 110b )

La moucheture (en anglais, « fly speck ») et la tache de suie (en anglais, « sooty blotch ») sont des maladies secondaires qui laissent sur les fruits des taches superficielles affectant leur apparence. La moucheture, comme son nom l’indique, a l’apparence d’excréments de mouche. Les taches sont composées d’une multitude de petits points noirs groupés, sans qu’il y ait de trace de lésion sur l’épiderme du fruit.

Quant à la tache de suie, elle se caractérise par des taches fuligineuses de couleur brun noirâtre, sans contour défini à la surface de la pomme.

Ces maladies se développent dans des conditions similaires et sont souvent présentes simultanément. Leur développement est favorisé par une humidité et une température élevées. Elles causent des pertes économiques dans plusieurs régions des États-Unis qui cultivent des fruits de couleur pâle. Au Québec, elles restent d’importance secondaire, mais sont de plus en plus fréquentes dans les vergers.

Leur apparition coïncide souvent avec une augmentation de l’utilisation de fongicides de la famille des triazoles (NUSTAR, NOVA) qui ne peuvent combattre ces maladies.

Les traitements à base d’autres fongicides effectués pour lutter contre la tavelure suffisent habituellement pour maintenir ces maladies à des niveaux acceptables. Le cas échéant, des applications estivales de captane (CAPTAN, MAESTRO) peuvent être nécessaires.

 

Les pourritures du calice

La pourriture du calice du fruit est une maladie qui se développe tôt après la floraison à l’extrémité du calice des fruits. Elle peut être causée par plusieurs champignons, principalement par ceux issus des trois genres suivants : Sclerotinia, Botrytis et Alternaria. Il est très difficile de déterminer avec précision l’organisme en cause lorsqu’une pourriture se développe à l’œil du fruit. En général, les tissus affectés sont lisses et de couleur brune ou noire. À un stade plus avancé de la maladie, les lésions prennent une teinte brun grisâtre avec une marge rougeâtre. Très souvent, la partie affectée se dessèche, laissant apparaître une zone liégeuse. Le cultivar McIntosh est particulièrement sensible à cette maladie.

Les champignons du genre Alternaria peuvent aussi se manifester sous une autre forme, à la suite de leur pénétration dans le fruit par la région du calice. Il y a alors envahissement des loges carpellaires et formation d’une moisissure grise abondante au cœur de la pomme. Les fruits dont le calice reste « ouvert », comme ceux des cultivars Cortland, Délicieuse, Jerseymac et Spartan, en sont fréquemment affectés. Très souvent, les fruits infectés ont une apparence normale, sauf qu’ils se colorent et mûrissent prématurément. Les facteurs prédisposant à la pourriture sont les périodes de mouillure durant une longue floraison, les gelées printanières et un excès de fertilisation azotée.

Stratégies de lutte

De façon générale, la pourriture du calice du fruit ne nécessite pas de traitement spécifique, puisque les applications de fongicides pour combattre la tavelure suffisent largement pour réprimer aussi cette maladie. Cependant, au temps de la floraison et du stade calice, l’emploi d’un fongicide de contact, en mélange ou non avec un fongicide systémique efficace contre les maladies d’entreposage, prévient les dommages causés par cette maladie dans une bonne mesure. Il est également préférable de ne pas entreposer durant une longue période des pommes infectées par la pourriture du calice du fruit, puisqu’elles sont plus vulnérables aux pourritures d’entrepôt.

 

Les chancres

Les pommiers sont sensibles à plusieurs types de chancres causés par des champignons, les principaux étant le chancre européen, le dépérissement nectrien et le chancre noir. Il est parfois assez difficile de les distinguer les uns des autres. Certaines similarités avec la brûlure bactérienne compliquent davantage leur identification. Les champignons responsables de ces maladies s’attaquent à une multitude d’arbres et d’arbustes forestiers et ornementaux. La proximité des forêts contribue à la sévérité des symptômes dans les vergers. Les descriptions qui suivent faciliteront le diagnostic et le choix des méthodes de répression.

Chancre européen

Le chancre européen est fréquent sur le pommier. Il apparaît surtout sur des arbres négligés ou ayant reçu une fertilisation trop riche en azote, ou encore sur des arbres plantés dans un terrain trop humide et compact.

Les symptômes débutent par une lésion brun rougeâtre à la base des bourgeons ou au point d’insertion des rameaux. L’écorce se ride ensuite, laissant parfois le bois à nu. Il se forme alors, année après année, des bourrelets cicatriciels concentriques autour de la lésion originelle. Sur les lésions récentes, les fructifications du champignon ont la forme de coussinets blanc crème appelés sporodochies, qui émettent des conidies durant toute l’année, mais principalement à la fin de l’été et à l’automne. La plupart des infections ont lieu à la récolte et au moment de la chute des feuilles.

La reproduction sexuée du champignon causant le chancre européen a lieu sur les vieux chancres et se manifeste sous la forme de pustules rouge corail ressemblant à des œufs de tétranyques. Ces périthèces sont formés à l’automne et durant l’hiver et contiennent des milliers d’ascospores, qui seront libérées par temps pluvieux tout au long de la saison de végétation.

Dépérissement nectrien

Quoique moins fréquent que les autres chancres, le dépérissement nectrien a affecté, au cours des dernières années, plusieurs pommeraies à forte densité plantées près de vieux pommiers porteurs de la maladie. Ce type de chancre est particulièrement important dans les vergers affectés par le broutage des chevreuils ou par un hiver rigoureux.

Le champignon à l’origine du dépérissement nectrien envahit souvent les jeunes pousses du pommier à la suite d’un mauvais aoûtement ou d’un aoûtement tardif. Malheureusement, la période propice à l’infection n’est pas connue. Une zone affaissée (chancre) se développe alors à la base ou au centre du rameau. Contrairement au chancre européen, aucun bourrelet cicatriciel n’est formé lors du développement du dépérissement nectrien, car la jeune pousse meurt habituellement au cours de l’année. Plus tard en saison, des pustules rouge corail de la grosseur d’une tête d’épingle apparaissent à la surface du chancre. Ces fructifications asexuées sont habituellement groupées en grand nombre, d’où le nom anglais de « coral spot ». À l’automne, des fructifications sexuées d’un rouge très vif se forment à la surface des chancres. Ces dernières (périthèces) sont semblables à celles du chancre européen. Les fructifications asexuées (sporodochies) facilitent donc l’identification des deux maladies.

Ne confondez pas avec la brûlure bactérienne!

Il est très important de bien reconnaître le dépérissement nectrien afin de ne pas le confondre avec la brûlure bactérienne. Lorsqu’il y a dépérissement nectrien, les feuilles des rameaux infectés commencent à se flétrir en juin. Elles meurent graduellement à partir du chancre vers le bout des branches, se desséchant donc du bas vers le haut du rameau avant la fin de la saison, contrairement à la brûlure bactérienne où les feuilles se dessèchent du haut vers le bas. Dans le cas du dépérissement nectrien, les feuilles malades ne restent pas attachées au rameau. Par ailleurs, si on coupe une tige affectée dans le sens de la longueur, on notera qu’il y a une démarcation très claire entre le tissu sain et le tissu malade, chose qu’on ne voit pas avec la brûlure bactérienne. Finalement, on ne retrouve pas non plus de bouquets floraux flétris qui demeurent attachés aux branches comme dans le cas de la brûlure bactérienne.

Chancre noir du pommier

Le chancre noir est assez courant au Québec. On le rencontre fréquemment chez les arbres en mauvaise santé. La maladie affecte les feuilles, les fruits et les branches et porte un nom différent selon l’organe infecté, soit la tache ocellée sur les feuilles, la pourriture noire sur les fruits et le chancre noir sur les branches. Les arbres souffrant de sécheresse sont souvent plus sujets aux attaques du champignon responsable de ces maux. Bien que certains cultivars (ex. : Délicieuse) ne présentent pas de symptômes foliaires, tous les cultivars sont sensibles au chancre noir et à la pourriture noire.

Chancre noir. Les dommages causés sur le bois par le champignon (Botryosphaeria obtusa) responsable de ce chancre sont assez peu caractéristiques. Les parties infectées sont légèrement déprimées et prennent une apparence brun rougeâtre. Éventuellement, les branches noircissent et l’écorce prend une allure rugueuse. Sur la pousse annuelle, un dépérissement des pousses terminales peut être visible. Dans les cas graves, ce dépérissement est analogue à celui causé par la brûlure bactérienne. Sur les branches plus âgées, un chancre est visible. Ce chancre attaque le bois et envahit la branche en longueur plutôt que de couvrir sa circonférence. Dans la dernière année de survie des branches atteintes, le feuillage jaunit tôt dans la saison, puis brunit et meurt prématurément. Très souvent, l’écorce s’enlève facilement dans la plus vieille partie du chancre. Les branches atteintes se brisent facilement sous le poids des fruits. Les fructifications (pycnides) à la surface du bois ont l’apparence de petits pustules noirs (0,1 mm de diamètre). Ces structures n’apparaissent que durant la deuxième année suivant l’infection.

Pourriture noire. La pourriture noire résulte souvent de l’infection des sépales avant la floraison. Elle apparaît d’abord sous forme de mouchetures rougeâtres sur les jeunes fruits, puis se développe en pustules pourpres par la suite. Les lésions prennent une teinte brun-noir et se rencontrent le plus souvent au calice du fruit. À mesure que ces lésions se développent, on voit apparaître par alternance des zones concentriques brunes et noires.

Les fruits infectés deviennent noirs, se momifient et restent attachés aux branches des arbres, même en hiver. Ils sont alors couverts de pustules noirs (pycnides). On rencontre souvent ce phénomène sur le cultivar Cortland.

Tache ocellée. Les symptômes de la tache ocellée apparaissent environ une à trois semaines après le stade calice. Au début, la maladie présente des taches circulaires pourpres de 2 à 3 mm de diamètre, qui deviennent par la suite de moins en moins régulières. Le pourtour des lésions demeure violet, mais le centre prend une teinte brun pâle à brun foncé. Ces taches ont grossièrement l’apparence d’yeux de grenouille, d’où le nom anglais de « frog eye leaf spot ». Quelques rares fructifications de ce champignon se développent sur les parties sombres. Les feuilles gravement atteintes deviennent chlorotiques et tombent prématurément. Malgré l’apparence surprenante de ces symptômes sur les feuilles, les infections foliaires contribuent très peu à la dissémination de la maladie. En effet, le champignon produit très peu de spores sur les feuilles. De plus, il est incapable de se propager « en pénétrant » dans l’arbre pour causer des dommages au bois. Les chancres n’apparaissent sur le bois que lorsqu’il y a blessure à l’écorce.

Les conidies, produites autant sur les fruits momifiés que sur le bois mais rarement sur les feuilles, sont dispersées par temps pluvieux tout au long de la saison de croissance. Les fructifications sur le bois et les fruits momifiés servent aussi de refuge pour la saison hivernale. La température optimale pour ce champignon est relativement élevée. Conséquemment, l’infection est favorisée par des pluies chaudes (16 à 25 °C). Les conidies infectent le bois par le biais de blessures de taille, de cassures aux branches et de pousses affectées par la brûlure bactérienne.

Chancre botryosphaerien

Une maladie apparentée, le chancre botryosphaerien (en anglais, « white rot »), causée par le champignon Botryosphaeria dothida, cause des symptômes similaires sur le bois, mais aucun symptôme sur les feuilles. La lutte contre cette maladie s’effectue de la même façon que pour le chancre noir du pommier.

Différenciation des chancres

Certaines caractéristiques permettent de différencier les chancres décrits précédemment. Si des pustules de couleur rouge ou crème sont visibles durant l’été sur le chancre ou sur le dépérissement, les arbres sont victimes du chancre ou du dépérissement nectrien. En présence de pustules noirs ou encore en l’absence de pustules, il y a de fortes chances qu’ils soient atteint du chancre noir. La différenciation entre le chancre noir et certains symptômes de la brûlure bactérienne peut être faite en observant le flétrissement du feuillage.

Stratégies de lutte communes aux différents chancres causés par des champignons

Les pommiers, comme toutes les plantes, ont une capacité naturelle de combattre les maladies même lorsque les conditions sont propices à l’infection. La présence de chancres témoigne souvent d’une faiblesse des arbres liée à un dommage de gel, à un drainage déficient, etc. Il est possible de limiter la présence de chancres dans un verger par des mesures préventives qui visent à offrir un meilleur environnement aux pommiers.

Site :

  • Favoriser un bon drainage, en particulier à la base des arbres.
  • Éviter de planter un verger immédiatement à l’est d’un vieux verger où des chancres sont apparents (le vent transportant les spores). Selon cette stratégie qui provient de chercheurs de New York, le remplacement de vieux pommiers par des pommiers nains devrait donc commencer par les blocs les plus à l’ouest. De cette façon, les nouveaux vergers seraient moins affectés par les spores de chancres, de tavelure ou d’autres types disséminées par le vent.

Plantation :

  • Choisir les porte-greffes et les cultivars les plus rustiques pour éviter les lésions liées au gel et susceptibles d’affaiblir l’arbre.
  • À la plantation, n’utiliser que des scions d’un an ou deux (les arbres plus vieux seront plus stressés).
  • Éviter de stresser les jeunes arbres (irrigation, etc.).
  • Protéger la base des arbres contre les rongeurs (la moindre blessure peut devenir une porte d’entrée pour les micro-organismes).
  • Éloigner les chevreuils par une clôture ou tout autre moyen jugé approprié (voir la fiche 112 pour plus de détails). Le broutage crée une porte d’entrée idéale pour les infections.

Gestion et taille :

  • Toutes les blessures présentes sur les arbres, les bris de branches et les cicatrices foliaires sont des portes ouvertes pour les champignons qui causent des chancres. Une fertilisation bien faite (sans excès d’azote) favorisera l’aoûtement des arbres et préviendra ces infections
  • Retirer toutes les branches coupées et les branches mortes des arbres.
  • Éviter les branches insérées à angle aigu, qui sont plus sujettes aux dommages hivernaux.
  • Éviter de laisser des « chicots » ou des « moignons » de taille.
  • Éviter la fertilisation azotée excessive et tout juste avant la fin de la croissance.
  • Éviter de laisser le sol complètement à nu autour des arbres pour faciliter l’accumulation de neige.
  • Prévenir la brûlure hivernale du sud-ouest en peinturant avec un latex d’intérieur de couleur pâle la base des arbres et une partie du tronc (recette à la fiche 113).

Enlèvement et curetage des chancres. Lorsqu’ils sont situés sur des branches isolées, il faut enlever les chancres et détruire les branches atteintes. S’ils sont situés sur les branches charpentières ou sur le tronc principal, un curetage des chancres pourra s’avérer efficace. Vous pouvez procéder avec un couteau ou avec l’extrémité de la lame d’une tronçonneuse (en faisant très attention) pour enlever le tissu malade jusqu’au bois sain, puis le même jour préférablement, enduire la plaie d’une couche de latex d’intérieur de couleur pâle. Les couleurs pâles empêchent l’absorption de chaleur qui serait néfaste pour l’arbre en hiver. Il est également souhaitable d’ajouter du thirame (fiche 113) ou du cuivre fixe. Le latex blanc sèche rapidement et forme une surface réfléchissante permettant une cicatrisation rapide de la plaie, tout en la protégeant des champignons, des bactéries et des autres organismes nuisibles qui peuvent l’envahir.

Stratégies de lutte spéciiques au chancre européen

La cueillette des pommes et la chute des feuilles à l’automne laissent une « blessure » très petite, mais pourtant idéale pour l’entrée des spores de champignons du genre Nectria responsables du chancre européen (Nectria galligena) et du dépérissement nectrien (Nectria cinnabarina). Pour ces maladies, la plupart des infections ont lieu pendant les pluies d’automne, après la récolte. Pour empêcher l’infection, il faudrait idéalement faire une application de cuivre (voir au paragraphe suivant) pendant ou après la chute des feuilles. Malheureusement, trop souvent, l’hiver arrive avant que les feuilles tombent et l’application de cuivre est négligée. Pourtant, même dans des conditions de froidure naissante, une application de cuivre est largement justifiée, car les infections associées aux blessures « pédonculaires » et aux brindilles cassées en cours de récolte sont les plus graves. Les applications au printemps peuvent aider, mais auront moins d’impact.

Deux traitements avec de la bouillie bordelaise ou du cuivre fixe, un après la récolte à l’automne et un autre à l’ouverture des bourgeons au printemps, préviennent de façon efficace les infections. Ces traitements contribueront aussi à abaisser l’inoculum de la bactérie responsable de la brûlure bactérienne.

Bien que l’épidémiologie du dépérissement nectrien ne soit pas entièrement résolue sous nos latitudes, les méthodes générales présentées ci-dessus sont probablement également applicables pour contrer cette maladie.

Stratégies de lutte spécifiques au chancre noir et aux autres chancres causés par les champignons du genre Botryosphaeria
  • La lutte contre le chancre noir s’effectue principalement en éliminant les sources d’inoculum dans le verger pendant la taille d’hiver. Observer les branches environnantes et immédiatement au-dessus des feuilles présentant des symptômes pour détecter la présence de chancres ou de fruits momifiés, particulièrement sur les cultivars Cortland et McIntosh.
  • L’élimination du bois mort et, en particulier, des tas de branches aux abords du verger, de même que des momies et des chancres aide grandement à tenir en échec cette maladie.
  • Attention! La taille d’été favorise la propagation de la maladie en créant des portes d’entrée pour les spores.
  • Les applications printanières de fongicides pour combattre la tavelure du pommier suffisent généralement pour réprimer le chancre noir. Cependant, des applications ciblées de fongicides entre le stade bouton rose et celui du calice peuvent être nécessaires là où la maladie est un problème récurrent.

 

La maladie du plomb

La maladie du plomb (en anglais, « silver leaf ») est une maladie qui peut se manifester de temps à autre sur le pommier. Les feuilles des arbres atteints présentent une teinte métallique, plombée, découlant d’une mince couche d’air s’étant infiltrée entre l’épiderme supérieur et les tissus sous-jacents. Les branches et les rameaux malades ont une croissance ralentie et meurent éventuellement. Souvent, la mort de l’arbre entier survient après quelques années. Parfois aussi, les arbres récupèrent sans raison apparente.

Le plomb peut être causé par un champignon (Chondrostereum purpureum) parasite des blessures, qui pénètre dans le bois à la faveur d’une plaie importante ou de dégâts de gel hivernal. Cette maladie affecte généralement quelques arbres ou même quelques branches ici et là dans le verger.

Stratégie de lutte

Il n’existe actuellement aucune méthode de lutte efficace contre cette maladie. Une fertilisation adéquate peut apporter certains bénéfices, mais la meilleure mesure consiste simplement à arracher et à brûler les arbres affectés pour éviter la dissémination de la maladie. On doit également traiter toute plaie importante comme dans le cas des chancres. La souche de l’arbre doit également être retirée, puisque les fructifications du champignon peuvent s’y développer.

Le plomb peut aussi être d’origine non parasitaire. Il serait alors causé par des perturbations physiologiques, comme des tailles très sévères (rabattage) ou des fertilisations déséquilibrées. Avec ce type de plomb, les symptômes apparaissent en général sur tous les arbres du verger.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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Fiche 111

Daniel Cormier, Robert Maheux, Danielle Bernier, Gérald Chouinard et Yvon Morin

 

Les mauvaises herbes sont en compétition avec les pommiers pour l’eau et les éléments nutritifs. Elles peuvent ralentir la croissance de vos arbres et nuire à l’accumulation de leurs réserves énergétiques, lesquelles assurent normalement une meilleure résistance au froid hivernal. De plus, elles peuvent également servir de plante hôtes à certains ravageurs du pommier (punaise terne, cérèse buffle, nématodes) qui sont ensuite en bonne position pour s’attaquer à cette culture. Pour contrer ce problème, la répression de la végétation à la base des pommiers est la solution désignée. Cette pratique a plusieurs fonctions : en plus d’éliminer la compétition, elle diminue les risques de dégâts causés par les campagnols et elle facilite la cueillette des pommes.

 

Dépistage

Le dépistage des mauvaises herbes est très rentable, car il permet de les identifier et au besoin, d’intervenir localement, bien avant qu’elles ne se reproduisent (montée en graines). Il permet également de détecter une nouvelle espèce avant qu’elle ne se propage dans le verger. Pour les nouvelles plantations, le dépistage doit être effectué de la plantation jusqu’à la fin juillet. Pour les parcelles en production, il doit être fait du débourrement du pommier jusqu’à 30 jours après la floraison et complété par un suivi à la fin juillet.

 

Stratégies de lutte

La lutte aux mauvaises herbes doit s’effectuer pendant la période critique de croissance du pommier, qui se situe du mois de mai à la mi-juillet. Durant cette période, le pommier en production traverse quatre stades importants, soit la floraison, la nouaison, le grossissement des fruits et l’initiation des boutons floraux pour l’année suivante. La présence des mauvaises herbes doit être réduite pendant ces quatre stades afin d’éviter des pertes significatives à la récolte (baisse de rendement et diminution du calibre des fruits, entre autres). Pour de jeunes pommiers non en production, la mise à fruit sera retardée et la productivité de votre verger sera mise en péril.

En PFI, la lutte aux mauvaises herbes ne signifie pas leur éradication complète. Ainsi, un verger avec un bon programme de fertilisation et d’irrigation (fertigation) obtenant d’excellents rendements et des pommes de qualité pourra tolérer une plus grande compétition de la part des mauvaises herbes comparativement à un verger sans irrigation qui a des lacunes en fertilisation et de faibles rendements.

L’année avant l’implantation

L’utilisation d’un engrais vert associé à un désherbage chimique un an avant la plantation sur une future parcelle permet de limiter la croissance des mauvaises herbes vivaces et d’améliorer la structure du sol. Un engrais vert, par exemple le ray-grass (ivraie) ou l’herbe de Soudan, augmente le taux de la matière organique du sol, tandis que l’utilisation d’un herbicide systémique est efficace pour lutter contre les mauvaises herbes vivaces. Par contre, il faut éviter d’appliquer des herbicides dont les résidus seront encore présents durant l’année de la plantation (consultez la description des herbicides, rodenticides, régulateurs de croissance et autres produits phytosanitaires homologués en pomiculture au Québec (fiche 53)).

parcelle engazonnée

La future parcelle peut être engazonnée (après l’enfouissement de l’engrais vert) l’automne précédant la plantation afin de limiter la croissance des mauvaises herbes. Un herbicide homologué à cette fin pourra ensuite être utilisé sur le rang.

Une bonne préparation du site évitera beaucoup de problèmes, surtout dans le cas des mauvaises herbes vivaces. Ceci contribuera à une bonne croissance du pommier, absolument essentielle pendant les premières années de sa vie.

L’année après la plantation

Après avoir effectué la plantation des arbres en avril, un herbicide résiduel spécialement conçu pour une jeune plantation (fiche 53) peut être utilisé si aucun paillis (voir les méthodes culturales ci-après) n’a été mis en place. Au début de l’été (juillet), l’apparition de mauvaises herbes doit être surveillée et une intervention locale au besoin permettra de maintenir les rangs de pommiers libres de mauvaises herbes jusqu’en août.

Dans le verger non en production

Durant les trois années suivant la plantation d’un verger standard, semi-nain ou nain, une bonne gestion des mauvaises herbes favorisera la croissance des pommiers et le développement d’une bonne structure des arbres.

Dans le verger standard en production

Dans ce type de plantation, il peut être essentiel d’utiliser localement des herbicides pour lutter contre des mauvaises herbes vivaces très envahissantes. Le fauchage à l’aide d’un taille-bordure ainsi que le sarclage manuel peuvent aussi remplacer l’utilisation des herbicides.

Dans le verger semi-nain et nain en production

Les porte-greffes utilisés dans ces plantations sont très sensibles à la compétition par les mauvaises herbes. Les méthodes de lutte décrites ci-après peuvent être utlisées en PFI.

 

Méthodes culturales
Application d’un paillis

Les paillis de plastique ou de matière organique (comme le bois raméal fragmenté) sont des matériaux efficaces pour enrayer à court terme (1-3 ans) et à moyen terme (3-5 ans) la croissance des mauvaises herbes, de manière non sélective. Selon sa nature, le paillis pourra nécessiter d’être renouvelé pour maintenir son efficacité. De plus, d’autres bénéfices pourront être obtenus :

  • Contrôle de l’évaporation de l’eau du sol menant à la diminution des besoins en irrigation;
  • Enrichissement du sol en matière organique (lorsqu’il s’agit de paillis organiques);
  • Diminution de la température du sol en été et protection partielle contre le gel en hiver (lorsqu’il s’agit de paillis organiques).

Cependant, les paillis peuvent avoir des inconvénients qui méritent d’être soulignés :

  • Avec l’utilisation de paillis, la population de campagnols des champs doit être surveillée étroitement, car les petits mammifères en profitent souvent pour se multiplier sous le paillis, à l’abri des prédateurs.
  • Les paillis organiques, selon leur nature, peuvent nécessiter des applications d’azote pour permettre leur décomposition, s’ils sont incorporés au sol. Sans application d’azote, ils peuvent affecter de manière négative la disponibilité en azote pour la culture. Dans d’autres cas, ils peuvent au contraire libérer de l’azote et nuire à l’aoûtement du pommier.
  • Les paillis de copeaux de bois ont une faible efficacité contre les mauvaises herbes vivaces déjà établies.

application d'un paillis

Fauchage et tonte du rang

Cette pratique ne permet pas d’éliminer complètement la compétition de la part des mauvaises herbes, mais elle réduira ses effets. Selon la croissance des mauvaises herbes, la tonte peut être requise de deux à trois fois durant l’été.

L’opération nécessite l’utilisation d’une faucheuse rotative munie d’une extension afin de faucher autour de chaque pommier. Elle doit être réalisée avant que le poids des pommes ne tire les branches trop près du sol. La fauche doit être effectuée avec vigilance dans le cas des jeunes arbres, afin d’éviter de causer des blessures au tronc.

 

Herbicides

L’utilisation d’herbicides demeure la méthode la plus courante et la plus simple pour empêcher la croissance de la végétation sur le rang. Les herbicides doivent cependant être utilisés de manière restreinte afin de limiter certains risques qu’ils comportent :

lutte aux mauvaises herbes à l'aide d'herbicides

  • Risque de phytotoxicité pour les pommiers et de toxicité pour l’applicateur en cas de dérive.
  • Risque de dommages aux organismes bénéfiques du sol, notamment les vers de terre
  • Risque de pollution de la nappe phréatique et des cours d’eau.

L’emploi de doses supérieures à l’étiquette est évidemment proscrit. Des doses élevées augmentent dramatiquement ces risques et peuvent aussi provoquer un déséquilibre physiologique préjudiciable aux pommiers. Dans des sols légers, des effets phytotoxiques peuvent se manifester.

Le choix des herbicides doit donc se faire selon les résultats du dépistage. En d’autres mots, les espèces à réprimer, leur stade de développement ainsi que leur localisation dans le verger doivent être considérés lors du choix de l’herbicide.

En présence d’infestations localisées ou de foyers de mauvaises herbes récalcitrantes, il faut traiter la zone infestée seulement. Une application manuelle à l’aide d’un humecteur à mèche est efficace pour traiter près des arbres avec un herbicide systémique homologué à cette fin.

application manuelle d'herbicide à l'aide d'un humecteur à mèche

Dans les plantations de pommiers nains et semi-nains, les applications en bandes doivent être limitées à une largeur maximale. Cette largeur désherbée doit correspondre à moins du tiers de la superficie totale du verger, sans jamais dépasser 1,2 m de chaque côté du rang. Il est judicieux de limiter les applications à la largeur du rang de pommiers qui a été déterminée au moment de l’établissement de la parcelle.

Il n’est pas nécessaire de réprimer complètement les mauvaises herbes sur le rang au-delà de la période critique de croissance du pommier. Il est préférable de privilégier les traitements printaniers et d’éviter les traitements herbicides à l’automne afin de conserver de la végétation en fin de saison. Un couvert végétal pourra maintenir la neige autour des racines du pommier et assurer une meilleure protection hivernale. Il favorisera également l’hibernation des acariens prédateurs. Cependant, la hauteur du couvre-sol devra être minimale afin de ne pas favoriser l’établissement du campagnol des champs.

Certains herbicides peuvent être utilisés durant l’année de l’implantation du verger, avant ou après la plantation des pommiers. Dans les vergers établis, ils sont utilisés en fonction de l’apparition des mauvaises herbes : en prélevée ou en postlevée. Pour plus de détails sur les herbicides, consultez la description des herbicides, rodenticides, régulateurs de croissance et autres produits phytosanitaires homologués en pomiculture au Québec (fiche 53).

Herbicides de préplantation

Ces herbicides, appliqués avant l’implantation d’un verger, sont absorbés par les mauvaises herbes au moment de leur germination. L’application de ces herbicides doit donc se faire avant la levée des mauvaises herbes. Les conditions d’application (dose, % de matière organique, volume d’eau, etc.) de ces herbicides sont très variables d’un produit à l’autre. Assurez-vous de lire l’étiquette pour bien les utiliser.

Herbicides de prélevée

Les herbicides de prélevée sont appliqués avant la levée des mauvaises herbes. Ces produits agissent en nuisant à leur germination ou en créant à la surface ou sous la surface du sol une zone toxique pour les graines ou les plantules des mauvaises herbes visées. Ces herbicides ont besoin d’humidité (ex. : sol humide, pluie, irrigation) pour offrir une excellente efficacité contre les mauvaises herbes. En l’absence d’humidité, un travail superficiel du sol peut être nécessaire. La simazine (ex. : PRINCEP, SIMAZINE, SIMADEX), le dichlobénil (CASORON) et le terbacile (SINBAR) sont des exemples d’herbicides de prélevée.

Attention! Les risques de phytotoxicité de ces herbicides sont plus élevés sur des sols ayant moins de 2 % de matière organique. Pour diminuer ces risques, il est préférable d’éviter que les racines de pommiers de remplacement nouvellement plantés ne viennent en contact avec un sol traité depuis moins de trois ans avec un herbicide de prélevée.

Herbicides de postlevée

Les herbicides de postlevée s’utilisent après la levée des mauvaises herbes. Ces produits peuvent être systémiques ou de contact.

Herbicides systémiques. Les herbicides systémiques sont absorbés et transportés à l’intérieur de la plante. En circulant dans la plante, ils perturbent différents processus comme la photosynthèse, la synthèse des acides aminés et le développement cellulaire. La croissance et le développement de la plante sont alors déréglés ou même arrêtés, ce qui la fait mourir. Ces herbicides doivent être appliqués en période de croissance active des mauvaises herbes. Le glyphosate (ex : ROUNDUP, GLYFOS) fait partie de ce type d’herbicides et ne doit pas être appliqué après la mi-juillet pour une raison supplémentaire: selon certaines études il contribue au brunissement interne des pommes sensibles comme Empire, entreposées à long terme (voir la fiche 119).

Lors de l’application de ces herbicides, il est important d’éviter que l’herbicide touche les feuilles du pommier, l’écorce récente et les drageons à la base du tronc. Ces parties peuvent absorber l’herbicide, développer des symptômes de phytotoxicité et être endommagées. Conséquemment, avant de traiter avec des herbicides systémiques, il est conseillé de couper les drageons des pommiers.

bouquets endommagés (phytotoxicité)

Herbicides de contact. Au contraire des herbicides systémiques, les herbicides de contact ne sont pas transportés dans la plante. Ils détruisent seulement le feuillage avec lequel ils entrent en contact. Avec ce type de produit, il est important de couvrir uniformément le feuillage des plantes à éliminer. Le paraquat (GRAMOXONE), le glufosinate d’ammonium (IGNITE) et le diquat (REGLONE) font partie de ce groupe. Ils n’ont aucun effet sur les parties souterraines des mauvaises herbes.

 

Application des herbicides

Les appareils servant à la pulvérisation des herbicides sont les suivants :

  • Pulvérisateur conventionnel (aussi appelé rampe à herbicides);
  • Pulvérisateur à application contrôlée de gouttelettes, avec couvercle protecteur (aussi appelé CDA);
  • Humecteur à mèche pour application manuelle localisée;
  • Applicateur portatif manuel avec une buse simple pour application localisée.
Précautions à prendre avant tout traitement herbicide

Observations des conditions météorologiques. Il est possible de réduire la dérive lors des applications en prenant soin d’observer les conditions météorologiques suivantes : la vitesse du vent, la température pendant l’application et le taux d’humidité relative.

Dans le cas d’une application d’un herbicide avec un pulvérisateur à rampe, les paramètres suivants sont recommandés : vitesse maximale du vent de 7-13 km/h avec une température inférieure à 25 °C et une humidité relative supérieure à 50 %. L’ensemble de ces conditions est souvent retrouvé en fin de journée (pour plus d’informations sur la dérive des pesticides, consultez la fiche 54).

Vérification de l’état de votre pulvérisateur. Les applications d’herbicides doivent toujours être faites avec un pulvérisateur réservé à cette fin et les précautions suivantes doivent être prises :

  • Les pulvérisateurs sont des outils de précision; assurez-vous de les garder en bon état de fonctionnement et de les étalonner régulièrement. L’étalonnage doit être effectué une fois par année en respectant les paramètres suivants : la rampe doit être à une hauteur de 0,3 m par rapport au sol et la vitesse maximale du tracteur doit être réglée à moins de 6 km/h.
  • Les pulvérisateurs atomiseurs, portatifs ou non, ne doivent jamais servir pour l’application d’herbicides. Ce type d’appareil produit de très fines gouttelettes qui dérivent facilement et peuvent causer de la phytotoxicité sur vos pommiers ou toute autre plante non visée par le traitement.
  • Le pulvérisateur à herbicides doit être nettoyé avec soin. Il est préférable d’effectuer un triple rinçage du réservoir avant de remiser le pulvérisateur. De plus, il est recommandé d’utiliser des produits commerciaux destinés à cet usage et de vérifier les particularités du nettoyage sur l’étiquette. Pour certains herbicides, une eau savonneuse et un rinçage à l’eau claire ne sont pas suffisants.
Le pulvérisateur CDA, un bon choix?

Présent au Québec depuis 2004, le pulvérisateur CDA offre plusieurs avantages comparativement à l’utilisation de la rampe à herbicides :

  • La dérive étant fortement réduite, il peut être utilisé lors de journées venteuses sans risque de dégâts aux feuilles et aux jeunes troncs;
  • Il permet d’appliquer les herbicides de contact en concentré et donc de traiter une plus grande superficie avec une même quantité d’eau;
  • En utilisant moins d’eau dans le réservoir lors de l’arrosage, la compaction des allées du verger et le temps de remplissage sont réduits;
  • Les coûts d’application des herbicides sont bien moindres avec ce système qu’avec une rampe à herbicides classique.

Ses inconvénients sont les suivants :

  • Les problèmes d’application sont plus difficiles à détecter, car l’arrosage en concentré laisse peu de traces de gouttelettes comparativement au traitement effectué avec une rampe;
  • L’appareil est délicat, particulièrement la buse qui ne doit pas entrer en contact avec des roches ou autres débris sur le parcours de l’arrosage;
  • Son coût d’achat est élevé par rapport à un pulvérisateur conventionnel.

 

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Fiche 112

Daniel Cormier, Robert Maheux et Yvon Morin

 

Le cerf de Virginie, appelé aussi le chevreuil, peut causer des dommages considérables dans les vergers. Le ministère des Ressources naturelles et de la Faune ayant déjà rapporté que des populations élevées de cerfs de Virginie sont présentes dans les zones de chasse du sud et de l’ouest de la province, il n’est pas surprenant de constater une augmentation des dommages dans les vergers non clôturés de ces régions.

C’est principalement au cours de l’hiver que les dommages sont observés, alors que la nourriture en milieu naturel est moins abondante et moins accessible. Le cerf se nourrit de bourgeons à fruits et de rameaux, ce qui peut mener à une perte importante de rendement pour un pommier en production ainsi qu’à des dommages irréparables, voire la mort, particulièrement pour de petits pommiers. Les attaques répétées sur de jeunes arbres non en production rendent aussi irréaliste toute replantation de la part du producteur.

cerf de Virginie / chevreuil

La stratégie de lutte utilisée pour contrer les dommages causés par le cerf de Virginie dépend principalement du niveau de dommages observés dans votre verger. À l’apparition des premiers dommages, s’ils sont faibles et peu fréquents, il est possible d’utiliser des produits répulsifs. Cependant, s’il y a une augmentation constante des dégâts et que les dommages sont plus fréquents, il est plutôt recommandé d’opter pour une clôture dans le but d’obtenir une solution efficace à long terme.

Répulsion
Les répulsifs gustatifs et odorants

Ces répulsifs sont des substances dont l’odeur ou le goût possède la propriété de tenir les animaux à l’écart pour une période de temps limitée. Ce moyen de lutte peut être efficace pour protéger quelques arbres, mais il est peu fiable pour protéger l’ensemble d’un verger. L’efficacité de plusieurs répulsifs est très variable selon le degré d’accoutumance développé par le chevreuil. Ces produits doivent être utilisés en prévention, avant que les cerfs prennent l’habitude de visiter votre verger. De plus, lorsque les cerfs sont affamés, les répulsifs sont généralement inefficaces.

Les répulsifs sonores et visuels

Il existe sur le marché des produits qui servent à éloigner les cerfs à l’aide de bruits ou de sons émis par des appareils électroniques. Ces dispositifs n’ont qu’un effet temporaire, car les cerfs s’y habituent très rapidement et n’y portent plus aucune attention après quelques jours. Il est important de s’informer auprès des autorités locales pour vérifier si la réglementation permet l’usage de tels systèmes.

 

Clôtures

L’installation d’une clôture peut assurer au verger un haut niveau de protection face au cerf de Virginie. La présence d’une clôture est le moyen le plus dissuasif pour empêcher sa présence dans le verger.

Lorsqu’une clôture est installée, il faut se rappeler que le cerf de Virginie est un excellent sauteur et qu’il peut également passer sous la clôture. Pour obtenir le maximum d’efficacité, il est donc important de respecter la hauteur recommandée pour chaque type de clôture et de s’assurer qu’elle soit fixée près du sol. Au Québec, la hauteur de la clôture doit notamment tenir compte de l’accumulation de neige.

Une étude approfondie des coûts, mais également de l’entretien que nécessite chaque type de clôture, peut éviter des dépenses inutiles. Avant de choisir l’une ou l’autre des clôtures, il faut être bien déterminé à l’entretenir de façon adéquate afin de maintenir son efficacité. À cet effet, un tableau comparatif des coûts des clôtures a été compilé par le MRNF et est disponible à l’adresse Internet suivante : http://mffp.gouv.qc.ca/publications/faune/dommages-cerf-fascicule-3.pdf

 

Clôture en treillis

La clôture en treillis est actuellement très utilisée contre le cerf de Virginie au Québec. Il en existe différents modèles et chacun de ces modèles est caractérisé par un carrelage et des matériaux spécifiques. La hauteur de la clôture doit être établie en fonction du niveau d’accumulation de neige de votre région, sans jamais être inférieure à 2,4 m.

Clôture en treillis d’acier galvanisé. L’utilisation de clôtures en broche carrelée d’acier galvanisé est la plus répandue. Deux types de carrelage (grosseur des mailles) sont disponibles : 10 ou 15 cm. Elle est disponible au Québec dans les coopératives agricoles en rouleaux de 1,2 m de hauteur par 100 m de longueur. Il est recommandé de placer un rouleau de 1,2 m avec des mailles de 10 cm dans le bas de la clôture, afin d’éviter que le panache du cerf s’y accroche. Un rouleau de 1,2 m est alors superposé avec des mailles de 15 cm dans le haut pour former une clôture de 2,4 m de hauteur. Il existe aussi des rouleaux de 2,4 m de hauteur, mais ils sont plus difficiles à trouver. Ce type de clôture possède une durée de vie de 20 à 30 ans selon la qualité de son entretien.

clôture contre le cerf de Virginie / chevreuil

Clôture en treillis de polypropylène. Cette clôture est faite d’un treillis de polypropylène résistant au froid et aux rayons ultraviolets. Elle offre l’avantage de s’installer et de se modifier facilement et elle nécessite moins de poteaux que la clôture de treillis en acier galvanisé pour la supporter à cause de sa légèreté. Elle est presque invisible lorsque comparée au modèle en acier, et par conséquent, elle n’a pas l’effet dissuasif de l’acier. Elle est également plus fragile à l’impact d’un cerf en comparaison avec l’acier galvanisé, mais elle est facilement réparable. Elle est disponible au Québec en rouleaux de 2,3 m de hauteur par 100 m de longueur. Un rouleau de polypropylène est environ deux fois moins dispendieux qu’un rouleau d’acier galvanisé. Elle possède une garantie de 10 ans de la part du fabricant.

clôture en treillis contre le cerf de Virginie / chevreuil

Précautions et entretien des clôtures en treillis. Dans le cas d’une clôture de treillis, une inspection régulière permet de vérifier la présence de trous, la solidité des poteaux et de constater si la clôture se rend toujours jusqu’au sol. Ceci évitera de se retrouver avec des problèmes, car il est toujours difficile de sortir un cerf de Virginie d’un verger clôturé! Pour les mêmes raisons, il est recommandé de ne jamais laisser les portes ouvertes d’un verger clôturé .

 

Clôture électrique

La clôture électrique agit surtout comme une barrière psychologique pour le cerf. Son installation fait en sorte que les cerfs soient tentés de la traverser par-dessous ou entre les fils plutôt que par-dessus. Lorsque le cerf entre en contact avec la clôture, il ferme un circuit électrique qui déclenche un choc électrique dissuasif. Ce type de clôture demande plus d’entretien que celles en treillis, car les mauvaises herbes et l’accumulation de neige peuvent causer des mises à la terre nuisant à son bon fonctionnement. Elle est plus économique à l’achat et à la pose en comparaison avec une clôture de treillis. Cependant il est parfois nécessaire d’avoir recours à un spécialiste pour son installation, ce qui en augmente les frais. Il existe plusieurs types de clôture électrique, dont la clôture électrique verticale de 2,4 m de hauteur et la clôture électrique inclinée. Elles possèdent toutes une durée de vie de 20 à 30 ans.

clôture électrique contre le cerf de Virginie / chevreuil

 

Pour en savoir plus

Le cerf de Virginie – Comment faire face aux dommages qu’il peut causer (fascicule 3) disponible au MFFP : http://mffp.gouv.qc.ca/publications/faune/dommages-cerf-fascicule-3.pdf

Guide à l’intention des propriétaires subissant des dommages causés par le cerf de Virginie : www.agrireseau.qc.ca/reseaupommier/Documents/cerf.pdf.

La Loi sur la conservation et la mise en valeur de la faune s’applique aussi à votre verger. Consultez la fiche 20 si vous entrevoyez piéger ou chasser des animaux dans votre verger.

 

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Fiche 113

Daniel Cormier, Robert Maheux, Yvon Morin et Gérald Chouinard

 

Les campagnols des champs sont une menace pour les jeunes pommiers, surtout lorsque leurs populations atteignent des densités élevées. Les populations de ce rongeur sont cycliques et atteignent un pic environ à tous les deux ans. C’est durant la saison hivernale que le campagnol des champs endommage les pommiers en grugeant l’écorce des troncs et des branches sous la couche de neige. L’écorce grugée laisse voir des marques de formes irrégulières et à angles variés, plus petites que celles causées par le lièvre ou la marmotte.

Qui dit « mulot », en général, ne dit pas toujours « campagnol », il est donc sage de dépister les petits mammifères à l’aide de trappes pour bien les identifier et d’intervenir au besoin. Parmi les autres petits mammifères présents dans le verger, il y a la taupe et la musaraigne qui causent peu ou pas de dégâts aux pommiers.

campagnol

 

Dépistage

Il est recommandé d’installer à la mi-octobre 20 pièges à souris standards appâtés de beurre d’arachide dans chacune des cinq zones à risque par section de 10 ha de verger. Les zones à risque sont déterminées selon l’activité du campagnol enregistrée les années antérieures dans les mangeoires (niveau de consommation des appâts empoisonnés) et l’historique des dégâts. Dans chaque zone, les pièges sont placés sous les arbres, à raison de quatre rangées de cinq pièges à une distance d’environ 8 m l’un de l’autre. Relever ces pièges tous les jours durant cinq jours consécutifs suivant leur pose. Un nombre de captures égal ou supérieur à 25 pour 100 pièges indique que les populations nécessitent une stratégie de lutte (voir ci-après).

Une modification de cette méthode permet le dépistage du campagnol des champs sans avoir à recourir à des pièges à souris. Celle-ci consiste à remplacer les pièges par des abris à campagnol (galets, planches, morceaux de pneus, etc.) d’environ 20-30 cm de longueur, qui seront disposés dans l’herbe sous les arbres ou en bordure de la bande herbicide, au début de l’été. Après la récolte, vérifier la présence de chemins ou tunnels dans ces postes d’observation en soulevant les pièces utilisées et identifier de façon visible les postes visités par des campagnols. Dans chaque poste identifié, déposer une tranche de pomme de 2,5 cm d’épaisseur, près du tunnel ou dans un chemin et couvrir avec la pièce utilisée. Le seuil d’intervention est atteint si plus de 25 % des pommes sont manquantes ou présentent des marques de dents 24 heures après la pose.

 

Stratégies de lutte

La stratégie de lutte contre le campagnol des champs consiste à éliminer les sites propices à l’établissement ou à la construction de terriers, à exposer les campagnols aux prédateurs et à empêcher qu’ils se nourrissent des pommiers. Si ces moyens de lutte (décrits ci-après) sont utilisés simultanément et que de l’activité ou de nouveaux dommages demeurent visibles, il est alors possible d’ajouter aux moyens déjà mis en œuvre l’utilisation de rodenticides afin d’abaisser la densité des populations. Avant d’appliquer ces produits, il est cependant important de s’assurer que les densités de population sont assez élevées pour justifier un tel traitement.

Il faut bien comprendre que l’utilisation de poisons pose un risque élevé pour plusieurs mammifères – incluant les humains – et que de nombreux animaux (rapaces, renards, belettes, mouffettes, chats, chiens, etc.) peuvent mourir d’avoir mangé des rongeurs, morts ou vivants, ayant ingéré des rodenticides. De plus, cette forme de lutte ne constitue pas un moyen de lutte durable contre les campagnols, puisque tout espace vide laissé par la mort de quelques-uns d’entre eux sera vite compensé par les femelles prolifiques qui peuvent se reproduire avant d’atteindre l’âge de deux mois. L’utilisation de stratégies comme la modification de l’habitat ou le recours au treillis est donc indispensable.

 

Modification de l’habitat

Lorsque le problème est identifié, il suffit souvent de modifier l’environnement du verger pour réduire les populations de campagnols des champs. Pour ce faire, il faut s’inspirer du comportement du campagnol pour mieux éliminer ses cachettes. Les campagnols détestent rester à découvert, devenant alors trop vulnérables à tous les prédateurs imaginables. Les producteurs et productrices veilleront donc à :

  • éliminer tout fagot de branches issues de la taille des arbres, les murs de pierres situés à proximité des vergers ou tout amas de détritus;
  • maintenir de façon régulière, et plus particulièrement à l’automne, le couvre-sol à une faible hauteur par un fauchage sur le rang et entre les rangs de pommiers.

 

Protection du tronc : utilisation de treillis

Utilisé de concert avec l’élimination des abris préférés du campagnol des champs, le treillis métallique ou de plastique constitue une autre technique pouvant offrir une bonne efficacité contre ce petit mammifère. Cette technique d’exclusion est particulièrement recommandée lorsque le verger se trouve à proximité d’un environnement favorable à la prolifération des rongeurs. Il s’agit de couvrir la base du tronc d’un treillis de 30 à 40 cm de haut, qui s’insère dans le sol et de bien le refermer pour ne pas laisser place à l’intrusion. Le maillage du treillis devra mesurer 0,6 cm tout au plus. Le treillis métallique peut aussi servir à repousser les lièvres et les lapins. Dans ce cas, il doit s’élever à 50 cm au-dessus du sol et s’enfoncer d’au moins 5 cm dans le sol. Assurez-vous qu’il laisse suffisamment d’espace au tronc pour son développement pendant la saison de croissance.

utilisation de treillis pour la protection du tronc contre le campagnol

Les spirales de plastique ne sont pas recommandées :

  • Elles fournissent un milieu favorable à l’établissement de certains insectes nuisibles telles la sésie du cornouiller et la cochenille de San José;
  • Elles deviennent inefficaces contre les rongeurs avec le grossissement du tronc; les languettes de la spirale s’écartent et des parties de tronc ne sont plus protégées;
  • Elles peuvent aussi favoriser certaines pourritures opportunistes si l’arbre est déjà affaibli.

 

Protection du tronc : utilisation de répulsif

L’utilisation d’un répulsif à base de thirame protège les pommiers en éloignant le campagnol ainsi que les lapins et les lièvres du tronc des arbres traités.

Le badigeonnage des troncs avec la recette ci-après ou avec une préparation commerciale prévue à cette fin peut offrir une certaine protection lorsque la pression de la population est faible. Cette technique procure également une bonne protection contre certains insectes ravageurs (ex : la sésie du cornouiller) et contre la brûlure du sud-ouest.

Un mélange domestique latex-thirame s’obtient en mélangeant 500 g de THIRAME 75-W dans 1 L d’eau et 3 L de peinture au latex d’intérieur blanc. Des préparations commerciales (ex : SKOOT) sont aussi disponibles. Si le mélange est utilisé uniquement contre la brûlure du sud-ouest, le thirame n’est pas nécessaire. Pour une résistance optimale, ce mélange doit être appliqué par temps sec, à une température supérieure à 10 °C. Certains conseillers rapportent qu’un badigeonnage annuel protège également des dégâts en cas de dérive des herbicides.

utilisation de répulsif pour la protection du tronc contre le campagnol

Attention! Bien qu’habituellement suffisante pour prévenir les dégâts de campagnols dans les situations courantes, cette méthode ne peut être utilisée seule dans les jeunes plantations ou encore lorsque les densités de populations de campagnols obtenues par le dépistage dépassent le seuil d’intervention.

 

Utilisation de rodenticides

Les rodenticides homologués en pomiculture consistent en des appâts empoisonnés à l’aide de produits anticoagulants (ex : diphacinone et chlorophacinone) ou des produits toxiques (ex : phosphure de zinc) pouvant être dangereux pour presque toutes les formes de vie. Ils doivent être appliqués avec la plus grande prudence afin d’éviter :

  • que les animaux domestiques ou les jeunes enfants n’ingurgitent le produit et s’empoisonnent;
  • que les prédateurs naturels des campagnols n’ingurgitent le produit et s’empoisonnent.

Un campagnol qui a survécu à un appât empoisonné après en avoir été malade évitera ensuite le premier appât venu. Il faut donc prendre toutes les précautions requises pour que le premier appât soit mortel! D’où l’importance d’utiliser le rodenticide en quantité suffisante pour provoquer un empoisonnement fatal (voir ci-après), tout en évitant d’exposer le produit de façon dangereuse aux autres mammifères. Dans ce but, il est fortement recommandé de regrouper les appâts dans des mangeoires permanentes.

Mangeoires permanentes. Plusieurs méthodes de distribution d’appâts empoisonnés peuvent être employées dans les vergers, mais l’utilisation de mangeoires permanentes est la seule recommandée en PFI en raison de leur efficacité et de leur plus haut niveau de sécurité. De plus, elles offrent une solution à long terme pour lutter contre les populations. La mangeoire en forme de T inversé est composée d’un tuyau vertical recevant les appâts empoisonnés et d’un tuyau horizontal reposant sur le sol, par lequel les campagnols pénètrent pour se nourrir des appâts. Ce type de mangeoire permet de protéger les appâts des intempéries et de conserver l’efficacité du produit plus longtemps. De plus, il est sécuritaire car il garde le poison hors de portée des humains, des gros mammifères et des oiseaux. Pour installer et utiliser des mangeoires permanentes, procédez comme suit :

mangeoire permanente pour campagnol

  • Placer les mangeoires sur le sol non enneigé dans les rangées, entre deux pommiers. L’utilisation de 12 mangeoires par hectare permet de lutter efficacement contre les campagnols et d’éviter des dommages aux pommiers. Des mangeoires supplémentaires peuvent être disposées dans les secteurs du verger situés à proximité d’endroits susceptibles d’abriter des campagnols (ex : les fossés, les amoncèlements de pierres ou les terrains vacants).
  • Fixer la partie supérieure de la mangeoire à un tuteur en bois traité de 35 cm de longueur enfoncé à une profondeur de 15 cm dans le sol ou encore, attacher la mangeoire au tronc du pommier.
  • Remplir le tuyau vertical de la mangeoire à l’aide d’appâts empoisonnés recommandés contre le campagnol des champs et en fermer l’extrémité supérieure avec un capuchon.
  • En été et surtout à l’automne, vérifier à quelques reprises le niveau de la réserve d’appâts empoisonnés dans le tuyau vertical des mangeoires et, au besoin, remplir à nouveau. Ce suivi est particulièrement important dans les secteurs du verger dont l’historique témoigne de la présence d’une forte activité de campagnols des champs. À chaque automne, vider le contenu de la mangeoire et la remplir à nouveau avec du produit frais.

Seuls les rodenticides de première génération sont recommandés en PFI :

  • Phosphure de zinc (ex : RODENT BAIT ou RODENT PELLETS) : à utiliser avec toutes les précautions d’usage, en été ou de préférence après la récolte.
  • Chlorophacinone (ROZOL) et diphacinone (RAMIK) : ces anticoagulants doivent être utilisés après la récolte, mais avant la première neige pour être directement et facilement accessibles aux campagnols pendant l’hiver.

Quelques précautions essentielles pour obtenir de bons résultats avec les rodenticides :

  • Utiliser ces produits de concert avec les autres méthodes et uniquement lorsque ces dernières ne permettent pas de maintenir les densités de population à des niveaux acceptables.
  • Ramasser toutes les pommes tombées avant d’utiliser un rodenticide contre les campagnols. En l’absence de pommes, l’animal s’intéressera davantage aux appâts.
  • Pour mieux protéger les autres espèces animales, éviter autant que possible les formulations cirées et les appâts à base de maïs, car ces types de produits les attirent davantage.
  • Intervenir avant les premières chutes importantes de neige, qui procurent aux campagnols une protection additionnelle.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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Fiche 114

Daniel Cormier, Robert Maheux et Yvon Morin

 

Le lièvre d’Amérique est considéré un ravageur mineur en PFI. Pendant l’hiver, il peut se nourrir de pommiers en rongeant les troncs, les branches basses et les bourgeons, principalement sur de jeunes arbres nains et semi-nains. Les dommages prennent la forme d’une coupe en biseau formant un angle de 45° nettement définie, située dans les premiers 50 cm au-dessus du sol.

lièvre d'Amérique

Pour minimiser sa présence, il faut tout d’abord éviter de créer des conditions propices à son établissement et encourager la présence de prédateurs (voir ci-après). Toutefois, si votre verger est situé près d’une zone boisée à forte densité de lièvres, des mesures supplémentaires de lutte devront probablement être envisagées. Dans ce cas, la pose d’un cylindre grillagé (voir ci-après) protégera adéquatement les pommiers des zones à risque. La chasse, le piégeage et l’utilisation de répulsifs peuvent être également utilisés, mais ils ne constituent pas des moyens de lutte durables vis-à-vis du lièvre.

 

Modification de l’habitat
  • À l’intérieur et autour du verger, veiller à éliminer tout matériau susceptible d’être utilisé par ces rongeurs pour se construire un gîte (ex : amas de détritus, broussailles, etc.).
  • Encourager la présence de prédateurs naturels tels que les renards, aigles et hiboux en ne détruisant pas les boisés naturels présents autour du verger. Les arbres matures ou de haute taille sur le pourtour du verger favoriseront également la présence des oiseaux de proie.

 

Protection des troncs : utilisation d’un cylindre grillagé

Les cylindres grillagés placés autour des pommiers offrent un niveau de protection élevé lorsque certaines règles sont respectées. Pour une protection contre le lièvre, le treillis devra avoir des mailles d’une grosseur maximale de 2,5 à 5 cm. Un maillage inférieur à 0,6 cm protégera aussi les pommiers contre le campagnol des champs. La hauteur minimale recommandée est de 50 cm. Pour une protection maximale, il est recommandé d’enfouir le bas du cylindre de 5 cm dans le sol. Au printemps, il faut s’assurer que le treillis laisse suffisamment d’espace au tronc pour son développement pendant la saison de croissance.

La Loi sur la conservation et la mise en valeur de la faune s’applique aussi à votre verger. Il est recommandé de consulter la fiche 20 si vous entrevoyez piéger ou chasser des animaux dans votre verger.

 

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Fiche 115

Daniel Cormier, Robert Maheux et Yvon Morin

 

La marmotte creuse des trous et des tunnels sous les arbres, ce qui entraîne le dessèchement des racines. La présence de ces trous à la surface du sol est également une source de danger pour les travailleurs et les cueilleurs, et cause parfois des bris de machinerie. La marmotte peut en outre endommager le tronc des pommiers. Il faut éviter de confondre le terrier de la marmotte avec celui du renard (à proximité duquel se trouvent souvent des animaux morts) ou celui de la mouffette (bordé de fèces contenant des carapaces d’insectes). L’ouverture du terrier de la marmotte possède un diamètre d’environ 25 cm).

marmotte

ATTENTION! Les terriers désaffectés peuvent abriter certains gibiers pendant l’hiver : ratons laveurs, renards, lièvres, etc.

 

Stratégie de lutte
Treillis métallique et clôtures
  • Les cylindres grillagés protègent le bas des arbres, mais malheureusement pas les racines.
  • Les clôtures utilisées contre les cerfs de Virginie ne suffisent pas à éloigner les marmottes, qui creuseront simplement un tunnel en-dessous.
Répulsion

Le piment fort ou le poivre noir moulus saupoudrés autour de son habitat peuvent s’avérer efficace. Des répulsifs commerciaux tels que ROPEL peuvent également repousser les marmottes. Cependant, leur utilisation ne garantit pas que l’animal ne creusera pas un autre terrier dans le verger.

Piégeage

Pour un animal isolé, il faut placer une cage-trappe à bascule de type HAVAHART sur le sentier qu’il utilise régulièrement. Puis, il suffit de l’appâter avec du beurre d’arachide, de la laitue, du maïs sucré, des pommes ou des carottes. Ce type de trappe permet d’éviter la mort d’animaux domestiques ou sauvages non visés. L’animal doit être relocalisé à au moins 30 km de tout jardin ou culture. Les pièges CONIBEAR 120 (pour les jeunes) ou 220 sont déconseillés lorsqu’il existe un risque de capturer des animaux domestiques.

Chasse

Une chasse intensive au printemps peut constituer un moyen rapide et efficace pour réduire les populations de marmottes à un niveau acceptable. Le moment le plus propice pour s’y adonner est lors de journées ensoleillées lorsque la marmotte se tient immobile près de son terrier. Il est recommandé de vérifier la réglementation de votre municipalité concernant la possibilité d’utiliser une arme à feu, car il peut y avoir des interdictions. La Loi sur la conservation et la mise en valeur de la faune s’applique aussi à votre verger. Consultez la fiche 20, et pour vous procurer un permis de chasse aux petits gibiers, consultez le site Internet du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs du Québec (MFFP) : www.mffp.gouv.qc.ca sous la rubrique «&nbspLa faune/Chasse ».

Fumigation

La fumigation des tunnels de marmottes fonctionne efficacement, mais elle doit être utilisée avec les plus grandes précautions. Les produits homologués, à base de sulfate de soufre, ne doivent pas être utilisés à proximité des bâtiments à cause des risques d’incendie et de propagation de la fumée. Cette technique consiste, lorsque l’animal est dans son terrier, à boucher toutes les entrées avec de grosses pierres, sauf une et d’allumer la mèche de la « bombe à marmottes » (ex. : SANEX WOODCHUCK BOMB ou GIANT DESTROYER) puis de la lancer au fond du trou en le rebouchant promptement. Il faut prendre bien soin de se placer dos au vent pour éviter de respirer les émanations.

 

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Fiche 116

Daniel Cormier, Robert Maheux et Yvon Morin

 

Porc-épic

Le porc-épic gruge l’écorce du pommier, principalement dans le haut des arbres. Il affecte généralement plusieurs pommiers dans la même zone.

porc-épic

Ces animaux causent rarement des dommages étendus. Cependant, si l’un d’eux ou toute une famille causent des problèmes, il est préférable de s’adresser à un agent de protection de la faune (voir la fiche 20). Si vous désirez vous en occuper vous-même, la chasse est une option envisageable à condition de posséder le permis requis (voir la remarque à la fin de cette fiche).

 

Écureuils

L’écureuil roux peut endommager les pommes contenues dans les coffres lors de la récolte en insérant ses dents dans plusieurs d’entre elles pour se procurer de petites bouchées. Ce phénomène est très localisé et ne se produit pas à chaque année. L’écureuil gris affectionne quant à lui les pommes qu’il peut ramasser lui-même dans le haut des arbres.

Le piégeage ou la chasse peut régler temporairement un problème causé par les écureuils, mais la méthode reste peu efficace, même si elle est répétée périodiquement, en raison du taux élevé de fécondité de l’écureuil et de l’occupation presque immédiate d’un territoire laissé vacant. Un permis conforme est nécessaire (voir la remarque à la fin de cette fiche).

 

Oiseaux frugivores

Lors d’étés particulièrement secs, quelques oiseaux peuvent tenter de se désaltérer à même les fruits lorsque ceux-ci commencent à se colorer. Les dégâts qui en résultent sont causés surtout par les étourneaux et les corneilles.

Il existe présentement sur le marché des systèmes qui servent à éloigner les oiseaux nuisibles à l’aide de sons puissants émis par des appareils électroniques. Cependant les oiseaux s’y habituent très rapidement et l’efficacité de ces appareils diminue avec le temps. Il est important de s’informer également auprès des autorités locales pour vérifier si la réglementation permet l’usage de tels systèmes.

De gros ballons sur lesquels sont dessinés de grands yeux (semblables à ceux d’un hibou) sont aussi disponibles dans le commerce et peuvent également diminuer les visites dans les secteurs à risque.

Certains oiseaux peuvent aussi être chassés à condition de posséder le permis requis, mais ils sont particulièrement difficiles à atteindre (voir la remarque à la fin de cette fiche).

 

Gélinotte huppée

Dans les régions où sa population est abondante, la gélinotte huppée, communément appelée « perdrix », peut occasionner des dommages non négligeables aux pommiers en se nourrissant des bourgeons à fruits. Ces dégâts, parfois confondus avec ceux du cerf de Virginie, peuvent rarement causer des pertes importantes.

gélinotte huppée

Entretien des abords du verger

Un entretien adéquat du verger et des sous-bois contigus prévient la multiplication de la gélinotte huppée, celle-ci n’y trouvant plus l’habitat requis pour la protection de sa couvée. Pour ne pas favoriser la présence de la gélinotte dans les vergers, il est donc utile d’éliminer fourrés, taillis, broussailles et haies aussi bien à l’intérieur qu’en bordure du verger. Il est en outre judicieux d’enlever les branches basses (situées à 2 m du sol et moins) des arbres des sous-bois bordant le verger.

Chasse

La gélinotte huppée étant un gibier très recherché, la chasse effectuée au moment prévu par la réglementation (avec un permis de chasse au petit gibier) permet de réduire considérablement les populations de cette espèce (voir la remarque à la fin de cette fiche).

 

Dindon sauvage

Cet oiseau de plus en plus répandu dans le sud-ouest du Québec cause des problèmes dans la région de Missisquoi en s’attaquant aux pommes localisées dans le bas des arbres ou tombées au sol à la fin de l’été et en automne. Au printemps, il peut se nourrir des bourgeons dans le bas des arbres.

dindon sauvage

L’utilisation de répulsifs gustatifs et odorants n’est pas efficace contre ce ravageur, puisque le dindon sauvage possède un faible sens de l’odorat et du goûter. Cependant, il existe sur le marché des produits qui servent à éloigner des oiseaux nuisibles à l’aide de sons émis par des appareils électroniques qui peuvent être efficaces.

Il est aussi permis à un chasseur d’abattre chaque année un dindon sauvage porteur d’une barbe (une touffe de plumes sur la poitrine qui s’allonge avec les années). Au printemps 2010, la chasse au dindon sauvage a été uniformisée à une période de 12 jours dans toutes les zones du Québec. La chasse au dindon sauvage est toujours interdite en automne. En plus d’être détenteur d’un certificat, le chasseur doit obtenir un permis de chasse spécifique au dindon sauvage.

La Loi sur la conservation et la mise en valeur de la faune s’applique aussi à votre verger. Il est recommandé de consulter la fiche 20 si vous entrevoyez piéger ou chasser des animaux dans votre verger.

Pour en apprendre davantage sur les mammifères et les oiseaux traités dans cette section, veuillez consulter les fiches individuelles produites par le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs du Québec (MFFP) traitant des animaux importuns en milieu agricole, disponibles sur le lien Internet suivant : http://www3.mffp.gouv.qc.ca/faune/importuns/index.asp.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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Fiche 117

Maude Richard et Paul Émile Yelle

 

Une bonne planification de la récolte permet de minimiser les pertes (pertes de qualité, de temps, d’argent, d’employés, etc.) et de maximiser la performance de votre entreprise en matière d’entreposage et de classification. Pour bien préparer sa récolte, il faut aussi commencer très tôt!

 

Lors de l’implantation du verger
  • L’installation d’un brise-vent du côté des vents dominants pourra réduire la chute de fruits à l’automne.
  • Lors de la plantation, le choix de cultivars dont les dates de récolte sont étalées sur une longue période facilitera la gestion de la cueillette et des besoins en main d’oeuvre.
  • L’implantation d’un système d’irrigation sera un avantage lors d’étés secs (et un incontournable en parcelles de porte-greffes nain !), car les fruits d’un arbre affecté par la sécheresse tendent à mûrir et à tomber plus rapidement. Pour de plus amples informations à ce sujet, consultez la fiche 36.
  • Valider également les besoins de certification auprès de votre acheteur de pommes comme CanadaGap ou une certification de régie biologique.

 

En saison
  • La pratique d’un suivi rigoureux des ravageurs du feuillage (ériophyides, tétranyques à deux points, tétranyques McDaniel et tétranyques rouges) permet d’intervenir avant qu’ils n’engendrent un trop grand stress aux arbres. Les tétranyques sont particulièrement à surveiller en cas de déficit hydrique, afin d’éviter des pertes de rendement et de qualité des fruits. Pour plus d’informations sur le dépistage des insectes et acariens, consultez d’abord les fiches 65, 66, 67 et 68 du présent guide.
  • Une taille d’été trop sévère et une charge trop élevée peuvent aussi avoir un impact sur le calibre des fruits, la maturation et la chute des fruits à la récolte. Pour plus d’information à ce sujet, consultez les fiches 41 et 43.

 

Un mois avant le début de la récolte
Traitements en vue de l’étalement de la récolte

Des traitements visant à retarder le mûrissement ou la chute des pommes peuvent être appliqués dans certaines parties du verger afin de planifier la récolte et de faciliter l’étalement de celle-ci. Ces produits agissent sur les mécanismes physiologiques du pommier.

Le RETAIN (amino-éthoxyvinylglycine) est un outil de gestion de récolte permettant l’étalement de la récolte  et d’avoir des lots avec une maturité plus homogène (réduction des plages de maturité). Le RETAIN est également intéressant pour les entreprises d’autocueillette, car il permet de maintenir les fruits sur les arbres plus longtemps. Son délai avant récolte est de 7 jours et le délai de ré-entrée est de 12 heures.

Il doit être appliqué en dilué (±1000 L/ha) avec un surfactant organo-siliconé, tel que Xiameter, à quatre semaines avant la date de début de maturité AC LT (Atmosphère Contrôlée Long Terme) pour chacune des variétés. Il  a été démontré sur McIntosh que le Retain est plus efficace à 4 semaines qu’à 3 semaines toutefois, même à 2 semaines avant la date de maturité prévue, il y aura un effet, mais moindre.

Le traitement doit être fait lorsque les conditions sont favorables à l’absorption (feuillage sain –exempt de dommages d’acariens, cicadelles ou autres-, température supérieure à  15 °C, humidité relative supérieure à  85% et au minimum  4 heures sans pluie. IMPORTANT : Référez-vous aux étiquettes de ces produits afin de connaitre les conditions d’application, les possibles mélanges et s’il y a lieu, les risques associés. Si le traitement est réalisé de jour, il doit être fait par temps couvert). Le ralentissement de la maturation peut également permettre aux fruits d’être exposés à quelques nuits froides supplémentaires et ainsi obtenir une meilleure coloration.

Le FRUITONE (acide alpha-naphtylacétique ou ANA) est aussi un agent éclaircissant pouvant être utilisé pour retarder la chute des pommes. Il est utilisé de huit à dix jours avant la chute anticipée des fruits, à un taux de 10 ppm (10 g par 1000 L d’eau) pour les variétés tardives. Un second traitement peut être fait au moins six jours plus tard, le délai avant la récolte étant de 5 jours. Le délai de ré-entrée est de 4 heures.

Le FRUITONE permet de lutter contre la chute prématurée des pommes mais celles-ci continuent à mûrir à un taux accéléré. Notez que l’effet sur la maturité des fruits augmente en fonction de la concentration appliquée ainsi que le nombre de traitements. De plus, les fruits (particulièrement de la variété Mcintosh) traités au FRUITONE pour limiter la chute des pommes se conserveront mal à long terme en entrepôt. Conséquemment, les pommes ayant reçu 2 traitements au FRUITONE devraient être mise en marché le plus rapidement possible.

Évaluation du volume de la récolte

Cette évaluation permettra de prévoir la main-d’œuvre, le matériel et la machinerie nécessaires au bon déroulement de la cueillette. Pour estimer le nombre de bennes nécessaires à la récolte, se reporter à la méthode décrite à la page 4 du Guide pour les superviseurs de cueillette des PPQ.

Prévisions pour le recrutement de la main-d’œuvre

Le producteur doit planifier dès que possible le recrutement de la main-d’œuvre dont il aura besoin. Pour estimer le nombre de cueilleurs requis, se référer à la page 5 du Guide pour les superviseurs de cueillette. Le producteur doit aussi prévoir du personnel pour le transport des bennes ainsi que des superviseurs pour le contrôle de qualité.

 

Quelques semaines avant le début de la récolte
Préparation du terrain

Éliminer les branches, les roches et niveler le terrain en remplissant les trous qui pourraient causer des blessures aux travailleurs ou des meurtrissures aux fruits lors de leur transport dans le verger. La fauche du gazon avant la cueillette permet de détecter facilement les obstacles nuisibles et facilite le ramassage des pommes laissées au sol.

Préparation du matériel

Le producteur doit inspecter ses bennes individuellement et s’assurer qu’elles sont en bon état (saines, solides, sans éclisses de bois ou clou, etc.). Il doit les réparer au besoin, puis les nettoyer.

Le nettoyage des bennes consiste d’abord à déloger tout déchet organique (résidus de culture, sol, excréments d’animaux (souris, raton laveurs, etc.), etc.) qui pourrait être une source potentielle de contamination d’origine microbienne. Ensuite, les parois doivent être nettoyées à l’eau savonneuse, idéalement à l’aide d’une laveuse à pression, puis rincées à l’eau claire et séchées au soleil au grand air. Si cette opération de nettoyage est bien faite, il n’y a pas lieu de désinfecter les bennes. Pour ce qui est des bennes de plastique, elles sont moins propices à la présence de bactéries, mais doivent néanmoins être nettoyées de la même façon chaque année. Les sacs de cueillette doivent aussi être nettoyés.

Les bennes ne doivent servir qu’à la manutention et à l’entreposage des fruits et à aucun autre usage (ex : entreposage d’outils, de produits d’entretien, de produits chimiques à usage agricole, etc.) Elles doivent être sorties à l’extérieur une à deux semaines avant la récolte afin d’être exposées à la pluie et ainsi réhumidifiées, sinon le bois risque de tirer l’humidité des pommes pendant l’entreposage.

Les jours précédant la récolte, les bennes et les échelles doivent être dispersées dans le verger en fonction de l’ordre prévu de la cueillette et des rendements anticipés.

 

Quelques jours avant le début de la récolte
Formation des cueilleurs

Une fois les cueilleurs et superviseurs choisis, le producteur doit les former afin de leur expliquer les bonnes méthodes de cueillette, l’utilisation adéquate du matériel, les critères de qualité à respecter, les méthodes d’évaluation de leur rendement et les notions de salubrité des aliments. Les formations doivent avoir lieu avant le début de la cueillette et doivent se poursuivre au fur et à mesure que la récolte progresse, car certaines notions peuvent nécessiter d’être renforcées et de nouveaux cueilleurs peuvent se joindre en cours de route. Vous pouvez vous référer à ce document pour vous aider à cette formation Outil de formation du cueilleur de pommes.

Lors des formations, le producteur doit prendre le temps de procéder à des démonstrations et de faire pratiquer les cueilleurs devant lui. Les formations doivent traiter, entre autres, des sujets suivants :

  • L’utilisation adéquate des échelles afin d’éviter des blessures.
  • La manipulation des échelles de manière à éviter le bris des arbres et les meurtrissures aux fruits.
  • L’utilisation de sacs de cueillette, en évitant de le déposer au sol afin de prévenir toute contamination.
  • L’ordre de cueillette et la technique de cueillette pour prévenir les meurtrissures, le bris des pédoncules et des bourgeons.
  • L’importance d’une manipulation délicate des fruits en tout temps : en les cueillant, en les déposant dans le sac, en se déplaçant avec le sac et en les transvidant dans les bennes.
  • L’importance de la salubrité, « comment » et « quand » se laver les mains : avant de manipuler les fruits, après être allé aux toilettes, après une pause, une cigarette ou un repas, après l’application de chasse-moustiques ou de crème solaire, après une manipulation d’objets autres que les fruits (ex : poubelles), etc.
  • Les autres obligations reliées à la salubrité : ne pas manger, boire ni fumer dans les vergers, utiliser les poubelles et les toilettes à la disposition des employés et l’obligation de leur part d’aviser leur superviseur lorsqu’ils sont malades.
  • Le niveau de qualité de cueillette exigé (sélection des fruits) et la façon dont leur rendement sera évalué. Les critères de qualité ainsi que les méthodes recommandées pour l’évaluation du rendement des cueilleurs et l’évaluation de la qualité des lots sont décrits à la sous-section « Contrôle de qualité » ci-après.

La façon dont les bennes doivent être identifiées : le producteur doit indiquer au personnel de supervision comment remplir l’étiquette de suivi proposée par les Producteurs Pommes ou une étiquette différente qu’il leur ait fournie. Cette information doit être inscrite même si la cueillette est faite à l’heure, car elle est essentielle pour le contrôle de la qualité. Voir la section « Tenue de registres par le producteur » ci-après pour plus de détails.

Engagements du producteur envers ses employés

Le producteur a la responsabilité de fournir le nombre suffisant d’installations sanitaires, soit une installation sanitaire pour 35 employés. Il doit s’assurer qu’elles sont convenablement équipées et entretenues : provisions de savon, eau potable, serviettes jetables et poubelle ou encore serviettes humides, désinfectant et poubelle. Il doit aussi s’assurer que les employés ont des endroits désignés pour manger, boire et fumer ainsi que pour ranger leurs effets personnels, qu’ils doivent garder loin des pommes. Pour de plus amples informations à ce sujet, se référer au Guide de salubrité des aliments pour les fruits et légumes frais de CanadaGAP.

Avant de commencer la cueillette, les attentes du producteur et les conditions de travail doivent être énoncées clairement (salaire, mode de paiement, horaire et conditions de travail, etc.) Pour s’assurer d’une bonne rétention de sa meilleure main-d’œuvre, le producteur pourrait prévoir des bonis pour une saison complète et des bonis pour un rendement de qualité.

 

Pendant la récolte

Le suivi de chantier est essentiel pour minimiser les pertes de rendement dues aux meurtrissures et éviter l’entreposage et la manutention de fruits non conformes. Une étude menée par Agropomme a révélé que les meurtrissures représentaient près de la moitié (45 %) des défauts observés sur sept chantiers de récolte québécois en 1999.

Par la supervision et la formation adéquate de ses cueilleurs, le producteur s’assure de bonifier la classification de ses pommes, car en plus d’apprendre comment réduire les meurtrissures, les cueilleurs apprennent à ne pas cueillir ou à ne pas conserver les fruits qui ne correspondent pas aux critères de qualité recherchés. Les défauts à éliminer peuvent être une coloration insuffisante, un calibre trop petit, des dégâts d’insectes, de maladies ou de grêle, des pourritures, des malformations, du roussissement, des marques de frottement, etc. Pour plus de détails, voici le Guide pour les superviseurs de cueillette.

Contrôle de qualité

Pour mettre en œuvre un système de contrôle de qualité rigoureux, le producteur doit prévoir une personne chargée de la supervision pour chaque groupe de 10 à 15 cueilleurs. Bien que cela représente des frais considérables, le système de contrôle est rapidement rentabilisé par une amélioration de la classification lors de l’emballage. Deux méthodes d’évaluation ont été développées :

  • L’évaluation individuelle des cueilleurs : cette méthode consiste à évaluer, pour chaque cueilleur, le pourcentage de pommes cueillies non conformes aux critères de qualité. Au total, de 17 à 24 pommes sont retirées au hasard selon la variété et à différents emplacements dans toutes les bennes ramassées par un même cueilleur (idéalement trois contrôles par benne : au fond, au milieu et en surface). Les fruits non conformes à un rendement de 90 % « Canada Fantaisie » sont mis de côté. De cette façon, le pourcentage de non-conformité est évalué et, en fonction des résultats obtenus, cette méthode permet d’ajuster le besoin d’encadrement de chaque cueilleur.
  • L’évaluation des lots : cette seconde méthode consiste à évaluer de façon similaire la fiabilité d’une équipe de cueilleurs à produire un rendement de 90 % « Canada Fantaisie ». Les lots inspectés doivent être homogènes et le nombre de pommes ainsi que la quantité de bennes à inspecter varient selon les variétés. Les pommes sont choisies au hasard et à différentes profondeurs dans les bennes sélectionnées. Les fruits qui ne correspondent pas aux critères de qualité sont mis de côté. Le pourcentage de fruits non conformes permet au producteur de juger du niveau d’encadrement requis par l’équipe évaluée. Cette méthode est complémentaire à la précédente et n’est valide que si l’évaluation individuelle des cueilleurs a été préalablement réalisée.

Ces deux méthodes sont expliquées en détail dans un extrait du Guide pratique pour la formation et l’évaluation des cueilleurs de pommes publié par Les Producteurs de Pommes du Québec.

À la suite de ces évaluations, le producteur doit examiner les pommes mises de côté pour déterminer la nature des défauts sur les fruits et la source des meurtrissures (prise en main des fruits, vidage inadéquat du sac de récolte, mauvais ajustement de la profondeur du sac, mauvaise manutention du sac, placement inadéquat de l’escabeau, etc.), puis il doit expliquer aux cueilleurs comment corriger les problèmes.

 

Après la récolte

Le producteur doit s’assurer que les pommes sont transportées de façon délicate afin d’éviter les meurtrissures. Une bonne façon d’y parvenir est de ne pas rouler trop vite lors du transport des pommes et de s’assurer que les pneus des plateformes de transport sont bien gonflés. Une attention particulière doit aussi être portée pendant le déchargement des bennes au site d’entreposage ou de manutention. Les pommes cueillies doivent être réfrigérées la même journée et toute exposition au soleil et à la chaleur doit être évitée avant la réfrigération. Chaque variété doit être entreposée en respectant certains critères de maturité, qui sont traités à la fiche 118. Par ailleurs, les entrepositaires doivent respecter les paramètres d’entreposage recommandés (se référer aux recommandations d’entreposages diffusées par Les Producteurs de Pommes du Québec).

Tenue de registres par le producteur

La tenue de registres permet au producteur d’améliorer l’organisation de sa récolte et optimise l’efficacité de son travail et la qualité des fruits récoltés.

Selon le Règlement sur la mise en marché des pommes du Québec, le producteur doit identifier ses bennes au moyen d’une étiquette apposée au moment de la récolte. Cette étiquette indique le nom du producteur, la date de cueillette, le numéro de lot standardisé, la variété de pommes et la parcelle. Les Producteurs de Pommes du Québec présente un exemple d’étiquette sur son site Internet et à la page 8 du Guide pour les superviseurs de cueillette. Le numéro de lot indiqué sur l’étiquette doit permettre au producteur de retracer facilement la provenance des pommes dans le verger.

Le producteur peut aussi tenir les registres suivants :

  • une fiche du rendement/qualité de chaque cueilleur;
  • un registre d’évaluation de la qualité des lots au verger;
  • un registre du nombre de bennes (coffres) par parcelle.

Des exemples de fiche du rendement/qualité des cueilleurs et d’un registre d’évaluation de la qualité des lots sont présentés dans le Guide pratique pour la formation et l’évaluation des cueilleurs de pommes.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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