Auteurs de la première édition : Daniel Cormier, Robert Maheux, Danielle Bernier, Gérald Chouinard et Yvon Morin
Auteurs de la mise à jour 2023 : Marc-André Chaurette, Lauréline Boyer, Élyse Pelletier, Denis Giroux, Mathieu Gourdes-Vachon et Gaëlle Charpentier
Dernière mise à jour par les auteurs : 24 février 2023

 

Les mauvaises herbes sont en compétition avec les pommiers pour l’eau et les éléments nutritifs. Elles peuvent affecter le rendement, ralentir la croissance des arbres et nuire à l’accumulation de leurs réserves énergétiques, lesquelles assurent normalement une meilleure résistance au froid hivernal. Elles peuvent aussi retarder la productivité d’une parcelle en implantation et ainsi compromettre sa rentabilité. De plus, elles peuvent servir de plantes hôtes à certains ravageurs du pommier (punaise terne, cérèse buffle, nématodes) qui sont ensuite en bonne position pour s’attaquer à cette culture. Une mauvaise gestion des mauvaises herbes peut aussi favoriser la présence d’insectes s’attaquant au bois du pommier, comme la saperde du pommier et la sésie du cornouiller. Enfin, les mauvaises herbes peuvent servir d’abris aux rongeurs comme les campagnols. Pour contrer les effets indésirables des mauvaises herbes, des mesures de répression de la végétation à la base des pommiers doivent être mises en place.

Dépistage

Le dépistage des mauvaises herbes est très rentable, car il permet de les identifier et, au besoin, d’intervenir localement, bien avant qu’elles ne se reproduisent (montée en graines). Il permet aussi d’identifier les stades de vulnérabilité des mauvaises herbes aux herbicides et ainsi améliorer l’efficacité des traitements. Le dépistage permet aussi d’identifier les mauvaises herbes problématiques et d’utiliser un produit adéquat (voir la fiche Herbicides, rodenticides, régulateurs de croissance et autres produits phytosanitaires homologués en pomiculture au Québec et la fiche Efficacité potentielle des herbicides homologués en pomiculture au Québec, régulateurs de croissance et autres produits phytosanitaires homologués en pomiculture au Québec).

Il permet également de détecter une nouvelle espèce avant qu’elle ne se propage dans le verger. Pour les nouvelles plantations, le dépistage doit être effectué dès la plantation et jusqu’à la fin juillet. Pour les parcelles en production, il doit être fait du débourrement du pommier jusqu’à 30 jours après la floraison et complété par un suivi à la fin juillet.

Les espèces exotiques envahissantes:

Les espèces exotiques envahissantes (EEE) sont des plantes qui ont été introduites à l’extérieur de leur milieu naturel accidentellement par transport ou volontairement pour l’horticulture. Elles causent diverses problématiques pour l’environnement, l’économie ou la société comme la perte de biodiversité et la diminution des rendements agricoles. Souvent, elles sont capables de se propager rapidement et privent ainsi les autres plantes de leurs ressources en nourriture et en eau, ainsi que de leur espace. Plus souvent retrouvées en pourtour du verger dans les boisées et les champs, celles-ci risquent de s’introduire entre les pommiers.

Voici une liste des principales EEE présentes en agriculture :

  • Amarante tuberculée;
  • Berce du caucase / Berce commune;
  • Égilope cylindrique;
  • Ériochloé velue;
  • Galéga officinal;
  • Nerprun bourdaine / Nerprun cathartique;
  • Renouée japonaise;
  • Roseau commun;
  • Salicaire.

Pour plus d’informations, consultez :

Stratégies de lutte

La lutte aux mauvaises herbes doit s’effectuer pendant la période critique de croissance du pommier, entre le mois de mai à la mi-juillet. Durant cette période, le pommier en production traverse quatre stades importants, soit la floraison, la nouaison, le grossissement des fruits et l’initiation des boutons floraux pour l’année suivante. La présence des mauvaises herbes doit être réduite pendant ces quatre stades afin d’éviter des pertes significatives à la récolte (baisse de rendement et diminution du calibre des fruits, entre autres). Pour de jeunes pommiers non en production, la mise à fruit sera retardée et la productivité de du verger sera mise en péril.

En PFI, la lutte aux mauvaises herbes ne signifie pas leur éradication complète. Ainsi, un verger avec un bon programme de fertilisation et d’irrigation (fertigation) obtenant d’excellents rendements et des pommes de qualité pourra tolérer une plus grande compétition de la part des mauvaises herbes comparativement à un verger sans irrigation qui a des lacunes en fertilisation et de faibles rendements.

L’année avant l’implantation

L’utilisation d’un engrais vert associé à un désherbage chimique un an avant la plantation sur une future parcelle permet de limiter la croissance des mauvaises herbes vivaces. L’utilisation d’un herbicide systémique est efficace pour lutter contre les vivaces et permettra de préparer le terrain pour un engrais vert. Cependant, il faut éviter d’appliquer des herbicides dont les résidus seront encore présents durant l’année de la plantation. Consultez la fiche Herbicides, rodenticides, régulateurs de croissance et autres produits phytosanitaires homologués en pomiculture au Québec et la fiche Efficacité potentielle des herbicides homologués en pomiculture au Québec, régulateurs de croissance et autres produits phytosanitaires homologués en pomiculture au Québec.

L’utilisation d’un outil à dents (un cultivateur) ou d’un outil à disque (une herse) peut représenter une alternative aux herbicides pour les entreprises en régie biologique. Ces méthodes sont cependant moins efficaces et il peut être nécessaire de les répéter pendant deux années pour obtenir un contrôle satisfaisant.

L’utilisation d’un engrais vert comme le millet perlé augmente le taux de matière organique et améliore la structure du sol en plus d’avoir une action nématicide. Une densité adéquate va limiter l’arrivée de mauvaises herbes. On utilise habituellement un taux de semis d’environ 10 kg/ha pour le millet perlé.

Millet perlé (source : Agropomme).

En fin de saison, l’engrais vert sera enfoui afin d’incorporer la matière organique au sol avec un outil à disque (hersage).

Après enfouissement de l’engrais vert, la future parcelle peut être engazonnée l’automne précédant la plantation ou très tôt au printemps. L’objectif de l’engazonnement est de limiter le potentiel d’introduction et de propagation des mauvaises herbes dans le verger. De plus, cette méthode peut prévenir l’érosion causée par le vent et l’eau. Plusieurs mélanges sont disponibles commercialement et sont essentiellement constitués de graminées comme l’ivraie, la fétuque rouge, la fléole des prés et le pâturin du Kentucky. Certaines feuilles larges comme le trèfle sont aussi parfois utilisées. À noter que certaines sources mentionnent que le trèfle peut contribuer au cycle d’activité de la punaise terne.

Un herbicide pourra ensuite être utilisé sur le rang afin de créer une bande dénudée.

Futur rang dénudé (source:  Agropomme).

Une bonne préparation du site évitera beaucoup de problèmes, surtout dans le cas des mauvaises herbes vivaces. Ceci contribuera à une bonne croissance du pommier, absolument essentielle pendant les premières années de sa vie.

L’année après la plantation

Après avoir effectué la plantation des arbres en avril, un herbicide résiduel spécialement conçu pour une jeune plantation peut être utilisé si aucun paillis n’a été mis en place (voir les méthodes culturales ci-après). En juillet, l’apparition de mauvaises herbes doit être surveillée et une intervention locale, au besoin, permettra de maintenir les rangs de pommiers libres de mauvaises herbes jusqu’en août.

Dans le verger en implantation

Durant les trois années suivant la plantation d’un verger standard, semi-nain ou nain, une bonne gestion des mauvaises herbes favorisera la croissance des pommiers et le développement d’une bonne structure des arbres.

Verger standard en production

Dans ce type de plantation, il peut être essentiel d’utiliser localement des herbicides pour lutter contre des mauvaises herbes vivaces très envahissantes. Le fauchage à l’aide d’un taille-bordure ainsi que le sarclage manuel peuvent aussi remplacer l’utilisation des herbicides.

Verger semi-nain et nain en production

Les porte-greffes utilisés dans ces plantations sont très sensibles à la compétition par les mauvaises herbes. Les méthodes de lutte décrites ci-après peuvent être utilisées en PFI.

Méthodes culturales

Application d’un paillis

Les paillis de plastique ou de matériaux organiques comme les copeaux de bois, sont efficaces pour enrayer à court terme (1-3 ans) et à moyen terme (3-5 ans) la croissance des mauvaises herbes de manière non sélective.

Pour le paillis de plastique, on utilise habituellement une épaisseur de 2.3 mil que ce soit en verger ou en pépinière. Bien installé et entretenu, il peut avoir une durée de 5 années. Des épaisseurs plus fines sont disponibles pour les pépinières mais les risques de déchirures sont plus élevés lors de l’installation de même que les bris par le passage de chevreuils.

Parmi les matériaux organiques testés comme paillis en Amérique du Nord, les copeaux de bois (essences d’arbres mixtes) sont ceux qui ont été les plus étudiés et qui se démarquent que ce soit pour leur effet de contrôle des mauvaises herbes ou pour leurs effets bénéfiques sur les propriétés du sol. Les paillis de copeaux de bois n’offrent pas un contrôle parfait des mauvaises herbes durant toute la saison. Toutefois, s’ils sont bien appliqués et de taille assez grosse (pas de la sciure), ils permettent de contrôler adéquatement les mauvaises herbes lors la période critique pour les pommiers, soit de mai à juillet. Leur utilisation est principalement recommandée dans les jeunes plantations.

Il est recommandé d’appliquer des copeaux de bois sur le rang de pommiers tôt au printemps et de manière à obtenir une couche de 10 à 15 cm d’épaisseur et d’environ 1 m de largeur. Pour un contrôle optimal des mauvaises herbes, le sol doit en être exempt avant d’appliquer le paillis. De plus, celui-ci devra être renouvelé chaque année ou chaque deux ans selon la rapidité de sa décomposition et selon la pression des mauvaises herbes dans la parcelle. Avec l’utilisation de paillis, en plus de la gestion des mauvaises herbes, d’autres bénéfices pourront être obtenus :

  • Contrôle de l’évaporation de l’eau du sol menant à la diminution des besoins en irrigation;
  • Enrichissement du sol en matière organique et bénéfice pour la santé du sol en général, lorsqu’il s’agit de paillis organiques (voir la fiche sur la Gestion du sol et du sous-sol);
  • Diminution de la température du sol en été et protection partielle contre le gel en hiver lorsqu’il s’agit de paillis organiques;
  • Croissance supérieure des pommiers en présence de paillis organiques en comparaison à ceux dans un rang désherbé à l’herbicide.

Cependant, les paillis peuvent avoir des inconvénients qui méritent d’être soulignés :

  • Avec l’utilisation de paillis, la population de campagnols des champs doit être surveillée étroitement, car les petits mammifères peuvent en profiter pour se multiplier sous le paillis, à l’abri des prédateurs;
  • Avec l’utilisation de paillis de plastique, il faut penser à l’irrigation. Au moment de la plantation, on peut passer le tuyau de goutte-à-goutte sous le paillis mais en cas de bris, l’accès peut être difficile. Si le tuyau est installé au-dessus, les apports en eau peuvent être limités par la barrière que représente ce paillis;
  • Lors de l’installation du paillis de plastique, si on veut limiter le temps de main d’œuvre, de l’équipement mécanique sera nécessaire;
  • Les paillis de copeaux de bois ont une faible efficacité contre les mauvaises herbes vivaces déjà établies;
  • Le coût des paillis organiques peut être élevé surtout en raison du transport. Trouver une source locale est la meilleure solution;
  • Pour les paillis organiques, leur application requiert un épandeur latéral adapté si on veut limiter le temps de main d’œuvre.

Paillis organique sur le rang (source : Lauréline Boyer).

Le contrôle mécanique des mauvaises herbes

Les mauvaises herbes compétitionnent les pommiers pour le prélèvement d’eau et d’éléments minéraux. Le désherbage est une opération nécessaire et il peut être basé sur l’utilisation d’herbicides combinée à certains outils mécaniques ou être basé sur le contrôle mécanique exclusivement. Le contrôle basé uniquement sur les outils mécaniques nécessite un suivi plus serré du verger et demande des passages plus fréquents que la méthode utilisant aussi des herbicides. Le producteur devra de plus envisager se procurer plus d’un outil pour effectuer le travail afin de miser sur les forces de chacun d’eux.

L’objectif du désherbage est de maintenir les zones situées sur le rang et de chaque côté du rang exemptes de mauvaises herbes pouvant nuire à la croissance des arbres. Les outils choisis doivent répondre à cet objectif pour s’assurer de l’atteinte des résultats voulus, ce qui représente un défi non négligeable pour persévérer dans cette régie. Avant de faire le choix des outils, il faut d’abord évaluer les particularités du verger : superficie en culture, espace entre les rangs, temps disponible pour faire cette opération durant la saison, impact financier de l’achat de ces équipements, etc.

Le choix des outils sera basé sur ces aspects de l’entreprise mais aussi sur les spécifications techniques des outils disponibles. Certains critères de base devront être pris en compte lors de la sélection des outils :

  • Vitesse de travail : importance relative selon la superficie à entretenir mais on doit viser des outils qui puissent opérer à bonne vitesse. Par exemple, un verger qui a un espacement entre les rangs de 5 mètres compte 2000 mètres de rangs par hectare; un outil qui travaillerait à 2 km/h nécessitera alors plus de 2 heures par hectare considérant le temps nécessaire pour retourner à chaque extrémité de rang.
  • Force de moteur nécessaire : l’outil peut-il être utilisé par les tracteurs de l’entreprise?
  • Précision du travail : nécessité d’avoir des outils qui vont bien travailler la zone entre les arbres sur le rang et autour de l’arbre (outils interceps).
  • Complémentarité des outils : miser sur la force de chacun des outils. Par exemple, certains outils plus agressifs vont être efficaces sur les vivaces fortement implantées mais peu précis pour travailler près de l’arbre. D’autres vont pouvoir être précis autour de l’arbre mais seront moins agressifs. La tondeuse travaille à une certaine distance du sol alors qu’un outil à fouet de nylon descend jusqu’au sol.
  • Méthode de contournement de l’arbre pour éviter les bris du tronc : 1) appui direct sur l’arbre; 2) bras senseur qui permet à l’outil de contourner l’arbre sans qu’il ne s’appuie directement dessus.
  • Envisager l’utilisation d’outils moins communs en verger : le pyrodésherbage basé sur l’utilisation d’un brûleur au propane, est éprouvé dans le secteur maraîcher et permet une méthode de contrôle différente des outils mécaniques, mais complémentaire en touchant les mauvaises herbes au sol ou près de l’arbre, difficilement accessibles mécaniquement.
  • Coût d’opération de l’outil : certains outils demandent l’utilisation d’intrants pour travailler. Les outils à fouet qui nécessitent l’ajout du fouet en nylon et le pyrodésherbeur qui demande l’utilisation de propane.

De façon générale, les outils qui travaillent le sol superficiellement ne sont pas recommandés en verger pour différentes raisons : risque de bris aux racines, éclaboussures de sol, particules de sol qui collent sur les fruits tombés, risque d’érosion dans les vergers en pente, etc.

Les outils possibles:

  • Tondeuse munie d’une extension latérale en forme d’assiette : outil présent dans plusieurs vergers, il complète bien le désherbage obtenu par les herbicides. La méthode de contournement de l’arbre par l’assiette est réalisée soit à l’aide d’un bras senseur qui s’appuie sur le tronc, soit par l’appui de l’assiette directement sur le tronc. Dans ce dernier cas, un ressort assure une pression de l’assiette vers l’avant.
  • Tondeuse à 3 lobes : cette tondeuse, baptisée Bypass, se compose de trois lames rotatives disposées en triangle. Jumelé à un tracteur, cet appareil pivote librement sur lui-même au gré du terrain de manière à tondre l’herbe à moins d’un quart de pouce de chaque obstacle. Autre avantage de la tondeuse Bypass : elle déchiquette les résidus plutôt que de les projeter dans l’allée. Elle crée ainsi un compost bénéfique pour les arbres, tout en réduisant en poussière les feuilles porteuses de maladie.
  • Tondeuse latérale à fouet : outil développé plus récemment mais qui démontre une bonne efficacité et une bonne complémentarité à la tondeuse rotative ou à fléaux. La rotation des fouets se fait à la verticale et non à l’horizontale. L’outil passe entre les arbres et est muni d’un bras senseur qui sert d’appui pour le contournement du tronc. Les fouets passent au ras du sol et font ainsi un fauchage plus ras que la tondeuse rotative ou à fléaux.
  • Pyrodésherbeur : méthode peu utilisée en verger mais qui gagne en popularité dans le secteur maraîcher. Différentes technologies sont utilisées pour assurer une bonne efficacité de l’outil : brûleur au propane liquide (comme les chariots élévateurs) plus performant que ceux utilisant le propane vapeur (comme les BBQ); allumeur automatique, contrôle du débit à partir du tracteur; tôle de protection de la flamme pour augmenter l’efficacité du feu; certains modèles ont deux brûleurs montés l’un derrière l’autre pour permettre une vitesse de travail plus élevée, etc.
  • Brûleur à l’eau chaude ou à la vapeur : encore peu utilisé peu importe la culture. Les données d’essais sont peu disponibles et la quantité d’énergie nécessaire pour générer la vapeur requise au bon fonctionnement de l’outil est plus élevée que celle requise pour l’utilisation simple des torches au propane. Le principal avantage en est un de sécurité, il n’y a pas de flamme directement en contact avec la culture et son utilisation est possible dans les vergers ayant un paillis organique en surface.

Tondeuse latérale à fouet (source : Agropomme).

Une capsule vidéo sur le désherbage mécanique a été produite en 2022 dans le cadre du projet Vitrines régionales de régies à moindres risques dans la pomme. Vous pouvez la visionner sur la chaîne YouTube de l’IRDA: https://www.youtube.com/watch?v=b8FV7PIzgRU&t.

Herbicides

L’utilisation d’herbicides demeure la méthode la plus courante et la plus simple pour empêcher la croissance de la végétation sur le rang. Les herbicides doivent cependant être utilisés de manière restreinte afin de limiter les risques qu’ils comportent :

 

 

  • Risque de phytotoxicité pour les pommiers et de toxicité pour l’applicateur en cas de dérive;
  • Risque de dommages aux organismes bénéfiques du sol, notamment les vers de terre;
  • Risque de pollution de la nappe phréatique et des cours d’eau.

Rang de pommier ayant reçu un traitement herbicide (source : Agropomme).

L’emploi de doses supérieures à l’étiquette est évidemment proscrit. Des doses élevées augmentent dramatiquement ces risques et peuvent aussi provoquer un déséquilibre physiologique préjudiciable aux pommiers. Dans des sols légers, des effets phytotoxiques peuvent se manifester.

Le choix des herbicides doit donc se faire selon les résultats du dépistage. En d’autres mots, les espèces à réprimer, leur stade de développement ainsi que leur localisation dans le verger doivent être considérés lors du choix de l’herbicide.

En présence d’infestations localisées ou de foyers de mauvaises herbes récalcitrantes, il faut traiter la zone infestée seulement. Un applicateur à dos ou une application manuelle à l’aide d’un humecteur à mèche sont des méthodes efficaces pour traiter près des arbres avec un herbicide systémique homologué à cette fin.

application manuelle d'herbicide à l'aide d'un humecteur à mèche

Humecteur à mèche (source : OMAFRA).

 

Dans les plantations de pommiers nains et semi-nains, les applications en bandes doivent être limitées à une largeur maximale. Cette largeur désherbée doit correspondre à moins du tiers de la superficie totale du verger, sans jamais dépasser 1,2 m de chaque côté du rang. Il est judicieux de limiter les applications à la largeur du rang de pommiers qui a été déterminée au moment de l’établissement de la parcelle.

Il n’est pas nécessaire de réprimer complètement les mauvaises herbes sur le rang au-delà de la période critique de croissance du pommier. Il est préférable de privilégier les traitements printaniers et d’éviter les traitements herbicides à l’automne afin de conserver de la végétation en fin de saison. Un couvert végétal pourra maintenir la neige autour des racines du pommier et assurer une meilleure protection hivernale. Il favorisera également l’hibernation des acariens prédateurs. Cependant, la hauteur du couvre-sol devra être minimale afin de ne pas favoriser l’établissement du campagnol des champs.

Certains herbicides peuvent être utilisés durant l’année de l’implantation du verger, avant ou après la plantation des pommiers. Dans les vergers établis, ils sont utilisés en fonction de l’apparition des mauvaises herbes : en prélevée ou en postlevée. Pour plus de détails sur les herbicides homologués en pomiculture au Québec, consultez la fiche Herbicides, rodenticides, régulateurs de croissance et autres produits phytosanitaires homologués en pomiculture au Québec et la fiche Efficacité potentielle des herbicides homologués en pomiculture au Québec, régulateurs de croissance et autres produits phytosanitaires homologués en pomiculture au Québec.

Herbicides de préplantation

Ces herbicides, appliqués avant l’implantation d’un verger, sont absorbés par les mauvaises herbes au moment de leur germination. L’application de ces herbicides doit donc se faire avant la levée des mauvaises herbes. Les conditions d’application (dose, % de matière organique, volume d’eau, etc.) de ces herbicides sont très variables d’un produit à l’autre. Assurez-vous de lire l’étiquette pour bien les utiliser.

Herbicides de prélevée

Les herbicides de prélevée, aussi appelé herbicides résiduels, sont appliqués avant la levée des mauvaises herbes. Ces produits agissent en nuisant à leur germination ou en créant à la surface ou sous la surface du sol une zone toxique pour les graines ou les plantules des mauvaises herbes visées. L’indaziflam (ALION), le flumioxazine (CHATEAU), la simazine (PRINCEP, SIMAZINE, SIMADEX), le dichlobénil (CASORON) et le terbacile (SINBAR) sont des exemples d’herbicides de prélevée. Pour la plupart, ces herbicides s’activent pleinement à la suite d’un apport d’eau minimum de 12 mm. Ces produits ont donc besoin d’humidité, soit par la pluie ou par irrigation, pour pouvoir être pleinement efficaces.

ATTENTION : Les risques de phytotoxicité de ces herbicides sont plus élevés sur des sols légers ayant moins de 2 % de matière organique. Pour diminuer ces risques, il est préférable d’éviter que les racines de pommiers de remplacement nouvellement plantés ne viennent en contact avec un sol traité depuis moins de trois ans avec un herbicide de prélevée.

Herbicides de postlevée

Les herbicides de postlevée s’utilisent après la levée des mauvaises herbes. Ces produits peuvent être systémiques ou de contact. Ces herbicides seront habituellement plus efficaces si les mauvaises herbes sont jeunes et en croissance active. Bref, ils ne doivent pas être utilisés trop tardivement en saison. Certains de ces herbicides seront plus efficaces sur les graminées et/ou sur les mauvaises herbes à feuilles larges. D’autres vont aussi permettre de cibler les vivaces ou seulement les annuelles. Il convient donc de dépister son verger pour cibler le moment d’application mais aussi afin de choisir le ou les produits adéquats (voir la fiche Herbicides, rodenticides, régulateurs de croissance et autres produits phytosanitaires homologués en pomiculture au Québec et la fiche Efficacité potentielle des herbicides homologués en pomiculture au Québec, régulateurs de croissance et autres produits phytosanitaires homologués en pomiculture au Québec.)

Herbicides systémiques

Les herbicides systémiques sont absorbés et transportés à l’intérieur de la plante. Ils sont donc habituellement efficaces pour traiter les vivaces. En circulant dans la plante, ils perturbent différents processus comme la photosynthèse, la synthèse des acides aminés et le développement cellulaire. La croissance et le développement de la plante sont alors déréglés ou même arrêtés, ce qui la fait mourir. Le glyphosate (ROUNDUP, GLYFOS) fait partie de ce type d’herbicides et ne doit pas être appliqué après la mi-juillet puisque, selon certaines études, il pourrait contribuer au brunissement interne des fruits pour les cultivars sensibles comme Empire, entreposés à long terme (voir la fiche sur les Désordres physiologiques et maladies d’entrepôt). Lors de l’application de ces herbicides, il est important d’éviter que l’herbicide touche les feuilles du pommier, l’écorce récente et les drageons à la base du tronc. Ces parties peuvent absorber l’herbicide, développer des symptômes de phytotoxicité et être endommagées. Conséquemment, avant de traiter avec des herbicides systémiques, il est conseillé de couper les drageons des pommiers.

bouquets endommagés (phytotoxicité)

Exemple de phytotoxicité causé par des herbicides (source : OMAFRA).

Herbicides de contact

Au contraire des herbicides systémiques, les herbicides de contact ne sont pas transportés dans la plante. Ils détruisent seulement le feuillage avec lequel ils entrent en contact. Ils sont l’équivalent de réaliser une tonte chimique. Leur effet sur les vivaces est donc plus limité que les herbicides systémiques. Ils n’ont aucun effet sur les parties souterraines des mauvaises herbes. Avec ce type de produit, il est important de couvrir uniformément le feuillage des plantes à éliminer. Le carfentrazone-éthyle (AIM), le glufosinate d’ammonium (IGNITE) et le diquat (DESSICASH) font partie de ce groupe.  Les herbicides biologiques, comme ceux à base d’acide acétique (SERENE) ou d’acide caprique/caprylique (BIOLINK), font aussi partie de ce groupe.

Application des herbicides

Les appareils servant à la pulvérisation des herbicides sont les suivants :

  • Pulvérisateur conventionnel (aussi appelé rampe à herbicides);
  • Pulvérisateur à application contrôlée de gouttelettes, avec couvercle protecteur (aussi appelé CDA);
  • Humecteur à mèche pour application manuelle localisée;
  • Applicateur portatif manuel avec une buse simple pour application localisée.

Précautions à prendre avant tout traitement herbicide

Observations des conditions météorologiques

Il est possible de réduire la dérive lors des applications en prenant soin d’observer les conditions météorologiques suivantes : la vitesse du vent, la température pendant l’application et le taux d’humidité relative.

Dans le cas d’une application d’herbicide avec un pulvérisateur à rampe, les paramètres suivants sont recommandés : vitesse maximale du vent de 7-13 km/h avec une température inférieure à 25 °C et une humidité relative supérieure à 50 %. L’ensemble de ces conditions est souvent retrouvé en fin de journée (pour plus d’informations sur la dérive des pesticides, consultez la fiche sur Réduire la dérive de pesticides.

Vérification de l’état de votre pulvérisateur

Les applications d’herbicides doivent toujours être faites avec un pulvérisateur réservé à cette fin et les précautions suivantes doivent être prises :

  • Les pulvérisateurs sont des outils de précision, assurez-vous de les garder en bon état de fonctionnement et de les étalonner régulièrement. L’étalonnage doit être effectué une fois par année en respectant les paramètres suivants : la rampe doit être à une hauteur de 0,3 m par rapport au sol et la vitesse maximale du tracteur doit être réglée à moins de 6 km/h.
  • Les pulvérisateurs atomiseurs, portatifs ou non, ne doivent jamais servir pour l’application d’herbicides. Ce type d’appareil produit de très fines gouttelettes qui dérivent facilement et peuvent causer de la phytotoxicité sur vos pommiers ou sur toute autre plante non visée par le traitement.
  • Le pulvérisateur à herbicides doit être nettoyé avec soin. Il est préférable d’effectuer un triple rinçage du réservoir avant de remiser le pulvérisateur. De plus, il est recommandé d’utiliser des produits commerciaux destinés à cet usage et de vérifier les particularités du nettoyage sur l’étiquette du produit. Pour certains herbicides, une eau savonneuse et un rinçage à l’eau claire ne sont pas suffisants.

Le pulvérisateur CDA, un bon choix?

Présent au Québec depuis 2004, le pulvérisateur CDA offre plusieurs avantages comparativement à l’utilisation de la rampe à herbicides :

  • La dérive étant fortement réduite, il peut être utilisé lors de journées venteuses sans risque de dégâts aux feuilles et aux jeunes troncs.
  • Il permet d’appliquer les herbicides de contact en concentré et donc de traiter une plus grande superficie avec une même quantité d’eau.
  • En utilisant moins d’eau dans le rétservoir lors de l’arrosage, la compaction des allées du verger et le temps de remplissage sont réduits.
  • Les coûts d’application des herbicides sont bien moindres avec ce système qu’avec une rampe à herbicides classique.

Ses inconvénients sont les suivants :

  • Les problèmes d’application sont plus difficiles à détecter car l’arrosage en concentré laisse peu de traces de gouttelettes comparativement au traitement effectué avec une rampe.
  • L’appareil est délicat, particulièrement la buse qui ne doit pas entrer en contact avec des roches ou autres débris sur le parcours de l’arrosage.
  • Son coût d’achat est élevé par rapport à un pulvérisateur conventionnel.

Pour en savoir davantage

Pourquoi les espèces exotiques envahissantes sont nuisibles – Canada.ca

Lutte contre les mauvaises herbes dans les vergers | ontario.ca

Gestion du sol des vergers dans les nouveaux vergers de pommiers

Vitrines de régie à moindres risques dans la pomme : optimisation des pulvérisations et diversification des modes d’intervention pour la réduction de l’empreinte environnementale de la pomiculture québécoise – IRDA

La tondeuse ByPass pour réduire l’utilisation d’herbicides – Le magazine de l’équipement au Canada

Broyeur entre rangée ECOSPRINT EASY

Oeliatec : désherbage à eau chaude

 

Références

Aller, D., Zeppetella, D. & Veraldi, S. Orchard floor management under maritime climate conditions. Fruit Quaterly, 30 (3), 14-18. (2022).

Boyer, L. Revue de littérature systématique sur le potentiel d’utilisation des paillis organiques à améliorer la qualité du sol et la durabilité des vergers de pommes du Québec. Département des sols et de génie agroalimentaire de l’Université Laval. (2021).

Giroux, D. Le désherbage mécanique dans les productions maraîchères et de petits fruits. Agri-Réseau. (2019).

Leblanc, M. Lutte mécanique, thermique et produits désherbants. Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. (2017).

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

Auteurs de la première édition : Daniel Cormier, Robert Maheux et Yvon Morin
Auteure de la mise à jour 2023 : Stéphanie Gervais
Dernière mise à jour par l’auteure : 8 mai 2023

Le cerf de Virginie, appelé aussi le chevreuil, peut causer des dommages considérables dans les vergers. Le ministère des Ressources naturelles et de la Faune ayant déjà rapporté que des populations élevées de cerfs de Virginie sont présentes dans les zones de chasse du sud et de l’ouest de la province, il n’est pas surprenant de constater une augmentation des dommages dans les vergers non clôturés de ces régions.

C’est principalement au cours de l’hiver que les dommages sont observés, alors que la nourriture en milieu naturel est moins abondante et moins accessible. Le cerf se nourrit de bourgeons à fruits et de rameaux, ce qui peut mener à une perte importante de rendement pour un pommier en production ainsi qu’à des dommages irréparables, voire la mort, particulièrement pour de petits pommiers. Les attaques répétées sur de jeunes arbres non en production rendent aussi irréaliste toute replantation de la part du producteur.

Photos de cerf de virginie (source : Stéphanie Gervais, IRDA).

Dommage de broutement du cerf de virginie dans une jeune plantation (source : Vicky Filion).

La stratégie de lutte utilisée pour contrer les dommages causés par le cerf de Virginie dépend principalement du niveau de dommages observé dans votre verger. À l’apparition des premiers dommages, s’ils sont faibles et peu fréquents, il est possible d’utiliser des produits répulsifs. Cependant, s’il y a une augmentation constante des dégâts et que les dommages sont plus fréquents, il est plutôt recommandé d’opter pour une clôture dans le but d’obtenir une solution efficace à long terme.

Répulsion

Les répulsifs gustatifs et odorants

Ces répulsifs sont des substances dont l’odeur ou le goût possède la propriété de tenir les animaux à l’écart pour une période limitée. Ce moyen de lutte peut être efficace pour protéger quelques arbres, mais il est peu fiable pour protéger l’ensemble d’un verger. L’efficacité de plusieurs répulsifs est très variable selon le degré d’accoutumance développé par le cerf et il faut répéter souvent après les pluies. Ces produits doivent être utilisés en prévention, avant que les cerfs prennent l’habitude de visiter votre verger. De plus, lorsque les cerfs sont affamés, les répulsifs sont généralement inefficaces.

Les répulsifs sonores et visuels

Il existe sur le marché des produits qui servent à éloigner les cerfs à l’aide de bruits ou de sons émis par des appareils électroniques. Ces dispositifs n’ont qu’un effet temporaire, car les cerfs s’y habituent très rapidement et n’y portent plus aucune attention après quelques jours. Il est également important de s’informer auprès des autorités locales pour vérifier si la réglementation permet l’usage de tels systèmes.

Clôtures

L’installation d’une clôture peut assurer au verger un haut niveau de protection face au cerf de Virginie. La présence d’une clôture est le moyen le plus dissuasif pour empêcher sa présence dans le verger.

Lorsqu’une clôture est installée, il faut se rappeler que le cerf de Virginie est un excellent sauteur et qu’il peut également passer sous la clôture. Pour obtenir le maximum d’efficacité, il est donc important de respecter la hauteur recommandée pour chaque type de clôture et de s’assurer qu’elle soit fixée près du sol. Au Québec, la hauteur de la clôture doit notamment tenir compte de l’accumulation de neige.

Une étude approfondie des coûts, mais également de l’entretien que nécessite chaque type de clôture, peut éviter des dépenses inutiles. Avant de choisir l’une ou l’autre des clôtures, il faut être bien déterminé à l’entretenir de façon adéquate afin de maintenir son efficacité. À cet effet, un tableau comparatif des coûts* des clôtures a été compilé par le MRNF dans le document Le cerf de Virginie – Comment faire face aux dommages qu’il peut causer. Prendre note que le fascicule n’est pas daté et que les prix sont sujets à changement.

Page couverture du fascicule « Le cerf de Virginie – Comment faire face aux dommages qu’il peut causer » (source : MRNF).

 

Clôture en treillis

La clôture en treillis est actuellement très utilisée contre le cerf de Virginie au Québec. Il en existe différents modèles et chacun de ces modèles est caractérisé par un carrelage et des matériaux spécifiques. La hauteur de la clôture doit être établie en fonction du niveau d’accumulation de neige de votre région, sans jamais être inférieure à 2,4 m.

Clôture en treillis d’acier galvanisé 

L’utilisation de clôtures en broche carrelée d’acier galvanisé est la plus répandue. Deux types de carrelage (grosseur des mailles) sont disponibles : 10 ou 15 cm. Elle est disponible au Québec dans les coopératives agricoles en rouleaux de 1,2 m de hauteur par 100 m de longueur. Il est recommandé de placer un rouleau de 1,2 m avec des mailles de 10 cm dans le bas de la clôture, afin d’éviter que le panache du cerf s’y accroche. Un rouleau de 1,2 m est alors superposé avec des mailles de 15 cm dans le haut pour former une clôture de 2,4 m de hauteur. Il existe aussi des rouleaux de 2,4 m de hauteur, mais ils sont plus difficiles à trouver. Ce type de clôture possède une durée de vie de 20 à 30 ans selon la qualité de son entretien.

Un cerf courant à côté d’une clôture en treillis d’acier galvanisé (source : ceresAI).

Clôture en treillis de polypropylène

Cette clôture est faite d’un treillis de polypropylène résistant au froid et aux rayons ultraviolets. Elle offre l’avantage de s’installer et de se modifier facilement et elle nécessite moins de poteaux que la clôture de treillis en acier galvanisé pour la supporter à cause de sa légèreté. Elle est presque invisible lorsque comparée au modèle en acier, et par conséquent, elle n’a pas l’effet dissuasif de l’acier. Elle est également plus fragile à l’impact d’un cerf en comparaison avec l’acier galvanisé, mais elle est facilement réparable. Elle est disponible au Québec en rouleaux de 2,3 m de hauteur par 100 m de longueur. Un rouleau de polypropylène est environ deux fois moins dispendieux qu’un rouleau d’acier galvanisé. Elle possède une garantie de 10 ans de la part du fabricant.

Clôture en polypropylène. (source: Erin Benner, The Benner Deer Fence Co.)

Précautions et entretien des clôtures en treillis

Dans le cas d’une clôture de treillis, une inspection régulière permet de vérifier la présence de trous, la solidité des poteaux et de constater si la clôture se rend toujours jusqu’au sol. Ceci évitera de se retrouver avec des problèmes, car il est toujours difficile de sortir un cerf de Virginie d’un verger clôturé! Pour les mêmes raisons, il est recommandé de ne jamais laisser les portes d’un verger clôturé ouvertes.

Clôture électrique

La clôture électrique agit surtout comme une barrière psychologique pour le cerf. Son installation fait en sorte que les cerfs sont tentés de la traverser par-dessous ou entre les fils plutôt que par-dessus. Lorsque le cerf entre en contact avec la clôture, il ferme un circuit électrique qui déclenche un choc électrique dissuasif. Ce type de clôture demande plus d’entretien que celles en treillis, car les mauvaises herbes et l’accumulation de neige peuvent causer des mises à la terre nuisant à son bon fonctionnement. Elle est plus économique à l’achat et à la pose en comparaison avec une clôture de treillis. Cependant il est parfois nécessaire d’avoir recours à un spécialiste pour son installation, ce qui en augmente les frais. Il existe plusieurs types de clôture électrique, dont la clôture électrique verticale de 2,4 m de hauteur et la clôture électrique inclinée. Elles possèdent toutes une durée de vie de 20 à 30 ans.

clôture électrique contre le cerf de Virginie / chevreuil

Illustration d’une clôture électrique (source : Carbonneau, MRNF).

clôture contre le cerf de Virginie / chevreuil

Illustration d’une clôture électrique inclinée (source : Cécile Benoît, MRNF).

 

Pour en savoir davantage

Le cerf de Virginie – Comment faire face aux dommages qu’il peut causer

Guide à l’intention des propriétaires subissant des dommages causés par le cerf de Virginie

La Loi sur la conservation et la mise en valeur de la faune s’applique aussi à votre verger. Consultez la fiche sur Les animaux de chasse et la loi si vous prévoyez piéger ou chasser des animaux dans votre verger.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

Auteurs de la première édition : Daniel Cormier, Robert Maheux, Yvon Morin et Gérald Chouinard
Auteure de la mise à jour 2023 : Gaëlle Charpentier
Dernière mise à jour par l’auteure : 20 décembre 2022

 

Le campagnol des champs est une menace pour les jeunes pommiers, surtout lorsque les populations atteignent des densités élevées. Les populations de ce rongeur sont cycliques et atteignent un pic environ à tous les deux ans. Il se nourrit généralement de plantes herbacées, mais durant l’hiver, lorsque celles-ci se font rares, il peut se nourrir d’écorce et de racines. C’est donc durant la saison hivernale qu’il endommage les pommiers en grugeant l’écorce des troncs et des branches sous la couche de neige. L’écorce grugée laisse voir des marques de formes irrégulières et à angles variés, plus petites que celles causées par le lièvre ou la marmotte.

Dommages causés par un campagnol des champs (source: Gaëlle Charpentier, Agropomme et Animaux du Québec).

Le terme « mulot », en général, ne signifie pas toujours « campagnol », il est donc sage de dépister les petits mammifères à l’aide de trappes pour bien les identifier et intervenir au besoin. Parmi les autres petits mammifères présents dans le verger, il y a la taupe et la musaraigne qui causent peu ou pas de dégâts aux pommiers. Ils sont relativement faciles à différencier des campagnols par leur long museau étroit et leurs très petits yeux, parfois presque complètement dissimulés dans leur fourrure.

Photo de musaraigne (source : Animaux du Québec).

Dépistage

Le dépistage des campagnols est très peu réalisé et les interventions se basent sur l’historique du verger et l’observation d’indices dans le verger de la présence de campagnols (dommages sur le tronc au printemps, galeries présentes à la suite de la fonte des neiges, etc.). Étant donné le risque de mortalité pour les jeunes plantations, les protections et mesures de prévention contre les campagnols devraient être mises en place dès la première année de plantation, peu importe l’historique du verger. Pour les arbres plus âgés, une surveillance des dommages au printemps et l’observation de la population durant l’été et l’automne vous permettra de juger la nécessité d’implanter des méthodes de lutte. Soyez attentifs lors de vos différents travaux dans le verger, y compris le fauchage, vous pourriez observer des campagnols courir et ils vous permettront de déterminer vos secteurs à risque.

Galeries et dommage au tronc causé par des campagnols (Source : IRDA (gauche) et Agropomme (centre et droite)).

Stratégie de lutte

La stratégie de lutte contre le campagnol des champs consiste à éliminer les sites propices à l’établissement ou à la construction de terriers, à exposer les campagnols aux prédateurs et à empêcher qu’ils se nourrissent des pommiers. Si ces moyens de lutte (décrits ci-après) sont utilisés simultanément et que de l’activité ou de nouveaux dommages demeurent visibles, il est alors possible d’ajouter, aux moyens déjà mis en œuvre, l’utilisation de rodenticides afin d’abaisser la densité des populations. Avant d’appliquer ces produits, il est cependant important de s’assurer que les densités de population sont assez élevées pour justifier un tel traitement.

Il faut bien comprendre que l’utilisation de poisons pose un risque élevé pour plusieurs mammifères – incluant les humains – et que de nombreux animaux (rapaces, renards, belettes, mouffettes, chats, chiens, etc.) peuvent mourir d’avoir mangé des rongeurs, morts ou vivants, ayant ingéré des rodenticides. De plus, cette forme de lutte ne constitue pas un moyen de lutte durable contre les campagnols, puisque tout espace vide laissé par la mort de quelques-uns d’entre eux sera vite compensé par les femelles prolifiques qui peuvent se reproduire avant d’atteindre l’âge de deux mois. L’utilisation de stratégies comme la modification de l’habitat ou le recours au treillis est donc indispensable.

Modification de l’habitat

Lorsque le problème est identifié, il suffit souvent de modifier l’environnement du verger pour réduire les populations de campagnols des champs. Pour ce faire, il faut s’inspirer du comportement du campagnol pour mieux éliminer ses cachettes et ses sources de nourriture. Les campagnols se nourrissent généralement de plantes herbacées et détestent rester à découvert, devenant alors trop vulnérables à tous les prédateurs imaginables. Les producteurs et productrices veilleront donc à :

  • Éliminer tout fagot de branches issues de la taille des arbres, les murs de pierres situés à proximité des vergers ou tout amas de détritus.
  • Maintenir de façon régulière, et plus particulièrement à l’automne, le couvre-sol à une faible hauteur par un fauchage sur le rang et entre les rangs de pommiers. Attention lors de la fauche que votre équipement ne laisse pas de touffes de foin qui deviendraient alors des cachettes pour les campagnols. Idéalement pour les jeunes plantations, contrôlez toute végétation durant la saison complète par de l’herbicide ou autres méthodes. Consulter la fiche sur Les mauvaises herbes sur la lutte aux mauvaises herbes.
  • Ramassez les pommes au sol, lesquelles attirent fortement les campagnols.

Sur le long terme, éliminer les habitats et les sources de nourriture est la solution la plus efficace pour réduire les populations de campagnols dans les vergers.

Protection du tronc : utilisation de treillis

Utilisé de concert avec l’élimination des abris préférés du campagnol des champs, le treillis métallique ou de plastique constitue une autre technique pouvant offrir une bonne efficacité de lutte contre ce petit mammifère. Cette technique d’exclusion est particulièrement recommandée lorsque le verger se trouve à proximité d’un environnement favorable à la prolifération des rongeurs. Il s’agit de couvrir la base du tronc d’un treillis suffisamment haut pour qu’il s’élève à environ 10 cm au-dessus de la couverture de neige anticipée. Généralement une hauteur d’au moins 45 cm est visée. Le treillis doit être inséré dans le sol, idéalement à une profondeur d’au moins 5 cm, et être bien refermé pour ne pas laisser place à l’intrusion. Le maillage du treillis devra mesurer 0,6 cm tout au plus. Assurez-vous qu’il reste suffisamment d’espace au tronc pour son développement pendant la saison de croissance.

Tronc d’arbre protégé par un treillis métallique (source : MAPAQ).

Les spirales de plastique ne sont pas recommandées :

  • Elles fournissent un milieu favorable à l’établissement de certains insectes nuisibles telles la sésie du cornouiller et la cochenille de San José.
  • Elles deviennent inefficaces contre les rongeurs avec le grossissement du tronc, les languettes de la spirale s’écartant et des parties de tronc n’étant plus protégées.
  • Elles peuvent aussi favoriser certaines pourritures opportunistes si l’arbre est déjà affaibli.

Utilisation de rodenticides

Les rodenticides homologués en pomiculture consistent en des appâts empoisonnés à l’aide de produits anticoagulants (ex : diphacinone et chlorophacinone) ou des produits toxiques (ex : phosphure de zinc) pouvant être dangereux pour presque toutes les formes de vie. Ils doivent être appliqués avec la plus grande prudence afin d’éviter :

  • Que les animaux domestiques ou les jeunes enfants ingurgitent le produit et s’empoisonnent.
  • Que les prédateurs naturels des campagnols ingurgitent le produit et s’empoisonnent.

Un campagnol qui a survécu à un appât empoisonné après en avoir été malade évitera ensuite le premier appât venu. Il faut donc prendre toutes les précautions requises pour que le premier appât soit mortel! D’où l’importance d’utiliser le rodenticide en quantité suffisante pour provoquer un empoisonnement fatal (voir ci-après), tout en évitant d’exposer le produit de façon dangereuse aux autres mammifères. Dans ce but, il est fortement recommandé de regrouper les appâts dans des mangeoires permanentes.

Mangeoires permanentes : Plusieurs méthodes de distribution d’appâts empoisonnés peuvent être employées dans les vergers, mais l’utilisation de mangeoires permanentes est la seule recommandée en PFI en raison de son efficacité et de son plus haut niveau de sécurité. De plus, les mangeoires permanentes offrent une solution à long terme pour lutter contre les populations. La mangeoire en forme de T inversé est composée d’un tuyau vertical recevant les appâts empoisonnés et d’un tuyau horizontal reposant sur le sol, par lequel les campagnols pénètrent pour se nourrir des appâts. Ce type de mangeoire permet de protéger les appâts des intempéries et de conserver l’efficacité du produit plus longtemps. De plus, il est sécuritaire car il garde le poison hors de portée des humains, des gros mammifères et des oiseaux. Pour installer et utiliser des mangeoires permanentes, procédez comme suit :

mangeoire permanente pour campagnol

Schéma d’une mangeoire permanente (source : Marc Légaré, IQDHO).

  • Placez les mangeoires sur le sol non enneigé dans les rangées, entre deux pommiers. L’utilisation de 12 mangeoires par hectare, en doublant ce taux dans les secteurs à risque, permet de lutter efficacement contre les campagnols et d’éviter des dommages aux pommiers. Les secteurs à risques sont les rangs avec un historique de dommages et/ou avec des signes de présence de campagnols, et ceux situés à proximité d’endroits susceptibles d’en abriter (ex : les fossés, les amoncellements de pierres ou les terrains vacants). N’oubliez pas non plus vos jeunes plantations qui sont plus à risque de mortalité en cas de dommages.
  • Fixez la partie supérieure de la mangeoire à un tuteur en bois traité de 35 cm de longueur enfoncé à une profondeur de 15 cm dans le sol ou encore, attachez la mangeoire au tronc du pommier.
  • Remplissez le tuyau vertical de la mangeoire à l’aide d’appâts empoisonnés recommandés contre le campagnol des champs et fermez l’extrémité supérieure avec un capuchon.
  • En été et surtout à l’automne, vérifiez à quelques reprises le niveau de la réserve d’appâts empoisonnés dans le tuyau vertical des mangeoires et, au besoin, remplissez à nouveau. Ce suivi est particulièrement important dans les secteurs à risque du verger. À chaque automne, videz le contenu de la mangeoire et remplissez-la à nouveau avec du produit frais.

Seuls les rodenticides de première génération sont recommandés en PFI :

  • Phosphure de zinc (ex : RODENT BAIT ou RODENT PELLETS) : à utiliser avec toutes les précautions d’usage, en été ou de préférence après la récolte.
  • Chlorophacinone (ROZOL GRANULÉS À LA PARAFFINE) et diphacinone (RAMIK BRUN) : ces anticoagulants doivent être utilisés après la récolte, mais avant la première neige pour être directement et facilement accessibles aux campagnols pendant l’hiver.

Voir la fiche sur les Herbicides, rodenticides, régulateurs de croissance et autres produits phytosanitaires homologués en pomiculture au Québec pour la liste des rodenticides homologués en vergers.

Quelques précautions essentielles pour obtenir de bons résultats avec les rodenticides :

  • Utilisez ces produits de concert avec les autres méthodes et uniquement lorsque ces dernières ne permettent pas de maintenir les densités de population à des niveaux acceptables.
  • Ramassez toutes les pommes tombées avant d’utiliser un rodenticide contre les campagnols. En l’absence de pommes, l’animal s’intéressera davantage aux appâts.
  • Pour mieux protéger les autres espèces animales, évitez autant que possible les formulations cirées et les appâts à base de maïs, car ces types de produits les attirent davantage.
  • Intervenez avant les premières chutes importantes de neige car celles-ci procurent aux campagnols une protection additionnelle.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

Auteurs de la première édition: Daniel Cormier, Robert Maheux et Yvon Morin
Auteures de la mise à jour 2023: Audrey Charbonneau et Stéphanie Gervais
Dernière mise à jour par les auteures : 9 mars 2023

 

Le lièvre d’Amérique et le lapin à queue blanche sont considérés comme des ravageurs mineurs en PFI. Pendant l’hiver, ils peuvent se nourrir de pommiers en rongeant les troncs, les branches basses et les bourgeons, principalement sur de jeunes arbres nains et semi-nains. Les dommages prennent la forme d’une coupe en biseau formant un angle de 45° nettement définie, située dans les premiers 50 cm au-dessus du sol.

Lièvre d’Amérique et Lapin à queue blanche (source : MELCCFP et IRDA).

Pour minimiser la présence de ces rongeurs, il faut tout d’abord éviter de créer des conditions propices à leur établissement et encourager la présence de prédateurs (voir ci-après). Toutefois, en cas de forte densité de lièvres ou de lapins, des mesures supplémentaires de lutte devront probablement être envisagées. Dans ce cas, la pose d’un cylindre grillagé (voir ci-après) protégera adéquatement les pommiers des zones à risque. La chasse et l’utilisation de répulsifs peuvent également être utilisées, mais ils ne constituent pas des moyens de lutte durables contre le lièvre et le lapin.

Modification de l’habitat

  • À l’intérieur et autour du verger, veillez à éliminer tout matériau susceptible d’être utilisé par ces rongeurs pour se construire un gîte (ex : amas de détritus, broussailles, ).
  • Encouragez la présence de prédateurs naturels tels que les renards, aigles et hiboux en ne détruisant pas les boisés naturels présents autour du verger. Les arbres matures ou de haute taille sur le pourtour du verger favoriseront également la présence des oiseaux de proie.

Protection des troncs : utilisation d’un cylindre grillagé

Les cylindres grillagés placés autour des troncs des pommiers offrent un niveau de protection élevé lorsque certaines règles sont respectées. Pour une protection contre le lièvre et le lapin, le treillis devra avoir des mailles d’une grosseur maximale de 2,5 à 5 cm et devra être assez éloigné du tronc pour empêcher l’animal de gruger à travers les mailles. Un maillage inférieur à 0,6 cm protégera aussi les pommiers contre le campagnol des champs. La hauteur minimale recommandée est de 50 cm. Pour une protection maximale, il est recommandé d’enfouir le bas du cylindre de 5 cm dans le sol. Au printemps, il faut s’assurer que le treillis laisse suffisamment d’espace au tronc pour son développement pendant la saison de croissance.

La Loi sur la conservation et la mise en valeur de la faune s’applique aussi à votre verger. Consultez la fiche sur  Les animaux de chasse et la loi si vous voulez piéger ou chasser des animaux dans votre verger.

Pour en apprendre davantage sur le lièvre d’Amérique et le lapin à queue blanche, consultez les fiches produites par le gouvernement du Québec disponibles sur les liens Internet suivants :

Lapin à queue blanche | Gouvernement du Québec

Lièvre d’Amérique | Gouvernement du Québec

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

Auteurs de la première édition : Daniel Cormier, Robert Maheu et Yvon Morin
Auteures de la mise à jour 2023 : Audrey Charbonneau et Stéphanie Gervais
Dernière mise à jour par les auteures : 9 mars 2023

 

La marmotte creuse des trous et des tunnels sous les arbres, ce qui entraîne le dessèchement des racines. La présence de ces trous à la surface du sol est également une source de danger pour les travailleurs et les cueilleurs, et cause parfois des bris de machinerie. La marmotte peut en outre endommager le tronc des pommiers. Il faut éviter de confondre le terrier de la marmotte avec celui du renard, à proximité duquel se trouvent souvent des animaux morts, ou celui de la mouffette, bordé de fèces contenant des carapaces d’insectes. L’ouverture du terrier de la marmotte possède un diamètre d’environ 25 cm. Les terriers désaffectés peuvent abriter certains gibiers pendant l’hiver : ratons laveurs, renards, lièvres, etc.

marmotte

Marmotte commune (source : Sylvie Bellerose, IRDA).

Stratégie de lutte

Treillis métallique et clôtures

  • Les cylindres grillagés protègent le bas des arbres, mais malheureusement pas les racines.
  • Les clôtures utilisées contre les cerfs de Virginie ne suffisent pas à éloigner les marmottes, qui creuseront simplement un tunnel en dessous.

Répulsion

Le piment fort ou le poivre noir moulus saupoudrés autour de son habitat peuvent s’avérer efficaces. Des répulsifs commerciaux peuvent également repousser les marmottes. Cependant, leur utilisation ne garantit pas que l’animal ne creusera pas un autre terrier dans le verger.

Piégeage

Pour un animal isolé, il faut placer une cage-trappe à bascule de type HAVAHART sur le sentier qu’il utilise régulièrement. Puis, il suffit de l’appâter avec du beurre d’arachide, de la laitue, du maïs sucré, des pommes ou des carottes. Ce type de trappe permet d’éviter la mort d’animaux domestiques ou sauvages non visés. L’animal doit être relocalisé à au moins 30 km de tout jardin ou culture. Les pièges CONIBEAR 120 (pour les jeunes) ou 220 sont déconseillés lorsqu’il existe un risque de capturer des animaux domestiques.

Chasse

Une chasse intensive au printemps peut constituer un moyen rapide et efficace pour réduire les populations de marmottes à un niveau acceptable. Le moment le plus propice pour s’y adonner est lors de journées ensoleillées lorsque la marmotte se tient immobile près de son terrier.

La Loi sur la conservation et la mise en valeur de la faune s’applique aussi à votre verger. Consultez la fiche sur Les animaux de chasse et la loi si vous voulez piéger ou chasser des animaux dans votre verger.

Pour vous procurer un permis de chasse aux petits gibiers, consultez le site Internet du gouvernement du Québec : https://www.quebec.ca/tourisme-et-loisirs/activites-sportives-et-de-plein-air/chasse-sportive. Il est également recommandé de vérifier la réglementation de votre municipalité concernant la possibilité d’utiliser une arme à feu, car il peut y avoir des interdictions.

Fumigation

La fumigation des tunnels de marmotte fonctionne efficacement, mais elle doit être utilisée avec les plus grandes précautions. Les produits homologués ne doivent pas être utilisés à proximité des bâtiments à cause des risques d’incendie et de propagation de la fumée. Il faut prendre bien soin de se placer dos au vent pour éviter de respirer les émanations.

Pour en apprendre davantage sur la marmotte commune, veuillez consulter la fiche produite par le gouvernement du Québec disponible sur le lien Internet suivant :

Marmotte commune | Gouvernement du Québec

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

Auteurs de la première édition : Daniel Cormier, Robert Maheux et Yvon Morin
Auteures de la mise à jour 2023 : Audrey Charbonneau et Stéphanie Gervais
Dernière mise à jour par les auteures : 9 mars 2023

 

Porc-épic

Le porc-épic gruge l’écorce du pommier, principalement dans le haut des arbres. Il ronge l’écorce en plaques aux formes irrégulières et affecte généralement plusieurs pommiers dans la même zone. Ces animaux causent rarement des dommages étendus. Cependant, si l’un d’eux ou toute une famille causent des problèmes, il est préférable de s’adresser à un agent de protection de la faune (voir la fiche sur Les animaux de chasse et la loi).

porc-épic
Porc-épic piégé (source : Gaétan Racette).

Écureuils

L’écureuil roux peut endommager les pommes contenues dans les coffres lors de la récolte en insérant ses dents dans plusieurs d’entre elles pour en prendre de petites bouchées. Ce phénomène est très localisé et ne se produit pas chaque année. L’écureuil gris affectionne quant à lui les pommes qu’il peut ramasser lui-même dans le haut des arbres. Les dommages sur fruits peuvent être plus importants lors de saisons plus sèches et chaudes.

Dommage d’écureuil sur une pomme prise au sommet du pommier (source : Stéphanie Gervais).

Oiseaux frugivores

Lors d’étés particulièrement secs, quelques oiseaux peuvent tenter de se désaltérer à même les fruits lorsque ceux-ci commencent à se colorer. Les dégâts qui en résultent sont causés surtout par les étourneaux et les corneilles.

Il existe sur le marché des systèmes qui servent à éloigner les oiseaux nuisibles à l’aide de sons puissants émis par des appareils électroniques. Cependant, les oiseaux s’y habituent très rapidement et l’efficacité de ces appareils diminue avec le temps. Il est également important de s’informer auprès des autorités locales pour vérifier si la réglementation permet l’usage de tels systèmes.

De gros ballons sur lesquels sont dessinés de grands yeux, semblables à ceux d’un hibou, sont aussi disponibles dans le commerce et peuvent également diminuer les visites dans les secteurs à risque.

Certains oiseaux peuvent aussi être chassés à condition de posséder le permis requis, mais ils sont particulièrement difficiles à atteindre (voir la remarque à la fin de cette fiche).

Gélinotte huppée

Dans les régions où sa population est abondante, la gélinotte huppée, communément appelée « perdrix », peut occasionner des dommages non négligeables aux pommiers en se nourrissant des bourgeons à fruits. Ces dégâts, parfois confondus avec ceux du cerf de Virginie, peuvent rarement causer des pertes importantes.

gélinotte huppée

Gélinotte huppée (source : Sylvie Bellerose, IRDA).

Entretien des abords du verger

Un entretien adéquat du verger et des sous-bois contigus prévient la multiplication de la gélinotte huppée, celle-ci n’y trouvant plus l’habitat requis pour la protection de sa couvée. Pour ne pas favoriser la présence de la gélinotte dans les vergers, il est donc utile d’éliminer fourrés, taillis, broussailles et haies aussi bien à l’intérieur qu’en bordure du verger. Il est en outre judicieux d’enlever les branches basses (situées à 2 m du sol et moins) des arbres des sous-bois bordant le verger.

Chasse

La gélinotte huppée étant un gibier très recherché, la chasse effectuée au moment prévu par la réglementation (avec un permis de chasse au petit gibier) permet de réduire considérablement les populations de cette espèce (voir la remarque à la fin de cette fiche).

Dindon sauvage

Cet oiseau, de plus en plus répandu dans le sud du Québec, cause des problèmes dans les régions de la Montérégie et de l’Estrie en se nourrissant des pommes situées dans le bas des arbres ou tombées au sol à la fin de l’été et en automne. Au printemps, il peut se nourrir des bourgeons dans le bas des arbres.

dindon sauvage

Dindon sauvage (source: mnr.gov.on.ca).

L’utilisation de répulsifs gustatifs et odorants n’est pas efficace contre ce ravageur, puisque le dindon sauvage possède peu de sens de l’odorat et du goût. Cependant, il existe sur le marché des produits qui servent à éloigner des oiseaux nuisibles à l’aide de sons émis par des appareils électroniques qui peuvent être efficaces. Il est important de s’informer auprès des autorités locales pour vérifier si la réglementation permet l’usage de tels systèmes. Le dindon sauvage peut aussi être chassé, à condition de posséder le permis requis.

La Loi sur la conservation et la mise en valeur de la faune s’applique aussi à votre verger. Consulter la fiche sur Les animaux de chasse et la loi  si vous prévoyez piéger ou chasser des animaux dans votre verger.

Pour en apprendre davantage sur les mammifères et les oiseaux traités dans cette section, veuillez consulter les fiches individuelles produites par le gouvernement du Québec traitant des animaux importuns en milieu agricole, disponibles sur le lien Internet suivant :

Liste des espèces fauniques | Gouvernement du Québec

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

Auteurs de la première édition : Nathalie Tanguay, Roland Joannin et Paul Émile Yelle
Auteure de la mise à jour 2023 : Maude Richard
Dernière mise à jour par l’auteur : 29 janvier 2023

 

Une bonne planification de la récolte permet de minimiser les pertes (pertes de qualité, de temps, d’argent, d’employés, etc.) et de maximiser la performance de votre entreprise en matière d’entreposage et de classification. Pour bien préparer sa récolte, il faut aussi commencer très tôt!

Lors de l’implantation du verger

  • L’installation d’un brise-vent du côté des vents dominants pourra réduire la chute de fruits à l’automne.
  • Lors de la plantation, le choix de cultivars doit évidemment se faire en fonction des marchés visés par l’entreprise. Toutefois, une attention particulière doit être portée pour bien étaler les dates de récolte sur une longue période, facilitant ainsi la gestion de la cueillette et des besoins en main d’œuvre.
  • La mise en place d’un système d’irrigation est un incontournable pour diverses raisons. C’est pourquoi il est primordial d’y penser au moment de l’implantation d’une parcelle. Entre autres, en réduisant les stress hydriques, les apports d’eau permettent l’établissement des arbres, une meilleure disponibilité des éléments nutritifs dans le sol, la santé globale des arbres et contribuent à améliorer le calibre et la qualité des fruits. De plus, les fruits d’un arbre affecté par la sécheresse tendent à mûrir et à tomber plus rapidement près du moment de la récolte. Pour de plus amples informations à ce sujet, consultez la fiche sur l’Irrigation.
  • Valider également les besoins de certification auprès de votre acheteur de pommes comme CanadaGap ou une certification de régie biologique.

En saison

Un mois avant le début de la récolte

Traitements en vue de l’étalement de la récolte
Des traitements visant à retarder le mûrissement ou la chute des pommes peuvent être appliqués dans certaines parties du verger afin de planifier la récolte et de faciliter l’étalement de celle-ci en verger PFI. Ces produits agissent sur les mécanismes physiologiques du pommier.

Le RETAIN (amino-éthoxyvinylglycine) est un produit permettant l’étalement de la récolte et l’obtention de lots avec une maturité plus homogène (réduction des plages de maturité) puisqu’il réduit la production d’éthylène. À noter que ce produit est également intéressant pour les entreprises d’autocueillette, car il permet de maintenir les fruits sur les arbres plus longtemps. Son délai avant récolte est de 7 jours et le délai de ré-entrée est de 12 heures. Il n’est pas autorisé en régie biologique.

Il doit être appliqué en diluer (±1 000 L/ha) avec un surfactant organo-siliconé, tel que XIAMETER, à quatre semaines avant la date de début de maturité prévue pour l’AC LT (Atmosphère Contrôlée Long Terme) pour chacune des variétés. Il a été démontré sur McIntosh que le RETAIN est plus efficace à 4 semaines plutôt qu’à 3 semaines avant maturité. Toutefois, même à 2 semaines avant la date de maturité prévue, il aura un effet, mais moindre.

Le traitement doit être fait lorsque les conditions sont favorables à l’absorption : feuillage sain –exempt de dommages d’acariens, cicadelles ou autres, température supérieure à 15 C, humidité relative supérieure à 85 % et au minimum 4 heures sans pluie. IMPORTANT : Référez-vous aux étiquettes de ces produits afin de connaître les conditions d’application, les possibles mélanges et s’il y a lieu, les risques associés. Si le traitement est réalisé de jour, il doit être fait par temps couvert. Le ralentissement de la maturation peut également permettre aux fruits d’être exposés à quelques nuits froides supplémentaires et ainsi obtenir une meilleure coloration.

Le FRUITONE L (acide alpha-naphtylacétique ou ANA) est un agent éclaircissant également homologué pour contrer la chute prématurée des fruits. L’ANA s’applique dès que les premières pommes saines chutent au sol. Le moment des applications est primordial pour la réussite d’intervention, bien distinguer la chute normale des fruits sains. La dose à utiliser varie selon la période de cueillette des cultivars, il est recommandé d’utiliser 5 ppm d’ANA pour les variétés estivales et 10 ppm d’ANA pour les variétés mi-saison et tardives. Notez qu’un second traitement peut être réalisé cinq à six jours après le premier pour allonger l’effet anti-chute du FRUITONE L à raison de 10 ppm. Le délai avant la récolte est de 5 jours tandis que le délai de ré-entrée est de 12 heures. L’effet de celui-ci se verra 7 à 10 jours après son application.

Ce produit s’applique lorsque les températures sont de 21 à 24 °C avec une humidité relative supérieure à 85 % pour favoriser une absorption efficace avec une quantité d’eau par hectare suffisante pour bien mouiller le feuillage et les fruits (viser une couverture très uniforme).

Bien que FRUITONE L permet de lutter contre la chute prématurée des pommes, l’application de ce produit a pour effet d’accélérer le murissement des fruits. Notez que l’effet sur la maturité des fruits augmente en fonction de la concentration appliquée ainsi que le nombre de traitements. De plus, les fruits (particulièrement de la variété McIntosh) traités au FRUITONE L pour limiter la chute des pommes se conserveront mal à long terme en entrepôt. Conséquemment, les pommes ayant reçu 2 traitements au FRUITONE devraient être mises en marché le plus rapidement possible1.

L’HARVISTA 1.3 SC (1-methylcyclopropène ou 1-MCP) peut également être utilisé pour retarder la maturité des fruits en verger. Ce produit contient la même matière active que le SmartFresh™ lequel est utilisé en post récolte dans des chambres d’entreposage afin d’améliorer la conservation, notamment la fermeté des fruits. À noter que l’HARVISTA ne remplace pas les traitements avec le SmartFresh™ post-récolte.

L’avantage de l’HARVISTA comparé au RETAIN est qu’il offre plus de flexibilité quant au moment de l’application. En effet, il peut être appliqué entre 3 et 21 jours avant la date de récolte prévue tandis que le RETAIN doit être appliqué entre 14 et 28 jours avant le début de la récolte anticipée. Bien que peu testé jusqu’à présent au Québec, plusieurs études en Ontario démontrent divers avantages sur McIntosh, Royal Gala et Honeycrisp.

Le produit retarde la cueillette de 7 à 14 jours par rapport à la date prévue pour l’AC LT puisqu’il diminue la production d’éthylène et inhibe la sensibilité du fruit à l’éthylène (ralentissement de la maturation des fruits). Aussi, il permettrait de réduire la chute des fruits avant récolte et d’améliorer le potentiel de conservation, d’autant plus s’il est utilisé avec le SmartFresh™.

Appliquer entre 5,9 à 17,7 L/ha de produit entre 3 à 21 jours avant la date prévue de cueillette. Il est suggéré d’augmenter la dose sur des fruits ayant un stade de maturité plus avancée. Attention, des systèmes d’injection en continu de substances chimiques sont requis pour appliquer le produit. En d’autres termes, il nécessite un équipement d’application modifié. Il est également possible d’y ajouter du surfactant tensioactif siliconé (XIAMETER) à une dose de 0,05 % v/v. Enfin le délai avant récolte est de 3 jours.

Mises en garde

  • Ne pas appliquer lorsque les températures sont supérieures à 35 °C;
  • Le produit ne doit pas entrer en contact avec du cuivre;
  • Le produit peut retarder le développement de la couleur rouge sur l’épiderme des fruits. Dans ce cas, des doses plus faibles devraient être utilisées pour les variétés de pommes bicolores (ex : Honeycrisp).

Évaluation du volume de la récolte

Cette évaluation permettra de prévoir la main-d’œuvre, le matériel et la machinerie nécessaires au bon déroulement de la cueillette. Pour estimer le nombre de bennes (contenants de récolte) nécessaires à la récolte, se reporter à la méthode décrite à la page 4 du Guide pour les superviseurs de cueillette des PPQ.

Prévisions pour le recrutement de la main-d’œuvre

Le producteur doit planifier dès que possible le recrutement de la main-d’œuvre dont il aura besoin. Pour estimer le nombre de cueilleurs requis, se référer à la page 5 du Guide pour les superviseurs de cueillette. Le producteur doit aussi prévoir du personnel pour le transport des bennes ainsi que des superviseurs pour le contrôle de qualité.

Quelques semaines avant le début de la récolte

Préparation du terrain

Éliminer les branches, les roches et niveler le terrain en remplissant les trous qui pourraient causer des blessures aux travailleurs ou des meurtrissures aux fruits lors de leur transport dans le verger. La fauche du gazon avant la cueillette permet de détecter facilement les obstacles nuisibles et facilite le ramassage des pommes laissées au sol.

Préparation du matériel

Le producteur doit inspecter ses bennes individuellement et s’assurer qu’elles sont en bon état (saines, solides, sans morceaux de bois ou clous, etc.). Il doit les réparer au besoin, puis les nettoyer. Le nettoyage des bennes consiste d’abord à déloger tout déchet organique (résidus de culture, terre, excréments d’animaux (souris, raton laveurs, etc.)) qui pourrait être une source potentielle de contamination d’origine microbienne ou d’introduction d’insectes indigènes/ exotiques si les bennes sont exportées.

Ensuite, les parois doivent être nettoyées à l’aide d’une laveuse à pression, puis rincées à l’eau claire et séchées au soleil au grand air2. Si cette opération de nettoyage est bien faite, il n’y a pas lieu de désinfecter les bennes. Pour ce qui est des bennes de plastique, elles sont moins propices à la présence de bactéries, mais doivent néanmoins être nettoyées de la même façon chaque année. Les sacs de cueillette doivent aussi être nettoyés.

Les bennes ne doivent servir qu’à la manutention et à l’entreposage des fruits et à aucun autre usage (ex : entreposage d’outils, de produits d’entretien, de produits chimiques à usage agricole, etc.). Elles doivent être sorties à l’extérieur une à deux semaines avant la récolte afin d’être exposées à la pluie et ainsi réhumidifiées, sinon le bois risque de tirer l’humidité des pommes pendant l’entreposage.

Les jours précédant la récolte, les bennes et les échelles doivent être disposées dans les parcelles du verger. Il faut organiser ce matériel en fonction de l’ordre prévu de la cueillette et aussi, en prévoir suffisamment selon les rendements anticipés (ex : secteur avec fortes charges, augmenter le nombre de bennes et échelles afin d’éviter de perdre du temps les journées de récolte).

Quelques jours avant le début de la récolte

 Formation des cueilleurs

Une fois les cueilleurs et superviseurs choisis, le producteur doit les former afin de leur expliquer les bonnes méthodes de cueillette, l’utilisation adéquate du matériel, les critères de qualité à respecter, les méthodes d’évaluation de leur rendement et les notions de salubrité des aliments. Les formations doivent avoir lieu avant le début de la cueillette et doivent se poursuivre au fur et à mesure que la récolte progresse, car certaines notions peuvent nécessiter d’être renforcées et de nouveaux cueilleurs peuvent se joindre en cours de récolte. Vous pouvez vous référer à ce document pour vous aider à cette formation : Outil de formation du cueilleur de pommes.

Lors des formations, le producteur doit prendre le temps de procéder à des démonstrations et de faire pratiquer les cueilleurs devant lui. Les formations doivent traiter, entre autres, des sujets suivants :

  • L’utilisation adéquate des échelles afin d’éviter des blessures.
  • La manipulation des échelles de manière à éviter le bris des arbres et les meurtrissures aux fruits.
  • L’utilisation de sacs de cueillette, en évitant de le déposer au sol afin de prévenir toute contamination.
  • L’ordre de cueillette et la technique de cueillette pour prévenir les meurtrissures, le bris des pédoncules et des bourgeons.
  • L’importance d’une manipulation délicate des fruits en tout temps : en les cueillant, en les déposant dans le sac, en se déplaçant avec le sac et en les transvidant dans les bennes.
  • L’importance de la salubrité, « comment » et « quand » se laver les mains : avant de manipuler les fruits, après être allé aux toilettes, après une pause, une cigarette ou un repas, après l’application de chasse-moustiques ou de crème solaire, après une manipulation d’objets autres que les fruits (ex : poubelles, cellulaire, etc.).
  • Les autres obligations reliées à la salubrité : ne pas manger, ne pas boire ni fumer dans les vergers, utiliser les poubelles et les toilettes à la disposition des employés et l’obligation d’aviser leur superviseur lorsqu’ils sont malades.
  • Le niveau de qualité de cueillette exigé (sélection des fruits) et la façon dont leur rendement sera évalué. Les critères de qualité ainsi que les méthodes recommandées pour l’évaluation du rendement des cueilleurs et l’évaluation de la qualité des lots sont décrits à la sous-section « Contrôle de qualité» ci-après.
  • Le producteur doit identifier ses bennes au moyen d’une étiquette apposée au moment de la récolte. Cette étiquette comporte le nom du producteur, la date de cueillette, le numéro de lot standardisé et la variété des pommes. Cette information doit être inscrite même si la cueillette est faite à l’heure, car elle est essentielle pour le contrôle de la qualité. Voir la section « Tenue de registres par le producteur» ci-après pour plus de détails.

Engagements du producteur envers ses employés

Le producteur a la responsabilité de fournir le nombre suffisant d’installations sanitaires, soit une installation sanitaire pour 35 employés par site de production. Il doit s’assurer qu’elles sont convenablement équipées et entretenues : provisions de savon, eau potable, serviettes jetables et poubelle ou encore serviettes humides, désinfectant et poubelle. Il doit aussi s’assurer que les employés ont des endroits désignés pour manger, boire et fumer ainsi que pour ranger leurs effets personnels, qu’ils doivent garder loin des pommes. Pour de plus amples informations à ce sujet, se référer au Guide de salubrité des aliments pour les fruits et légumes frais de CanadaGAP.

Avant de commencer la cueillette, les attentes du producteur et les conditions de travail doivent être énoncées clairement (salaire, mode de paiement, horaire et conditions de travail, etc.) Pour s’assurer d’une bonne rétention de sa meilleure main-d’œuvre, le producteur pourrait prévoir des primes pour une saison complète et une prime pour un rendement de qualité.

Pendant la récolte

Le suivi de chantier est essentiel pour minimiser les pertes de rendement dues aux meurtrissures et éviter l’entreposage et la manutention de fruits non conformes. Une étude menée par le Club Agropomme a révélé que les meurtrissures représentaient près de la moitié (45 %) des défauts observés sur sept chantiers de récolte québécois en 1999.

Par la supervision et la formation adéquate de ses cueilleurs, le producteur s’assure de bonifier la classification de ses pommes, car en plus d’apprendre comment réduire les meurtrissures, les cueilleurs apprennent à ne pas cueillir ou à ne pas conserver les fruits qui ne correspondent pas aux critères de qualité recherchés. Les défauts à éliminer peuvent être une coloration insuffisante, un calibre trop petit, des dégâts d’insectes, de maladies ou de grêle, des pourritures, des malformations, du roussissement, des marques de frottement, etc. Pour plus de détails, voir le Guide pour les superviseurs de cueillette.

Contrôle de qualité

Pour mettre en œuvre un système de contrôle de qualité rigoureux, le producteur doit prévoir une personne chargée de la supervision pour chaque groupe de 10 à 15 cueilleurs. Bien que cela représente des frais considérables, le système de contrôle est rapidement rentabilisé par une amélioration de la classification lors de l’emballage. Deux méthodes d’évaluation ont été développées :

  • L’évaluation individuelle des cueilleurs : cette méthode consiste à évaluer, pour chaque cueilleur, le pourcentage de pommes cueillies non conformes aux critères de qualité. Au total, de 17 à 24 pommes sont retirées au hasard selon la variété et à différents emplacements dans toutes les bennes ramassées par un même cueilleur (idéalement trois contrôles par benne : au fond, au milieu et en surface). Selon l’annexe A de la Convention de mise en marché des pommes 2021-2022, les fruits non conformes à un rendement de 90 % « Pommes Qualité Québec » sont mis de côté. De cette façon, le pourcentage de non-conformité est évalué et, en fonction des résultats obtenus, cette méthode permet d’ajuster le besoin d’encadrement de chaque cueilleur.
  • L’évaluation des lots : cette seconde méthode consiste à évaluer de façon similaire la fiabilité d’une équipe de cueilleurs à produire un rendement de 90 % « Pommes Qualité Québec ». Les lots inspectés doivent être homogènes et le nombre de pommes ainsi que la quantité de bennes à inspecter varient selon les variétés. Les pommes sont choisies au hasard et à différentes profondeurs dans les bennes sélectionnées. Les fruits qui ne correspondent pas aux critères de qualité sont mis de côté. Le pourcentage de fruits non conformes permet au producteur de juger du niveau d’encadrement requis par l’équipe évaluée. Cette méthode est complémentaire à la précédente et n’est valide que si l’évaluation individuelle des cueilleurs a été préalablement réalisée.

Ces deux méthodes sont expliquées en détail dans un extrait du Guide pratique pour la formation et l’évaluation des cueilleurs de pommes publié par Les Producteurs de pommes du Québec.

À la suite de ces évaluations, le producteur doit examiner les pommes mises de côté pour déterminer la nature des défauts sur les fruits et la source des meurtrissures (prise en main des fruits, vidage inadéquat du sac de récolte, mauvais ajustement de la profondeur du sac, mauvaise manutention du sac, placement inadéquat de l’escabeau, etc.), puis il doit expliquer aux cueilleurs comment corriger les problèmes.

Après la récolte

Le producteur doit s’assurer que les pommes sont transportées de façon délicate afin d’éviter les meurtrissures. Une bonne façon d’y parvenir est de ne pas rouler trop vite lors du transport des pommes et de s’assurer que les pneus des plateformes de transport sont bien gonflés. Aussi, les contenants de récolte doivent être attachés s’ils sont transportés sur une remorque ouverte afin de respecter le code de la route.

Une attention particulière doit aussi être portée pendant la journée de cueillette au déchargement des bennes au site d’entreposage ou de manutention. Les pommes cueillies doivent être réfrigérées la même journée et toute exposition au soleil et à la chaleur doit être évitée avant la réfrigération. Chaque variété doit être entreposée en respectant certains critères de maturité, qui sont traités à la fiche sur le Suivi de la maturité et de la qualité des fruits. Par ailleurs, les entrepositaires doivent respecter les paramètres d’entreposage recommandés (voir la fiche sur l’ Entreposage AC).

Tenue de registres par le producteur

La tenue de registres permet au producteur d’améliorer l’organisation de sa récolte et optimise l’efficacité de son travail et la qualité des fruits récoltés.

Selon le Règlement sur la mise en marché des pommes du Québec, le producteur doit identifier chacun de ses contenants de récolte au moyen d’une étiquette apposée le jour de la cueillette. Cette étiquette indique le nom du producteur, la date de cueillette, le numéro de lot standardisé, la variété de pommes et la parcelle. Les Producteurs de pommes du Québec présente un exemple d’étiquette sur son site Internet et à la page 8 du Guide pour les superviseurs de cueillette. Le numéro de lot indiqué sur l’étiquette doit permettre au producteur de retracer facilement la provenance des pommes dans le verger.

Le producteur peut aussi tenir les registres suivants :

  • Une fiche du rendement/qualité de chaque cueilleur;
  • Un registre d’évaluation de la qualité des lots au verger;
  • Un registre du nombre de bennes par parcelle.

Des exemples de fiche du rendement/qualité des cueilleurs et d’un registre d’évaluation de la qualité des lots sont présentés dans le Guide pratique pour la formation et l’évaluation des cueilleurs de pommes.

 

Références

  1. Guide de protection des fruits tendres. Ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et des Affaires rurales. (2021).
  2. Guide de salubrité des aliments pour les fruits et légumes fraise de CanadaGap. Agriculture et Agroalimentaire Canada. (2021).

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

Auteurs de la première édition : Nathalie Tanguay, Roland Joannin, Paul Émile Yelle et Maude Lachapelle
Auteure de la mise à jour 2023 : Maude Richard
Dernière mise à jour par l’auteure : 11 janvier 2023

 

Avant tout, l’évaluation de la maturité de lots de pommes lors de la récolte est un outil incontournable pour déterminer le type et la durée d’entreposage. Elle permet aux entreprises pomicoles de prendre des décisions éclairées quant à l’ordre de cueillette des différentes parcelles et à la destination des lots. Le diagnostic d’entreposabilité est un outil essentiel pour déterminer le type d’entreposage approprié (vente immédiate, réfrigération, transformation ou atmosphère contrôlée (AC) et la période de mise en marché visée (vente immédiate, court terme, moyen terme ou long terme). Les entreprises pomicoles limitent ainsi les pertes financières engendrées par l’entreposage de lots de pommes dans de mauvais termes (exemple : entreposage d’un lot rencontrant les critères de l’AC à court terme entreposé en AC à moyen terme). Les types d’entreposage et la période visée de mise en marché en fonction du diagnostic d’entreposabilité sont décrits dans le document suivant : Évaluer la maturité des pommes – Test de l’amidon | Arbres fruitiers – Agri-Réseau | Documents.

Pour les traitements post-récolte en entrepôt, consulter la fiche sur Les traitements post-récolte.

De plus, lorsque des régulateurs de croissance (ex : RETAIN, HARVISTA…) sont utilisés, il est très important de faire un suivi précis de la maturation afin d’en retirer tous les bénéfices souhaités soient les délais supplémentaires de récolte, la meilleure plage de maturité des lots et l’amélioration du potentiel de conservation.

Le test de régression à l’amidon et le test de fermeté sont les deux principales méthodes utilisées pour l’évaluation de la maturité et ils sont complétés par l’évaluation du nombre de pépins. Les tests doivent être répétés à un intervalle de trois à quatre jours maximum jusqu’à la fin de la récolte pour toutes les variétés destinées à l’entreposage. Le même échantillon est utilisé pour ces trois tests. L’échantillonnage débute au moins une semaine avant la date prévue de récolte et commence par les secteurs les plus hâtifs du verger. Lors de gels en cours de récolte, un suivi de maturité est d’autant plus indispensable afin de bien orienter les lots de pommes en termes de conservation. Notez que suivant un gel, l’effet de celui-ci se verra généralement 24 heures après l’événement. C’est pourquoi, il est suggéré de refaire le test de maturité 24 heures après un épisode de gel.

Test de fermeté

Ce test s’effectue sur des pommes entières tout juste cueillies et répondant aux critères de l’annexe A de la Convention de mise en marché des pommes 2021-2022 qualité pour les Pommes Qualité Québec.

Quelques mises en garde pour le test de pression pour obtenir une lecture juste :

  • La pomme doit être maintenue solidement en place contre une surface plate. Ne pas se servir de sa main comme appui solide !
  • La pelure doit être enlevée à l’aide d’un « éplucheur » (outil prévu à cette fin) à deux endroits opposés sur la pomme (sur la face la plus colorée et sur la face la moins colorée du fruit). Surtout, ne pas utiliser de couteau ou d’éplucheur de cuisine pour cette étape puisqu’ils enlèveront de la chair du fruit et les données seront faussées.
  • La mesure est prise à l’aide d’un pressuromètre (aussi nommé pénétromètre) avec une tige de ±50 mm de longueur. À noter qu’il existe 2 diamètres de tiges, 11,3 mm pour les pommes et 8 mm pour les poires. La profondeur de pénétration de la tige doit être constante. La tige doit pénétrer dans la chair jusqu’à la marque incrustée dans la tige. Une pénétration insuffisamment profonde donnera une lecture trop faible versus une pénétration trop profonde, une lecture trop élevée.
  • Calibrez le pressuromètre minimalement 2 fois par saison.
  • La vitesse de pénétration de la tige doit être constante : un temps moyen d’une seconde pour une pénétration jusqu’à la marque incrustée donnera une bonne lecture.
    • Pressuromètre « maison » (source : Maude Richard, Agropomme).

      Il est recommandé d’utiliser 5 fruits au minimum pour réaliser ce test. Ces fruits peuvent servir par la suite à réaliser le test de l’amidon (section suivante). L’utilisation adéquate du pressuromètre est décrite plus en détail à l’annexe 1 du Cahier des charges pour l’amélioration de la qualité des pommes entreposées en atmosphère contrôlée publié par Les Producteurs de pommes du Québec.

      Entre le moment de l’entreposage et celui de la mise en marché, la fermeté des fruits diminue. Afin de respecter les normes de mise en marché qui permettent d’offrir aux consommateurs des fruits suffisamment fermes et moins sujets aux meurtrissures, les pommes doivent être entreposées selon les critères de fermeté recommandés dans le document Évaluer la maturité des pommes – Test de l’amidon | Arbres fruitiers – Agri-Réseau | Documents.

      Test de la régression en amidon

      Au fur et à mesure que la maturité des fruits progresse, l’amidon accumulé dans les fruits immatures se transforme lentement en sucres solubles et leur potentiel de conservation diminue. Ceci dit, le test de la régression à l’amidon sert à évaluer l’état de la maturité du lot testé.

      L’évaluation de l’amidon se fait sur 12 fruits ayant été échantillonnés dans la parcelle ou dans des bennes de cueillette si le test est réalisé à l’entrepôt. On trempe donc dans la solution d’iode la moitié des fruits coupée de façon transversale pendant quelques minutes. L’iode colore en noir l’amidon, ce qui permet de suivre facilement la régression de celui-ci et d’évaluer le potentiel d’entreposage des fruits en indiquant des valeurs de 1 à 8. Notez que ce test doit être effectué sur des pommes provenant d’une parcelle (pas de réfrigérateur et encore moins ayant eu un traitement au SmartFreshTM).

      Régression de l’amidon du cultivar Primgold dont les pommes ont un indice d’iode allant de 1,5 à 4 (source : Maude Richard, Agropomme).

      Nous obtenons 2 types de coloration après le passage des fruits dans l’iode, la coloration radiale et la coloration concentrique.

      Certains cultivars tels que Mcintosh, Empire, Spartan colorent de façon radiale, alors que d’autres, comme la variété Cortland colorent de façon concentrique. En général, la coloration radiale est facile à lire alors que la coloration concentrique est plus difficile puisqu’il faut tenir compte des nuances de coloration pour émettre le diagnostic. Donc, pour la variété Corltand et ses lignées, la personne effectuant le test à l’iode doit être expérimentée pour émettre un diagnostic valable. Le test de la teneur en amidon, ainsi que les indices d’amidon à respecter par variété, pour chaque type et durée d’entreposage, sont décrits en détail dans le document Évaluer la maturité des pommes – Test de l’amidon | Arbres fruitiers – Agri-Réseau | Documents.

      Index des taux d’amidon-iodine (source : G.D. Blanpied, Cornell Cooperative Extension).

      Dénombrement de pépins

      Le dénombrement des pépins (ou évaluation de la pollinisation) se compte sur un minimum de 10 fruits échantillonnés. Il s’agit d’évaluer si le fruit a cinq pépins et plus dans ses loges carpellaires ou s’il en a moins.

      Les fruits comptant cinq pépins et plus ont un meilleur potentiel de conservation. Ainsi, même si les tests de teneur en amidon et de fermeté satisfont les critères de conservation, les fruits contenant moins de cinq pépins risquent de moins bien se conserver. En effet, il a été démontré que la perte de fermeté en entreposage est plus rapide pour les pommes de cinq pépins et moins, puisque ceux-ci ont une plus faible concentration interne en calcium, ce qui joue directement sur la fermeté du fruit (d’où l’importance des agents pollinisateurs en vergers durant la floraison).

      Toutefois, depuis l’arrivée du SmartFreshTM (1-Méthylcyclopropène : 1-MCP), le nombre de pépins semble avoir moins d’incidence sur le potentiel de conservation.

      nombre de pépins: pomme coupée en deux

      Pépins retirés du cœur d’une pomme (source : OMAFRA).

      Coloration des fruits

      N’étant pas nécessairement un indice de maturité, la coloration fait impérativement partie des critères importants de qualité et doit être prise en compte lors de la planification de la cueillette.

      Il est possible de retarder le début de la cueillette d’une parcelle par manque de couleur, et ce, même si les critères de maturité indiquent le début de l’AC à long terme… Les documents suivants publiés par les Producteurs de Pommes du Québec contiennent les chartes de couleur pour les principaux cultivars du Québec, sous l’onglet Qualité :

       

      Autres tests

      Pour certains cultivars tels qu’Honeycrisp, le moment optimal de maturité est plus difficile à déterminer et nécessite plus d’une récolte. En plus des tests de teneur en amidon, de fermeté et de couleur, le développement du goût sucré et des arômes de la pomme doivent être pris en compte. L’aptitude à détecter les niveaux adéquats de sucre, d’acidité et les arômes recherchés se développe avec l’expérience de production et de récolte, bien qu’elle demeure subjective. Pour la Honeycrisp, les taux de sucre désirés selon l’indice de degré Brix se situent objectivement entre 12,5° et 14°.

      Des pommes « Honeycrisp » ayant deux patrons de coloration différents, mais des niveaux de maturité similaires à la récolte (source : J. DeEll).

      Un nouvel outil, le « DA Meter »

      Le « DA Meter » est un instrument de mesure développé en Italie par la compagnie TR Turoni. Celui-ci mesure la teneur en chlorophylle par différence d’absorbance (DA) soit une technique de spectrophotométrie. Ainsi, plus le fruit est mature, moins il contient de chlorophylle. La lecture doit par la suite être comparée à une échelle de maturité spécifique à chaque variété pour la région de culture.

      Images d’un DA meter (source : Vicky Filion).

      Plusieurs projets ont été effectués durant les dernières années pour évaluer l’application du « DA Meter » au Québec. Jusqu’à présent, les résultats démontrent des variations trop importantes pour que cette technologie soit utilisable sur les variétés du Québec.

      Attention !

      D’autres facteurs que ceux décrits ci-dessus doivent être pris en compte avant de considérer l’entreposage à long terme des pommes. Ainsi, il ne faut pas entreposer en atmosphère contrôlée :

      • Les pommes qui proviennent de jeunes pommiers, d’arbres peu chargés ou taillés sévèrement (on vise des arbres avec bon équilibre végétatif / production pour mettre en atmosphère contrôlée);
      • Les pommes dépassant le calibre maximal, meurtries ou avec des taches de tavelure;
      • Les pommes qui sont demeurées plus de 24 heures sans réfrigération (à l’extérieur ou à l’intérieur d’un bâtiment).

       

      Références

      DeLong, J., Prange, R., Harrison, P., Nichols, D. & H. Wright. Determination of optimal harvest boundaries for Honeycrisp™ fruit using a new chlorophyll meter. Canadian Journal of Plant Science. 94, 361-369 (2014).

      Mantha, S., Morin, Y. & Filion, V. Les tests de maturité : un outil indispensable pour récolter au bon moment! Réseau d’avertissements phytosanitaires. (2015).

      Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

Auteures de la première édition : Monique Audette, Jennifer DeEll et Maude Lachapelle
Auteure de la mise à jour 2023 : Monique Audette
Dernière mise à jour par l’auteure : 19 janvier 2023

 

En dépit d’une apparence saine à la sortie du verger, les fruits peuvent subir une dégradation pendant et après la période d’entreposage, occasionnant des pertes financières importantes. Cette fiche propose des pratiques à mettre en œuvre pour aider à prévenir les dommages causés par les agents pathogènes et les désordres physiologiques pouvant apparaître suite à l’entreposage. Lorsque disponibles, les méthodes de lutte sont décrites à la fiche sur les Désordres physiologiques et maladies d’entrepôt.

Maladies fongiques

Les parasites responsables de ces maladies se nourrissent de matière organique fraîche ou en décomposition et sont présents à toutes les étapes, de la production à la commercialisation. L’infection peut donc survenir au verger sans qu’il y ait de symptômes apparents à la récolte. Elle peut aussi se produire pendant le transport, durant le conditionnement et le triage, ou encore dans les chambres froides. L’inoculum pénètre habituellement dans le fruit par une blessure à l’épiderme, par les lenticelles ou par la cavité oculaire. Les températures des chambres froides n’arrêtent pas la progression de la contamination. De plus, l’humidité relative ambiante constitue très souvent un facteur favorable au développement de ces maladies.

Les maladies fongiques les plus fréquentes liées à la présence d’organismes pathogènes au verger sont la tavelure d’entrepôt, la pourriture du cœur (Alternaria sp.), la pourriture mucorienne (Mucor spp.), la moisissure bleue (Penicillium expansum) et la pourriture grise (Botrytis cinerea).

Voici certaines des bonnes pratiques à adopter afin de diminuer les infections par ces organismes :

Désordres physiologiques

Les désordres physiologiques surviennent pendant l’entreposage ou à la sortie des chambres, sans l’intervention d’agents pathogènes. Les causes sont diverses et souvent concomitantes, mais toujours reliées soit à un déséquilibre nutritionnel, une maturité inadéquate du fruit, des conditions climatiques défavorables ou des conditions d’entreposage inappropriées.

Les désordres post-récolte sont nombreux, toutes les variétés ne sont pas affectées également et il est difficile de mettre en cause un seul facteur ayant favorisé leur développement. Toutefois, certains facteurs favorisants peuvent nous mettre en alerte.

Un déséquilibre minéral ou une maturité inadéquate du fruit augmente le risque de développement de la tache amère, la dégradation des lenticelles, l’échaudure molle, l’échaudure superficielle, le brunissement diffus de la chair ou le brunissement de sénescence en entrepôt.

Certaines conditions climatiques saisonnières favorisent le développement du cœur aqueux, du brunissement du cœur, du brunissement vasculaire, du brunissement humide de la chair, de l’échaudure molle, de l’échaudure superficielle et de la tache amère.

Des conditions d’entreposage pourraient aggraver le développement de lésions externes causées par le CO2, de lésions internes causées par le CO2, de lésions causées par une faible concentration en O2, de brunissement de la cuvette pédonculaire, d’altérations causées par le CO2, de la dégradation causée par les basses températures ou de la tache de la pelure.

Les descriptions détaillées des désordres, accompagnées de photos, se trouvent sur l’affiche « Troubles de conservation des pommes», produite par Storage Control Systems. L’affiche peut être téléchargée gratuitement à partir du site web des Producteurs de pommes du Québec.

La prévention des désordres physiologiques d’entrepôt débute au verger. Les arbres, le sol, le microclimat et la régie du verger constituent la base de la production de fruits de qualité destinés à la conservation (voir les fiches sur la Gestion du sol et du sous-sol, Apports en éléments nutritifs et Contrôle de la charge (éclaircissage chimique, mécanique et manuel)).  Ainsi, seuls des fruits en équilibre minéral devraient être entreposés. Les fruits de très gros calibre, ceux qui proviennent d’arbres très vigoureux, d’arbres de charge faible, d’arbres nouvellement implantés ou produits dans une section ombragée de l’arbre ne doivent pas être entreposés car ils présentent un risque élevé de développer des désordres physiologiques. Également, les fruits qui ont été récoltés trop tôt et qui affichent une forte teneur en amidon et ceux qui sont récoltés trop tard et qui dégagent un taux élevé d’éthylène ne conviennent pas à la conservation (voir la fiche sur le Suivi de la maturité et de la qualité des fruits).

Les conditions climatiques pendant la saison de croissance agissent sur la qualité des fruits et influencent leur entreposage. Une chaleur intense accompagnée d’un fort ensoleillement favorise le développement du cœur aqueux. Un temps nuageux, frais et humide au cours des quelques semaines qui précèdent la récolte favorise le développement du brunissement du cœur et de la dégradation causée par les basses températures. Des conditions fraîches et pluvieuses durant les mois de juillet et août favorisent le brunissement vasculaire, particulièrement chez la variété McIntosh.  L’échaudure superficielle, quant à elle, est plus sévère quand les conditions météorologiques sont chaudes et sèches durant les dernières semaines avant la récolte. L’exposition à des températures inférieures à 10 °C pour une certaine période avant la récolte tend à réduire son développement.

Malgré qu’elles soient généralement imprévisibles et incontrôlables, les conditions climatiques doivent être observées avec attention afin de prévoir leur impact sur la conservation des fruits et prendre les mesures correctives appropriées. Des modèles prévisionnels ont été développés par des chercheurs d’Agriculture et Agroalimentaire Canada et sont implantés dans le Centre informatique de prévisions des ravageurs en agriculture (CIPRA) pour prévoir le risque de développement de certains désordres. Des modèles existent pour prévoir le risque de développement de l’échaudure superficielle, du brunissement vasculaire, du brunissement humide de la chair, de l’échaudure molle et de la tache amère. Ces modèles utilisent des données météorologiques en temps réel, ce qui permet d’obtenir un indice de risque avant la récolte et ainsi de mieux planifier les conditions d’entreposage et la mise en marché des pommes. Grâce à cette information, le producteur est plus en mesure de décider si les pommes de variétés sensibles seront acheminées vers le marché frais plutôt que vers l’entreposage. Ces modèles aident aussi l’entrepositaire à évaluer la pertinence de traitements préventifs au 1-MCP ainsi qu’à ajuster les paramètres d’entreposage.

Chaque année, en septembre, les indices calculés par le logiciel CIPRA pour les désordres mentionnés sont publiés par Les Producteurs de pommes du Québec et diffusés aux producteurs et entrepositaires sous forme de communiqués.

Les paramètres d’entreposage doivent être ajustés chaque année selon les conditions climatiques de la saison de croissance.  Des recommandations de conservation pour les principaux cultivars commerciaux sont publiées en septembre par les Producteurs de pommes du Québec.  Un cahier des charges pour les entrepositaires « Amélioration des pommes entreposées en atmosphère contrôlée » produit par Gestion Qualiterra est également disponible en ligne sur le site des Producteurs de pommes du Québec (Exemple pour saison 2023).

La durée et la température de la période initiale de refroidissement des fruits ainsi que la température de la chambre à atmosphère contrôlée (AC), sa teneur en O2 et sa teneur en COsont les paramètres importants qui doivent être ajustés avec prudence. Certains cultivars sont très sensibles aux variations de ces paramètres. Un refroidissement et une mise en conditions AC rapides sont très risqués pour les fruits de la variété Honeycrisp. Les fruits de la variété McIntosh sont très sensibles aux basses températures maintenues dans les chambres AC. Les fruits de la variété Empire sont sensibles aux températures d’entreposage plus élevées (3 °C au lieu de 0,5 °C).

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

Auteures de la première édition : Monique Audette et Jennifer DeEll
Auteure de la mise à jour 2023 : Monique Audette
Dernière mise à jour par l’auteure : 14 mars 2023

 

Ces traitements sont généralement effectués chez l’entrepositaire. Les produits actifs utilisés sont des antiparasitaires et leur usage est régi par la Loi sur les produits antiparasitaires (voir la fiche sur L’utilisation des pesticides (homologation, vente, entreposage et application) et la loi). Les utilisateurs sont tenus de suivre les recommandations prescrites sur l’étiquette du produit et de prendre les précautions d’usage.

Diphénylamine (DPA)

Un traitement à la DPA sert à prévenir l’échaudure superficielle et devrait être exclusivement réservé aux cultivars présentant un risque de développer ce désordre. Le DPA est un composé organique qui possède des propriétés antioxydantes. Il est homologué au Canada à titre d’hormone de croissance. Le traitement s’effectue par thermonébulisation, par trempage ou par « douchage » (drench en anglais).

L’application par thermonébulisation est homologuée au Canada depuis 2011. Cette technique améliorée d’application du DPA consiste à vaporiser le produit pur fondu directement dans la chambre d’entreposage. Son utilisation réduit le risque de contamination bactériologique inhérent à l’utilisation de solutions de trempage et de « douchage ». Cette technique est à privilégier en PFI. Les précautions d’usage et le mode d’emploi énoncés sur l’étiquette du DPA aérosol doivent être suivis pour assurer un traitement efficace et sécuritaire.

Pour le trempage et le « douchage », plusieurs précautions doivent être prises pour assurer un traitement efficace et sécuritaire :

  • traitez les fruits alors qu’ils sont secs avant leur réfrigération et leur mise en régime gazeux. De meilleurs résultats sont obtenus lorsque les fruits sont traités immédiatement après la récolte. Ne traitez pas les fruits plus de 7 jours après la récolte;
  • la température des fruits lors du traitement doit se situer entre 16 et 27 °C. La température de la solution doit être supérieure d’au moins 5,5 °C à celle des fruits si le traitement est effectué par trempage;
  • utilisez la concentration prescrite pour la variété à traiter;
  • utilisez une eau potable pour préparer la solution;
  • agitez la solution avant l’emploi pour homogénéiser le bain. Enlevez l’écume qui se forme en surface;
  • assurez-vous de toujours maintenir la bonne concentration de DPA en solution en renouvelant le mélange selon les recommandations du fabricant;
  • préparez une nouvelle solution chaque jour. Ne conservez pas la solution plus de 24 heures;
  • assurez-vous que l’écoulement de la solution hors des coffres n’est pas entravé, qu’il n’y a pas d’accumulation au fond des coffres et qu’aucune mousse ne reste sur les pommes, car cela pourrait les brûler;
  • limitez à 30 secondes le temps de trempage et à 2 minutes le temps de « douchage »;
  • ne rincez pas les pommes après le trempage;
  • suivez les recommandations sur l’étiquette quant à la protection des travailleurs préposés à cette opération.

Le trempage et le « douchage » augmentent le risque de contamination des pommes aux moisissures. L’utilisation d’une eau propre, le renouvellement fréquent de la solution et le nettoyage et la désinfection du système après chaque usage contribuent à réduire ce risque.

traitement à la diphénylamine (DPA)

Traitement de thermonébulisation (source : OMAFRA).

1-méthylcyclopropène (1-MCP)

Le 1-MCP est un régulateur végétal de synthèse qui agit comme inhibiteur de l’action et de la production de l’éthylène. C’est un composé volatil qui est utilisé après la récolte pour ralentir la maturation du fruit. Son utilisation permet d’augmenter la qualité et la fermeté des pommes mises en marché après une longue période d’entreposage.  Généralement, les pommes sont traitées en chambre réfrigérée ou en chambre d’entreposage à atmosphère contrôlée, avant la mise en régime gazeux. La zone de traitement doit être hermétique.

De 2002 à 2015, un procédé d’application du 1-MCP était commercialisé mondialement sous le nom exclusif de « Système Qualité SmartFresh ». Depuis 2015, plusieurs produits avec dispositifs d’applications exclusifs de 1-MCP sont homologués au Canada.

Pour obtenir des résultats satisfaisants, les fruits doivent être récoltés avant qu’ils n’aient atteint leur pic de respiration climactérique, c’est-à-dire lorsqu’ils ont atteint un niveau de maturité optimal pour un entreposage à long terme. Ils doivent ensuite être traités le plus tôt possible après la récolte. Des conditions spécifiques peuvent s’appliquer pour certaines variétés, il faut consulter les recommandations saisonnières des spécialistes. Des recommandations d’entreposage, incluant l’utilisation du 1-MCP, pour la saison courante sont publiées chaque automne par les Producteurs de pommes du Québec par voie de communiqué (Exemple pour saison 2023).

L’utilisation du 1-MCP peut augmenter le risque de brunissement vasculaire et d’altérations dues au CO2 car ces désordres sont liés à un manque de maturation des fruits. L’utilisation appropriée du 1-MCP contribue à réduire l’incidence de l’échaudure superficielle sur les variétés sensibles à ce désordre.

Les fongicides

En tant que mesures de contrôle des pourritures en entrepôt, la prévention au verger et la mise en application de mesures de salubrité en entrepôt et sur les lieux de triage sont à privilégier.

Au Canada, deux fongicides sont homologués pour le traitement en post-récolte : le thiabendazole (MERTEC) et le fludioxonil (SCHOLAR). Ces produits sont utilisés en solution par trempage ou en « douchage », comme le DPA. Le renouvellement fréquent de la solution en assure la propreté ainsi que le maintien de la concentration voulue. Il est recommandé d’alterner ces produits afin de prévenir l’apparition de souches résistantes au produit.

Élimination des résidus de solutions de trempage et de « douchage »

Afin de réduire le volume du résidu des solutions de trempage et de « douchage », il est recommandé de recycler la solution pendant une même opération. Ainsi la solution usagée est filtrée afin d’en retirer les débris et la concentration du produit actif est réajustée pour constituer une nouvelle solution.

Malgré tout, la constitution d’un résidu de solution usagée inutilisable est inévitable. Ce résidu ne doit pas être déversé sur des terrains vagues ou des terres inutilisées, des cours d’eau ou plans d’eau, ni jeté à l’égout sanitaire ou pluvial, ou encore dans un équipement qui s’y déverse. Les surplus de solutions inutilisables doivent être éliminés par des entreprises spécialisées. La liste de ces entreprises peut être obtenue à la page des Titulaires de permis – Matières dangereuses résiduelles sur le site du MDDELCC.

 

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.