Fiche 61

Yvon Morin, Gérald Chouinard, Robert Maheux, Marlène Piché, Francine Pelletier et Vincent Philion

 

Visionnez la série de vidéos sur la calibration des pulvérisateurs à https://reseaupommier.irda.qc.ca/?p=11952 
Les cinq capsules d’environ 6 minutes chacune passent une à une les étapes nécessaires, de la préparation du pulvérisateur jusqu’au réglage lui-même.  Vous ne verrez plus votre pulvérisateur de la même façon!

Pour effectuer cette opération la première fois, des valeurs théoriques de vitesse du tracteur et de débit du pulvérisateur sont utilisées en fonction du nombre de buses, du type de buse et de la pression d’opération. Il est important de vérifier en conditions réelles si cela produit la bonne vitesse et le bon débit.

 

Pulvérisateur classique à jets portés (buses régulières)

Vérification de la vitesse. Il s’agit de compléter un tableau des différentes vitesses (variant entre 3 et 7 km/h) pour chaque combinaison tracteur/pulvérisateur de la ferme. Le tableau présenté à la fiche 60 pourra vous guider dans le choix des vitesses en fonction du type de pulvérisateur et du genre de traitement choisi.

Les étapes suivantes permettent de vérifier la vitesse de travail :

  • Attacher le pulvérisateur choisi au tracteur choisi;
  • Remplir d’eau propre la moitié du réservoir du pulvérisateur;
  • Mesurer une distance de 50 à 100 m sur un rang de pommiers. Si le verger est en pente, choisir un rang ayant une pente comparable à celle des autres rangs du verger;
  • Mesurer à l’aide d’un chronomètre ou d’une montre le temps que prend le tracteur pour parcourir la distance choisie (en secondes). Si le verger est en pente, prendre au moins deux lectures en montant et deux lectures en descendant et calculer la moyenne des quatre. Lors du test, faire fonctionner le pulvérisateur en simulant un traitement.
  • Pour obtenir la vitesse en km/h, diviser la distance parcourue (m) par le temps moyen requis en secondes (s), puis multiplier par 3,6.

    Exemple pour une distance mesurée de 60 m :
    Essai fait avec le tracteur A et le levier de vitesse en position 1

    • Aller 1 : 45 s
    • Retour 1 : 42 s
    • Aller 2 : 44 s
    • Retour 2 : 43 s
    • Moyenne = (45 + 42 + 44 + 43) / 4 = 43,5 s pour parcourir 60 m
    • Vitesse = 60 ÷ 43,5 × 3,6 = 4,97 km/h ou, en arrondissant, 5 km/h

Choix et arrangement des buses. Cette étape vise à faire le bon choix de buses à chaque position sur la rampe, afin que 66 % de la bouillie soit fournie par la moitié supérieure du pulvérisateur et 33 % par la moitié inférieure. Cette répartition ne correspond pas à la répartition que donneraient des buses identiques; pour cette raison il est recommandé d’utiliser des buses à débit plus élevé dans le haut et des buses à débit plus faible dans le bas de la rampe.

répartition de la bouillie pulvérisée en fonction de la position des buses

Vérification du débit global. Pour cette opération il faut d’abord installer le pulvérisateur sur une surface plane, puis :

  • Faire fonctionner le pulvérisateur avec tous les jets grand ouverts (selon l’ajustement voulu des buses);
  • Ajuster la pression sur le régulateur avec les jets ouverts;
  • Ajouter de l’eau jusqu’à la pleine capacité du réservoir;
  • Faire fonctionner le pulvérisateur durant 3 min;
  • Remplir à nouveau le réservoir jusqu’au bord à l’aide d’un contenant gradué;
  • Calculer la quantité d’eau ajoutée, puis diviser par 3 pour obtenir le débit en L/min.

 

Pulvérisateur pneumatique

Pour le pulvérisateur pneumatique, la vérification du débit global s’effectue après avoir débranché les tuyaux des éclateurs et les avoir placés dans un contenant. Il est important de vérifier le débit pour chaque robinet (généralement un ou deux de chaque côté du pulvérisateur) et pour tous les débits utilisés (les débits en L/h inscrits sur les plaques des robinets sont très souvent imprécis).

 

Pulvérisateur antidérive avec flux latéral d’air

Le réglage et l’étalonnage des pulvérisateurs antidérive avec flux latéral d’air s’effectuent de la même façon que pour les pulvérisateurs à jets portés munis de buses conventionnelles. Toutefois 55 % de la bouillie doit être fournie par la moitié supérieure de la tour et 45 % par la moitié inférieure. Ces proportions générales peuvent toutefois varier selon la hauteur de la tour ainsi que la hauteur des arbres dans lesquels s’effectue la pulvérisation.

répartition de la bouillie pulvérisée en fonction de la position des buses

Débit d’air produit et volume de bouillie utilisé

Une grande importance doit être accordée à l’obtention d’un bon débit d’air et d’une bonne répartition de cet air. Le diamètre du ventilateur et l’angle des pales ont des répercussions sur ces paramètres. Il faut donc s’assurer d’obtenir un jet d’air horizontal efficace afin de transporter les gouttelettes sur la cible (le feuillage et les fruits) et ce sur toute la hauteur de l’arbre. Une augmentation au besoin du volume d’air de la soufflerie et du taux d’application de la bouillie (L/ha) permettront de couvrir plus efficacement des arbres ayant un feuillage plus dense ou plus volumineux. Veuillez consulter le manuel d’instructions de votre pulvérisateur pour plus de précisions.

Buses antidérive

Il existe deux grandes catégories de buses antidérive : les buses à préorifice et les buses à induction d’air. La dernière technologie est la plus intéressante pour deux raisons :

  • Utilisées à la pression recommandée, les buses à induction d’air peuvent incorporer des bulles d’air dans les gouttes de liquide. Au contact avec la feuille, ces gouttes éclatent en petites gouttelettes pour permettre une redistribution locale de la bouillie dans le feuillage.
  • Ces buses peuvent réduire davantage la dérive que les buses à préorifice (dans presque toutes les situations).

Dans chaque catégorie, il existe des buses à jet plat et des buses à jet conique. Pour une buse à induction d’air, la buse à jet plat (photo c de la figure suivante) permet une pulvérisation plus fine comparativement à la buse à jet conique (photo b) pour un même calibre de buse et une même pression d’utilisation, sans avoir la partie de gouttelettes très fines de la buse conventionnelle (photo a).

buses antidérive

Peu importe la pression utilisée avec une buse antidérive, elle produira environ cinq fois moins de fines gouttes (< 150 µm), qui sont davantage sujettes à la dérive, comparativement à une buse conventionnelle à jet conique utilisée avec une pression de dix bars. Cependant, les plus grosses gouttes produites par les buses antidérive sont plus lourdes; ce poids, combiné avec un moindre débit d’air produit, fait que ces gouttes ont plus de difficulté à atteindre le haut et le centre des arbres dans des plantations espacées de plus de 20 pieds entre les rangs. Dans ce type de plantation peu dense, il est important d’utiliser un pulvérisateur procurant un bon débit d’air et de réduire la vitesse de pulvérisation. Lorsqu’employées correctement, les buses antidérive peuvent être utilisées au même débit (L/min), à la même vitesse d’avancement et avec une pression d’opération comparable aux buses conventionnelles pour une efficacité semblable, tout en diminuant la dérive.

La distance de croisement des jets varie selon la grosseur de l’orifice de la pastille et de l’hélice sous jacente, ainsi que de la distance entre chaque porte-buse. Généralement, afin de conserver une distance de 50 cm entre le feuillage et les buses de pulvérisation, les jets de pulvérisation doivent se croiser à environ 50 cm des buses. Pour les pommiers standards plantés serrés, la limitation de hauteur de ces appareils peut parfois être compensée par l’ajout de buses supplémentaires dans le haut de la tour. Attention : malgré leur nom, certains pulvérisateurs antidérive viennent avec des portes-buses permettant d’utiliser au besoin des buses conventionnelles au lieu de buses antidérive (à jets plats ou coniques). Est-il nécessaire de préciser que de placer des buses conventionnelles dans le haut de votre pulvérisateur annulera ses propriétés antidérive?

 

Vérification de la distribution de la bouillie

Lorsqu’il y a assez de feuillage il est possible de vérifier la répartition des gouttelettes dans les arbres en utilisant du kaolin (SURROUND), sinon il est également possible d’utiliser du papier hydrosensible.

distribution de la bouillie dans les arbres

 

Ajustement en fonction du gabarit des arbres

Pour cette étape, il est nécessaire d’avoir un plan du verger avec la surface et la distance entre les rangs de chaque bloc. Idéalement, il faut également connaître le TRV (Tree Row Volume) de chacun de ces blocs de manière à calculer la quantité de bouillie associée à chacun de ces blocs. Le TRV est une mesure du volume qu’occupent les pommiers dans une parcelle, qui est ensuite comparé avec un volume de référence. La quantité de bouillie à appliquer dans chaque bloc peut ensuite être ajustée en fonction du rapport entre le TRV du bloc et le TRV de référence.

Le TRV de chaque bloc (en m3/ha) est calculé simplement comme suit :
(hauteur moyenne (m) × largeur moyenne des rangs (m) × 10 000) / distance entre les rangs (m)

Le TRV de référence est celui d’un bloc de pommiers standards de 5 m de haut et 7 m de large avec une distance de 10 m entre les rangées, et donc correspond à 35 000 m3 :
(5 × 7 × 10 000) / 10 = 35 000

En appliquant la même formule à un bloc imaginaire dont les arbres ont une hauteur de 4 m et une largeur de 3 m avec une distance de 5 m entre les rangs, un TRV de 24 000 m3/ha est calculé, soit 69 % (24 000 / 35 000) du TRV de référence. Cela signifie que, dans le cas d’une application en dilué nécessitant 1000 L/ha dans le bloc de référence, cette parcelle peut recevoir 690 L/ha.

 

Plan de pulvérisation

Une fois la quantité de bouillie par hectare calculée pour des traitements en dilué et en concentré pour chaque parcelle, les paramètres de pulvérisation tels la vitesse de pulvérisation et le débit du pulvérisateur doivent leur être associés. L’ensemble de ces informations constitue le plan de pulvérisation. Les indications suivantes doivent s’y retrouver pour chaque parcelle :

  • Surface (ha)
  • TRV (m3/ha)
  • Bouillie à appliquer en dilué et en concentré (L/ha)
  • Vitesse de pulvérisation (engrenage)
  • Arrangement et type de buses (pastilles et hélices)
  • Pression d’opération
  • Débit du pulvérisateur (L/min)

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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Fiche 62

Robert Maheux, Gérald Chouinard, Yvon Morin, Monique Audette, Francine Pelletier et Maude Lachapelle

 

Pourquoi rincer et nettoyer le réservoir et le pulvérisateur?
  • Les résidus de pesticides présents sur la machinerie peuvent contaminer les personnes qui entreraient en contact avec cette dernière lorsqu’elle est remisée et/ou lors de la préparation de la bouillie de la prochaine pulvérisation.
  • Les surplus de bouillie à l’intérieur du pulvérisateur (plomberie et réservoir) peuvent contaminer l’utilisateur et causer de la phytotoxicité lors du prochain traitement.
  • Dépendamment de sa composition, la bouillie peut aussi corroder ou abîmer certaines pièces d’équipement.
  • Le rinçage du circuit complet de pulvérisation après chaque utilisation est l’une des opérations les plus importantes pour obtenir et maintenir des performances optimales de la machinerie

 

Comment procéder?

Premièrement, le port d’un équipement de protection est essentiel pour effectuer cette opération. Consultez les fiches 31 et 59.

Il importe de vérifier si votre pulvérisateur est équipé d’un dispositif qui permet de récupérer les restes de bouillie au fond du réservoir. Si ce n’est pas le cas, en fonction de la grosseur et du type de pulvérisateur ainsi que de l’angle d’inclinaison de la cuve, il peut rester de 6 à 30 L de bouillie dans le système de pulvérisation (tuyauterie et réservoir), lorsque la pompe commence à aspirer de l’air. Pour éliminer cette bouillie efficacement et selon des normes environnementales acceptables, les solutions suivantes sont généralement utilisées :

  • Rincer l’intérieur du réservoir une à trois fois avec un volume d’eau propre de 100 L (votre nouveau pulvérisateur peut être équipé d’une cuve de rinçage de cette capacité, qui facilite cette opération dès que la pulvérisation est terminée).
  • Les pièces importantes du pulvérisateur, telles que les filtres et les buses, doivent être nettoyées soigneusement en suivant les recommandations du manufacturier. Il faut vérifier également l’étiquette des produits utilisés pour connaître les restrictions et recommandations spéciales. Utiliser un détergent recommandé – jamais d’eau de javel – pour cette opération.
  • L’extérieur du pulvérisateur peut être nettoyé à l’eau et au savon avec une laveuse à pression, dans une zone réservée à cette fin. Attention aux éclaboussures!

 

Que faire des eaux de rinçage?

Les eaux de rinçage produites lors du rinçage final de la cuve à la fin de la pulvérisation peuvent représenter une quantité importante de liquides contenant de faibles concentrations de pesticides. Il est interdit de jeter les eaux de rinçage dans l’égout pluvial ou sanitaire ou encore dans un équipement qui s’y déverse. Choisissez plutôt une des options suivantes, acceptées par le ministère du Développement durable, de l’Environnement et la Lutte contre les changements climatiques du Québec :

  • Les épandre sur la superficie déjà traitée lorsque cette opération ne nuit pas à l’efficacité du traitement.
  • Si ce type d’élimination ne convient pas, les épandre dans une zone peu à risque, loin des cours d’eau, des lacs et des puits (50 m ou plus).
  • Récupérer les eaux dans un réservoir étanche et les confier au besoin à un service de décontamination.

Lorsque le rinçage et le nettoyage s’effectuent sur un site sensible, celui-ci doit reposer sur une matière imperméable (par exemple, sur l’asphalte) munie d’un drain collecteur qui amènera les eaux contaminées dans un récipient fermé. Après, il est possible de disposer de ce liquide sur un amas de terre aménagé à cette fin.

Les entreprises agricoles qui utilisent des pesticides doivent en tout temps le faire de façon sécuritaire et conforme à la réglementation en vigueur. Les recommandations ci-haut visent à assurer la sécurité des opérations de nettoyage et ces recommandations peuvent être plus exigeantes que la réglementation. Consultez la fiche 12 pour les exigences légales.

 

N’oubliez pas!
  • Après la pulvérisation, prenez une bonne douche en prenant soin de bien savonner et de rincer à fond toutes les parties de votre corps pouvant avoir été exposées aux pesticides. Après la douche, enfilez des vêtements propres.
  • Remplissez par la suite votre registre de pesticides en fonction des exigences du «registre des intrants de production» du Guide de salubrité pour les fruits de verger (registre H1 de CanadaGAP). En procédant ainsi, vous rencontrez cette obligation du programme, maintenant exigé par certains emballeurs pour la vente des pommes.

    Indiquez les informations suivantes dans le registre :

    • Date et heure de début et de fin de la pulvérisation et les conditions météo (température, direction et vitesse des vents)
    • Produit et formulation utilisés, no. d’homologation, dose à l’hectare
    • Respect de l’étiquette
    • Date la plus hâtive pour la récolte et délai avant récolte
    • Quantité par réservoir et quantité totale de pesticides
    • Nombre de réservoirs
    • Pulvérisateur utilisé (rampe, jet porté, etc.)
    • Bloc traité et superficie
    • Stade phénologique et ravageurs visés
    • Signature de l’opérateur ou facture du forfaitaire

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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Auteurs de la première édition : Yvon Morin, Gérald Chouinard, Robert Maheux, Sylvie Bellerose, Francine Pelletier, Maude Lachapelle
Auteure de la mise à jour 2023 : Stéphanie Gervais
Dernière mise à jour par l’auteure : 19 octobre 2024

 

Selon le type de plantation dans le verger (faible densité, haute densité) et du ravageur visé, les traitements à effectuer peuvent prendre des formes différentes de la méthode classique.

Passage aux deux rangs en alternance

Il est possible, en début de saison, de pulvériser un rang sur deux en alternance, par exemple dans de jeunes plantations ou dans des sections de pommiers nains ou semi-nains très bien taillés. Cette pratique n’est pas recommandable en soi : elle a pour but de sauver du temps, ce qui est parfois nécessaire, mais elle devrait être réservée aux nouvelles plantations qui ne sont pas encore en production. Elle est en effet moins efficace pour le contrôle des ravageurs et elle est soumise à de nombreuses limitations :

  • Cette pratique peut être effectuée lorsqu’il y a une faible densité de feuillage, et ce, pour la plupart des pesticides utilisés. Il faut absolument revenir à une pulvérisation dans chaque rang lorsque la densité de feuillage augmente (environ au stade bouton-rose) sinon la couverture deviendra inadéquate.
  • Cette pratique est déconseillée pour les traitements de tavelure en post-infection, les traitements avec des acaricides et avec des produits systémiques.
  • Si cette pratique est utilisée plusieurs fois consécutives, il est très important d’alterner les rangs pulvérisés d’un traitement à l’autre de façon à bien couvrir chaque côté des arbres. L’alternance permet d’améliorer la protection tout en permettant aux insectes utiles de se réfugier dans les rangs sans pesticides. Les rangs non pulvérisés sont aussi considérés comme des « refuges génétiques » qui aident à prévenir le développement de la résistance aux insecticides chez certains ravageurs.
  • Votre pulvérisateur doit être parfaitement réglé avant d’effectuer ce genre de traitement (consultez la fiche sur le Réglage et étalonnage du pulvérisateur). Un essai avec de l’eau en début de saison permettra au producteur, accompagné par un observateur, de vérifier la qualité et l’efficacité de la pulvérisation sur le feuillage dans les rangs où l’on n’effectue aucun passage
  • Les pulvérisateurs utilisant des buses antidérive ne permettent pas cette pratique.

IMPORTANT : Consultez toujours l’étiquette des produits pour valider votre choix de faire un traitement aux deux rangs.

Traitements de bordures

Plusieurs résultats de recherches démontrent qu’il est possible de bien réprimer certains ravageurs par des traitements localisés uniquement sur les pommiers formant la bordure du verger. Les meilleurs résultats ont été obtenus contre le charançon de la prune avec un seul traitement appliqué sur une bordure de 20 à 30 mètres en périphérie du verger au stade calice, une approche qui réprime bien ce ravageur, en autant qu’un suivi soit effectué. Pour plus de détails consultez la fiche sur Le charançon de la prune.

Dans ce cas aussi, la zone non traitée au centre permet aux insectes utiles de se développer sans danger d’exposition aux pesticides, et ralentit le développement de la résistance.

Traitements par blocs

Comme il est fréquent qu’un verger ne soit pas homogène et qu’il comporte plusieurs secteurs avec des caractéristiques différentes, il est courant de le diviser en un certain nombre de blocs distincts. Chaque bloc est alors composé de pommiers aux caractéristiques semblables, les arbres étant de même taille et bénéficiant du même type de traitements et de pratiques culturales. Les traitements par blocs peuvent ensuite être employés pour régler un problème dans les seuls secteurs affectés. Cette façon de faire permettra d’économiser temps et argent et de profiter des avantages que procure la réduction des pesticides dans les autres secteurs.

Traitements aériens

Seuls quelques pesticides peuvent être appliqués par avion ou par hélicoptère en pomiculture, et tous sont à base de captane. Selon la Loi sur les pesticides, l’applicateur doit détenir un permis spécifique à ce genre d’application du ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (se référer à la fiche sur L’utilisation des pesticides (homologation, vente, entreposage et application) et la loi). De façon à améliorer la répression des ravageurs et à réduire les risques de dérive, on doit, tout en respectant la loi, tenir compte des facteurs suivants :

  • Bien vérifier sur l’étiquette si ce produit est homologué pour une application aérienne et appliquer selon le mode d’emploi prescrit.
  • Appliquer seulement lorsque le vent est nul ou très faible et éviter les périodes très chaudes (au-delà de 25 °C).
  • Afin de réduire les risques de phytotoxicité, éviter les applications aériennes lorsque les conditions favorisent un séchage lent.

Une mise en garde doit être faite face à cette pratique, puisque ce genre de traitement est plus onéreux que des traitements terrestres, et ils doivent être limités à des cas exceptionnels, comme lorsque le passage au champ est rendu difficile par de fortes précipitations au printemps.

Applications de pesticides par drones

Santé Canada réglemente les méthodes d’application des pesticides en vertu de la Loi sur les produits antiparasitaires (LPA), y compris l’application aérienne de pesticides par des drones. Les étiquettes de pesticides doivent porter la mention « système d’aéronef télépiloté » (SATP).

Actuellement, aucun pesticide dans la pomme n’est homologué pour être appliqué par drone à des fins agricoles. Quelques larvicides à base de B.t (Bacillus thuringiensis) ainsi qu’un herbicide ont été homologués pour application par SATP pour des cultures non-agricoles.

Le Centre de lutte antiparasitaire d’Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC) mène actuellement une étude sur les résidus de pesticides après un arrosage par drone. L’ARLA n’a toujours pas tranché sur l’utilisation des drones pour l’application de pesticides en milieu agricole. Dossier à suivre au cours des prochaines années.

Attention : les municipalités et communautés métropolitaines ont le pouvoir d’exiger des règles plus sévères que le code de gestion des pesticides et également celui d’interdire les applications aériennes.

Pour plus d’informations sur les applications par drones, consultez :

Le site «Application de pesticides par drones» de Santé Canada.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

Fiche 64

Robert Maheux, Gérald Chouinard, Yvon Morin, Sylvie Bellerose, Francine Pelletier et Maude Lachapelle

 

NOTE IMPORTANTE : les entreprises agricoles utilisant des pesticides doivent entreposer ceux-ci de façon sécuritaire et conforme à la réglementation en vigueur. Cette fiche vise à assurer la sécurité de l’entreposage et ces recommandations peuvent être plus exigeantes que la réglementation. Consultez la fiche 12 pour les exigences légales.

L’entrepôt à pesticides peut être un bâtiment érigé séparément des autres bâtiments ou un local fermé, adjacent à une bâtisse déjà existante (avec murs coupe-feu) et accessible de l’extérieur seulement. Cet entrepôt devra respecter les distances minimales d’éloignement d’un cours ou plan d’eau et/ou d’une installation de captage d’eau. Consultez la fiche 12 pour les détails et une fiche technique de l’IRDA est également disponible.

Des solutions faciles et sécuritaires pour l’entreposage :
  • Le plancher doit être étanche et doit pouvoir retenir facilement la totalité du plus gros contenant présent dans le site. Il est toutefois possible de placer les pesticides sous forme liquide dans des bacs plutôt que de faire un plancher étanche.
  • Il doit être possible de faire cesser toute fuite de produits lors d’un déversement.
  • Des tablettes de métal ou de plastique doivent être utilisées pour séparer les différents pesticides. Les produits secs doivent être déposés au-dessus des produits liquides, et aucun pesticide ne doit être déposé sur le plancher. Tous les pesticides doivent être conservés dans leur contenant d’origine avec une étiquette lisible qui mentionne clairement le numéro d’enregistrement de produit antiparasitaire (EPA). Les contenants de produits volatils doivent être hermétiquement fermés en tout temps.
  • La ventilation doit être continue et efficace.
  • La température ambiante devrait se situer entre 5 et 30 °C.
  • La porte doit être fermée à clé et une affiche indiquant qu’il y a des pesticides à l’intérieur doit être apposée sur celle-ci. Les numéros de téléphone des organismes utiles en cas de mesures d’urgence doivent être affichés à proximité du local.
  • Un évier ainsi que des équipements d’urgence doivent être accessibles à proximité de l’entrepôt.

    plan d'entrepôt à pesticides

    1. Local fermé à clé
    2. Affiche d’avertissement
    3. Aération ou ventilation
    4. Aménagement d’un bassin de rétention, plancher sec et propre sans drain (en béton ou en matériaux non poreux)
    5. Éclairage avec au moins deux ampoules ou néons et système électrique en bon état
    6. Palettes isolant les produits du sol

    plan d'entrepôt à pesticides

  • Pour connaître les normes d’entreposage particulières à chaque produit, veuillez consulter son étiquette.

Consultez également la fiche 32 pour des recommandations concernant les mesures à suivre en cas de déversement.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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Fiche 65

Gérald Chouinard et Yvon Morin

 

Calendrier d’apparition des principaux ravageurs et organismes utiles

Cliquez pour télécharger le tableau complet

* Guide approximatif utilisé : débourrement = avril; déb. avancé = 1ère semaine de mai; bouton rose = 2e de mai; floraison = 3e de mai; calice = 4e de mai.
** Punaise de la pomme, punaise de l’aubépine et lygide du pommier.

Méthodes de dépistage pour les insectes et acariens ravageurs

Guide résumé des méthodes de dépistage (Format poche)

Ce guide présente le résumé des méthodes de dépistage des principaux ravageurs. Cliquez ici pour télécharger le document. Il s’imprime avec un format de 8,5 po x 14 po.

Les seuils indiqués ne sont qu’un guide, qui correspond à la situation dans un verger type. Parmi les exceptions au verger type figurent les situations suivantes :

  • La présence de pommes déclassées ou d’autres rejets de fruits à proximité;
  • La forme irrégulière du verger (verger-type : forme plutôt rectangulaire);
  • La présence de bois de coupe à proximité immédiate du verger ou dans le verger;
  • La présence d’un verger mal entretenu à proximité;
  • La présence à proximité de réservoirs d’espèces nuisibles, en particulier les plantes suivantes :
    • arbres fruitiers (pommiers, pruniers, poiriers, cerisiers, vigne, bleuet, etc.)
    • pommetiers, cerisiers ou amandiers décoratifs
    • tout autre arbre ou arbuste du genre Prunus
    • aubépine
    • églantier
    • amélanchier
    • genévrier
    • sorbier ou cormier
Dépistage par pièges visuels
RAVAGEURS HOPLOCAMPE DES POMMES PUNAISE TERNE MOUCHE DE LA POMME
PIÈGES Carton blanc englué Carton blanc englué Sphère rouge engluée
NOMBRE DE PIÈGES 1 par section de 2 ha (minimum de 4 par verger) 1 par section de 2 ha (minimum de 4 par verger) 1 par section de 2 ha (minimum de 4 par verger)
PÉRIODE DE POSE Bouton rose Mi-avril, avant le débourrement Fin juin
FRÉQUENCE DES RELEVÉS Une à deux fois par semaine selon l’historique Une à deux fois par semaine selon l’historique Une fois par semaine
PÉRIODE DE RETRAIT Mi-juin ou dès la nouaison À la nouaison Septembre
POSITION DANS LE VERGER Entre les 1er et 4e rangs au pourtour du verger; de préférence dans les variétés hâtives 2e rangée au pourtour du verger Entre les 1er et 4e rangs au pourtour du verger; de préférence près des boisés et dans les variétés hâtives
POSITION DANS L’ARBRE À la hauteur des yeux (1,5 m) sur une branche fructifère, de préférence face au sud et à environ 1 mètre du tronc À la hauteur des genoux (75 cm), à l’extérieur des arbres, sur une branche fructifère, au-dessus d’un espace engazonné À la hauteur des yeux (1,5 m) sur une branche fructifère, de façon à ce qu’il soit bien visible et à l’abri du vent
SEUIL D’INTERVENTION (comptage cumulatif des captures) 5 captures par piège 2,5 à 4 captures par piège. Compléter par le dépistage de l’activité sur bourgeons (seuil jusqu’au débourrement avançé : 10 à 15 % des bourgeons occupés par une punaise ou présentant de l’exsudat; au pré-bouton rose: 3 à 5%; au bouton rose: 1 à 2%) Pommes d’exportation : 1 mouche par piège. Autres marchés : 2 mouches par piège. Après la fin juillet : 5 mouches par piège
REMARQUES De nombreux bouquets à fruits doivent être présents dans le voisinage du piège, mais enlever ceux à moins de 10 cm du piège. Pour éviter les réinfestations répétées, couper tous les pommiers abandonnés de même que les arbres de la famille des Rosacées (ex. : pommetiers et cerisiers sauvages) autour du verger De nombreux bouquets à fruits doivent être présents dans le voisinage du piège, mais enlever ceux à moins de 10 cm du piège. L’exsudat est une goutte de sève qui apparaît à la suite d’une piqûre de nutrition par la punaise terne. Ne pas installer les pièges sur les mêmes arbres que ceux de l’hoplocampe Des fruits doivent être présents dans le voisinage du piège, mais enlever ceux à moins de 10 cm du piège. Pour éviter les réinfestations répétées, couper tous les pommiers abandonnés de même que les arbres de la famille des Rosacées (ex. : pommetiers et cerisiers sauvages) autour du verger. Consultez la fiche 77 pour d’autres détails
Dépistage par pièges à phéromone
RAVAGEURS CARPOCAPSE DE LA POMME TORDEUSE À BANDES ROUGES MINEUSE MARBRÉE PETIT CARPOCAPSE
PIÈGE Multi-Pher I Multi-Pher II ou III Multi-Pher II ou III Multi-pher II ou III
PHÉROMONE Trécé Trécé Trécé Scentry
NOMBRE DE PIÈGES Vergers avec antécédents de dégâts : 1 à 3 pièges (ou paires de pièges) par section de 12 ha de verger. Si des paires sont utilisées, considérer uniquement les captures des 3 pièges les plus efficaces Vergers avec antécédents de dégâts : 1 par section de 12 ha de verger Vergers avec antécédents de dégâts : 1 par section de 12 ha de verger Vergers avec antécédents de dégâts : 1 par section de 12 ha de verger
Autres vergers : 1 par verger Autres vergers : 1 par verger Autres vergers : 1 par verger
PÉRIODE DE POSE Floraison Débourrement Débourrement Bouton rose
FRÉQUENCE DES RELEVÉS Une à deux fois par semaine selon l’historique Une fois par semaine Une fois par semaine Une fois par semaine
PÉRIODE DE RETRAIT Septembre Septembre Septembre Septembre
POSITION DANS LE VERGER Au centre du verger ou de chaque secteur à risques Au centre du verger ou de chaque section Au centre du verger ou de chaque section Au centre du verger ou de chaque secteur à risques
POSITION DANS L’ARBRE À la hauteur des yeux (1,5 m), à l’intérieur des arbres À la hauteur des yeux (1,5 m), à l’intérieur des arbres À la hauteur des yeux (1,5 m), à l’intérieur des arbres À la hauteur des yeux (1,5 m), à l’intérieur des arbres
SEUIL D’INTERVENTION (comptage cumulatif des captures sauf si autrement spécifié Première génération : (mi-mai à mi-juillet) : 10 captures par piège par semaine pour 2 semaines consécutives 500 captures par piège 3000 à 5000 captures par piège (15 à 25 ml dans un cylindre gradué de 10 ml) 300 à 500 (seuil approximatif). Les captures peuvent être importantes sans que des dégâts soient produits
Deuxième génération : dans les vergers avec historique de dégâts, 15 à 20 captures par piège par semaine pour 2 semaines consécutives; dans les vergers sans historique de dégâts, 25 à 30 captures par piège par semaine pour 2 semaines consécutives
REMARQUES Le dépistage du carpocapse doit être basé sur l’observation des dégâts et l’historique des dommages est essentiel pour déterminer les besoins de traitements. Les méthodes et les seuils différent si votre verger utilise un programme de lutte par confusion sexuelle: consultez la  fiche 76 pour les détails. Le seuil d’intervention peut être rehaussé en présence de parasites  : consultez la fiche 98 Le dépistage du petit carpocapse se complète par l’observation des dégâts et l’historique des dommages est essentiel pour déterminer les besoins de traitements. Voir les fiches 76 et 85 pour les détails
Dépistage par observation des fruits ou du feuillage
RAVAGEURS CHARANÇON DE LA PRUNE COCHENILLES PUNAISE DE LA MOLÈNE TORDEUSES SUR FEUILLAGE CHENILLES DU FRUIT (EXTERNES) CHENILLES DU FRUIT (INTERNES)
TECHNIQUE Observer la face visible des fruits situés sur les arbres en périphérie du verger et sur les cultivars hâtifs. Observer 100 fruits par section de 12 ha de verger (10 par arbre standard ou 5 par arbre nain ou semi-nain) Observer les fruits de 100 bouquets par bloc (10 par arbre). Principalement les variétés Délicieuse et Spartan Observer les feuilles de 100 bouquets floraux ou de 100 pousses en croissance par bloc (5 à 10 par arbre) Observer les fruits de 100 bouquets par bloc (10 par arbre) Observer 100 fruits par bloc (10 par arbre) et prélever ceux qui portent des marques de carpocapse (voir le texte)
Compter le nombre de fruits portant des marques fraîches de ponte Compter le nombre de fruits avec présence de cochenilles (boucliers) Compter le nombre de fruits portant des marques de piqûres Déplier soigneusement les feuilles enroulées et compter les chenilles trouvées Soulever soigneusement les feuilles en contact avec les fruits et compter les chenilles (ou leurs signes) trouvées Ouvrir les fruits sélectionnés et compter les fruits portant des excréments rougeâtres ou des galeries profondes ou superficielles
DÉBUT DES OBSERVATIONS Entre le stade calice et la nouaison À la récolte Début floraison Pré-bouton rose Bouton rose pour la TBO, calice pour les autres espèces Mi-juin
FRÉQUENCE 2 fois par semaine Une seule fois Une fois par semaine Une fois par semaine Une fois par semaine Une fois par semaine
FIN DES OBSERVATIONS Début à mi-juillet À la récolte 2 à 3 semaines après le calice (calibre des fruits > 10 mm) Mi-août Mi-août À la récolte
SEUIL D’INTERVENTION Premier traitement : en prévention au stade calice ou dès les premiers dégâts observés. Traitements additionnels : Dès que 1 % des fruits d’un secteur sont affectés (2 % à partir de la fin juin) De 1 à 3 % des fruits infestés Entre 1 et 5 % des fruits affectés Les seuils varient de 3 à 10 % selon la période, l’historique des dégâts et les espèces en cause. Consulter la fiche 74 pour des détails Les seuils varient de 0,5 à 5 % selon la période, l’historique des dégâts et les espèces en cause. Consulter la fiche 74 pour des détails Il est déconseillé d’attendre des dégâts sur fruit avant de penser à intervenir. La stratégie dépendra de l’historique des dégâts et des captures dans les pièges à phéromone. Le dépistage des dégâts servira à valider l’efficacité de votre stratégie : les seuils varieront de 0,1 à 1 % selon vos objectifs personnels
REMARQUES Pour éviter les réinfestations répétées, couper tous les pommiers abandonnés de même que les arbres de la famille des Rosacées (ex. : pommetiers et cerisiers sauvages) autour du verger Le seuil permet de déterminer la nécessité d’une intervention au printemps suivant. Consulter la fiche 80 La punaise de la molène est également un important prédateur d’acarien et de puceron Ces chenilles sont principalement des tordeuses, dont la tordeuse à bandes rouges (TBR) et la tordeuse à bandes obliques (TBO). On recommande rarement des traitements contre la génération estivale de TBO; les traitements contre la première génération (hivernante) sont beaucoup plus efficaces Ces chenilles sont principalement : la tordeuse à bandes rouges, la tordeuse à bandes obliques (TBO) et la noctuelle des fruits verts. On recommande rarement des traitements contre la génération estivale de TBO; les traitements contre la première génération (hivernante) sont beaucoup plus efficaces Ces chenilles sont principalement : le carpocapse de la pomme, le petit carpocapse de
la pomme et la tordeuse orientale du pêcher

Des méthodes de dépistage par observation du feuillage sont aussi disponibles pour les cicadelles, l’ériophyide, la mineuse marbrée, le puceron lanigère, le puceron rose, les pucerons verts, la punaise terne et les tétranyques. Les voici :

Ravageurs Cicadelles Ériophyide Mineuse marbrée (mines) Puceron lanigère Puceron rose
TECHNIQUE En excluant les gourmands, observer 100 feuilles par bloc (10 par arbre standard et 5 par arbre nain ou semi-nain) Prélever 25 feuilles par bloc (2 à 5 par arbre) et examiner les 2 faces des feuilles à l’aide d’une loupe 15x Prélever 100 feuilles par bloc (5 par arbre) sur les bouquets à fruits (au printemps) ou à mi-chemin sur la pousse de saison (en été) Observer 100 cicatrices de taille et gourmands par bloc (5 par arbre) Observer 100 bouquets floraux par bloc (10 par arbre standard et 5 par arbre nain ou semi-nain)
Compter les larves présentes sur la face inférieure des feuilles Compter ou estimer le nombre de formes mobiles sur chaque feuille Compter le nombre de mines de type « jeune » et de type « âgée » sur chaque feuille (voir fiche 73) Compter le nombre de colonies de pucerons trouvées Compter le nombre de bouquets infestés de plus de 20 pucerons roses
DÉBUT DES OBSERVATIONS 1re génération : floraison; 2e génération : début août Débourrement 1re génération : calice; 2e génération : mi-juillet Juin Débourrement avancé
FRÉQUENCE Une fois par semaine 1 à 2 fois par mois (selon la température) Une fois par mois 1 à 2 fois par mois Une fois par semaine
FIN DES OBSERVATIONS 1re génération : nouaison; 2e génération : fin août Fin août Début août Mi-août Fin juin
SEUILS D’INTERVENTION Cicadelle blanche 1re génération : 0,5 larve par feuille Environ 100 à 600 formes mobiles par feuille, selon le cultivar et le niveau de stress du pommier. Le roussissement du feuillage est un indicateur de l’atteinte du seuil 1re génération : 1 mine par feuille de type « jeune » (voir fiche 73). Lorsque les mines sont de type « âgé », il est trop tard pour intervenir Présence de colonies sur 50 % des cicatrices ou gourmands Plus de 10 % des bouquets contenant plus de 20 pucerons
Cicadelle blanche 2e génération : 1,0 larve par feuille 2e génération : 2 mines par feuille (en présence d’un stress et absence de parasites)
Cicadelle de la pomme de terre (vergers nains ou non en production) : 1,0 larve par feuille 3e génération : ne pas intervenir – il est trop tard et il y a risque de tuer les parasites très actifs à cette période
REMARQUES Ne pas inclure les gourmands pour le dépistage de la cicadelle blanche Rares sont ceux qui comptent les ériophyides! La tolérance est recommandée car ce ravageur sert de nourriture à plusieurs prédateurs et favorise donc le contrôle naturel des tétranyques Le seuil d’intervention peut être rehaussé en présence de parasites : consultez la fiche 98 Le seuil d’intervention doit être rehaussé en présence de prédateurs ou de parasites : consultez la fiche 97 La variété Cortland (et ses différentes lignées) est particulièrement susceptible à l’attaque du puceron rose
RAVAGEURS PUCERONS VERTS PUNAISE TERNE TÉTRANYQUES
TECHNIQUE Observer 100 pousses par bloc (10 par arbre) Observer les boutons floraux de 100 bouquets par bloc (2 à 5 par arbre) lors de journées chaudes (>10 °C) avec peu de vent Prélever un minimum de 25 feuilles (choisir des feuilles du bouquet floral jusqu’à la mi-juin, par la suite, ajouter également des feuilles de pousses) par bloc (2 à 5 par arbre) et examiner les feuilles à l’aide d’une loupe (10-15x)
Classifier chaque pousse dans une des catégories décrites à la fiche 78 Compter le nombre de boutons floraux occupés par une punaise ou présentant un exsudat (goutte) de sève Compter le nombre de formes mobiles et d’œufs sur chaque feuille
DÉBUT DES OBSERVATIONS Juin Tétranyque rouge : bouton rose; tétranyque à deux points : juin
FRÉQUENCE Une fois par semaine Chaque fois que se présentent les conditions météo précitées 2 à 4 fois par mois (selon la température et la présence de prédateurs)
FIN DES OBSERVATIONS Mi-août Bouton rose avancé Fin août
SEUILS D’INTERVENTION 30 % des pousses annuelles affectées de colonies denses OU : Jusqu’au débourrement avancé : 5 à 15 % des boutons avec punaise ou exsudat. Ce seuil peut être plus haut si la quantité de bourgeons à fruits est élevée Jusqu’au calice : 20 % des feuilles avec au moins 4 formes mobiles
50 % des pousses annuelles affectées de colonies modérées OU : À partir du pré-bouton rose : 3 à 10 % des boutons floraux avec punaise ou exsudat Du stade calice à la mi-août : 23 % des feuilles avec au moins 8 f.m. ou un total de 15 œufs et formes mobiles
80 % des pousses annuelles affectées de faibles colonies Après la mi-août : 24 % des feuilles avec au moins 15 f.m. ou un total de 29 œufs et formes mobiles
REMARQUES Pas d’intervention requise en présence de prédateurs : consultez la fiche 97 Le dépistage par pièges collants (voir le tableau à cet effet) permet la surveillance pendant les périodes de moins grande activité Le seuil d’intervention peut être rehaussé en présence de prédateurs: consultez la fiche 96

Note : La plupart de ces seuils peuvent être augmentés si la production est dédiée à la transformation.

 

D’où viennent ces méthodes?

Majoritairement des conseillers et chercheurs (membres d’aujourd’hui et d’hier) du Réseau-pommier du Québec. Consultez la fiche 67 pour les détails.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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Auteurs de la première édition : Gérald Chouinard, Francine Pelletier, Daniel Cormier, Franz Vanoosthuyse et Yvon Morin
Auteurs de la mise à jour 2023 : Audrey Charbonneau et Gérald Chouinard
Dernière mise à jour par les auteurs : 27 mars 2023

Dépistage visuel (gauche) et différents types de pièges pour dépister différents ravageurs (droite) (source : IRDA).

À la base de la PFI se retrouve un principe fondamental : les interventions phytosanitaires sont nécessaires uniquement lorsque l’importance des populations les justifie. En d’autres mots, assurez-vous d’être en présence d’un nombre suffisant de ravageurs avant d’effectuer une intervention!

Les méthodes de dépistage (piégeage ou observation visuelle) permettent de détecter la présence de la plupart des espèces de ravageurs du pommier et de déterminer leur importance réelle AVANT que le problème ne prenne de trop grandes proportions et qu’il soit trop tard pour intervenir. Le nombre de spécimens ou de dégâts récoltés ou observés indique, dans une bonne mesure, l’importance des populations de ravageurs dépistés et doit être comparé au seuil d’intervention afin d’établir s’il y a lieu ou non d’intervenir.

Le dépistage vous permet :

  • de mieux connaître les différents blocs de votre verger;
  • de mieux cibler vos interventions contre les ravageurs;
  • d’évaluer l’efficacité de vos interventions et d’identifier les traitements qui n’ont pas de réelle utilité;
  • de diminuer votre facture de pesticides;
  • de mieux préserver les insectes et acariens utiles qui travaillent gratuitement pour vous et qui permettent de réduire encore plus vos coûts en pesticides;
  • de préserver l’efficacité des pesticides disponibles en évitant le développement rapide de résistance chez les ravageurs visés;
  • de minimiser les risques liés à l’utilisation des pesticides (dérive, intoxication, pollution, ).

Le dépistage peut être une des pratiques les plus rentables dans un verger… Il suffit souvent de quelques heures pour économiser plusieurs centaines de dollars.

Pour toutes ces considérations, le dépistage constitue un des éléments clés de la PFI.

Puis-je effectuer moi-même le dépistage ou dois-je embaucher un spécialiste?

Tout le monde peut se promener dans un verger et faire des observations. Il serait d’ailleurs souhaitable que tous les pomiculteurs et pomicultrices observent leur verger et évaluent les effets des interventions qu’ils font. Un bon dépistage nécessitera quelques dollars de matériel, mais aussi une bonne dose de formation et d’apprentissage de même que de la rigueur et de l’assiduité. Le temps étant une denrée rare en saison pour le pomiculteur ou la pomicultrice et le dépistage exigeant minutie et régularité dans le suivi, plusieurs préfèrent confier ce travail à des dépisteurs comme ceux des clubs d’encadrement technique ou des clubs agroenvironnementaux (voir la fiche sur les Ressources essentielles en PFI). N’hésitez pas à assister votre dépisteur, vous en retirerez encore plus d’avantages et celui-ci (ou celle-ci) vous en sera reconnaissant(e).

Qu’est-ce qu’un seuil d’intervention?

C’est le nombre de spécimens d’un ravageur dépisté, ou le pourcentage de dégâts, à partir duquel une intervention au moment opportun devient nécessaire afin d’éviter que les pertes économiques causées par le ravageur ne dépassent le coût total de cette intervention (incluant ses effets indésirables). Les seuils d’intervention sont utilisés afin de déterminer les besoins en traitements. Lorsque le nombre de captures d’un piège, le nombre de dégâts ou le nombre d’individus observés d’un ravageur atteint le seuil indiqué, un traitement doit être envisagé dans le verger ou la section de verger considérée. Expressions apparentées : seuil de nuisibilité, seuil économique, nombre critique de captures.

Faut-il intervenir dès l’atteinte du seuil d’intervention?

Pas nécessairement. L’atteinte du seuil d’intervention signale qu’une intervention devra être effectuée au moment et à l’endroit opportuns propres à chaque ravageur. En théorie, ce moment survient lorsque la majorité de sa population a atteint ou atteindra sous peu le stade le plus sensible au pesticide choisi. En pratique, cela n’est possible que dans la mesure où vous pouvez répondre « oui » aux questions suivantes :

  • Les interventions peuvent-elles attendre l’arrivée de ce moment sans que les dégâts ne passent au-dessus du seuil économique?
  • Existe-t-il une méthode qui permette de déterminer le meilleur moment pour l’application du produit?

Le choix de la meilleure stratégie de lutte peut aussi dépendre des conditions climatiques en cours, de la période du jour, etc. Il devra être basé sur les recommandations de votre conseiller ou conseillère ou sur celles publiées dans les avertissements phytosanitaires du pommier ou dans le présent guide. Pour ce qui est des produits antiparasitaires préconisés contre chacun des ravageurs, les doses et les conditions d’application peuvent être retrouvées dans l’affiche Production fruitière intégrée, publiée annuellement par l’IRDA et couvrant les principales situations rencontrées en verger. Une liste complète des produits et doses homologuées pourra être obtenue pour toutes les situations en consultant le site web SAgEpesticides (voir la fiche sur les Ressources essentielles en PFI).

D’où proviennent tous ces seuils d’intervention? Sont-ils précis?

Les seuils d’intervention publiés dans ce guide sont le résultat de recherches ou de travaux menés aux États-Unis et au Canada par des scientifiques et des conseillers d’expérience. Ceux-ci ont développé et mis à l’essai des méthodes de dépistage pour la majorité des ravageurs primaires et secondaires. À cet effet, l’apport d’Agrilus, pionnier du service de dépistage dans les vergers au Québec, est à souligner. Les seuils sont constamment validés par l’expérience acquise en dépistage dans les vergers et ils sont périodiquement mis à jour par les membres du Comité de PFI du Réseau-pommier. Voir la fiche suivante pour consulter la liste des membres (Liste des membres du comité de PFI).

Les méthodes de dépistage sont habituellement d’une bonne précision. Néanmoins, les seuils d’intervention doivent être considérés uniquement comme des guides pour la prise de décision. Ils sont valides dans les situations les plus couramment rencontrées. Toute situation spéciale doit être considérée pour s’assurer d’un ajustement approprié à son verger, à sa situation. De même, il est de la plus haute importance de respecter la technique décrite, car chaque détail (type de phéromone, type de piège, hauteur d’installation, emplacement dans l’arbre, date de pose et de retrait, etc.) influence grandement le résultat et la prise de décision.

Est-il utile de dépister s’il n’existe pas de seuil d’intervention?

Oui. Dans ces cas, le dépistage sert à détecter la présence de l’insecte, à évaluer les densités de population et à déterminer l’apparition du stade visé pour une intervention phytosanitaire, en vue d’assurer une efficacité optimale.

Dois-je dépister tous les ravageurs ou uniquement les plus nuisibles?

Si pour une raison ou une autre, il vous est impossible de dépister tous les ravageurs, certains doivent impérativement être dépistés peu importe votre situation. C’est le cas par exemple du carpocapse et de la mouche de la pomme, qui attaquent directement les fruits pendant l’été. Comme les traitements insecticides appliqués l’été sont les plus dommageables pour l’équilibre biologique du verger, éviter ne serait-ce qu’une seule application d’insecticide grâce au dépistage est extrêmement souhaitable, d’autant qu’on améliore aussi la répression des autres ravageurs en ménageant les prédateurs et les parasitoïdes présents.

Comment pourrais-je réussir à reconnaître tous ces insectes et acariens?

De très bons guides illustrés existent pour vous aider! Un grand nombre d’espèces sont décrites et accompagnées de photos dans le Guide d’identification des maladies, insectes et acariens nuisibles et utiles des arbres fruitiers, disponible en partie sur la plateforme PFI du Réseau-pommier. La version PDF peut être acheté sur le site du CRAAQ. Le format papier n’est plus disponible. Si un doute persiste quant à son identification, il est possible d’envoyer le spécimen au Laboratoire de diagnostic en phytoprotection du MAPAQ.

Comment expliquer qu’un insecte causant généralement peu de dégâts puisse être responsable de la majorité des dommages observés une année particulière? Comment un insecte peut-il causer de nombreux dégâts dans un verger et relativement peu chez son voisin?

Les fiches du présent guide portant sur les stratégies de lutte aux ravageurs ont pour but de vous aider à répondre à ces questions et surtout, à vous montrer l’importance d’observer vos pommiers. Un programme de traitements insecticides utilisant un calendrier avec des pulvérisations à des dates ou des stades de développement fixes, sans égard à vos populations de ravageurs ni aux conditions météorologiques, est coûteux et n’offre pas une garantie de succès.

 

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

Auteurs de la première édition: Gérald Chouinard, Francine Pelletier, Daniel Cormier, Franz Vanoosthuyse et Yvon Morin
Auteures de la mise à jour 2023: Vanessa Nadeau, Francine Pelletier, Maude Richard et Gaëlle Charpentier
Dernière mise à jour par les auteurs : 29 novembre 2022

 

Les méthodes de dépistage peuvent être regroupées en deux catégories : dépistage à l’aide de pièges et dépistage par des observations visuelles. Peu importe la méthode utilisée, le dépistage doit être répété régulièrement, au moins une fois par semaine, mais parfois deux ou trois fois par semaine pour certains insectes ou dans certaines situations particulières. Aussi, pour chaque dépistage, avec pièges ou visuel, il existe des seuils d’intervention auxquels se référer afin de planifier les interventions phytosanitaires.

Le dépistage par pièges

Le dépistage par pièges est certainement la forme de dépistage la plus pratique et la plus rapide. L’utilisation de pièges peut sembler coûteuse, mais la plupart des pièges utilisés au Québec sont réutilisables, ce qui en fait une méthode de dépistage très économique :

PIÈGE TYPE (DURÉE DE VIE) COÛT PAR PIÈGE ($) ACCESSOIRES (QUANTITÉ/PIÈGE) $/AN QUANTITÉ/ VERGER COÛT/ha/AN*
Punaise terne et hoplocampe Piège blanc englué 2,94 $ 1 pour 2 ha 1,47 $
(1 an)
Mineuse marbrée Multipher II ou III 18,45 $ Phéromone (3/an) 17,10 $ 1 pour 12 ha 1,94 $
(15 ans) Plaquette insecticide (1/an) 5 $
Carpocapse de la pomme DELTA I (verger sous confusion sexuelle) 9 $ Phéromone (2/an) 18 $ 1 pour 4 ha 6,20 $
(5 ans) Plaquette collante (2/an) 5 $
Multipher I 23,95 $ Phéromone (3/an) 13,75 $ 1 pour 12 ha 1,67 $
(15 ans) Plaquette insecticide (1/an) 5 $
Tordeuse à bandes obliques Multipher I 23,95 $ Phéromone (2/an) 9,20 $ 1 pour 12 ha 1,28 $
(15 ans) Plaquette insecticide (1/an) 5 $
Piège wing trap (Pherocon) 8,49 $ Phéromone (2/an) 9,20 $ 1 pour 12 ha 1,39 $
(5 ans) Plaquette collante (2/an) 5,78 $
Mouche de la pomme Sphère rouge de plastique 6,25 $ Colle (35 g) 2,00 $ 1 pour 2 ha 1,63 $
(5 ans)
Sphère rouge de bois nd** Colle (35 g) 2,00 $  1 pour 2 ha _
(15 ans)

* Calculé à partir du coût total des pièges et accessoires requis pour un verger de 12 ha. Ce coût n’inclut pas le temps requis pour la pose, l’entretien, les visites et le retrait des pièges.
** non disponible

Certains pièges peuvent être faits maison, comme les sphères de bois pour la mouche de la pomme, ou encore les cartons blancs englués. Cependant les pièges doivent être conçus en respectant scrupuleusement les directives de votre conseiller ou conseillère en ce qui concerne les matériaux à utiliser, les dimensions, la couleur, etc. En pratique, il est souvent plus avantageux de les acheter d’une source fiable qui pourra vous en garantir l’efficacité et la disponibilité.

L’utilisation de pièges est essentielle dans le cas de l’hoplocampe des pommes et de la mouche de la pomme et elle est recommandée pour tous les autres ravageurs du pommier pour lesquels un piège efficace existe et qui présentent un risque appréciable de pertes (comme le carpocapse de la pomme, la tordeuse à bandes rouges, la mineuse marbrée et le petit carpocapse de la pomme). S’il y a un antécédent de dommages d’un de ces ravageurs dans votre verger, c’est que ce risque existe et le dépistage devient essentiel.

Toutefois, rigueur et minutie s’imposent lors de l’utilisation de tels outils car un piège mal installé, un attractif périmé ou inadéquat ou encore un entretien négligé peuvent provoquer des variations de captures importantes et des résultats de 10 à 100 fois supérieurs ou inférieurs aux résultats normalement attendus lorsque la méthode est respectée. Voyez-y!

Trois types de pièges sont utilisés dans les vergers du Québec :

Les sphères rouges engluées

Sphère rouge engluée (source : IRDA).

Ces pièges réutilisables sont fabriqués avec une sphère de bois ou de plastique (diamètre : 8,5 cm) enduite d’une peinture rouge foncé et munie d’un crochet de métal. Ils sont utilisés pour dépister la mouche de la pomme. Leur efficacité est basée sur l’attirance de la couleur et de la forme, et agissent à courte distance. Ils doivent être recouverts de colle à insectes (ex. : TANGLETRAP) avant l’installation.

Les cartons blancs englués

Ces pièges sont faits de carton blanc (14 × 18 cm) et recouverts de colle à insectes sur les deux faces. Ils sont utilisés pour dépister la punaise terne lorsque installés à 70 cm du sol et pour dépister l’hoplocampe des pommes lorsque installés à 150 cm du sol. Ces pièges agissent à courte distance, mais de façon différente selon l’espèce. Ils sont basés sur l’attirance de la couleur dans le cas de l’hoplocampe, alors que dans le cas de la punaise terne, ils ne font qu’intercepter au vol les adultes qui les confondent avec une « fenêtre sur le ciel ». La surface du piège ne doit pas refléter les rayons ultraviolets. À cette fin, le type de peinture utilisé est d’une grande importance. Tout comme les sphères, ces pièges doivent être nettoyés deux fois par semaine environ.

Piège blanc englué pour dépister la punaise terne et l’hoplocampe des pommes (source: IRDA).

Les pièges à phéromone

Ces pièges de différentes formes font appel à des phéromones sexuelles synthétiques qui leur confèrent un pouvoir d’attraction sur de longues distances. Les phéromones sexuelles synthétiques utilisées correspondent à des substances naturelles émises ordinairement par les femelles de plusieurs espèces d’insectes et qui attirent les mâles pour l’accouplement. Ces phéromones sont disponibles pour la plupart des lépidoptères qui s’attaquent au pommier (carpocapse, tordeuses, mineuses, noctuelles, sésies, etc.), ainsi que pour quelques autres insectes. Dans le cas des lépidoptères, le diffuseur (capsule ou bande adhésive) chargé de la phéromone synthétique appropriée attirera les mâles de l’espèce visée (et rarement de quelques espèces voisines) sur une superficie d’au moins 5 ha de verger (cette distance peut varier selon les espèces).

Différents types de pièges à phéromones peuvent être utilisés :

  • Multipher: ce piège réutilisable en plastique, couramment utilisé, est composé d’un couvercle, d’un entonnoir et d’un récipient cylindrique portant des ouvertures dont la dimension et la forme varient selon le modèle. Le Multipher I est utilisé pour le dépistage de gros papillons (ex. : carpocapse de la pomme, noctuelle du fruit vert), les Multipher II et III pour les petits papillons (ex. : mineuse marbrée) et ceux de taille intermédiaire (ex. : tordeuse à bandes rouges, sésie du cornouiller). Les pièges Multipher, conçus au Québec, ne nécessitent pas de base engluée mais une plaquette insecticide doit être suspendue à l’intérieur du piège.Il est recommandé de retirer les pièges du verger après la saison pour éviter qu’ils ne s’usent prématurément.
  • Delta : ce piège réutilisable de forme triangulaire est fait de plastique ondulé. Les plaquettes engluées sont insérées à la base du piège et peuvent être retirées pour faciliter le décompte des insectes. Il est principalement utilisé pour dépister le carpocapse de la pomme dans les vergers sous confusion sexuelle.
  • Piège wing trap(ex : Pherocon 1C) : ce piège est constitué de deux pièces en carton ou en plastique repliées de façon à ce que l’une forme un toit protecteur et l’autre, un récipient englué et évasé. Il peut être utilisé pour dépister différents insectes, notamment la tordeuse à bandes obliques bien que le Multipher lui soit souvent préféré en raison de sa facilité d’utilisation.

Piège Multipher I (gauche), piège Multipher II (centre) et piège Multipher III (source : Agropomme et Ginette H. Laplante).

Piège Delta (gauche) et piège wing trap (droite)(source : IRDA).

Installation et entretien des pièges

Les dates d’installation des pièges varient selon les espèces. Il est très important de respecter les dates spécifiées afin que les éléments attractifs ne soient pas exposés inutilement aux intempéries avant que ne débute la période des captures. Les pièges doivent être fixés aux arbres à l’aide d’une attache flexible, idéalement un double filament de métal dans un ruban de plastique (qu’on peut trouver là où on vend du matériel de dépistage) ou encore un cordon de plastique souple (genre « macaroni long ») utilisé pour l’entraînement des pommiers. Quant aux attaches de sacs de rebut « twist ties » vendues un peu partout, elles sont également pratiques si elles sont faites de plastique, mais on doit souvent utiliser une double épaisseur car elles ne sont pas assez durables. Aussi, ces attaches peuvent créer des étranglements aux branches des arbres si elles y sont laissées. Portez donc une attention à les retirer en même temps que les pièges. Avant leur installation, les phéromones doivent être conservées au congélateur ou au réfrigérateur, dans leur emballage d’origine. Pour s’assurer de leur pleine efficacité, portez des gants jetables pour les manipuler et changez de gants pour chaque type de phéromone. N’oubliez pas de remplacer les phéromones selon les directives fournies par le fabricant. Elles ne durent pas toute la saison! Évitez également de jeter les vieilles phéromones ou leur emballage au sol; disposez-en hors du verger.

Lors de chaque relevé de piège, le dépisteur, professionnel ou producteur, doit en vérifier l’état et effectuer l’entretien spécifié par la méthode de dépistage. Les surfaces engluées des pièges doivent être nettoyées lors de chaque visite en enlevant, à l’aide d’un couteau ou d’une spatule, les principaux insectes et les débris emprisonnés dans la colle. Après un certain temps, un grand nombre de débris ou d’insectes de petite taille peuvent s’accumuler dans la colle et réduire son efficacité. Les surfaces doivent alors être remplacées, si possible, ou alors rafraîchies par grattage et application de nouvelle colle.

En fin de saison, les sphères engluées doivent être débarrassées de leur colle à l’aide d’un solvant approprié. Le solvant par excellence est le solvant « à l’orange », fabriqué à partir d’extraits d’agrumes. À défaut, un diluant à peinture de commerce peut être utilisé, mais il est plus toxique. Très peu de solvant sera nécessaire si vous avez d’abord pris soin de chauffer la surface puis d’enlever autant de colle que possible à l’aide d’un outil approprié (grattoir, couteau, tissu rigide, etc.). Ne pas utiliser de diesel pour nettoyer les sphères rouges car le bois absorbe le produit, ce qui va nuire à l’efficacité du piège. Il est conseillé de nettoyer son matériel après le moment de la récolte afin d’être prêt à les réutiliser à nouveau la prochaine saison !

Captures enregistrées après un premier traitement

Après une intervention phytosanitaire contre un insecte particulier, les captures de ce ravageur enregistrées dans les sept à dix jours qui suivent ne sont normalement pas considérées pour une intervention additionnelle, sauf si de telles captures surviennent après de fortes pluies (plus de 25 mm).

Le dépistage par observations visuelles

Les observations visuelles permettent de déceler la présence d’un grand nombre d’insectes et d’acariens et d’évaluer les densités des populations. Ce genre de dépistage est utilisé pour les ravageurs difficiles ou impossibles à piéger (ex. : charançon de la prune, cicadelles, pucerons, tétranyques) ou encore lorsque le ravageur est facile à observer sans dpiège. On peut observer le ravageur lui-même ou encore ses manifestations (symptômes ou dégâts) sur le bois, le feuillage et/ou les fruits. Dans la plupart des cas, le dépistage s’effectue sans retirer aucune partie de l’arbre. Toutefois, dans le cas de ravageurs de très petite taille (ériophyides) ou de ravageurs dissimulés à l’intérieur des tissus (larves de mineuse, de carpocapse, etc.), il est parfois nécessaire de récolter un certain nombre de feuilles, de bourgeons ou d’autres organes afin de les examiner de façon plus minutieuse avec une loupe de poche ou une loupe binoculaire.

Observation visuelle des ravageurs ou de leur dégât (source : IRDA).

Procédure d’échantillonnage pour les observations visuelles

La façon dont sont sélectionnés les arbres et les organes à examiner détermine l’efficacité de votre dépistage et doit être respectée scrupuleusement. Premièrement, si votre verger est de grande taille, ou peu homogène, vous devrez le séparer en plusieurs blocs, ou parcelles, et effectuer le dépistage dans chacune des parcelles. Une parcelle de verger est un groupe de pommiers ayant le même historique (traitements et pratiques culturales) et dont les arbres sont de même grosseur et/ou année de plantation. Un groupement de cultivars plus sensibles à un ravageur peut aussi constituer un bloc. Si votre verger est très homogène, il peut constituer un seul bloc, mais de préférence chaque bloc devrait avoir une dimension maximale de 12 ha (30 acres).

Ensuite, lors de la sélection ou de l’observation des feuilles, pousses, fruits, etc., à travers le bloc, vous devez vous assurer que ces choix sont faits AU HASARD, à moins d’indication contraire. Ce n’est pas aussi facile à faire qu’à dire! Toutefois, vous y parviendrez si vous ne perdez pas de vue l’objectif du dépistage : vous ne cherchez pas à trouver un maximum de dégâts ou d’insectes, vous cherchez à déterminer s’il y en a suffisamment pour justifier une intervention.

Observation des fruits

Cette forme de dépistage doit être effectuée avec diligence, car elle vise à protéger les fruits de ravageurs qui s’attaquent directement à la récolte. On l’utilise surtout pour dépister le charançon de la prune, les punaises phytophages, les tordeuses, le carpocapse de la pomme et le petit carpocapse. Dans le cas d’insectes particulièrement dommageables comme le charançon de la prune, il est nécessaire de dépister plus d’une fois par semaine lors des périodes critiques.

Observation du feuillage

Cette forme de dépistage est en général plus fastidieuse que les autres, car elle est utilisée pour les ravageurs du feuillage, souvent de petite taille, et pour lesquels il n’existe pas de pièges efficaces. Toutefois, elle peut fournir de précieux renseignements, comme détecter la nécessité d’une intervention AVANT que les fruits soient attaqués ou affectés.

Pour cette raison, il est essentiel de dépister le feuillage sur une base hebdomadaire entre le pré-bouton rose et le début août pour dépister les acariens, mais aussi plusieurs insectes comme les tordeuses, mineuses, cicadelles et pucerons.

Observations de colonies sur feuillage

Les pucerons vivent habituellement en colonies, chacune pouvant contenir de quelques dizaines à plusieurs centaines d’individus. Pour les fins du dépistage, on distingue trois types de colonies en fonction de leur densité :

  • Faible :le feuillage n’est pas enroulé et les pucerons sont uniquement sur les feuilles;
  • Modérée :le feuillage est enroulé et les pucerons sont surtout sur les feuilles. Parfois quelques pucerons sont sur la tige de la pousse;
  • Dense :le feuillage est enroulé et les pucerons sont abondants sur les feuilles ET sur la tige de la pousse.

Lorsque différents types de colonies sont observés simultanément, pour les fins du calcul du seuil d’intervention, on considère qu’une colonie dense équivaut à deux colonies modérées et qu’une colonie modérée équivaut à deux faibles colonies.

Observations visuelles de maladies

Le dépistage par observations visuelles sur le feuillage et les fruits est tout aussi essentiel pour la bonne gestion de certaines maladies. Les symptômes observables varient généralement en apparence selon la maladie en cause. Par exemple, pour la tavelure du pommier, des taches grisâtres apparaissent sur les feuilles et les pommes, alors que pour l’oïdium il s’agit plutôt d’un genre de feutre blanchâtre qui recouvre les feuilles. Les principales maladies pour lesquelles un dépistage est effectué au cours de la saison sont : la tavelure du pommier, l’oïdium, et le feu bactérien (voir Fiche La tavelure : stratégies générales de lutte, Fiche Le blanc du pommier, et Fiche Le feu bactérien : dépistage).

Si vous faites l’observation de symptômes que vous n’arrivez pas à identifier, il est possible de les faire analyser en laboratoire afin de confirmer la présence d’organismes fongiques ou bactériens sur les organes affectés.

Périodes d’activité des ravageurs et des espèces utiles

Les activités de dépistage effectuées par le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) depuis plus de 40 ans ont permis de préciser les dates d’apparition des ravageurs et des espèces utiles dans les grandes régions pomicoles du Québec. Un calendrier des périodes d’activité de ces organismes nuisibles et utiles ainsi qu’un guide chronologique du dépistage est présenté à la fiche Grilles de dépistage pour les vergers.

Méthodes de dépistage des principaux ravageurs du pommier

Les méthodes de dépistage et seuils d’intervention pour les principaux insectes et acariens sont décrits aux tableaux synthèse Dépistage par pièges à phéromone, Dépistage par pièges visuels, Dépistage par observation du feuillage et Dépistage par observation des fruits de la fiche Grilles de dépistage pour les vergers. Ces méthodes existent grâce au travail de nombreux scientifiques et conseillers d’expérience en pomiculture.

Ajustement des seuils d’intervention en présence d’espèces utiles

De nombreux prédateurs et parasitoïdes utiles sont présents dans les vergers où se pratique la PFI. Lorsqu’ils sont en grand nombre, ils effectuent une lutte efficace, ce qui permet d’ajuster les seuils d’intervention en conséquence.

Les ravageurs suivants peuvent être contrôlés naturellement par des prédateurs et parasites que vous pouvez protéger dans votre verger :

  • les pucerons verts,par les syrphes, cécidomyies, coccinelles, chrysopes ou punaise de la molène;
  • le puceron lanigère,par les prédateurs et les parasitoïdes dans les colonies au début août;
  • la mineuse marbrée,par les parasitoïdes (cocons blanchâtres) dans les mines en juillet et août;
  • les tétranyques,par les prédateurs de type phytoséiide et stigmaéide, sur et sous les feuilles en été.

Pour les détails sur l’utilisation et l’ajustement des seuils pour ces espèces, consultez les Fiche Les espèces utiles, une ressource à protéger, Fiche Description et efficacité des prédateurs d’acariensFiche Description et efficacité des prédateurs de pucerons et Fiche Description et efficacité des parasitoïdes

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

Auteur de la première édition : Yvon Morin et Gérald Chouinard
Auteure de la mise à jour 2023 : Stéphanie Gervais
Dernière mise à jour par l’auteure : 24 janvier 2023

 

En gestion intégrée, l’objectif est de ne traiter que lorsque nécessaire. Cette approche permet de réduire l’impact négatif des pesticides sur l’environnement (ce qui vous inclut, ne l’oubliez pas!) tout en préservant les insectes et acariens utiles. Votre stratégie globale de lutte aux insectes et acariens devra s’appuyer sur les trois principes suivants :

  • Bien identifier les principaux ravageurs de votre verger en utilisant vos données de dépistage, votre historique de dommages à la récolte et vos registres d’utilisation de pesticides.
  • Établir une stratégie de lutte pour ces ravageurs identifiés, basée sur les recommandations du présent guide.
  • Dans la mesure du possible, ne pas effectuer plus d’une application par saison d’insecticides avec le même mode d’action sur deux générations successives d’un même ravageur. Ceci dans le but de réduire les risques que ces ravageurs développent de la résistance aux produits utilisés. Cette précaution est particulièrement importante dans le cas des acariens et des lépidoptères, tels que la tordeuse à bandes obliques et le carpocapse, qui sont beaucoup plus à risque de développer de la résistance que la mouche de la pomme ou le charançon de la prune.

En période préflorale

Plusieurs ravageurs sont présents à cette période : la punaise terne, la mineuse marbrée, l’hoplocampe, la noctuelle du fruit vert, les cochenilles (virgule et ostréiforme), les pucerons (vert, rose, lanigère), ainsi que plusieurs autres espèces de punaises et de tordeuses.

Malgré que cette liste puisse impressionner, l’utilisation d’un insecticide préfloral est malgré tout beaucoup moins nécessaire aujourd’hui que par le passé, les outils actuels de lutte permettant de contrôler après la floraison la plupart des ravageurs mentionnés ci-haut. Par exemple :

  • La tordeuse à bandes obliques, la noctuelle du fruit vert, la mineuse marbrée et les autres chenilles peuvent être efficacement réprimées au stade calice ou nouaison avec des produits comme SUCCESS ou DE
  • L’hoplocampe et la mineuse marbrée peuvent également être contrôlés par des applications postflorales de CALYPSO/THEMEeffectuées contre des ravageurs comme le charançon de la prune, la punaise de la molène et la cicadelle blanche du pommier.

Le seul ravageur d’importance qu’un traitement insecticide postfloral ne peut contrôler, et donc à cibler en période préflorale, est la punaise terne (voir fiche sur La punaise terne).

Omission du traitement préfloral

Il arrive fréquemment qu’aucun traitement insecticide préfloral ne soit nécessaire. L’une des deux conditions suivantes doit être satisfaite pour justifier l’omission de cette intervention.

Première condition (tous ces critères doivent être vérifiés) :

  • La population de punaise terne est sous le seuil d’intervention.
  • Les populations de la mineuse marbrée et de l’hoplocampe sont inférieures aux seuils d’intervention ou seront contrôlées par un traitement insecticide postfloral.
  • L’hoplocampe ne doit pas avoir causé de dommages importants la saison précédente, sauf si ces dommages résultent de l’absence du traitement insecticide au stade calice (voir la fiche sur L’hoplocampe des pommes).
  • Les populations de ravageurs occasionnels (noctuelle du fruit vert, puceron rose, punaise de la pomme, etc.) sont peu importantes ou seront contrôlées par le traitement postfloral.

Seconde condition (météo défavorable) :

  • Il n’y a pas de belles conditions climatiques pendant toute cette période et les températures ne sont pas suffisamment élevées pour favoriser l’activité du ravageur. Le traitement n’est alors probablement pas nécessaire, ces conditions défavorisant aussi l’activité des ravageurs. Cependant, il vaut quand même mieux suivre leur activité afin d’intervenir rapidement si les conditions climatiques s’améliorent.
  • L’omission du traitement préfloral a des avantages évidents (+), mais comporte aussi des risques (-) :
  • Une économie en temps et en coût est reliée aux applications d’insecticides. (+)
  • Une conservation des prédateurs particulièrement sensibles aux pyréthrinoïdes (ou autres insecticides utilisés) peut améliorer le contrôle naturel des tétranyques. (+)
  • Une bonne conservation des insectes pollinisateurs. (+)
  • Un risque d’activité et de dommages de punaise terne pendant la floraison si les conditions n’ont pas été propices plus tôt ou, s’il n’y a pas d’autres sources de nourriture. (-)
  • À la période postflorale, les populations du charançon de la prune, de l’hoplocampe et de la tordeuse à bandes obliques risquent d’être plus importantes et la surveillance devra être plus serrée. (-)

En période postflorale

La période postflorale comprend deux stades de développement du pommier, soit le calice et la nouaison. Cependant, puisque la floraison débute plus tôt chez certains cultivars (Ginger Gold, Jersey Mac, etc.) et plus tard pour d’autres (Spartan, Gala, etc.), il est possible d’observer des bourgeons au stade de floraison, calice et nouaison en même temps dans le verger.

À la période postflorale, plusieurs ravageurs sont à un stade de développement sensible aux insecticides et n’ont pas encore commencé à endommager les fruits. Un traitement insecticide à ce stade :

  • peut contrôler les adultes du peut contrôler les adultes du charançon de la prune (voir la fiche sur Le charançon de la prune);
  • peut contrôler les larves de l’hoplocampe de la pomme (voir la fiche sur L’hoplocampe des pommes);
  • est un traitement critique pour les vergers qui ont un problème de tordeuse à bandes obliques (voir la fiche sur La tordeuse à bandes obliques). En effet, c’est à ce moment qu’il est possible de diminuer considérablement les populations pour le reste de la saison.
  • peut aussi être dirigé contre les ravageurs qui se nourrissent de feuillage, comme la cicadelle blanche du pommier (voir la fiche sur La cicadelle blanche du pommier) et la mineuse marbrée (voir la fiche sur La mineuse marbrée), ou de jeunes pommes comme la punaise de la molène (voir la fiche sur Les punaises occasionnelles du fruit), si les populations le justifient.

Afin de ne pas atteindre les abeilles, les ruches doivent être retirées du verger avant de traiter.

À la période postflorale, l’intention est de traiter une seule fois. Comment y parvenir?

  • En général, un traitement au stade calice permet d’atteindre simultanément l’hoplocampe des pommes, le charançon de la prune et la tordeuse à bandes obliques. Les larves de mineuse marbrée pourront aussi être ciblées si les adultes de la première génération n’ont pas été contrôlés en période préflorale.
  • Le choix du produit à utiliser est crucial. Le tableau d’efficacité des insecticides contre les ravageurs (voir la fiche sur l’Efficacité potentielle des insecticides et acaricides) est conçu pour vous aider à faire un choix éclairé.
  • Pour limiter le nombre de passages et réussir l’intervention postflorale, il est parfois nécessaire d’utiliser un mélange d’insecticides. Ainsi, avec un problème de tordeuse à bandes obliques et d’hoplocampe, l’application au stade calice d’un mélange de spinosad (SUCCESS) ou de spinétoram (DELEGATE) avec un organophosphoré (IMIDAN*) est possible.

Période estivale

La stratégie en période estivale est déterminée d’abord et avant tout par les interventions requises pour protéger le fruit des attaques du carpocapse  (voir la fiche sur Le carpocapse de la pomme) et de la mouche de la pomme  (voir la fiche sur La mouche de la pomme).

Si les dommages causés par le carpocapse de la pomme sont importants pour le verger, une des premières interventions à faible risque pouvant être envisagée est l’installation des diffuseurs de phéromone afin de mettre en place la confusion sexuelle contre le carpocapse de la pomme. Pour de plus amples informations, veuillez consulter la fiche sur Le carpocapse de la pomme.

En l’absence de confusion sexuelle ou si une application de pesticide est nécessaire, la lutte au carpocapse requiert habituellement deux à trois interventions, soit dans l’ordre :

  • un ovicide (RIMON, INTREPID) ou un larvicide (CALYPSO/THEME, ASSAIL);
  • un ovicide-larvicide (ALTACOR);
  • un organophosphoré (IMIDAN*), s’il y a un problème de mouche de la pomme, ou une spinosyne (DELEGATE) si la mouche n’est pas problématique.

S’il n’y a pas de problématique avec le carpocapse de la pomme, des traitements visant uniquement la mouche de la pomme peuvent être envisagés, soit avec la méthode de lutte à faible risque (GF-120) ou avec un autre insecticide qui peut aussi lutter contre d’autres insectes dommageables présents en même temps que la mouche de la pomme comme IMIDAN, ASSAIL, EXIREL et CALYPSO/THEME (attention à l’utilisation de l’EXIREL si l’ALTACOR est utilisé contre le carpocapse, car ce sont des produits de la même famille). La lutte à la mouche de la pomme doit être entièrement basée sur le dépistage : le nombre d’interventions requises varie habituellement de zéro à trois par saison. Pour de plus amples informations sur la méthode de lutte GF-120, veuillez consulter la vidéo «Pratiques à moindre risque, épisode 2: L’attracticide GF-120 contre la mouche à pomme » sur la chaîne youtube de l’IRDA et la fiche résumée dans la section vitrine « Focus sur une pratique à moindre risque (2): La lutte attracticide (GF-120) contre la mouche de la pomme».

Cette stratégie générale ne s’applique pas dans toutes les situations et elle peut changer en fonction de l’arrivée de nouvelles matières actives ou en fonction de nouvelles découvertes sur le contrôle de ce ravageur. C’est pourquoi il est très important de se tenir à jour par le biais des avertissements phytosanitaires, des conseils professionnels, etc. Pour de plus amples informations, veuillez consulter la fiche sur les Ressources essentielles en PFI.

Programme de traitement minimal pour un verger typique

À titre d’exemple seulement, voici ce que pourrait minimalement constituer un programme de protection contre les insectes ravageurs dans un verger représentatif des conditions moyennes rencontrées au Québec, sans problème particulier de résistance, de proximité avec des vergers mal entretenus, et géré selon les principes de la PFI.

Traitement préfloral : aucun, sauf si la punaise terne excède le seuil maximal de 10 % (au stade pré-bouton rose et bouton rose seulement). À ce moment :

  • pyréthrinoïdes (au choix).

Traitement postfloral : de deux à trois traitements ciblant prioritairement le charançon, l’hoplocampe et le carpocapse, soit :

  • néonicotinoïde (CALYPSO/THEME) ou organophosphoré (IMIDAN*), en mélange avec DELEGATE ou SUCCESS, si la tordeuse à bandes obliques est aussi à contrôler.
  • DELEGATE, RIMON, ALTACOR ou INTREPID pour contrer spécifiquement le carpocapse, en une ou deux applications d’un seul produit, en rotation.

Traitement estival : un programme de traitement contre la mouche de la pomme, si le dépistage est positif :

  • organophosphoré (IMIDAN*) ou un autre produit homologué contre la mouche de la pomme.

Bien sûr, ce programme ne peut aucunement être utilisé comme tel dans votre verger sans autre forme de suivi. Consultez les différentes fiches du présent guide pour développer votre propre programme.

*Aucun éclaircissage manuel n’est permis après une application d’IMIDAN

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

Auteurs de la première édition : Daniel Cormier, Yvon Morin et Gérald Chouinard
Auteurs de la mise à jour 2023 : Daniel Cormier et Stéphanie Gervais
Dernière mise à jour par les auteurs : 16 mai 2024

 

Voyez la punaise sur Youtube! La capsule vidéo de 6 minutes dresse un portrait du ravageur, montre ses caractères distinctifs, identifie les conditions qui influencent son développement, et vous plonge dans l’action du dépistage et des méthodes d’intervention recommandées en production fruitière intégrée.

Description et comportement

La punaise terne (Lygus lineolaris) est un ravageur primaire en PFI. C’est un insecte brun, de 6 mm de longueur, au vol relativement rapide et facile à observer. Dès le débourrement, elle se trouve sur les jeunes bourgeons, dont elle extrait la sève. Elle est particulièrement active par temps chaud et calme.

Adulte de punaise terne (source : Joseph Moisan-De Serres, MAPAQ).

Elle hiberne sous forme d’adulte sous la litière des feuilles en bordure du verger, dans les boisés ou sous la paille dans les champs de fraises.

La punaise terne se nourrit sur plus de 300 espèces de plantes, ce qui contribue à sa très grande mobilité. Cependant, à l’ouverture des bourgeons du pommier, elle s’en alimente presque exclusivement. Sa période d’activité sur pommier s’étend jusqu’au stade du calice. À partir de ce moment, elle se déplace sur d’autres sources de nourriture plus attrayantes et pond ses œufs sur les mauvaises herbes ou sur d’autres plantes cultivées, comme le fraisier. Son pic d’activité sur pommier se situe généralement entre les stades débourrement et bouton rose.

Œuf de punaise terne (source : Joseph Moisan-De Serres, MAPAQ).

La larve, de couleur vert jaunâtre, a cinq points noirs sur le dos à partir du troisième stade larvaire. Les larves et les adultes des deux générations subséquentes ne se nourrissent pas sur les pommiers.

Larve de punaise terne (source : Joseph Moisan-De Serres, MAPAQ).

Cycle de vie de la punaise terne (source : Jonathan Veilleux, IRDA).

Dommages

La piqûre de nutrition de l’insecte sur le bourgeon en croissance provoque l’apparition d’une goutte de sève appelée exsudat. Cette goutte est transparente si le dommage est frais et brunit lorsqu’il est plus vieux. Cette prise de nourriture cause deux types de dommages, selon le stade de développement du pommier.

Les piqûres faites entre les stades de débourrement et de pré-bouton rose entraînent majoritairement l’avortement en partie ou en totalité des boutons floraux, qui s’apparente à un « éclaircissage naturel ». Dans le cas des piqûres faites à partir du stade bouton rose, elles provoquent soit la chute du bouton, soit l’apparition sur le fruit d’une dépression en forme d’entonnoir, parfois accompagnée de cicatrices liégeuses pouvant déclasser le fruit.

Dommage de nutrition sur pommette (source : IRDA).

dégât de punaise terne

Dommage de nutrition sur pomme à la récolte (source : Franz Vanoosthuyse).

Estimation du risque

La méthode de dépistage de ce ravageur est décrite au tableau-synthèse Dépistage par pièges visuels de la fiche sur les Grilles de dépistage pour les vergers.

Pour estimer le risque que représente ce ravageur, il faut tenir compte de l’historique de la parcelle, du niveau de population, des variétés présentes, des conditions climatiques, et du type de mise en marché.

  • Historique de la parcelle : Si cette parcelle est régulièrement affectée par ce ravageur (plus de 2 % de dommage sur fruit à la récolte) en l’absence de traitement, une intervention peut être envisagée (utilisez les seuils mentionnés à la grille Dépistage par observation des fruits ou du feuillage de la fiche Grilles de dépistage pour les verger.
  • Niveau de population : Le dépistage se fait à l’aide de cartons blanc englués, utilisé conjointement avec l’observation des adultes et des dégâts, permettant d’avoir une bonne idée de l’état de la population.
  • Variétés susceptibles (dommage sur fruits) : Les variétés Cortland et Paulared sont généralement plus affectées, suivies par Spartan et Gala. Les punaises se nourrissent aussi sur les poires.
  • Conditions climatiques : Les conditions favorables à un traitement (peu ou pas de vent, température au-dessus de 15 °C, pas de pluie) sont généralement favorables à l’activité de la punaise. Des dégâts plus importants que prévu peuvent survenir si ces conditions sont présentes seulement durant la floraison.
  • Mise en marché : La punaise terne n’affecte pas suffisamment la productivité d’une parcelle pour justifier d’intervenir dans un verger qui ne produit que de la pomme de transformation.

Les pommiers situés près des boisés et autres sites d’hibernation ainsi que les pommiers nains sont également plus exposés aux attaques de la punaise terne.

Stratégie d’intervention

Répression

L’intervention à l’aide d’insecticide la plus efficace pour réprimer la punaise terne se situe généralement entre le stade du débourrement avancé et le pré-bouton rose. Les pyréthrinoïdes sont les insecticides les plus efficaces pour lutter contre ce ravageur et sont à privilégier en raison de leur activité à large spectre qui réprime plusieurs insectes printaniers. Contrairement à d’autres types d’insecticides, les pyréthrinoïdes fonctionnent mieux à une température qui ne dépasse pas 25 °C. Un traitement localisé sur les rangs avoisinant les boisés ou sur les variétés les plus sensibles peut être suffisant.

Même si les pyréthrinoïdes sont les insecticides les plus efficaces contre la punaise terne et les adultes de mineuse marbrée, ils sont malheureusement aussi les plus toxiques aux insectes et acariens utiles. C’est pourquoi en PFI ils ne doivent jamais être utilisés plus d’une fois par saison et jamais après la floraison.

Ces insecticides agissent par contact, c’est-à-dire qu’ils tuent les insectes lorsqu’une gouttelette de bouillie les touche. Ils sont aussi résiduels, ainsi les insectes qui ne sont pas dans le verger lors de l’application peuvent quand même être atteints par les résidus sur les feuilles. Cependant, s’il pleut ou s’il fait froid pendant ou après le traitement, cette activité résiduelle sera réduite. En fait, le produit est moins efficace car l’insecte ne se trouve pas sur le pommier dans ces conditions.

Certains néonicotinoïdes (ex.: ASSAIL/ACETA) et autres insecticides, dont les flonicamides (BELEAF) et les sulfoximines (CLOSER), ont aussi une bonne efficacité contre la punaise terne mais les néonicotinoïdes sont utilisés principalement durant l’été alors que les flomicamides et les sufloximines sont efficaces uniquement contre les insectes piqueurs-suceurs, dont les punaises et les pucerons.

Moment du traitement

Puisque la période préflorale peut s’étaler sur plus d’un mois, les avantages du traitement vont différer en fonction du moment précis choisi pour l’intervention. Pour chacune des périodes de traitement, celui-ci pourra être combiné avec un des traitements fongicides nécessaires contre la tavelure du pommier :

Si le traitement est appliqué tôt, au stade pré-bouton rose ou avant :

  • Il aura une meilleure efficacité contre la punaise terne.
  • Il pourra être combiné avec l’application d’huile supérieure nécessaire contre le tétranyque rouge.
  • Étant donné qu’il y a moins de feuillage, il y a moins de résidus toxiques de pyréthrinoïdes de synthèse sur le feuillage présent en été. Cela permet de conserver une plus grande population de prédateurs des tétranyques.
  • Le traitement aura un impact négatif plus faible sur les insectes pollinisateurs naturels du verger.

Si le traitement est appliqué plus tard, au bouton rose ou au bouton rose avancé :

  • Il aura une meilleure efficacité contre la plupart des ravageurs préfloraux, mis à part la punaise terne : mineuse marbrée, hoplocampe, noctuelle du fruit vert et tordeuse à bandes obliques.
  • Il aura une efficacité non négligeable contre certains ravageurs postfloraux, comme le charançon de la prune.
  • Il pourra être combiné avec l’application d’urée et/ou bore nécessaire avant la floraison pour aider au développement des fleurs ainsi qu’à la nouaison des fruits.

 

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

Auteurs de la première édition : Daniel Cormier, Yvon Morin et Gérald Chouinard
Auteurs de la mise à jour 2023: Daniel Cormier et Stéphanie Gervais
Dernière mise à jour par les auteurs : 16 mai 2024

 

Cet ennemi du pommier est réglementé en vertu de la Loi sur la protection sanitaire des cultures (voir la fiche sur Le « droit de produire » et la Loi) et les mesures nécessaires doivent être prises pour éviter la propagation aux cultures avoisinantes.

Voyez l’hoplocampe sur Youtube! La capsule vidéo de 6 minutes dresse un portrait du ravageur, montre ses caractères distinctifs, identifie les conditions qui influencent son développement, et vous plonge dans l’action du dépistage et des méthodes d’intervention recommandées en production fruitière intégrée.

Description et comportement

L’hoplocampe (Hoplocampa testudinea) est un ravageur secondaire en PFI. Cet insecte, apparenté aux abeilles et aux guêpes, possède un corps noir, mais la face ventrale de son abdomen ainsi que ses pattes sont jaune orange. Sa tête est jaunâtre avec un point noir et ses quatre ailes sont transparentes.

hoplocampe de la pomme (adulte)

Adulte d’hoplocampe des pommes (source : Bernard Drouin, MAPAQ).

L’insecte hiberne dans le sol sous forme de larve mature à l’intérieur d’un cocon. Les premiers adultes apparaissent un peu avant le stade du bouton rose et la population atteint son pic à la floraison.

Les œufs blancs et brillants sont insérés individuellement à la base du réceptacle des fleurs et éclosent au stade calice, en moyenne 10 à 12 jours après la ponte.

Œuf d’hoplocampe des pommes pondu à la base du réceptacle, visible après dissection (source : IRDA).

La larve est de couleur jaunâtre avec une tête brun foncé de forme très arrondie. Elle possède trois paires de pattes à l’avant du corps et sept paires de fausses pattes sur l’abdomen, ce qui la distingue des principales autres larves pouvant être retrouvées dans le fruit, telles que les larves de lépidoptères comme le carpocapse, qui n’ont que quatre paires de fausses pattes. La larve d’hoplocampe se nourrit du fruit pendant quelques semaines pour ensuite former un cocon dans le sol, d’où les adultes ressortiront au printemps suivant.

Larve d’hoplocampe des pommes (source : Joseph Moisan-De Serres, MAPAQ).

 

Cycle de vie de l’hoplocampe des pommes (source : Jonathan Veilleux, IRDA).

Dommages

Les femelles volent d’une fleur à l’autre pour se nourrir et pondre leurs œufs, qu’elles insèrent à la base du réceptacle. Elles provoquent ainsi une légère dépression qui apparaît près du calice du fruit. Ce dommage ne déclasse toutefois que rarement le fruit.

Apparence des dommages de ponte sur les pommes en début de saison (gauche) et en fin de saison (droite) (source : Yvon Morin et IRDA).

Les larves provoquent toutefois des dommages caractéristiques et facilement identifiables, appelés dommage primaire et dommage secondaire.

Dommage primaire

Le dommage primaire apparaît lorsque les larves nouvellement sorties de l’œuf mangent le dessous de la pelure, provoquant une cicatrice brune qui ressemble à un ruban liégeux. Ce ruban part habituellement près du calice et tourne autour du fruit. Les pommes qui ne portent qu’un dégât primaire restent le plus souvent dans l’arbre jusqu’à la récolte.

Dommage primaire de larve d’hoplocampe des pommes en début de saison (gauche) et en fin de saison (droite) (source : IRDA).

Dommage secondaire

Après avoir mangé le dessous de la pelure, la larve pénètre le fruit en creusant un tunnel pouvant atteindre 3 mm de diamètre. De ce tunnel s’écoulent des déjections et un liquide brun rougeâtre rouille qui dégage une odeur forte. La larve peut occasionnellement se déplacer sur une pomme voisine et y creuser un autre tunnel : il y aura alors seulement un trou avec des excréments et du liquide. Tous les fruits qui portent un dégât secondaire d’hoplocampe tombent avant la récolte.

Dommages secondaires de larves d’hoplocampe des pommes (source : IRDA et Jospeph Moisan-De Serres, MAPAQ).

Ces dommages secondaires ressemblent à ceux du carpocapse. Cependant, les pommes attaquées par le carpocapse sont plus grosses, puisque le dommage se fait en juillet plutôt qu’en juin, comme c’est le cas pour l’hoplocampe.

Estimation du risque

La méthode de dépistage de ce ravageur est décrite au tableau-synthèse Dépistage par pièges visuels de la fiche Grilles de dépistage pour les vergers.

Stratégie d’intervention

Répression

Pour lutter contre des populations élevées de ce ravageur, un traitement est réalisé au stade calice. Cependant, il arrive souvent que les populations soient faibles et ne nécessitent pas d’intervention à ce stade.

Il est fréquent que le seuil d’intervention soit atteint pendant la floraison, alors que les interventions insecticides contre cet insecte sont interdites. Il faut à ce moment viser les larves et chercher à les atteindre avant qu’elles ne commencent à manger la pelure des pommes, c’est-à-dire dès leur sortie des œufs. Pour un maximum d’efficacité, le traitement doit donc être réalisé au stade calice, dès que 90 % des pétales sont tombés.

Cependant, il peut arriver que l’hoplocampe émerge plus rapidement ou encore que la population soit tellement élevée que le traitement du calice soit insuffisant (historique de dommages récurrent). Dans ces cas, un traitement insecticide au bouton rose avancé avec un pyréthrinoïde de synthèse peut être justifié pour baisser la population d’adultes. Malheureusement, cette application va également affecter gravement les insectes pollinisateurs naturels.

Les insecticides les plus efficaces pour lutter contre ce ravageur au stade du calice sont les organophosphorés et les néonicotinoïdes, comme le thiaclopride (CALYPSO/THEME). D’autres produits des groupes diamide et néonicotinoïde employés pendant la période postflorale peuvent être efficaces contre ce ravageur. Aucun organophosphoré n’est actuellement homologué contre l’hoplocampe, mais les applications effectuées tôt au calice contre le charançon de la prune seront aussi efficaces contre l’hoplocampe. Puisqu’il est nécessaire de rejoindre les œufs pour un traitement efficace, il faut s’assurer de faire une application adéquate, c’est-à-dire appliquer le bon produit, à la bonne dose et pendant la période d’éclosion des œufs.

 

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.