Fiche 88

Yvon Morin, Gérald Chouinard et Stéphanie Gervais

 

Charançon de la pomme

Bien que de la même famille que le charançon de la prune, le charançon de la pomme (Anthonomus quadrigibbus) est un ravageur mineur en PFI. Il est plus petit (4-5 mm) et brun rougeâtre uniforme. Son bec est plus allongé et fin. Sa période d’activité coïncide toutefois avec celle du charançon de la prune.

Dégâts observables : Petits trous pratiqués par les adultes pour se nourrir et pondre leurs œufs. La croissance du fruit est arrêtée à proximité de ces trous, produisant des cavités au centre desquelles se trouvent de petites masses dures et vertes. La majorité des fruits atteints tombent prématurément. Le charançon de la pomme est peu abondant au Québec; ses dommages sont très rarement d’importance économique.

 

Phyllobes

Ces charançons (5-7 mm) aux reflets métalliques bruns ou verts appartiennent aux genres Polydrusus et Phyllobius. Ils se nourrissent principalement du feuillage d’arbres forestiers. Ils sont parfois présents en grand nombre sur le feuillage des pommiers de la mi-juin au début août. Ce sont des ravageurs mineurs en PFI.

phyllobe (adulte)

Dégâts observables : Occasionnellement sur des pommiers situés près de boisés, le feuillage peut apparaître comme découpé ou parsemé de trous de nutrition pouvant atteindre quelques centimètres. Le pommier peut supporter de fortes populations sans qu’il y ait de pertes économiques.

 

Orcheste du pommier

Consultez la fiche 89, Les ravageurs sporadiques ou nouvellement observés.

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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Fiche 89

Yvon Morin, Gérald Chouinard et Stéphanie Gervais

 

Ces ravageurs sont présents certaines années. Ce sont des ravageurs mineurs en PFI.

 

Chalcis du pommier

Cette petite guêpe (Torymus varians) de 4 mm est vert brillant avec des reflets métalliques cuivrés ou bronzés. La femelle insère ses œufs dans la chair du jeune fruit en formation jusqu’à trois semaines suivant la nouaison. Les œufs donnent naissance à de petits asticots se nourrissant des pépins de la pomme.

chalcis du pommier (adulte)

chalcis du pommier (larve et dégât)

Dégâts observables : À la surface des fruits, les piqûres ressemblent à celles de la mouche de la pomme, mais elles sont localisées principalement dans la région du calice. À l’intérieur de la pomme attaquée, les traces de l’ovipositeur se traduisent par des lignes liégeuses brunâtres se dirigeant vers le centre du fruit. Il faut trancher les pépins pour découvrir les larves qui s’y cachent. La pomme légèrement attaquée continue à grossir et parvient à maturité. Par contre, lors d’une infestation abondante, les piqûres répétées à proximité d’un même point peuvent laisser toute une série de raies liégeuses et causer une malformation du fruit.

 

Phytopte du poirier

L’adulte de cet acarien de la famille des ériophyides (Eriophyes pyri) est blanc ou rouge pâle (0,16-0,25 mm). Son corps allongé, s’amincissant à l’extrémité, porte de longues soies. L’activité du phytopte débute lors de l’ouverture des bourgeons, mais s’arrête pendant les mois de juin à août.

phytopte du poirier

Dégâts observables : Tôt au printemps (stades pré-bouton rose à bouton rose), ce ravageur cause des cloques aux feuilles affectées et, un peu plus tard, des taches du même genre sur les fruits. En plus d’être rarement rencontré sur le pommier, le phytopte n’est présent qu’occasionnellement sur le poirier.

dégât de phytopte du poirier

Stratégie de lutte : En vergers commerciaux, les traitements appliqués contre les principaux ravageurs du pommiers répriment adéquatement ce ravageur.  Cependant, en l’absence de traitement, des applications localisées peuvent être recommandées au besoin au stade débourrement avancé.

 

Tenthrède de l’oseille

La tenthrède (Ametastegia glabrata) s’apparente à l’hoplocampe des pommes. L’adulte (6-8 mm) est noir bleuté avec des pattes rouges, alors que la chenille (15-16 mm en fin de développement) est verte avec les pattes blanches et la tête brun pâle. Celle-ci se nourrit presque exclusivement de plantes herbacées comme l’oseille, la renouée, le rumex et le sarrasin. À la fin de l’été, les chenilles partent à la recherche de sites protégés pour passer l’hiver et explorent parfois les arbres fruitiers dans ce but.

tenthrède de l'oseille (larve et dégât)

Dégâts observables : Uniquement lorsque des plantes hôtes sont présentes dans le verger ou en bordure et lorsque les fruits arrivent à maturité (septembre-octobre). La chenille creuse dans le fruit de petits trous ronds, autour desquels se développe en quelques jours un halo brunâtre.

dégât de tenthrède de l'oseille

Elle creuse une galerie en direction du cœur pour hiberner et est facilement retrouvée si l’on effectue une coupe du fruit. Plusieurs galeries peuvent être creusées par la larve avant qu’elle ne trouve satisfaction. La luzerne, les tiges de maïs et les brindilles d’arbres fruitiers sont aussi utilisées comme sites d’hibernation.

Stratégie de lutte : Cet insecte cause peu de problèmes. Un désherbage visant particulièrement les plantes de la famille des polygonacées (rumex, oseille, etc.) constitue une bonne mesure de prévention.

 

Thrips du poirier

Le thrips du poirier (Taeniothrips inconsequens) est un insecte suceur, aux ailes frangées et au corps en forme de cigare. Les jeunes stades sont blancs aux yeux rouges, alors que les adultes sont noirs. Il mesure un peu moins de 2 mm à maturité.

Dégâts observables : Les adultes entrent dans les bourgeons à fruits au stade bouton rose avancé et s’en nourrissent, causant leur rabougrissement, leur brunissement et parfois même leur chute. Lors d’attaques sévères, les thrips se nourrissent aussi des feuilles, lesquelles se recroquevillent alors et deviennent brunâtres. La couronne de l’arbre peut s’en trouver clairsemée et le pommier peut souffrir de stress et perdre ses feuilles prématurément. Les attaques sont presque uniquement limitées aux vergers situés près d’érablières.

thrips du poirier (larve)

thrips du poirier (adulte)

 

Porte-cases

Le porte-case du cerisier, le porte-case fuselé du pommier et le porte-case virgule du pommier (Coleophora sp.) sont de petits papillons (environ 1 cm) aux ailes frangées. Les larves sont des chenilles (9 mm) ayant comme particularité de passer une grande période de leur vie à l’intérieur d’une case, genre d’enveloppe en forme de pistolet (porte-case virgule) ou de cigare leur servant d’abri et étant attachée aux feuilles ou aux branches de pommier. Ces chenilles sont le plus souvent jaunâtres.

porte-case (adulte)

Dégâts observables : Les chenilles hivernantes se nourrissent des jeunes feuilles entourant les bourgeons. Plus tard, les jeunes chenilles s’attaquent plutôt aux tissus tendres ou à l’épiderme des feuilles, provoquant ainsi le roussissement du feuillage. D’autres espèces découpent des morceaux de tissus sur les feuilles ou peuvent y percer de petits trous à la fin de l’été. Les porte-cases sont peu fréquents dans les vergers commerciaux du Québec et leurs dommages sont très rarement d’importance économique. Les populations se développent surtout dans les vergers négligés ou abandonnés.

 

Mineuse du pommier

Les adultes de cette mineuse (Lyonetia speculella) sont de taille semblable à ceux de la mineuse marbrée, mais la couleur prédominante est le gris argenté. Les larves sont des chenilles creusant des mines dans les feuilles en croissance, particulièrement celles des gourmands.

Dégâts observables : La mine prend d’abord la forme d’un serpentin puis évolue en une tache brune. La même chenille peut creuser plusieurs mines sur une même feuille. Jusqu’à maintenant, les densités de populations enregistrées au Québec ont toujours été insuffisantes pour causer des pertes économiques.

 

Mineuse des bourgeons du pommier (apple pith moth)

Ce papillon (Blastodacna atra) d’environ 10 mm est de couleur noire ou brun foncé avec des taches blanches. La chenille est le stade nuisible : à son plein développement, elle est de couleur brun-rose avec une tête brun foncé. Elle peut atteindre 8 mm de longueur, et est recouverte de centaines de petits poils.

Elle se développe à l’intérieur des pousses en croissance, pouvant provoquer la mort du bourgeon terminal. Les dommages sont visibles surtout au printemps, et peuvent être confondus avec les dommages aux pousses causés par le feu bactérien (fiche 105) ou la tordeuse orientale du pêcher (fiche 85). La croissance du pommier peut être sévèrement affectée dans les jeunes plantations, qui sont les plus affectées par cet insecte. Pour l’instant, on la retrouve uniquement en Montérégie et dans les Laurentides.

 

Orcheste du pommier

Ce charançon (Rhynchaenus pallicornis) de toute petite taille (2 à 3 mm) est présent depuis quelques années dans certains vergers (à régie biologique ou utilisant un programme de lutte minimal). Les adultes débutent leur activité extrêmement tôt au printemps (dès le débourrement), causant dans un premier temps des dégâts aux bourgeons qui ressemblent à des dégâts de gel ou de phytotoxicité, mais situés principalement au centre de l’arbre. À mesure que le feuillage se développe, celui-ci est également attaqué d’une part par les larves, qui provoquent l’apparition de cloques de couleur brun foncé à la marge des feuilles (ressemblant à de la phytoxicité), et d’autre part par les adultes, qui le criblent de petits trous un peu comme le font les chrysomèles dans les cultures maraichères. L’insecte cesse toute activité au plus tard à la mi-juillet, pour ne reprendre qu’au printemps suivant.

De fortes populations sont nécessaires pour causer un dommage économique, mais à défaut d’interventions, les populations présentes peuvent augmenter graduellement d’année en année pour atteindre des seuils dommageables (au Michigan, plus de 1000 individus par arbre ou plus de 20% de la surface foliaire dévorée sont des nombres fréquemment rencontrés dans les vergers bio affectés). À noter que les interventions insecticides effectuées contre d’autres ravageurs, tels la punaise terne et le charançon de la prune, maintiennent l’orcheste en échec (sans tambour ni trompette) dans la plupart des situations.

 

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Fiche 90

Yvon Morin, Gérald Chouinard et Stéphanie Gervais

 

Aussi appelé forficule (Forficula auricularia), cet insecte brun foncé, de forme allongée, est muni d’une sorte de pinces, appelées cerques, situées tout au bout de son long corps articulé (16 mm). Il peut être particulièrement abondant vers la fin de la saison dans certaines régions.

perce-oreille

Dégâts observables : Cet insecte se nourrit généralement d’autres insectes (dont le puceron lanigère), mais peut également affecter le fruit si celui-ci est déjà endommagé (parfois des taches de tavelure mangées par cet insecte sont observables). Il ne cause pas de dégâts aux fruits intacts, sauf à ceux du cultivar Golden Russet qui peut parfois être affecté.

 

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Fiche 91

Yvon Morin, Gérald Chouinard et Stéphanie Gervais

 

Le tétranyque rouge, le tétranyque à deux points et l’ériophyide sont les principaux acariens ravageurs des vergers. Depuis quelques années, un autre tétranyque qui ressemble au tétranyque à deux points, le tétranyque de McDaniel, est également présent dans plusieurs vergers. Par temps chaud, les acariens se multiplient rapidement et peuvent endommager sévèrement le feuillage des pommiers. Le stress causé par ces ravageurs peut réduire le rendement de plusieurs façons :

  • en réduisant le calibre des fruits;
  • en causant la chute prématurée des pommes;
  • en réduisant le nombre de bourgeons à fruits viables pour la prochaine récolte.

 

Dépistage

Même si ce n’est pas à ce moment que les symptômes de leur présence sont les plus frappants, c’est durant les mois de mai et de juin que les pommiers sont les plus sensibles aux infestations par les acariens. Comme les acariens peuvent avoir un impact économique important, en PFI, une bonne gestion passe obligatoirement par le dépistage des œufs et des formes mobiles. Cette technique consiste à l’observation d’un minimum de 25 feuilles par bloc (2 à 5 feuilles par arbre), en examinant à l’aide d’une loupe (10X ou 15X) la face inférieure des feuilles. Le tableau Dépistage par observation des fruits ou du feuillage de la fiche 65 présente les détails et les seuils d’intervention.

 

Première étape: intervention à l’huile supérieure

La première intervention sera le plus souvent une application d’huile supérieure contre les œufs d’hiver du tétranyque rouge (si le dépistage révèle des populations supérieures au seuil d’intervention). Si cette intervention n’est pas faite ou n’est pas efficace, il est alors possible d’appliquer un acaricide chimique tel que décrit ci-après.

Des interventions estivales pourront par la suite être effectuées, toujours en fonction du dépistage et des seuils d’intervention. Le nombre d’interventions acaricides requises variera énormément selon les situations : la saison, la qualité de l’application, le produit utilisé, la pluie, les espèces en cause, les populations de prédateurs, etc.

Protection des prédateurs

Les acariens prédateurs (décrits à la fiche 96) jouent un rôle important dans cette panoplie d’acteurs : si vous leur permettez de se développer dans un environnement favorable, ils pourraient vous permettre de vous passer d’acaricides pendant tout l’été! Il en résulte une économie d’argent, à court et à long terme. La conservation des prédateurs entraîne la réduction des pesticides pour la saison présente et pour les saisons subséquentes. Les pratiques suivantes permettent de les protéger :

  • Appliquer des insecticides et des acaricides seulement lorsque les seuils d’intervention sont atteints ou qu’il y a un historique important de dommages;
  • Réserver l’usage du carbaryl (SEVIN) pour éclaircir seulement les variétés qui ne peuvent être éclaircies autrement; n’utilisez jamais le SEVIN en été (ce n’est plus permis!);
  • Choisir les fongicides les moins toxiques pour eux;
  • Intervenir uniquement s’il est évident qu’ils ne contrôlent pas les populations d’acariens ravageurs;
  • Pendant l’été, éviter autant que possible d’utiliser des insecticides toxiques aux prédateurs d’acariens. Les insecticides qui détruisent plusieurs espèces de prédateurs sont à proscrire : une pyréthrinoïde de synthèse par exemple, appliquée l’été même à faible dose, entraîne à coup sûr une augmentation des acariens phytophages.
  • Si le seuil d’intervention est atteint malgré la présence de prédateurs, cela peut signifier qu’ils ne sont pas assez nombreux pour réaliser un contrôle biologique. Si un acaricide doit être appliqué, il vaut mieux choisir un produit qui n’est pas toxique pour les prédateurs présents.
  • Lorsque possible, il vaut mieux chercher à réduire la population des acariens plutôt que de les éliminer, pour laisser une source de nourriture à vos prédateurs. Pour ce faire, vous pouvez traiter localement, ou même traiter aux deux rangs dans le but de laisser des proies pour les prédateurs et soulager immédiatement les arbres.
  • Il vaut mieux cesser toute intervention chimique contre les acariens à partir de la fin août. Il est alors trop tard pour intervenir. De plus, une forte baisse des populations en automne pourrait forcer certains prédateurs à aller pondre ailleurs, et à vous priver de leur utilité l’année suivante.

 

Deuxième étape: lutte à l’aide d’acaricides

Plusieurs acaricides sont disponibles pour contrôler les tétranyques. L’important est de n’intervenir que lorsque le dépistage le justifie, et à l’exception de l’huile, de ne jamais utiliser le même produit deux fois consécutives, car la résistance aux acaricides se développe rapidement.

Traitement en début de saison

Les acaricides utilisables en début de saison (jusqu’à la nouaison) sont l’APOLLO et l’AGRI-MEK. Bien qu’encore homologué, APOLLO n’est malheureusement pas disponible sur le marché depuis plusieurs années.

L’AGRI-MEK est efficace sur les formes mobiles des tétranyques et de l’ériophyide et possède une excellente activité résiduelle. Appliqué entre les stades calice et nouaison en mélange avec de l’huile (concentration de 0,8 %), il permet habituellement un contrôle durant toute la saison.

Des applications de ces deux produits peuvent aussi être recommandées même si le seuil n’est pas atteint, mais uniquement dans le but d’éviter l’utilisation répétée d’un même acaricide d’été (décrits ci-après).

Traitement en période estivale

Les acaricides à utiliser en période estivale sont les suivants : KANEMITE (acéquinocyl), NEXTER (pyridabène), ACRAMITE (bifénazate), NEALTA (cyflumetofen) et ENVIDOR (spirodiclofène). Ces acaricides ont des spectres d’activité différents, par exemple :

  • ACRAMITE est surtout efficace contre le tétranyque à deux points.
  • NEALTA est surtout efficace contre le tétranyque rouge.
  • NEXTER est efficace à la fois contre le tétranyque rouge et l’ériophyide.
  • ENVIDOR est plus efficace contre les œufs que les adultes.
  • KANEMITE a une efficacité à la fois contre les œufs et les formes mobiles de tétranyques, mais aucune efficacité contre l’ériophyide.

Pour vous permettre de choisir l’acaricide qui vous convient le mieux il est donc très important de vérifier la composition des acariens présents dans votre verger à l’aide d’un bon dépistage. Une fois ce travail fait, vérifiez les caractéristiques des différents acaricides présentés dans la fiche 47 pour faire le meilleur choix. Par exemple, dans le cas d’un problème important de tétranyque rouge en juillet et en l’absence d’acariens prédateurs, NEXTER pourrait être un bon choix, mais, s’il y a présence de nombreux tétranyques à deux points avec de l’ériophyide, ENVIDOR serait plus approprié.

Huiles d’été. Une autre approche est également possible, soit l’utilisation de l’huile d’été (par exemple l’huile minérale ultra raffinée ou l’huile de canola ) sur pommiers. La stratégie habituelle pour l’huile d’été consiste à l’ajouter à la bouillie chaque fois que le pulvérisateur est utilisé, si c’est nécessaire (une application tous les 10 à 14 jours est suffisante). Cette huile peut en effet s’appliquer durant toute la saison sauf durant la floraison. Par contre, comme c’est le cas de toutes les huiles, ces produits ne doivent pas être utilisés dans les 14 jours précédant ou suivant une application de captane ni dans les 30 jours précédant ou suivant une application de soufre. D’autres incompatibilités existent selon la formulation utilisée, il faut donc lire l’étiquette avant de faire son choix. La dose maximale homologuée est de 10 L/ha, sans dépasser une concentration de 1 %. En raison de ces contraintes, cette huile est malheureusement difficile à intégrer dans un programme de traitement, mais  lorsque c’est possible, cela représente néanmoins une approche très intéressante.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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Fiche 92

Yvon Morin et Gérald Chouinard

 

ATTENTION DOSES RÉDUITES : l’ARLA ne prend pas action contre ceux qui préconisent de telles pratiques, si elles n’entraînent pas de danger pour la santé ou la sécurité humaine ou pour l’environnement et qu’elles ne sont pas destinées à promouvoir la vente de produits antiparasitaires. Si toutefois l’utilisation de doses réduites ou adaptées devait entraîner des pertes pour les utilisateurs, les conseillers ou les organisations qui les recommandent pourraient être tenus responsables de leurs recommandations dans des actions civiles.

 

Voyez le tétranyque sur Youtube à https://www.youtube.com/watch?v=4kk7HjBtLkc
La capsule vidéo de 10 minutes dresse un portrait du ravageur, montre ses caractères distinctifs, identifie les conditions qui influencent son développement, et vous plonge dans l’action du dépistage et des méthodes d’intervention recommandées en production fruitière intégrée.

 

Description et comportement

Le tétranyque rouge du pommier (Panonychus ulmi) est un ravageur primaire en PFI. Il hiberne au stade d’œuf sur l’écorce des branches ou du tronc. Ces œufs sont rouges et sphériques. Ils mesurent en moyenne 0,13 mm et sont souvent regroupés sur les lambourdes et les rameaux.

Œufs de tétranyque rouge du pommier – photo F. Vanoosthuyse, IRDA

L’éclosion commence au stade du pré-bouton rose. Le tétranyque rouge du pommier passe par trois stades larvaires dont le plus jeune n’a que six pattes alors que les stades subséquents en ont huit. Les jeunes larves se déplacent vers les feuilles pour se nourrir. Sous des conditions climatiques normales à cette période, elles atteindront le stade adulte environ deux semaines plus tard, pendant la floraison. Les adultes ont l’apparence de minuscules araignées rouges carmin de 0,3-0,4 mm. Le mâle est un peu plus petit. Les femelles commencent à pondre sous les feuilles à partir du stade du calice. Les œufs prennent en moyenne de 6 à 14 jours avant d’éclore, alors que par temps chaud, ce temps peut être réduit de moitié. De six à huit générations ou plus peuvent se développer au cours de la saison, selon les conditions climatiques. Par temps chaud, la multiplication sera rapide et une génération pourra être complétée en dix jours.

Adulte de tétranyque rouge de la pomme – photo J. Moisan-De Serres, MAPAQ

À la période préflorale, le tétranyque rouge (Panonychus ulmi) est le seul acarien problématique. Il se multiplie rapidement et les populations peuvent être abondantes dès juin, dans les cas où des œufs sont présents au printemps et qu’un traitement n’a pas été effectué.

À partir de la 3e et la 4e génération (au milieu de l’été), les générations se chevauchent complètement et tous les stades (œufs, larves et adultes) sont présents en même temps. Le pic des populations survient vers la fin du mois de juillet et le début du mois d’août. Les œufs d’hiver sont pondus à partir de la fin août, principalement sur le bois mais aussi sur le calice des fruits et le feuillage. Les formes mobiles ne survivent pas à l’hiver.

Des photographies des différents stades de développement se retrouvent dans le Guide d’identification des ravageurs du pommier et de leurs ennemis naturels.

Cycle de vie du tétranyque rouge de la pomme – illustration J. Veilleux / IRDA

 

Dommages

Des populations importantes causent les dommages suivants (les astérisques identifient des situations extrêmes) :

  • feuillage moucheté et/ou décoloré (bronzage)
  • réduction du taux de nouaison*
  • réduction du nombre et de la qualité des bourgeons à fruit de l’année suivante*
  • retard de croissance
  • diminution du calibre des fruits
  • diminution de la coloration des pommes*
  • chute prématurée des pommes
  • chute hâtive des feuilles*

 

Estimation du risque

Il existe deux types de dépistage pour le tétranyque rouge :

  • Le dépistage sur lambourdes et rameaux permet d’estimer les populations d’œufs d’hiver et d’évaluer si une application d’huile est nécessaire en début de saison. Il doit être effectué au stade dormant ou dès le débourrement.
  • Le dépistage sur feuillage (œufs et formes mobiles) permet quant à lui d’estimer les populations et de vérifier si les prédateurs sont en nombre suffisant pour les contrôler. Il doit être effectué dès que des œufs ou des formes mobiles apparaissent en nombre suffisant sur le feuillage.

Le dépistage sur lambourdes doit être effectué avant le stade débourrement. Observer 30 bourgeons à fruits sur le bois de deux ans ou plus, à raison de deux bourgeons par arbre selon deux orientations opposées. Effectuer les observations à environ 1,5 m de hauteur à l’aide d’une loupe 10X. Concentrer les observations sur le côté ombragé des bourgeons. Porter une attention particulière aux cultivars tels Lobo, Délicieuse et Spartan, sur lesquels les populations ont tendance à se développer plus facilement. Classifier chaque bourgeon en fonction du nombre d’œufs sains de tétranyques rouges présents sur l’équivalent de 3 cm de bois autour du bourgeon, selon le tableau ci-après. Faire la moyenne des cotes obtenues pour les 30 bourgeons. Le seuil d’intervention provisoire est de 0,2.

Nombre d’œufs par bourgeons Cote
0 0
1 à 5 1
6 à 15 2
16 à 50 3
51 et plus 4

Le dépistage sur feuillage et les seuils d’intervention sont synthétisés au tableau Dépistage par observation visuelle des fruits ou du feuillage du présent guide (fiche 65).

 

Stratégie d’intervention
Prévention

Éviter une fertilisation azotée excessive : ne pas dépasser 50 unités d’azote à l’hectare.

Favoriser le développement de la faune auxiliaire en utilisant au minimum les pesticides les plus toxiques pour les prédateurs et les parasites, comme les pyrèthrinoïdes de synthèse et le carbaryl. Cependant, il faut noter que certains acariens prédateurs peuvent être actifs dans le verger, malgré l’utilisation de ces produits, s’ils ont acquis une résistance (ce qui n’est pas très rare).

Répression en début de saison (à l’huile)

Dans la quasi-totalité des cas, il est préférable de tuer les œufs avant leur éclosion plutôt que d’attendre et traiter les formes mobiles. Ceci est valable même si le prix de l’huile supérieure augmente à un rythme impressionnant. L’huile réprime très efficacement les œufs de tétranyque rouge, mais aussi d’autres ravageurs comme les cochenilles (cochenille de San José, cochenille ostréiforme et cochenille virgule) et le puceron rose. Si vous utilisez l’huile, vous ne les connaissez peut-être pas, mais ces insectes sont en recrudescence dans les vergers qui n’en reçoivent pas.

Pour être efficace, l’huile doit être appliquée avant ou pendant l’éclosion des œufs; typiquement, l’application est effectuée entre les stades débourrement avancé et pré-bouton rose.

Il faut noter toutefois que l’huile n’affectera pas les tétranyques à deux points et les ériophyides qui pourraient être présents dans le verger sous forme adulte au moment de l’application.

Les avantages à utiliser l’huile sont nombreux. Généralement, elle réduit suffisamment les populations du tétranyque rouge pour qu’elles demeurent sous les seuils jusqu’en juillet, moment où les prédateurs peuvent prendre le relais pour effectuer un contrôle biologique. Aussi, les tétranyques rouges acquièrent rapidement de la résistance aux acaricides chimiques. L’huile est également efficace contre les cochenilles si elle est appliquée au débourrement, en plus d’être un produit privilégié en PFI, qui ne pose pas de problèmes de résistance.

Moment du traitement

Les applications doivent être faites seulement lorsque le vent est faible et la température assez élevée pour permettre à l’huile de bien couvrir le bois du pommier (idéalement, 18 °C ou plus).

Comme l’huile agit par suffocation sur les œufs, c’est-à-dire qu’elle les empêche de respirer, les points suivants sont à surveiller :

  • L’effet du traitement est maximal lorsque les œufs respirent activement. De façon générale, plus la température est élevée, plus les œufs respirent. Cependant, la période qui précède l’éclosion est celle où le besoin en oxygène est le plus important. Elle correspond environ au stade du pré-bouton rose pour le cultivar McIntosh.
  • L’huile doit recouvrir entièrement les œufs pour les tuer. Il est très important de circuler à basse vitesse pour bien couvrir les arbres. Ainsi, pour les pommiers standards, la vitesse du pulvérisateur ne dépassera pas 3 km/h et la quantité de bouillie pulvérisée sera d’au moins 1000 L/ha. Dans le cas des pommiers nains et semi-nains, la vitesse atteindra au maximum 3-5 km/h et la quantité de bouillie peut être abaissée en conséquence.
  • Si le temps le permet, l’application peut être réalisée en deux passages à demi-dose, faits en sens contraire, assurant ainsi une meilleure couverture et une efficacité supérieure. Par exemple, les rangs qui ont été faits en remontant le verger seront refaits en descendant le verger. Si vous n’avez pas de contrainte de temps, la rentabilité de cette pratique est reconnue.

Précautions à prendre
Les conditions printanières n’étant pas souvent favorables à l’application d’huile, il est important de la faire dès qu’elles se présentent, même si le stade du pré-bouton rose n’est pas atteint. Inversement, n’intervenez pas dans de mauvaises conditions : c’est du temps et de l’argent mal investis.

Toute période de gel survenant moins de 48 heures après un traitement à l’huile peut causer des dommages à l’écorce, et par la suite, de la phytotoxicité sur les cultivars sensibles à l’huile, comme Empire et Délicieuse.

Il est important de ne pas appliquer du CAPTAN, MAESTRO ou autre fongicide à base de captane dans un délai d’une dizaine de jours précédent et suivant une application d’huile.

Quelques conseils supplémentaires

  • Si les conditions favorables ne se présentent pas avant le stade pré-bouton rose, le traitement à l’huile peut quand même être appliqué par la suite si les températures sont supérieures à 10 °C. Cependant, pour éviter les risques de phytotoxicité, il est nécessaire de ne pas dépasser la moitié de la dose au pré-bouton rose (3 % ou 30 L/ha) et le quart de la dose au bouton rose (2 % ou 15-20 L/ha). L’application à dose réduite perdra par contre son efficacité contre les cochenilles.
  • Si l’éclosion des œufs du tétranyque rouge est observée au moment même où les conditions météo idéales se présentent, l’huile peut également être appliquée avec grand succès contre les très jeunes stades du tétranyque rouge. La température doit toutefois rester élevée durant quelques jours après l’application et il ne doit pas y avoir de pluie pendant cette période.
  • Si vous avez subi du déclassement de fruits par la cochenille l’an passé, une intervention à l’huile est recommandée même si le seuil du tétranyque rouge n’est pas atteint. Dans ce cas toutefois, il est souhaitable d’utiliser la pleine dose d’huile et de l’appliquer avant l’atteinte du stade débourrement avancé. L’huile doit être appliquée assez tôt pour éviter la phytotoxicité, et aussi car le bouclier des cochenilles est moins épais à la sortie de l’hiver. Par la suite, une couche de cire se forme sur leur bouclier et s’épaissit rapidement à partir du débourrement.
Répression en été

Consultez la Stratégie globale de lutte aux acariens (fiche 91).

 

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Fiche 93

Yvon Morin et Gérald Chouinard

 

Description et comportement

Le tétranyque à deux points (Tetranychus urticae) est un ravageur secondaire en PFI. La femelle hiberne dans le paillis des plantes et dans les crevasses de l’écorce. Elle est de couleur orange brillant, contrairement aux tétranyques présents en été qui sont plutôt jaunâtres ou verdâtres avec une paire de taches dorsales sombres. La femelle active mesure jusqu’à 0,4 mm de longueur et le mâle, 0,3 mm. Elle reprend sa teinte orangée à la fin de l’été juste avant d’hiberner.

Œufs et formes mobiles de tétranyque à deux points
photo J. Moisan-De Serres, MAPAQ

Forme mobile de tétranyque à deux points – photo J. Moisan-De Serres, MAPAQ

Le tétranyque à deux points commence à pondre des œufs (sphériques, de couleur jaunâtre, et partiellement translucides) au stade du débourrement avancé, sous les feuilles du pommier ou sur les mauvaises herbes. Les larves envahissent les pommiers nains et semi-nains lors d’une sécheresse, à la suite du fauchage ou de la pulvérisation des mauvaises herbes avec un herbicide. Cela se produit surtout à la fin juin et au début juillet. Contrairement au tétranyque rouge, le tétranyque à deux points peut tisser de fines toiles sous les feuilles et les individus vivent habituellement en colonies.

Cinq à neuf générations de tétranyques à deux points se succèdent et les populations atteignent leur maximum entre la fin juillet et le début août. Le tétranyque à deux points envahit plus rapidement les pommiers nains que les autres pommiers.

Cycle de vie du tétranyque à deux points – illustration J. Veilleux / IRDA

 

Dommages

Les tétranyques à deux points se nourrissent de sève à même le feuillage du pommier. Ils s’attaquent d’abord habituellement aux feuilles du centre de l’arbre pour aller ensuite vers l’extérieur. Lorsque l’infestation est bénigne, on note l’apparition de taches pâles à la surface des feuilles.

Une attaque plus grave pourra entraîner l’apparition de petites toiles en dessous des feuilles, puis le bronzage du feuillage, un retard de croissance, une réduction du calibre et de la qualité du fruit, ainsi que sa chute prématurée. Une décoloration sévère du feuillage causée par les acariens, particulièrement en juin, nuit gravement à la nouaison des fruits et à la formation des bourgeons à fruits pour l’année suivante.

 

Estimation du risque

La méthode de dépistage est décrite au tableau-synthèse Dépistage par observation des fruits ou du feuillage de la fiche 65. La méthode et les seuils sont les mêmes que pour le tétranyque rouge. Fait à noter, la migration et la multiplication du tétranyque à deux points sont plus rapides que celles du tétranyque rouge.

Pour de plus amples informations, se référer à la fiche 92 dans le présent guide.

 

Stratégie d’intervention
Prévention

Les interventions préventives à privilégier sont les suivantes :

  • éviter une fertilisation azotée excessive;
  • éviter de faucher le couvre-sol durant une période de sécheresse;
  • favoriser le développement des prédateurs naturels du tétranyque par le choix judicieux des pesticides appliqués.

Consultez la fiche 91.

Répression

Consultez la fiche 91.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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Fiche 94

Yvon Morin et Gérald Chouinard

 

Description et comportement

L’ériophyide du pommier (Aculus schlechtendali) est un ravageur mineur en PFI. Il est allongé et de couleur brun-jaune. Cet acarien est cinq fois plus petit que les tétranyques : l’adulte mesure à peine 0,07 mm. Il n’est pas visible à l’œil nu et les jeunes stades sont difficiles à voir, même avec une loupe.

ériophyide du pommier

Ériophyides du pommier

La femelle adulte hiberne à l’intérieur des bourgeons ou dans les replis de l’écorce. L’ériophyide commence à se nourrir du feuillage au stade débourrement, mais les populations sont rarement assez fortes pour être problématiques avant la fin juin.

Le pic des populations est habituellement observé en juillet. Les populations diminuent en août lorsque les femelles se préparent à hiberner. Il y a habituellement trois générations par année et une quatrième lorsque les conditions climatiques sont favorables.

L’ériophyide a tendance à se reproduire davantage s’il n’y a pas de tétranyque. Cet acarien est souvent toléré, car il sert de nourriture aux prédateurs lorsque les tétranyques rouges et à deux points sont absents.

Cycle de vie de l’ériophyide du pommier – illustration J. Veilleux / IRDA

 

Dommages

L’ériophyide du pommier se nourrit des deux faces des feuilles, provoquant leur dessèchement et leur brunissement. Un léger enroulement des feuilles est le premier symptôme de leur présence. Dans le cas d’infestations plus graves, le feuillage prend une teinte brun-rouille, d’où son nom anglais de « rust mite ». Ce roussissement est davantage rougeâtre ou pourpré que la teinte brun-tabac provoquée par les infestations graves de tétranyques.

De plus amples informations sur ce ravageur se retrouvent dans le Guide d’identification des ravageurs du pommier et de leurs ennemis naturels.

 

Estimation du risque

La méthode de dépistage de ce ravageur est décrite au tableau-synthèse Dépistage par observation des fruits ou du feuillage de la fiche 65. Le seuil d’intervention pour les ériophyides est élevé et varie selon les cultivars.

Le contrôle de l’ériophyide n’est habituellement pas nécessaire. Par ailleurs, sa présence favorise le développement et le maintien d’un excellent prédateur de tétranyques, l’agistème (yellow mite).

 

Stratégie d’intervention
Répression en été

Au besoin, l’ériophyide peut être contrôlé en même temps que les tétranyques par l’utilisation d’un acaricide en saison (sauf APOLLO, KANEMITE et ACRAMITE). Consultez la fiche 91 pour les détails.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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Fiche 95

Gérald Chouinard, Yvon Morin, Daniel Cormier, Robert Maheux et Sylvie Bellerose

 

ATTENTION DOSES RÉDUITES : l’ARLA ne prend pas action contre ceux qui préconisent de telles pratiques, si elles n’entraînent pas de danger pour la santé ou la sécurité humaine ou pour l’environnement et qu’elles ne sont pas destinées à promouvoir la vente de produits antiparasitaires. Si toutefois l’utilisation de doses réduites ou adaptées devait entraîner des pertes pour les utilisateurs, les conseillers ou les organisations qui les recommandent pourraient être tenus responsables de leurs recommandations dans des actions civiles.

Les espèces utiles travaillent gratuitement pour vous à produire des fruits et à abaisser les populations de ravageurs. La plus connue de ces espèces est sans contredit l’abeille domestique, pollinisatrice acharnée dont la valeur totale du travail sur la planète a été évaluée à plus de 250 milliards de dollars en 2012 (consultez la fiche 42 pour les détails quant au rôle joué par l’abeille en pomiculture).

Il existe toutefois bien d’autres espèces utiles dans nos vergers, et leur valeur est également très importante. Plusieurs espèces s’attaquent aux acariens, d’autres sont d’excellentes consommatrices de pucerons, alors que certaines ont un menu plutôt varié. Les plus courantes s’attaquent et répriment efficacement la mineuse marbrée et les pucerons verts, d’autres s’attaquent aux pucerons lanigères et plus d’une dizaine d’espèces localisent et tuent les larves de la tordeuse à bandes obliques.

L’activité de certaines espèces utiles, notamment des parasitoïdes, peut être spectaculaire. Il n’est pas rare, par exemple, d’observer des taux de parasitisme de 25 % chez les tordeuses et de 75 % chez les mineuses, dans les vergers commerciaux du Québec qui pratiquent la PFI.

Mais il y a un mais : plusieurs de ces espèces utiles sont très sensibles à l’application des pesticides. Le choix de ces produits est donc crucial si vous voulez favoriser leur présence. En les protégeant, vous bénéficierez ainsi de leur activité qui pourra vous faire épargner des traitements supplémentaires au cours de l’été.

Pour ne pas nuire à leur travail, quelques règles simples, mais précieuses méritent d’être suivies, telles que décrites dans les pages qui suivent.

 

Protection des abeilles et autres pollinisateurs

Dans nos régions, l’abeille domestique ne survit pas à l’hiver. Celles qu’il est possible d’apercevoir durant la saison chaude proviennent de ruches tenues par des apiculteurs. Par conséquent, à l’approche de la floraison, il faut en louer s’il n’y a pas présence de celles venues d’un verger voisin. Les abeilles domestiques et les pollinisateurs sauvages favorisent une pollinisation uniforme. Afin de protéger ces insectes utiles, le simple bon sens et la Loi (voir la fiche 19) défendent strictement d’appliquer des pesticides toxiques pour les abeilles lors de la floraison.

abeille

Prévenir l’intoxication des abeilles

L’agriculteur qui utilise des pesticides dans ses cultures a le devoir de prendre les mesures préventives suivantes pour ne pas intoxiquer les abeilles :

  • Avant d’épandre un pesticide, prévenir les apiculteurs des environs afin qu’ils mettent leurs colonies à l’abri. Communiquer avec un centre de services du MAPAQ pour obtenir la liste des apiculteurs voisins.
  • Ne pas pulvériser de pesticides toxiques aux abeilles sur des cultures en fleurs fréquentées par des abeilles. S’il est indispensable d’appliquer des pesticides pendant la floraison, se limiter aux produits relativement peu toxiques ou inoffensifs (voir plus bas pour la liste)  et le faire entre 19 h et 7 h, moment où les abeilles sont rentrées à la ruche.
  • Ne pas traiter par temps venteux pour éviter que les embruns de pesticides soient emportés vers les ruches avoisinantes.
  • Les abeilles mellifères s’intoxiquent souvent en butinant les plantes de couverture, comme le pissenlit ou le trèfle, qui sont en fleurs dans le verger. La tonte ou la taille de ces plantes avant la pulvérisation d’insecticides protégera les abeilles.
  • Retirer les ruches aussitôt que la pollinisation est terminée (ou suffisante) et avant l’application des insecticides en postfloraison.
  • Lire l’étiquette de chaque pesticide pour connaître les précautions à prendre pour protéger les abeilles.
Toxicité des pesticides utilisables en pomiculture envers les abeilles

La toxicité des pesticides envers les abeilles rapportée dans le tableau qui suit est mise à jour constamment en fonction des données disponibles, sur le site web de SAgE pesticides (http://www.sagepesticides.qc.ca).

Au moment de publier ce guide, les produits utilisables pendant la floraison sont peu nombreux, et même ces produits doivent être appliqués préférablement entre 19 h et 7 h : ALTACOR (chlorantraniliprole), DIPEL, FORAY et BIOPROTEC (Bt), INTREPID (méthoxyfénozide), BELEAF (flonicamide), VIROSOFT CP4 et CYD-X (virus de la granulose du carpocapse), les phéromones utilisées en confusion sexuelle et la plupart des agents de lutte contre la tavelure, le feu bactérien et les autres maladies. Des applications de ces produits pendant la floraison sont donc possibles si les produits sont homologués pour cette période. Vérifiez l’étiquette!

 

Protection des prédateurs et parasitoïdes

La présence d’organismes utiles dans le verger est largement favorisée lorsque ceux-ci peuvent trouver la nourriture dont ils ont besoin, c’est-à-dire des ravageurs. La PFI tolère donc la présence de ravageurs jusqu’à un certain seuil de tolérance économique qui permet ainsi la survie des prédateurs et parasitoïdes. Il faut donc être ouvert et savoir qu’il n’est pas possible de réprimer totalement tous les ravageurs du verger. L’approche de la PFI vise davantage à obtenir le meilleur coût de production par pomme récoltée plutôt que la récolte maximale avec une facture plus onéreuse de pesticides.

Plus d’informations sur les prédateurs et parasitoïdes rencontrés en vergers sont présentées aux fiches 96, 97 et 98.

 

Protection des autres organismes utiles
Araignées

Plus d’une cinquantaine d’espèces d’araignées peuvent être rencontrées dans les vergers. Ces organismes sont tous prédateurs, principalement d’insectes. Dans les vergers commerciaux, les araignées errantes et les araignées à toile (comme les épeires) se nourrissent principalement de tétranyques et de tordeuses. Elles sont plus abondantes lorsque les traitements insecticides y sont modérés. Les applications d’insecticides à large spectre dirigées contre la mouche de la pomme nuisent à l’établissement maximal des populations d’araignées en août.

araignée

araignée

Micro-organismes utiles

Oui, il existe de très petits organismes utiles à la pomiculture! Certains nématodes présents naturellement dans le sol, mais aussi des bactéries, des champignons et des virus s’attaquent aux insectes et aux acariens. D’autres champignons utiles s’attaquent plutôt à la tavelure. De nombreuses études en cours à travers le monde visent à mieux connaître ces micro-organismes qui sont la plupart du temps spécifiques, c’est-à-dire qu’ils ne s’attaquent qu’à une seule espèce ou qu’à un petit groupe d’espèces. Certains de ces micro-organismes (les plus connus actuellement) sont présentés à la fiche 11.

 

Comment adapter votre programme de traitements de façon à protéger les organismes utiles

Tout d’abord, le principe général suivant mérite d’être rappelé :

  • Dépistez les ravageurs et traitez uniquement lorsque les seuils d’intervention sont atteints.

Lorsque des applications sont vraiment nécessaires, favorisez les choix suivants :

  • Sélectionnez le pesticide le moins toxique sur les espèces bénéfiques que vous voulez protéger. La majorité des nouveaux insecticides disponibles sont des produits sélectifs qui sont plus efficaces contre le ravageur visé avec une faible toxicité sur les prédateurs présents.
  • Utilisez la dose minimale efficace pour réprimer les ravageurs (voir ci-après).
  • Privilégiez les traitements de bordures lorsque c’est possible, afin de créer une zone centrale exempte de produits toxiques qui servira de refuge pour les espèces bénéfiques.
  • Choisissez si possible le moment de la journée où les organismes utiles sont moins actifs ou vulnérables.

Les tableaux d’efficacité des pesticides contre les ravageurs (fiche 47) et de toxicité des pesticides envers les espèces utiles (ci-dessous) vous permettront de faire les meilleurs choix pour protéger votre récolte tout en favorisant le développement des espèces utiles.

(Cliquez ici pour télécharger le tableau complet​)

 

Notes et légende:
Peu ou pas toxique : bonhomme sourire (peu ou pas toxique)     Modérément toxique : bonhomme triste (modérément toxique)     Très toxique : tête de mort (très toxique)     Toxicité inconnue : carré (toxicité inconnue)

Ces cotes de toxicité désignent l’importance relative des effets toxiques des pesticides sur les insectes et acariens utiles. Elles ont été déterminées à partir de différentes sources bibliographiques / recommandations publiées au Canada, aux États-Unis et en Europe incluant la base de données publiée par International Organisation for Biological Control (IOBC) ainsi que les observations et études effectuées au Québec par les conseillers et chercheurs membres du Réseau-pommier.        

Les informations concernant les nouveaux produits sont fragmentaires et sujettes à révision.

 

Dosage des pesticides

L’application d’une dose supérieure à celle affichée sur l’étiquette du produit est risquée et représente un coût supplémentaire de production. Cette surdose représente aussi un risque pour la récolte (limite maximale tolérée de résidus sur les fruits dépassée, possibilité de phytotoxicité), un risque pour l’applicateur et un risque pour l’environnement. De plus, elle peut contribuer au développement de résistance chez les ravageurs, sans compter ses effets nocifs décuplés sur les espèces utiles.

Pour sa part, une dose insuffisante ne règle pas le problème pour lequel le pesticide a été appliqué, et les applications répétées qu’elle peut engendrer peuvent également favoriser le développement de résistance et le déclin des espèces utiles. Sans compter la perte de tous les recours possibles contre la compagnie car seule la dose inscrite sur l’étiquette est garantie efficace par le fabricant.

La détermination de la dose d’emploi d’un pesticide ne doit jamais être prise à la légère dans le seul but de réduire la facture de pesticides (bien que cet objectif soit défendable). En bout de ligne, il n’y a donc qu’une recommandation possible :

la meilleure dose à utiliser est toujours la dose minimale efficace
qui permet de réprimer adéquatement le ravageur.

Les doses présentes sur l’étiquette des nouveaux produits sont homologuées en fonction de leur efficacité sur le ou les ravageur(s) visé(s) et/ou du degré d’infestation présent. Dans le cas des vergers, elles sont maintenant évaluées avant homologation dans des plantations à haute densité. En vergers de pommiers standards, la dose minimale efficace d’un produit récent risque donc de correspondre à la dose maximum avec un volume de bouillie élevé permettant de bien couvrir tout le feuillage présent.

Les étiquettes de produits moins récents n’indiquent parfois qu’une seule dose, valable pour les conditions les plus difficiles, comme dans le cas de pommiers standards ou dans le cas ou la pression de ravageur est élevée. Cette dose unique peut donc, dans certaines conditions, correspondre à une surdose sur le plan agronomique!

Consultez votre représentant de pesticides si vous rencontrez de telles situations délicates ou problématiques.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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Fiche 96

Yvon Morin, Gérald Chouinard, Daniel Cormier et Robert Maheux

 

Note : consultez le guide chronologique du dépistage (fiche 65) pour visualiser les périodes d’activité des principaux organismes décrits dans cette fiche.

 

Phytoséiides
Description et comportement

Les phytoséiides (Amblyseius sp., Neoseiulus sp.,Typhlodromus sp.) sont les plus voraces des acariens prédateurs. Ils complètent plusieurs générations par année sous les conditions climatiques du Québec. Neoseilus (=Amblyseius) fallacis et Typhlodromus caudiglans (le typhlodrome) sont les deux espèces les plus souvent rencontrées en vergers.

phytoséiide

Leur corps transparent en forme de poire laisse souvent apercevoir un « H » coloré, de couleur rouge ou jaune, selon qu’ils se nourrissent de tétranyques rouges ou de tétranyques à deux points.

Les différentes espèces de phytoséiides sont impossibles à distinguer l’une de l’autre sans équipement spécialisé. De taille voisine à celle des tétranyques, ces prédateurs sont visibles à l’aide d’une loupe (10X ou plus). Ils se déplacent rapidement, contrairement aux acariens ravageurs.

De plus amples informations sur ces prédateurs se retrouvent dans le Guide d’identification des ravageurs du pommier et de leurs ennemis naturels ou sa version en ligne.

Alimentation

La proie favorite de ces prédateurs est le tétranyque à deux points. Le typhlodrome peut aussi se nourrir de tétranyques rouges et d’ériophyides. Cette espèce, contrairement à Neoseiulus fallacis, se nourrit de tous les stades de développement.

Il arrive que leurs populations soient très élevées dans des vergers où la population de tétranyques à deux points est élevée.

Il est alors possible de constater que, lorsqu’une source de nourriture est présente, ces prédateurs colonisent le pommier.

Activité

En début de saison, ces deux prédateurs sont présents surtout au sol. Ils se nourrissent de tétranyques à deux points sur les mauvaises herbes à feuilles larges. En fin de saison, à partir du mois d’août, ils se trouvent plus souvent sur les pommiers.

Efficacité

Souvent, le seuil d’intervention pour le tétranyque à deux points est atteint avant que les phytoséiides montent dans les arbres. Ainsi, s’il est possible de retarder le traitement, il peut y avoir augmentation des populations de phytoséiides. Si celles-ci sont assez abondantes, elles peuvent faire chuter rapidement les populations de tétranyque à deux points.

Sensibilité aux pesticides

Ces prédateurs sont très sensibles aux pyréthrinoïdes (UPCYDE, POUNCE, DECIS, RIPCORD et MATADOR) et au carbaryl (SEVIN). Le RIMON serait également toxique. Les fongicides contenants du mancozèbe (DITHANE, MANZATE, PENCOZEB) leur seraient aussi toxiques.

 

Stigmaéides
Description et comportement

Ces acariens prédateurs (Agistemus sp., Zetzelia sp.) ressemblent aux acariens ravageurs, mais leur couleur, comme celle de leurs œufs, est jaune citron (d’où leur nom anglais de « yellow mites »). Les adultes prennent parfois une teinte orangée (comme lorsqu’ils se nourrissent d’oeufs de tétranyques rouges). Ils se déplacent beaucoup moins vite que les phytoséiides.

Pour de plus amples informations sur ce prédateur, veuillez consulter le Guide d’identification des ravageurs du pommier et de leurs ennemis naturels (cliquer ici pour la version en ligne).

Alimentation

Le plus répandu des acariens prédateurs, l’agistème se nourrit surtout d’ériophyides et d’oeufs de tétranyques mais peut s’accommoder de pollen au besoin pour survivre à une pénurie de proies.

Activité

L’agistème est actif tôt au printemps et peut assez efficacement maintenir les populations de tétranyque rouge sous les seuils d’intervention. Cependant, c’est à partir de juillet et août qu’il se trouve en plus grand nombre, surtout lorsque les ériophyides ont été abondants l’année précédente.

Les stigmaéides peuvent aussi cohabiter avec d’autres acariens prédateurs, comme les phytoséiides.

Efficacité

L’agistème est le principal allié des pomiculteurs québécois contre l’ériophyide et les tétranyques. Il est cependant vulnérable, car sous certaines régies, il peut être décimé par la punaise de la molène (principalement dans des blocs trop vigoureux et peu taillés, ce qui est un environnement très favorable aux punaises) ou par l’utilisation de certains pesticides qui lui sont toxiques.

Si l’agistème est présent, il n’est pas recommandé d’intervenir contre l’ériophyide. Sa présence justifie aussi un dépistage « serré » du tétranyque rouge et du tétranyque à deux points avant d’intervenir.

 

Autres acariens prédateurs

Des photos de ces prédateurs se retrouvent dans le Guide d’identification des ravageurs du pommier et de leurs ennemis naturels ou sa version en ligne.

Balaustium

Cet acarien rouge vif est présent en début et en fin de saison sur le pommier. Il est deux ou trois fois plus gros qu’un tétranyque et se déplace rapidement à la recherche de nourriture. En fin de saison, il est très commun dans les vergers.

Balaustium

Allothrombium

Fréquent principalement en fin de saison, cet autre acarien prédateur se nourrit d’œufs de plusieurs insectes et acariens de même que d’adultes et larves de tétranyques. Il est plus gros que le tétranyque rouge et sa couleur est rouge orangée. Il se nourrit aussi de pucerons verts et peut être assez commun dans les vergers.

Allothrombium

Punaise de la molène

La punaise de la molène (Campylomma verbasci) se retrouve dans la majorité des vergers du Québec. En début de saison, elle y réduit efficacement les populations de tétranyques rouges. Malheureusement, elle a aussi tendance à se nourrir de jeunes fruits, et son comportement est difficile à prévoir.

punaise de la molène (adulte)

Pour de plus amples informations sur ce prédateur, se référer au Guide d’identification des ravageurs du pommier et de leurs ennemis naturels ou sa version en ligne.

Description et comportement

L’adulte est vert grisâtre et deux fois plus petit que la punaise terne. Il est possible de l’observer sur les jeunes pousses, où il se nourrit de pucerons et de sève.

À la fin de l’été, les œufs sont pondus sur des arbres où il y a des tétranyques rouges. Ils éclosent la saison suivante pendant la floraison du pommier. Les larves ressemblent au puceron vert, mais se déplacent davantage. Elles se nourrissent de larves de tétranyques.

Tel que mentionné, ce prédateur peut s’attaquer au fruit. Ce comportement dépend, entre autres, de l’abondance de proies, du cultivar et des conditions climatiques.

Il survient habituellement, lorsque la population de punaises de la molène est abondante et qu’il y a peu de tétranyques. La présence d’un cultivar attrayant, comme la Délicieuse rouge et la Spartan, favorise ce comportement. Dans les cas extrêmes, les autres cultivars peuvent aussi être attaqués.

Un temps chaud et sec après la floraison favorise aussi l’attaque des fruits.

Les dommages les plus importants sont faits entre le stade calice et le stade nouaison (10 mm). Après ce stade, il est préférable de ne pas appliquer de pesticides qui sont toxiques pour cet insecte afin de le maintenir dans le verger pour qu’il exerce son action prédatrice.

Sensibilité aux pesticides

La punaise de la molène est peu sensible aux insecticides de la famille des organophosphorés mais est très sensible aux néonicotinoïdes.

 

Punaise translucide
Description

La punaise translucide (Hyaliodes vitripennis) est une punaise d’apparence délicate, de dimension semblable à la punaise terne (4-5 mm). Elle est distinguable grâce à ses ailes transparentes barrées de deux lignes noires et à ses antennes rayées.

punaise translucide

Les stades immatures sont verts et le bout de leur corps, effilé et retroussé, prend une couleur rouge lorsqu’elle se nourrit de tétranyques rouges. La punaise translucide se retrouve presque toujours sur le dessous des feuilles du pommier. Dans nos conditions climatiques, il n’y a qu’une génération par année.

Pour de plus amples informations, se référer au Guide d’identification des ravageurs du pommier et de leurs ennemis naturels ou sa version en ligne.

Activité

Cette punaise était probablement le prédateur du tétranyque rouge le plus efficace et le plus courant dans les vergers du sud-ouest du Québec. Cependant, avec l’utilisation plus fréquente d’insecticides durant l’été contre le carpocapse, la population de ce prédateur a fortement diminué. Il se retrouve surtout dans les pommiers standards, mais aussi dans les pommiers nains et semi-nains.

Les premières larves arrivent seulement à la fin juin et les premiers adultes vers la mi-juillet. La ponte commence vers le début d’août.

Alimentation

En plus du tétranyque rouge, cette punaise se nourrit de cicadelles, de pucerons, de larves de lépidoptères et même de mineuses dans leur mine!

Pour favoriser sa présence

Il est possible de favoriser sa présence en tolérant les tétranyques dans un bloc. Les punaises translucides déposeront leurs œufs dans ce bloc au mois d’août. Il est important que les tétranyques soient encore présents au mois d’août, sinon, la punaise ira pondre ailleurs. Donc, un « grand nettoyage » des acariens ravageurs est à éviter.

Sensibilité aux pesticides

Il y a peu d’information disponible pour les nouveaux insecticides. Il est cependant connu que les néonicotinoïdes lui sont toxiques.

 

Autres punaises prédatrices

D’autres punaises prédatrices (réduvides, nabides, pentatomides, anthocorides et mirides) peuvent se nourrir quasiment de tout ce qui bouge et qui n’est pas trop gros. Elles sont souvent observées dans les vergers qui reçoivent un minimum d’insecticides pendant l’été. Certaines sont très voraces, comme la punaise soldat Podisus maculiventris.

Des photos de ces punaises se retrouvent dans le Guide d’identification des ravageurs du pommier et de leurs ennemis naturels ou sa version en ligne.

 

Introduction de prédateurs d’acariens en vergers

Il arrive malheureusement que les populations de prédateurs d’acariens disparaissent soudainement de certains blocs de vergers, soit en raison de l’application d’un pesticide qui leur est toxique, soit en raison de l’absence des acariens phytophages et des autres petites bêtes qui leur servent de nourriture. De nombreuses études ont démontré que la réintroduction de prédateurs dans ces zones est possible, en transférant du bois de taille d’été, ou simplement des feuilles de pommiers, à partir de vergers-source (spécialement dans le cas des phytoséiides et de la punaise translucide). Pour plus d’informations sur la méthode de transfert d’acariens par le bois de taille d’été, consultez le Guide des méthodes alternatives de protection des pommiers.

Les acariens prédateurs sont même disponibles commercialement au Québec pour lutter contre les tétranyques (FALLACIS-IMPACT d’Anatis Bioprotection). La grande sensibilité des prédateurs d’élevage aux pesticides et leur coût d’achat limitent actuellement leur utilisation, mais la protection des populations de prédateurs indigènes est fortement recommandée et profitable, comme présenté ci-après.

 

Abondance et efficacité des prédateurs d’acariens au Québec

Pour les tétranyques, il est estimé que les populations peuvent être maintenues naturellement en dessous des seuils de nuisibilité lorsqu’il y a au moins un prédateur de type phytoséiide pour 10 à 15 tétranyques. La présence d’ériophyides sur le feuillage tôt en saison augmente cette probabilité, car les acariens prédateurs les utilisent comme source de nourriture « en attendant » l’arrivée des tétranyques.

Nom Abondance Proie préférée Efficacité Intérêt en PFI
Stigmaéides +++ Tétranyque rouge +++ ++++
Ériophyide ++++ ++++
Phytoséiides ++ Tétranyque à deux points ++++ +++
Punaise translucide1 + Tétranyque rouge +++ ++
Punaise de la molène ++++ Tétranyque rouge ++ ++
Puceron vert ++ ++
Allothrombium ++ Non spécifié + ++
Prédateurs de pucerons2 Variable Puceron vert Variable ++
Balaustium + Variable + +

+ : faible; ++++ : élevé.

  1. Très affectée par certains traitements estivaux contre le carpocapse.
  2. Larves de cécidomyies, de syrphides, de chrysopes et de coccinelles.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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Fiche 97

Gérald Chouinard, Yvon Morin, Daniel Cormier et Robert Maheux

 

Les prédateurs de pucerons sont très communs dans les vergers et ils peuvent maintenir efficacement les populations de puceron présentes en dessous des seuils de nuisibilité. L’utilisation de pesticides à faible risque pour ces espèces utiles favorise leur présence dans le verger. Plusieurs de ces espèces se nourrissent aussi d’acariens, ce qui n’est pas sans intérêt (voir la fiche 96).

Consultez le Guide chronologique du dépistage (fiche 65) pour visualiser les périodes d’activité des différents organismes décrits dans cette fiche.

 

Cécidomyies prédatrices

Les cécidomyies prédatrices (Aphidoletes aphidimyza), à ne pas confondre avec la cécidomyie du pommier, constituent le plus important prédateur de pucerons verts sous les conditions prévalant au Québec. Elles se nourrissent également de pucerons lanigères, de pucerons roses et d’acariens. Les cécidomyies passent l’hiver dans un cocon enfoui à environ 1 cm sous le couvre-sol du verger. L’adulte est un petit moustique (3 mm) d’apparence banale et difficile à observer, apparaissant en juin. Chaque femelle pond jusqu’à 600 œufs, dont plusieurs sur les feuilles de pommiers, près des colonies de pucerons. Les larves (asticots) sont orange vif et ont l’apparence de petits vers (2 mm) sans tête ni pattes. Les premières larves sont présentes au début de juin et il y a, en général, deux générations par année. Seules les larves sont prédatrices. Celles-ci paralysent leur proie par une piqûre et les ponctionnent ensuite pour se nourrir de leur contenu. Une larve de cécidomyie peut consommer jusqu’à 60 pucerons durant sa vie.

cécidomyie prédatrice (adulte)

En utilisant des pesticides qui vont favoriser leur présence (se référer au tableau de la fiche 95 sur la toxicité), les larves de cette espèce sont généralement suffisamment abondantes pour réprimer efficacement les pucerons verts sans besoin d’intervention. Il est estimé que les populations de pucerons verts peuvent être maintenues naturellement en dessous des seuils de nuisibilité lorsque 25 % des pousses affectées par les pucerons contiennent des cécidomyies ou qu’il y a présence d’au moins une larve de cécidomyie par 20 à 40 pucerons.

 

Chrysopes

La larve (8 mm) est prédatrice. Elle ressemble à une petite chenille à l’abdomen effilé, munie de pinces à l’avant. L’adulte (10-20 mm) est d’apparence délicate. Il est reconnu par sa couleur verte ou parfois brune (dans ce cas, ce sont plus précisément des hémérobes), à ses longues antennes fines et à ses grandes ailes translucides posées, au repos, tel un toit en pente au-dessus de son corps allongé. Ses œufs blancs (1 mm) sont dressés un à un au bout de longs fils de soie (1 cm) et sont facilement observables sur la face inférieure des feuilles ou parfois à la surface des fruits.

chrysope (larve)

Environ trois générations de chrysopes sont dénombrées par année au Québec. Les larves sont présentes à partir de la mi-juin et vont fluctuer en nombre selon l’abondance des pucerons jusqu’à la mi-octobre. Elles peuvent consommer jusqu’à 300 pucerons par jour. Il est estimé que les populations de pucerons verts peuvent être maintenues naturellement en dessous des seuils de nuisibilité lorsqu’il y a une larve de chrysope pour 70 pucerons. Ce prédateur peut aussi être utile pour maintenir sous un seuil acceptable les populations de certains ravageurs tels que cochenilles, acariens, cicadelles et jeunes stades larvaires de papillons (chenilles) ou d’autres insectes, mais peu de données existent pour quantifier cette utilité.

 

Syrphes

L’adulte (10 mm) est une mouche ressemblant, de par sa coloration, à une guêpe. Il se différencie toutefois facilement par son habitude à faire du vol stationnaire. Sa tête et ses yeux de mouche sont aussi plus gros que ceux d’une guêpe. La larve (6 mm) est un asticot sans pattes ni yeux, à tête effilée comme un cône, qui ressemble à une petite limace (figure). Elle est de couleur variable : gris, jaune, orange, vert ou une combinaison de ces couleurs, celles-ci formant généralement une série de lignes sur le dos. Ses œufs sont blancs et peuvent être facilement observés à travers les colonies de pucerons.

syrphe (larve)

Le syrphe est utile de deux façons. Adulte, il agit comme pollinisateur, se nourrissant de pollen et de nectar. Au stade larvaire, la plupart des syrphes rencontrés en vergers sont d’excellents prédateur de pucerons verts et roses : certaines espèces peuvent en consommer entre 400 et 900 pendant les 3 à 4 semaines de leur développement. Plusieurs espèces de syrphes peuvent être présentes dans les vergers. Près de 18 espèces différentes ont été répertoriées au Québec, sans compter quelques espèces de Chamameidae très semblables. Toutes peuvent se nourrir de cochenilles, de chenilles et d’autres petits insectes. Une espèce régulièrement observée dans les vergers commerciaux se nourrit d’ériophyides et permet fréquemment une répression naturelle de ces ravageurs. Les syrphes sont actifs dès l’ouverture des bourgeons, les différentes espèces se succédant pendant toute la saison. Les plus efficaces sont retrouvées avant la fin de juillet et peuvent, jusqu’à ce moment, maintenir les populations de pucerons à de faibles densités.

 

Coccinelles

La plupart des gens reconnaissent facilement les coccinelles avec leur forme arrondie leur donnant l’apparence d’une demi-boule et leur couleur brillante (souvent rouge, parfois orangée, jaune ou noire), ornée de points noirs ou de marbrures. Une dizaine d’espèces peuvent être retrouvées dans les vergers. Elles se nourrissent de pucerons, d’acariens, de cochenilles ainsi que d’œufs de toutes sortes d’insectes. Les adultes (3-7 mm) et les larves (5 mm) sont prédatrices. Elles peuvent se nourrir d’une centaine de pucerons par jour. Au Québec, les coccinelles complètent une génération par année.

Les coccinelles peuvent être reconnues avant même qu’elles n’aient atteint leur forme adulte. Leur présence est facilement remarquable par :

  • des amas de 10 à 50 œufs jaune-orangé, en forme de fuseaux, sous les feuilles, souvent près des colonies de pucerons.
  • des larves à l’allure de minuscules crocodiles se déplaçant sur le feuillage. Les premiers stades larvaires sont uniformément foncés. Les stades subséquents peuvent développer une coloration gris-bleu foncé, souvent ornée de points jaunes, oranges ou rouges, et portent des verrues pourvues de poils (figure).
  • des adultes jaune clair, sans point ni tache : ce sont de jeunes adultes de quelques heures.

coccinelle (oeufs)

coccinelle (larve)

Une fois qu’elles sont bien matures, vous pourrez distinguer plus facilement les principales espèces (figure) des vergers :

Coccinelle à deux points : Adulte rouge avec deux points noirs au centre.

coccinelle à 2 points (adulte)

Coccinelle à sept points : Adulte rouge avec sept points bien comptés. Elle se retrouve principalement au printemps, puis à la mi-septembre.

coccinelle à 7 points (adulte) et pucerons

Coccinelle à quatorze points : Une espèce européenne en expansion rapide dans la vallée du Saint-Laurent. L’adulte est jaune et porte un motif noir ressemblant à un damier. Ne cherchez pas trop à trouver le nombre exact de points!

coccinelle à 14 points (adulte)

Coccinelle asiatique : Mentionnée pour la première fois au Québec en 1994 dans un verger de pommiers de Frelighsburg, cette espèce importée est maintenant la coccinelle la plus fréquente dans la majorité des vergers. C’est aussi la plus vorace, et une des plus grosses (5-7 mm). Elle se nourrit principalement de pucerons et d’acariens, mais aussi de larves de tordeuses et de plusieurs autres petits insectes. Sa coloration varie de jaune à noir, en passant par le rouge et l’orangé. Le nombre de ses taches peut aussi varier de 0 à 20.

coccinelle asiatique (adulte)

Stethorus sp. : La plus petite de toutes les coccinelles (1 mm). L’adulte est complètement noir et la larve, qui ressemble à un minuscule porc-épic, peut dévorer jusqu’à 250 tétranyques de tous les stades chaque jour. Cette coccinelle est rencontrée surtout dans le sud-ouest du Québec. Très vorace, elle est par contre peu fréquente dans nos vergers.

coccinelle Stethorus (adulte)

 

Punaises prédatrices

La punaise de la molène et la punaise translucide, en plus des réduves et de certaines pentatomides prédatrices comme Podisus maculiventris, peuvent aussi se nourrir de pucerons en quantité non négligeable, en plus de se nourrir d’acariens. Pour plus d’informations sur les punaises prédatrices, consultez la fiche 96

 

Abondance et efficacité des prédateurs de pucerons au Québec

Pour les pucerons verts, il est estimé que les populations peuvent être maintenues naturellement en dessous des seuils de nuisibilité lorsqu’il y a présence de prédateurs de pucerons (syrphes, cécidomyies, coccinelles, chrysopes ou punaise de la molène) dans 90 % des colonies, et que les colonies sont de densité faibles à modérées.

Pour le puceron lanigère, il est estimé que les populations peuvent être maintenues naturellement en dessous des seuils de nuisibilité lorsqu’il y a présence de prédateurs (perce-oreilles et autres listés au tableau ci-après) ou de parasitoïdes dans les colonies au début août (un seuil précis n’est pas disponible).

Nom Abondance1 Proie préférée Efficacité Intérêt en PFI
Cécidomyies ++++ Pucerons ++++ ++++
Syrphes ++++ Pucerons +++ ++++
Punaises prédatrices2 ++++ Acariens +++ ++++
Pucerons Variable +
Chenilles + +
Coccinelles ++ à +++ Pucerons ++ ++
Chrysopes + Pucerons ++ +

Légende : + : faible; ++ : moyen(ne); +++ : bon(ne); ++++ : élevé(e).

  1. L’abondance peut varier d’une saison à l’autre; par exemple, il peut arriver certaines saisons que les coccinelles soient plus abondantes que les cécidomyies et les syrphes.
  2. Punaise de la molène, punaise translucide, etc.

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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