Auteurs de la première édition : Vincent Philion et Evelyne Barriault
Auteure de la mise à jour 2023 : Evelyne Barriault
Dernière mise à jour par l’auteure : 18 avril 2023

 

Les apports d’engrais sont essentiels pour obtenir des rendements optimums de qualité. Une fertilisation déficiente diminue les rendements, mais des apports trop importants et mal ciblés peuvent aussi débalancer les arbres en faveur de la croissance au lieu de nourrir les fruits. L’atteinte d’un optimum entre les feuilles et les fruits pour l’interception de la lumière sans trop ombrager la culture est déterminant1. La fertilisation des arbres peut aussi compliquer la gestion des ravageurs et en particulier des maladies. Ce bulletin a pour but de présenter une approche de fertilisation qui répond aux impératifs physiologiques des arbres sans pour autant augmenter les problèmes de maladies et d’insectes. Ce bulletin centré sur l’azote, le calcium et le bore est complémentaire à la fiche sur les Apports en éléments nutritifs du guide PFI et ne traite pas d’aspects fondamentaux de la nutrition des arbres comme le pH des sols, le drainage et l’oxygène au niveau des racines, ou des besoins des autres éléments (ex : phosphore, potassium, magnésium). Notez que les besoins en fertilisation varient selon le cultivar, le porte-greffe, la charge des arbres et d’autres facteurs2 qui débordent du cadre de cette fiche. En pomiculture, une analyse foliaire annuelle standardisée environ 60 à 70 jours après la chute des pétales, soit mi-juillet à la fin juillet3 (sauf pour la honeycrisp qui devrait être faite environ 30 jours avant les autres variétés) est essentielle pour établir un diagnostic précis qui servira à vous assurer que les apports soient en équilibre et à mieux cibler le moment de vos interventions. Dans les vergers en production, les analyses de sol sont complémentaires aux analyses foliaires4.

Présence de feu bactérien et pucerons, favorisée par une croissance excessive

La croissance excessive retarde la formation du bourgeon terminal, ce qui favorise les ravageurs comme les pucerons et le feu bactérien (source : IRDA).

Azote (N)

Quand l’azote du sol est limitatif, les apports aident à maintenir la vigueur des arbres, le calibre des fruits, limitent la bisannualité2, etc. Cependant, quand les réserves de l’arbre excèdent les besoins, les apports additionnels peuvent être nuisibles. Puisque l’azote interfère avec l’absorption du calcium (Ca) et du potassium (K), les apports doivent en tenir compte pour éviter une perte de rendement par manque de potassium5 ou les conséquences du manque de calcium (voir la section sur le calcium) qui s’ajouteraient aux problèmes que peut engendrer l’azote directement.

L’azote doit être disponible à l’arbre très tôt pendant la période de croissance, à la floraison et pendant la multiplication cellulaire dans les fruits. En dehors de cette période, les excès d’azote peuvent avoir des effets néfastes sur l’environnement (pollution), mais aussi sur l’arbre et les fruits.

Les excès d’azote ont des effets physiologiques néfastes connus depuis très longtemps6 sur la coloration, la fermeté5, la chute prématurée et plusieurs désordres de conservation des fruits (liège, point amer, “scald”, brunissement vasculaire, sénescence)7,8. Les arbres en excès d’azote sont aussi plus sensibles au gel hivernal9. L’effet d’un excès d’azote sur l’augmentation du point amer n’est pas nécessairement corrigé par des traitements répétés de calcium10,11. L’excès d’azote peut aussi causer des effets dominos : le retard dans l’apparition de la couleur force une date de récolte plus tardive, mais comme la maturation est aussi accélérée par l’excès d’azote, il s’en suit davantage de désordres de conservation et de pourriture en entrepôt5.

Pour les maladies, les arbres en excès d’azote fournissent des acides aminés aux agents pathogènes et produisent moins de mécanismes de défense18. Or, en produisant moins de composés phénoliques, les arbres répondent moins bien aux traitements d’éliciteurs (ex. : Apogee) qui visent à augmenter leurs défenses contre les maladies19.

Les effets négatifs d’un excès d’azote peuvent débuter tout de suite après la floraison. Ainsi, l’application d’azote pendant le mois suivant la floraison peut contribuer à la roussissure sur fruits12. Pendant l’été, les effets négatifs de l’azote sont souvent plus importants que les effets positifs. Par exemple, l’azote disponible à l’arbre tardivement retarde la formation du bourgeon terminal, ce qui augmente les problèmes de tavelure13, de feu bactérien14–16 et de pucerons, notamment. Les risques de pourriture amère augmentent aussi avec la concentration en azote des fruits17. Finalement, l’azote après la récolte peut aggraver les problèmes de chancre européen20. En plus de l’impact du moment, la forme de l’azote (nitrate vs ammoniaque) et la méthode d’application (sol vs foliaire) s’ajoutent aux multiples interactions qui compliquent la compréhension des effets négatifs de l’azote18.

Pour optimiser la disponibilité de l’azote au bon moment, il faut tenir compte des réserves de l’arbre et fertiliser en conséquence, au moment opportun21. L’objectif est d’assurer un maximum d’azote dans l’arbre en début de saison et laisser le niveau décliner naturellement2,3,22,23. À cause de notre climat, l’azote appliqué au sol au printemps est souvent disponible trop tard et n’est utile que pour l’année suivante quand il n’est pas simplement perdu. L’azote appliqué au sol tardivement entre juin et septembre est toujours une nuisance pendant la saison de croissance. Les applications foliaires après la récolte sont possibles, mais les applications tôt au printemps sont les plus efficaces et correspondent au moment où l’arbre en a besoin24. Les applications d’azote sous forme d’urée foliaire sont aussi efficaces que le même apport d’azote au sol25. En fait, l’urée foliaire est probablement plus efficace26.

Azote au sol

Les engrais à base d’ammonium devraient être évités parce qu’ils acidifient le sol9 et nuisent à l’absorption du calcium7. Les fruits des parcelles traitées au sol avec du nitrate9 ou du sulfate6 d’ammonium sont généralement moins colorés et moins fermes.

Cependant, une application au sol d’urée (qui libère de l’ammoniaque) très tôt en saison, soit avant le débourrement, est encouragée pour combattre la tavelure (voir la fiche sur La tavelure : stratégies générales de lutte). L’application en solution de 50 kg/ha d’urée au sol (23 unités d’azote par hectare) remplace le DAP (diammonium phosphate), pour la même quantité d’azote.

La balance de l’apport d’azote au sol devrait être fournie préférablement sous forme de nitrate (ex. : nitrate de calcium), ou une combinaison (ex. : nitrate d’ammonium calcique, 27-0-0). En général, le nitrate de calcium est préférable au nitrate d’ammonium parce que l’apport de calcium au sol réduit l’incidence de point amer, améliore la qualité générale des fruits11, et augmente la résistance des arbres au gel d’hiver27. Le calcium peut cependant être fourni à l’automne par chaulage. N’appliquez que l’azote qui est nécessaire. Une partie des excès d’azote au sol nourrit le gazon et non l’arbre2,9, l’apport dirigé vers la zone désherbée autour des arbres est recommandé2.

Azote foliaire

L’urée foliaire (et probablement toutes les sources d’azote) ne devrait pas être appliquée sur les arbres déjà en excès d’azote. Cependant, l’urée foliaire appliquée tôt en saison (entre le stade débourrement avancé et le stade calice) est utile à l’arbre et aide même à réprimer la tavelure28,29. Lorsqu’appliquée au moment de la floraison, l’urée a un léger effet d’éclaircissage30. L’urée foliaire peut aussi atténuer les dommages de gel, en prévenant la formation de cristaux de glace pendant un épisode de gel printanier léger. Toutefois elle pourrait aggraver les dommages lors d’un gel sévère31. Même si l’arbre absorbe l’urée encore plus efficacement lors des applications plus tardives après la nouaison25, le bénéfice n’est pas toujours mesurable25 et c’est lors des applications tardives que les problèmes commencent. Les applications foliaires d’azote sous toutes ses formes ne devraient pas être faites plus de 10-14 jours après le stade calice2, de sorte que l’azote commence à chuter après la multiplication cellulaire dans les fruits qui se termine environ 28 jours après la pleine fleur1.

Les problèmes de l’azote en été ne sont pas seulement reliés à l’urée tardive. Même si la quantité d’azote appliquée en été lors des traitements de nitrate de calcium ou de nitrate de zinc est généralement faible, les effets négatifs de l’azote tardif restent mesurables. Suite aux traitements de nitrate de calcium, la quantité d’azote dans la pelure et la chair des fruits augmente32 et a pour effet une dégradation de la couleur33 et la qualité des fruits34. La quantité d’azote dans la pelure des fruits est d’ailleurs un excellent paramètre pour prédire le point amer dans la Honeycrisp10. Les fertilisants à base de calcium, zinc ou autres, appliqués en été, n’ont pas besoin de contenir de l’azote. Privilégiez les formulations sans azote (voir la section sur le chlorure de calcium).

Dans les vergers où le chancre européen n’est pas un problème20, l’urée foliaire à l’automne (post récolte) nourrit les bourgeons et constitue une réserve pour l’arbre, disponible au moment où ils en ont besoin, soit au moment du débourrement pour l’année suivante35. Ce traitement inhibe aussi partiellement la tavelure (voir la fiche sur La tavelure : stratégies générales de lutte).

Directives pour les traitements foliaires d’azote : La stratégie proposée pour optimiser les bénéfices de l’azote consiste à appliquer de l’urée à répétition dès que des feuilles du bouquet sont étalées (stade du débourrement avancé)22 et jusqu’à maximum 10-14 jours après la chute des pétales2 à raison de 3 ou 4 kg/ha par application pour un total d’environ 5 ou 6 passages (≃20 kg/ha d’urée au total donne environ 9 unités d’azote). Mélanger l’urée à vos traitements fongicides une fois par semaine est probablement la meilleure approche pour y arriver. En outre, l’urée est compatible en mélange avec le bore, avec le zinc (Zn-EDTA)22 et avec le chlorure de calcium. Le calcium peut même favoriser l’absorption de l’azote36. En principe, l’urée est aussi compatible avec le sel d’Epsom22, mais ce mélange cause parfois du dommage au feuillage jeune2. Un traitement d’urée au stade calice en mélange avec le bore et le chlorure de calcium est une avenue intéressante37, mais il est préférable d’appliquer le sel d’Epsom séparément. Aucune forme d’azote ne devrait être appliquée sur les arbres entre le 1er juin36 (environ 10 jours après calice) et la récolte. Lors des traitements, l’urée prend plusieurs heures après séchage avant d’être entièrement absorbée par l’arbre, mais le volume de bouillie (exemple : jusqu’à 6 kg d’urée dans 150 L/ha d’eau38) n’a pas d’effet sur la quantité finale d’azote absorbée par la feuille.

Calcium (Ca)

Le niveau de calcium dans les arbres et dans les fruits est tributaire de la disponibilité du calcium dans le sol et de la charge fruitière. Les apports de calcium devraient être faits en considérant la cause de la carence. Par exemple, les carences (bore, zinc)2 ou certains excès (azote, magnésium)39 et un pH de sol trop faible39 peuvent expliquer les problèmes de calcium. De même, les arbres peu chargés40 et donc avec des fruits plus gros41 sont plus sujets aux désordres comme le point amer (bitter pit) sans que le calcium soit problématique pour une charge fruitière normale.

Plus la croissance est importante, pire sont les problèmes de point amer et ce, peu importe le calcium disponible. La croissance est même utilisée pour prédire le point amer sur Honeycrisp10. Favoriser la formation rapide d’un bourgeon terminal (éviter l’azote et la taille, régulateur de croissance, etc.) augmente donc l’absorption du calcium.

Le chaulage, les apports calciques au sol (ex. : nitrate de calcium), les paillis de bois42 (ex. : bois raméal) contribuent à la fertilisation en calcium, mais ne sont pas toujours efficaces pour augmenter la concentration en calcium des fruits41 et réprimer le point amer43. Les applications foliaires de calcium durant l’été sont souvent essentielles pour prévenir le point amer, mais aussi d’autres désordres physiologiques (ex. : scald32,44, cork spot du poirier45), notamment sur des cultivars comme Cortland39, Spartan7 et Honeycrisp46. Les apports de calcium peuvent aussi contribuer à prévenir les dommages liés au gel hivernal27. Pour des pommes au même niveau de maturité, les apports foliaires de calcium peuvent aussi améliorer la grosseur, la densité, la fermeté, la couleur et l’apparence générale des fruits32,44.

De plus, le calcium a aussi un effet contre les maladies47,48. Les arbres bien fournis en calcium sont moins affectés par le feu bactérien16. Le chlorure de calcium foliaire (mais pas les autres formes de calcium) réprime en partie la tavelure (feuilles et fruits)49, le blanc50, la suie-moucheture51-53, la pourriture amère51,54, la rouille47, Alternaria55 et les pourritures d’entreposage56. La même chose est observée pour plusieurs maladies du poirier57,58. La seule exception est la pourriture blanche associée à Botryosphaeria dothidea qui pourrait être amplifiée par le chlorure de calcium59 mais cette maladie est à peu près absente au Québec. Par ailleurs, le chlorure de calcium inhiberait cette maladie dans la poire, sauf quand la dose de calcium est excessive60.

Cependant, l’ensemble des bénéfices des traitements foliaires de calcium ne sont pas toujours mesurables. Une faible quantité peut suffire à réprimer le point amer, alors que la fermeté et la résistance aux maladies ne sont mesurables qu’avec des apports plus importants5.

Pour assurer un usage optimal et une pénétration suffisante de calcium, des applications répétées sont requises et les traitements doivent généralement commencer avant la mi-juin61. Cependant, l’absorption par les jeunes fruits est variable et la date optimale de début des traitements pourrait varier selon le cultivar62. Steve Hoying (Cornell) recommandait de débuter les traitements de calcium dès la chute des pétales63. Plus de 6 traitements par année peuvent être nécessaires pour en bénéficier44 (ex. : aux 2 semaines), mais la fréquence optimale peut être encore plus élevée. Il est possible d’obtenir un effet positif du calcium avec un seul traitement à deux semaines de la récolte, mais cette pratique est en général risquée (phytotoxicité, maturation plus rapide des fruits, etc.)7 La pénétration du calcium peut être bonne lors des applications tardives, mais les bénéfices pour réprimer le point amer seront moindres43.

Lors des traitements foliaires, la vitesse de pénétration du calcium dans les fruits est assez constante entre 15-30 °C64, mais relativement lente. Il est donc important de choisir un sel avec la pénétration la plus rapide pour éviter les pertes dues au lessivage par la pluie.

Chlorure de calcium (CaCl2)

De toutes les formulations de calcium, le chlorure (CaCl2) vendu sous forme de flocons (77 % CaCl2, soit 28 % Ca) est la plus efficace, la moins chère et son usage est permis en production biologique65. En laboratoire, la vitesse de pénétration du CaCl2 est supérieure à la vitesse de pénétration de la plupart des autres formulations de calcium, incluant les formulations commerciales plus complexes, parfois appelées « organiques » (acétate, carbonate, lactate, proprionate, nitrate)41,43,66. Cette observation s’explique par le fait que le chlorure de calcium a un point de déliquescence très faible. Autrement dit, le chlorure est très hygroscopique. En présence d’humidité, il revient rapidement en solution, ce qui permet son absorption par la plante. Ces résultats ont été confirmés en verger32; les fruits traités avec le chlorure sont plus fermes qu’avec les autres sources de calcium. Aucune autre source de calcium n’est supérieure au chlorure pour réduire le point amer sur Honeycrisp10,46,67. Les formes chélatées de calcium contiennent trop peu de calcium pour être efficaces et ne sont pas recommandées2. Les spécialistes de la fertilisation n’hésitent pas à recommander le chlorure, plus que tout autre produit39.

Malgré ses qualités, le chlorure de calcium peut devenir problématique quand la vitesse de pénétration dépasse la capacité de la plante. Le chlorure de calcium devient alors phytotoxique et cause une brûlure du feuillage. La sévérité de la brûlure est variable et ne porte pas toujours à conséquence. Cet effet est observé notamment lorsque la dose par hectare est excessive et que le produit est appliqué lors de conditions de séchage très lentes, lorsque la température dépasse 26-27 °C, que le feuillage est très jeune et sensible à cause du temps très nuageux39, qu’il est déjà fragilisé par des ravageurs (ex. : acariens), ou en fin de saison32. Certains cultivars sont aussi plus sensibles (ex. : Empire39,68). Néanmoins, il est possible d’utiliser le chlorure de calcium de façon sécuritaire : la clé est d’ajuster la dose de chlorure de calcium à la baisse, d’éviter des mélanges trop agressifs et de s’ajuster aux circonstances. Par exemple, attendre la baisse de la température en soirée avant de traiter. L’ajout d’adjuvants et d’agents mouillants (ex. : LI-700, vinaigre) pour ajuster le pH (pH = 6) et limiter l’accumulation de grosses gouttes sur le bout des feuilles peut aider39, mais seulement lorsque le chlorure de calcium est appliqué seul. Ces produits ne sont pas nécessaires pour l’absorption du chlorure de calcium, mais bien pour éviter une accumulation locale de la bouillie caustique. Lorsque le chlorure de calcium est utilisé en mélange avec des pesticides commerciaux, les adjuvants additionnels ne sont pas nécessaires et peuvent causer des problèmes.

Pour clore le sujet, certains produits à base de calcium indiquent que les formulations à base de chlore sont à proscrire en lien avec les risques décrits précédemment, et d’autres risques non spécifiés. Tant que les précautions sont suivies, le chlorure de calcium est efficace, sécuritaire et avantageux. Aucune justification environnementale ou agronomique fondamentale qui pourrait justifier son abandon n’a été trouvée dans le cadre de cette revue de la littérature scientifique.

Directives pour les traitements foliaires de chlorure de calcium : Débutez les applications entre la fin mai et le début juin et continuez jusqu’à la récolte en baissant graduellement la fréquence. Par exemple, chaque semaine en juin (4 applications), chaque 10 jours en juillet (3 applications) et aux deux semaines par la suite (3 applications). Les applications hâtives sont les plus efficaces contre le point amer et les applications tardives apportent les autres bénéfices43. La dose usuelle de chlorure de calcium varie selon le moment de l’application et débute à 4 kg/ha39,63 , monte à 7 kg/ha62, 9 kg/ha44 et même plus43,63 par traitement. Il est toujours préférable d’augmenter le nombre de traitements et diminuer la dose que l’inverse. Un programme entre 30 et 72 kg/ha par saison de la formulation est recommandé (8 à 10 applications)39,69 pour un total approximatif entre 8 et 20 kg/ha de calcium par année. Sur des petits arbres (TRV-Tree Row Volume faible), les programmes avec moins de 3,25 kg/ha de calcium élémentaire, soit environ 12 kg/ha de formulation pendant la saison, n’ont aucun effet mesurable67. En absence de pluie, il n’est pas utile de renouveler un traitement encore en place.

La quantité à appliquer doit être ajustée à la dimension des arbres (ex. : Tree Row Volume). Cependant, le volume de bouillie n’a pas d’impact sur l’absorption. Pour une même quantité par hectare, les traitements en concentré (ex. : 250 L/ha ou même moins) sont aussi efficaces que les traitements en dilué62,70. Les traitements avec un volume réduit sont souvent moins phytotoxiques qu’en dilué68, mais la phytotoxicité peut être aggravée si le pulvérisateur est mal calibré39. À raison de 1 $/kg pour le chlorure de calcium, le coût des traitements (ex. : 10 applications à 4-10 kg/ha ≃ 70 $/ha) est très faible.

Notes additionnelles pour les traitements foliaires de chlorure de calcium : Si une application de chlorure de calcium coïncide avec un traitement de APOGEE ou de KUDOS, ne mélangez pas les produits71. Traitez APOGEE ou KUDOS au moins deux ou trois jours avant le calcium pour assurer l’efficacité du régulateur de croissance72. L’hormone sera moins efficace si elle est appliquée sur des résidus de calcium71. Si possible, attendez qu’une pluie lessive un peu le calcium avant d’appliquer l’hormone.

Le chlorure de calcium est incompatible63 avec le sel d’Epsom22,39 et génère un précipité de sulfate de calcium2 (plâtre de Paris) qui peut bloquer les buses. En absence de blocage avec votre équipement, ce mélange fonctionne.

Le mélange du chlorure de calcium et du bicarbonate de potassium produit une suspension de carbonate de calcium qui est très peu efficace comme source de calcium43 et annule l’effet fongicide du bicarbonate73.

Techniquement, le chlorure de calcium peut être ajouté en mélange avec la plupart des pesticides utilisés en été39, incluant le soufre74. Les risques de brûlure associés au mélange de chlorure de calcium et soufre (toutes les formes) sont probablement liés aux années avec un climat très nuageux ou pluvieux pendant la période de division cellulaire des fruits (1 mois suivant la floraison). Le problème n’est pas observé dans les pays très ensoleillés comme l’Afrique du Sud.

Il est possible de mélanger le chlorure de calcium et le Captan, tant qu’un surfactant n’est pas ajouté au mélange39. Au stade calice, le mélange de bore et de chlorure de calcium améliore la pénétration du bore75.

Après la récolte : Le trempage des fruits dans le chlorure de calcium après récolte a peu d’efficacité contre le point amer, mais peut réduire une partie des problèmes de sénescence7. C’est une solution de dernier recours39.

Autres formulations de calcium :

D’autres produits à base de calcium existent, mais ont des lacunes importantes. La plupart contiennent très peu de calcium et sont chers, et/ou contiennent de l’azote. Ils sont aussi responsables de phytotoxicité. Par exemple, le nitrate de calcium est plus souvent sujet à la phytotoxicité sur poiriers45, à causer des dommages aux lenticelles des fruits (Idared, Spartan)69 et un liège sur des cultivars comme la Délicieuse2. Le nitrate de calcium et les formulations de chélatés de tous les minéraux76 pourraient même favoriser d’autres maladies à la surface des fruits77. Le chlorure de calcium a donc graduellement remplacé le nitrate qui était recommandé avant 19607. Par ailleurs, le phosphite de calcium (aussi appelé phosphonate), laisse des résidus très persistants dans les arbres pendant des années (voir la fiche sur la Description des produits bactéricides, de lutte biologique et éliciteurs).

Bore (B)

Le bore est essentiel à la floraison de l’année en cours, la nouaison78 et la formation des bourgeons pour l’année suivante. Le bore prévient aussi une partie des dommages de gel durant la fleur79, la roussissure sur les jeunes fruits12 et le cœur liégeux en été. Les carences en bore sont fréquentes en verger75, notamment en période de sécheresse2 et affectent, entre autres, l’absorption du calcium et du potassium78. Les applications au sol peuvent suffire, mais les applications foliaires répondent plus rapidement aux besoins de la plante au printemps.

Dans le contexte de la phytoprotection, le bore a un effet reconnu pour inhiber les champignons, dont la tavelure du pommier80,81, au point où une application foliaire de bore pourrait remplacer un traitement fongicide80. À la dose de 2 kg/ha d’acide borique (350 g/ha B), le bore serait aussi efficace que des traitements de référence autant en protection qu’en post-infection81. Le bore foliaire réduit aussi les risques de pourriture amère17. Les excès de bore sont rares, mais peuvent augmenter la sensibilité au feu bactérien16. Les traitements foliaires sont recommandés avant la floraison, au stade calice et en post-récolte79. Cependant, le bore est reconnu phytotoxique durant la floraison80.

Directives pour les traitements foliaires de bore

Le bore est obtenu par l’application d’acide borique (H3BO3, borax, 17,5 % bore), de solubor (Etidot-67 EP) (disodium octaborate tetrahydrate, Na2B8O13.4 H2O, 20 % bore) ou d’autres formulations. Toutes les formes commerciales de bore incluant le « borax » (utilisé sans préférence dans ce texte) sont équivalentes et il n’est pas pertinent de payer plus cher pour celles qui font la promotion d’adjuvants particuliers (ex. : urée, sucres, acides)82.

L’apport annuel « classique » en bore de 0,56 kg/ha75 ou de 1,12 kg/ha dans les sols plus légers82 est obtenu par une application annuelle minimale de 2,8 kg/ha à 5,6 kg/ha de borax. La dose foliaire totale annuelle suggérée varie selon l’apport au sol et peut atteindre 9 kg/ha de formulation par année. Comme les excès de bore peuvent mener à une toxicité, votre apport annuel doit reposer sur des analyses foliaires.

Les applications de bore devraient être fractionnées et appliquées au stade bouton rose75 et après la floraison82, par exemple lors du premier traitement avec le chlorure de calcium75. En cas de carence, le bore est recommandé parfois dès le stade du débourrement avancé22 et jusqu’à un mois après la chute des pétales2,78. Les applications plus tard en saison (juillet et août) ne sont pas recommandées et pourraient provoquer un mûrissement hâtif2. Cependant, une application foliaire après récolte sur du feuillage encore fonctionnel est bénéfique pour mieux passer l’hiver2. Le fractionnement en plusieurs doses pourrait permettre de mieux profiter de l’action fongicide (ex. : 5 applications de 0,6 à 1 kg de formulation par hectare) mais cette dose est peut-être insuffisante comme fongicide.

Deux restrictions importantes sont à considérer : le bore est incompatible en mélange avec l’huile et avec les sachets hydrosolubles (ex. : Captan WSP). Diluez les sachets dans l’eau avant d’ajouter le bore ou prévoyez une formulation liquide de Captan (formulation SC).

Calendrier de fertilisation foliaire (azote, bore, calcium)

Les apports de magnésium et de zinc débordent de cette fiche mais sont inclus dans le calendrier, parce que les carences de ces minéraux sont fréquentes dans le Nord-Est de l’Amérique2. Il est recommandé de confirmer les besoins en ces éléments par une analyse foliaire. Les apports de magnésium peuvent être faits au sol (chaux dolomitique), mais pour le zinc, les applications foliaires sont plus fiables et plus rentables que les apports au sol ou par fertigation78.

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Le symbole « + » précise que le mélange en réservoir est préconisé. Ex. : Urée + Bore

Préfloral :

  • Débourrement avancé : Urée (3 kg/ha) + Zinc-EDTA
  • Bouton rose : Urée (3 kg/ha) + 0,6 kg/ha de formulation bore (ex. : Borax) (+ Zinc-EDTA si souhaité)
  • Bouton rose avancé : même recette

Floraison :

  • Urée (3 kg/ha)

Stade calice (chute des pétales) :

  • Trio du calice ABC (Azote, Bore, Calcium) : Urée (3 kg/ha) + Borax (0,6 kg/ha) + Chlorure de calcium (4 kg/ha)

Nouaison :

  • Urée (3 kg/ha) (dernier) + Sel d’Epsom (magnésium) (45 kg/ha)2
  • Traitement séparé si du magnésium est appliqué : Borax (0,6 kg/ha) + Chlorure de calcium (4 kg/ha) (par exemple avec un fongicide)
  • Fin de l’azote 28 jours après la floraison : pour un total de 6 applications d’urée.

Mi-juin :

  • Sel d’Epsom (magnésium) + Zinc-EDTA + Borax (0,6 kg/ha) OU
  • Borax (0,6 kg/ha) + Chlorure de calcium (4 kg/ha) (par exemple avec un fongicide)
    (Pour un total de 5 applications de bore en fractionnement)

Fin juin :

  • Sel d’Epsom (magnésium) + Zinc-EDTA
  • Traitement séparé : Chlorure de calcium (par exemple avec un fongicide)

Été :

  • Chlorure de calcium à intervalles réguliers (ex. : chaque deux semaines). (Attention, voir risques de brûlure plus haut dans le texte)

Post récolte (sur les arbres encore verts) :

  • Borax (0,6 kg/ha) + Urée (jusqu’à 50 kg/ha, en absence de chancre européen)

 

 

Références

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Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

Les options de traitement du feu bactérien en été sont limitées et d’efficacité variable. Le cuivre est parfois bénéfique, mais il peut altérer l’apparence des fruits. Certaines précautions et quelques mélanges peuvent néanmoins réduire les risques liés au cuivre.

Efficacité

Plusieurs tests rapportent aucune efficacité1–5 du cuivre utilisé seul en été alors que d’autres tests démontrent que le cuivre peut parfois aider à diminuer la propagation de la maladie5–7. Le cuivre offre probablement peu ou pas de protection des pousses quand la bactérie arrive de l’extérieur de la parcelle2. Cependant, il a probablement une efficacité partielle quand le cuivre rentre en contact direct avec l’exsudat déjà présent dans la parcelle.

Phytotoxicité

En plus de l’efficacité limitée, les traitements au cuivre ne sont jamais entièrement sécuritaires.  Le cuivre peut affecter les fruits à différents moments et provoquer différents symptômes. Les lenticelles noircis ou rougis est le symptôme principal associé à la phytotoxicité du cuivre en été. La roussissure (rugosité) est un autre symptôme qui est surtout problématique lorsque le cuivre est appliqué au printemps et jusqu’à 6 semaines après la floraison. Cependant, la roussissure reste parfois possible en cours d’été quoique son apparition est assez aléatoire. Finalement, les fruits des cultivars sensibles prennent aussi parfois une apparence plus “matte”. Les fruits traités régulièrement au cuivre ne sont pas aussi luisants que les fruits non traités. La tolérance de vos clients pour des fruits moins parfaits est donc un facteur majeur à considérer avant d’envisager un traitement au cuivre.

Formulation, dose et fréquence des traitements.

Le Cueva8 comme l’oxychlorure peuvent affecter l’apparence des fruits. Les autres formulations de cuivre (ex: hydroxide, bouillie bordelaise2), ne sont pas homologuées et sont encore plus phytotoxiques en été.

La dose et la fréquence des traitements recommandée est un compromis entre l’efficacité et la phytotoxicité. Les traitements  à dose forte n’apportent pas nécessairement d’avantage d’efficacité et sont nécessairement plus phytotoxiques. Il est probablement préférable d’appliquer le cuivre régulièrement (ex: aux 2 semaines en juin et juillet, soit 5 traitements), à une dose relativement faible. Selon diverses sources, la dose optimale serait d’environ 100g de métal par ha (ex: oxychlorure 50% = 200g/ha, mais non prévu pour cet usage). Le Cueva (homologué) avec la même dose de métal (5.6 L/ha) est aussi une possibilité, quoique plus chère.

Précautions avec le cuivre

Pour éviter d’endommager les fruits et parfois même les arbres, certaines précautions avec le cuivre sont essentielles. Comme pour tous les traitements, la phytotoxicité sur fruits dépend de l’état de la cuticule. Des conditions sèches, ensoleillées et une température élevée favorisent la formation d’une cuticule plus résistante qui réduit considérablement les dommages9. À l’inverse, les problèmes de phytotoxicité sont beaucoup plus fréquents suivants des conditions fraiches et nuageuses.

Dans le cas du cuivre, d’autres recommandations spécifiques s’appliquent :

  • Éviter les applications sur Empire, Golden1,9, Mac, Pinova9. Le cuivre en été peut parfois défolier les Golden9. Certains cultivars comme Fuji9, Idared6, Rome1 ont probablement une tolérance intermédiaire.
  • Cependant, les applications de cuivre ne causent pas de problèmes sur Gala9, Red Delicious et Topaz. Les différences de sensibilité entre cultivars sont assez marquées. Ces résultats ont été maintes fois confirmés en pratique (Trapman, comm. pers.).
  • Visez des conditions de séchage rapide. Par exemple, limiter le volume de bouillie (moins de 450 L/ha) et ne jamais appliquer sur du feuillage humide ou pendant des conditions favorables à la rosée.
  • Limitez la quantité de cuivre métallique appliqué. Les doses qui apparaissent sur les étiquettes ne sont pas appropriées.
  • Les variations de pH sont à éviter. Par exemple, ne jamais mélanger avec du LI700 ou du phosphonate et ne jamais mélanger ou alterner avec du bicarbonate. Une défoliation est parfois observée.
  • Certains mélanges ajoutent aux risques de phytotoxicité. Les traitements avec Captan ou les traitements insecticides devraient être faits dans l’interval entre les traitements au cuivre.

Mélanges bénéfiques

Double Nickel

Le Double Nickel (Bacillus amyloliquefaciens) est parfois efficace comme traitement d’été, notamment lorsqu’il est en mélange avec le cuivre4. Le mélange serait aussi moins phytotoxique sur les fruits que le cuivre seul4. Cependant, ce mélange est couteux et le produit à base de Bacillus est disponible en quantités très limitées en 2016. Il est possible que le Serenade (Bacillus subtilis) puisse être substitué au Double Nickel dans le mélange, mais d’autres essais seraient nécessaires pour confirmer cette proposition.

Soufre ou Argile

Depuis quelques années, le groupe européen des maladies du pommier recommande avec le cuivre l’ajout en mélange de soufre (3 kg/ha) ou une argile de type kaolin (3 kg/ha) . L’argile utilisée est similaire au Surround, mais plus abordable. Dans les deux cas, le mélange réduirait les dommages aux fruits par rapport au cuivre utilisé seul10. Le soufre est cependant réputé phytotoxique à température élevée et le mélange avec soufre n’est donc pas recommandé par temps chaud.

Priorisation des blocs et fin des traitements

Il est possible de prioriser les traitements au cuivre selon les blocs. Par exemple, traiter les arbres malades en amont d’un bloc sain pourrait limiter la propagation de la maladie vers ce bloc. Dans tous les cas, la propagation du feu cesse subitement avec la formation du bourgeon terminal. Les interventions de taille et les traitements au cuivre peuvent donc cesser à ce moment.

 

Les informations de ce bulletin ont été rendues possibles grâce à Michel Giraud, Luisa Mattedi, David Rosenberger, Marc Trapman et différents membres du groupe européen des maladies du pommier.

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  7. Yoder, K. S., Cochran, A. E., Royston, W. S. & Kilmer, S. W. Shoot blight suppression, summer disease control, and fruit finish by post-bloom applications on Gala apple, 2014. Plant Dis. Manag. Rep. 9, PF018 (2015).
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Fiche 110a

Vincent Philion

 

Depuis quelques années, on aperçoit dans quelques vergers de pommiers une pourriture surprenante des fruits qui apparaît en plein été. La pourriture amère (« bitter rot ») est une maladie sporadique au Québec mais qui est rapportée aux États-Unis depuis plus d’un siècle1–4 et peut malheureusement prendre des proportions importantes certaines années. Cette maladie est parfois considérée comme la plus dommageable sur pommiers5 parce qu’elle peut causer la perte entière de la récolte. La pourriture amère est présente dans plusieurs pays producteurs de pommes1, mais en Amérique la maladie était jadis confinée aux régions au sud des États-Unis6 où elle est contrôlée par l’élimination des symptômes et des applications répétées de fongicides en été7. Au cours du temps, la maladie est devenue de plus en plus fréquente au nord8 et est même devenue une maladie prioritaire en Ontario9. Au Québec, la maladie n’était pas mentionnée dans les guides de production avant 2015 et est passée rapidement d’anecdotique, à préoccupante dans des vergers sous régie biologique mais aussi en PFI.

 

Étiologie (cause)

La pourriture amère est causée par différentes espèces de champignons microscopiques appartenant au genre Colletotrichum. Ces champignons qui sont très fréquents en nature causent une maladie qui s’appelle l’anthracnose sur la plupart des plantes (à l’exception du pommier) qui peut prendre différentes formes. L’épidémiologie diffère considérablement d’une plante à l’autre pour un même champignon et selon le climat. Les différentes espèces de Colletotrichum ne sont pas très spécifiques à leur hôte et coexistent sur les plantes. Le genre Colletotrichum est complexe et évolutif; conséquemment la taxonomie et la gamme d’hôtes par espèce ne sont donc pas entièrement résolues<sup”>10,11.

Néanmoins, plusieurs espèces sur pommiers sont maintenant bien connues et regroupées à l’intérieur de deux complexes d’espèces; C. acutatum10 et C. gloeosporioides11 mais qui sont variables selon les pays (tableau) et difficilement différentiables sans outils moléculaires. L’espèce ou les espèces impliquées au Québec ne sont pas connues, mais se limitent probablement aux espèces de C. acutatum. Sur la base de la couleur des symptômes observés, l’espèce dominante au Québec est probablement C. fioriniae (K. Everett, comm. pers.) Même si C. acutatum et C. gloeosporioides partagent certains traits, leurs différences notamment pour leur température préférentielle et leur sensibilité aux fongicides pourraient avoir un impact pour la lutte, par exemple pour établir le meilleur moment des traitements12 et le choix des produits13.

Les espèces présentes sur pommier s’attaquent à différentes plantes cultivées tant localement (bleuets, fraises, etc.) qu’à l’étranger (amandes, avocats, pêches, etc.) Sur poiriers, la maladie est moins fréquente en Amérique3,10 mais est rapportée en Chine14. À part les plantes cultivées, les espèces de Colletotrichum présentes sur pommiers s’attaquent à une gamme variée de plantes indigènes et introduites et aussi parfois à des insectes15 et à d’autres organismes16. Par contre, il semble acquis qu’elles ne s’attaquent pas aux graminées16,17.

Les espèces impliquées sont plus ou moins spécialisées selon les symptômes qu’elles provoquent. Par exemple, C. acutatum ne produit jamais de symptômes sur le feuillage des pommiers alors que c’est le cas pour C. gloeosporioides dans certains pays. Les espèces de C. gloeosporioides sont aussi plus agressives sur fruits13. Sur les fruits, la pourriture amère apparaît avant entreposage sous nos conditions, mais en Europe la maladie se déclare surtout lors de l’entreposage18 et est parfois associée à d’autres maladies appelées collectivement gloéosporioses. Les gloéosporioses sont fréquentes en Europe19 et dans l’Ouest américain (Bull’s-eye rot) mais sont probablement absentes au Québec. Les gloéosporioses sont généralement associées à d’autres champignons (surtout Neofabraea sp.)20 et ne sont pas traitées ici. De plus, la pourriture amère d’entreposage européenne est peut-être liée à d’autres espèces du groupe Colletotrichum que celles présentes au Québec (voir Tableau 1). Malheureusement, toutes ces maladies peuvent être facilement confondues sur la base des symptômes.

Tableau 1. Champignons du genre Colletotrichum associés à la pourriture amère du pommier.
Symptômes sur pommiers Groupe (sensu lato) Champignon Pays rapportés pour les espèces sur pommiers Autres hôtes cultivés atteints (exemples)
Fruits seulement C. acutatum
(CASC)
C. acerbum Nouvelle-Zélande, Norvège18
C. fioriniae (Glomerella acutata) (Clade 3) Corée, Italie, Nouvelle-Zélande, Pays-Bas, USA (espèce probable au Québec) Amandier, avocatier, bleuet, fraisier, framboisier, manguier, pêcher, olivier, poirier, tomate
C. chrysophilum USA21 Cacao, avocats, pêches, bananes
C. noveboracense USA21
C. godetiae Pays-Bas Amandier, fraisier, framboisier, merisier, olivier, noyer, tamarillo
C. nymphaeae Brésil, Corée, USA Fraisier, olivier
C. pyricola Nouvelle-Zélande Poirier
C. salicis Allemagne, Nouvelle-Zélande, Croatie22 Fraisier, tomate, saule
C. gloeosporioides (Musae clade)
(CGSC)
C. alienum Nouvelle-Zélande Avocatier
Fruits et parfois feuillage (Glomerella leaf spot, GLS23) CASC C. limetticola, C. paranaense, C. melonis
CGSC C. aenigma
C. fructicola (Glomerella cingulata) Australie, Brésil, Chine, USA, France, Italie (2021, comm. pers.) Avocatier, caféier, fraisier, nachi, poirier
C. siamense USA Avocatier, caféier, fraisier, pistachier, poivron, vigne
C. theobromicola USA13

 

Apparition des symptômes

La pourriture amère sous nos latitudes n’apparaît que sur les fruits, il n’y a pas de symptôme foliaire pour les espèces présentes au Québec. La pourriture des fruits est favorisée par les étés chauds, humides et pluvieux. Les fruits peuvent être infectés tout au long de la saison, de la floraison24 à la récolte. Cependant, la plupart des symptômes apparaissent en cours d’été souvent à la suite de conditions chaudes et orageuses. Les premiers symptômes sont assez discrets. Au début, de petites taches circulaires grises ou brunes et peu distinctives apparaissent sur les fruits1, mais pas nécessairement en lien avec les lenticelles. Ces premiers symptômes peuvent être facilement confondus avec d’autres dommages comme la cochenille de San José25 ou même une phytotoxicité au cuivre.

Par la suite, des lésions circulaires beiges superficielles se forment et s’agrandissent à mesure que le champignon cause une pourriture de la chair du fruit. Le nombre de lésions par fruits peut être très variable. Dans certains cas, le fruit peut être couvert de petites lésions qui progressent peu, mais la plupart du temps le fruit est atteint de quelques lésions qui progressent rapidement3, pouvant atteindre 3 cm en moins d’une semaine4. Quand la pomme est tranchée, la progression de la pourriture vers le cœur est souvent en forme de « V » (conique). Quoique caractéristique, ce symptôme n’est pas universel.

Quand la température est très élevée, les fruits peuvent se ratatiner, pourrir entièrement et tomber au sol ou alors se momifier et rester collés sur l’arbre3. Quand la progression est retardée par du temps plus froid, une marge pourpre apparaît à la marge des symptômes.

À la surface des lésions, des cercles concentriques formés de petites structures appelées acervules apparaissent assez tôt pendant la progression des symptômes1. Parfois, les acervules ne suivent pas ce patron et sont plutôt aléatoires3. Lorsque les conditions sont très favorables à la sporulation, soit une humidité très élevée et une température entre 20 °C et 30 °C, une masse gélatineuse rose-orangé ou saumon peut être libérée par les acervules à la surface des fruits.

Cette masse de spores (conidies) prend rapidement une allure plus croûtée et racornie par temps sec.

La sporulation est un signe caractéristique pour un diagnostic fiable de l’infection par Colletotrichum. Cette maladie est la seule à produire une sporulation aussi colorée8. Il est souvent possible de confirmer le diagnostic en laissant les fruits 48 h à température pièce26 dans un sac de plastique. La sporulation est favorisée dans ces conditions.

La pourriture noire des fruits (Botryosphaeria sp.) cause des symptômes similaires sur fruits, incluant une structure noire (pycnide) mais ne sporule pas comme Colletotrichum. Les symptômes plus âgés des deux maladies sont noirs et impossibles à différencier. Sur le bois, les symptômes sont difficiles à distinguer. De plus le champignon colonise souvent des branches affectées par d’autres maladies.

 

Épidémiologie
Survie hivernale au verger

Les fruits infectés laissés au sol, tous les fruits momifiés et restés dans l’arbre2 ou tombés au sol1, les pédoncules accrochés aux arbres1, les bourgeons à fruit18,19, les chancres associés à plusieurs maladies (ex. : feu bactérien1,6,27, pourriture noire, chancre européen, dépérissement nectrien) et les diverses branches mortes laissées dans les arbres1,2 peuvent héberger Colletotrichum et maintenir des sources de spores résidentes du verger, parfois pendant plusieurs années. Comme les sources au sol peuvent se décomposer et ne permettent pas des éclaboussements de spores aussi importants que les sources dans les arbres, elles sont moins inquiétantes.

Pourriture amère

Dépérissement nectrien dans l’arbre hébergeant Colletotrichum à l’origine de la pourriture amère sur le fruit à proximité (crédit photo : Yvon Morin).

Bourgeon de pommier hébergeant Colletotrichum (sporulation après incubation au laboratoire) (crédit photo : Arne Stensvand, NIBIO).

Autres modes de survie

En forêt, Colletotrichum est très abondant mais sa présence est discrète puisqu’il vit à l’intérieur des feuilles (endophyte)28. Sur les feuilles mortes et sur le sol, le champignon peut survivre assez longtemps quand les conditions sont sèches, mais meurt rapidement dès que le sol ou la litière sont humidifiés et colonisés par d’autres micro-organismes. Ce n’est donc pas un mode de survie significatif pour passer l’hiver. De plus, même si certaines espèces du champignon (Glomerella acutata, G. cingulata) peuvent produire à l’occasion des ascospores à l’intérieur de périthèces sur les surfaces atteintes (reproduction sexuée, stade parfait), cette phase de la maladie est rarement rapportée en nature pour G. acutata13 et ne contribue probablement pas non plus de façon significative à l’épidémiologie de la maladie sous nos conditions2,16. Finalement, C. fioriniae qui est probablement l’espèce la plus fréquente sur pommiers21 peut aussi infecter et tuer la cochenille de la pruche15. Son association à des écosystèmes forestiers via des insectes laisse donc présager d’autres modes de survie.

Dissémination et survie estivale.

Les spores produites sur les différents hôtes de ce champignon, incluant les pommes affectées, peuvent se propager par éclaboussement, la plupart du temps à la faveur des pluies. Lors d’orages violents, la pluie entraînée par le vent peut disséminer les spores sur d’assez grandes distances et coloniser d’autres cultures incluant les vergers où la maladie était absente. Les insectes attirés par la masse gélatineuse de spores sur les fruits peuvent aussi accidentellement transporter les spores4.

Les spores qui sont disséminées en cours de saison peuvent survivre assez longtemps sur les surfaces où elles atterrissent sans nécessairement provoquer de symptômes. Il faut donc distinguer la contamination (arrivée des spores) de l’infection. On parle alors d’infections quiescentes ou latentes qui peuvent par la suite se développer (ou non) si les conditions sont favorables. Parfois le champignon produit même des spores sans passer par une infection et survit donc discrètement, le plus souvent sur des feuilles (épiphyte)16. Le champignon se nourrit alors sans nuire à la plante qui l’héberge (biotrophe). Ainsi, d’autres plantes malades ou non comme les pommiers pollinisateurs, les champs de fraisiers avoisinants, des arbres comme le marronnier29 et même les mauvaises herbes peuvent être impliquées et servir en tant que réservoirs d’inoculum en cours de saison sans qu’il n’y paraisse.

Infection des fruits

Comme l’agent pathogène est endémique dans plusieurs vergers et que la maladie est sporadique6, il faut conclure que l’arrivée des spores de ce champignon à la surface d’un fruit sain suite à une pluie ne suffit pas pour provoquer la pourriture des pommes. Pour que la maladie se déclare, le champignon doit changer de personnalité sur le fruit et passer d’un état bénin (biotrophe) à malin pour entamer l’infection des tissus et causer la pourriture (nécrotrophe). Cette double identité (hémibiotrophe) est complexe et les conditions qui favorisent le passage d’un état à l’autre sont assez mal connues. Dans les régions où la maladie est sporadique, les années favorables à la maladie sont caractérisées par des étés anormalement chauds6. La pourriture commence à apparaître quand la température moyenne est au dessus des normales pour plusieurs jours. Les symptômes sont beaucoup plus fréquents (18x) sur la face exposée des fruits que sur la face ombragée et les fruits au pourtour des arbres sont plus infectés que les fruits au centre des arbres30. Quand la température extérieure monte à 35 °C, la température à la surface des fruits peut facilement atteindre 50 °C, soit proche de la température mortelle des cellules31. Or, les spores survivent très bien à l’exposition au soleil32. Il est donc possible que le stress hydrique, l’insolation (échaudure) et globalement les dommages liés à la chaleur29 rendent les fruits plus sensibles à l’infection31 et que les spores présentes soient activées dans ces conditions.

Ainsi, une taille estivale alliée à un déficit d’irrigation qui précéderait immédiatement une vague de chaleur pourraient stresser la peau des fruits et permettre l’infection par le champignon, alors les fruits non stressés peuvent demeurer exempts de maladie. D’autres stress comme les applications répétées de certaines formulations de calcium ou de soufre à dose élevée pendant les périodes de chaleur sont possiblement impliqués.

Suite à un premier stress, les infections subséquentes seraient favorisées par l’augmentation des sources de spores29. Les spores déposées sur des fruits abîmés par des insectes, la grêle ou autrement provoquent rapidement des infections. En absence de stress, de très longues périodes d’humectation des fruits (plus de 24 h à 21 °C) sont requises pour provoquer la maladie30.

Mécanismes de défense et nutrition des fruits

Le calcium interagit avec les mécanismes de défense de la plante et inhibe l’activité enzymatique de dégradation du champignon33. Les fruits en déficit de calcium et sujets au point amer (bitter bit) seraient également plus sujets à la pourriture amère, ou du moins à la variante européenne de la maladie34. Pour éviter les infections, des applications de calcium7,33 en dehors des périodes de stress sont reconnues bénéfiques pour réduire la maladie.

Mécanismes d’infection

Au moment de la transition de biotrophe inoffensif à nécrotrophe agressif, le champignon augmente localement le pH en produisant de l’ammoniaque, d’où vient probablement le goût « amer » parfois associé à la chair pourrie par le champignon4. Comme le changement de pH intervient après l’infection, il est peu probable que des traitements acidifiants puissent réduire l’incidence de la pourriture amère. En fait, réduire le pH pourrait même accélérer l’infection54 puisque le champignon réagit aux changements dans son environnement.

Cultivars et moment de l’infection

La plupart des cultivars sont sensibles à cette maladie. La Rome Beauty, la Délicieuse rouge et Fuji seraient tolérants2,36, alors que la Ariane26, Golden26, Ginger Gold et la Honeycrisp37 seraient particulièrement sensibles36. Les attaques qui semblent plus fréquentes sur les cultivars hâtifs (ex. : Paulared), ne seraient pas liées à la maturité des fruits, mais bien à des épisodes de chaleur36. D’autres facteurs comme l’abondance des momies, ou les blessures d’insectes préférentielles sur certains cultivars qui facilitent l’infection peuvent influencer la sensibilité apparente des cultivars36. La baisse de la température à l’approche de la récolte est habituellement un frein important pour la propagation de la maladie. Des problèmes de pourriture amère sont parfois rapportés dans les cultivars tardifs (ex. : Empire), mais le plus souvent dans des secteurs de vergers déjà affaiblis par d’autres facteurs (ex. : gel hivernal). Lors d’automnes chauds les infections à la veille de la récolte peuvent provoquer l’apparition de symptômes qui n’apparaîtront que quelques jours après la sortie de l’entreposage. En Europe du Nord, l’apparition des symptômes suite à l’entreposage est plus grave lorsque les fruits sont conservés à des températures plus élevées (ex. : 3-4 °C) par rapport aux entrepôts plus froids (ex. : 1 °C)18. La maladie ne serait pas transmise pendant l’entreposage.

 

Moyens de lutte

Dans la plupart des vergers cette maladie est absente et aucune mesure particulière n’est nécessaire. Cependant, une fois la maladie présente et que les conditions sont favorables à l’infection elle peut rapidement prendre des proportions importantes et des mesures strictes sont requises pour l’enrayer. En régie biologique, les pourritures d’été incluant la pourriture amère sont reconnues comme une limite à l’adoption de ce mode de production parce que les outils disponibles ne suffisent pas toujours à contenir la maladie.

Assainissement

Même si le champignon est souvent présent dans l’environnement, l’élimination des sources d’inoculum (chancres, branches mortes, fruits au sol et momifiés, etc.) demeure la méthode privilégiée pour réprimer cette maladie et son efficacité est reconnue depuis très longtemps4. L’assainissement en verger est efficace parce que les spores sont normalement éclaboussées sur de courtes distances. Les sources les plus à risque et qui doivent être priorisées pendant l’hiver sont les branches mortes, notamment celles affectées par le feu bactérien37, et les momies dans les arbres. L’enlèvement des fruits pourris à mesure qu’ils apparaissent peut aider quand les symptômes sont visibles tôt en saison (juin ou juillet) mais comme les spores peuvent perdurer sur les autres fruits à l’état quiescent, cette mesure n’est probablement pas rentable plus tard en cours d’été. De même, l’enlèvement rapide des branches récemment affectées par le feu bactérien aura un avantage double en diminuant la propagation du feu et en minimisant la propagation de Colletotrichum. Après la récolte, faire tomber les momies pour favoriser leur décomposition au sol est essentiel. L’enlèvement des fruits pourris au sol26 ou au minimum leur destruction par fauchage peut également aider. Maintenir un couvre sol de graminées sans mauvaises herbes à feuilles larges pourrait aussi réduire la possibilité d’établissement du champignon pathogène. Éliminer toutes les sources d’inoculum n’est pas possible puisque le champignon se maintient aisément dans le couvert forestier28, mais réprimer la maladie sans réduire les sources locales de spores est très difficile37.

Atténuation des stress

Avant les périodes de chaleur et/ou de sécheresse intense, la réduction du stress hydrique (irrigation), des stress chimiques (bouillies pesticides) et éviter la taille des cultivars à maturité pourraient aussi diminuer les problèmes. Bien que ces facteurs ne soient pas confirmés, il est possible que l’utilisation de filets (ex. : anti-grêle) qui limitent les risques d’échaudure, des applications de Kaolin ou d’autres écrans solaires appliqués avant les épisodes de stress puissent réduire la sévérité des attaques. En présence de stress hydrique, même les meilleurs traitements fongicides ne sont pas efficaces pour réprimer la pourriture amère31.

Fertilisation

Les risques de pourriture amère augmentent avec la concentration en azote des fruits38. Évitez les apports d’azote après la nouaison. À l’inverse, les risques diminuent avec la concentration en bore38. Des applications régulières de bore pourraient donc inhiber la maladie. En dehors des périodes de stress, des applications régulières de chlorure de calcium (CaCl2) à un taux faible (environ 5 kg/ha) se sont avérées aussi efficaces que des traitements fongicides39 pour réprimer la pourriture amère. Les traitements durant la saison peuvent aussi diminuer la sortie des symptômes durant l’entreposage40. Dans certaines études, on note moins de dommage de brûlure par le soleil sur les arbres traités avec du calcium41 et il est possible que cet effet soit responsable de la protection contre la pourriture amère. Le nitrate de calcium ne serait pas efficace42. Le nitrate de calcium et les formulations de chélatés pourraient même favoriser d’autres maladies à la surface des fruits43.

Traitements fongicides

Comme la pourriture amère est pratiquement la seule pourriture rapportée et que nos conditions sont moins propices que celles rencontrées plus au sud, les applications de fongicides « mur à mur » préconisées chez nos voisins immédiats44 ne sont pas utiles sous nos conditions.

Les traitements fongicides appliqués pour réprimer la tavelure en été réduisent partiellement la pourriture amère. Cependant quand les conditions climatiques favorisent la maladie, l’intervalle entre les applications est souvent trop important pour ralentir l’épidémie. Quand tous les facteurs sont réunis, des traitements aux deux semaines à partir du début juin jusque pendant la récolte peuvent être nécessaires, toutes chimies confondues. En absence d’autres mesures de contrôle, des traitements plus fréquents pourraient être requis.

Différents produits sont efficaces contre la pourriture amère, incluant les EBDC (mancozeb), le Captan45, les strobilurines (QoI)37, les SDHI37 (Aprovia, Fontelis, Luna, Sercadis) etc. Certains fongicides (Allegro et Pristine) sont spécifiquement homologués pour des traitements estivaux contre cette maladie. Cependant, ces deux produits sont proscrits en production PFI. De plus, selon le moment de l’application ils ne sont pas nécessairement plus efficaces que les produits à moindre coût12. Le phosphonate, le pyrimethanil26 (Scala) et les inhibiteurs d’ergostérols45 ne sont pas très efficaces.

En production biologique, le cuivre2,4 (oxychlorure seulement) est efficace. Le soufre26 incluant la bouillie soufrée4 ont une efficacité variable.

Le fongicide biologique Serenade Max (Bacillus subtilis) n’est pas souvent recommandé parce que peu efficace contre les autres maladies du pommier, mais fonctionne bien contre la pourriture amère12,46.

Dans les vergers où c’est possible d’utiliser Captan en été, des applications ciblées à la veille des périodes de grande chaleur et renouvelées aux 10-14 jours selon le risque demeurent la meilleure option. Dans les vergers où c’est impossible, alternez entre les différentes molécules efficaces. Aucun traitement n’est efficace contre cette maladie après 55 mm de pluie8. Lorsque les conditions pour l’infection sont présentes, des traitements peuvent être nécessaires assez tard pendant la récolte8. Les traitements en post récolte (fludioxonil, Scholar) n’ont qu’un effet limité si l’infection a eu lieu plusieurs jours avant la récolte8.

Aucun traitement fongicide ne peut arrêter le développement des symptômes déjà visibles. Comme la pourriture amère observée en Amérique ne se déclare que rarement en entrepôt, les traitements en dehors des périodes de risque à la veille de la récolte ou en post récolte ne sont donc pas généralement utiles. En absence de symptômes au moment de la récolte, il est possible de traiter les pommes à l’eau chaude avant l’entreposage et éviter l’apparition des symptômes. Cette approche est fréquente en production biologique en Europe47. Le simple entreposage sous atmosphère modifiée (ex. : ULO) diminue considérablement la sortie des symptômes; comme si la maladie était étouffée. Après ce type d’entreposage il n’y a pas de risque d’apparition de nouveaux symptômes et les fruits commercialisables peuvent être vendus sans risque de retour.

Stress associés aux bouillies pesticides

À l’inverse du cuivre usuel (oxychlorure), l’hydroxyde de cuivre appliqué au cours de l’été même à dose relativement faible (environ 500 g métal/ha) peut augmenter l’incidence de la pourriture amère, probablement parce que cette formulation est trop agressive sur les fruits12.

Prédiction de la maladie

Il n’existe pas de modèle pour prédire la pourriture amère dans la pomme. Cependant, les modèles qui prédisent le stress des arbres comme celui inclus dans RIMpro pourraient vous aider à voir venir les conditions favorables à l’infection et prévenir les problèmes (irrigation, traitements fongicides, etc.)

https://www.rimpro.eu/faces/protected/stressChart.xhtml

Ensachage : En Chine, l’ensachage individuel des pommes (ex. : sacs Fuji) est couramment utilisé pour réprimer la pourriture amère et d’autres maladies d’été comme la suie-moucheture48. Cette méthode est efficace mais les coûts sont très élevés et les sacs entraînent des effets secondaires d’importance variable (moins de sucres, saveur, etc.)

* La taxonomie de ce genre de champignon est complexe et les noms d’espèces rapportés dans la littérature ne sont pas toujours fiables. Certains auteurs réfèrent à C. acutatum et C. gloeosporioides sensu lato qui sont inclusifs de plusieurs espèces. Des noms d’espèces plus anciens comme Gloeosporium fructigenum sont aussi rapportés dans les articles.

 

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Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

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Depuis quelques années, on aperçoit dans quelques vergers de pommiers une pourriture surprenante des fruits qui apparaît en plein été. La pourriture amère (bitter rot) est une maladie sporadique mais qui est rapportée depuis plus d’un siècle1–4 et qui peut malheureusement prendre des proportions importantes certaines années. Cette maladie est parfois considérée comme la plus dommageable sur pommiers parce qu’elle peut causer la perte entière de la récolte. La pourriture amère est présente dans plusieurs pays producteurs de pommes1, mais en Amérique la maladie était jadis confinée aux régions au sud des Etats-Unis5 où elle est contrôlée par l’élimination des symptômes et des applications répétées de fongicides en été6. Au cours du temps, la maladie est devenue de plus en plus fréquente au nord et est même devenue une maladie prioritaire en Ontario7. Au Québec, elle est passée rapidement d’anecdotique, à préoccupante dans des vergers sous régie biologique mais aussi en PFI.

Étiologie (cause)

La pourriture amère est causée par différentes espèces de champignons microscopiques appartenant au genre Colletotrichum. Ces champignons qui sont très fréquents en nature causent une maladie qui s’appelle l’anthracnose sur la plupart des plantes (à l’exception du pommier) qui peut prendre différentes formes. L’épidémiologie diffère considérablement d’une plante à l’autre pour un même champignon. Les différentes espèces de Colletotrichum ne sont pas très spécifiques à leur hôte et coexistent sur les plantes. Le genre Colletotrichum est complexe et évolutif ; conséquemment la taxonomie et la gamme d’hôtes par espèce ne sont donc pas entièrement résolus8,9.

Néanmoins, plusieurs espèces sur pommiers sont maintenant bien connues et regroupés à l’intérieur de deux complexes d’espèces; C. acutatum8 et C. gloeosporiodes9 mais qui sont variables selon les pays (Tableau) et difficilement différentiables sans outils moléculaires. L’espèce ou les espèces impliquées au Québec ne sont pas connues, mais incluent probablement C. fioriniae. Même si C. acutatum et C. gloeosporioides partagent certains traits, leurs différences notamment pour leur température préférentielle et leur sensibilité aux fongicides pourraient avoir un impact pour la lutte, par exemple pour établir le meilleur moment des traitements10 et le choix des produits11.

Les espèces sur pommier s’attaquent à une gamme variée de plantes cultivées tant localement (bleuets, fraises, pommiers, etc.) qu’à l’étranger (amandes, avocats, pêches, etc). Sur poiriers, la maladie est moins fréquente en Amérique3,8 mais est rapportée en Chine12. À part les plantes cultivées, les espèces sur pommiers s’attaquent à une gamme variée de plantes indigènes et introduites et aussi parfois à des insectes13 et à d’autres organismes14. Par contre, il semble acquis qu’elles ne s’attaquent pas aux graminées14,15.

Les espèces impliquées sont plus ou moins spécialisées selon les symptômes qu’elles provoquent. Par exemple, C. acutatum ne produit jamais de symptômes sur le feuillage des pommiers alors que c’est le cas dans certains pays pour C. gloeosporioides. Les espèces de C. gloeosporioides sont aussi plus agressives sur fruits11. Sur les fruits, on distingue la pourriture amère qui apparait généralement avant la récolte, des pourritures qui se déclarent durant l’entreposage, appelées aussi Gloéosporioses. Les gloeosporioses sont fréquentes en Europe16 mais assez rares au Québec et sont généralement associées à d’autres champignons.17 Toutes ces maladies peuvent être facilement confondues sur la base des symptômes, mais la pourriture amère se distingue par une apparition avant récolte.

 

 

Symptômes sur pommiers Groupe (sensu lato) Champignon Pays rapportés pour les espèces sur pommiers Autres hôtes cultivés atteints (exemples)
Fruits seulement C. acutatum C. acerbum Nouvelle Zélande
  C. fioriniae (Glomerella acutata) Corée, Italie, Nouvelle-Zélande, Pays-Bas, USA amandier, avocatier, bleuet, fraisier, framboisier, manguier, pêcher, olivier, poirier, tomate
  C. godetiae Pays-Bas amandier, fraisier, framboisier, merisier, olivier, noyer, tamarillo
C. nymphaeae Brésil, Corée, USA fraisier, olivier
  C. pyricola Nouvelle Zélande poirier
C. salicis Allemagne, Nouvelle Zélande fraisier, tomate, saule
C.gloeosporioides(Musae clade) C. alienum Nouvelle Zélande avocatier
Fruits et parfois feuillage (Glomerella leaf spot, GLS18)   C. fructicola(Glomerella cingulata) Australie, Brésil, Chine, USA avocatier, caféier, fraisier, nachi, poirier
  C. siamense USA avocatier, caféier, fraisier, pistachier, poivron, vigne
  C. theobromicola USA11

Apparition des symptômes

La pourriture des fruits est favorisée par les étés chauds, humides et pluvieux. Les fruits peuvent être infectés tout au long de la saison, de la floraison19 à la récolte. Cependant, la plupart des symptômes apparaissent en cours d’été souvent à la suite de conditions chaudes et orageuses. Les premiers symptômes sont assez discrets. Au début, de petites taches circulaires grises ou brunes et peu distinctives apparaissent sur les fruits,1 mais pas nécessairement en lien avec les lenticelles. Ces premiers symptômes peuvent être facilement confondus avec d’autres dommages comme la cochenille de San Jose20 ou même une phytotoxicité au cuivre.

 

Par la suite, des lésions circulaires beiges superficielles se forment et s’agrandissent à mesure que le champignon cause une pourriture de la chair du fruit. Le nombre de lésions par fruits peut être très variable. Dans certains cas, le fruit peut être couvert de petites lésions qui progressent peu, mais la plupart du temps le fruit est atteint de quelques lésions qui progressent rapidement3, pouvant atteindre 3cm en moins d’une semaine.4 Quand la pomme est tranchée, la progression de la pourriture vers le cœur est souvent en forme de « V » (conique). Quoique caractéristique, ce symptôme n’est pas universel. Quand la température est très élevée, les fruits peuvent se ratatiner, pourrir entièrement et tomber au sol ou alors se momifier et rester collés sur l’arbre3. Quand la progression est retardée par du temps plus froid, une marge pourpre apparaît à la marge des symptômes.

 

À la surface des lésions, des cercles concentriques formés de petites structures appelées acervules apparaissent assez tôt pendant la progression des symptômes1. Parfois, les acervules ne suivent pas ce patron et sont plutôt aléatoires3. Lorsque les conditions sont très favorables à la sporulation, soit une humidité très élevée et une température entre 20° et 30°C, une masse gélatineuse rose-orangée ou saumon peut être libérée par les acervules à la surface des fruits. Cette masse de spores (conidies) prend rapidement une allure plus croûtée et racornie par temps sec. La sporulation est un signe caractéristique fiable de l’infection par Colletotrichum. La pourriture noire des fruits (Botryosphaeria sp.) cause des symptômes similaires, mais sans cette sporulation particulière. Les symptômes plus âgés des 2 maladies sont noirs et impossibles à différencier. Sur le bois, les symptômes sont difficiles à distinguer. De plus le champignon colonise souvent des branches affectées par d’autres maladies.

 

Épidémiologie

Survie hivernale au verger

Les fruits infectés laissés au sol, tous les fruits momifiés et restés dans l’arbre 2 ou tombés au sol1, les pédoncules accrochés aux arbres1, les bourgeons à fruit16, les chancres associés à plusieurs maladies (ex :feu bactérien1,5, pourriture noire, chancre européen, dépérissement nectrien) et les diverses branches mortes laissées dans les arbres1,2 peuvent héberger Colletotrichum et maintenir des sources de spores résidentes du verger, parfois pendant plusieurs années. Comme les sources au sol peuvent se décomposer et ne permettent pas des éclaboussements de spores aussi importants que les sources dans les arbres, elles sont moins inquiétantes.

 

photo = Dépérissement nectrien dans l’arbre hébergeant Colletotrichum, à l’origine de la pourriture amère sur le fruit à proximité (Y. Morin).

Autres modes de survie.

Sur les feuilles mortes et sur le sol, le champignon peut survivre assez longtemps quand les conditions sont sèches, mais meurt rapidement dès que le sol ou la litière sont humidifiés et colonisés par d’autres micro organismes. Ce n’est donc pas un mode de survie significatif pour passer l’hiver. De plus, même si certaines espèces du champignon (Glomerella acutata, G. cingulata) peuvent produire à l’occasion des ascospores à l’intérieur de périthèces sur les surfaces atteintes (reproduction sexuée, stade parfait), cette phase de la maladie est rarement rapportée en nature pour G. acutata11 et ne contribue probablement pas non plus de façon significative à l’épidémiologie de la maladie sous nos conditions2,14. Finalement, C. fioriniae qui est probablement l’espèce la plus fréquente sur pommiers peut aussi infecter et tuer la cochenille de la pruche13. Son association à des écosystèmes forestiers via des insectes laisse donc présager d’autres modes de survie.

 

Dissémination et survie estivale

Les spores produites sur les différents hôtes de ce champignon, incluant les pommes affectées, peuvent se propager par éclaboussement, la plupart du temps à la faveur des pluies. Lors d’orages violents, la pluie entrainée par le vent peut disséminer les spores sur d’assez grandes distances et coloniser d’autres cultures incluant les vergers où la maladie était absente. Les insectes attirés par la masse gélatineuse de spores sur les fruits peuvent aussi accidentellement aussi transporter les spores4.

Les spores qui sont disséminées en cours de saison peuvent survivre assez longtemps sur les surfaces où elles atterrissent sans nécessairement provoquer de symptômes. On parle alors d’infections quiescentes ou latentes qui peuvent par la suite se développer (ou non) si les conditions sont favorables. Parfois le champignon produit même des spores sans passer par une infection et survit donc discrètement, le plus souvent sur des feuilles (épiphyte).14 Le champignon se nourrit alors sans nuire à la plante qui l’héberge (biotrophe). Ainsi, d’autres plantes malades ou non comme les pommiers pollinisateurs, les champs de fraisiers avoisinants, des arbres comme le marronnier21 et même les mauvaises herbes peuvent être impliquées et servir en tant que réservoirs d’inoculum en cours de saison.

 

Infection des fruits

Comme l’agent pathogène est endémique dans plusieurs vergers et que la maladie est sporadique5, il faut conclure que l’arrivée des spores de ce champignon à la surface d’un fruit sain suite à une pluie ne suffit pas pour provoquer la pourriture des pommes. Pour que la maladie se déclare, le champignon doit changer de personnalité sur le fruit et passer d’un état bénin (biotrophe) à malin pour entamer l’infection des tissus et causer la pourriture (nécrotrophe). Cette double identité (hémibiotrophe) est complexe et les conditions qui favorisent le passage d’un état à l’autre sont assez mal connues. Dans les régions où la maladie est sporadique, les années favorables à la maladie sont caractérisées par des étés anormalement chauds5. La pourriture commence à apparaître quand la température moyenne est au dessus des normales pour plusieurs jours. Les symptômes sont beaucoup plus fréquents (18x) sur la face exposée des fruits que sur la face ombragée et les fruits au pourtour des arbres sont plus infectés que les arbres au centre des arbres22. Or, les spores survivent très bien à l’exposition au soleil23. Par ailleurs, la température à la surface des fruits peut facilement atteindre 50°C quand la température extérieure monte à 35°C. Il est donc possible que le stress hydrique, l’insolation (échaudure) et globalement les dommages liés à la chaleur21 rendent les fruits plus sensibles à l’infection et que les spores présentes soient activées dans ces conditions.

Ainsi, une taille estivale alliée à un déficit d’irrigation qui précéderait immédiatement une vague de chaleur pourraient stresser la peau des fruits et permettre l’infection par le champignon, alors les fruits non stressés peuvent demeurer exempts de maladie. D’autres stress comme les applications répétées de certaines formulations de calcium ou de soufre pendant les périodes de chaleur sont possiblement impliqués, quoique les applications de calcium6,24 en dehors de ces périodes sont reconnues bénéfiques pour réduire la maladie. Le calcium interagit avec les mécanismes de défense de la plante et inhibe l’activité enzymatique de dégradation du champignon24.

Suite à un premier stress, les infections subséquentes seraient favorisées par l’augmentation des sources de spores21. Les spores déposées sur des fruits abimés par des insectes, la grêle ou autrement provoquent rapidement des infections. En absence de stress, de très longues périodes d’humectation des fruits (plus de 24 h à 21°C) sont requises pour provoquer l’infection22.

 

 

Cultivars et moment de l’infection

La plupart des cultivars sont sensibles à cette maladie. La Rome Beauty, la Délicieuse rouge et Fuji seraient tolérants2,25 alors que la Ginger Gold et la Honeycrisp26 seraient particulièrement sensibles25. Cependant, les attaques sont plus fréquentes sur les cultivars hâtifs (ex : Paulared), probablement parce que les fruits qui gagnent en maturité sont plus sensibles quand il fait chaud. La baisse de la température à l’approche de la récolte est habituellement un frein important pour la propagation de la maladie. Des problèmes de pourriture amère sont parfois rapportés dans les cultivars tardifs (ex : Empire), mais le plus souvent dans des secteurs de vergers déjà affaiblis par d’autres facteurs (ex : gel hivernal). Lors d’automnes chauds les infections à la veille de la récolte peuvent provoquer l’apparition de symptômes qui n’apparaitront que quelques jours après la sortie de l’entreposage. Cependant, la maladie ne serait pas transmise pendant l’entreposage.

 

Mécanismes d’infection

Au moment de la transition de biotrophe inoffensif à nécrotrophe aggressif, le champignon augmente localement le pH en produisant de l’ammoniaque, d’où le goût « amer » parfois associé à la chair pourrie par le champignon. Comme le changement de pH intervient après l’infection, il est peu probable que des traitements acidifiants puissent à eux seuls réduire l’incidence de la pourriture amère.

 

Moyens de lutte :

Dans la plupart des vergers cette maladie est absente et aucune mesure particulière n’est nécessaire. Cependant, une fois la maladie présente et que les conditions sont favorables à l’infection elle peut rapidement prendre des proportions importantes et des mesures strictes sont requises pour l’enrayer.

Assainissement

Même si le champignon est souvent présent dans l’environnement, l’élimination des sources d’inoculum (chancres, branches mortes, fruits au sol et momifiés, etc) demeure la méthode privilégiée pour réprimer cette maladie et son efficacité est reconnue depuis très longtemps4. L’assainissement en verger est efficace parce que les spores sont normalement éclaboussées sur de courtes distances. Les sources les plus à risque et qui doivent être priorisées pendant l’hiver sont les branches affectées par le feu bactérien26 et les momies dans les arbres. L’enlèvement des fruits pourris à mesure qu’ils apparaissent peut aider quand les symptômes sont visibles tôt en saison (juin ou juillet) mais comme les spores peuvent perdurer sur les autres fruits à l’état quiescent, cette mesure n’est probablement pas rentable plus tard en cours d’été. De même, l’enlèvement rapide des branches récemment affectées par le feu bactérien aura un avantage double en diminuant la propagation du feu et en minimisant la propagation de Colletotrichum. Après la récolte, l’enlèvement des fruits pourris au sol ou au minimum leur destruction par fauchage est essentielle. Maintenir un couvre sol de graminées sans mauvaises herbes à feuilles larges pourrait aussi réduire la possibilité d’établissement du champignon pathogène. Éliminer toutes les sources d’inoculum n’est pas possible, mais réprimer la maladie sans réduire les sources locales de spores est très difficile26.

 

Atténuation des stress

Avant les périodes de chaleur intense, la réduction du stress hydrique (irrigation), des stress chimiques (bouillies pesticides) et éviter la taille des cultivars à maturité pourraient aussi diminuer les problèmes. Bien que ces facteurs ne soient pas confirmés, il est possible que l’utilisation de filets (ex : anti-grêle) qui limitent aussi les risques d’échaudure ou des applications de Kaolin ou d’autres écrans solaires appliqués avant les épisodes de stress puissent réduire la sévérité des attaques.

 

Traitements réguliers de calcium

En dehors des périodes de stress, des applications régulières de chlorure de calcium (CaCl2) à un taux faible (0,33kg /100 L au fusil soit environ 5kg/ha) se sont avérées aussi efficaces que des traitements fongicides28 pour réprimer la maladie. Le nitrate de calcium ne serait pas efficace27.

 

Traitements fongicides

Les traitements fongicides appliqués pour réprimer la tavelure en été réduisent partiellement la pourriture amère. Cependant quand les conditions climatiques favorisent la maladie, l’intervalle entre les applications est souvent trop important pour ralentir l’épidémie. Quand tous les facteurs sont réunis, des traitements aux deux semaines à partir du début juin jusqu’à la récolte peuvent être nécessaires, toutes chimies confondues. En absence d’autres mesures de contrôle, des traitements plus fréquents pourraient être requis.

 

Différents produits sont efficaces contre la pourriture amère, incluant le cuivre2,4 les EBDC (mancozeb, metiram, ferbam), le Captan29, les strobilurines (QoI)26, les SDHI26 (Luna, Merivon) etc. Certains fongicides plus récents (Allegro et Pristine) sont spécifiquement homologués pour des traitements estivaux contre cette maladie, mais en l’absence de balises les traitements ne sont pas toujours plus efficaces que les produits à moindre cout10. De plus, ces deux produits sont proscrits en production PFI. La bouillie soufrée4, les inhibiteurs d’ergostérols29 ne sont pas très efficaces. Le fongicide biologique Serenade Max (Bacillus subtilis) a une efficacité variable10,30.

La meilleure option fongicide en PFI demeure les applications ciblées de Captan à la veille des périodes de grande chaleur et renouvelées aux 10-14 jours.

Aucun traitement fongicide ne peut arrêter le développement des symptômes déjà visibles. Les traitements à la veille de la récolte ou en post récole ne sont donc pas généralement utiles contre la pourriture amère. Cependant, en absence de symptômes au moment de la récolte il est possible de traiter les pommes à l’eau chaude dès la sortie des chambres et éviter l’apparition des symptômes. Cette approche est fréquente en production biologique en Europe31.

 

Stress associés aux bouillies pesticides

Le cuivre (hydroxide) appliqué à dose faible (environ 500g métal/ha) au cours de l’été peut augmenter l’incidence de la pourriture amère10.

 

* La taxonomie de ce genre de champignon est complexe et les noms d’espèces rapportés dans la littérature ne sont pas toujours fiables. Certains auteurs réfèrent à C. acutatum et C. gloeosporioides sensu lato qui sont inclusifs de plusieurs espèces. Des noms d’espèces plus anciens comme Gloeosporium fructigenum sont aussi rapportés dans les articles.

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  30. Rosenberger, D. A. Factors Limiting IPM-Compatibility of New Disease Control Tactics for Apples in Eastern United States. Plant Health Prog. (2003). doi:10.1094/PHP-2003-0826-01-RV
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couverture du Guide de référence en production fruitière intégrée pour les producteurs de pommes du QuébecCliquez sur le titre d’une fiche pour la consulter.

  1. Couverture
  2. Présentation
  3. Table des matières
Introduction
  1. Guide de référence en PFI : remerciements et crédits  Gérald Chouinard
  2. Guide de référence en PFI : mode d’emploi  Gérald Chouinard
  3. Introduction à la production fruitière intégrée  Gérald Chouinard
  4. Liste des membres du comité de PFI  Gérald Chouinard
  5. Les méthodes alternatives à la PFI Gérald Chouinard, Yvon Morin et Francine Pelletier
  6. Ressources essentielles en PFI  Daniel Cormier et Gérald Chouinard
  7. Répertoire des principaux organismes nuisibles des vergers  Gérald Chouinard, Vincent Philion et Sylvie Bellerose
  8. Répertoire des principaux organismes utiles en vergers  Gérald Chouinard et Sylvie Bellerose
Lois et normes
  1. L’utilisation des pesticides (homologation, vente, entreposage et application) et la loi Laurence Tétreault-Garneau, Isabelle Turcotte, Gérald Chouinard et Francine Pelletier
  2. Les résidus de pesticides dans les aliments et la loi Laurence Tétreault-Garneau, Gérald Chouinard et Francine Pelletier
  3. Le transport des pesticides et la loi Laurence Tétreault-Garneau, Gérald Chouinard et Francine Pelletier
  4. Le « droit de produire » et la loi Laurence Tétreault-Garneau, Gérald Chouinard et Francine Pelletier
  5. La protection de l’environnement et la loi Laurence Tétreault-Garneau, Isabelle Turcotte, Audrey Charbonneau, Gérald Chouinard et Francine Pelletier
  6. L’importation, l’exportation et la loi Laurence Tétreault-Garneau, Gérald Chouinard et Francine Pelletier
  7. La commercialisation des produits agricoles et la loi Laurence Tétreault-Garneau, Gérald Chouinard et Francine Pelletier
  8. La protection des abeilles et la loi Laurence Tétreault-Garneau, Gérald Chouinard et Francine Pelletier
  9. Les animaux de chasse et la loi Laurence Tétreault-Garneau, Gérald Chouinard et Francine Pelletier
  10. L’entreposage des hydrocarbures et la loi Isabelle Turcotte, Sara-Jeanne B.Croteau, Gérald Chouinard et Francine Pelletier
Protection de l’environnement
  1. Quoi faire avec les contenants vides et les pesticides périmés Isabelle Turcotte, Sara-Jeanne B.Croteau et Gérald Chouinard
  2. Réduire la pollution et les déchets, recycler et réutiliser Isabelle Turcotte, Sara-Jeanne B.Croteau et Gérald Chouinard
  3. Distances d’éloignement et autres précautions pour la préparation et l’application des pesticides et fertilisants Isabelle Turcotte, Sara-Jeanne B.Croteau, Paul Émile Yelle, Francine Pelletier, Robert Maheux et Gérald Chouinard
  4. Entretien des puits et analyse de l’eau Isabelle Turcotte, Sara-Jeanne B.Croteau, Paul Émile Yelle, Francine Pelletier, Robert Maheux et Gérald Chouinard
  5. Entreposer correctement les produits agricoles dangereux Isabelle Turcotte, Sara-Jeanne B.Croteau, Paul Émile Yelle, Francine Pelletier, Robert Maheux et Gérald Chouinard
  6. Préserver la biodiversité du verger Isabelle Turcotte, Sara-Jeanne B.Croteau et Gérald Chouinard
Santé et sécurité au travail
  1. Salubrité à la ferme Isabelle Turcotte, Sara-Jeanne B.Croteau, Robert Maheux, Yvon Morin et Gérald Chouinard
  2. Formation sur l’utilisation sécuritaire de la machinerie, des équipements et des pesticides Isabelle Turcotte, Sara-Jeanne B.Croteau, Robert Maheux, Yvon Morin et Gérald Chouinard
  3. Conditions de travail des employés Isabelle Turcotte, Sara-Jeanne B.Croteau, Robert Maheux, Yvon Morin et Gérald Chouinard
  4. Utilisation sécuritaire des pesticides Isabelle Turcotte, Sara-Jeanne B.Croteau, Robert Maheux, Yvon Morin et Gérald Chouinard
  5. Mesures d’urgence Isabelle Turcotte, Sara-Jeanne B.Croteau, Robert Maheux, Yvon Morin et Gérald Chouinard
Choix et aménagement du site
  1. Implantation de nouvelles parcelles de verger Paul Émile Yelle
  2. Entretien du verger et de ses abords Paul Émile Yelle et Gérald Chouinard
  3. Gestion du sol et du sous-sol Paul Émile Yelle
  4. Irrigation Paul Émile Yelle
Gestion de la charge et de la qualité du fruit
  1. Apports en éléments nutritifs Paul Émile Yelle
    1. La fertilisation sans nuire à la phytoprotection Vincent Philion et Evelyne Barriault
  2. Analyses requises pour une bonne fertilisation Paul Émile Yelle
  3. Apport de chaux Paul Émile Yelle
  4. Mode d’emploi des fertilisants et des épandeurs Paul Émile Yelle
  5. Taille et conduite pour un développement et une mise à fruit optimaux Paul Émile Yelle
  6. Pollinisation et qualité du fruit Paul Émile Yelle et Gérald Chouinard
  7. Contrôle de la charge (éclaircissage chimique et manuel) Paul Émile Yelle, Evelyne Barriault et Serge Mantha
Description des pesticides
  1. Propriétés générales des produits phytosanitaires utilisables en PFI Gérald Chouinard, Yvon Morin, Robert Maheux, Sylvie Bellerose, Francine Pelletier et Maude Lachapelle
  2. Acaricides homologués en pomiculture au Québec Gérald Chouinard, Yvon Morin, Robert Maheux, Sylvie Bellerose et Maude Lachapelle
  3. Insecticides homologués en pomiculture au Québec Gérald Chouinard, Yvon Morin, Robert Maheux, Sylvie Bellerose et Maude Lachapelle
  4. Efficacité potentielle des insecticides et acaricides Gérald Chouinard, Yvon Morin, Robert Maheux, Sylvie Bellerose, Francine Pelletier et Maude Lachapelle
  5. Caractéristiques des produits utilisés pour réprimer les maladies en pomiculture au Québec Vincent Philion, Yvon Morin, Robert Maheux et Gérald Chouinard
  6. Description des produits antibiotiques, de lutte biologique et éliciteurs Vincent Philion, Yvon Morin et Robert Maheux
  7. Description des fongicides non sujets à la résistance Vincent Philion, Yvon Morin et Robert Maheux
  8. Description des fongicides unisites et à risque de résistance Vincent Philion, Yvon Morin et Robert Maheux
  9. Mélanges de fongicides Vincent Philion
  10. Herbicides, rodenticides, régulateurs de croissance et autres produits phytosanitaires homologués en pomiculture au Québec Danielle Bernier, Karine Toulouse, Gérald Chouinard et Francine Pelletier
Utilisation des pesticides
  1. Réduire la dérive des pesticides Gérald Chouinard, Robert Maheux, Yvon Morin, Francine Pelletier et Maude Lachapelle
  2. Utiliser une eau de qualité pour les pulvérisations Gérald Chouinard, Yvon Morin, Robert Maheux, Francine Pelletier et Maude Lachapelle
  3. Contrer le développement de la résistance aux insecticides et acaricides Gérald Chouinard, Yvon Morin, Robert Maheux, Francine Pelletier et Maude Lachapelle
  4. Compatibilité des mélanges Robert Maheux, Yvon Morin, Gérald Chouinard, Francine Pelletier et Maude Lachapelle
  5. Prévenir la phytotoxicité Robert Maheux, Yvon Morin, Vincent Philion, Gérald Chouinard, Francine Pelletier et Maude Lachapelle
  6. Préparation et application de la bouillie : les règles de l’art Robert Maheux, Gérald Chouinard, Yvon Morin, Sylvie Bellerose, Francine Pelletier et Maude Lachapelle
  7. Choix et entretien du pulvérisateur Robert Maheux, Gérald Chouinard, Yvon Morin, Francine Pelletier et Maude Lachapelle
  8. Réglage et étalonnage du pulvérisateur Yvon Morin, Gérald Chouinard, Robert Maheux, Marlène Piché, Francine Pelletier et Vincent Philion
  9. Nettoyage du pulvérisateur et mise à jour du registre des pulvérisations Robert Maheux, Gérald Chouinard, Yvon Morin, Francine Pelletier et Maude Lachapelle
  10. Les types de traitements particuliers Yvon Morin, Gérald Chouinard, Robert Maheux, Sylvie Bellerose, Francine Pelletier, Maude Lachapelle
  11. Entreposage des pesticides Robert Maheux, Gérald Chouinard, Yvon Morin, Sylvie Bellerose, Francine Pelletier et Maude Lachapelle
Lutte aux insectes
  1. Grilles de dépistage pour les vergers Gérald Chouinard et Yvon Morin
  2. Ravageurs et pratiques phytosanitaires : en coévolution Yvon Morin et Gérald Chouinard
  3. Dépistage des insectes et acariens : questions et réponses Gérald Chouinard, Francine Pelletier, Daniel Cormier, Franz Vanoosthuyse et Yvon Morin
  4. Méthodes de dépistage recommandées en PFI Gérald Chouinard, Francine Pelletier, Daniel Cormier, Franz Vanoosthuyse et Yvon Morin
  5. Stratégie globale de lutte aux insectes Yvon Morin et Gérald Chouinard
  6. La punaise terne Yvon Morin et Gérald Chouinard
  7. L’hoplocampe des pommes Yvon Morin et Gérald Chouinard
  8. Le charançon de la prune Yvon Morin, Gérald Chouinard et Daniel Cormier
  9. La mineuse marbrée Yvon Morin et Gérald Chouinard
  10. La tordeuse à bandes obliques Yvon Morin, Gérald Chouinard et Daniel Cormier
  11. La cicadelle blanche du pommier Yvon Morin et Gérald Chouinard
  12. Le carpocapse de la pomme Yvon Morin, Daniel Cormier et Gérald Chouinard
  13. La mouche de la pomme Yvon Morin et Gérald Chouinard
  14. Les pucerons Yvon Morin et Gérald Chouinard
  15. La cécidomyie du pommier Yvon Morin, Franz Vanoosthuyse et Gérald Chouinard
  16. Les cochenilles Yvon Morin et Gérald Chouinard
  17. Les tordeuses occasionnelles du fruit Gérald Chouinard et Yvon Morin
  18. La noctuelle du fruit vert Gérald Chouinard et Yvon Morin
  19. Les punaises occasionnelles du fruit Gérald Chouinard et Yvon Morin
    1. Les punaises pentatomides Francine Pelletier, Gérald Chouinard et Stéphanie Gervais
  20. La sésie du cornouiller et les autres ravageurs du bois Gérald Chouinard, Yvon Morin et Franz Vanoosthuyse
  21. Les vers occasionnels du fruit Yvon Morin et Gérald Chouinard
  22. Les scarabées Yvon Morin et Gérald Chouinard
  23. Les chenilles forestières Yvon Morin et Gérald Chouinard
  24. Les charançons occasionnels du fruit Yvon Morin et Gérald Chouinard
  25. Les ravageurs sporadiques Yvon Morin et Gérald Chouinard
  26. Le perce-oreille européen, un ravageur bénéfique? Yvon Morin et Gérald Chouinard
Lutte aux acariens
  1. Stratégie globale de lutte contre les acariens Yvon Morin et Gérald Chouinard
  2. Le tétranyque rouge du pommier Yvon Morin et Gérald Chouinard
  3. Le tétranyque à deux points Yvon Morin et Gérald Chouinard
  4. L’ériophyide du pommier Yvon Morin et Gérald Chouinard
Les espèces utiles
  1. Les espèces utiles, une ressource à protéger Gérald Chouinard, Yvon Morin, Daniel Cormier, Robert Maheux et Sylvie Bellerose
  2. Description et efficacité des prédateurs d’acariens  Yvon Morin, Gérald Chouinard et Robert Maheux
  3. Description et efficacité des prédateurs de pucerons Gérald Chouinard, Yvon Morin et Robert Maheux
  4. Description et efficacité des parasitoïdes Gérald Chouinard, Yvon Morin et Daniel Cormier
Lutte aux maladies
  1. Lutte aux maladies : introduction Vincent Philion
  2. La tavelure : biologie Vincent Philion
  3. La tavelure : stratégies générales de lutte Vincent Philion
  4. La tavelure : traitements contre les infections primaires Vincent Philion
  5. La tavelure : traitements d’été Vincent Philion
  6. Le feu bactérien : biologie Vincent Philion
  7. Le feu bactérien : dépistage  Vincent Philion
  8. Le feu bactérien : stratégies de lutte Vincent Philion
  9. Les phytoplasmes Vincent Philion
  10. Le roussissement Vincent Philion
  11. Le blanc du pommier Vincent Philion
  12. Les maladies secondaires du pommier Vincent Philion
    1. La pourriture amère, à réprimer sans amertume Vincent Philion
    2. Le complexe moucheture et tache de suie Vincent Philion
Lutte aux autres ravageurs
  1. Les mauvaises herbes Daniel Cormier, Robert Maheux, Danielle Bernier, Gérald Chouinard et Yvon Morin
  2. Le cerf de Virginie Daniel Cormier, Robert Maheux et Yvon Morin
  3. Le campagnol des champs Daniel Cormier, Robert Maheux, Yvon Morin et Gérald Chouinard
  4. Le lièvre d’Amérique Daniel Cormier, Robert Maheux et Yvon Morin
  5. La marmotte Daniel Cormier, Robert Maheu et Yvon Morin
  6. Porc-épic, écureuils et oiseaux ravageurs Daniel Cormier, Robert Maheux et Yvon Morin
Récolte
  1. La récolte Maude Richard et Paul Émile Yelle
  2. Suivi de la maturation et de la qualité des fruits Nathalie Tanguay, Roland Joannin, Paul Émile Yelle et Maude Lachapelle
Post-récolte
  1. Désordres physiologiques et maladies d’entrepôt Monique Audette, Jennifer DeEll et Maude Lachapelle
  2. Les traitements post-récolte Monique Audette et Jennifer DeEll
  3. Salubrité des eaux utilisées en post-récolte Monique Audette

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

Guide de référence en production fruitière intégrée

Version 7.0 (31 MARS 2019)

Édition et mise en page

Jonathan Veilleux, Audrey Turcotte et Cindy Beauchesne-Jolin

Pour citer ce document

Version imprimée:
Chouinard et coll. (2019). Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec. Institut de recherche et de développement en agroenvironnement, Québec, QC.

Version en ligne:
Chouinard et coll. Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec. [En ligne] https://reseaupommier.irda.qc.ca (Page consultée le -date-).

Les feuillets individuels peuvent aussi être cités en utilisant les auteurs et le titre spécifiques à chacun.

Financement (version 1.0)
  • Ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (programme d’appui financier aux regroupements et aux associations de producteurs désignés)
  • Agrofresh
  • Industries A. Lassonde
  • AEF Global
  • Engage Agro
  • Centre agricole Bienvenue
  • Distributions Husereau
  • E.I. DuPont
  • Ferme Au pic
  • Holbec
  • N.M. Bartlett
  • Association des emballeurs de pommes du Québec
Notes légales

© 2020 Institut de recherche et de développement en agroenvironnement inc.
Il est interdit de reproduire l’ensemble ou toute partie de cet ouvrage sans l’autorisation de l’IRDA.

Dépôt légal pour la version 1.0 :
ISBN 978-2-924007-01-3
Bibliothèque nationale du Québec
Bibliothèque nationale du Canada

Fiche 4

Gérald Chouinard

 

Réviseurs et collaborateurs

En plus des auteurs, les personnes suivantes ont contribué à la réalisation de ce guide en participant à la révision d’une ou plusieurs de ses sections :

Introduction à la production fruitière intégrée (fiches 1 à 11) :

Gabrièle Meunier, Nicole Gagné, Vincent Philion, Maude Lachapelle et Gaétan Bourgeois

Lois et normes (fiches 12 à 21) :

Gabrièle Meunier, Onil Samuel, Stéphanie Tellier, Pierre-Antoine Thériault et Alain Garneau

Protection de l’environnement (fiches 23 à 27) :

Gabrièle Meunier, Stéphanie Tellier et Pierre-Antoine Thériault

Santé et sécurité au travail (fiches 28 à 32) :

Kathie Roseberry, Onil Samuel, Gabrièle Meunier, Stéphanie Tellier, Pierre-Antoine Thériault, Karine Bergeron, Sylvie Bellerose et Francine Pelletier

Choix et aménagement du site (fiches 33 à 36) :

Maude Lachapelle, Nicole Gagné, Gabrièle Meunier, Serge Mantha, Évelyne Barriault, Gérald Chouinard et Stéphanie Tellier

Gestion de la charge et de la qualité du fruit (fiches 37 à 43) :

Maude Lachapelle, Francine Pelletier, Gabrièle Meunier et Yvon Morin

Description et utilisation des pesticides (fiches 44 à 64) :

Kathie Roseberry, Roland Joannin, Mikael Larose et Gaëlle Charpentier

Lutte aux insectes et acariens (fiches 65 à 98) :

Audrey Charbonneau, Franz Vanoosthuyse, Maude Lachapelle, Gabrièle Meunier, Roland Joannin, Nicole Gagné, Sylvain Brousseau et Vincent Philion

Lutte aux maladies (fiches 99 à 110) :

Audrey Charbonneau, Yvon Morin et Gérald Chouinard

Lutte aux autres ravageurs (fiches 111 à 116) :

Audrey Charbonneau, Danielle Bernier, Maude Lachapelle et Paul Émile Yelle

Récolte (fiches 117 et 118) :

Gérald Chouinard, Dominique Plouffe et Gabrièle Meunier

Post-récolte (fiches 119 à 121) :

Gérald Chouinard, Dominique Plouffe et Gabrièle Meunier

Merci également à Audrey Charbonneau, Monique Audette, Karine Bergeron, Jocelyne Brochu, Nicole Gagné, Yvon Morin, Francine Pelletier, Caroline Turcotte, Jonathan Veilleux et Paul Émile Yelle pour la correction des épreuves après mise en page.

 

Crédits photographiques (première édition)

Les institutions et personnes suivantes ont gracieusement accepté la reproduction de leurs photographies à l’intérieur de ce guide (les photographies elles-mêmes portent des crédits et peuvent être consultées pour d’autres détails) :

Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC)
Agnello, Art – Université Cornell, Geneva, NY
Augustin, Julie – collection personnelle
Bellerose, Sylvie – collection personnelle
Benoît, Cécile – collection personnelle
Breton, Lina – collection personnelle
DeEll, Jennifer R. – Fresh Market Quality Program Lead, Agriculture Development Branch, Ontario Ministry of Agriculture and Food (OMAF)
Drouin, Bernard – Ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec, Sainte-Foy, Qc.
Eaton, Alan – University of New Hampshire, NH
Gouvernement du Canada – Espèces exotiques envahissantes forestières (Ravageursexotiques.gc.ca)
Lachapelle, Maude – collection personnelle
Laplante, Nathalie – collection personnelle
Mailloux, Marcel – ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ)
Mantha, Serge – Club de production pomicole de la région de Québec (CPPRQ)
Ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et des Affaires rurales de l’Ontario (MAAARO/OMAFRA)
Ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ)
Morin, Yvon – Club ProPomme
Pelletier, Francine – Institut de recherche et de développement en agroenvironnement (IRDA)
Piché, Marlène – collection personnelle
Philion, Vincent – Institut de recherche et de développement en agroenvironnement (IRDA)
Racette, Gaétan – collection personnelle
Vanoosthuyse, Franz – Institut de recherche et de développement en agroenvironnement (IRDA)
Yelle, Paul Émile – collection personnelle

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

 

Ce projet a été financé par le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation dans le cadre volet 2 du programme Prime-Vert.

 

 

Auteur de la première édition : Gérald Chouinard
Auteures de la mise à jour 2023 : Francine Pelletier et Stéphanie Gervais
Dernière mise à jour par les auteures : 25 juillet 2024

 

Ce guide est à l’usage des producteurs de pommes du Québec. Il constitue la mise à jour des informations auparavant publiées dans le Guide de gestion intégrée des ennemis du pommier (2001), le Manuel de l’observateur: pommiers (1997) et de certaines informations de Pommier – Culture (1988) et de Pommier – Culture (1984). Il couvre toutes les étapes de la production de pommes et n’est pas limité à la protection phytosanitaire.

Les informations contenues dans ce guide ont été produites à titre informatif par les membres du Comité de production fruitière intégrée (PFI), sous la coordination du Réseau de recherche et d’expertise pomicole en production fruitière intégrée (Réseau-pommier). Bien que tous les efforts aient été faits afin que ces informations soient correctes, il est entendu que l’Institut de recherche et de développement en agroenvironnement inc. (IRDA), les Producteurs de pommes du Québec (PPQ), le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ), ses représentants ainsi que les membres du Comité de PFI ne peuvent assumer la responsabilité des résultats obtenus par suite de l’utilisation des informations contenues dans ce guide, ni de l’emploi des produits antiparasitaires, qu’ils soient ou non utilisés selon les suggestions, les recommandations ou les directives des manufacturiers ou des agences gouvernementales.

Au moment de la rédaction de cette publication, les pesticides recommandés étaient homologués sous la loi fédérale sur les produits antiparasitaires pour usage sur le pommier dans l’est du Canada. Advenant un conflit entre une suggestion dans ce guide et une information contenue sur l’étiquette d’un produit antiparasitaire, l’étiquette doit être suivie puisqu’elle fait force de loi. Toujours bien lire les informations sur les étiquettes des produits. Pour la plus récente information concernant les produits antiparasitaires homologués au Canada, visitez le site de l’Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire (ARLA) ou recherchez directement sur les étiquettes des produits homologués sur la page Recherche dans les étiquettes de pesticides de l’ARLA. Vous pouvez également télécharger l’application mobile « Étiquettes de pesticides » sur votre téléphone.

Toute erreur portée à l’attention de l’IRDA sera corrigée dans les prochaines éditions de ce guide. Le comité de production fruitière intégrée accueillera avec plaisir tous les commentaires constructifs visant l’amélioration de cet outil pour les producteurs.

Comment se procurer ce guide et ses mises à jour

Pour les producteurs de pommes membres des PPQ :

Il est essentiel que tous les producteurs de pommes qui désirent produire selon les principes de la PFI puissent avoir accès à ce guide et à ses mises à jour périodiques.

La version électronique la plus récente de ce guide peut être imprimée à partir du site Internet du Réseau-pommier.

Comment utiliser ce guide

Le présent guide est un outil de référence détaillé traitant de toutes les composantes de la production de pommes selon les principes de la PFI. Il a pour but d’aider les producteurs à atteindre leurs objectifs de rentabilité, de durabilité, de qualité et de progression en matière d’environnement et de sécurité.

Au Québec, l’IRDA et les PPQ sont responsables de l’implantation de la PFI dans le secteur de la pomme, avec le soutien des conseillers des secteurs publics et privés. L’importance de la PFI comme réponse aux pressions économiques, environnementales et sociales a également été reconnue par les producteurs membres des PPQ via l’adoption de plusieurs résolutions visant à appuyer son implantation à la ferme.

Le Guide est organisé sous forme de fiches correspondant à des pratiques du programme de PFI. Il comprend toute une série de références et d’outils importants pour les producteurs engagés en PFI. Vous y trouverez un répertoire des organismes utiles et nuisibles, les coordonnées des ressources disponibles pour vous aider et plus de 120 fiches d’information, chacune portant sur un ravageur ou un autre sujet d’importance en PFI.

Mesurez votre PFI – Cahier d’autoévaluation

Reprenant sous la forme de questionnaire les principales pratiques PFI, le cahier d’autoévaluation est un outil permettant de mesurer le niveau de PFI de son entreprise et de suivre globalement la progression du secteur pomicole. Vous êtes invités à en discuter avec votre conseiller pomicole.

Cliquez sur l’image pour télécharger le document en format PDF.

 

Formulaire de réponse : cliquez ici.

Tableau des obstacles : cliquez ici.

Le guide de production fruitière intégrée DOIT être utilisé de concert avec les publications suivantes :

Pour les producteurs :

Pour les entrepositaires :

Si vous n’avez pas accès à ces publications, S.V.P. communiquez avec les PPQ ou avec les éditeurs pour vous en procurer des copies.

 

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

Auteur de la première édition : Gérald Chouinard
Auteures de la mise à jour 2023: Audrey Charbonneau et Stéphanie Gervais
Dernière mise à jour par les auteures : 15 mars 2023

 

La production fruitière intégrée (PFI) est une approche qui favorise l’adoption de bonnes pratiques agricoles visant à produire des fruits de qualité dans le respect de l’environnement, de la santé et de la sécurité des citoyens, et aussi de la durabilité des entreprises. La PFI est basée sur les mêmes principes que la lutte intégrée, mais elle est fondée sur une vision plus large, qui englobe tous les aspects de la production, et non pas uniquement la lutte antiparasitaire. La PFI est donc la façon de produire des pommes dans le monde et le marché d’aujourd’hui.

Des programmes de PFI sont présents en Europe depuis les années 1990 et dans plusieurs régions du monde, notamment aux États-Unis et au Canada, depuis les années 2000. Les lignes directrices canadiennes pour la PFI ont été publiées par le Conseil canadien de l’horticulture en 2003. De cette publication a découlé la mise en œuvre de programmes de PFI dans plusieurs provinces productrices de pommes, notamment en Colombie-Britannique, en Ontario et en Nouvelle-Écosse.

Le programme de PFI pour le Québec

Le secteur pomicole du Québec a été l’un des premiers à entreprendre le développement d’un programme de PFI adapté à la réalité nord-américaine. Le premier programme, publié en 2001 dans le Guide de gestion intégrée des ennemis du pommier (CRAAQ), a été graduellement complété et mis à jour par le comité de PFI, un groupe de spécialistes, chercheurs, conseillers et autres représentants de l’industrie pomicole (voir la fiche sur la Liste des membres du comité de PFI).

Les aspects couverts par le programme de PFI à l’intention des producteurs de pommes du Québec sont les suivants:

  • Lois, normes et certifications;
  • Protection de l’environnement;
  • Santé et sécurité au travail;
  • Choix et aménagement du site;
  • Gestion de la charge et de la qualité du fruit;
  • Description des pesticides;
  • Utilisation des pesticides;
  • Gestion intégrée des insectes;
  • Gestion intégrée des acariens;
  • Les espèces utiles;
  • Gestion intégrée des maladies;
  • Gestion intégrée des autres ravageurs;
  • Récolte;
  • Post-récolte.

Pourquoi pratiquer la PFI?

  • Pour répondre à une demande croissante de la population pour des aliments produits selon des méthodes plus écologiques;
  • Pour développer ou conserver des marchés et mieux faire face au développement de la production fruitière intégrée dans plusieurs pays du monde;
  • Pour utiliser un minimum de pesticides avec un maximum d’efficacité et ainsi réduire les risques (pour la personne qui fait l’application, pour le consommateur et pour l’environnement) liés à l’utilisation de ces produits.

Les données suivantes, recueillies depuis plus de 40 ans par le Réseau-pommier, montrent l’impact qu’a eu l’application progressive de la lutte intégrée (le précurseur de la PFI) sur la réduction des risques causés par les applications de pesticides dans les vergers du Québec. L’implantation de la PFI vise, entre autres, à poursuivre cette progression.

QIE : Quotient d’impact environnemental (Kovach et al. 1992)
IRS : Indice de risque pour la santé (IRPEQ)
IRE : Indice de risque pour l’environnement (IRPEQ)

Impact environnemental moyen (risques pour la santé et l’environnement) des pesticides appliqués par pulvérisation dans les vergers pilotes du Réseau-pommier– 1978 à 2019 (adapté de Chouinard et al. 2021).

Pourquoi réduire l’utilisation des pesticides si ce sont des produits sécuritaires et approuvés?

Même si tous les pesticides homologués sont sécuritaires, certains ont des effets secondaires sur l’environnement et la santé des travailleurs. En fin de compte, le programme de PFI vise à réduire les impacts des pesticides tout en conservant la rentabilité à long terme de votre entreprise.

Catégories de pesticides utilisables en PFI

Les programmes de PFI classifient habituellement les pesticides homologués en trois catégories. Le programme de PFI pour la pomme du Québec a défini les catégories suivantes de pesticides en fonction de leurs impacts sur l’environnement, la santé et les espèces bénéfiques à la pomiculture :

  • vert : dont l’utilisation est favorisée en PFI;
  • jaune : dont l’utilisation est acceptable en PFI;
  • rouge : dont l’utilisation est à éviter en PFI.

Légende des couleurs de l’Affiche PFI (source : Réseau-pommier).

 

La méthode de classification a été développée par l’Institut de recherche et développement en agroenvironnement (IRDA). La méthodologie utilisée est décrite dans une fiche technique disponible sur le site web de l’IRDA. Cette classification se veut un outil visant à cibler, de façon simple, les produits à favoriser parmi l’ensemble des produits homologués en se basant sur la valeur relative de leur impact. La classification est révisée périodiquement avec les dernières données disponibles sur les bases de données de référence. Elle est sujette à modification à mesure que de nouvelles données sont disponibles et en fonction des produits homologués.

L’évolution des produits phytosanitaires en pomiculture

Entre la dernière parution du Guide de gestion intégrée des ennemis du pommier en 2001 et la première édition du Guide de référence en production fruitière intégré en 2014, la gamme de produits utilisables et utilisés a profondément changé. La majorité des insecticides utilisés en 2001 étaient des organophosphorés (comme l’IMIDAN), des produits dits à large spectre, c’est-à-dire qui ont une bonne efficacité sur plusieurs ravageurs à la fois. Dix ans plus tard, suite à la réévaluation des risques posés par de nombreux pesticides, les organophosphorés ont pour la plupart cédé la place à des produits comme le thiachlopride (CALYPSO), le chlorantraniliprole (ALTACOR), le spinétoram (DELEGATE) et le novaluron (RIMON).

Depuis la première édition du Guide de référence en production fruitière intégré en 2014, les insecticides utilisables et utilisés n’ont pas énormément changé. Néanmoins, deux nouvelles pratiques à moindre risque sont maintenant largement utilisées : la confusion sexuelle contre le carpocapse de la pomme (ISOMATE CM/OFM TT) et l’attracticide GF-120 contre la mouche de la pomme. Au niveau des fongicides, les nouvelles restrictions d’application des fongicides à base de captane (comme le SUPRA CAPTAN et le MAESTRO) et de mancozèbe (comme le PENNCOZEB et le MANZATE) ainsi que l’arrivée du BICARBONATE DE POTASSIUM ont grandement modifié la gestion de la tavelure au Québec.

À la base de la PFI : la prévention

Comme le dit l’adage : « mieux vaut prévenir que guérir »! En PFI, prévenir signifie « adopter des pratiques qui préviennent le développement des problèmes », mais malgré toute leur efficacité, les méthodes de prévention présentent des limites. C’est pourquoi les interventions phytosanitaires dans les vergers seront encore nécessaires dans plusieurs situations. Le programme de PFI a toutefois été conçu dans une optique d’action préventive, dont les principes sont les suivants :

  • Éliminez les sources d’infestation aux abords du verger, afin de réduire les populations de ravageurs et les maladies pour réduire les traitements. La coupe de tous les pommiers sauvages ou abandonnés situés près d’un verger permet d’éliminer les populations de mouche de la pomme et de carpocapse de la pomme ainsi que le feu bactérien et la tavelure qui s’y développent et qui peuvent ensuite migrer vers les vergers pendant l’été. Appliquer cette mesure peut permettre d’éviter un ou même plusieurs traitements contre ces ravageurs et maladies!
  • Utilisez les outils de prévision, de dépistage et de planification offerts pour éviter les interventions inutiles. Une connaissance approfondie du verger permettra de constituer un historique qui sera ensuite utilisé pour bien planifier les saisons et anticiper les problèmes potentiels. Un bon historique inclut vos programmes de traitements (insecticides, fongicides, acaricides et herbicides), les évaluations de dégâts à la récolte et les résultats du dépistage. Cet historique sera indispensable pour développer votre stratégie d’intervention contre les ravageurs et les maladies.
  • Recherchez toujours l’efficacité optimale de chaque produit antiparasitaire de façon à en utiliser le moins possible.
  • Utilisez les pesticides de façon à éviter le développement de résistance chez les ravageurs.
  • Adaptez votre programme de pulvérisation de façon à protéger les espèces utiles et les zones sensibles. Évitez par exemple les applications de pyréthrinoïdes ou de néonicotinoïdes en période estivale afin de ne pas déclencher de problèmes d’acariens, de mineuse ou de pucerons.

Lire et écrire : essentiels en PFI

Cela peut sembler évident, mais ce n’est pas toujours facile et ça peut même paraître fastidieux. Les deux clés de votre succès résident pourtant dans ces simples mots : lire et écrire. Soyez des plus informés, et produisez des plans et des registres de vos opérations!

Voici les plans et les registres que vous devez tenir à jour :

Plan du verger

Ce plan doit être détaillé de façon à contenir minimalement les renseignements suivants :

  • le numéro et la superficie des blocs, déterminés selon leur âge et leur densité de plantation; les cultivars et les porte-greffes; les arbres en production et ceux non en production;
  • des repères (bâtiments, chemins de ferme, bordures, cours d’eau, boisés, haies brise-vent, pommiers abandonnés et sources d’infestation avoisinant le verger);
  • lieu d’entreposage des pesticides et lieu d’entreposage des équipements de protection individuelle (EPI)
  • les limites d’application des pesticides et d’engrais: zones sensibles (puits, plans d’eau, immeubles protégés, fossés) et zones dans lesquelles des pesticides ne peuvent être appliqués (zones tampons).

Plan de pulvérisation

Ce plan devrait contenir minimalement pour chaque bloc :

  • la marque et le modèle du pulvérisateur et du tracteur utilisés;
  • la vitesse de pulvérisation;
  • la pression d’opération sur le manomètre (lorsque les buses sont ouvertes et lorsque les buses sont fermées);
  • le type de passage effectué (ex.: tous les rangs, aux deux rangs) et le sens de circulation;
  • l’arrangement des buses avec le type de buses (pastilles et hélices) utilisées ou la position des aiguilles.

Pulvérisations antiparasitaires et autres méthodes de lutte

Toute entreprise doit obligatoirement tenir un registre de ses interventions phytosanitaires. Voir la fiche sur L’utilisation des pesticides (homologation, vente, entreposage et application) et la loi pour plus de détails. Le registre des interventions phytosanitaires doit être minimalement conforme aux exigences du ministère de l’Environnement, consultez leur site Tenir un registre d’utilisation de pesticides afin de connaître leurs exigences.

Sage pesticides offre également un registre de pesticide en ligne sur leur site et un registre est également disponible sur le site de Canada Gap avec la fiche H1. Intrants de production (produits chimiques à usage agricole) du Guide pour les fruits et légumes Version 10.0.

Le registre des traitements antiparasitaires (herbicides, fongicides, insecticides, acaricides, rodenticides, éclaircissants, régulateurs de croissance, bactéricides) et le registre des engrais foliaires contient :

  • date et heure de début et de fin de la pulvérisation;
  • nom du titulaire du certificat et le numéro du certificat;
  • produit et formulation utilisés et matière active;
  • quantité par réservoir et quantité totale de pesticides;
  • nombre de réservoirs;
  • bloc traité, parcelles, superficie;
  • dose à l’hectare;
  • objet du traitement (culture et stade phénologique);
  • ravageur(s) visé(s);
  • conditions météo (direction et vitesse du vent, température);
  • numéro de justification agronomique, si applicable.

Fertilisation

Ce registre concerne les engrais au sol. Le registre d’applications fertilisantes doit contenir les éléments suivants :

  • lieu d’application;
  • date d’application;
  • type d’engrais appliqué;
  • quantité d’engrais appliquée.

Voir la fiche H2. Intrants de production (autres) du Guide pour les fruits et légumes Version 10.0 sur le site de CanadaGAP pour un exemple de registre de fertilisation. Les engrais foliaires sont consignés dans votre registre des interventions phytosanitaires.

*Le registre des fertilisants foliaires est consigné dans le registre des interventions phytosanitaires.

Dépistage des insectes, des maladies et des mauvaises herbes

Consignez dans ce registre les données de dépistage pour chacune des sections définies dans votre plan de verger. Les renseignements suivants doivent apparaître :

  • date du relevé des pièges;
  • identification des sections ou parcelles;
  • localisation et numérotation des pièges (peuvent être intégrés au plan du verger);
  • météo lors du dépistage;
  • stade phénologique du pommier et nombre de feuilles déployées (en lien avec la tavelure);
  • nom des ravageurs dépistés;
  • nombre de captures par piège;
  • nombre d’observations de présence ou dégâts sur pommier, sur feuille et sur fruit
  • précipitations: Installer un pluviomètre dans votre verger (en lien avec le suivi de la tavelure et du stress hydrique des pommiers);
  • nom du dépisteur.

Récolte

La tenue de registre de contrôle permet d’améliorer l’organisation de la récolte (efficacité du travail et qualité des fruits). Voir la fiche P2. Récolte et entreposage des fruits et légumes du Guide pour les fruits et légumes Version 10.0 sur le site de Canada GAP et la fiche sur La récolte et la mise en marché du guide de PFI pour plus de détails.

Ce registre inclut :

  • une fiche du rendement-qualité d’un cueilleur ou groupe de cueilleurs;
  • un registre d’évaluation de la qualité des lots au verger;
  • une carte d’identification des bennes;
  • un registre du nombre de bennes par parcelle.

Traitements post-récolte

Ce registre doit être tenu par les entrepositaires et les producteurs possédant des entrepôts à pommes. Voir la fiche H3. Application post-récolte de produits chimiques à usage agricole (durant l’emballage) du Guide pour les fruits et légumes Version 10.0 sur le site de Canada GAP pour plus de détails.

Ce registre inclut :

  • date et heure de début et de fin du traitement;
  • nom du titulaire du certificat et le numéro du certificat;
  • produit et formulation utilisés et matière active;
  • dose;
  • quantité;
  • méthode d’application;
  • numéro de champ ou de parcelle/ étiquette de benne ou de palette/identification de lot;
  • objet du traitement (culture-variété);
  • motif du traitement.

Dommages à la récolte

Une évaluation des dommages sur fruits doit être effectuée juste avant la récolte pour chaque type de dégâts (insectes, maladies, défauts esthétiques, etc.) afin de pouvoir suivre, expliquer et corriger, si nécessaire, les pertes en fonction des différentes sections et de pouvoir bien connaître l’historique du verger.

L’évaluation des dommages à la récolte peut contenir :

  • la date;
  • le bloc;
  • le cultivar et porte-greffe;
  • le nombre de pommes évaluées;
  • le décompte de dégâts d’insectes, de maladies, divers (grêle, point amer, roussissure, difformité, bris mécanique, oiseaux, etc.)

La qualité du feuillage, la croissance de la pousse, le diamètre moyen des fruits, la présence d’œufs de tétranyques rouges et la présence de prédateurs peuvent également être évalués afin de vous aider à planifier les interventions l’année suivante.

Prélèvement des eaux

Le prélèvement des eaux est encadré par le Règlement sur l’encadrement d’activités en fonction de leur impact sur l’environnement (REAFIE). Il est donc important de tenir un registre de volumes d’eau prélevés. C’est un registre par site de prélèvement.

Le registre de prélèvement doit contenir minimalement la date du prélèvement et le volume mesuré ou estimé sur le site de prélèvement (en m3). Il est aussi important de consigner dans le registre le nom du lac, de la rivière, du cours d’eau ou de l’aquifère et la description des équipements de pompage, ainsi qu’un registre de l’entretien de l’équipement de mesure et contrôle de l’exactitude des données. Un exemple de registre est disponible sur le site Règlement sur la déclaration des prélèvements d’eau du ministère de l’environnement.

Au sujet des registres :

  • Pour les vergers possédant un plan agroenvironnemental de fertilisation (PAEF) valide, les plans et les registres inclus dans celui-ci peuvent être utilisés en PFI.
  • Tous les registres doivent être conservés pour une durée minimale de cinq années, à moins qu’une durée plus longue ne soit exigée.
  • Vos registres et vos plans sont confidentiels, mais en vertu de la loi, les applications de pesticides doivent être mentionnées aux personnes devant entrer dans le verger, idéalement en affichant l’information au moyen d’enseignes facilement visibles (voir la fiche sur l’Utilisation sécuritaire des pesticides).

 

 

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.

Fiche 7

Mise à jour le 16 mai 2024

 

Les membres actuels du comité PFI sont:

  1. Responsable du comité
  2. Coresponsable du comité

Les personnes additionnelles suivantes ont également contribué à l’élaboration du Programme de production fruitière intégrée pour les producteurs de pommes du Québec, sur lequel s’appuie ce guide de référence.

Cette fiche est une mise à jour de la fiche originale du Guide de référence en production fruitière intégrée à l’intention des producteurs de pommes du Québec 2015. © Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. Reproduction interdite sans autorisation.